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6REPÈRES ET TENDANCES 4CONJONCTURES 4 DOSSIER 4 LIVRES ET IDÉES GESTION WAJDI BEN REJEB1 *, CHAFIK ABDELLATIF **, YOSR SBAIS ***, YASSINE DABBABI **** Le management tunisien : orientation arabe ou méditerranéenne ? étude des fondements culturels du management en Tunisie, à travers le projet Globe Y a-t-il des spécificités culturelles du management en Tunisie par rapport au management dans les pays méditerranéens-latins ou dans les pays arabes ? Cette étude, qui porte sur un échantillon de 106 « middle managers » tunisiens, relève plus de similarités que de différences. L a notion de culture se situe au centre des recherches en anthropologie, psychologie, comportement organisationnel et management international. Dans cette perspective, il existe une littérature abondante renvoyant aux notions de norme, de valeur, de comportement organisationnel et de système de croyances. La culture conditionne la vie en société ainsi que le fonctionnement des entreprises, notamment à travers le concept de système de gestion. Dans ce cadre, bien que chaque pays présente des spécificités culturelles propres, les recherches antérieures ont montré qu’il existe aussi des ensembles culturels composés de nations regroupées en fonction de l’emplacement géographique et des similarités culturelles (Ronen, S., et Shenkar, O., 1985). * Assistant, chercheur en management, université El-Manar, Gemas,Tunisie. * * Assistant, chercheur en management, université de Tunis, Gemas,Tunisie. * * * Assistante, chercheur en management, université El-Manar, Gemas,Tunisie. * * * * Assistante, chercheur en management, université de Tunis, Gemas,Tunisie. 36 Sociétal N° 54 g 4e trimestre 2006 Cette recherche porte sur la Tunisie. Ce pays a des similitudes culturelles aussi bien avec les pays arabes qu’avec les méditerranéens-latins, du fait de son histoire et de sa position géographique. C’est dans cette orientation que s’inscrit cette recherche ayant pour objectif de positionner le management tunisien, à travers une approche culturelle, par rapport aux groupes méditerranéenlatin et arabe, afin de dégager les éléments standards et différentiels, et ce, à travers l’application d’une méthode appelée par ses auteurs le projet Globe (House, R. J. et al., 2004). CULTURE SOCIÉTALE ET ORGANISATIONNELLE L es auteurs du projet Globe définissent la culture d’une manière générale comme des motifs, valeurs, 1. Auteur de contact : HYPERLINK [email protected] LE MANAGEMENT TUNISIEN : ORIENTATION ARABE OU MÉDITERRANÉENNE ? croyances, identités et interprétations partagés, résultant des expériences communes des membres d’un groupe et transmis à travers les générations (House, R.J., et al. 2004). Plus précisément, la culture sociétale regroupe les systèmes de croyances idéologiques (incluant la religion, le système de croyance politique), l’héritage ethnique et l’histoire alors que la culture organisationnelle englobe le vocabulaire communément utilisé au sein d’une organisation, l’histoire ainsi que les valeurs partagées par les membres (House, R.J., et al. 2004). Les dimensions culturelles du projet Globe constituent un développement et un prolongement de travaux précédents. Six dimensions culturelles ont été inspirées du travail de Hofstede (1980), il s’agit de la distance hiérarchique, du contrôle de l’incertitude, de l’égalité des sexes, de l’assurance, du collectivisme dans son volet familial et du collectivisme institutionnel. Trois autres dimensions ont été ajoutées, à savoir, l’orientation future (Kluckhohn, F., et Strodtbeck, F., 1961), l’orientation performance (McClelland, D., 1961), l’orientation humaine (Kluckhohn, F. et Strodtbeck, F., 1961). Contrôle de l’incertitude : la mesure selon laquelle une organisation ou une société cherche à éviter l’incertitude en élaborant et en mettant en place des normes sociales, des rituels et des pratiques bureaucratiques pour atténuer l’effet des événements futurs imprévus. Distance hiérarchique : le degré selon lequel les membres d’une organisation ou d’une société s’attendent et approuvent une répartition inéquitable du pouvoir. Collectivisme institutionnel : reflète le degré selon lequel les pratiques sociales et organisationnelles encouragent et récompensent la distribution collective des ressources ainsi que l’action collective. Collectivisme familial : reflète le degré selon lequel les individus expriment fierté, loyauté et cohésion dans leurs organisations ou familles. Égalité des sexes : la mesure selon laquelle une organisation ou une société minimise les différences associées aux rôles des deux sexes. Assurance : le degré selon lequel les individus au sein d’une organisation ou d’une société ont de l’assurance, ne craignent pas la confrontation ou montrent de l’agressivité