February 2011 - AATF

Transcription

February 2011 - AATF
Le Canard déchaîné,
tome 34, Numéro du printemps, 2011
Le Canard déchaîné
C
Lettre de la présidente
Le 10 février 2011
hers membres et collègues,
Je vous écris par un beau matin d’hiver, tout ensoleillé, qui
promet un printemps précoce. Les crocus remplacent déjà les perceneige dans mon jardin, et j’attends avec impatience la floraison des jacinthes.
Le printemps est une saison chargée d’activités pour nos professeurs et étudiants de français. Tout d’abord, mars est le moment du
Grand Concours, l’examen national de français. Saviez-vous qu’en
2010 un étudiant de Bellevue, Washington a gagné le grand prix offert
par l’Alliance Française ? Notre chapitre a toujours pu se vanter de bon
Mary Anne O’Neil
nombre de lauréats, le plus souvent des écoles de Seattle ou de Vancouver, Colombie Britannique, mais,
Dans ce numéro
Notre chapitre a toujours pu
à vrai dire, d’un peu partout —
Lettre de la
se vanter de bon nombre de
1
même une fois de Walla Walla
présidente
lauréats
High School ! Nous attendrons
Technology for
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avec impatience les résultats du
the Teacher
Grand Concours prévus pour la mi-avril.
«Le Chant des
5
Le Grand Concours n’est pas la seule activité sponsorisée par
Partisans»
l’American Association of Teachers of French. En cotisant à l’AATF,
Films français au
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nos membres ont accès aux bourses permettant d’étudier ou de voyager
SJFF
en France ou aux pays francophones. Cette année l’AATF offre des
Entretien Redd
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stages à Montréal, Bruxelles, Strasbourg, Grenoble et Vichy. La date
limite pour poser sa candidature sera déjà passée quand vous lirez ce
bulletin, mais, si vous êtes membre, vous avez reçu une alerte qui vous
Le Coin du
13
pedagogue
a donné la date limite bien en avance. À ce propos, la date limite pour
la Walter Jensen Study Abroad Scholarship est le 15
mars. Cette bourse, destinée aux futurs enseignants du Dates and Contact
20
Information
français qui n’ont pas les moyens financiers d’étudier
à l’étranger, accorde une subvention généreuse aux étudiants universitaires. L’AATF
décerne aussi des prix aux professeurs de français et aux chapitres de l’AATF méri-
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Le Canard déchaîné, tome 34, Numéro du printemps 2011
toires ainsi que des bourses pour encourager la Semaine du Français en automne.
Le congrès annuel de l’AATF est le point culminant de notre année. C’est une occasion de faire de
nouveaux amis et de rétablir contacte avec d’anciens collègues. Les
expositions, ateliers et présentations réunissent les professeurs de
Nos membres ont accès aux
français de tous les niveaux dans une ambiance de camaraderie. Et
bourses permettant d’étudier
puis, il y a les films, la grande dictée et la tombola, pour ne pas parler ou de voyager en France
des excursions (accompagnées de dégustations) et le dîner de clôture
qui font de chaque congrès une expérience inoubliable. En 2011 nous nous retrouverons dans la capitale de
la francophonie canadienne—la belle ville de Montréal—du 6 au 9 juillet. Venez nous y rejoindre. Les inscriptions pour le congrès s’ouvrent le 1 mars. Consultez le site AATF sous la rubrique « Convention ».
Ne serait-ce que pour ces avantages pécuniaires, il serait intéressant pour tout professeur de français
d’adhérer à l’American Association of Teachers of French, mais, en plus de l’intérêt personnel, l’AATF est
la base de notre communauté d’enseignants nord-américains du français et le lien entre notre communauté
et le monde francophone. Aujourd’hui, quand l’annulation de l’examen AP en littérature française menace
nos cours de français avancé au niveau secondaire et que la crise économique mène souvent aux classes de
langue bondées et même, hélas !, aux programmes supprimés, c’est l’AATF qui nous soutient et nous tient
au courant de la pédagogie et de la culture française par moyen de la French Review, du Bulletin National
et, bien sûr, du Canard déchaîné. Si vous n’êtes pas encore membre, ou si vous avez oublié de cotiser pour
2011, je vous encourage le plus vivement possible de consulter le site AATF et de cliquer sur le lien «
Membership ».
Je finirai cette lettre en vous rappelant toutes les possibilités d’activités culturelles ou de soutien pédagogique qui existent dans notre région de Washington/Alaska/British Columbia/Alberta. Il y a le Centre
francophone (French Centre) dirigé par notre collègue Francis Andrew à l’Université de la Colombie Britannique. Pour la province d’Alberta, il y a des programmes de français langue seconde aux universités de
Calgary et d’Alberta (Edmonton) aussi bien que des programmes d’immersion pour les écoliers. Consultez
http://education.alberta.ca/department.aspx pour des renseignements plus détaillés. L’Université d’Alaska
donne des cours de français en ligne toute l’année. Parmi les nombreuses activités culturelles dans l’état de
Washington, je voudrais vous en signaler deux. Au mois de mars, le Seattle Jewish Film Festival présentera
plusieurs films récemment sortis en langue française (voir l’article de Jill Capazzoli, pp. 7-8). Depuis plus
de quarante ans, la Canoe Island French Camp offre une expérience d’immersion en français aux jeunes de
neuf à seize ans. Il y a aussi une journée à porte ouverte (open house) pour adultes le 25 juin 2011. Pour
l’horaire, etc. de Canoe Island, consultez www.canoeisland.org.
Profitez bien de notre communauté francophone et francophile.
