Évaluation du site

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Évaluation du site
les5duvin.wordpress.com
Date : 03/01/2014
Auteur : -
2 histoires de cavistes, enfin presque, à vous de choisir
par Les 5 du Vin
Cab Franc, 4 bout retrouvées !
« Si si Cap, je suis sûr que c’est ici, le GPS est formel et l’endroit correspond aux vues du sat
d’observation. »
« Mais y a rien ici Marco, encore un de vos fantasmes d’historien fouille-merde, vous m’avez promis
du rouge pin, là y a que des cailloux. »
Ses recherches ont pourtant été longues et précises. Marco sait qu’il n’est pas bon de faire venir d’en
haut le Cap sans du concret à lui mettre sous le pied. Le scientifique déballe son nouveau joujou, un
goniomètre laser qui trace dans l’air chargé de poussière les contours des anciens bâtiments. C’est
top, les rues apparaissent en dentelle lumineuse au teint blafard.
À une époque reculée, il y avait là une mégapole. Aujourd’hui, quelques reliefs à peine perceptibles
rompent la monotonie de l’endroit. Tout est ocre jaune, sableux et caillouteux. Le souffle n’a pas fait
de différence. Petits ou grands, voire immenses, les immeubles ont été réduits à néant.
C’est ce qui énerve Cap, pour lui ici rien n’a pu subsister.
Évaluation du site
Ce blog, animé par une équipe de journalistes spécialisés, diffuse des articles concernant le vin
(actualités et critiques).
Cible
Grand Public
CHINON / 206689789
Dynamisme* : 6
* pages nouvelles en moyenne sur une semaine
copyright © 2013, Argus de la presse Tous droits réservés
« Bon Marco, on ne va pas y passer la journée, je vais renvoyer mes gars à la nav et les faire
remonter. Et j’ai bien envie de vous laisser ici pour la nuit. Rien à foutre moi que la femme de
Jimibudy a lu dans un vieux bouquin en papier une histoire de bouffe avec du rouge pin qui se passe
dans la Loire. Qu’en plus, le mec qui en boit dans l’histoire dit que c’est du Chin quelque chose et que
c’est fait avec du Cab Franc, Sais même pas où c’est, ça existe plus. »
« Les archives retrouvées dans les doc de l’ancienne bibliothèque contenaient un plan de la ville.
Imaginez les rues, les gens, les pigeons qui volent, l’air frais. Là, regardez bien ce que dessine le
laser, on aperçoit le pourtour d’une vitrine. »
C’était avant le dernier réchauffement et l’arrivée des exos qui ont tout pillés. Le gouv central a décidé
de les souffler pour s’en débarrasser définitivement. De la ville, il ne reste rien, pas même un morceau
de mur.
« Le magasin devait faire l’angle. À l’intérieur une collection de bout bien exposées. C’est comme si j’y
étais, comme si je pouvais les toucher. »
« Une collection, c’est ça, … et vous allez me lire ce qu’il y a écrit sur les étiquettes. Ça aussi, c’était
aussi dans les archives ? C’est bien beau l’imagination, mais trouver du Cab Franc ici. Déjà que du
rouge pin, ça se fait plus que dans les serres de la stat et que j’en ai jamais bu, je crois qu’on perd
son temps. »
« C’est là, j’en suis sûr. Je l’ai lu dans un recueil d’un de mes ancêtres qui a consacré sa vie au pin. »
« Quoi ? On pouvait se consacrer rien qu’au rouge pin ? »
« Oh, il n’y avait pas que du rouge pin, il y avait du blanc, du rosé, même du bulle pin »
« Du bulle pin, du blanc, du rosé, pourquoi pas du sucré, n’importe quoi, on nage en pleine sciencefiction mon petit Marco. »
« Il faut creuser là, juste là. En-dessous, il devrait y avoir une cave remplie de bouteilles, un véritable
trésor ! »
« Et pourquoi, je creuserais là ? Qu’est-ce qui me dit que je ne vais pas perdre mon temps et celui de
mon équipe ? »
« C’est le prof Georgio Camione, le géol du centre. Dessous, c’est du calcaire. À l’époque, on le
creusait facilement et ça faisait de grandes caves bien fraîches où on gardait le pin. Et du Cab Franc,
mon trisaïeul, il en a même bu qui avait plus de cent ans. Je l’ai lu. »
« Ouais, dans les mémoires de votre ancêtre qui devait être alcoolique pour écrire de pareilles
inepties. Enfin, si le prof a dit que c’était possible, on creuse. Tout ça pour faire sourire la femme de
Jimibudy, ce qui fera plaisir aux oligarques Hervitch, Davitch et Mitch. Les enfoirés, je préférais faire
la chasse aux exos, c’était simple, tu partais, t’en cassais, tu revenais, on te posait pas de questions.
