prisme - Etudes économiques du Crédit Agricole

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prisme - Etudes économiques du Crédit Agricole
La note de conjoncture Agriculture et Agroalimentaire
prisme
Agriculture et Agroalimentaire, une affaire d’experts
Décryptage
P. 2
04
Juin 2014
SUCRE : Cargill et Copersucar s’allient
pour former un géant du sucre
Lait : FrieslandCampina est en discussions
avec China Huishan Dairy
NÉGOCE : avec Cofco, la Chine fait son marché
Echanges internationaux :
agréments chinois de produits animaux français
nutrition : M&A, le sans gluten aiguise
les appétits
MEUNERIE : l’antitrust autorise la JV Ardent Mills,
1er meunier américain
CLIMAT
P. 4
TOMATE
P. 7
El Niño, la Niña
et les autres
Tomates : l’impact de la Russie
et de la Chine
❙❙ La perspective de bonnes récoltes mondiales pourrait dans les
mois qui viennent être menacée par un retour du phénomène
El Niño, connu pour les perturbations qu’il apporte.
Qui sont au juste El Niño et sa petite sœur la Niña ?
Sait-on comment El Niño peut affecter les récoltes ?
Et au-delà, à quoi peut-on s’attendre quant aux impacts du climat
dans le domaine agricole ?
❙❙ Si la campagne 2014 en tomate fraîche a connu une précocité
favorable en début de campagne, des facteurs ­géopolitiques
la menacent. Le débouché russe, indispensable à l’équilibre du
marché européen, reste sensible aux tensions autour de l’Ukraine.
❙❙ Concernant la tomate d’industrie, les regards se tournent vers
la Chine. Mais sa croissance à l’export semble limitée par
des besoins domestiques en hausse et des arbitrages de récoltes.
PORC .
P. 11
Précautions sanitaires et embargo
politique, quelles conséquences
sur le commerce international de
la viande porcine ?
❙❙ Il a suffi de la seule découverte de deux sangliers porteurs du virus de la peste porcine
africaine en Lituanie pour que les autorités russes trouvent prétexte à refuser depuis plus
de quatre mois toute entrée de viande porcine européenne sur leur territoire.
S’il est connu que cette maladie hémorragique - non transmissible à l’homme, est en revanche
très contagieuse, et à l’issue mortelle fréquente chez le porc domestique -, il est tout aussi
avéré que les foyers persistants en Europe se situent désormais à l’Est, plus précisément
en Biélorussie, dans les pays Baltes et sans guère de doute dans leur voisinage,
c’est-à-dire… en Russie !
PRISME - 04
Note de conjoncture - Juin 2014
DÉCRYPTA GE
Sucre
PRIS ME - 04
Cargill et Copersucar s’allient pour former
un géant du sucre :
Avec Cofco, la Chine fait
son marché :
Négoce
Cargill, multinationale basée aux Etats Unis, et Copersucar, premier
exportateur de sucre brésilien, annoncent leur intention de créer
une co-entreprise les associant à 50 %. Celle-ci sera chargée de
la commercialisation et du négoce de sucre, et devrait prendre la
première place mondiale dans ce domaine. Cette union ne concerne
pas l’éthanol ni les infrastructures des deux sociétés.
Cofco, entreprise publique chinoise, cherche actuellement à acquérir
Unialco, producteur de sucre et d’éthanol au Brésil, après l’échec
récent d’une autre acquisition, Usina Santa Adelia. Ces nouveaux
projets interviennent après que Cofco a conclu des accords pour
prendre le contrôle du négociant en grains néerlandais Nidera et de
l’activité de négoce agricole de Noble.
 Commentaire
 Commentaire
Copersucar SA est la société créée par 47 producteurs de sucre,
regroupés en coopérative depuis 1959. Avec 50 autres usines
dont elle achète le sucre, elle constitue la plus grande entité de
commercialisation de sucre du Brésil (appuyée sur près de 20 %
de la capacité de broyage du pays), et partant, mondiale.
Cargill était le premier négociant de sucre mondial, mais a connu
des difficultés en 2011. L’alliance commerciale évite à Cargill
de s’impliquer industriellement dans le sucre brésilien, et offre à
Copersucar des moyens de commercialisation très larges.
La nouvelle entité se placerait devant les grands négociants
sucriers (Sucden, Louis Dreyfus et ED&F Man).
Ce projet d’accord (qui sera soumis aux autorités de la concurrence)
intervient dans un contexte difficile pour le secteur au Brésil, avec des
marges affaiblies par plusieurs années de prix bas. De plus, Copersucar a subi en octobre un incendie dévastateur dans ses installations
portuaires de Santos qui sont restées hors service pendant des mois.
La prochaine récolte de canne à sucre devrait être en baisse de 5 %
environ au Brésil, du fait de la forte sécheresse qui a affecté le sud
du pays en janvier et février. La situation du secteur se ressent de
plusieurs années de conditions défavorables (récoltes faibles, puis
prix bas).
Elle est contrastée, avec certaines sociétés en difficulté et d’autres
toujours prospères. A titre d’exemple, Biosev (filiale spécialisée du
groupe Louis Dreyfus, second producteur de sucre et d’éthanol au
Brésil) arrête une unité et va revoir à la baisse ses investissements
pour faire face à ce que le groupe considère comme un cycle
prolongé de prix déprimés.
Au Brésil, l’industrie du sucre et de l’éthanol voit dans son ensemble
monter ses dettes à des niveaux élevés, avec des revenus insuffisants pour y faire face. 12 % de la capacité de broyage ne serait
plus dans une situation viable, selon la banque ITAU.
Nutrition
Cofco, ayant plusieurs filiales
cotées et qui est le n°1 du commerce
agricole en Chine (CA de 32 Mds
USD), s’est lancée depuis quelques
mois dans une politique d’acquisitions qui constitue une inflexion
dans la stratégie d’approvisionnement de la Chine.
Ces opérations permettront à Cofco d’accéder directement à une
ressource diversifiée, notamment en provenance d’Amérique du
Sud et d’Europe centrale, tout en permettant à ses partenaires
(car les acquisitions des négociants visent un contrôle à 51 %) un
débouché privilégié sur le marché chinois.
Cofco avait prévu, dans son plan à 5 ans, des acquisitions internationales pour un montant de 10 Mds USD jusqu’en 2015. Il a dépensé
pour l’instant quelques milliards de dollars dans ces prises de contrôle.
La Chine est de loin le premier importateur mondial de soja.
La concentration croissante du négoce international la conduit à
chercher à renforcer ses moyens propres en la matière. Elle était
restée à l’écart de la vague d’acquisitions intervenue ces derniers
temps dans le secteur mondial du négoce agricole.
Le marché du soja en Chine est cependant en situation délicate :
par suite d’une surcapacité, les triturateurs sont en pertes et il
en est résulté des refus de paiement sur des cargaisons de soja
importé. L’activité agriculture de Noble en Chine est du reste un
foyer de pertes sur la période récente, pour cette raison.
Avec ses nouvelles tentatives au Brésil, Cofco, qui détient lui-même
plusieurs sucreries et distilleries en Chine, peut viser l’importation
de sucre et d’éthanol. Unialco est une entreprise de taille secondaire au sein du secteur, avec 3,5 Mt de canne broyée. Elle fait
partie des entreprises brésiliennes qui se retrouvent très endettées
après plusieurs années difficiles.
