February 2011 - AATF
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Le Canard déchaîné, tome 34, Numéro du printemps, 2011 Le Canard déchaîné C Lettre de la présidente Le 10 février 2011 hers membres et collègues, Je vous écris par un beau matin d’hiver, tout ensoleillé, qui promet un printemps précoce. Les crocus remplacent déjà les perceneige dans mon jardin, et j’attends avec impatience la floraison des jacinthes. Le printemps est une saison chargée d’activités pour nos professeurs et étudiants de français. Tout d’abord, mars est le moment du Grand Concours, l’examen national de français. Saviez-vous qu’en 2010 un étudiant de Bellevue, Washington a gagné le grand prix offert par l’Alliance Française ? Notre chapitre a toujours pu se vanter de bon Mary Anne O’Neil nombre de lauréats, le plus souvent des écoles de Seattle ou de Vancouver, Colombie Britannique, mais, Dans ce numéro Notre chapitre a toujours pu à vrai dire, d’un peu partout — Lettre de la se vanter de bon nombre de 1 même une fois de Walla Walla présidente lauréats High School ! Nous attendrons Technology for 3 avec impatience les résultats du the Teacher Grand Concours prévus pour la mi-avril. «Le Chant des 5 Le Grand Concours n’est pas la seule activité sponsorisée par Partisans» l’American Association of Teachers of French. En cotisant à l’AATF, Films français au 7 nos membres ont accès aux bourses permettant d’étudier ou de voyager SJFF en France ou aux pays francophones. Cette année l’AATF offre des Entretien Redd 9 stages à Montréal, Bruxelles, Strasbourg, Grenoble et Vichy. La date limite pour poser sa candidature sera déjà passée quand vous lirez ce bulletin, mais, si vous êtes membre, vous avez reçu une alerte qui vous Le Coin du 13 pedagogue a donné la date limite bien en avance. À ce propos, la date limite pour la Walter Jensen Study Abroad Scholarship est le 15 mars. Cette bourse, destinée aux futurs enseignants du Dates and Contact 20 Information français qui n’ont pas les moyens financiers d’étudier à l’étranger, accorde une subvention généreuse aux étudiants universitaires. L’AATF décerne aussi des prix aux professeurs de français et aux chapitres de l’AATF méri- Page 2 Le Canard déchaîné, tome 34, Numéro du printemps 2011 toires ainsi que des bourses pour encourager la Semaine du Français en automne. Le congrès annuel de l’AATF est le point culminant de notre année. C’est une occasion de faire de nouveaux amis et de rétablir contacte avec d’anciens collègues. Les expositions, ateliers et présentations réunissent les professeurs de Nos membres ont accès aux français de tous les niveaux dans une ambiance de camaraderie. Et bourses permettant d’étudier puis, il y a les films, la grande dictée et la tombola, pour ne pas parler ou de voyager en France des excursions (accompagnées de dégustations) et le dîner de clôture qui font de chaque congrès une expérience inoubliable. En 2011 nous nous retrouverons dans la capitale de la francophonie canadienne—la belle ville de Montréal—du 6 au 9 juillet. Venez nous y rejoindre. Les inscriptions pour le congrès s’ouvrent le 1 mars. Consultez le site AATF sous la rubrique « Convention ». Ne serait-ce que pour ces avantages pécuniaires, il serait intéressant pour tout professeur de français d’adhérer à l’American Association of Teachers of French, mais, en plus de l’intérêt personnel, l’AATF est la base de notre communauté d’enseignants nord-américains du français et le lien entre notre communauté et le monde francophone. Aujourd’hui, quand l’annulation de l’examen AP en littérature française menace nos cours de français avancé au niveau secondaire et que la crise économique mène souvent aux classes de langue bondées et même, hélas !, aux programmes supprimés, c’est l’AATF qui nous soutient et nous tient au courant de la pédagogie et de la culture française par moyen de la French Review, du Bulletin National et, bien sûr, du Canard déchaîné. Si vous n’êtes pas encore membre, ou si vous avez oublié de cotiser pour 2011, je vous encourage le plus vivement possible de consulter le site AATF et de cliquer sur le lien « Membership ». Je finirai cette lettre en vous rappelant toutes les possibilités d’activités culturelles ou de soutien pédagogique qui existent dans notre région de Washington/Alaska/British Columbia/Alberta. Il y a le Centre francophone (French Centre) dirigé par notre collègue Francis Andrew à l’Université de la Colombie Britannique. Pour la province d’Alberta, il y a des programmes de français langue seconde aux universités de Calgary et d’Alberta (Edmonton) aussi bien que des programmes d’immersion pour les écoliers. Consultez http://education.alberta.ca/department.aspx pour des renseignements plus détaillés. L’Université d’Alaska donne des cours de français en ligne toute l’année. Parmi les nombreuses activités culturelles dans l’état de Washington, je voudrais vous en signaler deux. Au mois de mars, le Seattle Jewish Film Festival présentera plusieurs films récemment sortis en langue française (voir l’article de Jill Capazzoli, pp. 7-8). Depuis plus de quarante ans, la Canoe Island French Camp offre une expérience d’immersion en français aux jeunes de neuf à seize ans. Il y a aussi une journée à porte ouverte (open house) pour adultes le 25 juin 2011. Pour l’horaire, etc. de Canoe Island, consultez www.canoeisland.org. Profitez bien de notre communauté francophone et francophile. Amicalement, Mary Anne O’Neil Mary Anne O’Neil, Présidente, 2010-2012 AATF WA/AK/BC/AL Le Canard déchaîné, tome 34, Numéro du printemps 2011 Page 3 Technology for the 21st Century Language Teacher W Syncing with colleagues and Francophones across the globe! hile the majority of ideas that I have shared in this forum have been designed to be used in the classroom, this entry in the Canard