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Aujourd’hui, faut faire des ronds de jambes à ces messieurs et creuser des trous où y a rien, mais où
il faut trouver quelque chose. »
Les machines arrivent avec l’équipe du Cap. Le chantier se met en place. C’est rapide, les hommes
sont rodés et goguenards comme d’habitude. « Le pauvre Marco ne touche pas souvent le gros lot. »
Ça les fait rire, ça, ça n’a pas changé, les jeux de mots, ceux qui font penser à d’autres. « Le Marco
y va toucher le gros lot, cette fois ? Il aurait plus facile de toucher les gros lolos de la pilote de not’
nav. Mais y prendrait une droite. Farouche la Bellama. » Le bruit se fait aigu, les excavatrices rognent
aspirent la poussière, la rejettent plus loin. Puis, elles commencent à entamer la roche. Quelque
chose s’esquisse. Un endroit un peu plus sombre. Les engins poursuivent le grattage du calcaire.
« Stop ! Un morceau du sol s’est affaissé. Apportez des pelles et des barres, on va terminer à la
main. »
Une trappe se dégage. L’aspireuse se met en action et dévoile des marches, l’entrée d’un soussol. Le travail manuel reprend. Quelques ossements reposent au bas de l’escalier. Marco identifie
rapidement les squelettes d’une femme et d’un homme. Ils semblent emmêlés. Un reflet attire son
regard. En deux de truelles, il dégage une bout, puis quatre autres.
« Cap, cette fois c’est le gros lot. Cinq bout de rouge pin au bas de cet escalier. Plus loin, il doit en
avoir des milliers. »
« Qu’est-ce qui a écrit sur les étiquettes ? »
« C’est vrai, c’est incroyable, elles ont encore leur étiquette. »
Avec son frontal grossissant, Marco déchiffre petit à petit l’inscription décolorée, presque effacée.
Chino s’inscrit sans son viseur. Domai d la Nob. Tout excité, il prend vite les quatre autres, et arrive à
lire Chi ou encore Chino, enfin Chinon sur la mieux conservée. Le millésime s’est effacé, mais pas
entièrement le nom des domaines. Nico… Gro..ois, …thilde Pain, Dom…. Des..urdes et …maine …
olas Pag.t.
« Ce sont des Chin, donc du Cab Franc. Cap, si on en buvait une ? »
La bout s’ouvre sans trop de cérémonie. Deux gobelets de fortune voient le liquide encore bien
rouge maculer les parois brillantes du plastocrist. Ils n’osent pas attendent. Regardent le pin, puis
le respirent, cette fois avec recueillement. Il leur faut beaucoup de concentration pour se rappeler
comment s’appellent les parfums qu’ils sentent. Fruits rouges, des épices, des feuilles sèches, …
Ils goûtent, il a la température du sous-sol, un bon 15° de moins qu’à la surface. Ça leur fait frais en
bouche, fait croquer le fruité, souligne le poivre, les impressions de cannelle. Ils se regardent, rient.
« Il se fait tard, on leur remonte les quatre bout. Mais c’était quoi cet endroit où on pouvait trouver
autant de pin ? »
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« Ça s’appelait un caviste et celui-ci semble être mort dans sa cave, sauvé du souffle, mais enseveli
avec quelqu’un dans les bras. Une mort à la fois atroce et romantique. »
Thème Loire, Chinon et Cie
« Je suis à la bourre. Comme d’hab’. En plus, j’ai oublié de prendre une bouteille chez moi, parti trop
vite. Il est 19 heures. Il y a un caviste pas trop loin, peut-être sera-t-il encore ouvert. Pourvu qu’il ait du
Loire. »
Un couple sort du magasin. En trois pas Marc franchit la porte.