M&A, le sans gluten aiguise les appétits :
Successivement, deux entreprises, détenues par des fonds d’investissement, positionnées sur le segment dynamique des produits « sans gluten » à
marque viennent d’être cédées à des industriels. Hillshire Brands (CA proche de 4 Mds USD en 2013), spécialisé dans les produits carnés a repris
Van’s Natural Foods, société réalisant 60 M-USD de ventes en 2013 dans les produits surgelés pour petit déjeuner. Hain Celestial spécialiste des
produits biologiques et naturels, réalisant 1,9 Mds de chiffre d’affaires en 2013 s’est porté acquéreur de Rudi’s Organic Bakery, spécialiste des
pains préemballés réalisant près 60 M USD de facturations, confortant ainsi son offre de produits sans gluten.
 Commentaire
Aux USA, selon les résultats d’une étude réalisée en 2013 par NPD Group Survey, près de 30 % de la population
a réduit ou supprimé tout gluten de sa consommation alimentaire. Le segment du sans gluten bénéficie d’une croissance robuste à deux chiffres. Avec les produits biologiques, ils constituent les locomotives des produits de grande
consommation (PGC). Selon Mintel, les lancements de produits relevant de cette allégation ont triplé depuis 2011,
avec 1 700 lancements de nouveaux produits en 2013.
Si ce marché est aujourd’hui évalué à près de 3,2 Mds USD, dont près de 50 % pour les USA, il devrait atteindre
6,2 Mds USD à horizon 2018, selon les projections de MarketsandMarkets. En Europe, l’Allemagne et l’Italie et
dans une moindre mesure le Royaume-Uni bénéficient également de cet engouement. En France, si le sans gluten ne
représente qu’une niche de marché, évaluée à 50 M€ l’intérêt des marques distributeurs pour le segment pourrait
rapidement dynamiser les ventes, l’accroissement des volumes entretenant l’abaissement des coûts de production.
2
DÉCRYPTA GE
Lait
PRIS ME - 04
FrieslandCampina est en discussions avec China Huishan Dairy pour produire
et commercialiser du lait infantile en Chine à travers une joint-venture :
Le groupe laitier néerlandais Friesland Campina est déjà présent en Chine commercialement avec sa marque
Friso de lait infantile et ses ingrédients laitiers. Huishan Dairy possède 50 fermes laitières sur 30 000 ha et est
également présente dans le domaine de la transformation. Elle fabrique notamment du lait liquide et du lait infantile sous la marque Huishan.
 Commentaire
L’ensemble du monde laitier a les yeux tournés vers la Chine, dont les besoins en produits laitiers explosent
avec l’émergence de la classe moyenne et l’évolution des comportements alimentaires (+50 % d’importations de produits laitiers secs en 2013 vs 2012). Concernant spécifiquement le segment des laits infantiles,
les chinois, durablement traumatisés par le scandale du lait frelaté de 2008, ont de surcroît des exigences
extrêmes en matière de traçabilité et de qualité des produits.
Pour y satisfaire, les industriels chinois sont de plus en plus nombreux à investir massivement dans des outils
de production de lait infantile à l’étranger, afin de servir leur marché domestique, comme Synutra et Biostime
en France, Yili et Yashili en Nouvelle Zélande... De leur côté, les industriels étrangers souhaitant exporter
du lait infantile en Chine doivent obtenir la certification et l’accréditation de l’administration chinoise, peu
conciliante, comme vient tout juste de l’obtenir le groupe Lactalis.
Le projet de Friesland Campina - première coopérative laitière européenne, jouissant d’une excellente renommée internationale - et de China
Huishan Dairy - l’un des intervenants laitiers chinois les plus intégrés et donc l’un des plus sûrs en matière de traçabilité amont - répond de
fait également aux exigences de traçabilité et de qualité du marché chinois de la nutrition infantile. L’utilisation au sein de la nouvelle JV du
lait directement produit dans les fermes de Huishan ajoute assurément une dimension politique forte au projet.
ux
Echanges internationa
Agréments chinois de produits animaux français :
quelles opportunités à venir ?
Si le goût des chinois pour les produits laitiers français est connu, la
« première » que constitue l’agrément de trois entreprises françaises
de charcuterie en mars 2014, à l’occasion de la venue en France du
président Xi Jinping laisse espérer une meilleure ouverture aux viandes
françaises du plus grand espace de consommation du monde.
 Commentaire
Les produits carnés français les plus
« visibles », en Chine, sont sans
conteste des pièces de porc congelé,
et en particulier des épaules et des
abats. Avec plus de 30 000 tonnes en
2013, le volume s’est accru de 19 %.
Cependant, on observe une légère
régression des volumes début 2014.
Ce segment a constitué plus des neuf
dixièmes des 122 M€ du chiffre
d’affaires français réalisé en 2013.
On peut y ajouter l’exportation de reproducteurs et de semences
destinés à l’amélioration génétique, notamment en race porcine.
Les Chinois ont une appétence particulière et achètent certains
produits que le marché domestique dédaigne, comme les oreilles
et les pieds de porc, et plus récemment les pattes de volailles.
En revanche, si la consommation de viande bovine se développe
très fortement en Chine, le marché reste fermé à l’Europe pour cause
d’ESB et se fait donc au profit exclusif des viandes australiennes,
néo-zélandaises et sud-américaines, au demeurant plus compétitives.
L’antitrust autorise la JV Ardent Mills,
1er meunier américain :
Meunerie
Née du rapprochement des meuneries de Conagra Foods et Horizon
Mills, co-entreprise de Cargill et de CHS, la JV Ardent Mills dotée
de 44 moulins et trois usines de mélanges, contrôlera un tiers des
capacités de production du marché américain et réalisera un chiffre
d’affaires annuel d’environ 4 Mds USD.
L’antitrust américain a avalisé l’opération sous condition de cession
de quatre moulins industriels situés dans les régions de los Angeles,
Dallas, Minnéapolis et Bay Aerea.
 Commentaire
Le nouvel acteur détiendra après cession de 4 moulins entre 32 et
34 % de part de marché, soit près du double de son poursuivant
ADM Milling qui revendique 17 % de part de marché.
Si la situation d’oligopsone ne change pas fondamentalement en
termes de concentration de part de marché, la suppression de la
concurrence entre les composantes de la co-entreprise inquiète les
160 000 producteurs céréaliers nord-américains. Ils craignent une
pression à la baisse sur les cours de blé, qui pourrait se manifester
plus ou moins intensément selon les régions, du fait d’un nombre
restreint de demandeurs.
De plus, l’opération tend à renforcer le schéma d’intégration verticale, combinant le sourcing des grains de Cargill en amont avec
les activités de panification et de transformations alimentaires de
Conagra en aval.
