Avons-nous le temps ?

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Avons-nous le temps ?
Avons-nous le temps ?
Pierre-Jean Dessertine
Tout anniversaire est une fête. Mais c'est une fête ambigüe.
Car il y a toujours un élément de souffrance dans cette fête.
Ce temps qui est passé, je ne le retrouverai plus. Il est désormais soustrait de ma vie.
En ce lycée, il y a 10 ans, s'est produit un commencement qui a eu une valeur importante pour la vie de
chacun d'entre nous ; et même si nous ne nous sommes jamais rencontrés, la référence à cet événement nous
rapproche et justifie que nous partagions la joie d'une fête.
Mais cela nous donne aussi à réfléchir. Comment maîtriser l'amenuisement de notre temps de vie que signifie
l'anniversaire ?
Fêter un anniversaire c'est aussi rappeler la question récurrente : Avons-nous le temps ?
Cette question a un sens bien concret, banal, qui est perçu par tous. Avons-nous encore assez de temps pour
réaliser nos projets, pour faire ce que nous jugeons qu'il serait bien de faire ?
Nous parlons ainsi du temps comme d'une réalité que nous possèderions en quantité limité, que nous
pourrions utiliser, plus ou moins bien, que nous pourrions gagner, ... ou perdre.
Mais que possèderions-nous avec le temps ? Y a-t-il même quelque chose à posséder derrière le mot
"temps" ?
Comme le remarquait Augustin (saint) : « Qu'est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le
sais ; mais que je veuille l'expliquer à la demande, je ne le sais pas ! ». Tel est le grand paradoxe de toute
réflexion sur le temps que remarquait le grand philosophe maghrébin du V° siècle.
Est clair pour tout le monde le sens de la question : avons-nous le temps ? On soupçonne d'ailleurs que, sous
ses différentes formes grammaticales, il n'y ait pas question plus fréquemment posée que celle-ci.
Et pourtant, dès qu'il s'agit de se représenter clairement cette réalité objet de notre quête – le temps – on
s'aperçoit qu'on ne sait pas ce qu'elle est.
Pour ma part je vais partir de la signification que l'on saisit spontanément de la question : « Avons-nous le
temps? » en lui donnant sa plus grande ampleur :
« Avons-nous le temps ? » au niveau de notre vie entière.
Avons-nous le temps de faire ce que nous voulons faire dans le temps limité qui nous est donné de vivre ?
Mais tout de suite s'impose la question de savoir ce qu'il faut vouloir faire. En effet, faire ce que nous
voulons pour ensuite le regretter, c'est peut-être plus que perdre du temps, c'est peut-être aussi compromettre
son temps à venir. Le regret, le remord de conscience, nous installent, à n'en pas douter, dans une relation
pathologique au temps, où le passé obscurcit le présent et l'avenir, si bien que le temps nous échappe.
Ainsi pour répondre à la question « Avons-nous le temps ? », il faut prendre en compte un paramètre essentiel
: celui de nos choix dans la vie, c'est-à-dire celui de notre liberté.
La question devient alors : Y a-t-il des manières de conduire notre vie qui nous donneraient le temps ?
Mais qu'est-ce qu'une vie qui a le temps ?
Pour répondre on n'a guère le choix : c'est un fait d'expérience que seul le regard rétrospectif nous permet
d'évaluer le temps vécu. C'est, après, que je sais ce que vaut telle période de ma vie. Et plus cet après est
éloigné de ce qu'il juge, plus le jugement est assuré.
C'est donc au terme de notre vie que l'on peut dire le mieux si on a eu le temps. ?
Pour le dire autrement, une vie qui n'aurait pas perdu son temps serait une vie au terme de laquelle on ne
pourrait pas se dire : « je n'ai pas eu le temps ».
La question « avons-nous le temps ? » devient donc :
Y a-t-il des manières (règles, maximes) de conduire sa vie qui puissent nous amener à ne pas nous dire, si
l'on se projette au moment de mourir : « je n'ai pas eu le temps! »
Exemple ? on peut penser que c'est ce que signifiait Kant, en prononçant ces mots avant de rendre son
dernier souffle :« Es ist gut » ? [ J'ai eu le temps de faire ce qu'il fallait faire]
Nous allons envisager quelques réponses que l'on peut tirer de l'histoire de la philosophie : celles des Stoïciens
et des Épicuriens dans l'Antiquité ; celle de Descartes à l'époque moderne.
Stoïciens : avoir le temps, c'est remplir son rôle
Il faut vivre conformément à la nature disent les Stoïciens en Grèce, dès le III° siècle av. J.C.
Or la nature est un ordre. Et c'est un ordre rationnel.
Les Stoïciens affirment qu'il y a une Raison universelle et éternelle qui gouverne le monde et qu'ils identifient
à Dieu.
