RV comparaison groupe Stern et arafat 2p tb

Transcription

RV comparaison groupe Stern et arafat 2p tb
L'Histoire se répète, en renversant les rôles
mis en ligne le dimanche 6 juillet 2003
par Tom Segev
"Par l'un de ces extraordinaires retournements que nous réserve l'Histoire,
la situation des Palestiniens aujourd'hui renvoie à celle que connaissaient
les Juifs il y presque 60 ans, entre la fin de la deuxième guerre mondiale et
la création de l'État d'Israël." Par l'historien israélien Tom Segev
Los Angeles Times 20 juin 2003
Par l'un de ces extraordinaires retournements que nous réserve l'Histoire, la situation
des Palestiniens aujourd'hui renvoie a celle que connaissaient les Juifs il y presque
60 ans, entre la fin de la deuxième guerre mondiale et la création de l'État d'Israël.
Durant ces années, il y avait en Palestine deux organisations juives paramilitaires, la
Haganah et le Palmakh, liées à Ben Gourion et à l'Agence juive, qui représentaient le
courant dominant et modéré au sein de la communauté juive.
Au même moment, il existait deux autres organisations, plus activistes, l'Etzel, ou
Irgoun, et le Lekhi, ou groupe Stern. L'Irgoun et le Lekhi, qui exigeaient une libre
immigration pour les Juifs et l'indépendance nationale, utilisaient des moyens qui
allaient bien au-delà de ceux choisis par la Haganah et le Palmakh : ils tuaient des
militaires et des fonctionnaires britanniques, mais les explosifs, déposés dans des
centres urbains, causaient aussi la mort de nombreux civils, arabes et juifs.
Tout comme Yasser Arafat et Mahmoud Abbas aujourd'hui, Ben Gourion, président
de l'Agence juive, se trouvait dans une position politique très épineuse à cause des
activistes : pour obtenir des autorités britanniques les concessions qu'il désirait, Ben
Gourion ne pouvait pas tolérer des actes de terrorisme. Mais pour garder son
influence en tant que leader national des Juifs, il ne pouvait pas se permettre de
paraître moins patriote que les activistes.
Tout comme Yasser Arafat et Mahmoud Abbas, qui doivent jouer un jeu complexe
avec le Hamas et le Djihad islamique, Ben Gourion fit lui aussi des allers-retours,
soutenant parfois les groupes activistes, ou les agressant.
Bien sur, il y eut des différences. Les sionistes ont bénéficié d'un certain soutien de
la part des Britanniques dans les années 40, alors que les Palestiniens n'ont aucun
soutien de la part d'Israël. Le Hamas vise des civils, alors que l'Irgoun et le groupe
Stern envoyaient des alertes préalables afin d'éviter les victimes civiles.
Une autre différence d'importance est que Ben Gourion a consacré 30 ans à
développer des institutions nationales et des infrastructures avant de déclarer
l'indépendance en 1948. Arafat, en revanche, a déclaré l'indépendance avant d'avoir
préparé la moindre infrastructure.
1
Pendant un temps, relativement court, Ben Gourion autorisa un front uni de
résistance contre les Britanniques, en travaillant avec l'Irgoun et le groupe Stern. En
d'autres circonstances, lui et l'Agence juive tentèrent d'agir contre les groupes
activistes. L'Agence juive ordonna même aux parents juifs de dénoncer les membres
de ces groupes, même s'il s'agissait de leurs propres enfants.
Mais la plupart du temps, Ben Gourion fut incapable de contrôler les activistes. Et,
tout comme Israël rend Arafat responsable du terrorisme palestinien, les Britanniques
rendirent Ben Gourion responsable du terrorisme juif exercé par l'Irgoun et le groupe
Stern, et exigèrent de lui qu'il élimine totalement le terrorisme, ce qu'il était incapable
de faire.
Ben Gourion envoya Golda Meyerson (connue plus tard sous le nom de Golda Meir)
convaincre le Haut commissaire britannique que davantage de permis accordés aux
immigrants renforceraient l'influence de l'Agence juive et affaibliraient ainsi les
activistes. C'est exactement le même argument qu'emploie aujourd'hui Mahmoud
Abbas quand il tente d'obtenir des concessions de la part d'Israël.
De nombreux Israéliens s'offensent de la comparaison entre leur pays et la Grande
Bretagne. Néanmoins, l'Histoire fournit un certain nombre de leçons a tirer pour le
présent.
A partir de leurs expériences coloniales en d'autres endroits du monde, les
Britanniques comprirent qu'il n'existait pas de solution militaire au problème du
terrorisme. On peut réduire le niveau des violences, mais on ne peut pas l'éliminer. Il
se trouvera toujours un groupe incontrôlable, ou même un seul individu, comme le
membre du Hamas âgé de 18 ans qui se fit exploser dans un bus a Jérusalem il y a
quelques jours, pour barrer la route à la raison.
La question est de savoir s'il faut permettre à ces terroristes de dicter tout l'agenda
du Moyen-Orient. Dans les années 40, les Britanniques conclurent que non. Ils
continuèrent à coopérer avec l'Agence juive comme s'il n'y avait pas le terrorisme de
l'Irgoun et du groupe Stern, et à combattre le terrorisme juif comme s'il n'y avait pas
de coopération.
La présence britannique en Palestine a duré 30 ans. Ils partirent quand ils finirent par
comprendre que garder le pays coûtait trop cher. De plus en plus d'Israéliens
parviennent à la même conclusion a l'égard de l'occupation des territoires
palestiniens, qui dure depuis 36 ans. Mais il est décourageant de constater que,
même si la feuille de route met fin au conflit en 2005, ce dont on peut fortement
douter, l'occupation par Israël des territoires palestiniens aura duré davantage que
l'occupation britannique.
2