Discours de Jean-Marc TELLIER Maire d`Avion

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Discours de Jean-Marc TELLIER Maire d`Avion
Discours de Jean-­Marc TELLIER Maire d’Avion Cérémonie du 19 Mars 1962, fin de la guerre d’Algérie Jeudi 19 Mars 2015 Messieurs les représentants des organisations patriotiques, Mesdames, Messieurs, Le 19 mars1962, les accords d’Evian signés entre le FLN Algérien et le gouvernement français marquent la fin d’un conflit de près de 8 ans, qui a, en profondeur, transformé les sociétés de chaque côté de la méditerranée. L’Algérie devenait sous l’autorité d’Ahmed Ben Bella un état indépendant alors que la France encore aujourd’hui, n’est toujours pas guérie des cicatrices encore ouvertes de son histoire coloniale. Nous tenons particulièrement à cette date du 19 mars 1962 parce qu’elle est synonyme de paix entre nos deux nations, de retour des soldats du contingent. C’est d’ailleurs une revendication ancienne de la FNACA, dont je tiens à saluer les responsables ce soir, d’en faire la journée officielle de mémoire de la guerre d’Algérie. Il convient néanmoins d’être vigilant lorsque l’on voit le maire Front national de Béziers, dans le sud de la France, décider dans sa ville de mettre les drapeaux en berne aujourd’hui. Si nous n’étions pas dans une cérémonie officielle pour rendre hommage à ces milliers de jeunes qui durant 8 ans furent envoyés faire la guerre en Afrique du Nord, mes mots seraient particulièrement durs. C’est la première fois que cela arrive depuis la fin du conflit. Ma colère est grande et pour tout dire je trouve cela scandaleux, honteux et insultant. Je le dis aux représentants de la FNACA ici présents et à l’ensemble des appelés d’Algérie, nous ne pouvons pas laisser faire et nous devons réagir. Le Maire de Béziers, ne s’est en effet pas arrêté là. Ce pied-­‐noir aux rancœurs tenaces, vient de décider de débaptiser dans sa ville la rue du 19 Mars 1962 pour la renommer rue « Denoix de Saint-­‐Marc » officier putschiste et soutien actif de l’OAS. Il est des actes symboliques où le Parti des Le Pen père et fille montre son vrai visage. C’est honteux parce que Denoix de Saint-­‐Marc, est un triste individu, qui a tenté avec une poignée de généraux en retraite, de renverser la République et le Général de Gaulle pour instaurer dans notre pays une dictature militaire comme celle de Franco en Espagne. Ce sont les soldats du contingent qui firent échouer ce projet funeste. Baptiser une rue n’a jamais rien d’innocent. C’est scandaleux car le Front National ce soit disant « parti patriote » fait le choix des barbouzes contre le peuple représenté par les appelés du contingent. Il fait le choix de ceux qui, sur le terrain, enfonceront la France dans un conflit injuste sanglant et meurtrier qui fit des centaines de milliers de morts militaires et civils du côté français comme du côté Algérien. Enfin cet acte est insultant pour l’armée française, salie par le comportement de ces officiers qui aujourd’hui leur vaudrait d’être poursuivi devant la cour pénale internationale. On sait que la torture a été pratiquée en Algérie. A ceux qui veulent encore ignorer cette histoire, nous devrions faire lire « La question » témoignage direct du regretté journaliste communiste Henri Alleg. Nous devons rappeler à nos enfants que des officiers courageux comme le général de la Bollardière s’opposèrent à ces pratiques déshonorantes. Je considère pour ma part, que les appelés du contingent dans leur majorité sauvèrent l’honneur de l’armée française même si cette guerre contre un peuple luttant pour son indépendance, n’aurait jamais dû être menée. Enfin Le 19 Mars 1962 prend ici à Avion une connotation particulière avec les combats menés par la population et ses élus contre le colonialisme. Amédée Capron, le Maire communiste fut révoqué par le Préfet pour avoir refusé de décrocher du balcon de la Mairie les mots de « Paix en Algérie ». C’est Léandre Létoquart, fils du député-­‐maire communiste d’Avion et futur Maire de Méricourt, qui refusa de porter les armes contre le peuple Algérien. Toute sa vie, il gardera une santé fragile conséquences de son internement. Je tiens ici en votre nom à tous, à le saluer fraternellement. Je pense aussi à Paul Lefebvre membre des jeunesses communistes de Rouvroy qui connut le même sort. Ce sont des hommes au courage immense, qui sont l’honneur de notre bassin minier ! Ce sont eux les vrais patriotes ! Ils n’ont rien à voir avec les imposteurs du Front National et leurs barbouzes criminels. Alors tant que nous serons là, tant qu’Avion restera rebelle et résistante, tant qu’elle ne se prostituera pas par désespoir aux oiseaux de malheur, nous nous retrouverons autour de ce monument chaque 19 mars. Chaque 19 mars nous continuerons à nous souvenir de toutes les souffrances endurées par ceux à qui la guerre a volé une bonne part de leur jeunesse. 4 Avionnais ne sont pas revenus. Chaque 19 mars nous nous féliciterons de la Paix retrouvée, du retour définitif des appelés du contingent, et du soulagement des fiancés, des épouses et des mères, de les retrouver vivants. Nous nous souviendrons aussi de la vie laborieuse qui allait reprendre dans les mines et les usines avec ses joies et ses peines. Tant que nous serons là, chaque 19 Mars, c’est au peuple de France et d’Algérie que nous penserons et non aux barbouzes tortionnaires et putschistes, revanchards des Le Pen père et fille. Je vous remercie de votre attention.