C'est la Raison qui a fait de la nature la totalité harmonieuse que nous connaissons. Tout est lié à tout. Pour le
bien de tous : le monde est en « sympathie universelle » disent-ils.
Dans le monde chaque être a sa place et doit remplir le rôle que la Raison lui a donné.
Ainsi chaque homme a un rôle à accomplir dans sa vie. « À toi ton rôle, à moi le mien » dit Epictète. Vivre sans
perdre son temps, c'est cela : accomplir son rôle dans l'ordre du monde.
Epictète : « Souviens-toi que tu joues dans une pièce qu’a choisie le metteur en scène : courte, s’il l’a voulue courte, longue, s’il
l’a voulue longue. S’il te fait jouer le rôle d’un mendiant, joue-le de ton mieux ; et fais de même, que tu joues un boiteux, un
homme d’État ou un simple particulier. Le choix du rôle est l’affaire d’un autre. »
Si l'homme vit à contre-emploi, il est désaccordé par rapport à l'harmonie universelle, son temps lui échappe :
il perd son temps.
Epictète : « Ne sois pas, comme les enfants, philosophe un jour, percepteur impôts le lendemain, et puis rhéteur, et puis encore
procurateur de César : tout cela ne fait pas bon ménage ! »
En accomplissant le rôle pour lequel il a été créé, il insère sa vie dans l'ordre éternel voulu par la Raison qui
gouverne le monde : il participe à cette éternité. Au soir de sa vie, il saura qu'il aura vécu comme il le devait : il
n'aura pas perdu son temps.
Cette thèse pose deux problèmes.
1er problème : Comment reconnaître le rôle qui nous est attribué par la nature ? Comment être sûr de choisir
le bon rôle ?
Epictète : « Tu aimerais être vainqueur aux Jeux olympiques ? Moi aussi, par les dieux ! Gagner aux Jeux, c’est bien
agréable ! Mais, avant de te lancer, examine un peu les tenants et aboutissants : l’abstinence sexuelle, le régime, le renoncement
aux friandises, les exercices sous la contrainte et aux heures réglementaires, qu’on cuise ou qu’il gèle. »
Notre rôle, ce n'est pas forcément celui que nous indique nos désirs.
Nos désirs sont souvent l'expression d'un imaginaire qui a toutes chances d'être déterminé de l'extérieur. Je
veux être un chanteur célèbre parce que je vois des émissions dans lesquelles les chanteurs sont constamment
magnifiés.
Non ! C'est avec la raison qu'il faut regarder. C'est elle qui nous fait connaître « les tenants et aboutissants » du
rôle envisagé ; c'est elle qui me permettra de les confronter à mes aptitudes et à ma personnalité : on est prêt à
accepter les contraintes du rôle pour lequel on est fait parce que, étant alors en accord avec nous même, on
trouvera l'énergie nécessaire pour braver les difficultés.
Pour les stoïciens, avoir son temps, c'est remplir son rôle.
Le vrai problème c'est qu'il y ait un problème : pourquoi l'homme ne remplit-il pas simplement son rôle,
comme la fleur ou le papillon ?
Epictète : « Lorsque [la nature] dit aux plantes de fleurir, elles fleurissent; lorsqu'elle leur dit de germer, elles germent; de
produire des fruits, elles les produisent ... » ... et l'homme pourrait ne pas suivre la nature ?
Comment se fait-il que la Raison ait permis cette disharmonie que représente l'homme dans l'ordre du monde
?
La réponse ne pourrait-elle pas être que justement l'homme est l'espèce sans rôle, celle qui n'a sa place nulle
part, l'espèce errante ?
Épicuriens : avoir le temps c'est accueillir le présent de la vie.
Pour les épicuriens vivre mal, perdre son temps, c'est vivre dans le trouble de l'âme.
Et l'âme est troublée lorsqu'elle est dans un désir dont elle ne peut sortir..
Car le désir est un sentiment négatif, un sentiment de manque, qui ne laisse pas notre âme en repos, qui nous
projette dans l'avenir – celui de la satisfaction possible.
Donc le désir nous amène à nous détourner du présent qui nous est donné, pour nous soucier d'un avenir que
nous ne possédons pas.
Épicure : « Il y a des gens qui, pendant toute leur existence, se préparent pour la vie à venir, ne s'apercevant pas qu'un poison
mortel a été versé dans la source de notre vie ».
Ce poison mortel, c'est le désir – ou plutôt un certain type de désirs qu'Épicure qualifie de vains. Les désirs
vains sont les désirs qu'il est impossible de satisfaire facilement et durablement.
Oh ! Ces désirs vains sont très connus. On peut en faire la liste :
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Ce sont les désirs liés à l'inquiétude de l'avenir et à la peur de la mort.
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Ce sont les désirs liés à la croyance religieuse : peur du jugement de Dieu (ou des dieux), désir de lui
plaire.
