Colloque « Jérusalem, mosaïque humaine : sur les pas d`André
Transcription
Colloque « Jérusalem, mosaïque humaine : sur les pas d`André
Colloque « Jérusalem, mosaïque humaine : sur les pas d’André Chouraqui ». 16 novembre 2011 – Jérusalem. Intervention de Frédéric Desagneaux, Consul général de France à Jérusalem Madame la présidente d’honneur, Chère Mme Annette Chouraqui, Mme la Présidente, Madame l’Ambassadrice Colette Avital, Monsieur le représentant de la Municipalité de Jérusalem ; Mesdames, Messieurs, Chers amis, Je suis heureux d’être parmi vous ce soir pour évoquer, en votre présence, l’œuvre d’un homme qui nous a quittés il y a quatre 4 ans et qui s’efforça, durant toute sa vie, de promouvoir le dialogue et l’amitié entre les peuples. Un homme qui, par son œuvre littéraire et spirituelle, par son engagement au service de l’Alliance israélite universelle comme par ses traductions des textes religieux fondateurs, représente un exemple et une autorité morale pour les générations d’aujourd’hui. Je ne saurais prétendre résumer la biographie très riche d’André Chouraqui en si peu de temps mais je voudrais cependant rappeler certains points qui me paraissent importants, et qui mettent en relief son rôle exceptionnel de passeur entre les civilisations, les cultures, les religions. Il y a d’abord, comme chez d’autres écrivains nés en Algérie, comme chez son ami Albert Camus qui était son aîné de 4 ans, l’alliance entre une tradition intellectuelle française et les influences du milieu algérien ; il y a aussi, sans doute, l’inquiétude d’être né dans un monde fragile et déjà tourmenté, à la veille d’orages historiques qui allaient bientôt en précipiter la fin. On sait quel combat mena Camus pour repenser l’homme après les bouleversements de la Deuxième Guerre mondiale ; la voie d’André Chouraqui, plus spirituelle, répond à une même nécessité de fonder un nouvel humanisme. Très jeune, d’ailleurs, le spectacle de la discorde religieuse au sein de la population d’Algérie le fascinait et le poussait à la réflexion. Permettez-moi de citer quelques lignes extraites de son ouvrage ‘’Reconnaissances’’, paru en 1992 : « Assis sur le pas de ma porte, au coin de la rue Pasteur et du boulevard de la Révolution, à Aïn-Témouchent en Algérie alors française, je ne me lassais pas d'observer sur les visages les syndromes des méconnaissances dans notre petite ville. La haine ou le mépris du chrétien, du musulman ou du juif nous séparait les uns des autres, précisément ce qui eût dû nous réunir étroitement, nos religions nées de la Bible, des Évangiles ou du Coran, annonciateurs d'un même Dieu d'unité et d'amour. » On reconnaît là les prémisses de son engagement à venir, éclairé par une vie spirituelle intense et nourri à la lecture de la bible. Cet engagement s’incarne notamment dans son combat au sein de la résistance et dans son travail au service de l’Alliance israélite universelle, organisation dont il fut longtemps le vice-président puis le délégué permanent, aux côtés d’un autre grand Français, René Cassin. Après son installation en Israël, en 1958, il mettra ses hautes responsabilités (conseiller de David Ben Gourion puis maire-adjoint de Jérusalem, élu en 1965) au service du dialogue interreligieux et du rapprochement entre les communautés. Je rappellerai à ce sujet ses efforts incessants pour unir les représentants et fidèles des trois grandes religions monothéistes. C’est ainsi qu’avec Hamza Dalil Boubakeur, Recteur de la Mosquée de Paris, avec le Père Michel Riquet et avec l’écrivain Jacques Nantet, il fondera en 1967 la "Fraternité d'Abraham", un mouvement que nous connaissons bien ici et qui, jusqu’à aujourd’hui, promeut la rencontre, le dialogue et l’amitié entre musulmans, chrétiens et juifs et s‘efforce d’approfondir leur compréhension mutuelle – un but qu’André Chouraqui poursuivra toute sa vie, notamment par ses traductions, restées célèbres, de la Bible et du Coran. Ces quelques mots ne peuvent suffire, bien sûr, à résumer ce que fut le combat d’André Chouraqui, une existence habitée du souci de la paix entre les religions et du sens des grands textes sacrés. Français et Israélien, André Chouraqui est resté toujours proche de la France et de ses institutions, un ami pour nous et un visiteur fréquent au Consulat général de France à Jérusalem. C’est pourquoi nous sommes heureux et fiers de nous associer, à travers le Centre culturel Romain Gary, à ce colloque, qui nous apprendra beaucoup, j’en suis sûr, sur ce que cet homme exceptionnel lègue à la ville de Jérusalem et sur la façon dont sa pensée peut nous aider, aujourd’hui, à en comprendre le destin. Je vous remercie.