ISRAËL-ETATS-UNIS : LES FRICTIONS PERSISTENT AUTOUR DE
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ISRAËL-ETATS-UNIS : LES FRICTIONS PERSISTENT AUTOUR DE
Semaine du 9 au 14 septembre 2012 ISRAËL-ETATS-UNIS : LES FRICTIONS PERSISTENT AUTOUR DE L’IRAN Les tensions israélo-américaines autour du dossier iranien ont connu cette semaine de nouveaux rebondissements, alimentant les commentaires de la presse israélienne. Alors que le Premier ministre Binyamin Nétanyahou avait déclaré la semaine dernière qu’en fixant au régime iranien des lignes rouges claires, la communauté internationale réduirait les chances qu’Israël lance une attaque non-coordonnée contre les sites nucléaires iraniens, la Secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, a clairement fait savoir que l’Administration Obama refusait de fixer une date-butoir à l’Iran. Lors dune conférence de presse avec son homologue bulgare, le chef du gouvernement israélien a lancé un pique à l’encontre de Mme Clinton, affirmant que « ceux qui, au sein de la communauté internationale, refusent de mettre une ligne rouge face à l'Iran, n'ont pas le droit moral de mettre un feu rouge devant Israël ». « Si l'Iran sait qu'il n'y a pas de ligne rouge, si l'Iran sait qu'il n'y a pas de date limite, que fera-t-il ? Exactement ce qu'il est en train de faire. Il est en train de continuer, sans aucune ingérence, à chercher à obtenir la capacité en matière d'armement nucléaire et, à partir de là, la bombe nucléaire », a déclaré M. Nétanyahou. Mardi, les grands quotidiens annonçaient en Une que le président américain n’était « pas intéressé » à rencontrer le Premier ministre israélien en marge de la prochaine Assemblée générale des Nations unies à la fin du mois de septembre. Le climat s’est 1 toutefois apaisé après que les deux hommes se sont entretenus au téléphone dans la nuit de mardi à mercredi et que la Maison Blanche eut démenti l’information. Selon un communiqué américain, MM. Obama et Nétanyahou ont affiché leur détermination à empêcher l’Iran de e doter de l’arme nucléaire. Toujours est-il que pour les médias israéliens, Nétanyahou a été « trop loin » avec l’allié américain. Le ministre de la Défense, Ehoud Barak a lui-même temporisé en déclarant que les divergences « ne devaient pas être affichées publiquement mais discutées en privé ». Dans la même veine, le ministre des Affaires étrangères, Avigdor Liebermann, a estimé que « les débats et le dialogue sur les sanctions devraient se tenir à l'écart des médias, il n'y a pas besoin d'explications ou de discussions publiques ». Par ailleurs, le vice-Premier ministre israélien chargé du Renseignement et des affaires nucléaires, Dan Méridor, d’ordinaire très discret sur ces sujets, a déclaré sur les ondes de la radio publique, qu'il ne souhaitait pas la définition d'une ligne rouge ou d'un délai à respecter pour Téhéran. Les médias ont en outre révélé que le chf du M-6, les services de renseignements britanniques, John Sawers, s’était récemment rendu en Israël pour annoncer à MM. Nétanyahou et Barak que la GrandeBretagne s’opposait à une attaque unilatérale israélienne contre l’Iran. Alors qu’il avait été intronisé « roi » par la presse américaine il y a à peine quelques semaines, Nétanyahou s’est attiré la foudre des éditorialistes outre-Atlantique, relèvent les journaux israéliens. Le New Yorker et le New York Times ont ainsi tiré à boulets rouges sur le Premier ministre israélien, regrettant son ingérence grossière dans la campagne éléctorale américaine. Pour l’éditorialiste du Maariv, Ben-Dror Yémini, Nétanyahou s’est maladroitement attiré l’hostilité des Américains alors que son combat pour stopper le nucléaire iranien est justifié. « Il est aujourd’hui raisonnable de penser que les