Mais celui-là du Ciel, c`est par Sa vertu propre
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Mais celui-là du Ciel, c`est par Sa vertu propre
Secondaire Sculpture : Documents Du burin à la plume Michel Ange, sculpteur et poète > XVI Sonnet sur un ami défunt Si mon rude marteau tire du dur rocher telle ou telle forme humaine, c’est du ministre qui le tient en main et le guide et l’accompagne qu’il reçoit son élan, c’est autrui qui le mène. Mais celui-là du Ciel, c’est par Sa vertu propre qu’Il embellit le monde et S’embellit lui-même, et comme nul marteau n’est sans marteau forgé, de ce vivant Modèle tout autre procède. Or, parce que le coup est d’autant plus puissant qu’il choit de plus haut sur l’enclume, c’est au Ciel qu’au-dessus du mien celui-ci1 s’est envolé. De moi, dès lors, si imparfait, qu’en sera-t-il si la divine forge n’accorde à celui qui fut mon seul recours ici-bas, de m’aider ? Michel-Ange (1475 - 1564) - Poèmes, Traduits et présentés par Pierre Leyris, NRF, Gallimard. 1 Un ami défunt non identifié. L’image du marteau et de la forge divine semble venir de Dante (Paradis, II, 127-132). © Ville de Toulouse, musée des Augustins, document réalisé par le service éducatif, (Céline Roques, 2002). Secondaire > LIX - Sonnet à Vittoria Colonna 2 Comment, ma Dame, se peut-il – bien que chacun s’en avise à la longue – qu’une vive image de pierre alpestre et dure ait plus grande durée que son auteur, voué par les ans à la poudre ? La cause s’incline et cède devant l’effet ; l’art l’emporte, en conséquence, sur la nature. Je sais, la preuve en est dans la fière sculpture, que le temps et la mort la menacent en vain. Je puis donc nous donner à tous deux longue vie en figurant par la couleur ou dans la pierre (ici, le mode importe peu) nos deux visages, de sorte que, mille ans après notre départ, on pourra voir combien vous fûtes belle et moi piteux, mais non pas fou de vous avoir aimée. Michel-Ange (1475 - 1564) - Poèmes, Traduits et présentés par Pierre Leyris, NRF, Gallimard. 2 Vittoria Colonna (1490-1547). Grande dame romaine qui inspire à Michel-Ange une profonde admiration pour sa vertu et sa dévotion. Elle écrit des poèmes où elle expose sa soif de Dieu, qu’il imitera dans ses sonnets. Page 2 sur 2 © Ville de Toulouse, musée des Augustins, document réalisé par le service éducatif, (Céline Roques, 2002).