En matière de produit élaborés, l’ouverture est réelle mais l’essentiel du chemin reste à parcourir. A l’image des produits espagnols
et italiens qui l’ont précédée, la charcuterie française doit miser
résolument sur le haut de gamme, associé à une identification
forte au terroir. Désormais, pour le jambon cuit, le jambon de
Bayonne et le saucisson sec rouergat qui ont obtenu le droit de se
vendre, il ne reste plus qu’à convaincre des acheteurs…
3
C L IM AT
PRIS ME - 04
El Niño, la Niña
et les autres
La perspective de bonnes récoltes mondiales pourrait dans les mois qui viennent être menacée par un retour du phénomène El Niño, connu pour les perturbations qu’il apporte. Qui sont au juste El Niño et sa petite sœur la Niña ?
Sait-on comment El Niño peut affecter les récoltes ? Et au-delà, à quoi peut-on s’attendre quant aux impacts du climat
dans le domaine agricole ?
❙ El Niño revient !
Qu’est-ce au juste qu’El Niño, et son antithèse, la Niña ?
Il s’agit d’un phénomène météorologique récurrent et planétaire, lié à des changements massifs du régime des vents et
de la température au sein du Pacifique. Les alizés, qui normalement poussent les masses d’eau chaude superficielles d’est
en ouest, faiblissent, laissant la température de l’océan
s’élever du côté des côtes sud-américaines. En conséquence,
les pluies ordinairement abondantes du côté de l’Asie du
sud-est se déplacent elles-mêmes vers l’est et se retrouvent au
dessus de l’océan.
Quand le phénomène s’inverse (refroidissement des côtes
ouest de l’Amérique du sud), on parle de la Niña. Les deux
phases alternent dans une oscillation nommée globalement
ENSO (El Niño-Southern Oscillation)1 avec un pic qui revient
à peu près tous les 2 à 5 ans. La situation est reflétée par un
indice représentant l’anomalie de température des eaux du
Pacifique (El Niño et la Niña correspondent à une anomalie
au-delà de +0,5 ou en dessous de -0,5 °C). L’épisode de
97-98 a été le plus fort El Niño connu, et cela correspond
en général à un réchauffement temporaire de l’atmosphère
terrestre.
❙❙ Indice océanique El Niño
3-Month Nino Region 3.4 Average
El Niño, et
son cortège de
catastrophes, a
une probabilité
estimée (début
mai) à 80 %
d’être installé à
la fin de l’année
On en parle de plus en plus fort : El Niño, et son cortège de
catastrophes, a une probabilité estimée (début mai) à 80 %
d’être installé à la fin de l’année. On ne l’avait pas revu
depuis 2009/10 : comme les modèles sont pris au sérieux
dans ce domaine, l’inquiétude renaît.
Source NOAA
❙ Pourquoi El Niño fait peur
El Niño est à l’origine de catastrophes un peu partout dans
le monde : sécheresses, inondations, cyclones… avec bien
sûr un retentissement sur le plan agricole. La Niña, elle, n’a
pas la même capacité perturbatrice, même si son effet n’est
pas neutre.
Certains effets d’El Niño sont clairs. En particulier sur les
pêcheries des côtes péruviennes et alentours : en freinant
les remontées d’eaux froides qui font la richesse halieutique
de la région, le phénomène a un impact sévère sur cette
industrie - et potentiellement sur le marché des protéines à
usage industriel.
Comme la sécheresse en Asie du sud-est et en Australie est un
des points saillants d’un épisode El Niño, l’impact est négatif
sur la production d’huile de palme. Ceci étant, parmi les
récents épisodes, seul 97/98 a connu une véritable baisse
globale de la production. Un effet induit peut alors affecter le
prix des huiles végétales dans leur ensemble.
1- El Niño, oscillation australe
4
C L IM AT
PRIS ME - 04
❙❙ Effets climatiques d’El Niño : décembre-février et juin-août
70°N
70°N
Warm
Warm
Warm
Dry
Wet
Wet
Dry
Warm
Dry
Wet
Warm
60°E
Wet & Cool
Wet & Warm
Dry
&
Warm
0°
Warm
120°E
50°N
50°N
Wet
Dry
30°N
10°N
Dry & Warm
Wet
Dry
10°N
10°S
Warm
Warm
Dry
30°S
Dry & Cool
Wet
Wet
120°W
10°S
30°S
50°S
50°S
180°
30°N
60°W
0°
120°E
60°E
180°
120°W
60°W
Source : PMEL NOAA, TAO program 2
❙ Au-delà, les effets sont diffus et restent difficiles à prévoir
En effet, l’impact d’El Niño dépend de la force de l’épisode, mais aussi de
la saison à laquelle il se manifeste. Le maximum intervient toujours en fin
d’année - d’où son nom, celui de l’enfant Jésus, donné par les populations
côtières du Pérou et de l’Equateur - mais la date du démarrage varie : souvent
en mai, il peut cependant tarder jusqu’en septembre. Selon la phase où elles
se trouvent, les cultures sont affectées de façon plus ou moins critique.
Différents travaux ont été menés sur l’impact d’El Niño sur les rendements
agricoles. Le dernier en date 3 porte sur l’effet de l’ENSO quand il affecte
les 3 derniers mois avant la récolte, pour le blé, le maïs, le riz et le soja.
Il aboutit à des impacts significativement négatifs sur le rendement pour le
blé (Australie, nord de la Chine - alors que la Mer Noire est plutôt favorisée)
avec -1,4 % en moyenne générale, et le maïs (Etats Unis, Chine… alors que
le Brésil est avantagé) avec une moyenne de -2,3 %. Le soja au contraire est
favorisé (+3,5 % : Etats Unis, Brésil surtout). L’huile de soja verrait alors son
rôle renforcé puisque la production d’huile de palme pourrait fléchir.
Cette étude affiche un taux de fiabilité élevé pour le sens de l’impact
trouvé, ainsi qu’une concordance avec la plupart des études régionales
antérieures. Pourtant, les financiers qui cherchent à “capter” le phénomène à travers des achats d’actifs liés aux matières premières fournissent
des analyses qui ne convergent pas forcément avec ces conclusions.
Ne spéculons pas sur El Niño !
L’effet sur d’autres produits peut être important, mais reste encore plus
aléatoire. Pour le sucre par exemple, la récolte peut baisser en Asie :
en Inde, avec une mousson réduite, en Australie, en Thaïlande, avec les
conditions plus sèches de l’Asie du sud-est. Mais au sud du Brésil ce sont
des pluies plus abondantes qui surviennent le plus souvent : ceci favorise
la production - mais peut aussi perturber fortement la récolte et faire baisser
le taux de sucre dans la canne !
Au total, les impacts de l’ENSO sur la production agricole, et sur les prix,
restent toujours une question de probabilité…
Au-delà des matières agricoles, le phénomène impacte d’autres produits
d’une manière qui pourrait paraître improbable - par exemple le nickel, si
les mines et la logistique sont affectées par des inondations. Il affecte plus
largement l’économie dans son ensemble : une étude de 1998 toujours
citée arrive à la conclusion qu’El Niño expliquerait plus de 20 % des
variations de prix des matières premières (tous produits confondus) et 10 à
15 % des variations de l’inflation et du PIB mondiaux.4
❙ Mais il n’y a pas qu’El Niño
Comment vont à l’avenir évoluer tous ces oscillateurs ? Le changement
climatique, en chauffant davantage le système, devrait jouer un rôle.
