Belgian Oncology News

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C ANCERS PÉDIATRIQUES
Bonnes nouvelles pour les survivants de cancers pédiatriques
Les cancers pédiatriques recèlent différents paradoxes dont le
plus important concerne probablement la mortalité très tardive
liée aux traitements anticancéreux reçus durant la maladie. Or
celle-ci semble diminuer, selon une étude présentée par
Gregory Armstrong (Memphis, TN, USA). | Pierre Dewaele
A
u cours des 4 dernières décennies,
les traitements pour combattre les
cancers chez les enfants se sont nettement améliorés. « Il y a 50 ans, seul un
enfant cancéreux sur 5 survivait de sa maladie ; aujourd’hui, ce chiffre dépasse les 80 %,
5 ans après le diagnostic », a expliqué G.
Armstrong. Cependant, ces patients présentent un risque de décès à long terme dû aux
traitements eux-mêmes d’un cancer ou d’une
affection cardiaque, par exemple. Or, le nombre de patients traités augmente. Aux EtatsUnis, en 2013, environ 400.000 personnes
avaient survécu à un cancer dans leur enfance.
« Néanmoins, 18 % des survivants à 5 ans
décèdent au bout de 30 ans après le diagnostic. »
ALL
(p=0,001) et de 0,4 à 0,1 %
ment, ont surtout diminué
(p=0,02) respectivement. Le
pour les tumeurs de
taux de mortalité par cancer
Wilms.
secondaire a diminué de 1,8
Cette étude démontre
à 1 % (p<0,001). En y regardonc que les patients ayant
dant de plus près pour les
été traités plus récemment
trois cancers pédiatriques les
et ayant survécu à leur
plus fréquents : la leucémie
cancer présentent un
lymphoblastique aigüe (ALL),
risque de mortalité tardive
le lymphome hodgkinien (HL)
moindre
aujourd’hui
Gregory Armstrong
et la tumeur de Wilms (WT),
qu’hier. Les résultats
les taux ont été nettement réduits comme
confirment que la réduction de l’intensité
le montre le tableau suivant.
de l’intervention thérapeutique dans beaucoup de cancers permet d’obtenir une
Réduire les effets secondaires
baisse très significative des évènements
Pour l’ALL, c’est explicable par une réducpouvant mener au décès. Il n’est pas intertion des irradiations crâniennes de 86 % à
dit de penser non plus qu’avec le temps,
22 % entre les années 70 et les années 90,
l’attention des thérapeutes s’est portée sur
de la radiothérapie pour les WT de 77 % à
un suivi plus étroit de ces patients à long
49 % ainsi que pour le HL de 96 à 77 %.
terme. Cela a permis une détection beauAinsi, c’est la mortalité cardiaque qui a
coup plus précoce des éventuelles consédiminué le plus pour ces trois cancers alors
quences du traitement anticancéreux initial
que les cancers secondaires, dus au traiteet une prise en charge plus rapide. Dans
tous les cas, la survie de ces patients a augHL
WT
menté et c’est le plus important. ◆
1970-1979
2,8%
4,2%
2,2%
1980-1989
2,3%
3,4%
0,6%
1990-1999
1,9%
2,1%
0,4%
p
< 0,001
0,02
< 0,001
’90. En tout, ils ont réuni 34.033 personnes.
Ils ont évalué les facteurs de risque pouvant influencer la mortalité de ces patients.
Sur la période de suivi à long terme
d’une médiane de 15 ans, les chercheurs
ont enregistré 3958 décès au total dont
1622 (41 %) étaient dus à des soucis de
santé, incluant 751 cancers, 243 évènements cardiaques et 136 maladies pulmonaires. La bonne nouvelle est que le taux
cumulatif de décès a diminué de décennie
en décennie de 3,1 % à 15 ans en 1970 à
2,4 pour ceux traités dans les années 80 et
à 1,9 % dans les années 90.