is dedicated to educator communication. As travel and conference budgets dwindle, our virtual abilities to connect and share with as well as learn from our colleagues in World Languages only grow stronger and more profound. Throughout the past year, I have been working with World Language teachers through workshops, electronic chats, Twitter feeds, Wikis, Facebook, and a myriad of other social media outlets. It is through this connectivity that I have discovered the ease of collaboration with teachers across the world (as well as in our region) without the hassle and expense of repeated travel. It has been postulated that the fine art of conversation may be declining due to the surge of electronic interaction. I would agree with that idea in part; however the wealth of information that I have gained as well as dissimulated has impacted my professional and personal knowledge to such an extent that I am compelled to continue to seek out these impressive and extensive resources for the members of our organization. Increasingly, French teachers find themselves as the sole French teacher in their district with no one with whom they may collaborate. This can lead to frustration, despair, and Collaborate with teachers loss of interest in professional growth. It is through this bulletin that I wish to share several outlets through which French teachers may partici- across the world without pate in active, thoughtful forums that provide stimulating conversation the expense of travel and theory on best practices, professional development, and language skills. If you are able to connect with even just one of these media, you will discover that there are thousands of other educators with similar experiences. I would caution against joining all of these opportunities as it can “suck” one into an overwhelming amount of information that will never be processed correctly. Explore these options and find the group or site that best meets your needs and interests. I will be adding a section to our chapter’s Web site on social media outlets for French teachers with my own review and recommendations. As always, please share your findings either on our blog or contact me by e-mail. You may notice that I appear many times in these descriptions. Through my recent position as the Co-Chair for the Technology Commission of the AATF, I have undertaken several new projects designed to link the French teachers of the world! Nothing major, of course. Facebook! Yes, there are other uses for Facebook than finding your friends from second grade. The AATF National office has a fantastic Facebook page that posts information every few days on cultural news, Web site suggestions, language inquiries, professional development, and updates about AATF activities. I am currently one of the administrators and I must confess that when I post an article or a song suggestion, I check back every few minutes to see who has “liked” my post! It is amazing to share an idea with nearly 1,600 people at one moment. After “liking” the Facebook page, anyone is able to post a question, article, or video to the site. There have been active conversations on politics, culture, music, literature, and program advocacy over the past few months. Find the AATF Facebook page by either searching within Facebook or by visiting the page directly: “http://www.facebook.com/AATFrench.” Are you searching for an advocacy video to show your administration, or are you interested in sharing your remarkable students’ video skits, or do you need a great music reference to show in class? Explore the AATF’s newest addition to social outreach: our YouTube channel! “http://www.youtube.com/ aatfrench.” Although it is only three weeks old, the AATF YouTube channel has twenty fans. If you have a suggestion for a music video, an advertisement, a theatrical short, a comedy sketch, or anything relating to Page 4 Le Canard déchaîné, tome 34, Numéro du printemps 2011 the Francophone world, please send me the link to the YouTube video, and I will add it to a Playlist or to the “Favorites” section. Additionally, the AATF will soon be announcing a video competition on the topic of Advocacy for French programs for members and students. There will be awards and recognition for the top videos. On the third Thursday of every month, the AATF National office hosts an online chat through “Chatzy,” at http://www.chatzy.com/aatf. For the past four months, members of the AATF Advocacy and Technology commissions have sponsored a three-hour, on-line text chat. The chat room is open from 3:00 p.m. until 6:00 p.m. (Pacific Standard Time) for anyone with the Web address. As many as twenty-five people have participated at once in the chat and the conversations are powerful! Ideas are shared at lightning speed. Many teachers join the conversation in order to propose ideas for critique by their peers, and one can join or leave at any time during the three-hour window. Participants need not “chat,” but may “lurk” silently in the room in order to absorb the ideas presented. The “Chatzy” chats have offered me the opportunity to meet teachers from across the United States and to gain valuable insight on how other French programs grow and develop. It is a highly worthwhile occasion to network in a meaningful setting. Twitter-pated! Twitter is a micro-blogging site that allows participants to share their thoughts, links, pictures, or videos using only 140 characters (not words!). Twitter can be accessed either on its Web site “http://twitter.com/” or on a web-enabled device such as an iPhone, an iPod touch, an iPad, or an Android phone. Twitter is the latest realm that I have joined in order to network with educators involved in technology and World Language. I had earlier scoffed at this phenomenon as a junk