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Vendredi 26 août 2016 // No 286 // 7e année UBS Malaise en Malaisie P. 5 CHF 3.50 // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch INTRUM Dettes et méchants P. 6 ESPIONNAGE Ce sera vite Regli P. 16 FRANCE Chirac candidat ! P. 17 JAA – 1300 Eclépens PP/Journal – Poste CH SA 2 C ’ E S T P A S P O U R D I R E ! Niqab ni soumises Séverine André N os sociétés modernes ont contracté la fâcheuse habitude de prendre le corps des femmes pour un baromètre. Baromètre servant à indiquer, à une période donnée, le degré de libertinage ou de pudibonderie admis dans l’atmosphère locale. Non que les femmes, par leur accoutrement, donnent le « la » en matière de mœurs : il s’agit surtout que ces dernières, en fonction des contextes, maîtrisent l’attrait que leur corps suscite. L’exemple de la minijupe est emblématique : que ce (petit) bout de tissu révolte les bigots, c’était un peu l’idée ; qu’il excite les hommes de pouvoir et le voilà promu au rang d’objet-symbole de l’émancipation féminine ! Aujourd’hui en Suisse, le monde politique et derrière lui le peuple se déchirent sur l’éventualité d’arracher leur burqa aux musulmanes. Comme si notre rapport au corps était neutre et juste, et qu’il serait de bon ton que les étrangers s’y conforment. Que les enfants cachent leurs fesses sur les plages, que les Femen remettent leur T-shirt et que les Algériennes dévoilent leurs tifs : on est en Suisse, tonnerre ! « Personne ne peut être obligé en Suisse, le pays de la liberté, à se dissimuler le visage », clame l’UDC dans le communiqué accompagnant son initiative. C’est au nom de cette « liberté » que les Helvètes seront invités à promulguer une nouvelle interdiction. L’ironie de la chose… Habiller et déshabiller les femmes au gré des humeurs politiques et morales : les dirigeants jouent à la poupée. L’UDC, pas plus que les fondamentalistes, ne se préoccupe au fond de celles dont il s’agit de réglementer la tenue. Mais a-t-on jamais fait un homme d’un enfant en lui arrachant son ours ou transformé un cheval en Basque en lui mettant un béret ? Le voile n’est qu’un symbole. Ces jours derniers, à la surprise de certains, des socialistes emboîtaient le pas à l’UDC, sous le prétexte commun de libérer les femmes en question. Mais attention, seulement dans l’espace public. Qu’elles soient recluses à la maison, soumises à des principes religieux absurdes et avilissants, peu importe. L’essentiel, c’est que ces sombres fantômes désertent nos trottoirs pour que triomphe l’image d’une démocratie laïque, aussi factice soit-elle. Lire également en pages 7, 10 et 11. Vigousse vendredi 26 août 2016 QUELLE SEMAINE! 3 AFFAIRES EN COURT LE CHIFFRE Pan foireux Toute la Suisse a congratulé Heidi Diethelm Gerber pour sa médaille de bronze à l’épreuve du tir au pistolet à 25 mètres. Enfin presque : disqualifié à l’épreuve des 2 mètres pour les Jeux paralympiques, l’avocat Dominique Warluzel n’a pas dit un mot. Jaloux ! 1.40 En francs, c’est le chiffre d’affaires annuel de l’unique cabine téléphonique de Braggio, village des Grisons peuplé de 70 habitants. Swisscom relaie cette information afin de démontrer l’inutilité de cette prestation obsolète. De fait, avec cette camelote il n’y a aucun moyen de soutirer des frais de roaming exorbitants aux utilisateurs. Robopost La Poste annonce tester des robots de livraison. Ces petits droïdes à six roues, bardés de caméras et de capteurs, pourront rouler à 6 km/h pendant deux heures et résisteront à la neige. On ignore pour le moment si ces bijoux de technologie auront le droit de grimper les escaliers et de bavarder cinq minutes avec les personnes âgées. Procédé rotor Les « parents hélicoptères » : c’est ainsi, d’après Le Matin Dimanche (21.8), qu’on appelle désormais les parents qui pratiquent le recours abusif auprès des écoles accueillant leur progéniture. Le terme est rigolo mais, nulle part dans le texte, le rapport entre des parents pénibles et un aéronef n’est explicité. Quelques pistes se dessinent cependant. Soit c’est en raison du coût généré par toutes ces démarches, auquel cas le terme « parents Bugatti Chiron » aurait aussi fonctionné. Soit c’est en raison du vacarme produit par les quérulents, et là le terme de « parents tondeuses » était tout aussi cohérent. L’hypothèse la plus probable étant que l’appellation, vouée à être utilisée devant les enfants, devait rester courtoise et que « ces foutus casseburnes », ça ne passait décidément pas bien. Il chiale comme un veau pour son cheval Ratant de peu le podium aux JO, Steve Guerdat a déclaré au Matin (20.8) être très triste pour son cheval Ninodes-Buissonnets. Il a même abondamment pleuré pour lui, car il aurait tant voulu offrir une médaille à son canasson. Choqué par ces allégations, Nino s’est confié à Vigousse : il dément être obnubilé par les médailles et affirme pour sa part être très satisfait d’avoir privé Guerdat d’un nouveau titre en faisant tomber une barre. Sale bête ! Vigousse vendredi 26 août 2016 4 FAITS DIVERS ET VARIÉS FAITS DIVERS ET VARIÉS Constantin en panne à Chillon Pataugeoire LUXE EN RADE Le promoteur immobilier et président du FC Sion a un projet grandiose à proximité du château de Chillon. Mais le chantier est bloqué depuis quatre ans et la bataille juridique va durer. A Düsseldorf en Allemagne, « la police constate une énorme augmentation des agressions sexuelles », en particulier « le viol et l’abus d’enfants dans les piscines ». Et cette vague-là, évidemment provoquée par l’afflux des migrants, « envahit » la Suisse. Telle est « l’information » publiée sur le site de l’association Sicherheit für alle (SIFA, « sécurité pour tous »), présidée par le conseiller national Andreas Glarner (UDC/AG). Diable : nos piscines sont dangereuses pour les bambins. Et la SIFA de conseiller « aux femmes et aux enfants de ne pas se trouver seuls, surtout le soir, aux endroits reculés des piscines ». 5 AGENTS SALES En blanchissant des millions issus de la corruption, des banquiers suisses contribuent à détruire la forêt primaire de Bornéo. Dans leur branche, on se fout des arbres. Or il appert que la calamité alle- Christian Constantin, président omnipotent et entraîneur intérimaire du FC Sion, est également un grand bâtisseur. En Valais, quand une grue surgit dans le ciel, on brûle un cierge pour lui. Mais dans le canton de Vaud, le promoteur peine parfois à convaincre. C’est le cas au Clos de Chillon, juste à côté du château. Sur les rives du Léman, les pieds dans l’eau, Constantin a acquis, en 2011, une parcelle de plus de 4000 m2 (soit la moitié du stade de Tourbillon) pour y construire trois résidences de très grand luxe. Les travaux de terrassement ont démarré rapidement, mais en août 2012 le chantier s’est arrêté et les machines en ont été retirées. A ce jour, les travaux n’ont toujours pas repris. C’est que de nombreux opposants s’étaient manifestés à l’époque et que Constantin 1er a dû revoir sa copie. En janvier 2015, il est revenu avec une nouvelle mise à l’enquête qui enterre les places de parking. « Au départ, les boxes pour les voitures étaient prévus au bord du lac, c’était dégueulasse, une bricolerie. Une nuisance visuelle depuis le lac et ça je n’en voulais pas », déclarait le dessinateur en bâtiment à Vigousse (31.10.14). Aujourd’hui, une seule opposition est levée, celle d’Helvetia Nostra. Anne Bachmann, au nom de l’association, Vigousse vendredi 26 août 2016 rappelle que suite à la modification du permis de