Bien mesurer pour mieux produire
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Bien mesurer pour mieux produire
N °1 0 8 A V R I L 2 0 0 7 w w w. j i t e c o n l i n e . c o m LE DOSSIER TECHNOLOGIQUE DES PAYS DE SAVOIE sommaire 2 TRS : ce que dit la norme Le taux de rendement synthétique Le taux de rendement global TRS BIEN MESURER POUR MIEUX PRODUIRE Le taux de rendement économique Le facteur humain 3 La pérennisation des progrès acquis avec le TRS De la saisie manuelle à la saisie automatisée Processus de saisie automatique Le MES : l'optimisation au moindre coût 4 ▲ L’amélioration continue est un leitmotiv pour les entreprises industrielles françaises et la mise en place de chantiers de progrès une réalité de tous les jours. Cependant, avant de se lancer à corps perdu dans la mise en œuvre d’outils, méthodes et démarches tels que le 5S, la TPM, le SMED, le Kaïzen, le Lean manufacturing, etc., il est indispensable de sélectionner et de mettre en place le bon indicateur, au bon endroit… car, sans mesure, il ne peut y avoir d’amélioration. Si la recherche de performance se limite à l’outil de production - d’une machine seule, à l’atelier ou le site de production dans son ensemble - l’indicateur le mieux adapté est sans nul doute le TRS (Taux de Rendement Synthétique). Indicateur de performance tout aussi global que local, puisqu’il prend en compte les aspects qualité (taux de pièces bonnes), performance (variations de cadence) et disponibilité opérationnelle (arrêts de production), le TRS a aujourd’hui comme principal avantage d’être normalisé (NFE 60-182). Loin d’être un simple outil de contrôle, le TRS permet d’identifier les gisements de progrès. Cependant, le soin apporté à sa mise en place et à l’exploitation des données recueillies reste un point déterminant dans la réussite d’une quelconque démarche d’amélioration continue. De la saisie manuelle des temps à la saisie automatisée, de la mise en place d’un simple dispositif de mesure autonome à un véritable système MES (Manufacturing Execution System) raccordé à l’ERP tous les cas de figures sont envisageables. Photowatt International des dérives immédiatement détectées Daniel CHABBERT Synthèse du dossier n°81 du Pôle Productique Rhone-Alpes réalisée par Aline Berger - Thésame Dossier complet sur www.productique.org Des actions correctives effectuées en temps réel Numéro 108 1 TRS : CE QUE DIT LA NORME Avril 2007 TRS Bien mesurer pour mieux produire Les entreprises qui désirent mettre en place des indicateurs de performances disposent, depuis 2002, d'une norme Afnor qui définit les temps d'état d'un moyen de production et les différents taux de rendement : la norme NFE 60-182 “TRE-TRG-TRS”. L'utilisation du Taux de rendement comme indicateur se développe régulièrement dans les entreprises. Il est préconisé dans la plupart des actions de progrès (SMED, TPM…). La norme NFE 60-182 définit entre autres les indicateurs de performance (les standards de rendement). Le taux de rendement synthétique - TRS Indicateur de performance de productivité des moyens, correspondant au rapport entre le temps utile (tU) et le temps requis (tR). Voir le tableau ci-dessous. Il peut être calculé en faisant le rapport entre le nombre de pièces bonnes réalisées (NPB) et le nombre de pièces théoriquement réalisables (NPTR). Il peut également être obtenu à partir des trois indicateurs de performances qui le composent. Outre son utilisation propre en tant qu'indicateur de performance, le TRS permet d'identi- fier les pertes de production, il représente pour cela un excellent outil d'investigation. Le taux de rendement global - TRG Indicateur de productivité de l'organisation industrielle, correspondant au rapport entre le temps utile (tU) et le temps d'ouverture (tO). Le TRG est un indicateur de productivité qui tient compte de l'utilisation du moyen de production, il prend en compte l'inactivité du moyen : c'est le Temps d'Ouverture qui est le temps de référence. Indicateur économique, il rend compte de la charge effective d'un moyen de production par rapport à un temps de référence maximal qui correspond à l'amplitude des horaires de travail de l'atelier. Le Taux de Rendement Global compare, pour un temps ouverture donné, le nombre de pièces bonnes réalisées au nombre de pièces théoriquement réalisables pendant le temps d'ouverture. Le taux de rendement économique - TRE Indicateur stratégique d'engagement des moyens, correspon- Le TRS permet de répondre à : ● Quelle est la performance actuelle de mon outil de production ? ● Ma mesure est-elle fiable et pertinente ? ● Mon équipement fonctionne-t-il à sa pleine capacité ? ● Quelles causes dégradent le rendement de mon équipement ? ● Mes équipes sont-elles toutes aussi performantes les unes que les autres ? ● Mon service Maintenance est-il efficace ? ● Quelle est la fréquence des ruptures d’approvisionnement Matières ? ● Quelle référence produit a le plus d’impact sur mes cadences ? ● Quel est le temps perdu à produire de la non-qualité ? ● Comment mesurer l’efficacité de mes actions de progrès ? ● Au final puis-je produire plus avec mon outil de production actuel ? dant au rapport entre le temps utile (tU) et le temps total (tT). Le TRE compare le nombre de pièces bonnes réalisées au nombre de pièces théoriquement réalisables pendant le temps total. C'est un indicateur au service des dirigeants, qui donne le ratio d'occupation du moyen. Associé à des indicateurs économiques, il permet d'affiner la stratégie d'organisation de l'entreprise. André AYEL (Cetim) LE FACTEUR HUMAIN La mise en place du TRS doit être un véritable projet d'entreprise qui mobilise l'ensemble des acteurs concernés. Ce projet ne réussira pleinement que s'ils sont motivés et adhèrent complètement à la démarche. Pour cela un engagement fort de la direction est nécessaire : elle doit d'abord démontrer son propre intérêt et sa détermination pour le projet. Tableau de synthèse des taux de rendement 2 Numéro 108 Pour inciter les opérateurs à jouer le jeu, à effectuer systématiquement et sérieusement les mesures nécessaires sur le poste de travail, elle devra clairement expliquer les objectifs de la démarche et créer un climat de confiance. L'opérateur doit devenir un acteur à part entière du projet : son implication peut aller jusqu'à sa participation à la définition des motifs d'arrêts voire à l'analyse des données. Afin d'entretenir la motivation des opérateurs, elle doit leur communiquer le plus rapidement possible les résultats obtenus grâce aux données collectées et les actions correctives qui en résultent. La mise en place du TRS constitue une occasion de faire évoluer la culture de l'entreprise : actions participatives s'appuyant sur des groupes de progrès, communication transversale et visuelle, délégation de responsabilités, etc. André AYEL (Cetim) La pérennisation des progrès acquis avec le TRS Si les progrès acquis dépendent essentiellement de facteurs humains notamment liés à l'organisation, on observera que le TRS a une tendance naturelle à revenir dans le temps à son niveau initial. Pour maintenir le TRS à son niveau le plus haut, il est nécessaire de le mesurer en continu, de réaliser une investigation, dès l'apparition d'une dérive sensible. Cette dynamique entre le contrôle continu et l'investigation met la production dans un cycle d'amélioration continue. Un système d'acquisition TRS temps réel génère plus de gains qu'un système d'analyse en différé. Cela est dû à la réactivité, les anomalies sont détectées et signalées en temps réel (arrêt, ralentissement). Les données du TRS sont directement exploitables dans les différentes démarches de progrès (Kaïzen, SMED, 5S, TPM…). Antoine OSTINELLI (Azlac) DE LA SAISIE MANUELLE A LA SAISIE AUTOMATISEE La saisie manuelle des temps est utile mais elle atteint rapidement ses limites. En revanche, la collecte automatique permet de disposer de données plus précises et fiables ainsi qu’une analyse des résultats plus pertinente. Dans le cadre de saisies manuelles, les opérateurs doivent non seulement saisir les causes d'arrêt, mais également leur durée. Les causes d'arrêt et surtout leur durée sont souvent diminuées ou attribuées à d'autres services comme la maintenance par exemple. Les limites de la saisie manuelle sont faciles à concevoir. Il n'est pas facile pour un opérateur d'inscrire qu'il a dépassé le temps de changement prévu. C'est pourtant à partir de ces informations que toutes les actions d'amélioration continue sont menées. Autre aspect du problème : les données seront saisies dans l'ERP avec des quantités justes mais avec des temps erronés. Les données de gestion seront alors approximatives avec des conséquences sur la planification, les calculs de coûts, etc. L'entreprise aura généralement intérêt à utiliser la saisie automatique. Processus de saisie automatique Le MES : l'optimisation au moindre coût Avec un “Système MES Temps réel”, les informations de production sont fiables car elles sont enregistrées de manière automatique. La connaissance des objectifs (TRS et SMED) ainsi que la visualisation des écarts en temps réel permettent aux opérateurs une véritable implication dans le plan d'amélioration global de l'entreprise. Le service Maintenance, qui est également informé des pannes peut agir rapidement et efficacement. Le service qualité peut être informé de toute dérive et prendre rapidement les décisions qui s'imposent. L'ERP sera renseigné automatiquement pour chaque OF à intervalle régulier avec des données fiables. Leur état d'avancement réel permettra une planification rigoureuse. Les temps de gamme de l'ERP peuvent également être mis à jour. Un système MES Temps Réel avec une saisie automatique est un système d'information qui répond aux besoins d'amélioration continue, mais participe également à rendre tout ERP plus efficace. TRS, démarche 6 sigma, cartes de contrôle, démarche TPM (Total Productive Maintenance)… sont autant de méthodes, de traitements, de calculs et d'exploitation des résultats qu'il est souhaitable de mettre en oeuvre. D'autres viendront certainement. Mais chacune de ces démarches a un coût. Généralement, ce coût sera largement compensé par les gains obtenus. Mais il n'en demeure pas moins que, en l'absence d'un socle commun, ces coûts s'ajoutent. La capacité d'investissement de l'entreprise limite donc les démarches d'optimisation de la production qui peuvent être