lourdes sanctions contre l’Iran n’auraient jamais été prises sans les pressions de Nétanyahou. Toutefois, si son approche churchillienne de la gestion du dossier iranien est justifiée, Nétanyahou a été très malhabile avec l’administration américaine en faisant campagne ouvertement pour Romney alors qu’il est évident que ce dernier ne s’empressera pas d’attaquer l’Iran alors que la majorité des Américains s’oppose à une nouvelle guerre américaine au Moyen-Orient. » 2 NETANYAHOU A DEPASSE LES LIMITES / YOEL MARCUS – HAARETZ Nétanyahou a franchi la ligne rouge en accentuant un peu plus les tensions avec le président américain. En pensant pouvoir faire plier Obama, notre Premier ministre a rompu avec la vieille tradition israélienne de non-ingérence dans les campagnes électorales américaines. Obama aurait évidemment tort d’accepter d’imposer des lignes rouges à l’Iran. Une grande puissance doit préserver une certaine ambigüité pour pouvoir jouir de sa liberté d’action. Chacun sait que s’ils le voulaient, les Etats-Unis pourraient avoir recours à la force et déployer des moyens militaires beaucoup plus importants qu’Israël. Mais pour cela, nul besoin de le déclarer publiquement. Il suffirait par exemple qu’Ahmedinejad découvre des porte-avions américains en plein Golfe persique pour qu’il comprenne, sans la panique de Nétanyahou, que les Etats-Unis pourraient frapper le moment venu. Obama a peut-être l’image d’une « colombe » mais c’est tout de même un président qui a dépensé des milliards pour retrouver et éliminer Ben Laden. (…) Les conseillers d’Obama ne ont pas dupes. Ils suivent de très près le phénomène Sheldon Edelson (Un richissime juif américain proche de Nétanyahou, ndt). Celui-ci dépense des millions de dollars pour destituer Obama et couronner le candidat républicain Mitt Romney. Ce même Edelson qui finance le quotidien gratuit « Israel Hayom », soutien inconditionnel de la politique de Nétanyahou. Les conseillers d’Obama ne manquent pas pour faire comprendre au président américain que Nétanyahou incitent les Juifs américains à voter républicain. (…) Et Barak dans tout cela ? Contrairement aux apparences, il n’est pas le va-t-en guerre mais se pose en « adulte responsable » peu emballé par l’idée d’ultimatum de son Premier ministre. Il considère comme un succès le fait qu’Israël ait réussi à inscrire le dossier iranien à l’ordre du jour international. 3 QUELQUE CHOSE D’IRRAISONNABLE DANS LE COMPORTEMENT D’OBAMA / DAN MARGALIT – ISRAEL HAYOM Il ya quelque chose de surprenant dans l’énergie que dépense Obama dans ses divergences avec Israël au sujet du nucléaire iranien. Ne voit-il pas ce qui se passe en Egypte, en Libye et devant son ambassade à Tel Aviv ( des manifestations du mouvement islamique israélien ont eu lieu jeudi pour protester contre le film anti-islam, ndt) ? Alors qu’il est témoin de l’hostilité croissante du monde arabo-musulman à l’égard des Etats-Unis, soutenue et financée par Al Qaëda, l’Iran et le Hezbollah, le président reste neutre dans son rapport à l’Egypte et déclare vouloir examiner sereinement l’action du régime des Frères musulmans. Il recevra le président Morsy à l’AGNU comme si rien n’était arrivé à l’Ambassade américaine au Caire. Quelque chose dans son comportement n’est pas raisonnable. D’un point de vue israélien, certes, mais aussi d’un point de vue américain. Sa politique est comme déséquilibrée. En effet, alors que Jérusalem et Washington affichent une politique commune visant à freiner le projet nucléaire iranien, les deux pays s’accrochent en public. Mais lorsque des badauds s’opposent dans la rue arabe aux valeurs mêmes de la démocratie, pourtant sacrées pour les Américains, la Maison Blanche affiche sa volonté de coopérer avec les Frères musulmans. Vous