Mais compte tenu de la grande variabilité du phénomène, le GIEC ne
se prononce pas pour l’instant sur la manière dont l’ENSO va évoluer, à
part l’annonce d’une variabilité accrue des précipitations qui lui sont liées.
En revanche l’impact du changement climatique sur les rendements agricoles est déjà une réalité : c’est ce qu’annonce pour la première fois le
dernier rapport du GIEC 5. L’impact ainsi mis en évidence est perceptible
sur le blé (2 % de rendement perdu sur 10 ans) et aussi sur le maïs (1 %
environ). Seules les régions situées à une latitude élevée échappent à cette
conclusion.
(% de variation sur 10 ans)
2
0
–2
−4
(% d’évolution par décennie)
L’Europe est plus directement affectée par l’Oscillation Nord-Atlantique
(NAO), connue depuis plus longtemps (1920). Elle joue sur la différence
de pression atmosphérique entre les Açores et l’Islande et modifie plutôt les
conditions hivernales : son impact agricole est donc atténué.
❙❙ Impact du changement climatique sur les rendements
impact sur les rendements u
En 1999 a été mis en évidence le Dipôle de l’océan Indien, qui affecte les
eaux d’une manière analogue à l’ENSO dans le Pacifique. Il lui est du reste
corrélé, ce qui pourrait permettre d’anticiper davantage dans la prévision
des épisodes ENSO. Le Dipôle, comme El Niño, peut affecter la mousson
en Inde et aussi causer des sécheresses en Indonésie et en Australie.
90th percentile
75th percentile
Median
25th percentile
10th percentile
−6
Tropical
Tempéré
Région
Blé
Soja
Riz
Maïs
Cultures
Source GIEC 5
Lecture du graphique : par ex. pour le blé (wheat) l’impact moyen sur le rendement sur 10 ans
est de -2 %. 50 % des impacts constatés sont dans la bande orangée (entre -1 % et -3,5 %)
et 90 % des impacts constatés sont compris dans le rectangle blanc et orange (de 0% à -5 %).
2- PMEL : Pacific Marine Environmental Laboratory, NOAA : National Oceanic and Atmospheric Administration, US dept of commerce ; Tao : Tropical Atmosphere Ocean Project.
3- Iizumi et al., Impacts of El Niño-Southern Oscillation on the global yields of major crops (impacts d’ENSO sur les rendements mondiaux des principales cultures), Nature Communications 5.3712
doi: 10.1038/ncomms4712 (publié le 15 mai 2014).
4- AD. Brunner, El Niño and world primary commodity prices: warm water of hot air ? (El Niño et le prix des matières premières : de l’eau chaude ou du vent ?) Board of the FED, April 1998.
5- Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat ; 5e rapport, 2013-2014.
5
C L IM AT
PRIS ME - 04
Cela rejoint les travaux conduits en France qui concluent que
la stagnation des rendements en blé sur les dernières années
est en premier lieu à attribuer à la température (au nord) ou
à la sécheresse (au sud). Une étude publiée dans Science en
mai dernier 6 indique de son côté que les variétés de maïs
cultivées aux Etats Unis présentent une sensibilité croissante
aux conditions sèches, leur potentiel ne s’exprimant que dans
des conditions suffisamment arrosées.
L’article annonce ainsi des baisses potentielles de rendement
par la suite, surtout pour le maïs. La sélection variétale devra
rechercher un ensemble de performances plus large, incluant
la résistance à diverses conditions climatiques défavorables,
ce qui est moins facile que d’accroître le rendement en
bonnes conditions.
❙❙ Prix soja, blé, maïs, pétrole et épisodes El Niño
1200
1000
800
600
400
Pétrole USD/t 0
Soybeans (US cif Rotterdam) b/ $/mt
1/14
5/13
9/12
1/12
5/11
9/10
1/10
5/09
9/08
1/08
5/07
9/06
1/06
5/05
9/04
1/04
5/03
9/02
1/02
5/01
9/00
1/00
5/99
9/98
1/98
5/97
9/96
1/96
5/95
9/94
1/94
5/93
9/92
0
1/92
200
Wheat, US, HRW (US Gulf port) b/ $/mt Blé USA HRW
Maize (n°2 yellow fob US Gulf ports) b/ $/mt Maïs USA
Source : Banque mondiale, Agreste
6- David B. Lobell et al., Greater Sensitivity to Drought Accompanies Maize Yield Increase in the U.S. Midwest (Une plus grande sensibilité à la sécheresse accompagne l’augmentation des rendements du maïs dans le Midwest), Science 2 May 2014.
6
TOM ATE
PRIS ME - 04
Tomates :
l’impact de la Russie
et de la Chine
Si la campagne 2014 en tomate fraîche a connu une précocité favorable en début de campagne, des facteurs
­géopolitiques la menacent. Le débouché russe, indispensable à l’équilibre du marché européen, reste sensible aux
tensions autour de l’Ukraine.
Concernant la tomate d’industrie, les regards se tournent vers la Chine. Mais sa croissance à l’export semble limitée par
des besoins domestiques en hausse et des arbitrages de récoltes.
Deux filières pour un produit
Légume le plus consommé dans le monde, la tomate couvre
la plupart des zones géographiques. Mais ses caractéristiques en termes de débouchés, de commerce international
apparaissent bien distinctes entre le frais et le transformé.
Deux filières également bien à part sur le plan des variétés et
des systèmes de production.
Les marchés de la tomate destinée au frais sont principalement régionaux. Car le produit reste fragile, à faible durée
de conservation. Il se cultive essentiellement sous serre.
En Europe, dont les principaux bassins de production se
situent en Espagne, Italie, Pays-Bas, France, Belgique, une
spécialité hollandaise s’est imposée dans les pays producteurs. C’est la serre verre, qui protège des maladies et ravageurs et permet de limiter les traitements. Un autre avantage
est de permettre la culture quasiment toute l’année. Mais
le coût est élevé. Une installation classique représente en
moyenne un investissement d’un million d’euros par hectare
et 5 ETP/ha pendant l’essentiel de l’année. Sans oublier la
facture de chauffage. Le gaz naturel, utilisé dans la plupart
des cas, est souvent accompagné de cogénération pour
réduire les frais, voire remplacé par des sources d’énergie
moins chères, comme la chaleur d’un incinérateur par
exemple.
La tomate fraîche du Maroc présente un autre visage.
Cultivée sous serre plastique, elle est destinée à l’export.
Une majorité prend la direction de la France, surtout en
contre-saison, d’où une part est réexpédiée vers le Nord de
l’Europe. Une ligne maritime avec Saint-Pétersbourg permet
aussi au Maroc d’exporter directement vers la Russie.
Sur la tomate transformée, un marché mondial s’est créé,
particulièrement autour du concentré, avec comme poids
lourds les États-Unis, l’Italie et la Chine. Rien à voir avec
le frais, qui repose sur de nombreuses variétés permettant,
dans certains pays, de segmenter l’offre aux consommateurs.
Il s’agit cette fois de fournir un produit répondant aux attentes
des industriels. Les deux filières se distinguent aussi sur le plan
de la main d’œuvre. Pour le frais, la récolte s’effectue à la
main. Côté industrie, cela passe beaucoup par la mécanisation, en particulier dans les pays développés.
