Rassemblement pacifiste et spectacle

Transcription

Rassemblement pacifiste et spectacle
« MAUDITE SOIT LA GUERRE.
ET SES AUTEURS »
Courrier de liaison n° 16
Association laïque des Amis des monuments pacifistes de Saint-Martin d’Estreaux et du département
de la Loire –Adhérente de la Fédération Nationale Laïque des Monuments
ALAMPSME - En Mairie, 42620 Saint-Martin d’Estreaux
Courriel : [email protected] – Site : http://perso.wanadoo.fr/alampsme-dl
Samedi 26 février 2011
AMBIERLE
A l’appel (lire page 10) de :
ALAMPSME-DL, ARAC, FEMMES SOLIDAIRES (UFF),
FEMMES POUR LA PAIX (Roanne), LIBRE PENSÉE, MOUVEMENT DE LA PAIX
RASSEMBLEMENT PACIFISTE
à 15 h
Place des Martyrs de Vingré
Prises de parole devant la stèle dédiée aux
« Fusillés pour l’exemple »
Montée en cortège vers le monument aux morts
« L’Humanité n’a qu’un chemin : la Paix »
***
REPRÉSENTATION THÉÂTRALE
à 16 h 30
Salle des fêtes Robert Nicolas (ERA)
« Stabat Mater Furiosa »
de J.P. Siméon
par la compagnie de l’Atelier des Nuits du Petit Montaud de Saint-Étienne
(entrée libre – salle ouverte au public à partir de 16h)
1
Allocution prononcée par Yannick Sybelin, président du groupe des libres
penseurs roannais, au nom de la Libre Pensée
11 Novembre 2010 – Saint-Martin d’Estreaux
Amis, Citoyens, Compagnons, Camarades,
Ce monde inquiet et en crise sent toujours la poudre. Après l’effondrement de l’URSS et la fin de la
guerre froide, on a prétendu que le monde était en paix. Mais après la guerre froide, c’est une autre
forme de guerre qui existe et ce sur tous les continents.
Il y a 365 conflits de recensés dans le monde, dont l’immense majorité ne sont plus des guerres entre
États, mais des guerres civiles. Il y a toujours un endroit du globe où l'on tue et assassine des
hommes, des femmes, des enfants et des vieillards où l’on détruit physiquement « l’autre ».
On tue moins de soldats, mais c’est toujours la population que l’on saigne. Il y a, aujourd’hui, plus
de 300 000 enfants soldats à travers le monde. Le nombre de réfugiés ne cesse d’augmenter dans des
proportions alarmantes. En 1960, il y en avait 1,4 million. En 1993 : 19 millions. Et aujourd’hui, en
2010, il y en a 43 millions, selon les sources officielles de l’ONU.
Le monde en guerre profite à beaucoup de gens et de gouvernements. Les dépenses militaires se
montent aujourd’hui à 1 464 milliard de dollars. C’est une augmentation de + 45% par rapport à
1998. Loin de se pacifier, ce monde est mis à feu et à sang toujours davantage pour le plus grand
profit des capitalistes et des marchands d’armes.
Ce sont toujours les USA qui veulent, directement ou indirectement, dominer le monde et régenter
les pays sous leur houlette et sous la botte de leur armée. Il y a aujourd’hui 761 bases militaires
américaines à travers le monde, presque autant qu’au plus grand moment de tension pendant la
guerre froide et l’opposition des deux blocs.
Comment se taire sur ce qui se passe en Orient ? On tue toujours plus de civils en Irak et en
Afghanistan. Et chacun sent que la paix ne sera jamais au bout. Les États-Unis en viennent même à
discuter et à reconnaître les talibans qui étaient le prétexte de l’invasion en Afghanistan !
Amis, citoyens, compagnons, camarades, bande de cons …
Oh ! ne soyez pas choqués, c’est le ministre de la défense, l’ineffable Hervé Morin qui nous traite
ainsi. Le 19 octobre dernier, commentant à la télé l’hostilité de l’opinion publique vis-à vis de la
guerre en Afghanistan, il eut ce lapsus révélateur : « c’est difficile d’expliquer à des cons … euh … à des
hommes et des femmes qu’une partie de leur sécurité se joue à 7000 kilomètres de chez eux … »
Ah ! les cons, ils n’aiment pas la guerre !