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Ce sont aussi les désirs de richesse, de pouvoir, et de gloire.
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Ce sont enfin les addictions dérivées des désirs naturels, telles la gourmandise, l'alcoolisme, le
tabagisme, et bien d'autres.
Les désirs vains nous font perdre notre temps.
En effet (dit Épicure) :
« tous nos actes visent à écarter de nous la souffrance et la peur. Lorsqu'une fois nous y sommes parvenus, la tempête de l'âme
s'apaise, l'être vivant n'ayant plus besoin de s'acheminer vers quelque chose qui lui manque, ni de chercher autre chose pour
parfaire le bien être de l'âme et celui du corps. »
Or la poursuite des désirs vains n'apaisent rien, elle installe l'individu dans « la souffrance et la peur », c'est-à-dire
dans le trouble de l'âme.
Prenons le désir de richesse (la cupidité) : non seulement le cupide n'est jamais suffisamment riche, mais il a
toujours peur de perdre ce qu'il a. De plus il est amené à commettre des injustices pour satisfaire son désir. Il
entre inévitablement dans des litiges avec autrui, ce qui démultiplie ses désir vains (désir de gagner un procès,
etc..) . Que de troubles !
Les désirs vains, parce qu'on n'en finit pas d'avoir à les satisfaire, nous mettent inévitablement en rivalité avec
autrui. Les désirs vains, dans leur impuissance à nous satisfaire vraiment, engendrent de nouveaux désirs
vains, nous précipitant dans une spirale infernale dont le bilan se révélera au moment de mourir : nous
n'aurons jamais eu le temps !
Épicure disait que « l'amitié est le plus grand des biens ». Un ami, c'est quelqu'un qui est disponible, c'est
quelqu'un qui est présent. Un ami, pour Épicure, c'est le plus beau présent du temps.
Or pour être présent à autrui, et plus généralement pour être présent à ce que nous apporte la vie, il ne faut
pas être taraudé par le désir.
C'est pour cela que Épicure préconise de ne donner droit qu'aux désirs naturels.
Qu'est-ce qu'un désir naturel ? C'est un désir qui peut être satisfait de façon simple et durable. Tout
simplement parce que c'est un désir qui est conforme à la fois à notre nature et à la nature du monde dans
lequel on vit.
Épicure : « Tout ce qui est naturel est aisé à se procurer, mais tout ce qui est vain est difficile à avoir. Les mets simples nous
procurent autant de plaisir qu'une table somptueuse, si toute souffrance causée par le besoin est supprimée. Le pain d'orge et l'eau
nous causent un plaisir extrême, si le besoin de les prendre se fait vivement sentir. »
Satisfaire ses désirs naturels, c'est la meilleure manière de sortir de l'exil hors du présent que signifie le désir.
L'indice de la satisfaction du désir, c'est le plaisir. C'est pourquoi Épicure affirme que « le plaisir est le
commencement et la fin de la vie heureuse ». Le plaisir marque nos retrouvailles avec le présent.
Il ne faut surtout pas confondre cette valorisation du plaisir avec une valorisation de la jouissance :
Épicure : « Quand donc nous disons que le plaisir est notre but ultime, nous n'entendons pas par là les plaisirs des débauchés
ni ceux qui se rattachent à la jouissance matérielle ».
La jouissance est instable : soit elle est éphémère, soit elle se transforme en inconscience. La jouissance est
trouble de l'âme.
Le plaisir est passage du désir vers le contentement. Le contentement c'est lorsque nous ne sommes plus dans
le manque. C'est l'état de tranquillité de l'âme. C'est l'état de disponibilité au présent. C'est ainsi que nous
avons le temps.
Objection possible : cultiver uniquement ses désirs naturels, n'est-ce pas se faire continuellement violence à la
plupart de ses désirs, n'est-ce pas de l'ascétisme ?
Non, car ces désirs sont justement conformes à ce que nous sommes : nous avons tout ce qu'il faut,
naturellement, pour les satisfaire aisément. Et la nature de l'homme est suffisamment riche pour qu'ils ne se
limitent pas au « boire-manger-dormir-se reproduire » de l'animal. Chanter, danser, faire de la musique,
connaître, jouer, sont aussi des désirs naturels aux hommes.
Que faut-il faire pour avoir tout son temps ? On pourrait répondre : rien !. Il suffit d'être ce qu'on est.
Le problème c'est que nous autres sommes dans un monde organisés pour la promotion des désirs vains.
C'est la condition pour la prospérité de l'économie qui en est la valeur suprême. Et dans un tel monde, on le
sait, même boire de l'eau potable, respirer de l'air pur ne vont pas toujours de soi !
Il convient de faire quelque chose pour nous soustraire à cette logique des désirs vains que la société nous
impose. Tout simplement pour vivre, pour avoir le temps.