dans leurs relations. Orientation future : le degré selon lequel les individus au sein d’une organisation ou d’une société adoptent et récompensent des comportements orientés vers le futur, comme la planification, l’investissement à long terme. Orientation performance : elle se réfère à la manière selon laquelle une organisation ou une société encourage et récompense ses membres pour l’amélioration de la performance et la quête de l’excellence. Orientation humaine : le degré selon lequel les individus au sein d’une organisation ou d’une société encouragent et récompensent ses membres pour qu’ils se montrent justes, altruistes, amicaux, généreux et gentils avec les autres. Notre problématique étant de positionner les spécificités culturelles du management tunisien par rapport aux groupes arabe et méditerranéen-latin, il serait opportun de passer, dans un premier temps, en revue les spécificités culturelles des deux groupes en question. LE MANAGEMENT MÉDITERRANÉEN-LATIN A u sein de l’Europe, il existe cinq groupes culturels : l’anglo-saxon, le nordique, le germanique, le méditerranéen-latin et l’est-européen. Le groupe latin comprend la France, l’Italie, le Portugal et l’Espagne (Gupta, V. et al., 2002). à l’instar de Griffeth et al. (1980), nous plaçons également la Grèce dans le groupe latin. Selon Jesuino (2002), les pays européens latins ont en commun plusieurs caractéristiques comme l’héritage catholique, l’emplacement géographique et la culture méditerranéenne. Le projet Globe a montré que le groupe des pays européens latins-méditerranéens est assez homogène (House, R.J., et al., 1999). Sur le plan sociétal, les pays européens latins sont caractérisés par la centra- lisation institutionnalisée de la prise de décision, les pratiques bureaucratiques, l’intervention étatique ainsi que de faibles processus organisationnels internes (Jesuino, J.C., 2002). Par ailleurs, la culture méditerranéenne affiche une moindre capacité à contrôler l’incertitude et l’ambiguïté (Nikandrou, I., et al. 2003). Concernant le fonctionnement des entreprises, Hickson et Pugh (1995) soulignent l’approche personnelle du management dans les organisations méditerranéennes : l’autorité personnelle est valorisée et les rapports personnels sont importants. Cette touche permet à l’organisation de fonctionner en dépit des structures hiérarchiques et des procédures bureaucratisées, souvent en contournant les règles. Dans ce sens, Perez (1994) estime que la culture des entreprises méditerranéennes est empreinte du poids que représentent les relations interpersonnelles, notamment avec la famille élargie. Le manager méditerranéen-latin a une préférence pour l’action non structurée, il excelle dans l’improvisation et la résolution des problèmes dans des circonstances difficiles et sous pression du temps (Kamoche, K., et Cunha, M.P., 2001). Par ailleurs, Hickson et Pugh (1995) estiment que les managers méditerranéens-latins sont portés sur le court terme, autorisant des arrangements à la dernière minute et changeant souvent les plans préétablis à long terme. Le projet Globe a fait l’objet d’une étude dans le groupe latin. Pour ce qui est de la culture sociétale, ce groupe est caractérisé par une longue distance hiérarchique, un important collectivisme familial, un degré relativement moyen d’orientation performance et de contrôle de l’incertitude. Les autres dimensions présentent des scores plutôt faibles. La culture organisationnelle diffère par certains aspects de la culture sociétale dans la mesure où elle présente un degré relativement important d’orientation future, une distance hiérarchique relativement faible ainsi qu’un degré peu significatif d’égalité des sexes. Les scores des autres dimensions se situent dans la moyenne (Nikandrou, I., et al. 2003). Sociétal N° 54 g 4e trimestre 2006 37 6REPÈRES ET TENDANCES 4CONJONCTURES 4 DOSSIER 4 LIVRES ET IDÉES GESTION LE MANAGEMENT ARABE L es pays arabes présentent une importante homogénéité sur le plan culturel. Cependant, les recherches portant sur les spécificités du management arabe sont assez rares. Les pratiques managériales dans les sociétés arabes sont influencées par l’islam, les traditions tribales, l’héritage colonial, les influences occidentales et l’intervention étatique (Hickson, D.J., Pugh, D.S., 1995). Plusieurs auteurs ont montré que la structure principale de l’organisation sociale arabe est essentiellement hiérarchique et traditionnelle, reproduisant dans un certain sens une représentation de la famille et des liens de parenté imprégnant la société (Ali,A., 1996,Weir, D., 2001). En ce sens, les pays arabes se caractérisent par une longue distance hiérarchique (Hofstede, G., 1980). Dans ce type de société, savoir, argent et pouvoir vont de pair. Ce dernier est basé sur la famille, les