Les sorciers à l`assaut du village Gollion (1615
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Les sorciers à l`assaut du village Gollion (1615
Fabienne TARIC ZUMSTEG Les sorciers à l’assaut du village Gollion (1615-1631) Éditions du Zèbre Lausanne 2000 EHM 2 14/06/2008 9:10 page 3 Introduction Sorcellerie et répression Qu’est-ce que la sorcellerie ? De prime abord, la réponse semble relativement aisée, tant ce terme appartient encore à notre imaginaire voire à notre quotidien, malgré quelques mutations, adaptations ou réorientations5. Nous avons tous, en effet, une idée de la sorcellerie comme magie populaire au caractère intemporel et universel ; une sorcellerie faite de pratiques illicites et secrètes d’ensorcellements, d’incantations et de maléfices, fondée sur le pouvoir de faire le mal, de jeter des sorts. Mais si la croyance au pouvoir surnaturel de certaines personnes existe et a existé partout dans le monde à des périodes très diverses, elle n’a pas systématiquement provoqué une répression judiciaire. Lorsque nous nous penchons sur l’Europe moderne6, nos esprits se troublent et peinent à reconnaître dans des faits tragiques et particulièrement meurtriers cette sorcellerie dite universelle, car « aucun peuple, à un moment quelconque de son histoire, ne semble avoir détruit avec rage un aussi grand nombre de 5 Cf. R. MUCHEMBLED (dir.), Magie et sorcellerie en Europe, p. 233-315 (« Magies contemporaines »). 6 Les dimensions historique et européenne du phénomène ne sont bien sûr pas les seules voies de recherche possibles. Le phénomène peut être également appréhendé sous d’autres latitudes et à travers les interrogations posées par l’ethnologie ou l’anthropologie, sciences dont les apports ont fait sensiblement progresser les recherches historiques sur la sorcellerie. Mentionnons l’ouvrage du grand anthropologue britannique E. E. EVANS-PRITCHARD, Sorcellerie, oracles et magie chez les Azandé, qui a inspiré les historiens, notamment Ch. Larner, A. Macfarlane et K. Thomas (cf. infra, bibliographie, p. 350-354). EHM 2 14/06/2008 9:10 page 13 14 F. TARIC ZUMSTEG – LES SORCIERS A L’ASSAUT DU VILLAGE (EHM 2) sorciers que les Occidentaux contemporains de Henri IV et de Louis XIII »7. Ces persécutions, dont l’apogée se situe entre 1580 et 1630, commencent en réalité à la fin du Moyen Age, vers 1430, lorsque des clercs se sont mis à diaboliser certaines pratiques magiques8 pour définir la sorcellerie comme un nouveau type d’hérésie, un nouveau crime, le plus abominable qui soit : celui de lèse-majesté divine9. Sur la sorcellerie-magie populaire pratiquée depuis des millénaires est ainsi venu se greffer une sorcellerie satanique10 née des angoisses et des fantasmes cultivés par l’élite intellectuelle. Dès lors, les autorités religieuses et laïques ont travaillé de paire afin de pourchasser sorciers et sorcières11. Ceux-ci ont été considérés, 7 R. MUCHEMBLED, « Satan ou les hommes ? », p. 16. Ces pratiques existaient de longue date et n’ont certainement pas été complètement éradiquées par la répression de la sorcellerie. L’une d’elles, le maléfice du nouement de l’aiguillette est décrite par J. DELUMEAU : « le sorcier ou la sorcière pouvait, croyait-on, rendre des époux impuissants ou stériles […] en nouant un lacet durant la cérémonie de mariage, en prononçant en même temps des formules magiques et parfois en jetant une pièce de monnaie derrière son épaule. Une tradition plurimillénaire attestée au long des âges […] affirmait l’existence de stérilités et d’impuissances provoquées par des sortilèges » (La peur en Occident, p. 78). 