Le problème, c’est qu’il y a une majorité de cons dans ce pays, j’en suis, et fier de l’être !
Morin ayant des ambitions présidentielles, on doit donc en déduire qu’il veut solliciter les suffrages
des cons pour se faire élire … tout comme il prend pour des cons les jeunes à travers cette
scandaleuse publicité pour les attirer et les inciter à s’engager dans l’armée, passant évidemment
sous silence que 50 d’entres eux sont déjà morts en Afghanistan.
La prochaine campagne portera-t-elle sur ce nouveau jeu qui fit scandale récemment, lorsque des
soldats de l’OTAN ont été mis en cause parce que pour s’amuser, ils allaient à la chasse à l’Afghan,
sans autre motif que le plaisir de chasseur ? Ils tiraient au hasard sur les Afghans qui avaient le
malheur de croiser leur chemin. De bonnes âmes ont dénoncé cette atrocité, comme si l’intervention
elle-même de l’OTAN n’était pas une atrocité qui écrasait le peuple afghan sous les bombes !? Mais
on peut imaginer que pour Mr Morin, les afghans qui rejettent cette intervention dont ils souffrent
sont aussi des cons.
2
Rien ne peut justifier les massacres d'aujourd'hui. Le viol des droits des peuples conduit toujours à
l'oppression de l'Humanité. Un peuple qui en opprime un autre ne saurait être un peuple libre.
Comment ne pas comprendre la révolte du peuple palestinien, quand ses droits sont piétinés depuis
1947 ? Son droit le plus élémentaire : vivre sur sa terre, lui a été retiré par les Grands de ce monde.
Quand les puissances impérialistes décident du sort des peuples, c'est toujours l'oppression qui en
ressort.
Comment ne pas être révoltés quand des médias, aux ordres, mettent sur le même plan la violence
des bourreaux et celle des victimes ? Tout cela béni par des religions hypocrites qui sont ravies
qu'on leur demande d'être les entremetteuses de cette farce sinistre et sanglante.
Et c'est à qui, à l'Élysée et à Matignon, fera le plus de courbettes au goupillon, à la kippa et au
croissant. Sous les lambris dorés des gouvernants, on ne parle plus de laïcité, d’égalité, de
séparation des Eglises et de l'Etat, mais de " respect des communautés".
Et l'on entend ce discours d'un autre âge : pour éviter les guerres tribales, reconnaissons les tribus,
donnons-leur des droits particuliers ! Finie la notion de citoyens, finie la laïcité de l'État. L'État est
au service des communautés religieuses. De fait, c'est le concordat qui revient.
A l'heure où l'on voudrait faire une Europe des régions, des clochers et des minarets, où l'on ne
parle de cultures qu'au pluriel pour mieux enfermer dans un terroir sclérosant et passéiste, alors
que la culture, c'est toujours l'ouverture vers l'autre; on voudrait, comme hier dans les Balkans, qu'à
la main tendue d’autrefois, au-delà des frontières, des langues et des croyances, se dresse à nouveau
le poing vengeur et assassin.
Ce monde-là, nous le refusons. Libres penseurs, pacifistes internationalistes, nous ne cesserons de
lutter pour la paix, pour la concorde universelle. Et le meilleur moyen d'avoir la paix, c'est d'œuvrer
à un monde débarrassé des exploiteurs, des agioteurs et des religions. Pour éviter la guerre,
débarrassons-nous des fauteurs de guerre. De tous ceux qui se complaisent et qui justifient leur
existence par la haine des autres.
Amis, Citoyens, Compagnons, Camarades,
Depuis de nombreuses années, la Libre Pensée combat et agit pour la réhabilitation des Fusillés
pour l’exemple de la Première Guerre mondiale. Il y a eu 2 500 condamnations de soldats pris au
hasard et 650 d’entre eux furent fusillés et on ne compte pas les exécutions sommaires qui n’ont
jamais été recensées.