amis, le charisme et l’utilisation de la force. Pour ce qui est du management, Hofstede (1980) fut l’un des premiers à étudier la pratique du management dans les pays arabes. Il a identifié une longue distance hiérarchique, un haut degré de contrôle de l’incertitude, un degré important de masculinité et un faible niveau d’individualisme. Lors de la prise de décision, les managers arabes ont tendance à être peu participatifs tout en cherchant le consensus à travers des styles consultatifs (Khadra, B., 1990 ; Ali, A., 1988 et Muna, F.M., 1980). D’une manière générale, le management dans les pays arabes est caractérisé par le manque de planification, la faiblesse des politiques à long terme, la centralisation excessive dans la prise de décision et l’absence de lignes claires d’organisation (Attiyah, H.S., 1993). Le projet Globe a été appliqué dans certains pays arabes, à savoir l’égypte, le Koweït, le Qatar et le Maroc. Sur le plan sociétal, le groupe arabe présente une culture caractérisée par un important collectivisme familial, une longue distance hiérarchique ainsi qu’un faible degré d’égalité des sexes et d’orienta- 38 Sociétal N° 54 g 4e trimestre 2006 tion future. Par ailleurs, ce groupe est marqué par un degré relativement important d’orientation humaine. Les autres dimensions affichent des scores relativement moyens. Sur les plans managérial et organisationnel, les pays arabes étudiés affichent une culture organisationnelle caractérisée par une longue distance hiérarchique, un important collectivisme familial, un degré relativement important d’orientation humaine, un faible degré d’égalité des sexes et d’orientation future. Les autres dimensions culturelles se situent dans la moyenne (Kabasakal, H. et Bodur, M., 2002). LE MANAGEMENT TUNISIEN O n essaiera dans cette partie de passer en revue la littérature existante sur les spécificités culturelles du management tunisien à travers l’étude des dimensions culturelles du projet Globe. Le collectivisme Dans une recherche récente, Latiri et Smida (2004) ont relevé la coexistence en Tunisie d’un collectivisme familial consacré et d’un individualisme professionnel émergent. Dans cette perspective, l’étude de Frioui (2003) a montré que la recherche de l’intérêt est une valeur consacrée dans l’environnement des affaires en Tunisie. Dans l’entreprise, l’objectif de réussite individuelle du Tunisien est en train de prendre de l’importance alors que le primat du groupe reste le trait dominant au niveau de ses relations avec la famille et les amis. Boudabbous (2005) souligne que le Tunisien conçoit l’entreprise comme un prolongement de la famille élargie. Par ailleurs, il existe dans les organisations tunisiennes un léger esprit communautaire ainsi que des formes de solidarité de groupes cloisonnés (Zgahl, R., 1994 et Ben Fadhel,A., 1992). La distance hiérarchique à travers la littérature, les chercheurs se mettent d’accord concernant le style paternaliste et la conception autocratique du pouvoir en Tunisie (Zghal, R., 1994, Boudabbous, S., 2005). La société tunisienne est hiérarchique, à l’image de la famille, et se présente sous une forme fondamentalement pyramidale (Ben Fadhel, A. 1992). Dans les entreprises, le dirigeant centralise la prise de décision. Dans cette perspective, Latiri et Smida (2004) soulignent la faible participation des subordonnés à la prise de décision dans les entreprises tunisiennes. Le contrôle de l’incertitude En Tunisie, à l’instar des autres sociétés arabo-musulmanes, la dimension contrôle de l’incertitude présente une certaine ambiguïté du fait de la coexistence d’aspects renvoyant à la fois au faible et au fort contrôle de l’incertitude. La croyance en un destin tracé – Maktoub – favorise le contrôle de l’incertitude en poussant les individus à accepter les événements tels qu’ils se présentent, ce qui réduit énormément l’anxiété et le stress. Ben Fadhel (1992) a trouvé que la société tunisienne pencherait davantage vers le faible contrôle de l’incertitude. Cependant, l’étude de Frioui (2003) montre que la prudence est une valeur consacrée dans l’environnement des affaires en Tunisie. Au sein des organisations, les auteurs soulignent une caractéristique du management tunisien : le flou. En effet, il existe un flou organisationnel associé au manque de transparence et à la difficulté d’imputation des responsabilités (Zghal, R., 1994, Boudabbous, S., 2005). De plus, l’informel prédomine par rapport au formel, les procédures et les injonctions écrites sont rares, voire, inexistantes (Gaha, C. et Mansour, N., 2004, Boudabbous, S., 2005). L’orientation future D’une manière globale, Boudabbous (2005) estime qu’en Tunisie le temps est un cercle aux contours flous et mouvants. Ainsi, le Tunisien s’adapte au temps et aux événements associés et non