Amicalement,
Mary Anne O’Neil
Mary Anne O’Neil, Présidente, 2010-2012
AATF WA/AK/BC/AL
Le Canard déchaîné, tome 34, Numéro du printemps 2011
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Technology for the 21st Century Language Teacher
W
Syncing with colleagues and Francophones across the globe!
hile the majority of ideas that I have shared in this forum have been designed to be used in
the classroom, this entry in the Canard is dedicated to educator communication. As travel
and conference budgets dwindle, our virtual abilities to connect and share with as well as learn from our
colleagues in World Languages only grow stronger and more profound. Throughout the past year, I have
been working with World Language teachers through workshops, electronic chats, Twitter feeds, Wikis,
Facebook, and a myriad of other social media outlets. It is through this connectivity that I have discovered
the ease of collaboration with teachers across the world (as well as in our region) without the hassle and
expense of repeated travel.
It has been postulated that the fine art of conversation may be declining due to the surge of electronic interaction. I would agree with that idea in part; however the wealth of information that I have gained as
well as dissimulated has impacted my professional and personal knowledge to such an extent that I am
compelled to continue to seek out these impressive and extensive resources for the members of our organization. Increasingly, French teachers find themselves as the sole French teacher in their district with no one
with whom they may collaborate. This can lead to frustration, despair, and
Collaborate with teachers
loss of interest in professional growth. It is through this bulletin that I
wish to share several outlets through which French teachers may partici- across the world without
pate in active, thoughtful forums that provide stimulating conversation
the expense of travel
and theory on best practices, professional development, and language
skills. If you are able to connect with even just one of these media, you will
discover that there are thousands of other educators with similar experiences. I would caution against joining all of these opportunities as it can “suck” one into an overwhelming amount of information that will
never be processed correctly. Explore these options and find the group or site that best meets your needs
and interests. I will be adding a section to our chapter’s Web site on social media outlets for French teachers with my own review and recommendations. As always, please share your findings either on our blog or
contact me by e-mail. You may notice that I appear many times in these descriptions. Through my recent
position as the Co-Chair for the Technology Commission of the AATF, I have undertaken several new projects designed to link the French teachers of the world! Nothing major, of course.
Facebook! Yes, there are other uses for Facebook than finding your friends from second grade. The
AATF National office has a fantastic Facebook page that posts information every few days on cultural
news, Web site suggestions, language inquiries, professional development, and updates about AATF activities. I am currently one of the administrators and I must confess that when I post an article or a song suggestion, I check back every few minutes to see who has “liked” my post! It is amazing to share an idea with
nearly 1,600 people at one moment. After “liking” the Facebook page, anyone is able to post a question,
article, or video to the site. There have been active conversations on politics, culture, music, literature, and
program advocacy over the past few months. Find the AATF Facebook page by either searching within Facebook or by visiting the page directly: “http://www.facebook.com/AATFrench.”
Are you searching for an advocacy video to show your administration, or are you interested in sharing your remarkable students’ video skits, or do you need a great music reference to show in class? Explore
the AATF’s newest addition to social outreach: our YouTube channel! “http://www.youtube.com/
aatfrench.” Although it is only three weeks old, the AATF YouTube channel has twenty fans. If you have a
suggestion for a music video, an advertisement, a theatrical short, a comedy sketch, or anything relating to
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Le Canard déchaîné, tome 34, Numéro du printemps 2011
the Francophone world, please send me the link to the YouTube video, and I will add it to a Playlist or to
the “Favorites” section. Additionally, the AATF will soon be announcing a video competition on the topic
of Advocacy for French programs for members and students. There will be awards and recognition for the
top videos.
On the third Thursday of every month, the AATF National office hosts an online chat through
“Chatzy,” at http://www.chatzy.com/aatf. For the past four months, members of the AATF Advocacy and
Technology commissions have sponsored a three-hour, on-line text chat. The chat room is open from 3:00
p.m. until 6:00 p.m. (Pacific Standard Time) for anyone with the Web address. As many as twenty-five people have participated at once in the chat and the conversations are powerful! Ideas are shared at lightning
speed. Many teachers join the conversation in order to propose ideas for critique by their peers, and one can
join or leave at any time during the three-hour window. Participants need not “chat,” but may “lurk” silently in the room in order to absorb the ideas presented. The “Chatzy” chats have offered me the opportunity
to meet teachers from across the United States and to gain valuable insight on how other French programs
grow and develop. It is a highly worthwhile occasion to network in a meaningful setting.
Twitter-pated! Twitter is a micro-blogging site that allows participants to share their thoughts, links,
pictures, or videos using only 140 characters (not words!). Twitter can be accessed either on its Web site
“http://twitter.com/” or on a web-enabled device such as an iPhone, an iPod touch, an iPad, or an Android
phone. Twitter is the latest realm that I have joined in order to network with educators involved in technology and World Language. I had earlier scoffed at this phenomenon as a junk e-mail alternative, but I have
since experienced the immeasurable wealth of information that is shared daily. To master Twitter, you
should “follow” people and groups that share your interest. The first person I “followed” was the technology coordinator for my district, Martha Thornburgh. I then looked at whom she was following and read their
descriptions. Based on common interests, I choose to follow those people. From there, the network compounded quicker than the national debt! I am currently following twenty-nine groups and/or people. I have
chosen to only follow educational and cultural Tweets so that I am not overwhelmed and consumed with
reading all of the posts that go out in one day. The second group I joined was the AATF Twitter feed. You
can find its feed at: “http://twitter.com/AATFrench.” Other groups that I follow include ACTFL,
Pointdufle, GrandQuebec, TechTongues, Language_Today, and LinksintoLangs. If you want to see my entire list, look for me at: “http://twitter.com/Catherineku1972.” Curious about
joining Twitter but intimidated by the lingo? Contact me and we can work
through it together. I am still learning! There are several good Web sites that explain the Twitter-sphere in basic terms. Visit Webopedia for more information:
http://goo.gl/AuSwZ. (This is a shortened link.)