construire, Helvetia Nostra avait déposé une opposition, en raison de la destruction antérieure des murs de vigne et de la suppression de la grille. « Mais nos exigences de reconstruction des murs de vigne et de la grille ont été acceptées par Christian Constantin », se réjouit Anne Bachmann. MATCH À PROLONGATION De plus, la convention, signée fin juin, garantit qu’Helvetia Nostra participera au suivi du chantier, afin de s’assurer que l’intégralité des conditions soit appliquée. « Pas de souci, il y a en Valais des équipes qui savent reconstruire des murs de vigne », assure Constantin. La grille d’entrée à l’ancienne, digne du patrimoine montreusien, retrouvera également sa place. Syndique de la commune de Veytaux, Christine Chevalley confirme que le chantier est stoppé, « mais pas bloqué. Christian Constantin est toujours au bénéfice du premier permis de construire. » Après de nombreuses démarches, la Municipalité « a appris juste avant les vacances que malgré les discussions entre le voisin qui a fait opposition et Christian Constantin, aucun accord n’a pu être conclu. Regrettant cette situation, nous appelons de nos vœux la reprise des travaux. » Si, et c’est fort probable, la Commune autorise les travaux, l’opposant pourra faire recours auprès du Conseil d’Etat dans les 30 jours. Car le voisin le plus proche du Clos de Chillon ne baissera pas les bras et ira jusqu’au bout de la procédure juridique. « Je me fais déjà racketter par les arbitres, maintenant c’est les voisins », lâche l’ancien gardien de but valaisan, qui affirme que le voisin lui réclamait une jolie somme. « C’est faux, nous étions prêts à signer une convention avec lui, mais il n’est pas venu au rendez-vous… », se défend celui qui restera comme le dernier opposant. Il rappelle que le permis de construire a été attribué par jugement et qu’à l’heure actuelle, il n’existe toujours pas de plan définitif pour le sous-sol. Comme les autres oppositions viennent d’habitants situés à plus de 1200 mètres du chantier, elles ne seraient pas valables, selon Constantin. Lui, il a assez de projets en cours pour ne pas s’ennuyer. « Et puis, le magnifique terrain est là, en zone à bâtir, je peux attendre. » Tout comme il attend patiemment que le FC Sion devienne un grand d’Europe. Jean-Luc Wenger mande dépeinte par Glarner et consorts relève du ragot, né d’un article fangeux du journal de caniveau Bild. La police de Düsseldorf, elle, a déclaré : « Il n’y a définitivement aucune annonce de viol d’enfants dans des piscines. » Et les médias sérieux d’outre-Rhin ont démoli les bobards de Bild. Quant à l’idée que l’horreur gagne l’Helvétie, elle repose sur un cas relaté avec effroi par la SIFA : le 19 juillet, dans une piscine bernoise, « un Nigérien de 25 ans a été conduit à la sortie après avoir, selon des témoins, harcelé sexuellement trois jeunes filles de catégorie « teen agers » [donc jusqu’à 19 ans] dans un bassin non-nageurs ». Ce que la SIFA traduit ensuite par une « aggression brutale de la part d’un Nigérien ». Si brutale que malgré les témoins, le coupable n’a pas été arrêté mais éloigné… Au demeurant, les polices cantonales, les services sportifs et les gérants de bains certifient qu’aucun abus caractérisé n’est à signaler dans les piscines suisses. Glarner et la SIFA effraient donc le bon peuple à coups de mensonges. De quoi motiver une plainte du conseiller national Carlo Sommaruga (PS/GE) pour menaces alarmant la population. Et une autre plainte pour escroquerie, car la SIFA se finance en vendant des dispositifs de sécurité contre la vague d’agressions sexuelles qu’elle invente… Décidément, Glarner nage en eaux troubles. Laurent Flutsch Actes contre nature Dans les provinces malaisiennes du Sarawak et de Sabah, sur l’île de Bornéo, le désastre écologique et humain provoqué par la déforestation sévit depuis longtemps. Mystérieusement disparu là-bas en 2000, le Bâlois Bruno Manser avait alerté l’opinion internationale dès la fin des années 1980, prenant la défense des chasseurs-cueilleurs penan dont il avait partagé l’existence : traqués et brutalisés par les milices armées à la solde des compagnies de bûcheronnage, acculés par les bulldozers, privés de leur jungle nourricière, ces autochtones ne survivent désormais qu’en de rares secteurs encore préservés. Créée en 1991, la Fondation Bruno Manser se démène pour eux et pour la sauvegarde de quelques lambeaux de forêt pluviale, riche d’une incroyable biodiversité. Et ce n’est pas gagné. Depuis quelques années en effet, les choses empirent en se compliquant. Au simple tronçonnage des grumes, déjà destructeur, s’ajoutent de multiples projets de barrages pharaoniques et inutiles, sauf pour les entreprises mandataires. Lesquelles, curieusement, sont souvent aux mains de proches du pouvoir politique… Idem pour les immenses monocultures de palmiers à huile qui remplacent la jungle déjà lacérée par les pistes de chantiers et de bûcheronnage, légal et illégal. Le tout génère des milliards de profits, en partie liés à un vaste système de corruption : concessions contre potsde-vin, ministres cumulant politique et intérêts privés, tout y passe. Or qui dit « corruption » dit « blanchiment d’argent ». Et qui dit « blanchiment d’argent » dit quoi ? « Banques suisses », bien sûr. sans moufter au transfert, depuis le fonds étatique en question, d’un « don » de 681 millions de dollars au Premier ministre malaisien. Sympa. Les petits cadeaux entretiennent l’amitié, c’est bien connu. La Fondation Bruno Manser, qui a contribué à révéler le scandale et à faire épingler la banque BSI, demande désormais au Conseil fédéral que les 95 millions saisis par la FINMA ne soient pas versés à la caisse fédérale, mais affectés à un En mai 2016, la banque tessinoise LA PALME DE LA MAGOUILLE BSI (ex-Banca della Svizzera italiana) a été sévèrement fessée par l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (FINMA), qui a saisi la bagatelle de 95 millions de francs. De son côté, le Ministère public de la Confédération a engagé une action judiciaire contre l’établissement. Motif ? La banque BSI a prêté son aimable concours au pillage d’un fonds étatique malaisien, en principe voué au développement économique et social, par des politiciens malaisiens qui ont préféré y pomper de l’argent de poche personnel. C’est ainsi que la banque tessinoise, avec d’autres officines suisses, a procédé fonds de développement durable. A ce stade, il peut sembler étrange qu’UBS n’ait pas encore été mentionnée. Voilà qui est fait. La grande banque aurait en effet, entre 2006 et 2007, blanchi 90 millions de dollars de pots-de-vin liés à la déforestation dans la province de Sabah. Via des comptes établis à Singapour, Hong Kong et Zurich, l’argent a été généreusement offert par des entreprises de bûcheronnage au chef du Gouvernement de Sabah, Musa Aman (frère du ministre malaisien des Affaires étrangères, la famille c’est sacré). Selon la Fondation Manser, les virements bancaires portaient la mention « deposit for logging concession », dépôt pour des concessions d’exploitation forestière : ça a le mérite d’être limpide, et dès lors on doute que les gens d’UBS soient candides au point de n’avoir pas suspecté un graissage de patte. Manifestement, le Ministère public de la Confédération en doute aussi, puisqu’il a intenté une action contre la banque en 2012. La procédure est encore en cours, les deux parties se querellant au Tribunal fédéral autour d’un document qu’UBS, allez savoir pourquoi, refuse de fournir. Ces