9 La lèse-majesté divine est une atteinte aux droits divins, une violation de la majesté de Dieu. 10 A la différence des principales langues européennes, le français ne possède pas de vocables différents pour distinguer ces deux types de sorcellerie. En allemand Zauberei s’oppose à Hexerei ; en anglais Sorcery à Witchcraft ; en italien Fattuccheria à Stregoneria, etc. En français, pour éviter la confusion due au glissement de sens, G. BECHTEL parle d’« une sorcellerie de premier type » et d’ « une sorcellerie de deuxième type » : la première est celle « du simple maléfice, qui se passe du Diable ou n’a avec lui que des rapports lointains et impérieux, celle qui utilise des sorts, du sortilège, des envoûtements, des incantations, des ligatures, des philtres », celle « consistant à faire le mal, faire le cruel destin, faire le mauvais temps, faire la mort » ; la seconde désigne « la sorcellerie vraiment diabolique, celles des sorcières qui se soumettent au Diable par le pacte, lui rendent un véritable culte et vont courir nuitamment au sabbat, celles qui joignent à tous les maléfices du premier type l’aide de Lucifer et l’abandon de leur âme » (La sorcière et l’Occident, p. 51). 11 Bien que les chiffres varient selon les régions et les époques, les victimes des poursuites, à l’échelle européenne, ont été majoritairement des femmes. Sur cette spécificité féminine du crime de sorcellerie, cf. notamment G. BECHTEL, La sorcière et l’Occident, p. 574-607 ; J. DELUMEAU, La peur en Occi8 EHM 2 14/06/2008 9:10 page 14 INTRODUCTION 15 selon un savant portrait-robot12, comme des êtres nuisibles et dangereux en vertu de leur apostasie et de leur dévouement au diable ; des êtres capables de provoquer toutes sortes de catastrophes « naturelles », s’adonnant à des maléfices contre gens et bêtes, fréquentant des sabbats ou des sectes diaboliques et complotant contre la société. Les travaux des médiévistes13 ont montré l’importance de la région lémanique dans l’élaboration de ce nouveau concept qui inquiétera à des degrés divers toute l’Europe occidentale jusqu’à la fin du XVIIe siècle, voire au-delà14. Dès le Bas Moyen Age, le Pays de Vaud a largement participé à la fièvre répressive européenne et a connu de nombreuses chasses aux sorciers15, au cours desquelles a été exécuté plus d’un tiers de tous les dent, p. 398-449 ; R. MUCHEMBLED, La sorcière au village, p. 167-183 ; ID., Le roi et la sorcière, p. 153-163 ; J.-M. SALLMANN, « Sorcière » ; et infra, p. 124-125. 12 Nous empruntons ce terme à G. BECHTEL qui le préfère à « stéréotype » « pour bien marquer d’abord que [le concept de sorcellerie] fut composé de pièces et de morceaux épars, ensuite qu’il fut destiné, une fois diffusé comme une affiche de western, à lancer des recherches et déclencher des poursuites » (La sorcière et l’Occident, p. 126). 13 Voir, entre autres, R. KIECKHEFER, European Witch Trials ; W. E. MONTER, « Poursuites précoces. La sorcellerie en Suisse », in R. MUCHEMBLED (dir.), Magie et sorcellerie en Europe, p. 47-58 ; M. OSTORERO, ‘Folâtrer avec les démons’ ; M. OSTORERO – A. PARAVICINI BAGLIANI et al. (dir.), L’imaginaire du sabbat. 14 Pour quelques détails sur l’intensité variable des persécutions européennes et sur leur chronologie, on consultera G. BECHTEL, La sorcière et l’Occident, p. 499-573 ; R. MUCHEMBLED, Le roi et la sorcière, p. 73-129 ; ID. (dir.), Magie et sorcellerie en Europe, p. 13, 47-231. Précisons simplement que le Saint Empire romain germanique et le Corps helvétique ont constitué la principale aire de persécutions avec les Flandres, le Luxembourg, la FrancheComté et la Lorraine. Si, d’une manière générale, le nord-ouest, le sud et l’est de l’Europe semblent avoir été moins touchés, certains pays connaissent néanmoins de fortes répressions telles que la Norvège (vers 1664-1676), l’Écosse (XVIIe siècle), la Hongrie et la Pologne (XVIIIe siècle). 