Lamentably, I have not yet begun to scratch the surface of the online social networking sites available to French teachers. There will be additional articles and conference discussions on these and other sites. However, by beginning
with these few suggestions, the surge of the virtual network will electrify you
and your teaching! Syncing with your students is an excellent way to increase
your program numbers and student satisfaction. I encourage you to include time
to indulge your own intellectual and professional development. A few minutes a
Catherine Ousselin
day can result in a week’s worth of lesson ideas!
Bonne continuation et bon surf!
Catherine Ousselin – Mount Vernon High
www.aatf-northwest.org / www.aatf-northwest.blogspot.com
[email protected]
Le Canard déchaîné, tome 34, Numéro du printemps 2011
L
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« Le Chant des Partisans »
a mort de Maurice Druon le
14 avril 2009 a été l’occasion de revenir sur la carrière d’un
homme de lettres remarquable. Personnellement, je l’avais toujours identifié
avec l’Académie française où il a rempli les fonctions de Secrétaire perpétuel pendant une quinzaine d’années
entre 1985 et 1999, articulant pendant
cette période le point de vue des
« Quarante » sur différentes propositions de réforme linguistique. Et je savais que Druon était un romancier important qui avait gagné le Prix GonMaurice Druon (1918-2009)
court, déjà en 1948, pour Les Grandes
Photographie : Derrick Ceyrac/AFP/Getty Images
Familles. Mais c’était aussi — ce que
j’ai appris en lisant les nécrologies —
un ancien combattant qui avait écrit en collaboration avec son oncle JoIl avait écrit les paroles de
seph Kessel, les paroles d’une chanson devenue l’hymne de la Résistance française, « Le Chant des Partisans ».
l’hymne de la Résistance
En fait, c’est une chanteuse russe, Anna Marly, réfugiée à
Londres depuis 1941, qui sert d’inspiration pour les écrivains français, eux aussi exilés en Angleterre. Les
rythmes forts de sa « Guerilla Song » leur a donné l’idée de composer en mai 1943 un appel aux Résistants
français sur ce même air. Enregistrée d’abord par Germaine Sablon et ensuite par Anna Marly elle-même, diffusée par la BBC lors de l’émission « Honneur et Patrie », dans sa version française la chanson a connu un
succès mondial avant même que les paroles imprimées soient larguées sur la France occupée par le Royal Air
Force plus tard la même année. L’air du « Chant des partisans » devient ainsi un signe de reconnaissance dans
le maquis, les vers de Kessel et Druon incitant leurs compatriotes à une résistance active et meurtrière.
Étant donnée la grande renommée de cette chanson, il n’est guère surprenant qu’elle reste dans la mémoire des Français. Mais en me lançant à la recherche du « Chant des Partisans » sur l’internet, je ne m’attendais pas à la richesse de réinterprétations et d’hommages que j’y ai trouvés. Depuis le film d’Albert Cavalcanti, Trois chansons de la Résistance, jusqu’à son interprétation par Mireille Mathieu
lors de la soixantenaire de l’invasion de Normandie en 2004, on l’entend notamIl y a là un potentiel
ment lors de la cérémonie solennelle (orchestrée par André Malraux) qui marque le
pédagogique énorme
transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon en 1964, et elle résonne de nouveau à l’occasion de l’Hommage aux martyrs de la Résistance rendu par Nicolas Sarkozy le 16 mai 2007, le premier jour de son mandat présidentiel. C’est dire que « Le Chant des Partisans » est
un véritable « lieu de mémoire », un air qui dans la conscience collective des Français évoque un moment capital de leur histoire. Encore de nos jours, cette mémoire se perpétue et s’élabore sous des formes nouvelles,
grâce à l’informatique moderne (y compris sur DailyMotion, le YouTube français), ce qui est pour nous, les
enseignants du français, une chance puisqu’il y a là un potentiel pédagogique énorme.
À ne mentionner que quelques-unes des trouvailles qui m’ont le plus frappé lors de mes explorations :
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Le Canard déchaîné, tome 34, Numéro du printemps 2011
d’abord, les nombreux photo-montages, accompagnés le plus souvent par la voix d’Anna Marly, qui mettent
en vedette des images de la Résistance. Produits par des particuliers en souvenir des sacrifices des Résistants,
ces images nous émeuvent tout en nous aidant à comprendre l’urgence des paroles écrites par Maurice Druon
et son oncle en 1943. Par ailleurs, il y a l’enregistrement bouleversant de Johnny Hallyday, réalisé en 1998, la
voix rauque du chanteur alors âgé de cinquante-cinq ans accordant au texte une émotion directe et profonde.
Et puis il y a aux alentours de l’an 2000 une réinterprétation du
Ces images nous émeuvent tout « Chant » par le groupe toulousain, Zebda, les paroles étant cette
fois-ci intégrées dans un appel à l’action contre les injustices soen nous aidant à comprendre
ciales. Ajoutant leur propre rythme plus contemporain, ce collectif
politisé met au service des masses les énergies dégagées d’abord
par Druon et Kessel, en proclamant qu’il « faut rester motivés ».
Le décès de Maurice Druon nous a donc amenés loin de notre point de départ. Mais tel est le pouvoir
de l’internet, et telle est la puissance d’une chanson qui transcende les âges. Pour terminer, voici le texte original de Druon et Kessel.
Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaîne ?
Ohé, partisans, ouvriers, et paysans, c’est l’alarme !
Ce soir l’ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes.
Montez de la mine, descendez des collines, camarades !
Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades.
Ohé ! les tueurs à la balle et au couteau, tuez vite !
Ohé ! saboteur, attention à ton fardeau : dynamite !
C’est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères.
La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère.
Il y a des pays où les gens au creux des lits font des rêves.
Ici, nous vois-tu, nous on marche et nous on tue, nous on crève
Ici, chacun sait ce qu’il veut, ce qu’il fait, quand il passe.
Ami, si tu tombes, un ami sort de l’ombre à ta place.
