Entretiens avec des Hommes remarquables

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Entretiens avec des Hommes remarquables
EntretiensavecdesHommes
remarquables
Luc-Olivierd’Algange
ChristianBouchet
KlausCharnier
FrancisCousin
AlexandreDouguine
MichelDrac
ArnaudGuyot-Jeannin
ThibaultIsabel
LaurentJames
Ré alisé sparLeCercleCuriosa
Préfaced’AlaindeBenoist
Collection/LesRéflexives
Préfaced’AlaindeBenoist
Toute époque a son idéologie dominante. Karl Marx remarquait, dans
leManifeste,que«lesidéesdominantesd’uneépoquen’ontjamaisétéque
les idées de la classe dominante ». Ce n’est pas faux, mais il y a aussi un
espritdutempsquiexcèdelargementlescontoursdelaclassedominante,en
cequ’ilpèseàlafoissurlastructurationdel’imaginairesymboliqueetsur
les comportements concrets de la majeure partie des individus. En cette
périodedemodernitéfinissanteoudepostmodernitéentraindes’épanouir,
quelssontlestraitsessentielsdel’idéologiedominante?Leplusévidentme
paraît être la soumission générale de la société au système de l’argent.
Montée des valeurs marchandes, avènement d’un homo œconomicus censé
toujours chercher à maximiser son meilleur intérêt matériel immédiat,
réificationdesrapportssociaux,fétichismedelamarchandise,extensiondu
système des objets, transformation de la planète en un vaste marché,
assujettissement à l’axiomatique de l’intérêt des domaines (culture, art,
information,sport,santé,éducation,etc.)quiyéchappaientauparavant–tout
celaaétémaintesfoisdécrit.Ajoutons-y,dupointdevuephilosophique,le
règne de la métaphysique de la subjectivité, dont l’individualisme ne
représentequ’unaspect,etdupointdevuepsychologique,laconsécrationdu
narcissisme immature. Le tableau ainsi dressé à grands traits reste partiel,
maisfournitaumoinsuncadre.
Touteépoqueasonidéologiedominante,maistouteidéologiedominantea
aussisesdissidents.Qu’ilss’éprouventcommedesindividusisolésouqu’ils
pensentpouvoirsesituerdansunemouvancecollective,qu’ilsseconsidèrent
commedesrebelles,desrévolutionnaire,des«exilésdel’intérieur»outout
simplement des êtres qui se tiennent volontairement à l’écart, les auteurs
interrogésdanscelivresonttousdesdissidents.
Ilsuffitdeleslirepourvoirdequellefaçonilss’efforcentd’analyseret
de cerner ce qui les cerne. Beaucoup d’entre eux observent un contraste
entre la relative abondance matérielle qui règne dans les sociétés
occidentalesetl’extraordinairepauvretéspirituelle,doubléed’uneprofonde
misère affective, qui caractérise ces mêmes sociétés. Thibault Isabel, par
exemple, constate qu’à la souffrance du manque a succédé la souffrance du
«trop-plein».FrancisCousinparlepareillementdelamontéede«l’emprise
de l’argent vers l’apothéose démocratique du spectacle du fétichisme
marchand ». « Tout ce qui est touché par l’argent est intérieurement
subverti », dit Alexandre Douguine – ce qui revient à dire que tout est
aujourd’huisubverti.Lacraintequis’exprimeenparallèleestcelledevoir
l’homme déchoir de son humanité. C’est la peur d’un monde en voie de
massification, habité par des « colonies d’insectes anonymes » (Klaus
Charnier), « des esclaves à qui l’on donne des loisirs » (Thibault Isabel),
c’est-à-dire des esclaves sans maîtres, d’autant plus prisonniers de leurs
chaînes qu’ils ne veulent pas en voir l’existence. Ces réactions contre
l’empiredelamarchandise,contrel’uniformisationparlemarché,contrele
non-sens(fût-ceaunomd’unenouvelleformedenihilisme),contrelerègne
dumoi(fût-ceaunomd’uneaffirmationbrutaledecemoi),toutceladonne
évidemmentàréfléchir.