15 Le nombre élevé de sorciers et sorcières brûlés dans le Pays de Vaud a déjà frappé les contemporains. Les autorités bernoises s’en sont inquiétées les premières. On trouve aussi trace de reproches formulés par l’Église catholique envers LL.EE. de Berne elles-mêmes, imputant à la religion réformée la grande quantité de sorciers brûlés sur leurs terres, notamment dans le Pays de Vaud. F. PERREAUD, pasteur à Mâcon, fait mention de ces reproches dans la lettre dédicatoire adressée à LL.EE. et insérée dans son traité de démonologie publié en 1653 à Genève (cf. Démonologie ou traité des démons et sorciers ; É. LABROUSSE, « Le Démon de Mâcon », p. 251 ; P. KAMBER, « La chasse aux sorciers et aux sorcières dans le Pays de Vaud », p. 21-22 ; W. E. MONTER, EHM 2 14/06/2008 9:10 page 15 16 F. TARIC ZUMSTEG – LES SORCIERS A L’ASSAUT DU VILLAGE (EHM 2) sorciers et sorcières suisses. Nous savons notamment que, de 1580 à 1655, on y a brûlé environ 1700 personnes, soit en moyenne 22 par an16. Il faut attendre 1680 pour que le souverain bernois accomplisse sa « révolution mentale »17 en renonçant à punir de mort les sorciers et sorcières et s’engage par là sur la voie de la décriminalisation des pratiques de sorcellerie18. Dans le Pays de Vaud, la sorcellerie a donc fait l’objet de poursuites criminelles massives du XVe au XVIIe siècle. Durant cette période, on conduit au bûcher des hommes et des femmes qui, soumis à de fortes pressions psychologiques et souvent à la torture, ont avoué, lors de procès criminels parfaitement légaux, être des adeptes de Satan. La durée même des persécutions suppose que le concept de sorcellerie diabolique élaboré au Moyen Age a pu s’accommoder d’un certain nombre de changements de nature politique, religieuse et judiciaire et demeurer pertinent dans l’esprit des autorités. Par conséquent, la démonologie, la croyance au diable et aux sorciers héritées de l’Église médiévale ont encore leur place dans la religion réformée et font partie de l’univers « Poursuites précoces. La sorcellerie en Suisse », in R. MUCHEMBLED [dir.], Magie et sorcellerie, p. 55). 16 P. KAMBER, « Quand le Pays de Vaud brûlait 22 sorciers par an », p. 8 et ID., « Croyances et peurs », p. 249. 17 Nous empruntons ce terme à L. FEBVRE qui, par un article très stimulant intitulé « Sorcellerie, sottise ou révolution mentale ? », a (re)lancé le débat historiographique, en 1948, autour du problème de la fin des poursuites pour sorcellerie. Pour la suite du débat, entre autres : R. MANDROU, Magistrats et sorciers (1968) ; P. CHAUNU, « Sur la fin des sorciers » (1969) ; R. MUCHEMBLED, Le roi et la sorcière, p. 217-238 (1993) ; G. BECHTEL, La sorcière et l’Occident, p. 608-656 (1997). 18 « Tandis qu’ailleurs, même en Suisse, on continuait encore jusqu’en plein dix-huitième siècle à pourchasser et à brûler ces malheureux, les sentences de mort pour cause de sorcellerie disparaissent dès 1680 des manuaux du Conseil de Berne. Ce n’est pas, à la vérité, qu’on ait cessé du jour au lendemain d’instruire des procédures, ni de prononcer des peines pour cause de sorcellerie. Mais à partir de cette date et jusqu’à la fin du siècle la gravité des peines ira diminuant pour ainsi dire d’année en année. […] Puis viendra le jour où on laissera définitivement tomber cette sorte de procès, et cela tout à fait à la bernoise, sans que les anciens édits sur la matière aient jamais été expressément