l’inverse. Les Tunisiens tendent à fonctionner en temps réel et à adapter leurs actions aux échéances, ils peuvent aussi entreprendre de nombreuses tâches en même temps. Certaines recherches ont montré que les entreprises vivent dans le court terme. Le manager tunisien a tendance à avoir une attitude tantôt réactive, tantôt LE MANAGEMENT TUNISIEN : ORIENTATION ARABE OU MÉDITERRANÉENNE ? Tableau 1. La culture sociétale en Tunisie (moyennes) Contrôle de Orientation Distance Collectivisme Orientation Orientation Collectivisme Égalité Assurance l'incertitude future hiérarchique institutionnel humaine performance familial des sexes Le constat Le devrait être 4,607 5,456 4,17 5,785 préactive face à l’avenir, il obéit le plus souvent à l’instantanéité, la notion de projet est souvent confuse sinon absente (Latiri, R. et Smida,A., 2004). L’orientation performance En Tunisie, aussi bien en société que dans les entreprises, on retrouve l’économie de relations à travers la notion de capital social. En effet, à l’instar des pays méditerranéens, la culture de l’entreprise tunisienne reste empreinte du poids que représentent les relations interpersonnelles, notamment avec la famille élargie, formant une économie de relations complétant et se distinguant de l’économie, pure de transactions, fondée sur les seuls mécanismes marchands et sur leur intériorisation au sein des organisations (Perez, R., 1994). Cette économie de relations influence l’orientation performance. L’évaluation de la performance ne s’effectue pas uniquement sur la base des critères de performance économique, elle dépend aussi des critères relationnels et humains, notamment à travers la valorisation des relations liées à une appartenance sociale extraorganisationnelle. (Boudabbous, S., 2005 Zghal, R., 1999). L’égalité des sexes Selon Ben Fadhel (1992), la société tunisienne est caractérisée par un certain équilibre entre la masculinité et la féminité. Dans ce sens, la société tunisienne est masculine à forte dose de féminité. Les Tunisiens ne font pas beaucoup de différence entre les rôles attribués à l’homme et à la femme en société, ils les considèrent égaux et préfèrent la qualité de la vie. Cependant, au sein des entreprises, l’autorité d’une femme n’est pas souvent appréciée, l’égalité n’y est acceptée que parce qu’elle est imposée par la loi (Latiri, R. et Smida,A., 2004). L’orientation humaine En Tunisie, malgré l’assimilation de certaines normes propres à la culture industrielle, les valeurs traditionnelles 5,354 2,594 4,417 5,475 4,335 5,23 fondamentales, à l’instar de la dignité et de l’égalité, ont persisté. Ces deux valeurs sont présentes aussi bien dans le référentiel religieux et sacré (le Coran) que dans les proverbes populaires (Zghal, R., 1994). De plus, dans le cadre d’une étude empirique, Ben Fadhel (1992) a recensé chez 150 individus représentatifs du tissu social tunisien une préférence pour la solidarité, le plaisir de rendre service aux autres ainsi que le rejet de l’égoïsme. L’assurance étudiant la tolérance au sein du contexte tunisien, Ben Fadhel (1992) a identifié un refus de l’agressivité, un penchant pour le rôle de membre plutôt que de chef ainsi qu’une perception constructive des conflits. Par ailleurs, les Tunisiens se caractérisent par un refus des vérités absolues et la crainte d’exprimer un désaccord avec les supérieurs (Ben Fadhel, A., 1992, Latiri, R. et Smida,A., 2004). La revue de la littérature permet de constater qu’il existe des similarités aussi bien sur le plan sociétal qu’organisationnel entre la Tunisie et les groupes arabe et méditerranéen-latin, sans pour autant permettre d’apporter conceptuellement une réponse à la problématique. Une enquête exploratoire permettra de positionner les résultats relatifs à la Tunisie par rapport aux données issues de la recherche du projet Globe dans les groupes arabe et méditerranéen-latin respectivement. RÉSULTATS DU PROJET GLOBE POUR LA TUNISIE L a méthodologie adoptée pour la Tunisie est la même que celle adoptée par le projet Globe dans 62 pays. Deux types de questionnaires ont été distribués au hasard. Le A est relatif à la culture organisationnelle alors que le B relève de la culture sociétale2. Ces questionnaires ont été distribués à 106 middle managers appartenant à seize firmes du 4,332 6,012 5,882 6,535 3,847 3,772 3,753 4,313 secteur financier et huit entreprises du secteur agroalimentaire. Le choix de ces secteurs d’activité est fondé sur plusieurs facteurs : en effet, ces deux secteurs sont majoritairement indigènes, une situation qui ne prévaut pas dans d’autres domaines d’activité. Par ailleurs, le projet Globe recommande la procédure de l’échantillonnage. Les critères de sélection adoptés pour le choix sont : la nationalité d’origine (focalisation sur les entreprises