Nous exigeons, avec l’Association républicaine des Anciens Combattants, la Ligue des Droits de
l’Homme, l’Union Pacifiste de France et le Mouvement de la Paix : la réhabilitation collective pleine
et entière des Fusillés pour l’exemple.
C’est une œuvre de justice pour les victimes, leurs familles et leurs descendants.
Notre combat vise à faire reconnaître le droit à la désobéissance quand sa vie, ou celle des autres en
dépend. C’est aussi cela le respect absolu de la liberté de conscience.
Dans ce combat, nous avons contraint, par notre action, le Président de la République à reconnaître,
à plusieurs reprises, la justesse de notre cause : les Fusillés pour l’exemple n’étaient pas coupables,
dit-il. Mais il se refuse toujours à prononcer leur réhabilitation.
3
C’est pourquoi, le Congrès national de la Libre Pensée de Bordeaux, en août 2010, a adopté une
lettre ouverte aux parlementaires pour qu’ils fassent une proposition de loi pour la réhabilitation
collective des Fusillés pour l’exemple.
Notre campagne rencontre un écho grandissant. D’ores et déjà, six Conseils généraux ont réclamé
publiquement la réhabilitation collective. Au Sénat, un Groupe parlementaire a déposé, le 19
décembre 2008, une proposition de réhabilitation
Si nous considérons que cela va dans le bon sens, cela ne correspond pas totalement à la demande
de la Libre Pensée. Nous ne réclamons pas le pardon des Fusillés, ni celui de l’État. Nous réclamons
justice. Le pardon n’est pas la justice, c’est l’aumône de la justice. Nous ne sommes plus sous la
Royauté, mais en République.
La justice, c’est la réhabilitation collective, pleine et entière des soldats tombés sous les balles
d’autres soldats, commandés par des brutes galonnées.
D’autre part, nous ne réclamons pas que les Fusillés pour l’exemple soient déclarés « Morts pour la
France » et que leurs noms soient inscrits sur les Monuments aux Morts. Ce droit, cette
revendication, appartiennent aux seules familles des victimes, si elles le souhaitent.
Car pour la Libre Pensée, ils ne sont pas morts pour la France, mais morts par la France. C'est-à-dire
envoyés à l’abattoir par les puissants du jour, financiers, industriels, galonnés, mitrés, politiciens
aux ordres, qui parlaient au nom de la France comme d'autres, de l'autre côté de la frontière, mais
pareils à eux, parlaient au nom de l'Allemagne.
Pacifistes internationalistes, les libres penseurs mèneront cette action de justice jusqu’au bout.
Alors, oui maudite soit la guerre, toutes les guerres ! Et maudits soient ceux qui les provoquent,
voire les organisent !
Parce que le monde que nous voulons, c'est l'Homme libre dans la société libre :
A bas la guerre !
Ni dieu, ni maître !
À bas la Calotte !
Et vive la Sociale !
Je vous remercie.
Message lu par la représentante de l’U.F.F. FEMMES SOLIDAIRES LOIRE
11 novembre 2010
Les mutineries de 1917 proviennent surtout de la colère des poilus écœurés par le massacre
du « chemin des Dames » en avril. S’ils acceptent souvent à contre-cœur de tomber pour la
patrie, ils ne veulent plus mourir pour rien. Ils s’insurgent contre le commandement qui les
sacrifie en pure perte, mais s’ils mettent « crosse en l’air », ils ne désertent pas pour autant.
La répression des mutineries a suscité des querelles de chiffres. Il semble que l’armée
condamna environ 500 soldats à mort et qu’une soixantaine furent exécutés. La
réhabilitation de tous les « fusillés pour l’exemple » est toujours un combat indispensable
dans la perspective de notre exigence de paix universelle contre cette « vacherie
universelle » que toute guerre représente, qu’elle soit en Afghanistan ou ailleurs.