engagées. Disposer d'un socle MES va changer cette donne. Pour un coût initial légèrement plus important, il va permettre de capitaliser sur la base d'informations de l'atelier de production et de diminuer considérablement les temps et les coûts de mise en place d'une nouvelle démarche d'optimisation. Finalement, le MES est le meilleur moyen d'optimiser… l'optimisation! Raphaël LABOURIER (Avensy) Philippe ALLOT (Ordinal) Numéro 108 3 PHOTOWATT INTERNATIONAL DES DERIVES IMMEDIATEMENT DETECTEES Grâce à des écrans, reliés au boîtier électronique d'acquisition de données, installés en permanence sur les machines de sérigraphie, les régleurs savent instantanément si les rendements dérivent. Au lieu d'être différées, les actions correctives sont effectuées sur le champ. Située à Bourgoin (Isère), Photowatt International est spécialisée dans la production de cellules photovoltaïques pour panneaux solaires à partir de silicium. L'entreprise qui emploie environ 600 salariés est équipée d'une imposante ligne de production automatisée qui comporte 7 stations dont 3 dédiées à la sérigraphie. Afin de répondre à une demande du marché particulièrement soutenue, cette ligne fonctionne 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Confrontée à une courbe de production qu'elle jugeait trop irrégulière (des variations quotidiennes pouvant atteindre 40 %), la direction décide, en fin d'année 2004, de lancer une étude afin de mieux comprendre la manière dont fonctionne la ligne de production. Fabrice Faure, le jeune ingénieur en productique chargé du projet, passe 5 séries de 8 heures sur la ligne afin de mesurer sa performance. L'analyse (manuelle) du TRS effectuée sur la totalité des 5 équipes est riche d'enseignement. Elle montre qu'environ 3/4 des arrêts sont concentrés sur les 3 stations de sérigraphie. Elle met en évidence une maîtrise " La solution a consisté à équiper chaque station de sérigraphie d’un système de suivi permanent des données 4 Numéro 108 " insuffisante des temps de cycle et des variations de cadence anormalement importantes d'une équipe à une autre. Elle révèle un nombre d'arrêts trop important : 480 en 8 heures. Même s'ils sont très courts (quelques secondes) et peuvent s'expliquer (les cellules de silicium sont très cassantes), ces arrêts pénalisent fortement la productivité de la ligne. A l'issue de ce premier diagnostic, l'entreprise décide de concentrer son effort sur les trois stations de sérigraphie qui constituent le goulot de l'usine et de les équiper d'un outil de suivi permanent du TRS susceptible de mesurer en temps réel leur performance (temps de cycle en particulier). Des actions correctives effectuées en temps réel Implantée en relation avec la société Azlac, au printemps 2005, la solution a consisté à équiper chaque station de sérigraphie d'un système de suivi permanent des données. Composé d'un boîtier électronique d'acquisition de données qui enregistre 8 causes d'arrêts par station (qui sont à l'origine de 80 % des arrêts). Les écrans des 3 PC reliés au boîtier d'acquisition affichant en permanence les données de fabrication sur la station concernée (TRS, courbes de cadence, temps de cycle) et signalant instantanément les dérives grâce à un système d'alarme visuelle, les régleurs sont instantanément informés des dysfonctionnements, mêmes les plus légers. Ils peuvent donc modifier les réglages sur le champ. Au lieu d'être différées, les actions correctives sont effectuées en temps réel. La solution permet aussi de détecter instantanément les écarts de cadences et de prendre rapidement les mesures correctives nécessaires. Quelques mois " Avril 2007 TRS Bien mesurer pour mieux produire Des dépenses relativement faibles et un retour sur investissement " après la mise en place de la solution, l'entreprise constate une série de gains à plusieurs niveaux : des temps de cycle réduits, un rendement meilleur (la sérigraphie n'est plus le goulot de l'usine) et un nombre d’arrêts lui aussi en diminution. Grâce à sa maîtrise du suivi du TRS et de ses temps de cycle, l'entreprise dispose dorénavant d'un moyen de suivre et d'améliorer ses rendements en temps réel. Les responsables du projet ont opté pour un outil de suivi du TRS simple, facile à installer et autonome pour une rapide prise en main. L'enregistrement des arrêts de ligne et autres incidents étant automatique, les opérateurs n'ont pas à consigner les incidents par écrit. Ils peuvent entièrement se concentrer sur leur tâche. Comme les machines s'arrêtent moins souvent, ils consacrent plus de temps à la surveillance des machines (qualité) et moins aux interventions manuelles. Les boîtiers d'acquisition étant reliés à l'informatique centrale, l'entreprise peut évaluer avec précision l'efficacité des actions correctives réalisées pour réduire le nombre de dysfonctionnements. Grâce à la base de données qui recense les dysfonctionnements des machines, les responsables de production disposent d'un moyen efficace d'analyser les causes d'arrêts et d'y remédier. La solution satisfait les dirigeants au plan économique. La dépense ayant été relativement faible (environ 22 000 euros) le retour sur investissement a été très rapide (environ 1 mois).