rapportés. Mais cela ne veut pas dire, bien entendu, que la croyance aux sortilèges ait entièrement disparu du sein des masses » (H. VUILLEUMIER, Histoire de l’Église réformée, vol. 2, p. 693-694). EHM 2 14/06/2008 9:10 page 16 INTRODUCTION 17 mental des dirigeants bernois, aux XVIe et XVIIe siècles. Ainsi, la conquête bernoise de 1536 et l’adoption de la Réforme, en Pays de Vaud, n’ont pas entraîné la fin des procès de sorcellerie ; au contraire, ceux-ci ont augmenté de façon inquiétante. Toutefois, nous pouvons mesurer une évolution dans le contenu et la forme des procès et donc dans l’idéologie qui les sous-tend. Les différences entre les procédures médiévales et celles de l’époque moderne sont, en effet, moins le signe d’un changement de croyances ou de pratiques au sein des populations que la manifestation d’une nouvelle perception du crime de sorcellerie par les autorités politiques et judiciaires. Orientation de la recherche Les ouvrages et articles publiés sur la sorcellerie et sa répression forment une vaste bibliographie. On trouvera, à la fin de cette étude, les travaux qui ont directement nourri notre réflexion19. Puisque plusieurs d’entre eux présentent un commentaire sur l’histoire de la recherche20, nous préférons renoncer ici à l’exposé de cet aspect. Par contre, nous nous efforcerons, d’une part, de préciser le point d’ancrage de nos investigations et, d’autre part, de toujours situer notre propos par rapport aux différentes thèses énoncées sur le sujet. En choisissant d’aborder la répression de la sorcellerie dans le Pays de Vaud à l’époque moderne, nous avons la chance de pouvoir compter sur un certain nombre d’études régionales abouties 19 Pour des sélections bibliographiques plus abondantes, on pourra se référer à : R. H. ROBBINS, The Encyclopedia of Witchcraft and Demonology (1959) (1140 titres) ; R. MANDROU, Magistrats et sorciers (1968) (515 titres) ; et plus récemment : R. MUCHEMBLED, Sorcières, justice et société, p. 7-29 et 249-261 (1987) (avec commentaires) ; B. ANKARLOO – G. HENNINGSEN (éd.), Early Modern European Witchcraft, p. 446-466 (1990) ; G. BECHTEL, La sorcière et l’Occident, p. 701-717 (1997) ; S. CLARK, Thinking with Demons, p. 687-772 (1997). 20 R. MUCHEMBLED, « Satan ou les hommes ? », p. 15-32 (1978) ; ID., Le roi et la sorcière, p. 15-35 (1993) ; M. OSTORERO, ‘Folâtrer avec les démons’, p. 9-18 (1995) ; L. PFISTER, L’enfer sur terre, p. 7-10 (1997). EHM 2 14/06/2008 9:10 page 17 18 F. TARIC ZUMSTEG – LES SORCIERS A L’ASSAUT DU VILLAGE (EHM 2) ou en cours. Il s’agit, premièrement, des ouvrages ou articles déjà anciens — dont la problématique générale n’est pas nécessairement centrée sur la sorcellerie — qui s’attachent surtout aux aspects juridiques, religieux, moraux, voire « folkloriques » des procès21 ; deuxièmement, des recherches de l’historien américain, W. E. Monter, fondées sur un impressionnant travail d’archives qui présentent des résultats touchant les dimensions quantitatives et sociologiques des procès22 ; finalement, des travaux menés depuis 1980 par l’historien zurichois P. Kamber qui, à côté d’un objectif quantitatif, mettent également l’accent sur les causes structurelles, conjoncturelles et socioculturelles des persécutions, tout en développant de nombreux cas particuliers23. Notre recherche s’articule autour de deux questions précises : Quels sont, de 1615 à 1631, les significations, causes et enjeux de la répression de la sorcellerie dans le petit village vaudois de Gollion, alors rattaché à la seigneurie de L’Isle ? Quels ont été l’ampleur et l’impact de cette répression au sein de la communauté ? Au-delà des grandes