4
Extrait du texte de la pièce
STABAT MATER FURIOSA
j’aime que le matin blanc pèse à la vitre et l’on tue ici
j’aime qu’un enfant courant dans l’herbe haute vienne
à cogner sa joue à mes paumes et l’on tue ici
j’aime qu’un homme se plaise à mes seins et que sa
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poitrine soit un bateau qui porte dans la nuit et l’on tue
ici
j’aime qu’on bavarde à la porte du boulanger quand
il n’y a d’autre souci que le bleu du ciel étendu sous
la théorie des nuages et l’on tue ici
j’aime qu’à quelques-uns on s’ennuie paisiblement à
observer le vent dormir sous les toits de la ville et l’on
tue ici
j’aime qu’on bâtisse une fleur pour la fleur dans le
loisir insipide du jardin et l’on tue ici
j’aime que les heures ne soient que le temps qui passe
pour faire les heures et l’on tue encore ici encore
et voilà comment continue ma prière
êtes-vous là encore êtes-vous là mangeurs d’ombre
je crache
je crache sur l’homme de
l’homme de guerre
je crache sur le guerrier de la prochaine
de la prochaine guerre
(…)
***
Tribune libre
Réflexion libre penseuse
Des aumôniers de la guerre de 14 –18 qui prêtent leur plume et substituent leur
pensée à celle des victimes ?
On est parfois frappé par la teneur religieuse très intense de quelques lettres ultimes signées par les
fusillés pour l’exemple. J’ai en tête un exemple souvent cité qui est celui de la dernière lettre du
soldat Blanchard fusillé à Vingré. Les formules religieuses y abondent, les articles d’une foi fervente
y sont déclinés tout au long d’une lettre très longue. Le lecteur est étonné et en même temps envahi
par un certain malaise. Qu’une telle lettre exprime, en ce moment de totale détresse, des croyances
traditionnelles, fortement ancrées encore à cette époque dans les milieux ruraux, il n’y aurait là rien
de très étonnant. Mais l’insistance presque « scolaire », pour ne pas dire « séminariste », avec
laquelle les formules religieuses sont répétées, quasiment à chaque ligne, avec les termes alors en
usage dans les milieux ecclésiastiques ou dans les esprits instruits imprégnés de la religiosité
transmise par de tels milieux, cela a quelque chose de dissonant. Un paysan de la Côte roannaise,
tout fervent croyant qu’il pouvait être, ne s’exprimait pas avec cette débauche de paroles
d’allégeance complète à la foi catholique comme les bréviaires peuvent en comporter1.
1
Il y a une dizaine d’années, alors que Danielle et moi, nous avions écrit une brochure sur le monument aux morts de
Saint-Martin d’Estreaux qui abordait ce problème, j’ai reçu un coup de fil d’un monsieur qui n’a pas donné son nom mais
me confirmait que c’était bien l’aumônier qui avait écrit la lettre de Blanchard.
6
Dernière lettre2 adressée par Jean Blanchard à sa femme
[extraits]
Ma chère bien-aimée,
C’est dans une grande détresse que je me met à t’écrire et si Dieu et la Ste Vierge ne me vienne en aide, c’est
pour la dernière fois.[…] Pardonne moi tout ce que tu va souffrir par moi. Je serais dans le désespoir complet
si je n‘avais la foi et la religion pour me soutenir dans ce moment si terrible pour moi, car je n’ai plus
longtemps à vivre à moins que Dieu par un miracle de sa bonté ne me vienne en aide […]. J’ai la conscience
tranquille et me soumet entièrement à la volonté de Dieu qui le veut ainsi. C’est ce qui me donne la force de
pouvoir t’écrire ces mots […].
… ce soir , ma bien aimée, je ne puis trouver des mots pour te dire ma souffrance. Tout me serait préférable à
ma position mais comme Dieu sur la Croix, je boirai jusqu’à la lie le calice de douleur. Adieu , ma Michelle,
adieu ma chérie, puisque c’est la volonté de Dieu de nous séparer sur la terre. J’espère bien qu’il nous réunira
au ciel où je te donne rendez-vous, l’aumônier ne me sera pas refusé […]
… ce sera la conscience en paix que je paraîtrais devant Dieu, à qui j’offre toutes mes peines et mes
souffrances, et me soumet entièrement à sa volonté. Il me reste encore un petit espoir d’être gracié ; oh bien
petit, mais la Ste Vierge est si bonne et si puissante et j’ai tant confiance en elle que je ne puis désespérer
entièrement. N.D. de Fourvières, à qui j’avais promis que nous irions tous les deux en pèlerinage, que nous
ferions la communion dans son église et que nous donnerions cinq francs pour l’achèvement de sa basilique.