Demain du sang noir séchera au grand soleil sur les routes.
Chantez compagnons, dans la nuit, la liberté nous écoute. . . .
Jack Iverson
Whitman College
Maurice Druon
Jack Iverson
Le Canard déchaîné, tome 34, Numéro du printemps 2011
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Le Festival de Films Juifs à Seattle
C
haque hiver pendant dix jours, le festival de films juifs à Seattle
(SJFF, Seattle Jewish Film Festival) présente de nombreux films
étrangers et francophones. Le prochain festival aura lieu du 10 au 20 mars
2011 et marquera sa seizième année avec le thème « Sweet Sixteen ». Le
SJFF est une occasion idéale pour les professeurs de français de parler de la
culture et de l’histoire des Juifs francophones dont il existe déjà d’excellents
livres et films en DVD. C’est pourquoi l’AATF est un « community partner » dans ce festival.
Construire des ponts de compréhension et de dialogue
Jill Capozzoli
Le SJFF est un programme spécial de l’AJC (American Jewish Committee) Seattle, la principale organisation nationale qui promeut les droits de
l’homme et combat le sectarisme et l’intolérance. Par le choix de ses films, le SJFF tâche de construire des
ponts de compréhension réciproque entre divers groupes, en offrant un
assortiment remarquable de films internationaux, des programmes pé- Une occasion idéale pour les
dagogiques, des conférences, et des invités renommés. Les citoyens de
Seattle ont l’occasion de savourer cette richesse par la magie du ciné- professeurs de français
ma. Le SJFF est maintenant le deuxième festival international de
Seattle après le SIFF (Seattle International Film Festival), selon le Seattle Weekly. Aujourd’hui le festival accueille près de 8.000 spectateurs.
Puisque l’AATF soutient l’enseignement du français, cette mission s’allie bien avec celle du SJFF, qui
est de toucher de nouveaux publics et de faire dialoguer l’expérience juive. Pour plus de détails, consultez le site web
www.seattlejewishfilmfestival.org/.
Voici le résumé de trois films francophones qu’on
passera au SIFF cinéma :
La Rafle (The Round Up) : le jeudi 17 mars
Ce film a connu un grand succès en France au printemps dernier. Le SJFF sera le premier à le passer à Seattle.
D’une cinématographie soignée, ce grand film tous publics
(sauf les tout petits) parle de la rafle du Vel’d’Hiv à Paris.
Avec réalisme, ce film explique ce qui s’est passé pendant
cette période fatidique du 16 au 17 juillet 1942 au Vélodrome
d’Hiver du XVe arrondissement (aujourd’hui disparu) quand
13.000 Juifs parisiens ont été détenus.
Dans les rôles principaux, il y a Jean Reno, Gad Elmaleh et Mélanie Laurent (du film Le Concert). Le scénario
du film est écrit par Roselyne Bosch, ancienne journaliste,
qui affirme que tout personnage est vrai et tous les événements ont eu lieu. La Rafle a reçu le soutien de l’historien
Serge Klarsfeld. À l’occasion de la sortie du film, une pla-
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Le Canard déchaîné, tome 34, Numéro du printemps 2011
quette a été reproduite par le maire de Paris, Daniel Delanoë,
pour commémorer cette « horreur dans l’histoire de Paris ».
Pour aider les professeurs de français à enseigner cette
histoire, à partir du site web officiel du film on peut télécharger
un dossier d’accompagnement pédagogique écrit par l’historien
et ancien membre de la Résistance, Adam Rayski (mort en 2008
à l’âge de 94 ans). Voir ce lien :
http://www.larafle-lefilm.com/pdf/dp_mairiedeparis.pdf
Pour avoir un aperçu du film, consultez :
http://www.larafle-lefilm.com.
Enfin, pour plus de détails historiques, voir :
http://www.menemshafilms.com/la-rafle.html.
Le Concert (The Concert) : le samedi 19 mars
À l’époque communiste, le directeur de l’Orchestre du
Bolchoï, le plus grand d'orchestre de l'Union soviétique, au faîte
de sa gloire, refuse de licencier ses musiciens juifs. Aujourd’hui
il continue à travailler au Bolchoï, mais comme « agent d’entretien ». Un soir, il intercepte un fax adressé à la direction du Bolchoï : une invitation pour l’orchestre de venir jouer à Paris. Pour
se venger, l’ancien chef décide de réunir ses anciens amis musiciens et les faire passer pour le véritable orchestre du Bolchoï.
Bref, une comédie pour les mélomanes car en 2010 ce film a
remporté 2 Césars (Meilleur Son et Meilleure Musique). Dirigé
par le franco-roumain Radu Mihaileanu, avec Miou Miou et
Mélanie Laurent.
La Folle Histoire d’amour de Simon Eskenazy (He Is My
Girl) : le dimanche 20 mars
Le clarinettiste klezmer Simon Eskenazy (Antoine de
Caunes) a tant à faire qu’il ne réussit pas à finir l’enregistrement de son disque. Sa mère, malade et hypochondriaque, débarque chez lui, et, tout à coup après dix ans d’absence, son
ancienne femme (Elsa Zylberstein) et leur fils réapparaissent.
Simon rêve de vivre une grande histoire d’amour avec sa partenaire actuelle, en même temps qu’il fait la connaissance d’un
certain Naïm qui a un secret. Cette comédie romantique de
2009 vous emportera avec sa bande originale entraînante créée
par un des frères du groupe Les Yeux Noirs.