deux cas ne sont que des exemples de combines courantes à vaste échelle. Concessions, corruption, blanchiment : des groupes privés obtiennent des droits d’exploitation en arrosant copieusement des politiciens véreux, avec la bienveillante assistance de banques suisses. Ainsi disparaît la forêt vierge, victime de financiers cravatés qui ne connaissent que la loi de la jungle. Laurent Flutsch Vigousse vendredi 26 août 2016 6 FAITS DIVERS ET VARIÉS Un bon coup de racket Jusqu’à pudeur QUI ABUS BOIRA N’écoutant que son courtage, la société de recouvrement Intrum Justitia, qui aurait mieux fait de s’appeler juste Intrum, se targue de faire payer aux gens leurs écarts de conduite. De préférence deux fois. Les méthodes douteuses des sociétés de recouvrement, tout le monde les connaît : lettres frisant la menace, frais de poursuite exorbitants (entre 16 et 40 % de la créance pour Intrum Justitia) et un acharnement à faire passer Donald Trump pour un moine zen. Depuis des années, les associations de défense des consommateurs encouragent les débiteurs à ne pas céder à la pression et à s’engager dans des procédures sans fin permettant, dans le meilleur des cas, de s’épargner ces frais abusifs. DÉSHABILLÉ DE SOI tocards qui n’ont pas la clairvoyance de suivre religieusement « A bon entendeur » auront bêtement cru acheter leur tranquillité en s’acquittant sans rechigner de ces frais abusifs. Ce qui revient en fait à se fourrer le doigt dans l’oreille d’un sourd et bien pire encore. LA POURSUITE INFERNALE La société Intrum, pour qui « le maintien de la relation client et de la réputation » n’est pas un vain mot, a accepté de répondre à nos questions (quelques-unes, en tout cas). Pour son porte-parole Michael Loss, « le Vigousse vendredi 26 août 2016 À POIL ! Les bipèdes à fort coefficient cérébral ont découvert un jour la pudeur : reste à dévoiler en quoi cela consiste. A l’heure où tout se dit, se montre et se sait immédiatement sur des réseaux sociaux où des centaines de millions d’individus se connectent volontairement, on pourrait penser que notre époque est celle de l’impudeur. De fait, personne n’a probablement jamais autant dévoilé sur soi-même et à autant de monde dans l’histoire de l’humanité qu’aujourd’hui. Mais le diagnostic est Les naïfs, les flemmards et les Certes, dans un premier temps, le problème semble réglé. La dette est soldée, l’opprobre est effacé, et l’ex-mauvais payeur retrouve la paix. Sauf qu’une nouvelle déconvenue l’attend. Si, afin de contracter un crédit ou de louer un appartement, il souhaite se refaire une virginité administrative en radiant de son extrait de registre l’infamante poursuite désormais caduque, il apprend que c’est parfaitement possible. Alors, de quoi se plaint-on ? C’est parfaitement possible, mais ça coûte 100 francs. Voilà de quoi on se plaint. La plupart des sociétés effectuent pourtant cette démarche à titre gracieux. Et ce pour la bonne raison que, comme nous le confirme monsieur Romano, préposé à l’Office des poursuites de Lausanne, elle ne leur coûte rien. montant de 100 francs n’est ni excessif ni inhabituel ». « D’autres font pire » et « la radiation est un service » (pas de ceux qu’on vous rend ; de ceux qui se paient, évidemment). Mais quelles lourdes démarches administratives ces 100 francs sont-ils censés financer ? Réponse : « Ecrire une lettre à l’office concerné, aviser le débiteur que c’est fait et fermer le dossier. » Un véritable parcours du combattant, en effet. Exploitant une béance de la loi suisse concernant le montant qu’un créancier est en droit de demander pour la radiation d’une poursuite, Intrum, qui cherche toujours à développer « des solutions clients innovantes », a dû juger que 100 francs, ça faisait « innovant ». Même si ce n’est pas exactement le mot qu’emploierait la juriste de la Fédération romande des consommateurs Valérie Muster, qui aurait penché davantage pour des termes comme « excessif » ou « abusif ». Mais loin de nous l’idée de pinailler sur les mots. 7 FAITS DIVERS ET VARIÉS Quant à connaître le bénéfice annuel généré par cette pratique contestable, Michael Loss nous « remercie de comprendre que l’entreprise ne révèle pas des détails d’une telle granularité ». Il n’y a pas de quoi, voyons. D’autant qu’il n’y a qu’à aller sur le site internet d’Intrum pour obtenir des éléments de réponse. Intrum Suisse se vante de gérer pas moins de 2 millions de dossiers de recouvrement par année. A supposer que 10 % des débiteurs casquent puis réclament une radiation, il suffirait de savoir multiplier 200 000 par 100 pour évaluer le degré de « granularité » avec lequel Intrum se sucre. Séverine André peut-être un peu rapide : on montre ce qu’on veut bien montrer, et la transparence globale pourrait bien avoir pour corollaire une prudence et une défiance exacerbées envers l’exhibitionnisme du moi triomphant. Paradoxe, c’est la pudeur qu’on remarque : ce burkini qui attire davantage le regard que les lassantes bimbos siliconées, bien sûr, mais également, apprend-on dans Le Matin (20.8), ces morveux qui refusent la douche collective après la gym ou s’y résignent sans quitter leurs sousvêtements… Pourquoi de telles préoccupations ? On y verrait plus clair si le concept de « pudeur » avait été élucidé une fois pour toutes, mais comme souvent, l’animal humain ne se met pas facilement à nu. Ce n’est pas faute d’avoir essayé. La psychologie de la pudeur a suscité d’innombrables spéculations à la toute fin du XIXe siècle. Charles Darwin la définissait, avec la timidité et la honte, comme un processus d’« auto-attention dirigée vers l’apparence personnelle, en lien avec l’opinion d’autrui ». En gros, la pudeur émerge quand la conscience de soi permet de se comparer aux autres. Le fondateur de la psychologie moderne William James proposait un mécanisme plus précis. Pour lui, la pudeur c’est « l’application en seconde instance à nous-mêmes des jugements que nous exerçons en premier lieu sur nos congénères ». En gros, c’est le fait de critiquer les autres qui conduit à ressentir de la pudeur lorsqu’on fait la même chose qu’eux. Le pionnier de la sexologie Havellock Ellis situait l’origine de la pudeur dans l’émotion du dégoût : l’expérience du dégoût aurait conduit à la peur de dégoûter autrui, qui aurait évolué en la peur de décevoir, de choquer et d’être exclu du groupe. Ellis faisait grand cas de notre tendance à rougir, racine biologique et signal irrépressible de la pudeur, avec cette hypothèse mémorable : « Les gens ne rougissent pas parce qu’ils sont pudiques, ils sont pudiques parce qu’ils rougissent. » Dans le même ordre d’idées, le sociologue William Thomas disait que l’homme n’a pas inventé l’habillage par pudeur, mais qu’il est devenu pudique parce qu’il s’habille. Pour lui, la pudeur n’est pas un sentiment individuel, mais une défense collective contre toute transgression susceptible d’attirer l’attention ou de perturber l’équilibre social. Ce débat assez sophistiqué a eu lieu autour de 1899, et on ne semble pas plus avancé aujourd’hui. Mais ce bref florilège indique bien comment la pudeur constitue une interface entre, d’une part, les racines biologiques des émotions et de la conscience de soi, et d’autre part notre expérience d’animal social, indissociable du groupe dans lequel il évolue. A ce compte, la pudeur, sentiment viscéral et individuel, a rapidement pu être récupérée comme outil pour signaler sa vertu et devenir un message exagéré, socialisé, et même politisé. A tel point que la pudeur