112. ivresses - Châteauvallon
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112. ivresses - Châteauvallon
CHÂTEAUVALLON MUSIQUE ALIREZA GHORBANI & DORSAF HAMDANI IVRESSES IRAN – TUNISIE COMPOSITION ALI GHAMSARY Alireza Ghorbani : Chant Dorsaf Hamdani : Chant Ali Ghamsary: Composition & Tar Sofiane Negra : Oud Sohrab Pournazeri : Kamantche Keyvan Chemirani : Percussions Hussein Zahawy : Percussions Samedi 7 avril à 20h30 Théâtre couvert Créé dans le cadre du Festival d’île de France par Accords Croisés Avec le soutien de l’Espal, scène conventionnée du Mans www.chateauvallon.com IVRESSES Ode au Tout-puissant, au destin, au vin et à son extase, les « rubaiyat », les quatrains, du poète et philosophe persan Omar Khayyam esquissent « l’ivresse de Dieu » dans des vers emplis de mysticisme. Emprunt de la philosophie soufie, le savant associe le nectar aux voluptés d’une vie entre « ivresse et saine raison ». Ses lignes décrivent un amoureux « ivre, fou, absorbé par le vin, couvert de déshonneur » en quête des ineffables secrets de la vie. Cette poésie a irrigué l’empire Perse, puis le monde arabe avant de rejoindre l’Occident. « Ivresses », création réunissant pour la première fois l’Iranien Ali Reza Ghorbani et la Tunisienne Dorsaf Hamdani, permettra d’entendre cette poésie dans un dialogue entre monde arabe et monde persan. « Bien qu’il ait vécu il y a dix siècles, Omar Khayyam est notre contemporain », dit le chanteur Alireza Ghorbani. Avec la chanteuse Dorsaf Hamdani et sur des compositions d’Ali Ghamsary, il a enregistré le premier cycle musical réalisé sur les quatrains du grand poète et scientifique persan Pour la culture persane, les Rubaiyat de Khayyam représentent à la fois les réflexions contenues dans les Essais de Montaigne, le chant épicurien des amours de Ronsard et la profondeur spirituelle des psaumes de Clément Marot – comme si tout un siècle de révolutions littéraires et intellectuelles s’était ramassé en un seul homme. Ils sont à la fois méditation philosophique et célébration des plaisirs, hymnes au vin et énigmes métaphysiques… Ici, l’enjeu était de parvenir à restituer la joie de vivre et l’hédonisme d’Omar Khayyam sans se laisser envahir par la foncière mélancolie de sa réflexion sur la fugacité de la vie. L’homme était un des plus grands scientifiques de son temps, et butait poème après poème et année après année, sur le mystère insondable de la mort. Alors, buvons ! Alors enivrons-nous ! Carpe Diem désespéré ou pari philosophique résolument optimiste, chacun des quatrains est un défi à l’esprit humain autant qu’une bravade contre les vérités bien closes des bigots. Il faisait sens, alors, que les artistes participant à Ivresses soient, par eux-mêmes et en eux-mêmes, des esprits et des âmes que n’effarouchent pas les commandements cléricaux, ni les vieilles habitudes des conservatoires. Le compositeur Ali Ghamsary, le joueur de Kamanche et de tanbur Sohra Pournazeri et le percussionniste Hussein Zahawy, sont des aventuriers des audaces contemporaines de la musique persane. Le oudiste tunisien Sofiane Negra est une jeune sommité de la musique arabo-andalouse. Le percussionniste Keyvan Chemirani est un familier des rencontres transculturelles. Et les deux voix d’Ivresses, l’Iranien Alieza Ghorbani et la Tunisienne Dorsaf Hamdani, comptent parmi les plus sûrs talents vocaux de leur culture. Un Persan et une Arabe ? Si les Rybaiyat sont écrits en persan, Omar Khayyam écrivait dans les deux langues, comme tous les scientifiques de son temps, et il faisait sens, évidemment, de lui restituer aujourd’hui cette faculté de passer d’une langue à l’autre plutôt que d’en faire le porte-drapeau d’un isolationnisme culturel qui ne correspond pas à la nature de sa philosophie. Faire entendre une voix de femme dans ce répertoire n’est évidemment pas innocent, lorsqu’on sait qu’Omar Khayyam a sans doute écrit ses quatrains également pour résister – dans le clos de sa chambre d’étude et des soirées avec ses amis proches – à l’étroitesse d’esprit des mœurs de son époque. Car le vin de ces Ivresses est à la fois et tour à tour temporel et spirituel, métaphorique et chargé d’alcool, sensuel et éthéré… Ali Ghamsary a composé dans les modes communs à la musique persane et à la musique arabe pour permettre la rencontre d’Alireza Ghorbani et de Dorsaf Hamdani, mais pour les inviter aussi à découvrir un territoire neuf, qui transcrit