Jill Capozzoli
Seattle, WA
Le Canard déchaîné,
tome 34, Numéro du printemps, 2011
Le Canard déchaîné, tome 34, Numéro du printemps 2011
P
Un Entretien avec Susan Redd
armi tous les membres du comité exécutif de l’AATF, une des plus célèbres
est Mme Susan Redd. Elle est membre à vie de l’AATF depuis 1974. En
1982-83, elle fut élue présidente du Pacific Northwest Council for Languages. En
1990-91, elle fut élue présidente de la Washington Association for Language
Teaching. Entre 1994-98, elle était la rédactrice du bulletin, Le Canard déchaîné, et
entre 2005-07 elle était présidente de notre branche de l’AATF. Ici nous présentons
une version abrégée d’un entretien avec Mme Redd. L’interlocuteur est le professeur
John Robin Allen (JRA).
-o-oOo-oJRA : C’est un grand honneur et un plaisir de pouvoir vous poser quelques questions afin de vous connaître mieux. Commençons par votre vie. Où êtes-vous
née ?
À Bellingham. Maintenant j’habite Burlington, toujours dans le Washington. Je n’ai jamais vécu en permanence autre part qu’aux
États-Unis, mais j'ai passé une année à Caen, une année à Lyon, et les étés en
études dans d'autres programmes universitaires ailleurs en France.
JRA : Pourriez-vous parler un peu de votre famille ?
Ma mère était institutrice et mon père était
responsable des parcs à Bellingham. J’ai un frère et
une sœur ainés. Mon frère, Donald, était prof de
maths au lycée Ferndale, il a pris sa retraite, et il est
maintenant conseiller financier pour plusieurs clients.
Ma sœur, Joanne, est infirmière.
Mon mari, Richard, et moi avons trois chats
qui portent des noms de voiture : une S.E.A.T.
(voiture espagnole, photo en haut à droite), une Matra (voiture française qui a gagné trois fois au Mans
mais qu’on n’importe pas aux É-U ; photo en bas à
droite) et une Morgan (voiture de sport anglaise).
JRA : Est-ce que votre intérêt pour le français a une base
familiale ?
Le nom de ma famille d’il y a environ cinq
générations, était Crevier, nom français, mais la plus
grande raison pour laquelle j’ai étudié le français
était peut-être parce que ma grand-mère paternelle
aimait lire le français et elle échangeait des livres
français avec une autre francophone. Elle et son mari
sont morts avant ma naissance, alors je n’ai jamais
pu leur poser des questions.
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Le Canard déchaîné, tome 34, Numéro du printemps 2011
JRA : Quels aspects de la France vous attirent-ils le plus ?
C’est la culture et l’histoire de la France, surtout au XXe siècle, qui m’intéressent le plus. C’est à
travers plusieurs films français que j’ai « découvert » le colonialisme français. J’aime étudier l’effet du colonialisme sur les Africains. Bien sûr j’aime la littérature française et j’ai toujours reçu de bonnes notes en
littérature, mais mon plus grand intérêt n’est pas la fiction. C’est l’histoire.
JRA : Quelles autres langues parlez-vous ?
Depuis ma jeunesse, je savais que je voulais faire du français, mais avant de faire cela, j’ai étudié le
latin. J’ai prié et chanté en latin pendant toute ma jeunesse, et c’était une bonne méthode pour apprendre le
français plus tard. Alors, j’ai fait du latin au lycée et une année d’allemand à l’université. Je n’ai commencé
le français qu’à l’âge de seize ans et l’espagnol vers
l’âge de dix-huit ans. Je regrette de ne pas avoir comJ’ai passé quelques moments avec René Lémencé celui-ci plus jeune. Je rêve de parler italien et
vesque, avec Eugène Ionesco, avec Jacques
suédois aussi.
Chirac, et avec Simone Veil.
JRA : Passons maintenant à votre vie privée. Avez-vous jamais rencontré quelques personnes célèbres ?
Oui, quelquefois. J’ai passé quelques moments avec René Lévesque, avec Eugène Ionesco, avec
Jacques Chirac, et avec Simone Veil. La rencontre de celle-ci s’est passée lors d'une conférence à Paris. Les
autres avaient lieu pendant des congrès nationaux de l’AATF.
JRA : Quelles personnes avaient la plus grande influence sur votre vie et sur votre caractère ?
 Jean-Charles Seigneuret, professeur à Western Washington University aux années 1960.
 Howard et Frances Nostrand, professeurs à l’Université de Washington. Je n’ai jamais suivi leurs cours,
mais ils m’ont montré une générosité que je n’oublierai jamais pendant les derniers trente ans de leur vie.
 William Bryant, professeur à Western Washington University aux années 1970, 1980, 1990. C’est lui qui
m’a fait connaître les études canadiennes au bon moment de ma vie!
 Phil Baudouin, Louise Collins, Mary Farrington,
Ethel Nayudu, et Joseph Labat, tous décédés, professeurs et membres de l’AATF de notre région, des
gens qui me manquent beaucoup.
JRA : Comment passez-vous la vie maintenant, après avoir
pris la retraite ? Avec quoi est-ce que vous vous amusez ?
Ma passion est la Citroën, la 2CV en particulier. J'en ai une, la camionnette, devant la maison. Je
fais partie d'un club de propriétaires et amateurs de la
Citroën (Northwest Citroën Owners Club). Cet été je
serai en France pour la rencontre mondiale des Deuxchevaux, du 27 au 31 juillet 2011 à
Salbris, quelques 40 km d'Orléans.
Voir www.2cvfrance2011.fr. J'y ferai du bénévolat à l'accueil.
Une autre passion : mon père aimait beaucoup faire des bouquets massifs de
glaïeuls , par exemple. Moi, je préfère les dahlias (photo), et je me sacrifie pour les planter et cultiver tous les ans. Il n’est pas difficile de les couper et les arranger pour offrir
aux autres ; le défi est de les faire sortir de la terre en pleine nuit au mois de décembre
pour éviter qu’ils gèlent.
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J’aime « parler politique », j’adore l’émission française « Les Guignols du soir », et j’aime étudier
la Seconde Guerre mondiale. Mon mari et moi étions fanas de l’émission « Royal Canadian Air Farce » au
point où l’on annulait d’autres activités pour être au Château Redd le vendredi soir!