a fini par devenir impudique. Notre espèce est décidément pleine de surprises… Sebastian Dieguez « The evolution of modesty », H. Ellis, Psychological Review, vol. 6, pp. 134-145, 1899. « The psychology of modesty and clothing », W. Thomas, American Journal of Sociology, vol. 5, 246-262, 1899. PUB Je pustule pour un appartement Plutôt que de payer 100 balles pour faire effacer une ancienne poursuite, peut-on simplement la laisser figurer dans son dossier ? Pour obtenir un bail à loyer, par exemple, ce vestige est-il un handicap ? Nous avons posé la question à la régie lausannoise Galland : le patron en personne nous a assuré qu’une poursuite payée mais non effacée du registre n’a aucun poids dans la décision d’attribution d’un logement. Bonne nouvelle. Insistons tout de même : entre deux dossiers parfaitement égaux par ailleurs, une poursuite, toute payée fût-elle, ne ferait-elle pas pencher la balance ? Monsieur Galland, dont nous allons voir à l’instant qu’il ne porte pas ce nom par hasard, concède texto : « C’est comme quand vous avez deux jolies femmes en face de vous et qu’y en a une qui a un bouton sur le nez. » Vigousse vendredi 26 août 2016 8 FAITS DIVERS ET VARIÉS Les voix de la gare de Côme ÉCRIT DU CŒUR Les migrants bloqués à la frontière entre l’Italie et la Suisse ont décrit leur souffrance dans une lettre ouverte à la Ville. Aux portes de la Suisse, près de 500 migrants campent depuis un mois dans des conditions indignes près de la gare San Giovanni à Côme (I). Africains en majorité, ils ont été refoulés de Suisse ou tentent de rejoindre des proches dans le nord de l’Europe. Ce camp improvisé ressemble à la « jungle » de Calais, estiment les médias. Le silence de la Suisse officielle, d’abord assourdissant, devient dis cours discordants. Ueli Maurer prône un respect strict de la loi : les garde-frontière doivent renvoyer immédiatement les migrants qui veulent transiter par la Suisse. En juillet, plus de 3500 personnes se sont ainsi vues refoulées à Chiasso. Lundi, pourtant, Didier Burkhalter intervenait à la radio alémanique pour défendre l’idée que « dans l’application de la loi, il doit y avoir aussi la question de la marge d’appréciation humanitaire qui joue un rôle, surtout pour tout ce qui concerne les cas qui ont un impact sur les êtres humains ». Le 10 août dernier, une centaine de migrants présents à la gare et une trentaine d’Européens solidaires ont écrit une lettre ouverte à la Municipalité de Côme et, par ricochet, aux autorités helvétiques pour qu’elles créent un corridor humanitaire. Pour réaliser la difficulté de cet exercice exceptionnel, il faut savoir que les rencontres se sont tenues en anglais et en français, avec traduction simultanée en arabe, oromo, tigrigna et amharique. La lettre a ensuite été traduite de l’anglais en italien pour la Commune de Côme. Voici sept extraits de ce texte qui n’a pas vraiment été repris dans la presse, afin de donner une voix à ceux qui n’en ont pas. Vigousse QUELLE SEMAINE! 9 AFFAIRES EN COURT On est pneu de chose Tout le plaisir est pour toi ! Un homme retrouvé mort, poignardé, dans une mare de sang, au milieu de voitures stationnées dont les pneus ont été crevés ? L’assassin ne peut être que le vandale qui, surpris la main dans le sac, aura éliminé le seul témoin de ses méfaits. Ou alors, et c’est ce qu’a conclu, non sans un certain « cluedisme », la police de Nynäshamn, en Suède, le coupable et la victime ne sont qu’une seule et même personne. Occupé à percer les pneus de ses voisins, le malheureux quinquagénaire a vu son couteau se retourner contre lui quand l’un des pneumatiques a malencontreusement explosé. La probabilité était infime. La roue du destin a encore frappé. « Il faut exciser toutes les femmes afin que la débauche n’existe plus sur Terre. » Tels sont les propos qu’un certain Ismaïl Berdiev, mufti du Daguestan, tenait la semaine dernière à l’agence de presse russe Interfax. Par chance, le conseiller du Premier ministre Medvedev, un certain Guennadi Onitchenko, a modéré ces propos en suggérant qu’« une bonne éducation peut être une alternative à l’excision, permettant de préserver la chasteté des jeunes filles et d’empêcher des femmes de céder à l’adultère ». Le support pédagogique, intitulé « Le plaisir, non merci, ma cousine a essayé et elle s’en mord encore les doigts », devrait être bientôt disponible dans toutes les bonnes boucheries soviétiques. 1. « Nous sommes des personnes originaires de divers continents et de divers Etats ; nous provenons de divers parcours, cultures, groupes ethniques et religieux... mais nous sommes tous ici : nous sommes simplement réfugiés. Nous avons dû abandonner nos pays parce que nos droits humains ont été violés, ou parce que nous avons été persécutés. » 2. « Nous avons perdu de nombreux amis ou parents. Nous avons dû saigner, mourir de faim, supporter la douleur. Pour tout cela, nous souffrons encore : tant de cauchemars et de tristes souvenirs. Nous devrons vivre avec cela pendant le reste de notre vie. » 3. « Quand nous avons débarqué sur les côtes italiennes, on ne nous a pas expliqué les lois sur le droit d’asile en Europe. Nous avons été obligés de donner nos empreintes digitales. Cela nous empêche de faire des demandes d’asile ailleurs. Maintenant, nous sommes bloqués à la frontière suisse. Chaque fois que nous essayons de la franchir, la police nous repousse. » 4. « Nous ne sommes pas des animaux mais des êtres humains et nous demandons que l’on nous respecte. Nous avons tenté tant de fois de passer la frontière en train, dans des bus ou en passant par la forêt, mais les gardefrontière nous ont rassemblés comme des bêtes. » 5. « Lors des contrôles, on nous soumet constamment aux humiliations, nous sommes obligés de nous dévêtir, sans séparation des genres. On nous a gardés dans de petites pièces pendant plus d’une journée, sans nourriture, ni eau, ni soutien juridique. A la fin, ils nous ont renvoyés au point zéro, dans le sud de l’Italie, séparant des familles, des amis... » AVIS DE RECHERCHE Avez-vous vu cet homme ? Agé de 64 ans, taille et corpulence moyenne, signes particulier néant. Portait au moment de sa disparition un costume gris pas du tout voyant. Selon certaines indications, l’individu exercerait la fonction de président de la Confédération helvétique. 6. « Nous nous demandons pourquoi l’on criminalise la tentative de passer la frontière, alors que fouler aux pieds nos droits humains est devenu une pratique systématique. » 7. « Nous demandons que soit ouvert un corridor humanitaire à travers la Suisse pour rejoindre nos familles. » Vigousse vendredi 26 août 2016 Vigousse vendredi 26 août 2016 10 BIEN PROFOND DANS L'ACTU LE FIN MOT DE L'HISTOIRE Pitch Cohabitation virtuelle LE COURRIER DU CHIEUR LES PUBLICITÉS DU PROFESSEUR JUNGE Cette semaine : je présente quelques produits innovants permettant de régler tous les problèmes religieux dans l’espace public. Vous en avez assez des débats stériles sur le port de la burqa dans la rue, sur la présence du burkini sur les plages, sur le voile à l’école, sur les crucifix dans les classes, et mille autres sujets religieux bien trop compliqués pour qu’on puisse statuer dessus sans fâcher tout le monde ? Alors les produits de la maison Kompromis Demokratik sont pour vous ! Nous en avons pour tous les goûts, toutes les confessions et toutes les idéologies. Votre religion vous impose de cacher votre corps plein de courbes tentatrices des yeux des mâles ? Mais vous ne supportez plus