e-mail alternative, but I have since experienced the immeasurable wealth of information that is shared daily. To master Twitter, you should “follow” people and groups that share your interest. The first person I “followed” was the technology coordinator for my district, Martha Thornburgh. I then looked at whom she was following and read their descriptions. Based on common interests, I choose to follow those people. From there, the network compounded quicker than the national debt! I am currently following twenty-nine groups and/or people. I have chosen to only follow educational and cultural Tweets so that I am not overwhelmed and consumed with reading all of the posts that go out in one day. The second group I joined was the AATF Twitter feed. You can find its feed at: “http://twitter.com/AATFrench.” Other groups that I follow include ACTFL, Pointdufle, GrandQuebec, TechTongues, Language_Today, and LinksintoLangs. If you want to see my entire list, look for me at: “http://twitter.com/Catherineku1972.” Curious about joining Twitter but intimidated by the lingo? Contact me and we can work through it together. I am still learning! There are several good Web sites that explain the Twitter-sphere in basic terms. Visit Webopedia for more information: http://goo.gl/AuSwZ. (This is a shortened link.) Lamentably, I have not yet begun to scratch the surface of the online social networking sites available to French teachers. There will be additional articles and conference discussions on these and other sites. However, by beginning with these few suggestions, the surge of the virtual network will electrify you and your teaching! Syncing with your students is an excellent way to increase your program numbers and student satisfaction. I encourage you to include time to indulge your own intellectual and professional development. A few minutes a Catherine Ousselin day can result in a week’s worth of lesson ideas! Bonne continuation et bon surf! Catherine Ousselin – Mount Vernon High www.aatf-northwest.org / www.aatf-northwest.blogspot.com [email protected] Le Canard déchaîné, tome 34, Numéro du printemps 2011 L Page 5 « Le Chant des Partisans » a mort de Maurice Druon le 14 avril 2009 a été l’occasion de revenir sur la carrière d’un homme de lettres remarquable. Personnellement, je l’avais toujours identifié avec l’Académie française où il a rempli les fonctions de Secrétaire perpétuel pendant une quinzaine d’années entre 1985 et 1999, articulant pendant cette période le point de vue des « Quarante » sur différentes propositions de réforme linguistique. Et je savais que Druon était un romancier important qui avait gagné le Prix GonMaurice Druon (1918-2009) court, déjà en 1948, pour Les Grandes Photographie : Derrick Ceyrac/AFP/Getty Images Familles. Mais c’était aussi — ce que j’ai appris en lisant les nécrologies — un ancien combattant qui avait écrit en collaboration avec son oncle JoIl avait écrit les paroles de seph Kessel, les paroles d’une chanson devenue l’hymne de la Résistance française, « Le Chant des Partisans ». l’hymne de la Résistance En fait, c’est une chanteuse russe, Anna Marly, réfugiée à Londres depuis 1941, qui sert d’inspiration pour les écrivains français, eux aussi exilés en Angleterre. Les rythmes forts de sa « Guerilla Song » leur a donné l’idée de composer en mai 1943 un appel aux Résistants français sur ce même air. Enregistrée d’abord par Germaine Sablon et ensuite par Anna Marly elle-même, diffusée par la BBC lors de l’émission « Honneur et Patrie », dans sa version française la chanson a connu un succès mondial avant même que les paroles imprimées soient larguées sur la France occupée par le Royal Air Force plus tard la même année. L’air du « Chant des partisans » devient ainsi un signe de reconnaissance dans le maquis, les vers de Kessel et Druon incitant leurs compatriotes à une résistance active et meurtrière. Étant donnée la grande renommée de cette chanson, il n’est guère surprenant qu’elle reste dans la mémoire des Français. Mais en me lançant à la recherche du « Chant des Partisans » sur l’internet, je ne m’attendais pas à la richesse de réinterprétations et d’hommages que j’y ai trouvés. Depuis le film d’Albert Cavalcanti, Trois chansons de la Résistance, jusqu’à son interprétation par Mireille Mathieu lors de la soixantenaire de l’invasion de Normandie en 2004, on l’entend notamIl y a là un potentiel ment lors de la cérémonie solennelle (orchestrée par André Malraux) qui marque le pédagogique énorme transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon en 1964, et elle résonne de nouveau à l’occasion de l’Hommage aux martyrs de la Résistance rendu par Nicolas Sarkozy le 16 mai 2007, le premier jour de son mandat présidentiel. C’est dire que « Le Chant des Partisans » est un véritable « lieu de mémoire », un air qui dans la conscience collective des Français évoque un moment capital de leur histoire. Encore de nos jours, cette mémoire se perpétue et s’élabore sous des formes nouvelles, grâce à l’informatique moderne (y compris sur DailyMotion, le YouTube français), ce qui est pour nous, les enseignants du français, une chance puisqu’il y a là un potentiel pédagogique énorme. À ne mentionner que quelques-unes des trouvailles qui m’ont le plus frappé lors de mes explorations : Page 6 Le Canard déchaîné, tome 34, Numéro du printemps 2011 d’abord, les nombreux photo-montages, accompagnés le plus souvent par la voix d’Anna Marly, qui mettent en vedette des images de la Résistance. Produits par des particuliers en souvenir des sacrifices des Résistants, ces images nous émeuvent tout en nous aidant à comprendre l’urgence des paroles écrites par Maurice Druon et son oncle en 1943. Par ailleurs, il y a l’enregistrement bouleversant de Johnny Hallyday, réalisé en 1998, la voix rauque du chanteur alors âgé de cinquante-cinq ans accordant au texte une émotion directe et profonde. Et puis il y a aux alentours de l’an 2000 une réinterprétation du Ces images nous émeuvent tout « Chant » par le groupe toulousain, Zebda, les paroles étant cette fois-ci intégrées dans un appel à l’action contre les injustices soen nous aidant à comprendre ciales. Ajoutant leur propre rythme plus contemporain, ce collectif politisé met au service des masses les énergies dégagées d’abord par Druon et Kessel, en proclamant qu’il « faut rester motivés ». Le décès de Maurice Druon nous a donc amenés loin de notre point de départ. Mais tel est le pouvoir de l’internet, et telle est la puissance d’une chanson qui transcende les âges. Pour terminer, voici le texte original de Druon et Kessel. Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ? Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaîne ? Ohé, partisans, ouvriers, et paysans, c’est l’alarme ! Ce soir l’ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes. Montez de la mine, descendez des collines, camarades ! Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades. Ohé ! les tueurs à la balle et au couteau, tuez vite ! Ohé ! saboteur, attention à ton fardeau : dynamite ! C’est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères. La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère. Il y a des pays où les gens au creux des lits font des rêves. Ici, nous vois-tu, nous on marche et nous on tue, nous on crève Ici, chacun sait ce qu’il veut, ce qu’il fait, quand il passe. Ami, si tu tombes, un ami sort de l’ombre à ta place. Demain du sang noir séchera au grand soleil sur les routes. Chantez compagnons, dans la nuit, la liberté nous écoute. . . . Jack Iverson Whitman College Maurice Druon Jack Iverson Le Canard déchaîné, tome 34, Numéro du printemps 2011 Page 7 Le Festival de Films Juifs à Seattle C haque hiver pendant dix jours, le festival de films juifs à Seattle (SJFF, Seattle Jewish Film Festival) présente de nombreux films étrangers et francophones. Le prochain festival aura lieu du 10 au 20 mars 2011 et marquera sa seizième année avec le thème « Sweet Sixteen ». Le SJFF est une occasion idéale pour les professeurs de français de parler de la culture et de l’histoire des Juifs francophones dont il existe déjà d’excellents livres et films en DVD. C’est pourquoi l’AATF est un « community partner » dans ce festival. Construire des ponts de compréhension et de dialogue Jill Capozzoli Le SJFF est un programme spécial de l’AJC (American Jewish Committee) Seattle, la principale organisation nationale qui promeut les droits de l’homme et combat le sectarisme et l’intolérance. Par le choix de ses films, le SJFF tâche de construire des ponts de compréhension réciproque entre divers groupes, en offrant un assortiment remarquable de films internationaux, des programmes pé- Une occasion idéale pour les dagogiques, des conférences, et des invités renommés. Les citoyens de Seattle ont l’occasion de savourer cette richesse par la magie du ciné- professeurs de français ma. Le SJFF est maintenant le deuxième festival international de Seattle après le SIFF (Seattle International Film Festival), selon le Seattle Weekly. Aujourd’hui le festival accueille près de 8.000 spectateurs. Puisque l’AATF soutient l’enseignement du français, cette mission s’allie bien avec celle du SJFF, qui est de toucher de nouveaux publics et de faire dialoguer l’expérience juive. Pour plus de détails, consultez le site web www.seattlejewishfilmfestival.org/. Voici le résumé de trois films francophones qu’on passera au SIFF cinéma : La Rafle (The Round Up) : le jeudi 17 mars Ce film a connu un grand succès en France au printemps dernier. Le SJFF sera le premier à le passer à Seattle. D’une cinématographie soignée, ce grand film tous publics (sauf les tout petits) parle de la rafle du Vel’d’Hiv à Paris. Avec réalisme, ce film explique ce qui s’est passé pendant cette période fatidique du 16 au 17 juillet 1942 au Vélodrome d’Hiver du XVe arrondissement (aujourd’hui disparu) quand 13.000 Juifs parisiens ont été détenus. Dans les rôles principaux, il y a Jean Reno, Gad Elmaleh et Mélanie Laurent (du film Le Concert). Le scénario du film est écrit par Roselyne Bosch, ancienne journaliste, qui affirme que tout personnage est vrai et tous les événements ont eu lieu. La Rafle a reçu le soutien de l’historien Serge Klarsfeld. À l’occasion de la sortie du film, une pla- Page 8 Le Canard déchaîné, tome 34, Numéro du printemps 2011 quette a été reproduite par le maire de Paris, Daniel Delanoë, pour commémorer cette « horreur dans l’histoire de Paris ». Pour aider les professeurs de français à enseigner cette histoire, à partir du site web officiel du film on peut télécharger un dossier d’accompagnement pédagogique écrit par l’historien et ancien membre de la Résistance, Adam Rayski (mort en 2008 à l’âge de 94 ans). Voir ce lien : http://www.larafle-lefilm.com/pdf/dp_mairiedeparis.pdf Pour avoir un aperçu du film, consultez : http://www.larafle-lefilm.com. Enfin, pour plus de détails historiques, voir : http://www.menemshafilms.com/la-rafle.html. Le Concert (The Concert) : le samedi 19 mars À l’époque communiste, le directeur de l’Orchestre du Bolchoï, le plus grand d'orchestre de l'Union soviétique, au faîte de sa gloire, refuse de licencier ses musiciens juifs. Aujourd’hui il continue à travailler au Bolchoï, mais comme « agent d’entretien ». Un soir, il intercepte un fax adressé à la direction du Bolchoï : une invitation pour l’orchestre de venir jouer à Paris. Pour se venger, l’ancien chef décide de réunir ses anciens amis musiciens et les faire passer pour le véritable orchestre du Bolchoï. Bref, une comédie pour les mélomanes car en 2010 ce film a remporté 2 Césars (Meilleur Son et Meilleure Musique). Dirigé par le franco-roumain Radu Mihaileanu, avec Miou Miou et Mélanie Laurent. La Folle Histoire d’amour de Simon Eskenazy (He Is My Girl) : le dimanche 20 mars Le clarinettiste klezmer Simon Eskenazy (Antoine de Caunes) a tant à faire qu’il ne réussit pas à finir l’enregistrement de son disque. Sa mère, malade et hypochondriaque, débarque chez lui, et, tout à coup après dix ans d’absence, son ancienne femme (Elsa Zylberstein) et leur fils réapparaissent. Simon rêve de vivre une grande histoire d’amour avec sa partenaire actuelle, en même temps qu’il fait la connaissance d’un certain Naïm qui a un secret. Cette comédie romantique de 2009 vous emportera avec sa bande originale entraînante créée par un des frères du groupe Les Yeux Noirs. Jill Capozzoli Seattle, WA Le Canard déchaîné, tome 34, Numéro du printemps, 2011 Le Canard déchaîné, tome 34, Numéro du printemps 2011 P Un Entretien avec Susan Redd armi tous les membres du comité exécutif de l’AATF, une des plus célèbres est Mme Susan Redd. Elle est membre à vie de l’AATF depuis 1974. En 1982-83, elle fut élue présidente du Pacific Northwest Council for Languages. En 1990-91, elle fut élue présidente de la Washington Association for Language Teaching. Entre 1994-98, elle était la rédactrice du bulletin, Le Canard déchaîné, et entre 2005-07 elle était présidente de notre branche de l’AATF. Ici nous présentons une version abrégée d’un entretien avec Mme Redd. L’interlocuteur est le professeur John Robin Allen (JRA). -o-oOo-oJRA : C’est un grand honneur et un plaisir de pouvoir vous poser quelques questions afin de vous connaître mieux. Commençons par votre vie. Où êtes-vous née ? À Bellingham. Maintenant j’habite Burlington, toujours dans le Washington. Je n’ai jamais vécu en permanence autre part qu’aux États-Unis, mais j'ai passé une année à Caen, une année à Lyon, et les étés en études dans d'autres programmes universitaires ailleurs en France. JRA : Pourriez-vous parler un peu de votre famille ? Ma mère était institutrice et mon père était responsable des parcs à Bellingham. J’ai un frère et une sœur ainés. Mon frère, Donald, était prof de maths au lycée Ferndale, il a pris sa retraite, et il est maintenant conseiller financier pour plusieurs clients. Ma sœur, Joanne, est infirmière. Mon mari, Richard, et moi avons trois chats qui portent des noms de voiture : une S.E.A.T. (voiture espagnole, photo en haut à droite), une Matra (voiture française qui a gagné trois fois au Mans mais qu’on n’importe pas aux É-U ; photo en bas à droite) et une Morgan (voiture de sport anglaise). JRA : Est-ce que votre intérêt pour le français a une base familiale ? Le nom de ma famille d’il y a environ cinq générations, était Crevier, nom français, mais la plus grande raison pour laquelle j’ai étudié le français était peut-être parce que ma grand-mère paternelle aimait lire le français et elle échangeait des livres français avec une autre francophone. Elle et son mari sont morts avant ma naissance, alors je n’ai jamais pu leur poser des questions. Page 9 Page 9 Page 10 Le Canard déchaîné, tome 34, Numéro du printemps 2011 JRA : Quels aspects de la France vous attirent-ils le plus ? C’est la culture et l’histoire de la France, surtout au XXe siècle, qui m’intéressent le plus. C’est à travers plusieurs films français que j’ai « découvert » le colonialisme français. J’aime étudier l’effet du colonialisme sur les Africains. Bien sûr j’aime la littérature française et j’ai toujours reçu de bonnes notes en littérature, mais mon plus grand intérêt n’est pas la fiction. C’est l’histoire. JRA : Quelles autres langues parlez-vous ? Depuis ma jeunesse, je savais que je voulais faire du français, mais avant de faire cela, j’ai étudié le latin. J’ai prié et chanté en latin pendant toute ma jeunesse, et c’était une bonne méthode pour apprendre le français plus tard. Alors, j’ai fait du latin au lycée et une année d’allemand à l’université. Je n’ai commencé le français qu’à l’âge de seize ans et l’espagnol vers l’âge de dix-huit ans. Je regrette de ne pas avoir comJ’ai passé quelques moments avec René Lémencé celui-ci plus jeune. Je rêve de parler italien et vesque, avec Eugène Ionesco, avec Jacques suédois aussi. Chirac, et avec Simone Veil. JRA : Passons maintenant à votre vie privée. Avez-vous jamais rencontré quelques personnes célèbres ? Oui, quelquefois. J’ai passé quelques moments avec René Lévesque, avec Eugène Ionesco, avec Jacques Chirac, et avec Simone Veil. La rencontre de celle-ci s’est passée lors d'une conférence à Paris. Les autres avaient lieu pendant des congrès nationaux de l’AATF. JRA : Quelles personnes avaient la plus grande influence sur votre vie et sur votre caractère ? Jean-Charles Seigneuret, professeur à Western Washington University aux années 1960. Howard et Frances Nostrand, professeurs à l’Université de Washington. Je n’ai jamais suivi leurs cours, mais ils m’ont montré une générosité que je n’oublierai jamais pendant les derniers trente ans de leur vie. William Bryant, professeur à Western Washington University aux années 1970, 1980, 1990. C’est lui qui m’a fait connaître les études canadiennes au bon moment de ma vie! Phil Baudouin, Louise Collins, Mary Farrington, Ethel Nayudu, et Joseph Labat, tous décédés, professeurs et membres de l’AATF de notre région, des gens qui me manquent beaucoup. JRA : Comment passez-vous la vie maintenant, après avoir pris la retraite ? Avec quoi est-ce que vous vous amusez ? Ma passion est la Citroën, la 2CV en particulier. J'en ai une, la camionnette, devant la maison. Je fais partie d'un club de propriétaires et amateurs de la Citroën (Northwest Citroën Owners Club). Cet été je serai en France pour la rencontre mondiale des Deuxchevaux, du 27 au 31 juillet 2011 à Salbris, quelques 