Je vais à la piscine tous les jours. Je lis jusqu’à très tard la nuit.
JRA : Quels livres avez-vous lu récemment ?
Maintenant je suis en train de lire un livre sur Che Guevara en Afrique.

Je viens de terminer « Seasons of a French Village and its Restaurant », par Michael S. Sanders, professeur en congé sabbatique qui raconte le cycle d'un petit restaurant de province. C’est un livre de fiction
plein d’aperçus sur la vie quotidienne pendant une année en France.

« Bad Faith: A Forgotten History of Family and Fatherland », par Carmen Callil. Une vraie histoire
extraordinaire du régime de Pétain.

« Three Cups of Tea», par Greg Morrison. Il a visité Mount Vernon High School le 27 janvier 2011, où
mes élèves l’ont vu.

« The Color of Water », par James McBride. J’étais vraiment inspirée par cette histoire de sa famille.
JRA : Quels sont vos passe-temps favoris ?
Ce juillet passé, j’ai commencé l’étude de Tai Chi.
Toute personne qui vieillit devrait penser à la possibilité de
suivre un tel cours qui enseigne, par exemple, comment éviter de
tomber. Les chutes sont dangereuses pour les personnes âgées.
J’ai commencé l’étude de Tai-Chi.
J’aime voyager aussi. L’été passé j’étais en France pendant dix jours et en fin-octobre je suis repartie en Italie afin de suivre quelques cours à Modène avec des professeurs français et italiens.
JRA : Quels sont vos films favoris ?

« Le Chagrin et la pitié », de Marcel Ophuls. Une histoire de France sous l’occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale, racontée par une série d’entretiens avec des participants français et
allemands.

« El Norte ». Voyage effrayant des Guatémaltèques aux États-Unis.

« Sin Nombre ». Voyage d’un Mexicain aux États-Unis. Incroyable violence même chez les jeunes.

« Les Diaboliques », de Henri-Georges Clouzot.

« Les Triplettes de Belleville », de Sylvain Chomet. Pour la chasse des Citroën! Pour la musique! Et
pour la chasse aux grenouilles!

« Chère Inconnue », de Moshé Mizrahi. Avec Simone Signoret et Jean Rochefort. C’est un film peu connu, mais très bien joué. L’action se passe en Bretagne.

« Monsieur Ibrahim » de François Dupeyron. C’est un film émouvant sur l’amitié entre un jeune et un
vieillard de deux cultures différentes.
JRA : Quelle sorte de musique aimez-vous ?
En général, je n’ai pas de préférence, mais j’aime beaucoup la chanson française, surtout celles de Gilbert
Bécaud.
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Le Canard déchaîné, tome 34, Numéro du printemps 2011
JRA : Et Carla Bruni ?
Elle n’est pas mauvaise ! Elle n’a pas la
tête vide.
JRA : Quels artistes aimez-vous ?
J’apprécie [Jean-Jacques] Sempé, Pierre
Bonnard (voir images), Marc Chagall, et Camille
Claudel.
JRA : À quel moment étiez-vous la plus heureuse de
votre vie ?
C’est probablement maintenant. J’ai
moins de stress dans la vie, je peux rendre
d’autres personnes plus heureux, parce que je le
suis aussi. Je suis plus libre et plus indépendante
maintenant. Je peux suivre mon âme.
Une autre raison pour ce bonheur à la
retraite, c’est que j’enseigne l’espagnol et le
Pierre Bonnard : La Fênetre ouverte
franà deux établissements scolaires différents, l’un dans le puGrâce à mon mari, je suis capable çais
blique (éducation à domicile), l’autre dans le privé (école cathode lancer un ballon de foot, main
lique). Les lycéens de Mount Vernon High School, où j’ai enseigne entre 1971 et 2007, étaient formidables, mais je découvre
gauche ou main droite.
maintenant le plaisir de montrer une nouvelle langue aux petits
de cinq à quatorze ans -- et c’est une joie! Nous avons une façon
secrète de nous saluer quand nous sommes en ville, et je sais donc de quelle école vient mon élève quand il
me reconnaît à la bibliothèque municipale ou ailleurs. Les petits de cinq ans sont si drôles. Je dois admirer
leurs dents perdues, entendre leurs histoires du chien écrasé, et
reconnaître les anniversaires! J’admire mes nouveaux collègues
et mes directeurs.
JRA : Qu’est-ce que vous pouvez dire aux membres de l’AATF
qu’on ne sait pas encore au sujet de vous ?
Au lycée, j’ai reçu un « D » en basketball. Ce n’était pas
une note permanente, mais je n’ai jamais été enthousiaste pour
le basket et on a raccourci le cours pour un cours de conduite de
voiture (auto-école). Donc, je n’y étais pas pour le début.
Par contre, et grâce à mon mari, je suis capable de lancer un ballon de foot, main gauche, main droite, mais c’est tout !
Les règles du jeux ? Je n’en sais absolument rien !
JRA : Quelle question ne doit-on jamais vous poser ?
Tu m’accompagnes à un match de foot?
Pierre Bonnard : La nappe à carreaux
ou Le déjeuner au chien
Le Canard déchaîné, tome 34, Numéro du printemps 2011
S
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Le Coin du pédagogue : mars 2011
ous cette rubrique nous comptons publier de temps en temps dans le Canard déchaîné l’esquisse
d’une nouvelle « méthode » d’enseigner une langue. Ce ne sera pas une méthode comme les autres
qui dominent l’enseignement. Ce sera une série d’idées pour mieux enseigner une langue : des pratiques
que l’on peut utiliser avec n’importe quelle autre méthode d’enseigner. La seule idée qui caractérise cette
nouvelle méthode c’est que les idées seront basées sur le simple bon sens, et non pas sur une théorie quelconque.