les regards désapprobateurs des passants qui jugent que vous êtes enfermée dans une « prison mobile » ? Alors essayez notre large gamme de déguisements à enfiler par-dessus burqa, niqab et autres voiles. Notre accoutrement de momie amusera tous les cinéphiles amateurs des classiques de l’horreur. Et nos costumes de super-héros au visage masqué (Batman, SpiderMan, Iron Man et autres Captain America) raviront les enfants tout en préservant votre anatomie des regards inquisiteurs. Quant à notre collection de tueurs psychopathes issus de Vendredi 13, Scream ou Massacre à la tronçonneuse, elle fera s’écarter craintivement les gens dans la rue. Fonctionne aussi très bien pour les nonnes, prêtres, moines bouddhistes, rabbins, raéliens, etc. Si vous n’êtes pas directement concerné par le port de vêtements contraignants mais que vous n’aimez pas le spectacle qui s’offre à vous dans les lieux publics, alors adoptez nos lunettes VivrEnsemble™ ! Basées sur la même technologie de réalité augmentée que le jeu Pokémon Go, les lunettes VivrEnsemble™ ne vous montrent que ce que vous voulez voir. Elles analysent en direct ce qui se trouve dans votre champ de vision et le réinterprètent selon vos souhaits. De nombreux réglages sont disponibles. Sur « intégrisme », toutes les femmes que vous croisez se retrouvent affublées électroniquement de vêtements couvrant l’entier du corps. L’ajout de barbes aux hommes est en option. Sur « démocratie », les femmes apparaissent toutes habillées de robes A Jean-Marie Cleusix Donneur de leçons Cher Monsieur Cleusix, et le visage libre. Sur « féminisme attardé », c’est minijupe pour les dames. Avec « féminisme dur », pantalons pour tout le monde. Et pour les plus déterminées, « féminisme hystérique » gomme tous les tissus qui recouvrent les seins et ajoute des slogans sur la poitrine et une couronne de fleurs sur la tête. Les plus pointilleux aimeront le réglage « laïcité intraitable », qui fait disparaître tout signe religieux ostensible, y compris croix, croissants et étoiles. « Piscine convenable » transforme les burkinis en maillots une pièce, tandis qu’« alerte à Malibu » rajoute des fortes poitrines. Pour les connaisseurs, « naturisme » met tout le monde sur un pied d’égalité (option bloquée sur les modèles VivrEnsemble™ pour enfants). Alors ne perdez plus votre temps en arguties interminables : adoptez les produits Kompromis Demokratik, les seuls qui permettent le multiculturalisme sans douleur. Professeur Junge, phare de la pensée contemporaine Décidément, personne ne vous aime. Démissionné de la direction de l’Enseignement valaisan après trois ans de polémique, vous deviez vous dire qu’on allait enfin vous laisser en paix. C’était compter sans la hargne inextinguible du corps enseignant à votre égard. Vos futurs collègues du Collège de Saint-Maurice s’opposent à votre parachutage dans leur établissement, imposé par Oskar Freysinger, en tant que professeur de philosophie. Et ce au prétexte qu’un haut fonctionnaire qui ne payait pas ses impôts est mal placé pour donner des cours de morale aux élèves. C’est faire preuve d’une bien courte vue de leur part. Ainsi, Jean-Jacques Rousseau a fait longtemps autorité dans le domaine de l’éducation alors qu’il avait abandonné ses enfants. Et JeanPaul Sartre a prôné l’action sans jamais lever le derrière de son fauteuil rembourré. On ne voit donc pas en quoi avoir cherché à truander le fisc vous handicaperait pour enseigner les bases du civisme. 11 L’amour à l’état brute La nature est mal faite. Prenons pour seul exemple les processus de reproduction en usage chez les espèces animales prétendument « évoluées » : dans un monde régi par le bon sens, sachant que les mâles et les femelles sont en nombre à peu près égal, la chose se ferait tout simplement, sans histoires, en toute spontanéité, dans l’harmonie et la volupté. Or tel n’est pas le cas. Dans cette existence moisie, il faut au contraire que le sexe implique des tracas à n’en plus finir. Ainsi observe-t-on régulièrement des situations pénibles, triangulaires, avec deux mâles pour une femelle. C’est énervant. Lourde de conséquences malsaines, cette déplorable tendance de la nature à ne pas faire simple quand elle peut faire compliqué finit par affecter jusqu’à l’anatomie des victimes. Des cervidés mâles sont dès lors contraints de trimballer une ramure ridicule et malcommode qui s’accroche dans toutes les branches basses, aux seules fins de frimer et de se télescoper violemment en duel pour séduire une biche. Des oiseaux doivent renoncer à toute dignité en arborant des jabots bariolés du plus mauvais goût ou des plumes caudales du pire style tapeà-l’œil, en vue de convoler aver une dame oiselle. Et des primates sont forcés de rivaliser en exhibant un cabriolet, en apprenant à danser le tango, en s’efforçant d’être drôles ou en pratiquant la musculation dans l’espoir d’évincer la concurrence. C’est ainsi qu’une loi naturelle dévoyée a engendré la pratique trop friandes de boucheries rigolotes. « Tue, frappe, brûle ! », beuglaient-elles sur les gradins, selon le témoignage vécu du philosophe Sénèque ; « pourquoi celuici est-il si mou à foncer contre le fer ? Pourquoi rechigne-t-il à tuer ? Il met de la mauvaise volonté à mourir ! » Un passe-temps très distrayant, donc. Quant aux acteurs du spectacle, ils pouvaient en alignant les victoires devenir de grandes vedettes, qui affolaient les sens de la gent féminine : un gladiateur de Pompéi était surnommé Suspirium Puellarum, « le soupir des jeunes filles ». C’est bien Fig. 1. Dindon de la farce (à gauche). ce qu’on disait : entre le duel entre cerfs et les sports de combat, le fondement demeure. Rien d’étonnant donc à ce que les civilisations humaines aient prolongé Il n’y a guère qu’en Suisse, et surdans leur culture cette dérive de la tout en Suisse allemande, que la lutte nature ; d’où toutes sortes d’affronte- traditionnelle entre mâles dominants ments virils en public, sous forme de semble investie d’un rôle légèrement pugilat, de pancrace, de boxe berri- différent. Celui qui triomphe n’obchonne et autres démonstrations de tient pas les faveurs d’une créature force, la plus aboutie étant sans doute féminine apte à la reproduction : il obtient un taureau (apte à la reprole combat de gladiateurs. duction lui aussi, mais là n’est pas la Dans l’Antiquité romaine, cet aimable question). Dans cette variante assez divertissement faisait fureur, comme saugrenue, des mastards se mesurent chacun sait. Affublés de panoplies à mains nues, en cherchant par tous diverses selon leur catégorie (filet, les moyens à s’empoigner par le bastrident et poignard pour les rétiaires, sin. Toutefois, leur silhouette massive grand bouclier, casque et épée pour et trapue n’offre guère de prise, faute les mirmillons, petit bouclier, dague de stéatopygie (ou fessier rebondi) : ils recourbée et jambières pour les doivent donc y remédier en s’équipant thraces…), ou alors nus comme des d’une culotte de jute. vers avec un glaive, les combattants Réflexion faite, les bois des cerfs ne s’étripaient gaiement dans l’arène, sont pas si ridicules, finalement. Laurent Flutsch à la grande joie des foules toujours répandue du combat singulier entre prétendants. Un combat qui forcément consiste aussi à se donner en spectacle, puisqu’il s’agit d’impressionner favorablement la femelle en jeu. Le strip de Vincent Certes, on pourrait admettre que vous auriez davantage à apporter dans d’autres branches. En cours d’économie, vous prodigueriez