Lesnomsdespersonnesinterrogéesnedirontsansdoutepasgrand-chose
au plus grand nombre, ce qui n’est pas pour étonner puisqu’elles se sentent
(etseveulent)étrangèresàcegrandnombre.Aleursujet,parlerde«nonconformisme»estencoretropbanal(lemotabeaucoupservi).Disonsque
chacun de ces auteurs s’efforce de développer une pensée personnelle, et
donc originale. Ils veulent penser par eux-mêmes, de façon critique,
indifférents aux modes et parfaitement immunisés contre les mots d’ordre.
S’écartant des pistes balisées et des itinéraires obligatoires, amateurs des
chemins de traverse, curieux de l’autre côté des miroirs, ils deviennent du
mêmecoupdes«objetsnonidentifiés»danslemondeoùilsvivent.Certains
lesdirontinadaptés,maisjeneseraispasétonnéqu’ilss’enfassentgloire:
sans doute ressentiraient-ils comme une humiliation d’être « adaptés » à ce
qu’ils exècrent. Je pense au film de David Miller, Seuls sont les
indomptés(1962),oùlerôleprincipalétaittenuparKirkDouglas.Habitant
un monde dans lequel ils ne se reconnaissent pas, les indomptés sont
condamnés à la solitude, car c’est la normalité du moment qu’ils estiment
anormale.CesontaussidesCassandre,quiprêchentleplussouventdansle
désert.Ilssontautreset,parlestempsquicourent,c’estencelaqu’ilssont
admirables.
Pourleslire,iln’yabiensûrpasbesoind’êtred’accordaveceux.Ilsne
le sont d’ailleurs pas eux-mêmes. Au-delà de quelques points communs,
aisémentrepérables,onpourraitmêmedirequ’ilsdivergentsurpresquetout.
Luc-Olivier d’Algange déclare qu’il faut « passer à travers le nihilisme et
retrouverunesourcevive».Oui,maislaquelle?Lesunsenappellentàune
nouvelle élite, d’autres veulent avoir recours au peuple. Les uns ont la
nostalgieduRoi,lesautresrêventdel’Empire,oubienencoremettenttous
leurs espoirs dans la colère des travailleurs. Beaucoup soulignent
l’importance du sacré, qu’ils voient s’effriter – ou renaître ! – sous leurs
yeux. Certains ont de toute évidence la tentation du mysticisme, voire de
l’ésotérisme. Francis Cousin se réfère à Marx, Thibault Isabel à Proudhon,
Alexandre Douguine à René Guénon. Arnaud Guyot-Jeannin critique un
nationalismedontd’autresseréclament.Ledétachementdel’Anarquecôtoie
icil’appelàlaluttedesclassesetàlarévolutionprolétarienne.Recoursàla
métaphysique et rejet de la métaphysique, projets politiques et refus de la
politique, voire apologie de l’anti-politique (Francis Cousin), on trouvera
toutceladanscespages.
L’important n’est pas dans les solutions proposées, ni même dans les
analyses que l’on peut lire (bien qu’elles ne manquent évidemment pas
d’intérêt), mais plutôt dans l’exemple qui est ici donné. Exemple d’une
penséecritique,quiseveutcritiqueradicale(MichelDrac).Exempled’une
libertédel’esprit,indispensablelorsquel’onprétendpenserparsoi-même.
Exemple d’une volonté de se situer au-delà de tous les clivages convenus,
qu’il s’agisse de la droite et de la gauche, du matérialisme et du
spiritualisme,del’incroyanceoudelafoi.Non,leplusintéressantn’estpas
dans les réponses, mais dans les questions qui les précèdent et les soustendent.Lesquestions,finalement,importenttoujoursplusquelesréponses.
