Extrait 1 - Iggybook

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Extrait 1 - Iggybook
BRETEUIL ! C’EST L’ENFER…
« Rue de la Paix, mais quelle poisse ! Et puis, ces trois-là qui exultent comme des
mômes » grommela Jennifer, après avoir jeté les dés.
— Ben oui, J’ai plus de sou ! Z’êtes contents ?
— Fais pas la tête, tu vas te refaire… l’encouragea Gabriel.
— Ouais ben, filez-moi du blé !
— D’abord tu demandes poliment, exigea Daniel.
— Auriez-vous l’amabilité de me prêter encore un peu d’argent pour que je puisse
continuer à jouer ? minauda-t-elle.
— Qu’est ce que tu nous donnes cette fois-ci ? C’est fini avec les chaussures et les
chaussettes. Tu ne vas pas nous refiler un mouchoir quand même ? demanda Jonathan.
— J’en ai pas, j’ai pas de poche...
Avec des gestes saccadés, Jennifer ôta sa jupe, espérant que son corsage serait assez long
pour masquer son string. Elle la balança à la face de Jonathan et saisit les dés.
— J’ai fait un double, donc je rejoue !
Sa rage projeta les dés un peu trop loin. Ils finirent leur course sur le tapis où était installé
le jeu :
— Cinq ! Je suis chez moi…
— Ça compte pas ! Rejoue !
Jennifer bougonna :
— La CHANCE ! Je sens que je vais avoir droit aux impôts.
— Waouh ! s’exclama Gabriel en l’épiant par-dessus son épaule. Rendez-vous Rue de la
Paix. Au cas où tu ne t’en souviennes pas, c’est toujours à moi, ça !
— Mais qu’est-ce que je leur ai fait à ces dés ? protesta Jennifer alors que, plié en deux de
rire, Daniel matait ses cuisses. Déconne pas, fais-moi une remise…
— Rien du tout. T’as des goûts de luxe ; tu banques ! Et te plains pas, c’est pas si cher,
c’est le jeu de mon père ; il est même pas en euro !
— Je veux bien enlever ma chemise, mais vous me donnez autre chose à la place !
Gabriel leur fit signe d’attendre. Il se rendit à la cuisine d’où leur parvinrent des bruits de
chaise déplacée et des cliquetis métalliques. Avec de grands gestes théâtraux, il fit son entrée
en présentant à Jennifer un rideau de fenêtre :
— Regarde, c’est assez grand pour couvrir tes seins.
— Mais c’est de la mousseline, comment veux-tu que je me cache.
— Personne ne te demande de te cacher...
Jennifer s’exécuta : « Mais quel est l’idiot qui a proposé ce jeu, et qu’elle est l’idiote qui
l’a accepté. »
Les garçons jouèrent à leur tour. Gabriel s’arrêta sur la gare de Lyon ; 5000 F pour
Jennifer :
— C’est pas très équilibré, ddis-donc.
donc. Avec tout le fric que je t’ai refilé ! rouspéta-trouspéta
elle avant de reprendre les dés.
Elle fit un double. Courcelles ; chez elle. Deuxième jet ; Pigalle, 100.000 F.
Jonathan se frappa les cuisses :
— Allez ! On débourse.
— Je te donne le rideau...
— Ça ne compte pas, c’était un prêt !
— Soyez sympa... Laissez
Laissez-moi encore une chance...
C’est Gabriel qui prit les devants :
— D’accord ! Mais... si tu perds...
Jennifer fit la moue et le jeu reprit, Daniel s’installa chez elle à
Vaugirard et Gabriel lui paya
paya sa facture d’électricité. Jennifer compta
ses sous : « Ça ne va pas bien loin, mais elle avait presque 50.000 F...
à moi de jouer… merde ! Encore un double. »
Après une halte à la gare du Nord lui appartenant, elle fit un « six »
: « Breteuil, je suis foutue... »
— À poil ! À poil ! À poil ! Entonnèrent en cœur les trois gars.
« Ils ont l’air de quoi ceux
ceux-là,
là, ils ne croient tout de même pas que je
vais me donner en spectacle aussi facilement ! »
Elle se redressa nerveusement, ramassa ses vêtements et al
alla bouder
dans la salle de bains : « Qu’ils aillent se faire pendre ! J’aime pas perdre. »
Breteuil c est l enferQuelques minutes plus tard, rhabillée et calmée,
elle tenta de s’éclipser discrètement. À pas de loup, elle quitta la salle de
bains et se dirigea
gea dans l’obscurité vers la porte d’entrée. La lumière se fit.
Gabriel et Daniel faisaient blocus. Surprise, un cri perçant s’échappa de sa
gorge, étouffé par Jonathan qui lui plaqua sa main sur la bouche. Gabriel
s’énerva :
— Pauvre cruche. Tu la fermes, oui ! Si tu veux ameuter le quartier, tu le
fais chez toi, pas chez moi !
Jonathan la tenait cambrée à l’extrême. Ses pieds effleuraient à peine le sol.
Elle leva les deux mains en signe d’apaisement, l’étreinte se relâcha
graduellement :
— Ecoutez, je comprends
comprends que vous soyez fâchés... Mais je ne me sens
pas... Je suis d’accord, j’ai perdu... je veux bien payer mes dettes, mais pas là,
pas maintenant...
— Parce que le cadre de mon appartement ne convient pas à
mademoiselle… Hein ? c’est ça ! protesta Gabriel.
Gabr
— Non, si... peut-être.
être. Je ne sais plus. C’est allé trop vite !
— Et ta dette alors, quand est
est-ce que tu penses la payer ?
— Demain... Je vais y réfléchir, surveillez vos boîtes aux lettres !
Sur ce, elle serra son sac contre sa poitrine et sortit sans
san attendre la réponse.
Bien entendu, ce jeu répondait à un scénario pour lequel elle avait donné son accord
quelques temps auparavant. Pour être précis, pendant la préparation de l’anniversaire de
Patricia. Mais, suite aux aventures vécues par sa copine, les fantasmes de Jennifer avaient
évolué. Se déshabiller simplement, au milieu de trois garçons, manquait désormais de sel. Elle
rêvait de sensations fortes... Patricia l’avait estomaquée par son culot, il s’agissait de ne pas
rester à la traîne.
Entre temps, elle avait abandonné le campus et ses nouvelles amies, pour l'appartement de
fonction que lui avait octroyé l'Éducation nationale. Au lieu de donner une fête pour pendre la
crémaillère, elle rédigea un message et le porta dans la boîte postale de Daniel.
Adieu monde cruel, je te quitte pleine de désillusions et d'amertume... Accablée par les
dettes, abandonnée dans une détresse absolue par mes amis, seul ce geste insensé et pourtant
courageux, dicté par le désespoir le plus profond abrégera mes tourments.
Prenez grand soin de ma dépouille, telles sont mes ultimes volontés.
Jennifer s’habilla en conséquence ; Une petite culotte toute simple, un jean bien moulant
avec plein de boutons, une ceinture large, un soutif impossible à défaire, une chemise et un
pull serré, des bottines à lacets... Ça devrait les occuper pendant un moment.
Elle se couvrit les yeux avec du coton et du sparadrap et, tenant une boîte de médicament
vide à la main, se laissa choir sur le lino...
Quelques minutes plus tard, ce qui lui sembla une éternité, un grincement la fit sursauter.
Ils entraient...
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