sans doute des conseils fort utiles sur les mille et une manières de ne pas se ruiner en impôts. De même que vos trucs pour durer professionnellement malgré des casseroles ne pourraient que passionner des étudiants sur le point d’entrer dans la vie active. Bref, vous avez encore beaucoup à apporter à la jeunesse valaisanne. Stéphane Babey Vigousse vendredi 26 août 2016 Vigousse vendredi 26 août 2016 12 CULTURE Des védés CULTURE Des bouquins Des films Colombes et Faucons L’assassinat de l’homme politique israélien Yitzhak Rabin en 1995 reste gravé comme un événement politique majeur qui altéra drastiquement l’ouverture esquissée par ce pays envers la Palestine, car il permit l’accès au pouvoir de personnalités qui ne partageaient en rien les opinions de feu le Premier ministre. Ardent défenseur d’une solution pacifique, négociée et donc, à terme, d’une reconnaissance d’un Etat palestinien, Rabin a sans doute réveillé des colères très profondes et contrecarré de fins calculs politiques. Amos Gitaï essaie de reconstituer cette journée fatidique dans un docu-fiction qui devient un thriller haletant. Si ses opinions politiques sont connues, il s’abstient de crier au complot mais tente de proposer les faits en laissant le public les interpréter. Le résultat fait néanmoins froid dans le dos ; jamais sans doute depuis Kennedy, un assassinat politique n’aura eu autant de répercussions sur la politique mondiale. Michael Frei, Karloff, films culte, rares et classiques, Lausanne Le dernier jour d’Yitzhak Rabin, Amos Gitaï, 2015, Blaq Out, vf et vost, DVD, 153 min. PUB Statham, ça tatane ! À VOUS DE VOIR Toujours debout – c’est ce qu’il appelle Rester vertical –, Jason Statham dégomme du vilain dans Mechanic : Resurrection. Pas le genre de type à avoir peur Dans le noir ! Pour ceux qui ont de la suite dans les idées. Enfin plus de suite que d’idées… A une époque il y eut Stallone et Schwarzie, puis Bruce Willis, Steven Seagal ou Tom Cruise. Aujourd’hui, Jason Statham, acteur britannique moins flegmatique que d’autres, a fait main basse sur le film d’action dans des longs métrages qui, très souvent, permettent aux producteurs de se passer de scénariste. Y a pas de petite économie. Dans Mechanic : Resurrection, il retrouve son personnage d’Arthur Bishop, le tueur à gages du Flingueur, qui n’était déjà pas très original puisqu’il s’agissait du remake d’un vieux Charles Bronson. Bishop y reprend du service pour les beaux yeux d’un joli petit lot. Comme c’est Jessica Alba, on le comprend. Trois cibles a priori inaccessibles doivent tomber sinon… Pif, paf, boum, Statham connaît la musique. C’est même un festival de gnons à lui tout seul. Rien de nouveau sous le soleil, que ce soit celui de Rio, Bangkok, Sydney ou Varna, c’est amusant si on regarde ça au deuxième degré, cerveau débranché. Notre Jason démantibule des mâchoires sans les desserrer, démet BROUILLON DE CULTURE LA PIEUVRE PAR TROIS Av. du Chablais 21 - 1008 Prilly Restauration tous les jours dès 5h 021 624 08 08 Fermé le dimanche Av. du Chablais 21 • 1008 Prilly www.cafedesbouchers.ch 021 624 08 08 www.cafedesbouchers.ch Les 26 et 27 août, Meyrin-Village accueille les amateurs de musique dans son festival open air gratuit. Si le 26 c’est métal, on console ses oreilles le 27 avec du punk, du rocksteady « et même un peu de folk ». Octopode, www.sub-session.ch/octopode CORPS Du 1er au 11 septembre, le Temple Allemand à La Chauxde-Fonds héberge le festival de danse contemporaine Antilope. La compagnie Objets-Fax y présentera sa nouvelle création Camera Obscura. www.facebook.com/ricrozoobjetsfax/home Vigousse vendredi 26 août 2016 des épaules en haussant les siennes et tire à tort et à travers. De balles, Mechanic : Resurrection en vaut deux. Pour ceux qui y voient clair. A coups de portes qui grincent, de musique angoissante et de créature flippante – vu les ongles, le fantôme de Florence Griffith-Joyner –, Dans le noir a la folle prétention de nous foutre les jetons. Mais entre ce petit film et un grand film d’épouvante, c’est le jour et la nuit. Pour ceux qui trouvent que ça ne tient pas debout. Léo cherche le loup TEL ÉPRIS… Les 26 et 27 août, plusieurs villes – dont Genève, Fribourg et Sion – organisent une nuit des chauves-souris. Dans cette optique, les personnes intéressées sont conviées à rejoindre l’un des points de rencontre afin que les bêtes volantes puissent contempler plus avant les curieux mammifères que nous sommes. www.chauves-souris.ch TOUT ZORN Compositeur et saxophoniste, le New-Yorkais John Zorn est un habitué du Festival de jazz de Willisau. Il revient samedi après-midi dans la campagne lucernoise avec son Masada Quartet (Dave Douglas, Greg Cohen et Joey Baron). D’autres formations lui rendent hommage ce même jour. Du 31 août au 4 septembre, www.jazzfestivalwillisau.ch sur un causse de Lozère. Marie le voit. Résultat : un enfant naît. A partir de là, accrochez-vous… Scénario erratique, acteurs catastrophiques, scènes éprouvantes (accouchement en gros plan, euthanasie par sodomie (si, si)), Rester vertical, c’est causse toujours, tu m’intéresses ! Bertrand Lesarmes Mechanic : Resurrection, de Dennis Gansel (1 h 39) ; Dans le noir, de David F. Sandberg (1 h 21) ; Rester vertical, d’Alain Guiraudie (1 h 40). Tous en salles. BORGNE IDÉE Une petite fille qui détrousse des touristes pour s’acheter une maman et qui finit par rencontrer un guitariste aveugle ? C’est l’histoire racontée par le film Blanka, programmé par les Cinémas du Grütli. A Genève, jusqu’au 28 août. www.cinemas-du-grutli.ch vomir, jusqu’à en mourir. Ou presque. Conçu à travers le prisme de la corrida, le taureau par avance sacrifié au pouvoir du matador, ce récit sulfureux, le plus souvent cruel, se veut d’une terrifiante efficacité. L’auteure, Genevoise aujourd’hui établie à Paris et comme son héroïne « citoyenne du monde », ne ménage ni le lecteur ni sa peine quand il s’agit de décrire son asservissement à un homme d’une habileté diabolique et d’une perversité sans limites aucunes. Il arrive pourtant que, même tradi- tionnellement promis à la mort, le taureau parvienne à sortir vainqueur de l’inégal combat. Ce serait alors que l’animal serait parvenu à comprendre que la muleta n’était qu’un leurre, que l’ennemi n’était pas tant le tissu rouge agité sous son nez que le bras qui l’agite. Le chaos parfait Nicole Kranz est-elle d’ores et déjà à ranger sur le rayon des écrivains « importants » d’aujourd’hui ? Il faut se poser la question. Car même si le récit se perd parfois dans d’inutiles redites, même si l’écriture elle-même gagnerait beaucoup à être simplifiée, ce roman, sorte de huis clos étouffant, a le mérite de maintenir le suspense de la première à la dernière de ses lignes. Simple « coup » d’éditeur habile ou coup de maître, au lecteur de choisir. Roger Jaunin BullShit (Ceci n’est pas un roman d’amour), de Nicole Kranz, Editions Torticolis et frères. 