ND de Lourdes que j’avais promis d’aller prier avec toi au prochain pèlerinage dans son église pour
demander à Dieu la grâce de persévérer dans le vie de bon chrétien que je me proposais que nous mènerions
tous les deux ensemble si je retournais près de toi, ne m’abandonneront pas, et si elle ne m’exauce pas en cette
vie, j’espère qu’elles m’exauceront en l’autre […]
C’est pourquoi j’ai la conviction intime que cette lettre a été écrite par l’aumônier, le malheureux
Blanchard se contentant de la signer. Je ne dis pas qu’il n’en approuvait pas les termes. Comment le
saurais-je ? Mais cet aspect est secondaire. Ce qui, à mes yeux, est important, c’est que l’Eglise a,
profitant de circonstances particulièrement tragiques, substitué à l’expression spontanée d’une
immense détresse humaine sa propre tournure d’esprit, ses propres formulations. Pour l’édification
des générations futures. Pour réaffirmer l’emprise ultime de la religion sur tout ce qui concerne la
mort.
La religion catholique comme lien social ?
Cette récupération de la détresse humaine par l’Eglise romaine n’est pas chose nouvelle mais dans le
contexte de la guerre impérialiste de la guerre de 14-18, je la trouve particulièrement écœurante Ce
n’est évidemment pas le seul cas de révolte intérieure que l’on peut ressentir vis à vis de la religion.
Néanmoins, la guerre de 14-18 a constitué un cadre spécifique et l’on n’en finit pas de s’étonner que
les mêmes « creutes » ou grottes, logées dans la falaise crayeuse en haut de laquelle passe le Chemin
des Dames, aient servi en alternance de lieux de culte catholique pour les deux armées ennemies, au
gré de leurs avancées et de leurs reculs.
Tantôt du côté français, tantôt du côté allemand, les mêmes rites, les mêmes chants ont servi à
célébrer le même culte pour des soldats jetés les uns contre les autres dans une mêlée terrifiante …
avec la bénédiction de la même Eglise catholique. Certes elle jouait comme d’habitude en pareilles
circonstances une double, voire une triple partition, l’Eglise catholique de France (désireuse de
réoccuper une place dans la sphère publique après la loi de Séparation qui l’en avait privée) jouant
celle des Alliés, l’Eglise catholique austro-allemande jouant celle des puissances centrales et le pape3
jouant sa propre partie qui consistait à afficher une sorte de désolation stérile, planant, inopérante et
vaine, comme la colombe de l’esprit dit saint, au-dessus des cadavres innombrables …
2
Orthographe originelle respectée.
Les travaux d’Annie-Lacroix Riz montrent d’ailleurs de façon convaincante que le Vatican souhaitait alors ardemment
la victoire des puissances centrales mais officiellement il se présentait comme au dessus de la mêlée …
3
7
On pense à Voltaire décrivant dans Candide une de ces guerres dynastiques féroces se terminant par
un Te Deum célébré dans les deux camps.