40 km d'Orléans. Voir www.2cvfrance2011.fr. J'y ferai du bénévolat à l'accueil. Une autre passion : mon père aimait beaucoup faire des bouquets massifs de glaïeuls , par exemple. Moi, je préfère les dahlias (photo), et je me sacrifie pour les planter et cultiver tous les ans. Il n’est pas difficile de les couper et les arranger pour offrir aux autres ; le défi est de les faire sortir de la terre en pleine nuit au mois de décembre pour éviter qu’ils gèlent. Le Canard déchaîné, tome 34, Numéro du printemps 2011 Page 11 J’aime « parler politique », j’adore l’émission française « Les Guignols du soir », et j’aime étudier la Seconde Guerre mondiale. Mon mari et moi étions fanas de l’émission « Royal Canadian Air Farce » au point où l’on annulait d’autres activités pour être au Château Redd le vendredi soir! Je vais à la piscine tous les jours. Je lis jusqu’à très tard la nuit. JRA : Quels livres avez-vous lu récemment ? Maintenant je suis en train de lire un livre sur Che Guevara en Afrique. Je viens de terminer « Seasons of a French Village and its Restaurant », par Michael S. Sanders, professeur en congé sabbatique qui raconte le cycle d'un petit restaurant de province. C’est un livre de fiction plein d’aperçus sur la vie quotidienne pendant une année en France. « Bad Faith: A Forgotten History of Family and Fatherland », par Carmen Callil. Une vraie histoire extraordinaire du régime de Pétain. « Three Cups of Tea», par Greg Morrison. Il a visité Mount Vernon High School le 27 janvier 2011, où mes élèves l’ont vu. « The Color of Water », par James McBride. J’étais vraiment inspirée par cette histoire de sa famille. JRA : Quels sont vos passe-temps favoris ? Ce juillet passé, j’ai commencé l’étude de Tai Chi. Toute personne qui vieillit devrait penser à la possibilité de suivre un tel cours qui enseigne, par exemple, comment éviter de tomber. Les chutes sont dangereuses pour les personnes âgées. J’ai commencé l’étude de Tai-Chi. J’aime voyager aussi. L’été passé j’étais en France pendant dix jours et en fin-octobre je suis repartie en Italie afin de suivre quelques cours à Modène avec des professeurs français et italiens. JRA : Quels sont vos films favoris ? « Le Chagrin et la pitié », de Marcel Ophuls. Une histoire de France sous l’occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale, racontée par une série d’entretiens avec des participants français et allemands. « El Norte ». Voyage effrayant des Guatémaltèques aux États-Unis. « Sin Nombre ». Voyage d’un Mexicain aux États-Unis. Incroyable violence même chez les jeunes. « Les Diaboliques », de Henri-Georges Clouzot. « Les Triplettes de Belleville », de Sylvain Chomet. Pour la chasse des Citroën! Pour la musique! Et pour la chasse aux grenouilles! « Chère Inconnue », de Moshé Mizrahi. Avec Simone Signoret et Jean Rochefort. C’est un film peu connu, mais très bien joué. L’action se passe en Bretagne. « Monsieur Ibrahim » de François Dupeyron. C’est un film émouvant sur l’amitié entre un jeune et un vieillard de deux cultures différentes. JRA : Quelle sorte de musique aimez-vous ? En général, je n’ai pas de préférence, mais j’aime beaucoup la chanson française, surtout celles de Gilbert Bécaud. Page 12 Le Canard déchaîné, tome 34, Numéro du printemps 2011 JRA : Et Carla Bruni ? Elle n’est pas mauvaise ! Elle n’a pas la tête vide. JRA : Quels artistes aimez-vous ? J’apprécie [Jean-Jacques] Sempé, Pierre Bonnard (voir images), Marc Chagall, et Camille Claudel. JRA : À quel moment étiez-vous la plus heureuse de votre vie ? C’est probablement maintenant. J’ai moins de stress dans la vie, je peux rendre d’autres personnes plus heureux, parce que je le suis aussi. Je suis plus libre et plus indépendante maintenant. Je peux suivre mon âme. Une autre raison pour ce bonheur à la retraite, c’est que j’enseigne l’espagnol et le Pierre Bonnard : La Fênetre ouverte franà deux établissements scolaires différents, l’un dans le puGrâce à mon mari, je suis capable çais blique (éducation à domicile), l’autre dans le privé (école cathode lancer un ballon de foot, main lique). Les lycéens de Mount Vernon High School, où j’ai enseigne entre 1971 et 2007, étaient formidables, mais je découvre gauche ou main droite. maintenant le plaisir de montrer une nouvelle langue aux petits de cinq à quatorze ans -- et c’est une joie! Nous avons une façon secrète de nous saluer quand nous sommes en ville, et je sais donc de quelle école vient mon élève quand il me reconnaît à la bibliothèque municipale ou ailleurs. Les petits de cinq ans sont si drôles. Je dois admirer leurs dents perdues, entendre leurs histoires du chien écrasé, et reconnaître les anniversaires! J’admire mes nouveaux collègues et mes directeurs. JRA : Qu’est-ce que vous pouvez dire aux membres de l’AATF qu’on ne sait pas encore au sujet de vous ? Au lycée, j’ai reçu un « D » en basketball. Ce n’était pas une note permanente, mais je n’ai jamais été enthousiaste pour le basket et on a raccourci le cours pour un cours de conduite de voiture (auto-école). Donc, je n’y étais pas pour le début. Par contre, et grâce à mon mari, je suis capable de lancer un ballon de foot, main gauche, main droite, mais c’est tout ! Les règles du jeux ? Je n’en sais absolument rien ! JRA : Quelle question ne doit-on jamais vous poser ? Tu m’accompagnes à un match de foot? Pierre Bonnard : La nappe à carreaux ou Le déjeuner au chien Le Canard déchaîné, tome 34, Numéro du printemps 2011 S Page 13 Le Coin du pédagogue : mars 2011 ous cette rubrique nous comptons publier de temps en temps dans le Canard déchaîné l’esquisse d’une nouvelle « méthode » d’enseigner une langue. Ce ne sera pas une méthode comme les autres qui dominent l’enseignement. Ce sera une série d’idées pour mieux enseigner une langue : des pratiques que l’on peut