Le marché du frais sous influence géopolitique
Asie
Amérique
Centrale
Tomate
Source : FAOSTAT 2014
Europe
Amérique Amérique
du Nord du Sud
Autres légumes
Océanie
Total
Monde
Export
Fraiches
Import
Fraiches
Export
Transformées
Export
Sauces
France
Canada
Italie
USA
Japon
Import
Transformées
Royaume-Uni
Afrique
Pays-Bas
0
Royaume-Uni
20
USA
40
Allemagne
60
Italie
80
Chine
100
Allemagne
120
USA
140
Russie
2000
1800
1600
1400
1200
1000
800
600
400
200
0
160
Espagne
180
Mexique
(en 2012)
Pays-Bas
❙❙ Échanges internationaux de tomates fraiches, transformées et sauces
(en 2009)
kg/hbt/an u
❙❙ Consommation de tomates et autres légumes par habitant
Import
Sauces
Source : UN Comtrade 2014
7
TOM ATE
PRIS ME - 04
❙ L’Europe dépend partiellement du marché russe
Bataillé et soumis à des aléas géopolitiques croissants, le
marché du frais impose aux opérateurs de viser l’excellence
et l’innovation, et de diversifier toujours davantage leurs
débouchés. La crise en Ukraine vient le rappeler. Elle fait
craindre aux exportateurs européens des mesures de rétorsion venant de Moscou. La Russie, premier importateur
mondial de fruits et légumes frais (8 M de tonnes et 8 Mds
de dollars en 2012), est susceptible de fermer ses frontières
de manière brutale, le plus souvent pour des motifs d’ordre
phytosanitaire, officiellement. Or, les volumes qui lui sont
expédiés, le plus souvent par ou via les Pays-Bas, contribuent
au fragile équilibre du marché européen : quelques pour
cent en plus ou en moins suffisent à le déstabiliser. La tomate
ne fait pas exception. Avec 800 000 t en frais, la Russie
apparaît comme le second importateur mondial derrière
les États-Unis. Ses principaux fournisseurs sont la Turquie,
l’Union européenne (Pays-Bas, Belgique, Espagne, Pologne),
le Maroc.
❙❙ Destination de la production - frais / transformé
50 000
45 000
40 000
35 000
30 000
25 000
20 000
15 000
10 000
5 000
0
Chine
Destination transformation
Frais
Inde
États-Unis
Turquie
Italie
3230
130
46895
17370
Espagne
Portugal
11948
1750
1259
9600
Maroc
Grèce
4500
1935
632
2072
Pays-Bas
France
Belgique
1190
130
390
0
192
0
203
1089
590
805
397
232
Source : FAOSTAT et WPTC 2013
❙ La consommation inquiète
La campagne 2014, contrairement à la précédente, bénéficie d’une précocité favorable à la consommation, avec de
plus une stabilité des surfaces en Europe. Des inquiétudes
demeurent, comme sur la production ibérique, menacée
par l’extension du virus New Delhi, présent à Almeria.
Autrement plus grande est celle à propos de la consommation, surtout en Espagne, où les ménages semblent
limiter leurs dépenses en produits frais. Dans ce genre de
situation, les opérateurs espagnols se tournent massivement vers l’export, avec des prix cassés. Exemple avec les
fruits d’été en 2013, les fraises en 2014. La météo, qui
influence largement la consommation en Europe de l’Ouest,
semble donc, plus que jamais, primordiale cette année.
❙ La tomate française en haut du panier
La production
française
apparaît très
segmentée,
marketée et se
vend d’abord
en grandes
surfaces
❙❙ Répartition des importations françaises de tomates
fraiches
7%
2%1% 2%
Autres
7%
53%
28%
Maroc
Espagne
Belgique
Pays-Bas
Tunisie
Italie
Source : Douanes françaises janvier à octobre 2013
La production française apparaît très segmentée, marketée et
se vend d’abord en grandes surfaces, contrairement au cas
de l’Espagne ou de l’Italie. Elle n’assure pas l’autosuffisance,
avec environ 570 000 t pour une consommation avoisinant
800 000 t. Le marché national est largement ouvert aux
importations (400 000 t) en provenance du Maroc, d’Espagne, de Belgique et des Pays-Bas, tandis que les exportations sont dirigées vers l’Allemagne (35 %), la Belgique, les
Pays-Bas, la Pologne. S’il rémunère mieux l’origine France,
c’est en lien avec les efforts qualitatifs des opérateurs. De
nombreuses marques sont proposées : Savéol, Les Paysans
de Rougeline, Océane, Solarenn, Jardin de Rabelais, pour
ne citer que les plus connues, pour les spécialistes de la
tomate, et Prince de Bretagne pour l’ensemble des légumes
bretons. La diversité de produits est importante, avec de petits
calibres (tomates cerises, cocktail), des variétés anciennes
comme la cœur-de-boeuf, la noire de Crimée ou l’Ananas.
Des emballages, souvent innovants, apportent une bonne
présentation, des conseils d’utilisation, un usage nomade et
la mise en valeur de la marque, si rare au rayon fruits et
légumes.
8
TOM ATE
PRIS ME - 04
L’avance acquise ne dure toutefois jamais longtemps. Même vis-à-vis des
origines lointaines. Si les Marocains n’ont jamais pu concurrencer les Européens en tomates grappes rondes, ils sont bien placés en prix sur la tomate
cerise. Au printemps, le marché européen a d’ailleurs pâti d’une offre surabondante en petits fruits, vecteur de baisse des prix malgré une conjoncture favorable. De même, la cœur-de-boeuf semble atteindre ses limites en
tonnages, les autres variétés anciennes attirant certains de ses acheteurs.
Alors, jusqu’où aller dans la différenciation de l’offre ? Les principaux
opérateurs formulent cette réponse : aussi loin que la génétique et le
porte-monnaie du consommateur le permettent. Pour eux, le marché français, avec 17 % de petits fruits et variétés anciennes, est encore en retard
sur le britannique (30 %), un précurseur. Mais les opérateurs doivent éviter
la multiplication des références, les rayons n’étant pas extensibles à l’infini
et les consommateurs risquant d’y perdre leur latin. La dernière enquête du
RNM (Réseau des nouvelles de marchés) ne dénombrait-elle pas 250 références en France pour 73 types de tomates ?
❙❙ Production de tomate à destination du frais
(en 2012)
Bretagne
33 % (-8 %)
En tonnes
de 700 à 25 000
de 25 000 à 50 000
de 50 000 à 100 000
Pays de Loire
15 % (+15 %)
Source : Agreste
de 100 000 à 150 000
de 150 000 à 195 000
Provence-AlpesCôte d’Azur
21 % (-30 %)
Sur le marché industriel, une hiérarchie contestée
❙ Trois leaders de la tomate transformée
❙❙ Consommation moyenne par habitant
(en 2011)
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
essentiellement dans le Xinjiang (Nord-Est), aux vastes terres
disponibles, et vise le concentré de tomate, plus facile à
exporter. Deux groupes locaux dominent le marché et réalisent
plus de la moitié des exportations : Cofco et Chalkis. Après
avoir ciblé les pays voisins, le pays étend ses exportations
vers l’Europe, la Russie et l’Afrique. Sa production connaît de
fortes amplitudes. De 6,5 Mt en moyenne ces cinq dernières
années, elle oscille de 3,2 à 8,5, les prévisions 2014 s’établissant à 5,7 Mt. En cause, la météo et l’arbitrage avec les
cultures de maïs et coton.
