Article en PDF - Culture (ULg)

Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège
B.D.
Daniel Goossens, La reine des mouches (Fluide Glacial)
Daniel Goossens est un des derniers fleurons de l'école de Fluide Glacial, digne hériter de Marcel Gotlib.
Virtuosité absurdiste, délire paranoïaque-critique et expérimentations méta-fictionnelles sont au rendez-vous.
Tels leurs ancêtres lointains, Bouvard et Pécuchet, Georges et Louis nous livrent à leur insu une véritable «
encyclopédie de la bêtise humaine », au gré de leur récits décalées et de leurs imaginations boursouflées.
Goossens est également chercheur en intelligence artificielle à l'Université de Paris VIII. Il n'empêche, on se
demande quand même où il va chercher tout ça ... (Michel Delville)
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Manu Larcenet, Le combat ordinaire (Dargaud)
Sans sortir de la littérature qui mêle plaisir et engagement, je voudrais dire un mot de l'excellente série
Le Combat ordinaire, écrite et dessinée par Manu Larcenet et publiée chez Dargaud. Bien connue des
amateurs de Bande Dessinée contemporaine, l'œuvre est composée de quatre tomes relatant les péripéties
douces amères d'un héros moyen, photographe trentenaire aux prises avec les différents tracas, plus ou
moins importants, du quotidien.
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Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège
Se trouvent entre autres évoqués, dans ces quatre volumes, l'indicible douleur de la perte d'un proche,
l'effacement de l'illusio béate qui accompagne l'entrée dans un champ (artistique ici) après l'euphorie des
premiers instants, le poids de la mémoire, celui des responsabilités - du rôle social et public de photographe à
celui, privé, de père -, et les conflits de voisinage générés par les vagabondages d'un chat prénommé Adolf.
Sans jamais verser dans le moralisme à deux sous, Larcenet pose un regard avisé et critique sur le monde tel
qu'il va, tout en conservant la douceur et l'humour à fleur de peau qui lui sont chers. (Le genre de livre, aussi,
qu'on ne peut que très approximativement résumer en quelques lignes sans le desservir, et à propos duquel
il vaut mieux se forger son opinion soi-même.) (Denis Saint-Amand)
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Régis Loisel, Peter Pan (Éd. Vents d'Ouest)
Loin de coller à l'adaptation qu'en a faite l'usine à rêves de Walt Disney, la série Peter Pan de Régis Loisel
mérite une place de choix chez les amateurs de BD. Il aura fallu 14 ans à Loisel pour réaliser son chefd'œuvre. « Londres », « Opikanoba », «Tempête », « Mains rouges », « Crochet » et « Destins », c'est donc
au long d'une série de six albums que le lecteur pourra entamer un voyage qui s'annonce palpitant...
Pas de Wendy chez Loisel qui préfère réécrire la genèse du personnage de Peter ainsi que les raisons qui l'ont
fait devenir l'éternel enfant volant. Le pays imaginaire ne s'apparente plus à un gigantesque terrain de jeux
mais au dernier refuge pour des enfants perdus, délaissés qui refusent de subir l'horreur des rues malfamées
de Londres où règnent prostitution, alcoolisme et violence... Pourtant, pas de totale opposition entre le monde
réel et l'imaginaire de l'histoire. Cruauté et violence se retrouvent également dans le monde mystérieux. Le
cheminement de Peter sera semé d'embûches et d'obstacles à franchir.
La griffe de l'auteur réside dans un graphisme vivant opposé à une morale bien souvent pessimiste teintée de
noirceur et de perversité. Et c'est grâce à ce style brut, nerveux, qu'il parvient à dépeindre une réalité des plus
sombres. Longtemps critiqué pour la noirceur de ses albums, l'œuvre de Loisel n'en reste pas moins puissante
de sincérité et de sensibilité. À noter également, sa parfaite maîtrise des ombres et de la lumière qui emporte le
lecteur dans une atmosphère étouffante de vérité, où malaise et mélancolie sont omniprésents. (Mary Ceriolo)
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