théories explicatives sur les chasses aux sorciers et sorcières, le but est donc d’essayer de cerner, de comprendre la nature, les instruments et les moteurs des persécutions à l’échelle du microcosme villageois. Autrement dit, dans un monde où la vie est précaire, où les disettes et la peste planent comme des ombres menaçantes, où, désarmé devant la maladie et la mort, que ce soit celles du bétail ou celles des hommes, on cherche des responsables au malheur pour conjurer ses peurs. Dans 21 F. TRECHSEL, « Das Hexenwesen im Kanton Bern » (1870) ; J. CART, « Leurs Excellences de Berne, les pasteurs du Pays de Vaud et la sorcellerie » (1903) ; H. VUILLEUMIER, Histoire de l’Église réformée, vol. 2, p. 642-721 (1929) ; P. AEBISCHER, « Le diable, son nom, son aspect et ses manifestations » (1933) ; E. OLIVIER, Médecine et santé dans le Pays de Vaud au XVIII e siècle, p. 493551 (1939) ; ID., Médecine et santé dans le Pays de Vaud, vol. 2, p. 636-656 (1962) ; M. VON DER MÜHLL, Maléfices et cour impériale (1960). 22 W. E. MONTER, « Patterns of Witchcraft in the Jura » (1971) ; ID., Witchcraft in France and Switzerland (1976) ; ID., « Poursuites précoces. La sorcellerie en Suisse », in R. MUCHEMBLED (dir.), Magie et sorcellerie en Europe, p. 47-58 (1994). 23 P. KAMBER, Die Hexenverfolgungen im Waadtland (1980) ; ID., « La chasse aux sorciers et sorcières dans le Pays de Vaud » (1982) ; ID., « Quand le Pays de Vaud brûlait 22 sorciers par an » (1997) ; ID., « Croyances et peurs » (1998). EHM 2 14/06/2008 9:10 page 18 INTRODUCTION 19 un univers de la proximité mu par des solidarités complexes, mais fragiles, et par un système de pensées plus magique que rationnel, on découvre sans peine ces responsables en la personne d’un voisin, d’un cousin ou d’un frère qui se serait accaparé certains biens familiaux, d’un communier24 auteur de menus larcins, ou encore d’une veuve de mauvaise réputation. Ce sont des hommes et des femmes que l’on connaît bien, que l’on côtoie quotidiennement, que l’on rencontre au four, à la fontaine, au champ et à la vigne, mais dont on se méfie aussi : une dispute, quelques injures proférées, un geste mal intentionné, un cadeau « empoisonné », ou un simple souffle de leur part sont susceptibles d’expliquer rétrospectivement tous les maux, petits ou grands, et de se trouver à l’origine d’une accusation pour maléfices. Mais avant de plonger dans cet univers — peut-être pas aussi lointain et étranger que nous pourrions le croire — nous nous pencherons sur le problème des sources et la démarche choisie pour leur traitement. Puis, nous nous intéresserons à la cour de justice seigneuriale, en tant qu’instrument de la répression qui frappe le village et comme institution médiatrice entre le pouvoir bernois et la communauté. Ensuite, nous changerons de point de vue : des dirigeants, nous passerons aux sujets en entrant au village, où les destins sont prêts à basculer sous le coup d’une dénonciation. C’est à travers cet espace rural que nous aborderons les affaires de sorcellerie et ferons connaissance avec certains de leurs acteurs. Quelques chiffres donneront la mesure des persécutions. Finalement, des hypothèses seront formulées sur les causes et les fondements d’une répression qui conduit dans les flammes de prétendus sorciers, et qui participe ainsi aux impératifs de purification et de contrôle des mœurs fixés par l’idéologie officielle. 24 Les communiers sont les bourgeois ou habitants d’une commune se réunissant épisodiquement en corps de communauté ou en conseil pour traiter des affaires courantes (ACV, série F, glossaire sommaire). EHM 2 14/06/2008 9:10 page 19