Les États-Unis, avec 11 Mt réalisées à 95 % en Californie,
sont presque entièrement tournés sur le marché intérieur. Leurs
exportations représentent moins de 6 % de leur production,
mais progressent ces dernières années et surtout pèsent sur
le marché mondial.
Kg/personne/an u
Trois pays
représentent
en 2013 près
de 60 % de la
production
La filière industrielle pèse un quart de la production mondiale
de tomate, avec d’importantes disparités : les pays occidentaux en sont bien plus friands que les émergents, dont
l’Inde et la Chine, qui ne l’ont pas encore intégrée dans leurs
habitudes alimentaires. Son potentiel semble réel, malgré le
coup de frein dû à la crise. La tomate bénéficie d’une bonne
image, ayant des propriétés antioxydantes. Il s’agit surtout
d’un produit facile à transformer puis à transporter.
Chine
Europe
Transformé
États-Unis
Frais
Source : WPTC
Trois pays représentent en 2013 près de 60 % de la production. Derrière les États-Unis, intouchables, l’empire du Milieu
s’est invité sur le podium, disputant à l’Italie sa seconde place.
La Chine a lancé son industrie de transformation de tomates
dans les années 80. D’abord balbutiante, elle a connu
un essor à partir du milieu des années 90, allant jusqu’à
25 % de croissance annuelle. Cette production est localisée
L’Italie, pays à l’origine de la transformation de la tomate au
16e siècle, est quant à elle orientée vers l’export. De ses 4 à
4,5 Mt produites, environ 40 % partent à l’étranger, d’abord
l’Europe de l’Ouest, mais aussi les États-Unis et l’Afrique.
Le pays fait jouer comme atouts, une tradition, une image de
qualité. Son positionnement haut de gamme est nécessaire,
compte tenu des coûts de production qui figurent parmi les
plus élevés. Des interrogations surviennent néanmoins par
rapport à la concurrence chinoise et la défense de l’image
du « made in Italy ». En témoignent les récents débats sur
la réforme de la Pac, n’intégrant pas en première intention
la filière tomate, ou le souhait du gouvernement d’imposer
la mention d’origine des ingrédients, pour lutter contre les
importations de concentré chinois, parfois utilisés pour une
seconde transformation. Néanmoins, il faut relativiser : à leur
plus haut en 2011, les importations en provenance de Chine
ont atteint 132 000 t, soit 2,7 % de la production italienne.
9
TOM ATE
PRIS ME - 04
❙❙ Top ten des producteurs de tomates transformées
(en 2013)
Pays
Tonnage (000)
% production mondiale
1
Etats-Unis
11 502
35 %
2
Italie
4 080
12 %
3
Chine
3 850
12 %
4
Turquie
2 150
7%
5
Iran
1 900
6%
6
Espagne
1 650
5%
7
Brésil
1 500
5%
8
Portugal
997
3%
9
Chili
682
2%
10
Tunisie
618
2%
Monde
33 022
100 %
Source : FAM
❙ Aucun raz-de-marée chinois en vue
Le potentiel énorme de la tomate chinoise interpelle. Après
une très forte croissance sur les deux dernières décennies,
peut-elle devenir numéro un mondial ? A l’opposé de cette
progression, quelques pays, comme la France, ont disparu ou
presque du marché. Cette dernière ne dispose plus que de
quelques acteurs non significatifs sur le plan mondial (<0,6 %
du marché). Mais la Chine est encore loin du compte avec
10 à 15 % de la production mondiale, sauf à considérer sa
part de 37 % des exportations mondiales de concentré. Par
ailleurs, divers pays bénéficient aussi de coûts de production
peu élevés, à commencer par la Turquie et dans une moindre
mesure l’Espagne, qui a de réelles capacités à l’export. Autre
élément de réponse, les prévisions de croissance du marché
chinois tablent sur un doublement de la consommation intérieure entre 2012-17. Les volumes en jeu, 200 000 t, peuvent
sembler faibles, ils représentent tout de même un sixième des
exportations. La Chine ne devrait donc pas envahir le marché
mondial de la tomate concentrée. Devant elle, l’Italie apparaît
comme un solide leader à l’export, tous produits confondus,
s’appuyant sur l’image, l’innovation et la qualité de ses produits.
❙❙ Exportations de dérivés de tomates (en tonnes)/Top 25
(en 2011)
Pays
Concentrés
Conserves
Sauce, Ketchup
Total
%
1
Italie
700 377
1 164 845
83 750
1 948 972
35,3 %
2
Chine
1 128 459
5 091
15 266
1 148 816
20,8 %
3
Etats-Unis
354 439
64 932
246 037
665 408
12,1 %
4
Espagne
224 115
128 032
46 544
398 691
7,2 %
5
Portugal
195 109
12 586
17 307
225 002
4,1 %
6
Pays-bas
26 085
2 394
194 330
222 809
4,0 %
7
Turquie
72 616
15 336
28 238
116 190
2,1 %
8
Chili
91 733
303
5 090
97 126
1,8 %
9
Grèce
58 570
34 703
1 752
95 025
1,7 %
10
Allemagne
20 375
7 461
65 251
93 087
1,7 %
Monde
3 050 053
1 485 242
982 521
5 517 816
Source : FAM / WPTC
12 000
10 000
8 000
milliers t - monde u
14 000
milliers t u
❙❙ Evolution de la production de tomates transformées des principaux pays producteurs
6 000
4 000
40 000
Monde
35 000
Chine
30 000
Etats-Unis
25 000
20 000
15 000
10 000
2 000
0
45 000
5 000
2002
Source : WPTC
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
(prev.)
Italie
Espagne
Turquie
Brésil
0
10
Porc
PRIS ME - 04
Précautions sanitaires et embargo politique,
quelles conséquences sur
le commerce international
de la viande porcine ?
Il a suffi de la seule découverte de deux sangliers porteurs du virus de la peste porcine africaine en Lituanie pour que les
autorités russes trouvent prétexte à refuser depuis plus de quatre mois toute entrée de viande porcine européenne sur leur
territoire. Cette maladie hémorragique n’est pas transmissible à l’homme mais elle est en revanche très contagieuse chez
les suidés, et son issue est fréquemment mortelle chez le porc domestique. D’autre part, il s’avère que les foyers persistants
en Europe se situent désormais à l’Est, plus précisément en Biélorussie, dans les pays Baltes et sans guère de doute dans
leur voisinage, c’est-à-dire… en Russie !
Depuis, malgré la poursuite active des investigations en
matière d’animaux infectés, dans les pays baltes, au point
que certains craignent une accélération de la diffusion de la
maladie provoquée par la fuite des animaux pourchassés,
pratiquement aucun autre cas de maladie n’a été détecté,
ce qui n’empêche pas les autorités russes de maintenir
leur embargo. Accessoirement, les initiatives prises par les
autorités européennes ne suscitent pas le consensus, pour
le moins. Après qu’elle eut rappelé à l’ordre certains pays
(Danemark, France) qui tentaient de nouer des contacts
bilatéraux avec la Russie en contradiction avec les règles
de l’Union, la Commission européenne a choisi de porter
­l’affaire devant l’OMC pour refus injustifié de commercer,
une procédure qui n’enthousiasme guère les principales
filières nationales, dans la crainte d’un enlisement de la
procédure et du relâchement de la pression sur Moscou.
