Volume 6 - Sentiers de foi
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Volume 6 - Sentiers de foi
Un monde en évolution La foi en mouvement de foi.info Sentiers www. Vol. 6 no 1 / 15 septembre 2010 Comité éditorial Rédacteur en chef Gérard Laverdure Secrétaire de rédaction Ghislain Bédard Représentant du C.A. Michel-M. Campbell Collaboration Lise Baroni Dansereau Lucie Brousseau Jocelyne Hudon 8 Lucie Brousseau, 2010 : Ensemble Journal Web bimensuel indépendant qui vise à faire connaître des parcours et des lieux où se vivent des expériences humaines et spirituelles novatrices. Itinéraire Au diocèse de Chicoutimi, depuis plusieurs années, le travail d’équipe est devenu la priorité en paroisse. Deux femmes s’occupent de la formation et du coaching d’une équipe diocésaine de prêtres, qui en sont très satisfaits. [ p. 2 ] par Jocelyne Hudon Perspectives Intériorité Pour nous joindre [email protected] Pour vous abonner www.sentiersdefoi.info Abonnement gratuit. ISSN 1715-8370 8 2010 Sentiers de foi Tous droits réservés Surprenantes, ces pratiques de femmes! Des déplacements de pratiques prophétiques par des femmes d’Église, audacieuses et fidèles au Souffle de Vatican II... La « libération féministe » poursuit sa route. [ p. 3 ] par Lise Baroni Dansereau Photographie Lucie Brousseau Conception graphique Ghislain Bédard Ce journal Web existe uniquement grâce à votre générosité. Faites parvenir votre don à Sentiers de foi, 4785, rue Messier, app. 101 Montréal (Qc) H2H 2J2. Un reçu de charité sera émis. Des prêtres comme des coachs d’équipe Un coach nommé Jésus Pour Suzanne Dionne et France Fortin, les textes présentés ici sont stimulants et éclairants. Ils traduisent bien comment le message de Jésus les met au défi dans leur quotidien. [ p. 5 ] présenté par Suzanne Dionne et France Fortin Actualités La caravane de la paix Des rencontres interreligieuses, il s’en fait depuis longtemps. La caravane de la paix en fait la promotion pour la deuxième fois en deux ans à Montréal. Une expérience unique. [ p. 6 ] par Gérard Laverdure Ressources Pour aller plus loin ou pour satisfaire votre curiosité Des activités diverses et des ressources pertinentes. [ p. 7 ] sdf.info • 15 septembre 2010 • 2 Itinéraire Des prêtres comme des coachs d’équipe Au diocèse de Chicoutimi, depuis plusieurs années, le travail d’équipe est devenu la priorité en paroisse. Deux femmes s’occupent de la formation et du coaching d’une équipe diocésaine de prêtres, qui en sont très satisfaits. par Jocelyne Hudon sdf.info Institut de formation théologique et pastorale 574, Jacques Cartier Est Chicoutimi G7H 1Z5 418 543-2006 1 866 990-2006 [email protected] www.iftp.org Lectures suggérées Simard Serge, « Le leadership presbytéral dans le contexte des équipes pastorales », in Prêtre et pasteur, revue des agents de pastorale, Vol. 113, no 5, Mai 2010, p. 274-280. Sophie Soria, Un coach nommé Jésus, Dunod-InterÉditions, 2005, 272 p. 1. Au début du projet, M. Simard était directeur du Service de formation pastorale du diocèse de Chicoutimi. Ce Service est devenu ensuite l’Institut de formation théologique et pastorale (IFTP) dont il est maintenant le directeur des Études. 2. Mmes Suzanne Dionne et France Fortin, agentes laïques de pastorales, sont accompagnatrices (coaches) de ce programme de formation. Dans toutes les institutions, même l’Église, le travail d’équipe ne va pas de soi. En 2002, Mgr JeanGuy Couture promulguait la politique diocésaine pour un travail d’équipe, politique réaffirmée en 2007 par son successeur, Mgr André Rivest. En 2008, ce dernier présentait aux prêtres œuvrant en paroisse une nouvelle orientation du programme de formation en travail d’équipe et sollicitait leur adhésion. Le programme vise à ce que chaque équipe réfléchisse aux enjeux pastoraux fondamentaux, identifie une vision commune et un projet pastoral, établisse des priorités et un plan d’action en fonction des ressources disponibles et de l’Église qu’on souhaite voir advenir. La formation comprend divers ateliers comme « Leadership et communication ouverte », « Feedback de reconnaissance », « Feed-back d’amélioration », « Résolution de problèmes », « Gestion de conflits », « Communication interpersonnelle » et « Consolidation d’équipe ». M. Serge Simard1 explique : « Les ateliers visent la consolidation des compétences que le prêtre-leader possède déjà et le développement d’autres habiletés nécessaires pour exercer son rôle. Il est invité à retransmettre le contenu de ces formations à son équipe afin que tous exercent leur leadership avec plus de compétences. » La plupart des milieux paroissiaux comptent un seul prêtre entouré de diacres ou de laïcs mandatés, chacun étant responsable (leader) d’un champ de responsabilités animé avec des équipes de bénévoles. La grille conçue pour le projet comprend six champs : modérateur, coordination de l’équipe, éducation de la foi, liturgie et vie communautaire, initiation chrétienne, solidarité sociale. Chacun est détaillé très précisément. La personne responsable d’un champ le porte particulièrement, mais il ne lui « appartient pas ». Chaque membre de l’équipe a son mot à dire quant à l’orientation d’un champ. « Le modérateur doit y croire, accepter et favoriser l’idée de faire équipe, sans quoi rien ne bougera », dit Mme Suzanne Dionne2. M. Simard complète : « Certains prêtres étaient de beaux