Cette fois nous allons commencer par une discussion de six objectifs logiques et évidents pour enseigner une langue. Quatre en sautent aux yeux: écouter, parler, lire, et écrire la langue visée. Le premier et
le troisième sont passifs, par où on apprend implicitement les principes de la langue. Les deux autres sont
actifs (parler et écrire), et en les pratiquant on maîtrise une langue. On peut séparer ces quatre objectifs
d’une autre manière pour distinguer ceux qui sont oraux (écouter et parler) et ceux qui exigent une connaissance du système orthographique d’une langue (lire et écrire).
Les différentes méthodes d’enseigner et d’apprendre une langue n’accordent pas toujours la même
importance à ces quatre objectifs. Par exemple, l’enseignement traditionnel du XVIIIe siècle jusqu’au début
du XXe mettait la plus grande importance sur la lecture, au dépens des objectifs oraux. La méthode d’imersion fait le contraire : l’étudiant apprend à comprendre la langue parlée et à le parler lui-même, sans nécessairement apprendre l’orthographe ni le vocabulaire abstrait des mots qui ne font pas souvent partie d’une
conversation.
Le bon sens suggère qu’avec le temps, les quatre objectifs ont une importance égale, mais au début
il vaudrait mieux commencer par les deux objectifs oraux, par exemple en apprenant des chansons. Ensuite,
on peut mettre plus d’importance sur la lecture et sur la capacité d’écrire la langue visée.
Le bon sens suggère aussi que si le but est de faire que l’étudiant consacre un temps égal aux quatre
objectifs, on n’est pas obligé de consacrer la même quantité de temps en classe aux quatre objectifs. On doit
compter aussi les heures où l’étudiant travaille après les classes, quand il peut lire des textes et écrire des
exercices ou des essais. Si toute la classe a accès à des bandes magnétiques ou à des iPods, on pourra faire
que les étudiants écoutent la langue visée hors de la classe, avec des exercices spécifiques pour pratiquer
l’objectif d’écouter la langue.
L’objectif de parler la langue est souvent le plus difficile à pratiquer. Si une classe typique de vingtcinq étudiants dure cinquante minutes et le professeur est censé parler pendant la moitié du temps, cela
donne aux vingt-cinq étudiants seulement une minute en chaque classe pour parler individuellement. Pour
surmonter cet obstacle, on peut encourager les étudiants à converser avec leurs voisins sur des idées présentées et à chanter des chansons ensemble avec le reste de la classe. En principe, le laboratoire des langues
aident les étudiants à parler une langue, pourvu que les exercices soient intéressants.
On propose un premier principe :
1. Autant que possible, faire que l’étudiant consacre la même quantité de temps
aux quatre objectifs : écouter, parler, lire, et écrire.
Même l’étude d’une langue morte peut comporter un élément oral, tel qu’on voit à l’Université of
Michigan où le professeur Waldo E. Sweet créa un cours de latin en employant une approche orale (voir
http://www.umich.edu/~cfc/rosslatin.htm).
Deux autres objectifs en l’enseignement de toute langue sont la grammaire et le vocabulaire, objec-
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Le Canard déchaîné, tome 34, Numéro du printemps 2011
tifs à la base des quatre premiers objectifs. Pour paraphraser Molière, « Tout ce qui n’est point grammaire,
est vocabulaire, et tout ce qui n’est point vocabulaire est grammaire. » Quelle est l’importance relative de la
grammaire vis-à-vis le vocabulaire ? La grammaire est plus simple que le vocabulaire à enseigner et à apprendre, mais le vocabulaire est bien plus important que la grammaire.
On peut apprendre les éléments essentiels de la grammaire d’une langue en un seul an au niveau
universitaire ou en deux ans au lycée. En contraste, le vocabulaire est beaucoup plus vaste. L’Oxford Companion to the English Language, suggère qu’un diplômé d’université aurait un vocabulaire actif d’environ
60.000 mots actifs et 75.000 mots passifs. En contraste, en général combien de mots par an est-ce qu’un
étudiant apprend en étudiant le français formellement ?
Ce qui empêche l’étudiant d’apprendre assez de vocabulaire est que la plus grande partie d’un cours
est souvent consacrée à l’étude de la grammaire. La grammaire est essentielle, mais elle devrait simplifier
l’apprentissage d’une langue et non pas le rendre plus compliqué.
On peut diviser les règles grammaticales en deux groupes : celles qui simplifient la vie et celles qui
la rendent plus difficile. Parmi celles-ci il y a la différence entre Depuis quand ? et Depuis combien de
temps ? Si l’on demande à un Français Depuis quand êtes-vous là ? et il répond Depuis trois mois, on ne
serait pas surpris. Mais si un étudiant en français donnait la même réponse à la question, un grammairien
dirait que la réponse n’était pas correcte. La question demande un moment spécifique (une heure, un jour,
un mois, une année), et non pas une quantité de temps. La grammaire qu’il faut apprendre doit réfléchir
l’essentiel d’une langue et non pas divertir l’étudiant de ce qui est plus important.
Ce qui est plus important est le vocabulaire. Si on a assez de vocabulaire pour comprendre une
langue, on en apprendra la grammaire en suivant ce qu’on entend et ce qu’on lit. Nous tirons, donc, un
deuxième principe :
2. Faire que les étudiants apprennent autant de vocabulaire que
possible, même aux dépens des règles inutiles de grammaire.
