Titre original : JULIA Année : 2014 Na

Transcription

Titre original : JULIA Année : 2014 Na
http://www.devildead.com
JULIA
________________________________________________________________________________________
Titre original : JULIA
Année : 2014
Nationalité : Etats-Unis
Acteurs : Ashley C. Williams, Tahyna Tozzi, Jack Noseworthy, Joel de la Fuente, Cary Woodworth, Bridget
Megan Clark, Darren Lipari, Ryan Cooper, Brian Koed, Kumiko Konishi
Réalisateur : Matthew A. Brown
Scénario : Matthew A. Brown
Musique : Frank Hall
________________________________________________________________________________________
New York City, Julia ([P-61735-TIK>Ashley C.
Williams[/P>) se rend à un rendez-vous galant mais se trouve
prise au piège d´un ignoble viol collectif. Laissée pour morte,
elle revient dans son appartement, murée dans son silence.
Hagarde, elle erre entre son job et les bars. Elle y entend une
conversation sur un médecin qui effectuerait des miracles
concernant des cas extrêmes comme le sien. Elle initie alors
une thérapie inédite aux conséquences sanglantes.
Inévitablement, JULIA se confrontera aux remarques
concernant son sujet, ressemblant en diable à L´ANGE DE LA
VENGEANCE et la myriade de films errant dans la catégorie
«Rape and Revenge». Julia apparait comme fragile, renfermée,
peu sûre d´elle même - ce qui la rapproche de la psychologie de
[P-54267-TIK>Zoe Lund[/P> dans l´opus d´[P-106-TIK>Abel
Ferrara[/P>, qui se passait également à New York City. Ici, au
diapason d´une file de fond new yorkaise tendance
underground, un peu sale, en opposition avec les jeunes
yuppies responsables de sa descente aux enfers. Pourtant,
malgré ce canevas de base ressemblant à des dizaines d´autres,
le réalisateur/scénariste/producteur [P-72402-TIK>Matthew A.
Brown[/P> va s´employer à repenser ce sous-genre qui semble
bénéficier d´une seconde vie. A noter que JULIA est son
premier long, et que le sujet rappelle aussi son court métrage
VICTIM.
Le «Rape and Revenge» survit aux années via notamment I
SPIT ON YOUR GRAVE de [P-48570-TIK>Steven
Monroe[/P>, remake du «classique» OEIL POUR OEIL. On
sent toutefois dès le début que cela n´intéresse pas vraiment
l´auteur, qui se dirige vers une autre voie. Un Scope
impeccable adoubé d´une photographie aux teintes sombres. Se
lovant dans des bars louches, en demi-lumière, aux tables
nimbées d´un court filet de lumière. Une héroïne dévastée et un
groupe de femmes décidées - et le récit embraye vers des
éléments inédits. A savoir qu´un traitement miracle via un
psychothérapeute
interprété
par
[P-21472-TIK>Jack
Noseworthy[/P> qui oblige la patiente à oublier la vengeance
envers ses tortionnaires. Et à se reposer sur la confiance
absolue envers son mentor pour suivre un chemin de
rédemption.
Un film décidément ténébreux, se déroulant aux 3/4 de nuit
dans un New York glauque, comme la traumatisante plongée
aux enfers physique et psychologique de Julia. Et sa
renaissance brutale, sa transformation physique d´un clone
d´UGLY BETTY à celui d´une folle furieuse ivre de violence.
Ses repères moraux nouvellement trouvés serviront d´ailleurs
de quasi unique de point de vue récit. cette thérapie réparatrice
provoquera - le but du métrage!- plus de dégâts de que
véritable guérison. Une violente charge contre les charlatans se
proclamant spécialistes-bobologues en tous genres, gourous
manipulateurs ou politiciens réactionnaires. Faisant ici oeuvre
de Frankenstein lâchant sa créature dans les rues - sans en
comprendre la teneur ni l´impact sur un esprit torturé. La
hasard et la violence, somme toute. Ceci via une mise en scène
intelligente. Des traits stylistiques bienvenus, comme de ne
jamais voir le psychothérapeute de face - seulement en fond
d´écran, et toujours flouté. Comme si le mal larvé n´avait pas
de visage.
Le scénario s´avère malin, croisant les thèmes de domination
et de féminisme afin de mieux brouiller les cartes. Julia a
toujours été dominée : au travail et de par son viol collectif,
laissée pour morte, dominée sexuellement et physiquement par
des hommes. Accueillie par une communauté de femmes à qui
il est arrivé une épreuve similaire, elle entrevoit une délivrance.
La première mise à mort transparait comme une solution de
substitution. Un effort collectif particulièrement violent,
sanglant jusque dans des détails intimes - mais finalement
rassérénant. Un exutoire. Renier le passé afin de mieux
embrasser le futur s´avère une négation de sa psyché.
Et là, JULIA bascule dans un bis arty-urbain dont la
première heure avait soigneusement évité les pièges. Il faut
oublier les saillies nauséeuses à la MANIAC COP ou,
justement, à la [P-106-TIK>Abel Ferrara[/P> quand il était
encore bon. Les polars ultra-violents aux portraits psychotiques
en phase avec un décorum urbain en voie de pourrissement.
Rien de tel ici. Oscillant entre un portrait de femme en devenir
de prendre un pouvoir par les armes, qui devra passer par une
apocalypse sanglante. De ce fait, un final grand-guignolesque
pointe le bout de sa hache. Les stéréotypes d´usage abondent,
en collant une louche de lesbianisme par ci, des menottes par
là… terrain connu. Particulièrement sanguinolent, doté d´une
Les textes contenus dans ce document sont la propriété de DeVil Dead ( www.devildead.com
-
[email protected] )
Page 1 sur 2
révélation absolument grotesque (et pas vraiment nécessaire),
le dernier quart tient ses promesses en baquets d´hémoglobine.
Mais le film ne sait pas vraiment choisir entre un ton limite
parodique, une ambiance Pulp et un upgrade gothico-chic du
genre «Rape and Revenge». Sabordant quelque peu la
cohérence du sujet et de la mise en scène entretenue jusque là.
Le film réussit à ne pas prendre position quant au
comportement de Julia. Aucun point de vue moral, juste une
mise en abime de l´aspect cyclique de la vie d´une femme - le
film s´ouvrant et se terminant sur un plan identique, juste une
Julia transfigurée au final. Entre désir, manipulation et
violence - un pouvoir nouvellement acquis, pleinement
conscient, laissant supposer une paix intérieure malgré sa folie
contenue - pour le moment. Une femme moderne? Un
manifeste féministe ultime? Ou juste une oeuvrette
d´exploitation dont le schéma a été mis à jour pour 2014? le
film laisse le choix au spectateur, entre malaise et sourire en
coin.
Francis Barbier
Les textes contenus dans ce document sont la propriété de DeVil Dead ( www.devildead.com - [email protected] )
Page 2 sur 2

Documents pareils