Interview de Philippe Lavoué, directeur

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Publié le 28 juin 2012 par PROPOS RECUEILLIS PAR FRÉDÉRIC BIANCHI
Mots clés : Nintendo, Wii, Philippe Lavoué
INTERVIEW
Philippe Lavoué, directeur général adjoint de Nintendo France, revient sur le lancement phare
de la Wii U, et nous livre ses ambitions pour sa future console de salon.
Une communication maîtrisée. À quelques mois du lancement de la prochaine console de salon de
Nintendo, son directeur général adjoint France, Philippe Lavoué, ne dira rien sur le prix, ni sur la date
exacte de disponibilité de la console. « Rien n'est finalisé encore », se borne-t-il à répéter. Car la
console à la tablette est attendue au tournant. Le marché du jeu vidéo qui, sous l'impulsion de Nintendo,
a atteint des sommets à la fin des années 2000, a chuté en 2011 pour la troisième année consécutive.
Et Nintendo, qui a enregistré une dégringolade de 36 % de son chiffre d'affaires en 2011-2012, est la
première victime de cette fin de cycle. Mais avec 3DS, dont une version XL sortira le 28 juillet au prix de
199 E, et la Wii U, le japonais est déjà passé au suivant. Entretien.
LSA - La Wii U va sortir d'ici à la fin de l'année, c'est donc la fin de la Wii pour Nintendo ?
Philippe Lavoué - Non, pour nous la Wii n'est pas finie. Elle restera en 2012 notre première proposition
pour permettre à de nombreuses personnes d'entrer dans le jeu vidéo. Car même si elle est sortie il y a
longtemps maintenant [en novembre 2006, NDLR], le parc installé en France va atteindre les 6 millions
d'ici à la fin de l'année car nous comptons en vendre encore 350 000 sur le deuxième semestre. Et
pourquoi ne pas aller vers les 7 millions ? Car la Wii est la console qui, avec 21 %, a la deuxième plus
importante part de marché sur les ventes de jeux en France. Aujourd'hui, nous la proposons en deux
packs - l'un avec Mario Kart, l'autre avec Wii Party - et il y aura d'autres propositions d'ici à la fin de
l'année pour en faire la console de salon la plus accessible. Donc pour nous, cette fin d'année se fera
sur trois propositions : la Wii, la 3DS et la Wii U.
LSA - Alors que Nintendo rencontre des difficultés financières (un déficit inédit de 425 millions
d'euros en 2011-2012), la Wii U est-elle la bouée de sauvetage de l'entreprise ?
P. L. - C'est en tout cas notre réponse à ceux qui réclament de l'innovation sur ce marché. La Wii U est
une révolution dans l'usage, comme la Wii en son temps. Cette manette avec un écran est une fenêtre
additionnelle sur le jeu qui procure une expérience nouvelle susceptible de faire venir encore de
nouveaux joueurs. Il y a en France 50 % de non-joueurs, à nous d'aller les chercher.
LSA - La Wii était spectaculaire, le grand public a été bluffé par le fait de jouer au tennis devant
sa télé. Ça semble moins être le cas avec la Wii U...
P. L. - Je ne trouve pas. Je considère que le plaisir à jouer est très visuel et encore plus fort. Sur les
minijeux de NintendoLand, par exemple [le jeu vitrine de la Wii U, l'équivalent du Wii Sport de la Wii en
quelque sorte, NDLR], il y a une dynamique liée au fait que les divers utilisateurs ont une vision différente
du jeu. Et nous ajoutons à cela une dimension sociale avec Miiverse qui sera un réseau connecté sur
lequel les joueurs pourront discuter, voir les parties des uns et des autres...
LSA - Est-ce une manière de rattraper votre retard technique sur le jeu en ligne par rapport à
Sony et Microsoft ?
P. L. - Nous avons toujours été présents sur le jeu en ligne. Les Mario Kart sur Wii et DS font partie des
jeux les plus joués en ligne dans le monde. Et nous allons encore améliorer l'expérience.
LSA - Concernant internet justement, vous avez annoncé que tous les jeux Wii U seront
téléchargeables directement depuis la console. Vos partenaires distributeurs risquent de ne pas
apprécier...
P. L. - Effectivement, les jeux de la Wii U pourront être téléchargés depuis un « store » en ligne. C'est
déjà le cas aujourd'hui pour une partie des jeux 3DS pour laquelle nous avons créé l'eShop. Mais cette
possibilité de télécharger les jeux ne concurrence pas le magasin, puisque nous continuerons
évidemment à vendre des jeux physiques. Et ce n'est pas tout, nous allons garder l'intermédiation entre
notre eShop et nos partenaires distributeurs en mettant en place un système de code à acheter en
magasins qui permettront de télécharger des jeux ensuite. Les distributeurs ont aussi à y gagner, car ils
pourront, grâce à ces codes, continuer à vendre des jeux en cas de rupture.
LSA - Un reproche qui est souvent fait aux consoles de Nintendo, c'est de ne pas être une
garantie de succès pour les éditeurs tiers (Ubisoft, Activision...). La Wii U évitera-t-elle cet écueil
?
P. L. - D'abord, je tiens à dire que le plus gros succès sur console Nintendo depuis plusieurs mois, c'est
le jeu Just Dance 3 d'Ubisoft. Et c'est un « long-seller » en plus, un jeu qui se vend sur la durée. Et il y
aura un Just Dance 4 au lancement de la Wii U. Ensuite, la Wii U aura des capacités d'affichage en
haute définition, ce qui lèvera un frein pour certains éditeurs qui ne pouvaient sortir leurs grosses
franchises sur Wii. Nous aurons ainsi de l'Assassin's Creed sur Wii U.
LSA - Cette fin de cycle des consoles actuelles (Wii, PS3, Xbox 360) a été marquée par
l'événement d'autres plates-formes de jeux que sont les tablettes et les smartphones. Les
considérez-vous comme un danger pour le marché classique des consoles ?
P. L. - Non, pour nous il n'y a pas de cannibalisation des uns sur les autres. On joue sur smartphone à
des moments différents et à des jeux différents. Ces nouveaux outils peuvent être des concurrents pour
d'autres loisirs, mais pas pour le jeu sur console portable. D'ailleurs, ce marché du jeu vidéo sur portable
va repartir à la hausse, tiré par les ventes de la 3DS en France. Cette dernière est d'ailleurs la machine
la plus vendue en France depuis novembre dernier. Nous en avons écoulé 225 000 depuis le début de
l'année et nous allons atteindre le million d'exemplaires en base installée la semaine prochaine. Sur les
60 premières semaines de commercialisation, la 3DS a un rythme de vente supérieur à celui de la DS à
l'époque. Et lorsqu'on voit le succès de cette console au Japon - déjà vendue à 6 millions d'exemplaires
-, on se dit que ça laisse beaucoup d'espoir pour la suite..
Une année noire pour Nintendo
648 milliards de yens (6 Mrds €) de chiffre d'affaires 2011-2012 à - 36%
- 43 milliards de yens (- 425 M €), de résultat net, contre un bénéfice de 720 millions d'eurosen 2010-2011),
28,4 millions de consoles vendues en 2011-2012 contre une prévision de 39 millions
Source : Nintendo France