On peut apprendre un vocabulaire en parcourant des listes des mots les plus fréquents d’une langue
et en lisant des textes intéressants. Un but réaliste serait d’apprendre une centaine de mots chaque semaine
pour arriver à plus de 3.000 mots actifs par an et peut-être à 6.000 mots passifs. Il ne s’agit pas de mots difficiles ou recherchés. Wiktionary donne une liste des 10.000 mots français les plus fréquents à cette
adresse :
http://en.wiktionary.org/wiki/Wiktionary:Frequency_lists#French
On est surpris de voir combien de mots dans cette liste sont si communs, des mots comme dessert,
intelligence, et ainsi de suite. [Note : cette liste compte des noms propres et toutes les formes d’un seul mot
comme des « mots » différents. Si l’on élimine les noms propres comme Jean ou Pierre de la liste, et si l’on
compte seulement les formes qu’on trouve dans un dictionnaire en disant que tables n’est qu’une variante
de table et bonne n’est que la forme féminine de bon, la liste de 10.000 mots se réduit à environ 7.000
mots.] C’est un but réaliste de demander aux étudiants d’apprendre la moitié de cette liste au cours d’un an
d’étude. La tâche exige un peu de travail, mais les bénéfices en sont nombreux.
Le travail nous mène au dernier principe de cet article. Pour le comprendre, examinons la vie de
quelques personnes célèbres qui réussirent dans la vie. Heinrich Schliemann, l’archéologue amateur qui découvrit le site de la ville de Troie, aimait apprendre les langues. De nationalité allemande (et plus tard de
nationalité américaine) il apprit l’anglais, le français, le néerlandais, l’espagnol, l’italien, le portugais,
l’arabe, le russe et, bien sûr le grec ancien et moderne. Son système pour apprendre une langue était d’apprendre par cœur un livre en version originale. Pour apprendre l’anglais, il choisit The Last of the Mohicans.
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Bill Gates et son ami Paul Allen purent créer Microsoft seulement après avoir passé environ 10.000
heures à apprendre à programmer et à jouer avec des ordinateurs comme membres du Homebrew Computer
Club à Menlo Park, CA, quand peu d’autres personnes avaient accès à des ordinateurs. Bill Joy, chef scientifique à Sun Microsystems et co-fondateur de cette société, passa à peu près 10.000 heures comme étudiant
à l’University of Michigan en passant la plus grande partie de son temps à jouer avec leur nouvelle ordinateur à temps partagé. Après avoir fini ses études, il avait assez d’expérience pour trouver un poste où il put
continuer à jouer avec ces machines. Il inventa la langue Java si usité aujourd’hui. Même les Beatles
jouaient ensemble à Hambourg et ailleurs pendant environ 10.000 heures avant d’être connus.
Bref, devenir expert en n’importe quoi exige beaucoup de travail, jusqu’à 10.000 heures, et il faut
aussi la possibilité d’avoir accès à un environnement qui permet une telle étude. Ce qui est plus important
est que Schliemann, Gates, Allen, Joy, et les Beatles aimaient ce à quoi ils consacrèrent leur vie. Pour eux,
ce n’était pas un « travail » mais un grand plaisir. Le troisième principe qu’on peut en tirer est :
3. Jouer ! Jouer ! Jouer !
Si l’apprentissage d’une langue étrangère est un plaisir, l’étudiant va consacrer davantage de temps
à l’étudier. Ce n’est pas que quelques personnes sont douées en langues. C’est plutôt que quelques personnes prennent un tel plaisir à étudier, qu’ils consacrent assez de temps pour améliorer leur connaissance
d’une langue. Il va de soi que le professeur doit faire autant que possible pour rendre joyeux l’expérience
d’apprendre une langue.
Dans un prochain Coin du pédagogue, nous allons examiner comment on peut rendre l’expérience
d’apprendre une langue plus fructueuse et plus agréable pour les étudiants.
John Robin Allen
Priddis, Alberta
[email protected]
Else and John Robin Allen celebrate their fiftieth
wedding anniversary, August 2010
Important Dates and Contact Information, Spring 2011
March 1-28, 2011: Le Grand Concours contest dates for middle and high schools.
March 1, 2011: Early Bird registration for the AATF convention in Montreal begins.
March 1, 2011: National Endowment for the Humanities application deadlines for K-12 Teachers: Fifteen Summer
Seminars and nineteen Summer Institutes College Teachers: Ten Summer Seminars and eleven Summer Institutes See www.neh.gov/projects/si-school.html; Phone: (202) 606 8463.
March 15, 2011: Deadline for applications for Walter Jensen Scholarship for Study Abroad (see the AATF web site).
March 17, 2011: Screening of “La Rafle” at AJC Seattle Jewish Film Festival, McCaw Hall, University of Washington, 7:30 p.m. For the date and time of two other French films at the festival, see above, page 8.
April 9, 2011: WAFLT Spring Regional Conference at Central Washington University, Ellensberg, 9 a.m. - 4 p .m.
Mid-April, 2011: Results of le Grand Concours released.
April 22-24, 2011: Spring Work Party Weekend, Canoe Island French Camp.
April 25, 2011: Deadline for contributions to the summer issue of Le Canard déchaîné.
April 28-29, 2011: Symposium commemorating forty years of Canadian Studies, Western Washington University.
May 1, 2011: Deadline for Early Bird registration for AATF convention in Montreal
June 29, 2011: Open House for adults at Canoe Island (see www.canoeisland.org).
July 6-9, 2011: Annual convention of the AATF, Montreal Le Québec: culture nord-américaine, langue française.
President: Prof. Mary Anne O’Neil, Whitman College, [email protected]
Vice-President and Grand Concours: Catherine Ousselin, Mount Vernon H.S., [email protected]
Secretary-Treasurer: Margaret Holland Newcomb, Bishop Blanchet H.S., [email protected]
Past President: Misa Bourdoiseau, Education Française Greater Seattle, [email protected]
Le Canard déchaîné: John Robin Allen, [email protected]
AATF WA/AK/BC/AB Chapter
c/o Mary Anne O’Neil
Department of Foreign Languages and Literatures
Whitman College
Walla Walla, WA 99362
To AATF Member:
WWW.AATF-NORTHWEST.ORG