avez dit « politique des deux poids, deux mesures ? (…) Caricatures de S. Cohen – Israel Hayom 4 19EME ANNIVERSAIRE DES ACCORDS D’OSLO Alors que l’ancien négociateur palestinien, Abou Ala, a estimé devant des journalistes israéliens réunis à Ramallah qu’Israël avait « sapé la solution des deux Etats », le ministre des Affaires étrangères israélien a ordonné jeudi à ses services de réévaluer les accords d’Oslo 19 ans après leur signature. Lors du traditionnel pot de Rosh Hashana ( nouvel an juif, ndt), le ministre Liebermann a estimé qu’Israël devrait réévaluer ses relations avec l’AP. Il a en outre estimé que les accords d’Oslo avaient été « le processus politique le plus catastrophique depuis 1948 ». Selon le chef de la diplomatie israélienne, le président Abbas est « incapable de faire de l’ordre au sein de l’Autorité palestinienne et ses jours au pouvoir son comptés. M. Lieberman a par ailleurs critiqué la décision du Premier ministre Nétanyahou de verser une avance de 250 millions de shekels ( environ 50 millions d’euros) à l’Autorité palestinienne pour faire face à la crise économique dans les Territoires. « Ne reproduisons pas les erreurs du passé en tentant de maintenir artificiellement en vie des régimes pourris comme il peut en exister dans les pays arabes », a-t-il déclaré. Le porte-parole de la présidence palestinienne a réagi à ces propos en appelant M. Nétanyahou à condamner son ministre. La question de la pertinence des accords d’Oslo fit débat en Israël et transcende l’idéologie politique comme le démontre cet article de l’architecte même des accords d’Oslo, Yossi Beilin, publié au mois d’out par le quotidien Israel Hayom. 5 L’ACCORD D’OSLO N’EST PLUS PERTINENT / YOSSI BEÏLIN – ISRAËL HAYOM Dans quelques jours, nous célébrerons le 19ème anniversaire de la signature de l’accord d’Oslo. Ses opposants font tout leur possible pour pérenniser les erreurs qu’il contient ; ses partisans devraient tout faire pour mettre fin à cet accord. Je souhaite de tout mon cœur que cette année soit sa dernière année. Que les camps de la paix israélien et palestinien se lèvent et annoncent que cet accord intérimaire est caduc, et que désormais, le but est de parvenir soit à un accord permanent, soit de revenir sur la situation créée après la Guerre des Six jours, c’est-à-dire qu’Israël redeviendra responsable des habitants palestiniens des territoires occupés. En effet, un accord intérimaire n’a jamais été la vision du camp de la paix ; c’était une acceptation par le camp de la paix d’une formule inventée par les dirigeants de la droite israélienne (par Menahem Begin en 1978, puis adoptée par Yitzhak Shamir en 1991). Persister dans la situation existante signifie qu’Israël peut construire de nouvelles colonies, alors même que les forces de sécurité palestiniennes assurent l’ordre en Cisjordanie et coordonnent leurs activités contre les terroristes avec Israël ; le président de l’Autorité Palestinienne est engagé à éviter toute violence quelles que soient les circonstances ; et lorsqu’il opte pour une reconnaissance partielle à l’ONU, le ministre israélien des Affaires étrangères se permet de qualifier sa démarche de « terroriste ». Cette situation est également très commode pour les opposants de la paix de part et d’autre : ceux qui s’opposent au partage du pays se félicitent d’un accord intérimaire qui maintient l’intégralité géographique du pays, permettant ainsi de considérer comme pratique le rêve d’une gouvernance unilatérale de tout le pays. Il ne faut surtout pas continuer à pérenniser les résultats de l’accord d’Oslo. Le moment est arrivé pour tous ceux qui l’ont défendu et soutenu d’annoncer sa fin, pour qu’il ne devienne pas un substitut pratique, bien que non officiel, d’un accord de paix. 6