en musique l’abstraction de la spéculation philosophique comme la charnelle jubilation puisée dans le vin. « Deux cultures, deux langues et deux musiques ont fusionné et ceci n’est pas sans importance », remarque Dorsaf Hamdani. Elle a bien raison : dans Ivresses, on entend la voix d’un vieillard savant de la Nichapur lointaine en même temps que celles de jeunes chanteurs explorant aujourd’hui le plus fertile des labyrinthes. On entend les doutes, la foi, les questions d’un des plus grands esprits de l’histoire humaine, en même temps que les ivresses toujours neuves et toujours vénérables de la musique. On écoute une heure de musique et on entend des siècles de poésie. Bertrand Dicale L’album Ivresses a été élu "Top of the World 2011", par le magazine Songlines. ALIREZA GHORBANI Alireza Ghorbani est né en 1973 à Téhéran. Rompu par transmission familiale à la récitation du Coran, Alireza Ghorbani est devenu un chanteur de renom. Passionné par la musique traditionnelle iranienne, il s'affirme comme l'un des meilleurs interprètes de la nouvelle génération du chant persan, mesuré ou non-mesuré (radif ou tasnif), en en maîtrisant les techniques vocales les plus rares. Sa sensibilité et son ouverture musicale en font un artiste d’exception, Invité dans le monde entier, il est un fervent ambassadeur du chant classique persan et a collaboré avec un grand nombre d’artistes prestigieux : Daryoush Tala’i, Ballaké Sissoko, Keyvan Chemirani … Il est le soliste de l’orchestre national iranien depuis 1999. DORSAF HAMDANI A vingt ans déjà, elle s’envolait hors du pays pour participer à un festival célèbre et revenir avec une médaille (Amman, 1995). Ses nombreux passages au temple de la musique arabe, l’Opéra du Caire, lui valent d’être reconnue et sollicitée par de grands maestros : Salah Ghoubachi, Selim Sahab, etc. Leurs commentaires sur les performances de Dorsaf sont des plus élogieux. Et cette aisance, dans les difficiles couplets de Warda, Najet, Fairuz ou de la diva Oum Kalthoum, en passant par le chant arabo andalou ou les incantations soufies, Dorsaf la doit à une puissante émotion qu’elle va chercher dans les profondeurs de sa passion pour la voix. Elle crée son propre style, elle n’imite pas et chante, avec ses propres vibrations, des textes écrits et mis en musique par de grands artistes. EXTRAITS DE PRESSE Immédiatement on sait. Aux premières notes du luth et de la vièle kamanche (Ali Ghamsary et Sohrab Pournazeri, deux jeunes musiciens prodigieux d’invention et de musicalité), dès que les chants s’élèvent (l’impeccable Tunisienne Dorsaf Hamdani, suivie par Alireza Ghorbani, voix passionnante de la nouvelle génération iranienne) l’évidence s’impose. C’est un moment musical rare qui s’annonce. Samedi 5 février, la salle, comble, (…) retient son souffle. On est emporté par le chatoiement raffiné des instruments et des voix, abasourdis par la beauté des chants arabe et persan louant les joies et les vertus de l’hédonisme et de l’ivresse. Patrick Labesse – LE MONDE – février 2011 L’accord des deux voix et l’harmonie enivrante des chants ondulants, empreints de traditions arabes et de classicisme persan, transcendent ces textes intenses du XIème siècle. Un registre de dialogue, de spiritualité et de profondeur universelle. Vanessa Fara – LA TERRASSE – septembre 2010 L’Islam et l’ivresse, l’arabe et le persan, un homme et une femme… de quoi mettre sens dessus dessous les simplifications en vigueur. Lui est iranien, elle est tunisienne (…) Pour mettre en musique ces odes à la tolérance et à l’hédonisme (« le vin pur de l’amour et de la liberté »), le compositeur et joueur de luth tar Ali Ghamsary s’est appuyé sur les modes communs aux musiques arabe et persane. Pour les interpréter, deux voix d’exception. Le Téhéranais Alireza Ghorbani a déjà amplement fait ses preuves dans le répertoire persan, qu’il revisite avec un charisme envoûtant, aux frontières de l’extase. La Tunisienne Dorsaf Hamdani se spécialise, avec un réel talent, dans l’ornementation moyen-orientale, parfois teintée d’arabo-andalou du Maghreb (…) Cet album au livret très complet consacre leur audacieux duo sur les enjôleuses envolées de la vièle kamantché de Sohrab Pournazeri, tandis que l’oud de Sofiane Negra égrène ses pérégrinations méditatives. Le tout ponctué par les percussions fines de Hussein Zahawy et de Keyvan Chemirani. Eliane Azoulay – TELERAMA – février 2011