Le travail de la pensée est d’abord un questionnement. Luc-Olivier
d’Algange parle à très juste titre de la nécessité d’adopter un « regard
attentif».Leregardattentifestaussiunregardméditatif,réflexif.
C’est également Luc-Olivier d’Algange qui cite cette phrase de Henry
Montaigu qu’on pourrait considérer comme une consigne : « Advienne
qu’advienne, mais résister jusqu’à la dernière minute à l’esclavage de
l’esprit».Telleestl’attitudequesurentadopterdanslepassébiend’autres
auteursqueréunissait,encoreunefoisendépitdecequilesdistinguait,une
sortedeparentésecrète.Jepense,pourneciterqu’eux,àdeshommesaussi
différents que George Bataille, René Daumal, Antonin Artaud, Ezra Pound,
William Burroughs, Jack Kerouac, Yukio Mishima, Dominique de Roux ou
Jean Parvulesco. Ils furent au fond les dignes prédécesseurs de ceux qui se
trouventréunisici.
J’ignore si le titre de ce livre fait allusion à Georges Gurdjieff et à
ses Rencontres avec des hommes remarquables, récit autobiographique
rédigé dans les années 1930 et qui fut porté à l’écran par Peter Brook en
1978.Quoiqu’ilensoit,sileshommesdontcerecueilprésentelesopinions
etlespenséessontvéritablementremarquables,lavéritéobligeàdireaussi
qu’ilsn’ontjusqu’àprésentguèreétéremarqués.Raisondepluspourleslire,
carilsméritentprécisémentqu’onlesremarque.Ilsontunregardquiporte
loin.
AlaindeBenoist
Luc-Olivierd’Algange
Reprenons, si vous voulez bien, ces quelques phrases extraites
de L’Ombre de Venise : « Il y eut des paysages où les âmes reconnurent
d’autrescieux.Cesâmessontinscritesdanslespaysages.Ellesydemeurent
en signes et en sceaux que les regards attentifs reconnaissent et savent
déchiffrer».
Quelles sont les sources de cette connaissance et de ce savoir que
possède le regard attentif ? N’est-ce pas là, dans le processus de
dessillement et d’illumination du regard, que l’œuvre d’art a un rôle
initiatiqueetépiphanique?
Leregardattentifopèreàunesubversiondutemps.Àcetégard,etcomme
toujours, l’étymologie est bonne conseillère qui nous dit cette attente, cette
attention,quihausselatempératuredutemps,leporteàincandescenceeten
brûlelesécorcesmortes...L’attentionenflamme,elles’approchedubuisson
ardent du sens pour en recevoir les messages. L’attention aiguise, elle
délivre… Le drame de notre époque est cette indifférence morose, cette
acrimonieàl’égarddesêtresetdeschoses,cettecraintedevantlatragédieet
la joie qui claquemure les hommes dans leurs résidences sécurisées, au
propre comme au figuré. Cette servitude volontaire nous éloigne des
épiphanies et des resplendissements de l’âme du monde, de la vérité des
paysages et des pays. Une sapience semble s’être perdue, et plus que
perdue, refusée. L’odieux du monde moderne est qu’il se veut moderne et
nous livre ainsi au kitch effrayant de ses ressassements moroses, de sa
muséologiemortuaire.
Lachancenousdemeure,cependant,etnousserionscoupablesdenepas
la saisir, de refuser ce refus, de passer à travers le nihilisme et de
retrouverlasourcevive.Certainesœuvressontlestémoinsdecepassage,
les ambassadrices d’un monde en « gradations infinies », – qui n’est autre
queleréelquelesModernes,«ceshallucinésdel’arrière-monde»comme
disait Nietzsche, s’efforcent de fuir par tous les moyens. Si l’on considère
quelamétaphysiquen’estpaslanégationdumondephysique,demêmeque
la surnature n’est pas séparée de la nature, mais sa fine pointe, sa part la
plus impondérable et la plus ardente, on pourrait évoquer ici l’art
métaphysique, dans la perspective ouverte par des auteurs tels que Henry
Corbin, avec sa théorie du « monde imaginal » ou par Ananda K.