En 14-18, au Gott mit uns, Dieu répondait le Dieu avec nous, ce qui ramène à des peu reluisantes
proportions la prétendue aptitude des religions à créer le fameux « lien social » dont on nous rebat
aujourd’hui les oreilles…
Pierre Roy
Entrée de la cave où les 6 soldats de Vingré condamnés à être fusillés passèrent leur dernière nuit
Intérieur de la cave
8
Allocution prononcée par Georges Bardin au nom de l’association laïque constituée autour du
monument de Riom dédié à la mémoire des fusillés pour l’exemple
Amis, camarades, pacifistes internationalistes,
Le 11 novembre 1940, déjà 70 ans, élève d’un modeste collège public je subissais avec mes camarades le
discours d’un maire ami de Pierre Laval glorifiant la venue d’un sauveur suprême et prônant les valeurs de
Travail – Famille – Patrie, la trilogie corporatiste qui avait remplacé celui de la République défunte, Liberté Egalité - Fraternité. Et ce n’était pas tout : en rangs nous étions conduits à l’église pour entendre le prêche
d’un prêtre dénonçant la responsable de la défaite, l’Ecole sans Dieu. Le 11 novembre, occupation étrangère
oblige, n’était plus une fête de la Victoire. L’année suivante par contre, la journée de lutte internationale des
travailleurs du 1er mai était devenue Fête du Travail instaurée par Hitler et les Nazis, puis par Pétain et son
Etat français. La Saint-Philippe avait été ajoutée à la célébration !
Pour nous le 11 novembre n’a jamais été une fête mais journée de lutte pacifiste.
Aujourd’hui, se tiennent soixante rassemblements identiques à celui-ci, pour exiger, comme certains
d’entre nous depuis plus de vingt ans, la réhabilitation des fusillés pour l’exemple, ces hommes tombés sous
des balles françaises. Une honte qui n’est pas lavée depuis près d’un siècle !
Et nous ne devrions pas manifester notre indignation, notre haine de la guerre ? !
« Comment un officier - dont la vocation est de conduire les soldats sous ses ordres peut-être à la mort peut-il se trouver dans la position de décréter leur exécution ? » questionne le général André Bach, ancien
chef du service des archives militaires, dans son ouvrage « Fusillés pour l’exemple »
Comment ne pas être horrifié par les tueries, non seulement de militaires mais de civils, dans des guerres
qui n’en finissent pas. Celle d’Indochine, menée contre un peuple qui voulait son indépendance, a duré de
1946 à 1975, 29 ans ! Une génération entière. Avec ses bombes défoliantes ou au napalm...
La Grande Guerre, celle de 1914-1918 avait été plus courte que celles d’Irak, d’Afghanistan, de
Palestine... 365 conflits recensés dans le monde en ce début du 21ème siècle !
Et l’horreur s’amplifie chaque jour. Aujourd’hui nous découvrons le scandale des Sociétés Militaires
Privées, les SMP et le mercenariat des temps modernes. Sur les antennes de France-Inter, deux semaines de
suite, nous avons appris par l’émission « Les rendez-vous avec X », l’extension de ce problème évoqué en
2008 par notre ami David Gozlan, responsable national de la Libre Pensée, ici même, Mercenariat, un mot qui
écorche leurs oreilles et celles de leurs patrons, pouvait-on entendre sur les ondes. Mercenaires ! Un mot qui
sent le soudard, le chien de guerre sans foi ni loi. Non, ils préféreraient qu’on les appelle comme aux EtatsUnis « contractors », c’est-à-dire « contractants » ou « contractuels ». Un mot plus policé mais une même
réalité ; ces paramilitaires, des civils recrutés par des sociétés commerciales, sous contrat avec une armée, et
qui remplissent des fonctions ressortissant du métier militaire, sont bel et bien des mercenaires... ces soldats
de fortune comme on disait autrefois, sont de plus en plus nombreux de par le monde. Et d’abord sur les
principaux points chauds, Irak ou Afghanistan, où ils font jeu égal en nombre avec les combattants officiels...
Mais on les trouve aussi sur d’autres théâtres d’opérations où ils assurent la sécurité de militants d’ONG, de
diplomates ou de travailleurs expatriés. Et certains verraient bien ces nouveaux Rambo remplacer les
Casques bleus trop souvent inexpérimentés car issus de pays pauvres mal équipés.
La société Blackwater est la plus connue de ces sociétés, mais par suites de bavures meurtrières elle est
devenue Xe, et a multiplié ses filiales. Cette externalisation, cette privatisation de la guerre coûte, dans une
période dite d’économies, 70 milliards d’euros par an ! Ces sociétés avaient débuté il y a 30 ans au Congo,
puis en Afrique du Sud, en Irlande, etc. La rémunération d’un agent varie de 500 à 1000 dollars par jour. Dix
fois plus que celle d’un soldat américain ! Leur armement est des plus sophistiqué : des drones, voire des
bombes au napalm. Irresponsables, elles n’ont pas de comptes à rendre aux citoyens. En outre elles
participent à des opérations dites de « maintien de la paix », voire de « reconstruction »...