Les causes cardiaques et pulmonaires des
décès à 15 ans sont passées de 0,5 à 0,1 %
Back to the future
C’est pourquoi Armstrong et ses collègues ont réalisé une étude rétrospective
auprès de 31 institutions chez des patients
ayant été traités pour un cancer avant l’âge
de 21 ans entre 1970 et la fin des années
Irradiation pan-encéphalique après radio-chirurgie stéréotaxique
Vraie ou fausse bonne idée ?
Excellente question qui mérite une réponse au cas par cas
puisque le meilleur contrôle local associé à l’irradiation pan-encéphalique ne s’accompagne pas de bénéfice de survie, mais engendre en revanche une détérioration cognitive significative qui
retentit négativement sur la qualité de vie. | Dr. Jean-Claude Lemaire
L
es métastases cérébrales sont les tumeurs
malignes du cerveau les plus répandues.
Toutes les tumeurs primitives sont susceptibles de donner des métastases cérébrales,
mais les cancers broncho-pulmonaires, les cancers du sein et les mélanomes sont sans doute
les plus grands pourvoyeurs.
Le traitement classique des métastases
cérébrales consiste en une radio-chirurgie
stéréotaxique (SRS), une approche efficace
dans un premier temps mais avec un risque
élevé de reprise évolutive des lésions traitées et d’apparition de nouvelles lésions qui
obèrent singulièrement le pronostic. Il a été
montré que l’ajout à la radio-chirurgie stéréotaxique d’une irradiation pan-encéphalique (WBRT) diminuait significativement ces
deux risques, sans toutefois améliorer la survie globale.
La cognition sur la sellette
Cette étude a concerné 213 patients por-
Gregory T. Armstrong et al. Reduction in late
mortality among 5-year survivors of childhood
cancer : A report from the Childhood Cancer Survivor Study (CCSS). ASCO 2015 : Abstract #LBA2
teurs de 1 à 3 métastases cérébrales d’au
maximum 3 cm dans la plus grande dimension. La médiane d’âge était de 60 ans et le
cancer primaire était pulmonaire dans 68 %
des cas. Le critère principal d’évaluation était
la détérioration cognitive à 3 mois, définie
comme une diminution de plus d’une déviation standard par rapport au niveau documenté avant traitement sur l’une
quelconque des différentes échelles de performance utilisées.
Selon la randomisation, les patients ont
été traités par SRS seule (dose de 20 à 24
Gy) ou associée à une WBRT (30 Gy en 12
fractions) auquel cas les doses de la SRS
étaient ramenées de 18 à 22 Gy.
Un peu de pour, mais plus de contre
A 3 mois, la détérioration cognitive était
plus importante en cas de WBRT associée
(91,7 % versus 63,5 % ; p = 0,0007) et les
principaux domaines altérés étaient la
mémoire immédiate (30,4 % versus 8,2 % ;
p = 0,0043), la mémoire à long terme
(51,1 % versus 19,7 % ; p = 0,0009) et la
fluence verbale (18,6 % versus 1,9 % ;
0,0098).
En termes de contrôle cérébral, les résultats sont effectivement meilleurs en cas de
WBRT associée, avec à 3 et 6 mois respectivement 6,3 % et 11,6 % de progression versus 24,7 % et 35,4 % en cas de SRS seule (p
< 0,0001), mais cela n’influence pas significativement (p = 0,92) la médiane de survie
globale (figure WBRT) qui a même tendance
à être moindre avec la WBRT (7,4 mois)
qu’avec la SRS seule (10,4 mois). Les
patients du bras WBRT avaient également
de moins bons scores de qualité de vie que
les patients du bras SRS. Les investigateurs
suggèrent de s’en tenir à la SRS seule avec
suivi régulier de l’encéphale. A vous de
juger. ◆
Paul D Brown et al. ASCO 2015 Abstract LBA4
http://abstracts.asco.org/156/AbstView—156—
146056.html
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• 3 • JUIN 2015
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