...
la Commission
européenne a
choisi de porter
­l’affaire devant
l’OMC pour
refus injustifié
de commercer
Il est vrai qu’au fil des années, le marché russe a pris une
place prépondérante parmi les destinations du porc communautaire. Non seulement le volume importé a rapidement cru
jusqu’à un pic de 810 000 tonnes en 2008, mais en outre,
les exigences croissantes des services sanitaires avaient
progressivement disqualifié un certain nombre d’opérateurs
du Brésil qui avait dû céder son leadership aux européens
à partir de 2010. Depuis, et jusqu’en 2012, près de 70 %
des importations russes de produits porcins provenaient de
l’Union européenne, soit 750.000 tonnes, ce qui correspondait l’an dernier au quart des exportations communautaires.
grippe aviaire en France en 2009, mais aussi le coûteux
refus d’importer tous fruits et légumes européens en juin-juillet
2011 à la suite de la découverte d’infections à l’E.Coli… sur
des produits issus de grains importés d’Egypte !
Certains embargos durent longtemps : l’Espagne ne livre
pratiquement plus de viande de porc en Russie depuis 2009
(grippe porcine), tandis que toute viande polonaise a été
interdite sur le sol russe de novembre 2005 à décembre
2007. Enfin, la Russie n’a levé l’embargo sur la viande
bovine britannique, suite à l’ESB, qu’en 2012, soit 26 ans
après.
Mais c’est la première fois qu’au motif d’animaux sauvages
détectés près de leur frontière, les autorités russes refusent
une viande quelle que soit son origine, depuis les 28 pays
de l’Union.
Le passé ne plaide pas en faveur d’un relâchement facile,
ne serait-ce que parce que les Russes se sont sans doute
souvenus que l’apparition de cas de pestes porcines en
Géorgie, puis en Russie à partir de 2007 avait conduit les
autorités de Bruxelles à fermer la frontière. L’enjeu était bien
entendu plus faible, mais cependant non négligeable aux
frontières russo-baltes.
Aussi, même si semble se profiler un nouveau marché prometteur - la Chine -, cette situation a tout pour inquiéter les filières
porcines européennes, dont il convient de rappeler qu’elles
sont globalement structurellement excédentaires, avec 11 %
de leur débouché hors de l’Union européenne, et quasi
exclusivement vers l’Est.
Les autorités sanitaires de Moscou n’en sont pas à leur coup
d’essai en matière d’embargo sur des importations agroalimentaires : on peut citer en particulier comme prétextes
le virus de Schmallenberg (de janvier à juin 2012) vis-àvis du bœuf nord-européen, le lavage en solution chlorée
des volailles américaines (de janvier à juin 2010), ou la
11
Porc
PRIS ME - 04
L’intransigeance russe : une posture prévisible à l’issue…
imprévisible
❙❙ Viande de porc : évolution 2008-2012 des productions
domestiques dans les principaux pays producteurs
60 000
50 000
40 000
30 000
20 000
milliers de tec 10 000
0
+9,17 %
+0,39 %
+0,42 %
+22,62 %
Russie
Chine
UE
2008
+14,93 % +13,55 %
USA
Brésil
3 500
3 000
2 500
2 000
1 500
1 000
500
Importations
2013
2012
2011
2010
2009
2008
2007
2006
2005
0
2003
les progrès
accomplis en
matière d’autosuffisance
en volaille
montrent le
­chemin à la
filière porcine
russe
Il n’est pas nécessaire de rechercher une explication particulière à ce boycott du côté des événements politiques qui se
déroulent en Ukraine. Il est à peu près sûr que le prétexte de la
peste africaine aurait suffi à la Russie, dans toutes les circonstances, à fermer ses frontières. Après la chute du régime
soviétique, la production s’est effondrée de près de moitié et
ce n’est que depuis deux ans à peine que l’agriculture russe
apporte un volume de viande porcine à peu près équivalent
à ce qu’il était voici vingt-deux ans… Mais entretemps, tout a
changé ou presque : les fermes collectives ont disparu pour la
plupart, alors qu’un petit nombre d’entre elles, privatisées, ont
pu se moderniser et peuvent se comparer aujourd’hui à celles
des grandes nations productrices. De nouveaux élevages
modernes voient le jour chaque année et c’est sur eux que
repose l’accroissement de la production, encouragés par les
autorités, y compris à l’aide de subventions directes (l’équivalent de 216 M€ en 2012). Les petits élevages familiaux
qui ont pu faire la jonction entre les deux périodes voient leur
contribution diminuer rapidement, d’autant que les exigences
sanitaires croissantes les écartent du marché.
❙❙ Russie : bilan domestique de la viande porcine
2004
En réalité, la Russie se serre la ceinture, ou plutôt les autorités
encouragent le consommateur russe à se tourner en priorité
vers la production domestique, ce qui a pour effet de faire
monter les prix intérieurs à des niveaux que nous pourrions
juger surprenants : le kilo vif s’est renchéri de 44 % entre la
fin janvier et la mi-mars 2014, pour atteindre l’équivalent de
2,10 €. L’objectif est clairement de consolider la filière, à
commencer par les éleveurs dont le revenu est ainsi conforté
face aux produits importés. Mais la pénurie sert aussi les
transformateurs qui peuvent répercuter sans risque le surcoût
de leur matière première. Ceci en sachant que bien souvent
en Russie, les abatteurs-transformateurs possèdent aussi de
grands ateliers de naissage et d’engraissement.
D’un point de vue purement économique, la nécessité
d’importer encore une telle proportion de viande est un pur
scandale pour les autorités russes : théoriquement le pays
possède largement la capacité, en surface, en potentiel agronomique et en ressource hydrique, non seulement d’entretenir
un élevage porcin suffisant pour satisfaire une population qui
stagne mais dont la consommation par habitant s’accroît
rapidement - 22 kg aujourd’hui, sans doute plus de 26 à la
fin de la décennie (comparables aux 28 kg par français en
2013) -, mais en outre celle de produire l’aliment nécessaire à
cet élevage. Ce qui lui fait défaut relève uniquement du savoirfaire, accentué par une politique d’incitation souvent heurtée.
Cependant, les progrès accomplis en matière d’autosuffisance
en volaille montrent le chemin à la filière porcine russe. Voici
vingt ans, la Russie importait - principalement des Etats-Unis plus de la moitié de la viande de poulet qu’elle consommait.
Désormais, l’autosuffisance est pratiquement acquise.
milliers de tec A y regarder de plus près, la persévérance russe à se priver
d’une production en réalité très sûre sur le plan sanitaire il faut remonter au milieu des années 1990 pour trouver la
dernière infection d’un élevage de l’Union européenne, et
même 1974 en France - accessible facilement et à un coût,
transport inclus, comparable, dans la moyenne aux produits
américains, a plus d’une explication. Mais on peut souligner tout d’abord que ce déficit d’importation n’est pas, ou
très mal compensé par le recours à d’autres provenances.