408 pages. Un dernier verre de Choron Les Editions Wombat inaugurent leur nouvelle collection de petits formats, Poche comique, avec une réédition de Je bois, je fume et je vous emmerde, un opuscule du début des années 1990 dans lequel JeanChristophe Florentin recueillait quelques propos philosophiques de bistrot du professeur Choron. Présenté sous forme d’une conversation un peu artificielle, le texte ne décontenancera pas ceux qui connaissent déjà le misanthrope fondateur de Hara-Kiri. Déclarations tonitruantes, gauloiseries assénées sur un ton péremptoire et délires divers s’enchaînent sans trop d’ordonnancement. Tout cela n’ajoutera pas grand-chose à la gloire posthume du bonhomme, disparu en 2005, mais comme il n’est justement pas près de sortir de matériel neuf, ceci fera office d’amuse-gueule en attendant sa résurrection. Pour autant que Dieu lui ait pardonné d’ici là toutes les horreurs qu’il a dites à son sujet. Stéphane Babey Je bois, je fume et je vous emmerde, professeur Choron, Editions Wombat, 64 pages. L’alchimiste sonore Larkian peaufine depuis longtemps la recette de sa pierre philosophale. Elle consiste à mettre en boucle de petites phrases musicales réalisées à la guitare, à les empiler les unes sur les autres et à les triturer pour les faire évoluer progressivement. Ce processus minutieux prend du temps, aussi chacun des quatre morceaux du nouvel album du Lausannois occupe-t-il une face complète de ce double vinyle et dure-t-il entre 16 et 18 minutes. A force d’effets et de superpositions, les compositions parties d’infimes détails se transforment en maelströms planants et débordant d’électricité qui engouffrent l’auditeur dans leurs vagues hypnotiques. Larkian touche à l’épique avec cette nouvelle sortie et s’approche de plus en plus de la perfection. S. Ba Iterations : Alterations, Larkian, Cruel Bones records, double vinyle et digital, larkian.bandcamp.com/album/ iterations-alterations PUB SECRET BANCAIRE « Tout citoyen digne de ce nom ferait bien de voir Offshore – Elmer et le secret bancaire suisse et de méditer », écrit Le Temps (17.8). Or ce documentaire sur le lanceur d’alerte Rudolf Elmer ne passe que dans des petites salles de Suisse romande. A l’ABC à La Chaux-de-Fonds notamment, le mardi 30 août, en présence du réalisateur Werner Schweizer. www.abc-culture.ch Un disque Dégoût et des douleurs Nicole Kranz prévient d’entrée, « ceci n’est pas une histoire d’amour ». Alors quoi ? Une histoire « à la con », ainsi que le titre de ce premier roman semble vouloir l’indiquer ? BullShit, donc : Chloé a quitté New York, abandonné sa carrière, ses amis et ses relations pour rejoindre Cédric, à Genève. L’homme est riche, attentionné, Chloé s’abandonne à ce qu’elle veut vivre comme un bel amour. Les règles du jeu, cependant, vont très vite se modifier. Cloîtrée dans ce qui ressemble à s’y méprendre à un harcèlement moral, elle va rapidement rayer le « non » de son vocabulaire et céder, parfaitement consentante, à tous les fantasmes sexuels de son partenaire. Clubs glauques, rencontres nocturnes sur les aires d’autoroutes, dialogues les plus malsains, sodomie de groupe, elle accepte tout, jusqu’à en 13 Sortie début septembre 272 pages, format 12x18 cm. L’actu à l’imparfait du subjectif Dans les pages de Vigousse, la chronique « Le fin mot de l’Histoire » ne recule devant rien pour prendre du recul. Reliant une actualité quelconque à un passé choisi et vice versa, elle fait preuve d’une grande rigueur scientifique, d’une objectivité scrupuleuse, d’un souci constant de l’authenticité historique et d’une mauvaise foi crasse. Plus de 60 nouvelles chroniques signées Laurent Flutsch et dans lesquelles tous les faits historiques sont certifiés rigoureusement authentiques, sauf certains. Vigousse vendredi 26 août 2016 14 15 REBUTS DE PRESSE Attention les yeux ! Dans le programme de la Braderie de Porrentruy encarté dans Le Quotidien Jurassien la semaine passée, deux pages entières étaient consacrées au fabuleux feu pyro-musical qui sera le clou de la manifestation le samedi 27 août. Ce spectacle qui retracera l’histoire de l’Humanité en 22 minutes et 21 séquences (et juste au moyen de fusées, il faut le faire !) sera diffusé en direct sur RFJ. Pour ceux qui ne sont pas du coin, rappelons que RFJ est une radio… Nul doute que les auditeurs se régaleront pendant 22 minutes avec des bruits d’explosions et un petit commentaire explicatif de temps en temps, du genre « Oh la belle bleue ! » ou « Oh la belle rouge ! » Quelques suggestions de manifestations à suivre en direct sur RFJ prochainement : le record du monde du plus grand nombre de dominos chutant les uns sur les autres, une démonstration de kaléidoscopes, ou encore une éclipse de soleil. S. Ba. LE CAHIER On n’a pas osé Le Matin entame une rubrique « On n’a pas osé » dans son édition du 23.8. Il s’agit de présenter une manchette du journal qui n’a finalement pas été retenue. Parce que trop débile ou choquante ? On l’ignore, mais heureusement il nous reste la manchette « On a osé », celle de tous les jours. S. D. Massimo au maximum La fin des Jeux olympiques vous a laissé une sensation de manque ? Heureusement, Massimo Lorenzi, rédacteur en chef du département des sports de la RTS, était là pour en remettre une couche, ce lundi au « 19:30 » de Darius Rochebin sur RTS Un. Fidèle à l’esprit de Coubertin, il semble penser que toutes les épreuves ont été remportées haut la main. D’abord l’autocongratulation de circonstance : « On est très contents, on a beaucoup travaillé pour cette opération […] Le public était effectivement avec nous […] On est contents d’avoir fait […] du bon boulot. » C’est parti, go ! Ensuite le commentaire débile et vaguement raciste : « Les Brésiliens ne sont pas des Londoniens, mais enfin c’était pas non plus la corrida. » Allez, champion ! Et enfin, la petite morale à deux balles : « Je suis plus sensible à la défaite qu’à la victoire, quand les gens perdent, ils me touchent plus que quand ils gagnent. » Waouw, quel finish ! Bravo Massimo, quand on pense qu’il y a des athlètes qui se contentent bêtement de participer ! S. D. PUB DES SPORTS ENSEIGNER JO point final. Des médailles par dizaines, quelques records chronométrés au millième de seconde, des rafales de chiffres, tout autant de statistiques. On est là, les yeux rivés sur l’écran de la RTS. Des journalistes qui font, et dans l’ensemble plutôt bien, leur boulot. Rien à redire : c’est propre, sans bavure, calibré à la seconde près, on ne saurait mieux estampillé « made in Switzerland ». C’est que les chiffres, c’est rassurant. Avec eux, impossible de se tromper, c’est du solide, du factuel, c’est sans risque d’erreur, ça fait vrai, connaisseur, ça fait pro. Se glisse une voix. Accent que l’on dira du Jura bernois. Elle dit, cette voix, on résume, que « lorsqu’on a la chance de pouvoir transmettre ce que l’on sait à des enfants de 8 à 10 ans venus d’ailleurs, leurs sourires valent autant qu’une médaille d’or ». Sur l’écran défilent, en boucle, les images d’un certain Nino, tout nouveau champion olympique de VTT. La voix, c’est celle de son entraîneur que Swiss Olympic – ou Swiss Cycling, on s’en fiche – n’a pas cru bon d’envoyer à Rio. Pas d’amertume, pas de regrets, sinon qu’il aurait « bien aimé partager ce moment avec lui ». Nicolas Siegenthaler travaille avec Nino Schurter depuis plus de quinze ans. Il est bardé de diplômes, de brevets, a reçu de l’Aide sportive suisse le prix d’entraîneur de l’année 2006, il est pour beaucoup, sinon pour l’essentiel dans la réussite de Schurter. Il dit que lorsqu’ils ont décidé de travailler ensemble, il ne connaissait rien : « J’ai dû apprendre avant de lui enseigner » son métier de coureur professionnel. Il a tout vécu. Jeune, il a milité dans les rangs de la Ligue marxiste révolutionnaire, a travaillé sur les chantiers, avant d’obtenir son brevet d’instituteur. Il n’était pas du voyage à Rio et, au lendemain de la victoire de son élève, a repris le chemin de sa classe. L’humour enfin à la portée de tous Abonnez-vous et recevez en bonus le recueil « Le mieux de Vigousse 2014-2015 », 96 pages, format 24 x 31 cm, valeur CHF 22.