Coomaraswamy.
L’expression « art métaphysique » recouvre, il est vrai, à moins d’en
préciserrigoureusementlesens,unnombreindéfinideréalitésquisont,pour
ainsi dire, laissées à la discrétion de l’usager. La plus connue, dans l’art
moderne, concerne la peinture de Chirico, encore que l’acception du mot
« métaphysique », ici presque synonyme de « surréaliste », y soit des plus
vagues.Horsd’unedéfinitionphilosophiqueprécise(etladéfinitionprécise
recèle le danger d’être réductrice), tout art, ou aucun, peut être dit
«métaphysique».Toutart,ausensoùl’Artvienttoujoursaprèslanature,
commelaMétaphysiqued’AristotevientaprèssaPhysique.Ouaucun,dans
lamesureoùl’artsuppose,pourexister,pouradvenirànotreentendement,un
support matériel. La peinture, la sculpture, la musique viennent après la
nature,laphysisausensgrec,maisellesluiempruntentindubitablementses
manifestationsquesontlacouleur,lapierreoulebois,lavibrationdel’air…
Distinguer un art métaphysique, en tant que manifestation du sacré, d’un art
quineleseraitpointexigedoncquenousprenionsappuisurunautreordre
de réalité que celui de la manifestation, que nous supposions que non
seulementl’artmaisquelanatureelle-mêmes’ordonnentàuneautreréalité,
un monde supra-sensible, exactement métaphysique. Si nous ne supposons
pas,endehorsdeladimensiondel’ampleurdelaréalité,unedimensionde
l’exaltation,delaverticalité,unehiérarchiedesétatsmultiplesdel’êtredont
lanatureetl’œuvred’artnesont,dansl’ordredelamanifestation,quedes
possibilités parmi une infinité d’autres, nous ne pouvons donner à
l’expression«artmétaphysique»ou«artsacré»qu’unsensincertain.Une
autre tentation serait d’identifier l’art métaphysique à l’art religieux ; il
faudraitalorsconsentiràhonorerdumotdemétaphysiquetouteslesœuvresà
vocation ou à motifs religieux, y compris les pires saint-sulpiceries ; il
faudrait, par surcroît, consentir à nommer « métaphysiques » ou
« épiphaniques » toutes les œuvres allégoriques, y compris celles qui se
rapportentàdesreprésentationslaïquesouidéologiques.L’artreligieuxpeut
être métaphysique, et il s’en faut de beaucoup qu’il le soit toujours, tout
autant que l’art métaphysique peut, en certaines circonstances, échapper au
religieux,àtoutlemoinsdanssadéfinitioncommunautaire,administrativeet
dogmatique.
(...)Findel'extrait.
Bio-bibliographies
Luc-Olivier d’Algange : est un écrivain, poète, et essayiste français. Son
œuvreprotéiformeestmarquéeparlaTradition,lagnose,lechristianismeet
lepaganisme.Sesthèmesdeprédilectionl'ontconduitàécriredansplusieurs
revues telles La Place Royale, Pictura, Cée, L'Originel ou Antaïos, ainsi
quedanslespublicationsdelaNouvelleDroite,ÉlémentsetNouvelleÉcole.
Il a récemment publié Lectures pour Fréderic II aux éditions
Alexipharnaque.
Christian Bouchet : Docteur en ethnologie, Christian Bouchet (1955), est
enseignant,journaliste,écrivain,traducteuretéditeur.Auteurdenombreuses
études sur les nouvelles formes de la spiritualité contemporaine, il a mené
tout particulièrement des recherches sur la conjonction des engagements
extrémistes dans les champs politiques et religieux. Proche du courant
traditionaliste, il a largement contribué à faire connaître la pensée du
philosopherusseAlexandreDouguineenFrance.