Ainsi, c’est le Brésil qui devrait massivement se substituer à
l’Europe. Or il n’en est rien : les exportations brésiliennes du
premier trimestre vers la Russie sont supérieures de 11 % à
celle de 2013, ce qui, en une année, ne représente guère
plus de 15 000 tonnes supplémentaires.
Production
Source : FAO
Pour aller vite, le pouvoir a désormais clairement fait le choix
de confier à de grands opérateurs, y compris à capitaux
étrangers 1, la reconstruction de la filière. Le nouveau modèle
russe est constitué d’unités géantes installées ex nihilo à
égale proximité des terres d’approvisionnement en céréales
et protéines nécessaires à la fabrication de l’aliment et
des centres urbains consommateurs. La progression de la
production domestique est rapide, mais elle marque le pas
cependant en 2013 : +2,5 % après une moyenne de près
de 7 % par an entre 2010 et 2013. La corrélation entre ce
ralentissement et la décision de protéger plus fermement la
filière domestique en fermant un temps les frontières au porc
européen est tentante…
1- Tel le leader allemand Tönnies, déjà propriétaire de 8 sites en Russie, qui
conduit en 2013-2014 un programme d’investissement de 200 millions
d’euros destiné à financer des capacités d’engraissement, une usine
d’abattage et de conditionnement, mais aussi de la fabrication d’aliments et
un centre de génétique, pour un objectif de production de 63.000 tonnes de
viande par an dans la région de Voronej (à 500 km au sud-est de Moscou).
Tönnies travaille toujours en partenariat avec plusieurs entreprises russes,
en particulier KTG Agrar, spécialisée dans l’achat et la mise en culture de
surfaces céréalières qui a déjà affecté 10.000 ha à ce projet.
Vietnam
2012
Source : FAO
12
Porc
PRIS ME - 04
L’effet embargo russe s’évanouit face à la pénurie
domestique à l’Ouest
❙❙ Cours du porc MPB Plérin
1,50
1,00
€/kg la Russie a
obtenu de haute
lutte son entrée
dans l’OMC
en 2010
Reste que la position intransigeante de la Russie suscite de
profondes inquiétudes en Europe, d’autant qu’elle reste insensible à toute forme de pression des structures internationales de
moralisation du commerce - alors que la Russie a obtenu de
haute lutte son entrée dans l’OMC en 2010. Pourtant, la persistance de la fermeture d’un débouché privilégié n’a pas eu des
conséquences durables sur les cours du porc en Europe, contrairement aux craintes que l’on pouvait avoir. Après une nette
inflexion dont le point bas, par rapport à l’an passé, se situe au
début de mars 2014, soit environ 6 semaines après le début
de l’embargo, les prix se redressent de telle manière que depuis
deux mois, ils se situent à un niveau nettement supérieur à ceux
de l’année passée. Une première cause tient à la pénurie de
viande nord-américaine consécutive à la multiplication des cas
de diarrhée porcine aux Etats-Unis. Mais il en existe sans doute
une deuxième, malheureusement plus structurelle : la réduction
des disponibilités européennes, en particulier en Europe de
l’Ouest. S’il est vrai que certaines années, les exportations de
l’Union européenne ont pu représenter jusqu’à 80 % des entrées
en Russie, la tendance est désormais à une diversification des
approvisionnements, sans que cela constitue une perturbation
considérable pour les grands bassins de production : globalement, le cheptel a encore reculé en 2013 (-0,5 %), moins qu’en
2012 (-2 %), mais ce recul se poursuit début 2014 dans tous
les grands pays producteurs Européens - Allemagne, France,
Pays-Bas, Espagne - à l’exception notable de l’Espagne… dont
la Russie refuse toute production depuis 2013 !
janvier
février
mars
2013
avril
mai
2014
Entre une chute de production qui se poursuit, en particulier
en France (-1 % d’abattages au premier quadrimestre 2014
sur la zone Uniporc-Ouest) et la pénurie nord-américaine, les
premiers mois de l’année montrent une compensation réelle
de la fermeture du marché russe. Il est bien entendu hasardeux de conjecturer sur la levée prochaine de l’embargo.
On peut cependant gager que cette issue correspondra tout
simplement au moment où l’exécutif russe estimera que le
consommateur russe aura suffisamment pâti de cette insuffisance au regard de l’avantage offert à la filière.
Etre lucide sur les sous-jacents politiques
pour mieux aborder les marchés
Le marché
chinois
semble le plus
prometteur,
compte tenu
du potentiel
d’accroissement
de la consommation par
habitant
PRISME - 04
La recherche par les services sanitaires russes de nouvelles
sources d’approvisionnement – agrément de deux abattoirs
au Brésil – et même l’annonce d’une enquête sur la faisabilité de l’ouverture d’une filière chinoise… constituent des
informations récentes qui rendent encore plus incertaine la
réouverture prochaine aux produits européens. L’incertitude
reste donc totale, au point de faire paraître la démarche des
autorités de Bruxelles devant l’OMC comme la plus raisonnable à ce jour...
Malheureusement, il faut aussi rappeler qu’au-delà de la
stagnation globale structurelle de l’offre, dont on connait les
causes - renforcement des législations sur les contraintes environnementales et le bien-être animal, compétition des activités
dans l’usage des sols - il existe des entreprises en Europe et
en particulier en France, et non des moindres, pour lesquelles
l’exportation représente un débouché significatif et qui sont
contraintes de rechercher rapidement d’autres marchés, ou à
défaut de procéder à un stockage coûteux en attendant de
meilleures opportunités. Le risque sanitaire réel ou supposé vient
modifier de manière brutale les flux commerciaux. La multiplicité
des destinations est donc une solution à rechercher. Elle trouve
hélas, elle aussi, ses limites, car liée aussi aux appétences des
acheteurs, qui ne sont pas interchangeables selon les produits.
Pour les mêmes raisons, l’ouverture d’autres débouchés
offrira d’autres opportunités fortes, mais aussi des risques
de ruptures brutales, tant le prétexte sanitaire offre une
gamme variée d’arguments pour les pays acheteurs qui
veulent pouvoir jouer simultanément sur la production, l’importation et la consommation. Le marché chinois semble le
plus prometteur, compte tenu du potentiel d’accroissement
de la consommation par habitant : le fort crédit accordé à
la qualité sanitaire des produits européens ne semble pas
remis en cause pour le moment, surtout en comparaison
des grandes incertitudes qui pèsent encore sur les produits
chinois. En outre, à l’inverse de la Russie, la Chine ne saurait
espérer atteindre à l’autosuffisance, si ce n’est en production porcine, tout au moins pour la production d’aliment.
En revanche, un autre chemin se fait jour pour la sécurisation
de l’approvisionnement en Chine, avec le développement
de l’entrée des capitaux chinois chez les grands acteurs
mondiaux de la filière, à l’instar de WH Group, désormais
actionnaire principal de Smithfield et de la marque Aoste.
Note de conjoncture - Juin 2014
Directeur de la publication : François MOURY
Rédacteur en chef : Isabelle JOB-BAZILLE
Rédacteurs : Benoît Bousquet, Florence Doucet, Béatrice Eon de Chezelles, Catherine Mollière, Axel Retali, Frédéric Tessier.
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