– Votre bonus! Cet homme-là, c’est de l’or. 021 612 02 56 / [email protected] / www.vigousse.ch Vigousse vendredi 26 août 2016 t ayo ez P h c e ille ent v En v et Na Et ce sera tout pour cette semaine. Roger Jaunin MAG VOIX Sebastian Dieguez OFF « J’ai amené toute une génération à la lecture ! Dommage que personne ne se soit chargé de l’écriture… » SCANDALE MÉDIAS Une écologiste découvre un gros OGM dans sa soupe Ces femmes copines d’une journaliste qui témoignent « C’était dégoûtant ! » Armande Taglin ne s’en est toujours pas remise. Jeudi matin, en dégustant sa soupe brocoli-fenouil qu’elle a faite elle-même avec des produits naturels, qu’est-ce qu’elle y trouve ? Rosalia Zünken-Li, amie d’une journaliste, n’en démord pas : « Je suis libre de dire tout ce que mon amie journaliste juge utile que je dise pour son sujet qu’elle doit écrire. » Mais qui sont ces femmes amies d’une journaliste qui témoignent ? Anoÿsbelle Favre-Duss, amie d’une journaliste, elle-même ancienne journaliste, a accepté de nous éclairer : « Nous témoignons afin que notre voix soit entendue, tout le temps. Nous ne nous tairons pas, aussi longtemps que nos amies journalistes nous demanderont de témoigner pour leur papier qu’elles doivent écrire. » A ce jour, le nombre exact de ces femmes amies d’une journaliste qui témoignent est inconnu, mais selon un ami dans la police et notre partenaire de squash chargé de la communication dans l’administration, il semblerait que quelques femmes journalistes envisagent de demander une estimation à leurs amies. Si vous disposez d’informations sur ce sujet, ou n’importe quoi d’autre, votre amie journaliste se fera une joie de les relayer, pour un prochain sujet qu’elle devra faire. « Sur le moment j’ai pensé que c’était un vilain gluten, mais en fait c’était un gros méchant OGM, beurk ! » Elle ne s’explique toujours pas comment une telle chose est possible. « Il n’a pas pu entrer par la fenêtre ou rentrer sous ma porte, mon appartement est parfaitement hermétique pour me protéger des ondes gravitationnelles. » Heureusement, les invasions d’OGM restent relativement rares, mais dans ces situations, les associations écologistes recommandent de passer immédiatement son logement à la chaux vive bio. À LA LOUCHE Progrès Un algorithme ridiculement simple remplacera enfin les experts en nouvelles technologies. Tweets Djehmilamina Boutddjedhinn @djeboutdd J’ai raison et pis c’est tout ! #Cestcommeça Auguste Pince @véritévraie Vous avez vu ? Elle recommence !! #cestreparti Venom Guy @Dieu&Tradition Ben ça alors ! #Dequoionparleaujuste ÇA SE COMPLIQUE Nouveau dérapage de Djehmilamina Boutddjedhinn ? La fameuse militante aurait dit quelque chose à propos des juifs ou des musulmans, selon des sources discordantes. La polémique s’est enflammée hier soir sur Twitter, lorsque des représentants des Frères Républicains ont déploré le manque de clarté du débat et qu’ils ont immédiatement été assaillis de messages interrogatifs du collectif Femmes Modérées, tandis que le mouvement populiste Race Supérieure lançait le hashtag #DeQuoiOnParleAuJuste. On ignore pour l’heure si le Gouvernement a pris position sur la controverse, mais une tribune d’experts intitulée « Non aux méchants, dès qu’on saura qui c’est » a déjà été partagée 3 millions de fois, et l’affaire promet de rebondir avec la chronique très remarquée d’un psychanalyste qui affirme : « Quoi qu’il en soit, c’est notre faute. » Comment finira tout cela ? Gageons que le prochain pseudo-séisme intellectuel à deux balles entre crétins surexcités permettra d’y voir plus clair. Succes story L’inventeur de l’eau sans gluten est devenu milliardaire en trois jours. Médias Par mesure d’économie, les chaînes radio et télévision de la RTS partageront désormais le même dealer. Science Selon une étude, les personnes émotionnellement hypersensibles sentiraient vraiment mauvais des pieds. Esotérisme Face aux pressions, Satan se justifie : « Non, le CERN n’est pas l’outil qui prépare ma domination mondiale. » Révélation Il jette la lumière sur une zone d’ombre, mais dans sa cave. SPAGNE : Le nouveau gouvernement sera constitué à la craie sur le zinc – FRANCE : Jean-Marc Morandini s’est mélangé les pinceaux et a enquêté sur lui-mê Vigousse vendredi 26 août 2016 16 { B É B E RT D E PLONK & REPLONK } LA SUITE AU PROCHAIN NUMÉRO Peter Regli, un retour qui la fiche mal « Nos adversaires sont armés de longues hallebardes alors que nous n’avons que des couteaux militaires pour nous défendre. » Winkelried des services secrets, Peter Regli a gagné sa page d’interview dans Le Temps (17.8) pour qu’il puisse y développer son argumentaire. Poussé dehors en 1999, le chef-espion reprend du service médiatique à 72 ans. Dans l’intervalle, il ne s’exprimait que dans la Schweizerzeit, un magazine situé juste à la droite de l’UDC. Moustache brossée, le barbouze vend la nouvelle loi sur le renseignement (LRens), qui est l’un des objets du scrutin du 25 septembre. L’article évoque, à peine, l’affaire des fiches ou l’affaire Dino Bellasi, deux épisodes tout à la gloire de la Nation et de Peter. Mais c’est de l’histoire ancienne, bien sûr. On glisse encore plus rapidement sur les douteux rapports que le divisionnaire Regli entretenait avec l’Afrique du Sud de l’apartheid. Vigousse vendredi 26 août 2016 Né à Airolo, polyglotte, l’officier se défend sur les deux premières affaires. « La population ne sait pas toujours ce que fait un service de renseignement. Vingt-six ans se sont écoulés depuis l’affaire des fiches. Les leçons ont été tirées et le contexte a changé. » C’est vrai, le citoyen est un abruti à la mémoire courte. La LRens, qui donne des moyens de surveillance accrus à l’Etat, a prévu des garde-fous et ils sont solides, selon lui. L’accord du Conseil fédéral en est un. Mais c’est justement ce contrôle qui n’a pas fonctionné dans l’affaire des fiches, ni dans les échanges avec Johannesburg, Regli ayant passé outre les recommandations officielles sur l’Afrique du Sud raciste. Ingénieur en aéronautique et pilote militaire, le divisionnaire Regli l’a toujours dit : un service de Il a dit la semaine prochaine (ou du moins ça se pourrait bien) « JH 2 m 120 kg, sciure et sueur, culotte obligatoire, discrétion assurée » renseignement ne doit pas être transparent. Ça promet ! Graffiti lu dans les toilettes de la gare d’Estavayer. Blanchi par un rapport parlemen- taire en 2003, il avait moins goûté au précédent qui relevait que des documents importants avaient passé à la broyeuse. Ceux, notamment, qui concernaient ses relations avec Wouter Basson, le responsable du programme secret d’armes chimiques et biologiques sud-africain. Mais tout ça, c’est du passé, on s’en fiche. Jean-Luc Wenger Editeur : Vigousse Sàrl, CP 1499, CH-1001 Lausanne > www.vigousse.ch > [email protected], tél. 021 612 02 50 Fondateur : Barrigue Rédacteur en chef : Stéphane Babey (resp.) Rédacteur en chef adjoint : Laurent Flutsch (resp.) Chef d’édition : Roger Jaunin Rédacteurs : Séverine André, Sebastian Dieguez, Jean-Luc Wenger (RP) Correction : Victor Gagnaux, Olivier Mottaz Abonnements : [email protected] > Tél. 021 612 02 56 Publicité : Urbanic Sàrl, ch. de Sous-Mont 21, 1008 Prilly, tél. 079 278 05 94, [email protected] – MEDIALIVE SA, Oetlingerstrasse 10, 4057 Bâle, tél. 061 561 52 80, [email protected] Layout et production : www.unigraf.com Impression : CIR, Sion > Tirage : 13 000 ex. Vipress FSC Mix Crédit de Vipap