locales) ; la taille de l’entreprise appréhendée à travers l’effectif et le chiffre d’affaires annuel (focalisation sur les grandes et moyennes entreprises) ; la position concurrentielle (focalisation sur les entreprises occupant les premières positions). Pour chaque critère est calculée une moyenne sur une échelle allant de 1 à 7, en fonction de l’appréciation. La culture sociétale Les résultats de l’enquête montrent que la société tunisienne est caractérisée par un important collectivisme familial (5,882)3, une longue distance hiérarchique (5,354), un faible niveau d’assurance (3,753) ainsi qu’une faible égalité des sexes (3,847). Concernant les autres dimensions culturelles, à savoir, le contrôle de l’incertitude (4,607), l’orientation future (4,17), le collectivisme institutionnel (4,417), l’orientation humaine (4,335) et l’orientation performance (4,332), les scores sont relativement moyens. La Tunisie présente une culture sociétale fondée sur la consécration de la cohésion et des liens de famille et sur une centralisation du pouvoir et une hiérarchisation des rapports sociaux. Par ailleurs, la société tunisienne se caractérise par une certaine différenciation des rôles des sexes ainsi que la crainte des 2. Pour prendre connaissance des items du questionnaire administré, voir annexes. 3. Moyenne de la dimension sur une échelle de 1 à 7 (1 très faible - 7 très important). Sociétal N° 54 g 4e trimestre 2006 39 6REPÈRES ET TENDANCES 4CONJONCTURES 4 LIVRES ET IDÉES 4 DOSSIER GESTION Graphique 1. La représentation de la culture sociétale en Tunisie Contrôle de l'incertitude 7 6 Assurance Orientation future 5 4 3 2 Égalité des sexes Distance hiérarchique 1 0 Collectivisme familial Collectivisme institutionnel Orientation performance Orientation humaine Le devrait être confrontations qui se traduit par une forme de complaisance envers autrui. Cependant, on y aspire à une répartition plus égalitaire du pouvoir (2,594), c’est pourquoi les réponses expriment le souhait d’une courte distance hiérarchique en société. Par ailleurs, les résultats révèlent la recherche d’un degré plus important d’assurance, de contrôle de l’incertitude, d’orientation future, le constat humaine et performance, ainsi que de collectivisme institutionnel et familial. Toutefois, les Tunisiens ne sont pas prêts à accepter un degré plus important d’égalité des sexes (3,772). La culture organisationnelle Les résultats montrent que les entreprises tunisiennes se caractérisent par une assez longue distance hiérarchique (4,49), de légères tendances de contrôle Graphique 2. La représentation de la culture organisationnelle en Tunisie Contrôle de l'incertitude 6 Assurance Orientation future 4 2 Égalité des sexes Distance hiérarchique 0 Collectivisme familial Collectivisme institutionnel Orientation performance Le portrait du management tunisien est empreint d’une certaine centralisation dans le partage et l’exercice du pouvoir, d’une tendance masculine, dans la mesure où il existe une différenciation des rôles joués par chaque sexe dans l’entreprise, et d’une légère disposition à se prémunir contre les événements imprévus. Par ailleurs, le management tunisien se caractérise par un léger esprit communautaire familial, plus valorisé que le collectivisme institutionnel. En effet, la conception de l’entreprise traduit un prolongement des relations familiales et de parenté largement consacrées en société. Cependant, l’orientation vers la collégialité et le travail d’équipe reste assez moyenne compte tenu de la distance hiérarchique et de l’insuffisance des incitations à l’action collective. Les middle managers tunisiens aspirent à une plus grande orientation future (5,637), humaine (4,900) et performance (5,730). Par ailleurs, les personnes interrogés prônent un degré plus important de collectivisme familial (6,050) et institutionnel (5,624), d’assurance (4,44) ainsi que de contrôle de l’incertitude (5,155). Cependant, les Tunisiens restent attachés à la longue distance hiérarchique (4,992) ainsi qu’à un faible niveau d’égalité des sexes (3,898). On peut conclure que, aussi bien dans les organisations qu’en société, la longue distance hiérarchique, le faible degré d’égalité des sexes et l’important degré de collectivisme familial sont les principales Orientation humaine Le devrait être de l’incertitude (4,45), d’orientation future (4,31), d’orientation humaine (4,29) et d’orientation performance (4,176), un faible degré d’égalité des sexes (3,505) ainsi qu’un léger collectivisme familial (4,42). Par ailleurs, le collectivisme institutionnel et l’assurance affichent des scores assez moyens : respectivement 3,94 et 3,99. le constat Tableau 2. La culture organisationnelle en Tunisie (moyennes) Contrôle de Orientation Distance Collectivisme Orientation Orientation