La guerre pour ces sociétés est un enjeu commercial. Leurs seul objectif gagner de l’argent, toujours plus
d’argent ! Elles ont intérêt à prolonger les conflits. Le rapport ultrasecret de la CIA remis chaque matin au
président américain serait en partie rédigé par des analystes privés. 50 % des membres de la CIA
appartiendraient aux SMP...
Non les pacifistes internationalistes que nous sommes, ne se tairont pas ! Nous ne sommes pas un
troupeau bêlant la Paix. Nous dénonçons la Guerre, nous la combattons !
Ouvriers, Paysans nous sommes le grand parti des travailleurs de la paix et de la liberté pour les peuples,
les artisans de la vie ! Contre les profiteurs de guerre, industriels et commerçants, seigneurs de la guerre qui
portent en eux la mort,
Debout les vivants, debout les pacifistes internationalistes !
Georges Bardin
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renouvelez votre adhésion (10 euros) dès réception de ce courrier. Chèque à libeller à
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370, Renaison.
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Appel commun au rassemblement d’Ambierle
Le rassemblement d’Ambierle 2011 se situe dans une période marquée à l’échelle
internationale par des soulèvements populaires en Tunisie, en Egypte qui sont le fait
de peuples soumis pendant des décennies à des dictatures qui les ont réduits à la
misère et les ont privés de toute démocratie. Partout dans le monde, les solutions
militaires sont en échec et les peuples victimes que ce soit en Afghanistan, en Irak
mais aussi en Palestine. Partout, l'issue réside dans une solution politique, garantissant
l'indépendance des peuples par le respect absolu de leur droit à disposer d'eux-mêmes.
Nous nous réunissons à Ambierle, commune d’où étaient originaires deux des six
soldats fusillés pour l’exemple le 4 décembre 1914 à Vingré. Ces soldats, victimes
d’un Etat major qui entendait par de tels actes asseoir une autorité dont son
incompétence le privait ont été réhabilités ainsi qu’une quarantaine d’autres. Mais 650
soldats fusillés ne sont pas à ce jour réhabilités. La Libre Pensée, l’ARAC, la Ligue
des Droits de l’homme, l’Union pacifiste ont engagé une campagne pour obtenir leur
réhabilitation. La Libre Pensée a pris l’initiative d’une lettre adressée à tous les
parlementaires afin que soit déposé un projet de loi qui redonne aux soldats fusillés
leur « honneur volé » comme l’a demande le Conseil général de la Loire lors de sa
session d’octobre 2010.
Organisations signataires de l’appel
Association Laïque des Amis des Monuments aux morts pacifistes de Saint-Martin
d’Estreaux et du département de la Loire
Libre Pensée
ARAC
Mouvement de la paix
Femmes solidaires (UFF)
Femmes pour la paix (Roanne)
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FAMILIALE
de
Jacques PREVERT
La mère fait du tricot
Le fils fait la guerre
Elle trouve ça tout naturel la mère
Et le père qu’est-ce qu’il fait le père ?
Il fait des affaires
Sa femme fait du tricot
Son fils la guerre
Lui des affaires
Il trouve ça tout naturel le père
Et le fils et le fils
Qu’est-ce qu’il trouve le fils ?
Il ne trouve rien absolument rien le fils
Le fils sa mère fait du tricot son père des affaires lui la guerre
Quand il aura fini la guerre
Il fera des affaires avec son père
La guerre continue la mère continue elle tricote
Le père continue il fait des affaires
Le fils est tué il ne continue plus
Le père et la mère vont au cimetière
Ils trouvent ça tout naturel le père et la mère
La vie continue la vie avec le tricot la guerre les affaires
Les affaires la guerre le tricot la guerre
Les affaires les affaires et les affaires
La vie avec le cimetière.
Jacques Prévert
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