Klaus Charnier : né dans les années 70 quelque part en Europe, Klaus
Charnieratrèstôtétéfascinéparlesmusiquesfroidespost-punk,l’œuvrede
Bataille et du Marquis de Sade. Une jeunesse sous le signe de l’IS et de
Whitehouse débouchera sur le magazine confidentiel Acéphale, exploration
du territoire dévasté de l’interzone post-industrielle. Sept numéros auront
raisonduconcept,ledégoûts’installantpourunescèneculturelleetmusicale
en phase terminale. Il a répondu à cet entretien sous la pression et les
menacesrépétéesdesauteurs.
Francis Cousin : né en 1957, Francis Cousin se définit lui-même comme
philosophepraticiendulogosradical.Ilanimeuncabinetdephilo-analyseet
arécemmentpubliéL’êtrecontrel’avoirauxéditionsLeRetourauxSources.
Il est également l’auteur de la fameuse Critique de la société de
l’indistinction.
Alexandre Douguine : est un patriote russe passionné et un fidèle de la
religion orthodoxe. Il est devenu un intellectuel influent de la nouvelle
Russie. Auteur de nombreux livres, sa Quatrième théorie politique est
actuellementdisponibleauxéditionsArsMagna.
Michel Drac : fondateur du site Scriptobloget des éditions du Retour aux
sources, Michel Drac intervient de manière récurrente sur les sites et les
journaux liés aux différentes mouvances alternatives. Auteur de nombreux
essais,onremarqueraspécialementCriseéconomiqueoucrisedusens,qui
proposeunéclairageoriginalsurlacrise.LesiteFdesouche,poursapart,lui
ouvrefréquemmentlescolonnesdesonannexeéconomiqueFortune.
Arnaud Guyot-Jeannin : essayiste et journaliste à Valeurs actuelles et
au Spectacle du Monde, il anime également Le Libre journal des enjeux
actuels sur Radio Courtoisie. Par ailleurs, il dirige la collection « Vu
autrement»auxéditionsdel’Âged’Homme.Ontétépubliés,àcejour,trois
ouvragescollectifs:Auxsourcesdel’erreurlibérale(1999),Auxsourcesde
la droite (2000) et Aux sources de l’éternel féminin (2001). Il a publié
récemment un ouvrage consacré aux acteurs, actrices et metteurs en
scène,LesVisagesducinéma(35portraitsanticonformistes),éditionsXénia
(2012).
ThibaultIsabel:estnéen1978,àRoubaix.Docteurenesthétique,ils’est
d’abord spécialisé dans la psychologie de l’art, avant de se consacrer à la
philosophiegénérale,l’histoiredesmentalitésetl’anthropologieculturelle.Il
est l'auteur de plusieurs essais, dont Le champs du possible, La fin
du siècle du cinéma Américain et plus récemment Le paradoxe de la
civilisation et Á bout de souffle, aux éditions de la Méduse. Il
a également animé la revue Anaximandre et collabore entre autres aux
magazinesÉlémentsetRébellion.
LaurentJames:estunécrivain,acteuretésotéristefrançais.Ilaparticipéà
larédactiondelarevueCancer!,avecdestextessurCéline,DonQuichotte,
AlizéeouArthurRimbaud.IlfondelemouvementParousiaen2008etdonne
quelques conférences, publiques ou sur Internet, portant sur l’ésotérisme
révolutionnaire,lesfondementsetperspectivesduRoyaumeEurasien,oules
rapportsentrel’ApocalypseselonJeanetleTarotdeMarseille.Ilaparticipé
enoctobre2011aucongrèsAgainstPost-ModernWorldorganiséàMoscou
parlemétaphysicientraditionalisteAlexandreDouguine.
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