Collectivisme Egalité Assurance l'incertitude future hiérarchique institutionnel humaine performance familial des sexes le constat Le devrait être 40 Sociétal N° 54 4,453 5,155 g 4,31 5,637 4e trimestre 2006 4,49 4,992 3,94 5,624 4,296 4,904 4,176 5,73 4,42 6,05 3,505 3,898 3,996 4,443 LE MANAGEMENT TUNISIEN : ORIENTATION ARABE OU MÉDITERRANÉENNE ? dimensions culturelles consacrées en Tunisie ; elles imprègnent ainsi le management des organisations et la vie en communauté en général. POSITIONNEMENT DE LA CULTURE SOCIÉTALE EN TUNISIE PAR RAPPORT AUX GROUPES ARABE ET MÉDITERRANÉEN-LATIN L e graphique ci-contre présente le positionnement des différentes dimensions culturelles sociétales du projet Globe en Tunisie, par rapport aux scores réalisés dans les groupes arabe et méditerranéen-latin. On y note la convergence de la société tunisienne vers le groupe arabe exclusivement à deux niveaux : l’orientation humaine et le collectivisme institutionnel, à travers des scores moyens mais plus élevés que ceux enregistrés au sein du groupe méditerranéen-latin, où ces dimensions sont plutôt faibles. Par ailleurs, la pratique sociétale tunisienne converge vers les groupes arabe et méditerranéen-latin simultanément au niveau de plusieurs dimensions telles que la longue distance hiérarchique, le degré important de collectivisme familial ainsi que le degré moyen d’assurance. La culture sociétale tunisienne se différencie légèrement de ces deux groupes culturels au niveau de certaines dimensions – le contrôle de l’incertitude et l’égalité des sexes –, présentant des scores plus élevés que ceux enregistrés dans les groupes arabe et méditerranéen-latin, ainsi que des degrés légèrement plus importants d’orientation future et d’orientation performance que dans la pratique arabe et méditerranéenne-latine. Ces deux dimensions, moyennes en Tunisie, sont plutôt faibles dans les groupes arabe et méditerranéen-latin. Au total, la culture sociétale tunisienne converge vers le groupe arabe au niveau de cinq dimensions culturelles (distance hiérarchique, orientation humaine, collectivisme institutionnel, collectivisme familial et assurance) contre trois dimen- Graphique 3. Le positionnement de la culture sociétale en Tunisie par rapport aux groupes arabe et méditerranéen-latin Orientation performance 6 Contrôle de l’incertitude Orientation future 4 2 Collectivisme familial Assurance 0 Distance hiérarchique Collectivisme institutionnel Orientation humaine Égalité des sexes Tunisien Arabe sions communes avec le groupe méditerranéen-latin (distance hiérarchique, collectivisme familial et assurance) et se différencie de ces deux groupes sur le plan du contrôle de l’incertitude, de l’égalité des sexes, de l’orientation future et de l’orientation performance. Ces résultats laissent conclure que la société tunisienne tend légèrement vers le groupe arabe malgré d’importantes similarités avec le groupe méditerranéen-latin. Méditerranéen-latin POSITIONNEMENT DE LA CULTURE ORGANISATIONNELLE EN TUNISIE PAR RAPPORT AUX GROUPES ARABE ET MÉDITERRANÉEN-LATIN L e graphique ci-dessous présente le positionnement des différentes dimensions culturelles du projet Globe en Tunisie, par rapport aux groupes arabe et méditerranéen-latin sur le plan organisationnel. La pratique organisationnelle tunisienne converge simultanément vers les groupes Graphique 4. Le positionnement de la culture organisationnelle en Tunisie par rapport aux groupes arabe et méditerranéen-latin Orientation performance 6 Contrôle de l’incertitude Orientation future 4 2 Collectivisme familial Assurance 0 Distance hiérarchique Collectivisme institutionnel Orientation humaine Tunisien Égalité des sexes Arabe Méditerranéen-latin Sociétal N° 54 g 4e trimestre 2006 41 6REPÈRES ET TENDANCES 4CONJONCTURES 4 DOSSIER 4 LIVRES ET IDÉES GESTION Tableau 3. Positionnement de la Tunisie par rapport aux groupes arabe et méditerranéen-latin Dimensions Contrôle de l'incertitude Distance hiérarchique Orientation performance Orientation humaine Orientation future Collectivisme institutionnel Collectivisme familial égalité des sexes Assurance Culture sociétale Culture organisationnelle Contrôle de l'incertitude Distance hiérarchique Orientation performance Orientation humaine Orientation future Collectivisme institutionnel Collectivisme familial égalité des sexes Assurance arabe et méditerranéen-latin au niveau de quatre dimensions culturelles :l’orientation performance, l’orientation humaine, l’assurance et le collectivisme institutionnel. La culture organisationnelle en Tunisie converge exclusivement vers le groupe méditerranéen-latin au niveau de deux dimensions : un collectivisme familial légèrement important, mais avec un score moins élevé que celui obtenu au sein du groupe arabe, et une orientation future plus