SAINT-PIERRE ROME
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SAINT-PIERRE ROME
ROME SAINT-PIERRE MICHEL-ANGE, SCULPTEUR ET ARCHITECTE S’il se considérait avant tout comme sculpteur, c’est cependant comme architecte que Michel-Ange révèle son génie à Saint-Pierre. Le projet qu’il conçoit pour la nouvelle basilique sera partiellement réalisé : l’abside, et surtout la coupole, suscitent encore l’admiration générale. L'ARTISTE “Mais ce qui achève de donner à Rome son caractère, ce qui fait qu’elle est elle-même l’emblème permanent du catholicisme, le voici : au-dessus des ruines, des basiliques, au-dessus de l’Antiquité et du Moyen Age, la coupole de Saint-Pierre s’élève comme la domination visible de la papauté.” Edgar Quinet, Allemagne et Italie, 1832 LA TRAGÉDIE DU TOMBEAU DE JULES II Jules II, pape autoritaire et ambitieux voulait une sépulture monumentale, qui devait prendre place au centre de la nouvelle basilique SaintPierre. Michel-Ange en reçoit la commande. Le projet est grandiose : au dessus d’une chambre funéraire, une quarantaine de statues allégoriques représentant les vertus et les captifs, deux anges et quatre prophètes s’étagent sur trois niveaux. En 1506, Michel-Ange part choisir ses marbres à Carrare, mais l’argent manque. Il se dispute avec le pape et s’enfuit à Florence. Fin 1506, c’est la réconciliation : le pape passe d’autres commandes à l’artiste. A la mort de Jules II, en 1513, sa famille demande à Michel-Ange de terminer le tombeau : il achève le Moïse en 1516. Des commandes incessantes, auxquelles il ne peut se soustraire, l’empêchent de mener à bien l’exécution des autres statues et Michel-Ange y travaille par bribes pendant plus de 20 ans… Enfin, Paul III réussit à persuader la famille de se contenter d’un mausolée plus réduit. Aujourd’hui on peut voir le tombeau de Jules II dans l’église de Saint-Pierre-aux-liens. Au centre trône un superbe Moïse, plein de colère et d’orgueil… ❖ Ce terme désigne la représentation du moment où la Vierge Marie, mère de Jésus, reçoit le cadavre de son fils mort sur la croix. Une jeunesse florentine Michelangelo BUONAROTTI, appelé en France Michel-Ange, est né en 1475 à Caprese, petite bourgade de Toscane; il est mis en nourrice chez la femme d’un tailleur de pierre de Settignano. Lorsque sa famille vient s’installer à Florence, il entre en apprentissage dans l’atelier de Ghirlandaio, célèbre peintre de l’époque. Il va découvrir la sculpture avec Bertoldo dans le jardin des Médicis, où sont exposées des œuvres antiques. Il a quinze ans lorsque Laurent le Magnifique remarque ses dons exceptionnels. Il vivra deux ans à la cour des Médicis où il achève son éducation et où il rencontre les personnages les plus brillants de son époque. En 1494, il fuit les événements politiques de Florence. Une vie longue et fertile A partir de ce moment là, sa carrière d’artiste commence ; il fera plusieurs voyages entre Rome et Florence, subissant les désirs de ses commanditaires, jalonnant son parcours d’œuvres d’art (“Pietà” à Saint-Pierre,“David” et "chapelle des Médicis” à Florence, etc.) Même vieillissant, Michel-Ange possédera toujours sa puissance créatrice. Tous les siens l’ont précédé dans la tombe, ses frères, ses protecteurs, ses amis, ses ennemis; il est seul et conserve malgré tout le courage et la volonté de travailler jusqu’au bout. Il meurt en 1564, alors qu’il travaille à l’édification de la coupole de SaintPierre. Un artiste complet Poète, architecte, peintre, Michel-Ange se veut avant tout sculpteur, car c’est pour lui l’art supérieur. Il veut traduire dans le marbre toutes les idées, toutes les émotions. Ses sculptures révèlent une profonde tension aussi bien musculaire que psychologique. Son travail est libre : les surfaces sont polies, modelées dans le détail, ou bien laissées volontairement à l’état d’ébauche. Michel-Ange est un artiste de la Renaissance, très influencé par les œuvres antiques (Laocoon, torse du Belvédère…), mais il porte en lui tous les germes de l’art moderne : les passions et les angoisses de l’humanité. MICHEL-ANGE SCULPTEUR La Pietà ❖, une œuvre de jeunesse Michel-Ange, alors à peine âgé de 25 ans, réalisa cette statue de 1496 à 1499, sur commande d'un cardinal français, pour orner la chapelle des rois de France de l’ancienne basilique. Elle fut replacée dans la nouvelle basilique et, un déséquilibré l’ayant mutilée à coups de marteau en 1972, elle est désormais protégée par une vitre. C’est sa première sculpture importante mais c’est l’œuvre d’un jeune homme qui maîtrise déjà tout son art (justesse des expressions, rendu des détails anatomiques, plis de la robe). Le groupe à la forme pyramidale possède des proportions très étudiées. Il est le reflet des sentiments chrétiens de Michel-Ange à cette époque de sa vie. Il nous l’explique en ces termes : “La mère devait être jeune, plus jeune que son fils, pour paraître éternellement vierge ; tandis que son fils, qui a pris notre nature humaine, doit être, dans le dépouillement de la mort, un homme comme les autres.” LES ÉTAPES DE LA CONSTRUCTION DE SAINT-PIERRE MICHEL-ANGE ARCHITECTE Michel-Ange devint architecte malgré lui, dans sa vieillesse, à la demande du pape Paul III. Le premier travail qu’il lui demanda, en 1536, fut d’aménager la place du Capitole qui était alors un champ de ruines. En 1546, suite aux décès de différents architectes de la nouvelle basilique (Bramante, Raphaël, Sangallo), Michel-Ange (il a alors 72 ans) fut chargé de la poursuite des travaux. Ce n’était pas son désir. L’apport de Michel-Ange Michel-Ange simplifia le plan de Raphaël et de Sangallo en revenant à l’idée du plan en croix grecque de Bramante, mais il en modifia les éléments qui l’affaiblissaient. Sauf la nef et la façade, l’extérieur de Saint-Pierre est entièrement l’œuvre de Michel-Ange. Bramante Raphaël Michel-Ange Projet de Michel-Ange non réalisé (à g.) Maderno (à dr.) Sur cette gravure de 1625, on peut voir l’abside de Saint-Pierre au premier plan. On remarque deux clochetons de part et d’autre de la façade : prévus dans le projet de Maderno, ils ont été dessinés ici. En 1640 on entame leur construction, mais dès que le premier est achevé, les murs qui le soutiennent se fissurent : il est aussitôt démoli ! La place telle qu’on la connaît, n’est, bien sur, pas encore réalisée, mais l’obélisque est déjà là depuis 1585. C’est depuis les jardins, malheureusement inaccessibles, que l’on en a la meilleure vue : de grands pilastres corinthiens (piliers encastrés, à chapiteaux à feuilles d’acanthe) soutiennent un attique (couronne) simple; on peut cependant en avoir un aperçu depuis la cour qui permet l’accès à la coupole. On y découvre son style à la fois simple et grandiose, incarnant la transition entre l’arc h i t e c t u re de la Renaissance et l’art baroque. La coupole Il couronne la basilique d’une imposante coupole (131m) implantée sur les quatre piliers de Bramante. Entre 1558 et 1561, Michel-Ange fait exécuter un modèle en bois de la moitié de la coupole. Il reprend le système à double paroi de la coupole du Panthéon et du dôme de la cathédrale de Florence (l’escalier d’accès au lanternon - partie supérieure - passe entre les deux parois et en suit la courbe). Lorsque Michel-Ange meurt, en 1564, seul le tambour de la coupole se dressait dans le ciel de Rome. Mais il laisse derrière lui la preuve qu’il était un architecte génial et novateur. Texte, conception et réalisation : Michèle GOZARD, Françoise GRIEU - Edition 2001