utiliser avec n’importe quelle autre méthode d’enseigner. La seule idée qui caractérise cette nouvelle méthode c’est que les idées seront basées sur le simple bon sens, et non pas sur une théorie quelconque. Cette fois nous allons commencer par une discussion de six objectifs logiques et évidents pour enseigner une langue. Quatre en sautent aux yeux: écouter, parler, lire, et écrire la langue visée. Le premier et le troisième sont passifs, par où on apprend implicitement les principes de la langue. Les deux autres sont actifs (parler et écrire), et en les pratiquant on maîtrise une langue. On peut séparer ces quatre objectifs d’une autre manière pour distinguer ceux qui sont oraux (écouter et parler) et ceux qui exigent une connaissance du système orthographique d’une langue (lire et écrire). Les différentes méthodes d’enseigner et d’apprendre une langue n’accordent pas toujours la même importance à ces quatre objectifs. Par exemple, l’enseignement traditionnel du XVIIIe siècle jusqu’au début du XXe mettait la plus grande importance sur la lecture, au dépens des objectifs oraux. La méthode d’imersion fait le contraire : l’étudiant apprend à comprendre la langue parlée et à le parler lui-même, sans nécessairement apprendre l’orthographe ni le vocabulaire abstrait des mots qui ne font pas souvent partie d’une conversation. Le bon sens suggère qu’avec le temps, les quatre objectifs ont une importance égale, mais au début il vaudrait mieux commencer par les deux objectifs oraux, par exemple en apprenant des chansons. Ensuite, on peut mettre plus d’importance sur la lecture et sur la capacité d’écrire la langue visée. Le bon sens suggère aussi que si le but est de faire que l’étudiant consacre un temps égal aux quatre objectifs, on n’est pas obligé de consacrer la même quantité de temps en classe aux quatre objectifs. On doit compter aussi les heures où l’étudiant travaille après les classes, quand il peut lire des textes et écrire des exercices ou des essais. Si toute la classe a accès à des bandes magnétiques ou à des iPods, on pourra faire que les étudiants écoutent la langue visée hors de la classe, avec des exercices spécifiques pour pratiquer l’objectif d’écouter la langue. L’objectif de parler la langue est souvent le plus difficile à pratiquer. Si une classe typique de vingtcinq étudiants dure cinquante minutes et le professeur est censé parler pendant la moitié du temps, cela donne aux vingt-cinq étudiants seulement une minute en chaque classe pour parler individuellement. Pour surmonter cet obstacle, on peut encourager les étudiants à converser avec leurs voisins sur des idées présentées et à chanter des chansons ensemble avec le reste de la classe. En principe, le laboratoire des langues aident les étudiants à parler une langue, pourvu que les exercices soient intéressants. On propose un premier principe : 1. Autant que possible, faire que l’étudiant consacre la même quantité de temps aux quatre objectifs : écouter, parler, lire, et écrire. Même l’étude d’une langue morte peut comporter un élément oral, tel qu’on voit à l’Université of Michigan où le professeur Waldo E. Sweet créa un cours de latin en employant une approche orale (voir http://www.umich.edu/~cfc/rosslatin.htm). Deux autres objectifs en l’enseignement de toute langue sont la grammaire et le vocabulaire, objec- Page 14 Le Canard déchaîné, tome 34, Numéro du printemps 2011 tifs à la base des quatre premiers objectifs. Pour paraphraser Molière, « Tout ce qui n’est point grammaire, est vocabulaire, et tout ce qui n’est point vocabulaire est grammaire. » Quelle est l’importance relative de la grammaire vis-à-vis le vocabulaire ? La grammaire est plus simple que le vocabulaire à enseigner et à apprendre, mais le vocabulaire est bien plus important que la grammaire. On peut apprendre les éléments essentiels de la grammaire d’une langue en un seul an au niveau universitaire ou en deux ans au lycée. En contraste, le vocabulaire est beaucoup plus vaste. L’Oxford Companion to the English Language, suggère qu’un diplômé d’université aurait un vocabulaire actif d’environ 60.000 mots actifs et 75.000 mots passifs. En contraste, en général combien de mots par an est-ce qu’un étudiant apprend en étudiant le français formellement ? Ce qui empêche l’étudiant d’apprendre assez de vocabulaire est que la plus grande partie d’un cours est souvent consacrée à l’étude de la grammaire. La grammaire est essentielle, mais elle devrait simplifier l’apprentissage d’une langue et non pas le rendre plus compliqué. On peut diviser les règles grammaticales en deux groupes : celles qui simplifient la vie et celles qui la rendent plus difficile. Parmi celles-ci il y a la différence entre Depuis quand ? et Depuis combien de temps ? Si l’on demande à un Français Depuis quand êtes-vous là ? et il répond Depuis trois mois, on ne serait pas surpris. Mais si un étudiant en français donnait la même réponse à la question, un grammairien dirait que la réponse n’était pas correcte. La question demande un moment spécifique (une heure, un jour, un mois, une année), et non pas une quantité de temps. La grammaire qu’il faut apprendre doit réfléchir l’essentiel d’une langue et non pas divertir l’étudiant de ce qui est plus important. Ce qui est plus important est le vocabulaire. Si on a assez de vocabulaire pour comprendre une langue, on en apprendra la grammaire en suivant ce qu’on entend et ce qu’on lit. Nous tirons, donc, un deuxième principe : 2. Faire que les étudiants apprennent autant de vocabulaire que possible, même aux dépens des règles inutiles de grammaire. On peut apprendre un vocabulaire en parcourant des listes des mots les plus fréquents d’une langue et en lisant des textes intéressants. Un but réaliste serait d’apprendre une centaine de mots chaque semaine