importante que pour le groupe arabe, au sein duquel cette dimension est plutôt faible. Il est à noter que la Tunisie n’a de convergence exclusive vers le groupe arabe sur aucune dimension culturelle. Enfin, la pratique tunisienne se différencie des pratiques arabe et méditerranéenne au niveau de trois dimensions. En effet, au niveau de la distance hiérarchique, la Tunisie se situe à mi-chemin entre les groupes méditerranéen-latin et arabe. Pour ce qui est de l’égalité des sexes et du contrôle de l’incertitude, ces dimensions sont légèrement plus importantes en Tunisie que dans les groupes arabe et méditerranéen-latin. Au total, la culture organisationnelle tunisienne converge vers le groupe arabe au 42 Sociétal N° 54 g 4e trimestre 2006 Groupe arabe Groupe méditerranéen-latin Différenciation Convergence Convergence Différenciation SYNTHÈSE DES RÉSULTATS L e tableau numéro 3 présente une synthèse en termes de convergence ou de différenciation du positionnement des résultats du projet Globe pour la Tunisie par rapport aux données relatives aux groupes arabe et méditerranéen-latin. Convergence Différenciation Convergence Convergence Convergence Différenciation Convergence Convergence Différenciation Différenciation Convergence Convergence Convergence Convergence Convergence Convergence Convergence Convergence Différenciation Convergence Convergence niveau de quatre dimensions culturelles (orientation performance, orientation humaine, assurance et collectivisme institutionnel) contre six dimensions communes avec le groupe méditerranéen-latin (collectivisme familial, orientation future, orientation performance, orientation humaine, assurance et collectivisme institutionnel) et se différencie de ces deux groupes culturels au niveau de la distance hiérarchique, du contrôle de l’incertitude et de l’égalité des sexes. à l’opposé de la pratique sociétale, on peut conclure que le management des entreprises tunisiennes tend plutôt vers le groupe méditerranéen-latin, bien que d’importantes spécificités soient partagées avec le groupe arabe. Le tableau montre que la Tunisie converge sur le plan sociétal vers le groupe arabe, et vers le groupe méditerranéen-latin au niveau de la culture organisationnelle et du management. Les résultats obtenus par la présente étude nous permettent aussi de présenter les grands traits du système de gestion des entreprises tunisiennes. CONCLUSION L a culture organisationnelle et la pratique du management sont imprégnées explicitement ou implicitement par les normes, valeurs et croyances consacrées en société. Dans ce cadre, en dépit du mouvement de standardisation généré par la mondialisation, les modèles de management nationaux continuent à garder certaines spécificités, en rapport notamment avec le facteur culturel. Dans cette perspective, l’objectif de ce travail de recherche était d’identifier, dans un premier temps, les spécificités culturelles du management tunisien à travers l’étude empirique des dimensions du projet Globe, en société et dans les entreprises ; de positionner, dans un deuxième temps, la pratique tunisienne par rapport aux groupes arabe et méditerranéen-latin. Tableau 4. Le système de gestion de l'entreprise tunisienne Axes Composantes et caractéristiques Philosophie de gestion Léger collectivisme familial Collectivisme institutionnel moyen Degré moyen d'assurance Faible égalité des sexes Mode de fonctionnement Assez longue distance hiérarchique Degré moyen de contrôle de l'incertitude Régulation et évaluation Degré moyen d'orientation performance Degré moyen d'orientation future LE MANAGEMENT TUNISIEN : ORIENTATION ARABE OU MÉDITERRANÉENNE ? En ce qui concerne la culture sociétale, la Tunisie se caractérise par un important collectivisme familial, une longue distance hiérarchique, un faible niveau d’assurance ainsi qu’une faible égalité des sexes. Pour ce qui est du management, la culture organisationnelle des entreprises tunisiennes présente une distance hiérarchique assez longue, de moyennes tendances de contrôle de l’incertitude, d’orientation future, d’orientation humaine et d’orientation performance, un faible degré d’égalité des sexes ainsi qu’un léger collectivisme familial. Le collectivisme institutionnel et l’assurance affichent des scores moyens. Le positionnement de la culture sociétale en Tunisie par rapport aux pratiques des groupes arabe et méditerranéen-latin a montré plusieurs similarités culturelles. En effet, la culture sociétale en Tunisie converge à la fois vers les groupes arabe et méditerranéen-latin au niveau de la distance hiérarchique, du collectivisme familial et de l’assurance. Toutefois, il n’existe pas de convergence exclusive de la culture sociétale tunisienne vers le groupe méditerranéen-latin, alors que deux dimensions culturelles sont partagées