« J’allais fermer »
« Désolé d’arriver si tard, il me faut absolument un vin de Loire. Vous en avez ? »
« Bien sur, je suis caviste, pas marchande de petits pois. Et quel Loire voulez-vous. Rouge, blanc,
moelleux, effervescent ? »
« J’aime beaucoup le Cabernet Franc. Vous auriez du Bourgueil ou du Chinon ? »
« J’ai les deux et d’autres. Mais je viens de rentrer quelques jeunes vignerons de Chinon. Ça vous
intéresse ? »
« Je ne les connais pas et acheter sans avoir dégusté, c’est risqué ! »
« Vous pourriez me faire confiance, c’est mon métier de dénicher de jeunes talents. Après, il faudrait
que vous me parliez de ce que vous aimez dans le Chinon, que je puisse vous conseiller la cuvée qui
vous plaira. »
Tout à son affaire, Marc regarde les bouteilles, le magasin, les rayons, revient sur les étiquettes, prend
les bouteilles en main, sous les yeux amusés de la caviste. Lui, il ne s’est même pas rendu compte du
sexe de son interlocutrice. Pourtant, une partie de sa clientèle masculine est loin d’être insensible à
son charme. Mais Marc ne pense qu’à sa soirée. Ses potes connaissent son métier. Il écrit sur le vin.
Ce qu’il apporte doit être top. Il regarde encore le nom des domaines.
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« Nicolas Paget, c’est bien ça ? »
« C’est une cuvée sur argile à silex, en macération longue, elle a beaucoup de fraîcheur, un fruit
croquant, rien que du plaisir. »
« Et Nicolas Grosbois et Baptiste Desbourdes ? Jamais entendu parler, ils viennent d’arriver, ils ont
repris le domaine familial ? Je peux en goûter un. En vitesse, si vous voulez, je suis pressé. »
Marie le trouve sympa ce client tardif. Le retenir un peu, ne lui déplaît pas. Elle ouvre Clothilde Pain,
cuvée Sans Dessus Sans Dessous, peut-être que ça attirera son attention. Il le déguste, le trouve
bon, y va de son petit commentaire. Rien à faire, il paie et s’en va.
Après quelques pas, Marc s’aperçoit qu’il n’a pas son écharpe autour du cou. S’arrête et refait le
chemin à l’envers, histoire de se rappeler où il l’a perdue ou oubliée. Il visualise l’intérieur du magasin.
Revoit les bouteilles bien rangées, les cartons dans un coin où il avait déposé son manteau pas
son écharpe, l’entrée de la cave d’où elle était remontée avec le vin. Elle !? Il remarque enfin que le
caviste les Chinon à la main est ravissante. Lui, ne quittait pas des yeux les bouteilles, impatient. Sa
mémoire lui renvoie l’image du visage souriant, moqueur. L’écharpe lui servira de prétexte et c’est en
courant qu’il retourne à l’angle encore illuminé deux rues plus loin.
« Votre écharpe ? »
« Je crois l’avoir oubliée à l’intérieur. »
« Cette fois, j’allais vraiment fermer. Mais, entrez, il commence à pleuvoir. Je vous sers un
verre ? J’oubliais, vous êtes très pressé. »
Il ne l’est plus. Le sourire de Marie l’a définitivement conquis. Cette fois c’est lui qui imagine une foule
d’astuces pour allonger le temps. Imagination vaine. Notre aveugle lui plaît et elle est bien décidée
à le connaître mieux. Oubliée la soirée, la sienne aussi, comme Marc, elle devait retrouver quelques
amis pour leur faire déguster ses nouveaux Chinon. Décidément, l’appellation a du succès. La
Noblaie colore les verres.
« On trinque ? »
« Au Chinon »
« Ça me va. J’en ai d’autres dans la cave, ça vous trente ? »
« J’adorerais »
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Et plus si affinités bien entendu, bien qu’il semble que l’affaire soit depuis longtemps entendue.
La trappe ouverte, quelques marches plus bas, quelques bouteilles dans les bras, les lèvres se
rapprochent. Le souffle balaya la ville à ce moment-là. Les exos signent leur arrivée sur notre bonne
vieille planète. Paris s’est envolée avant qu’il la prenne dans ses bras. C’est moche.
L’histoire s’est ensuite réécrite. Les pillages extraterrestres, le refuge des stations orbitales, le départ
soudain des exos.
Cap n’avait jamais bu de vin, du Cabernet Franc encore moins. Alors qu’attendons-nous pour jouir de
ces nectars de Loire, comme d’autant d’autres. On ne sait jamais…
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