pour arriver à plus de 3.000 mots actifs par an et peut-être à 6.000 mots passifs. Il ne s’agit pas de mots difficiles ou recherchés. Wiktionary donne une liste des 10.000 mots français les plus fréquents à cette adresse : http://en.wiktionary.org/wiki/Wiktionary:Frequency_lists#French On est surpris de voir combien de mots dans cette liste sont si communs, des mots comme dessert, intelligence, et ainsi de suite. [Note : cette liste compte des noms propres et toutes les formes d’un seul mot comme des « mots » différents. Si l’on élimine les noms propres comme Jean ou Pierre de la liste, et si l’on compte seulement les formes qu’on trouve dans un dictionnaire en disant que tables n’est qu’une variante de table et bonne n’est que la forme féminine de bon, la liste de 10.000 mots se réduit à environ 7.000 mots.] C’est un but réaliste de demander aux étudiants d’apprendre la moitié de cette liste au cours d’un an d’étude. La tâche exige un peu de travail, mais les bénéfices en sont nombreux. Le travail nous mène au dernier principe de cet article. Pour le comprendre, examinons la vie de quelques personnes célèbres qui réussirent dans la vie. Heinrich Schliemann, l’archéologue amateur qui découvrit le site de la ville de Troie, aimait apprendre les langues. De nationalité allemande (et plus tard de nationalité américaine) il apprit l’anglais, le français, le néerlandais, l’espagnol, l’italien, le portugais, l’arabe, le russe et, bien sûr le grec ancien et moderne. Son système pour apprendre une langue était d’apprendre par cœur un livre en version originale. Pour apprendre l’anglais, il choisit The Last of the Mohicans. Le Canard déchaîné, tome 34, Numéro du printemps 2011 Page 15 Bill Gates et son ami Paul Allen purent créer Microsoft seulement après avoir passé environ 10.000 heures à apprendre à programmer et à jouer avec des ordinateurs comme membres du Homebrew Computer Club à Menlo Park, CA, quand peu d’autres personnes avaient accès à des ordinateurs. Bill Joy, chef scientifique à Sun Microsystems et co-fondateur de cette société, passa à peu près 10.000 heures comme étudiant à l’University of Michigan en passant la plus grande partie de son temps à jouer avec leur nouvelle ordinateur à temps partagé. Après avoir fini ses études, il avait assez d’expérience pour trouver un poste où il put continuer à jouer avec ces machines. Il inventa la langue Java si usité aujourd’hui. Même les Beatles jouaient ensemble à Hambourg et ailleurs pendant environ 10.000 heures avant d’être connus. Bref, devenir expert en n’importe quoi exige beaucoup de travail, jusqu’à 10.000 heures, et il faut aussi la possibilité d’avoir accès à un environnement qui permet une telle étude. Ce qui est plus important est que Schliemann, Gates, Allen, Joy, et les Beatles aimaient ce à quoi ils consacrèrent leur vie. Pour eux, ce n’était pas un « travail » mais un grand plaisir. Le troisième principe qu’on peut en tirer est : 3. Jouer ! Jouer ! Jouer ! Si l’apprentissage d’une langue étrangère est un plaisir, l’étudiant va consacrer davantage de temps à l’étudier. Ce n’est pas que quelques personnes sont douées en langues. C’est plutôt que quelques personnes prennent un tel plaisir à étudier, qu’ils consacrent assez de temps pour améliorer leur connaissance d’une langue. Il va de soi que le professeur doit faire autant que possible pour rendre joyeux l’expérience d’apprendre une langue. Dans un prochain Coin du pédagogue, nous allons examiner comment on peut rendre l’expérience d’apprendre une langue plus fructueuse et plus agréable pour les étudiants. John Robin Allen Priddis, Alberta [email protected] Else and John Robin Allen celebrate their fiftieth wedding anniversary, August 2010 Important Dates and Contact Information, Spring 2011 March 1-28, 2011: Le Grand Concours contest dates for middle and high schools. March 1, 2011: Early Bird registration for the AATF convention in Montreal begins. March 1, 2011: National Endowment for the Humanities application deadlines for K-12 Teachers: Fifteen Summer Seminars and nineteen Summer Institutes College Teachers: Ten Summer Seminars and eleven Summer Institutes See www.neh.gov/projects/si-school.html; Phone: (202) 606 8463. March 15, 2011: Deadline for applications for Walter Jensen Scholarship for Study Abroad (see the AATF web site). March 17, 2011: Screening of “La Rafle” at AJC Seattle Jewish Film Festival, McCaw Hall, University of Washington, 7:30 p.m. For the date and time of two other French films at the festival, see above, page 8. April 9, 2011: WAFLT Spring Regional Conference at Central Washington University, Ellensberg, 9 a.m. - 4 p .m. Mid-April, 2011: Results of le Grand Concours released. April 22-24, 2011: Spring Work Party Weekend, Canoe Island French Camp. April 25, 2011: Deadline for contributions to the summer issue of Le Canard déchaîné. April 28-29, 2011: Symposium commemorating forty years of Canadian Studies, Western Washington University. May 1, 2011: Deadline for Early Bird registration for AATF convention in Montreal June 29, 2011: Open House for adults at Canoe Island (see www.canoeisland.org). July 6-9, 2011: Annual convention of the AATF, Montreal Le Québec: culture nord-américaine, langue française. President: Prof. Mary Anne O’Neil, Whitman College, [email protected] Vice-President and Grand Concours: Catherine Ousselin, Mount Vernon H.S., [email protected] Secretary-Treasurer: Margaret Holland Newcomb, Bishop Blanchet H.S., [email protected] Past President: Misa Bourdoiseau, Education Française Greater Seattle, [email protected] Le Canard déchaîné: John Robin Allen, [email protected] AATF WA/AK/BC/AB Chapter c/o Mary Anne O’Neil Department of Foreign Languages and Literatures Whitman College Walla Walla, WA 99362 To AATF Member: WWW.AATF-NORTHWEST.ORG