exclusivement avec le groupe arabe, à savoir l’orientation humaine et le collectivisme institutionnel. Il est à souligner que la culture sociétale tunisienne se différencie de celle des deux groupes étudiés au niveau du contrôle de l’incertitude, de l’orientation performance et de l’orientation future, ces dimensions affichent des scores plus importants en Tunisie. On conclut pour la culture sociétale que la pratique tunisienne converge légèrement vers le groupe arabe tout en partageant certaines dimensions avec le groupe méditerranéen-latin et en gardant d’autres spécificités propres. Pour ce qui est de la culture organisationnelle, le management des entreprises tunisiennes partage certaines dimensions culturelles à la fois avec les groupes arabe et méditerranéen-latin : il s’agit de l’orientation performance, de l’orientation humaine, du collectivisme institutionnel et de l’assurance. La pratique tunisienne tend exclusivement vers le groupe méditerranéen-latin au niveau de l’orientation future et du collectivisme familial alors qu’aucune dimension n’est partagée en exclusivité avec le groupe arabe. à l’opposé de la culture sociétale, le management des entreprises tunisiennes penche légèrement vers le groupe méditerranéen-latin avec des similarités partagées avec le groupe arabe tout en gardant certaines spécificités comme le contrôle de l’incertitude, l’égalité des sexes et la distance hiérarchique. Ce travail de recherche comporte plusieurs apports, il s’agit de la première application du projet Globe en Tunisie, jusque-là délaissé par les chercheurs. Par ailleurs, il a permis de dresser un état des lieux de la culture sociétale et organisationnelle en Tunisie et, par conséquent, d’actualiser la littérature existante. Ce travail offre la possibilité de positionner les spécificités culturelles du management tunisien par rapport aux référentiels les plus proches : le groupe arabe du fait de la langue, de la religion, de l’histoire et du patrimoine, et le groupe méditerranéen vu le volume important des échanges et des transactions, l’influence géographique et l’héritage colonial. La présente recherche a montré que le management en Tunisie penche légèrement vers le groupe méditerranéen-latin, bien que des similarités existent avec le groupe arabe. Le résultat relatif à la culture sociétale peut se justi- fier par l’importance des facteurs religieux et linguistique dans la culture tunisienne, toutefois la convergence du management tunisien vers le groupe méditerranéen–latin peut s’expliquer par une forme d’acculturation managériale due à l’héritage colonial et au succès du modèle européen, notamment français, dans les entreprises tunisiennes à travers la formation des managers et les différentes formes de coopération entre entreprises tunisiennes et européennes. Les résultats de cette recherche ont plusieurs implications managériales. à cet égard, le choix des techniques managériales à adopter par les entreprises tunisiennes peut être guidé a priori par leur succès ou leur échec dans les pays méditerranéens-latins Par ailleurs, les entreprises tunisiennes peuvent opter pour des relations de coopération, de partenariat ou pour des alliances avec des entreprises du groupe méditerranéen-latin, plutôt qu’avec d’autres, les similarités culturelles favorisant la réussite de la coopération et la durabilité de la relation. Ce travail offre plusieurs prolongements et ouvre des horizons. L’argument culturel peut être utilisé pour comprendre et expliquer le design organisationnel, les systèmes de gouvernance et les pratiques du management en général dans un Annexe : exemple d’items utilisés dans l’étude des dimensions culturelles du projet Globe Les choses telles qu’elles sont dans votre entreprise Dans cette entreprise la paye et le système de bonus sont destinés à maximiser : 1 2 3 4 5 6 Les intérêts individuels 7 Les intérêts collectifs Les choses telles qu’elles devraient être dans votre entreprise Dans cette entreprise la paye et le système de bonus devraient être destinés à maximiser : 1 2 3 4 5 6 Les intérêts individuels 7 Les intérêts collectifs Les choses telles qu’elles sont dans votre pays Dans notre pays, le système économique est destiné à maximiser : 1 2 3 4 5 Les intérêts individuels 7 Les intérêts collectifs 6 Les choses telles qu’elles devraient être dans votre pays Dans notre pays, le système économique devrait être destine à maximiser : 1 2 3 4 5 6 Les intérêts individuels Sociétal N° 54 7 Les intérêts collectifs g 4e trimestre 2006 43 6REPÈRES ET TENDANCES 4CONJONCTURES 4 DOSSIER GESTION Bibliographie ALI, A., AL SHAKHIS M., 1985, " Managerial value systems for working in Saudi Arabia: an empirical investigation ", Group and Organization Studies, 10, 135-51. 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