Ce qu'il y a faire est tout simple, c'est réfléchir rationnellement notre condition humaine, c'est-à-dire
philosopher : « Que nul, étant jeune, ne tarde à philosopher, ni, vieux, ne se lasse de la philosophie. Car il n'est, pour
personne, ni trop tôt ni trop tard 1, pour assurer la santé de l'âme. »
La santé de l'âme, c'est une juste vision des désirs qu'il faut choisir pour ne pas perdre son temps, mais vivre
pleinement le temps limité qui nous est donné.
Pour les Épicuriens : avoir le temps c'est accueillir le présent de la vie.
Critique : Cependant on peut remarquer chez les épicuriens la même faiblesse que chez les stoïciens : ils
fondent leur sagesse sur l'existence d'une nature humaine Or cette nature humaine est problématique car nul
n'a pu la décrire de manière satisfaisante.
On se trouve en effet devant la question paradoxale suivante : serait-il dans la nature de l'homme de s'écarter
de sa nature ?
Cette question remet en cause l'idée qu'il existerait une nature humaine.
L'homme peut-il se donner le temps de vivre, s'il n'a pas de nature ?
Descartes : avoir le temps c'est avoir le courage de bien faire.
Pour les épicuriens, comme pour les stoïciens, une vie humaine bien vécue est une vie humaine bien insérée
dans la Nature.
Descartes n'est pas d'accord. La nature est souvent hostile, toujours au moins capricieuse. Elle peut aussi nous
donner du mauvais temps. Car il se passe tant de choses dans la nature qui ne dépendent pas de nous et qui
peuvent remettre en cause notre contentement !
Il en conclut :
« il ne reste que notre volonté, dont nous puissions absolument disposer. Et je ne vois point qu'il soit possible d'en disposer
mieux, que si l'on a toujours une ferme et constante résolution de faire exactement toutes les choses que l'on jugera être les
meilleures et d'employer toutes les forces de son esprit à les bien connaître »
Autrement dit, ne sachant où trouver sa place dans le monde, en laquelle il ne perdrait pas son temps,
l'homme peut trouver en lui-même cette valeur qui lui permette de remplir sa vie.
Et cette valeur c'est sa volonté de bien faire.
Car l'homme, lorsqu'il s'examine en mettant le monde entre parenthèses, sait qu'il est libre et que le bien
existe. Or faire le bien, « c'est de cela seul que résulte toujours le plus grand et le plus solide contentement de la vie ».
Le contentement, on le sait, c'est le sentiment qu'on n'est pas dans le manque, que le temps qui nous est
donné est rempli, et non perdu.
Il y a deux précisions à donner à cette maxime cartésienne de toujours faire ses choix avec « une ferme volonté de
bien faire ».
D'abord cette maxime a l'air assez creuse parce que tout le monde prétend faire le bien, et personne (sauf cas
pathologique) ne prétend faire le mal. Tout dépend de savoir ce qu'on appelle le bien.
C'est pour cela que Descartes dit qu'il faut « employer toutes les forces de son esprit à le bien connaître »
Nous avons, en effet, de manière innée, le sens du bien. Mais il nous appartient d'utiliser notre raison pour
déterminer dans les situations où nous devons agir, le choix qui permettra le mieux de nous en approcher, le
choix du meilleur.
Cette maxime « toujours bien faire avec fermeté » engage donc vraiment.
Mais d'autre part, Descartes insiste constamment sur la « ferme et constante résolution » de notre engagement
pour le bien. C'est très important. Contrairement à ce que pensaient les platoniciens, la connaissance du bien
ne suffit pas pour que s'impose de faire le bien.
Pour le dire abruptement, très souvent les gens sont lâches : ils lâchent le bien qu'ils connaissent pour un
petit intérêt personnel assez immédiat.
Aujourd'hui, par exemple, parce que nous avons une connaissance scientifique très développée, nous avons
assez aisément accès à la connaissance des conséquences éthiques de nos choix – pensons par exemple au
choix de diffuser ou non l'amiantage des bâtiments, ou plus proche de nous les cultures d'OGM . Faisonsnous toujours le choix du meilleur ?
Cette maxime cartésienne de la volonté de faire bien, c'est aussi une maxime du courage pour le bien.
Le manque de courage – la lâcheté – est pire que l'ignorance parce qu'elle pointe une faiblesse consciente. Et
parce qu'elle est consciente, ses conséquences néfastes vont engendrer du remords. Et vivre dans le remords
c'est toujours être l'otage du passé, c'est l'impossibilité du contentement, l'incapacité de vivre pleinement son
temps.
Aie toujours le courage de bien faire
Telle est la maxime que Descartes nous propose, pour qu'au terme de notre vie, nous ne nous disions pas :
« je n'ai pas eu le temps ! »