parleurs du travail d’équipe et disaient : "Nous voulons faire équipe, c’est très important..." sans s’investir dans le processus, sans prendre conscience qu’ils sont le pivot de l’équipe. S’ils ne jouent pas leur rôle, l’équipe s’en va partout. L’idée est vraiment de former les modérateurs comme leaders pour qu’ils assument la prise en charge de la construction de leur équipe. » Une particularité novatrice de cette formation est sans contredit la formule « coaching ». Mme Dionne résume : « En groupe, les prêtres participent à un atelier théorique suivi d’un atelier d’intégration. Ensuite, nous accompagnons chaque prêtre individuellement à partir des événements de son milieu. Nous le soutenons dans les capacités qu’il maîtrise et dans le développement de nouvelles manières de faire. » Mme France Fortin précise : « Dans les rencontres individuelles, nous abordons ce qui pose problème. Ensuite, nous reprenons ensemble les éléments de la formation et cherchons comment les intégrer dans leur travail. » Mme Dionne poursuit : « L’un d’eux n’était pas intéressé, mais il s’est révélé l’un des plus motivés! » Et aussi : « Lors d’une formation, un prêtre était absent. À la suite de l’appel d’un confrère, il est arrivé rapidement, en disant : "Erreur d’agenda! Merci! Je ne voulais vraiment pas manquer l’atelier!" » Mme Fortin ajoute : « Ils se disent libres de parler, surpris de la profondeur de leurs partages. Un même groupe se retrouvant régulièrement permet un climat de confiance, de confidence, de parole authentique. » M. Serge Simard renchérit : « Unanimement, dès la fin de la première année, les confrères ont dit : "De tout ce que le diocèse propose de rencontres, de formations, de ressourcement, c’est de loin la plus importante, la plus utile! Ça répond au vrai!" » L’idée, tout à fait originale, d’avoir deux femmes coachs est très bien reçue. Selon M. Simard, « l’accompagnement par des femmes est un atout. Il y a là une altérité non seulement hommefemme, mais aussi ministérielle. Un confrère risquerait d’être perçu comme "ayant une longueur Lire la suite, page 3 sdf.info • 15 septembre 2010 • 3 Itinéraire (suite) d’avance" sur eux, alors que sa réalité est la même que la leur ». Certains envoient des courriels ou téléphonent pour éclaircir une situation. Par exemple, ils demandent : « Peut-on regarder quoi faire devant tel événement? Peux-tu m’aider à préparer une rencontre de feed-back d’amélioration? » Parfois, c’est plus personnel : « Continue, ramène-moi, je reviens vite dans mes vieux souliers », rappelle Suzanne. Le projet a connu diverses phases avant d’arriver à sa forme actuelle. Comme cela constitue un changement majeur dans la manière d’exercer l’autorité, voire le pouvoir dans l’Église, il est trop tôt pour dégager les impacts réels de son implantation. À l’Institut de formation théologique et pastorale (IFTP), on estime qu’une dizaine d’années sont nécessaires pour évaluer adéquatement les résultats. Mais on estime aussi que l’enjeu en vaut l’investissement. Perspectives Surprenantes, ces pratiques de femmes! Des déplacements de pratiques prophétiques par des femmes d’Église, audacieuses et fidèles au Souffle de Vatican II... La « libération féministe » poursuit sa route. Parmi les dernières vagues de fond qui ont traversé la société et l’Église, la libération féministe est sans doute celle qui a le plus viscéralement marqué l’identité socioreligieuse québécoise. Une nouvelle manière de voir, de comprendre, de créer est apparue avec elle. Depuis la Révolution tranquille surtout, chaque génération de femmes a opéré une étape singulière dans l’évolution de la révolution féministe. Jusqu’à aujourd’hui, je perçois quatre grandes étapes : les années 19501960, celles du « non, ça suffit! »; les années 1970-1980, celles des grandes batailles sociopolitiques; celles de 1990-2000 qui ont réinterprété les notions de sujet, de genre, de corporalité, de sororité, de divinité. Quant à la décennie 2010, elle semble amorcer un mouvement Lise Baroni Dansereau est théologienne, qui va du social (axé sur les revendications politiques) au culturel (axé sur une nouvelle façon féministe et militante. d’être, de penser, d’agir). Cette évolution n’est pas sans atteindre la pastorale ecclésiale. par Lise Baroni Dansereau collaboration spéciale À l’évidence, la qualité et l’ingéniosité de certaines pratiques exercées par des travailleuses de l’institution s’avèrent remarquables. L’itinéraire relaté ici est à cet effet particulièrement significatif... presque incompréhensible, à première vue. Car, on l’observe aussi bien au Québec que partout ailleurs, l’ouverture suscitée par Vatican II s’est hermétiquement refermée. L’idéologie romaine donne une telle prédominance au déjà-dit, au déjà-écrit, au déjà-proclamé par les papes et les déclarations officielles précédant le dernier Concile que l’Église en vient à ne plus être en contact avec la nouveauté de l’expérience, les pratiques concrètes des communautés et le dynamisme de leurs projets. Sorte de corps sans âme, l’organisation cléricale sèche et se dégrade. La création de voies prophétiques se butte souvent à un système figé qui s’acharne à mettre au pas une Église devenue, paraît-il, un peu trop délinquante. Tout se passe comme si la tête (l’autorité magistérielle) avait perdu son corps (le peuple de Dieu)... et croyait pouvoir continuer à aimer et à se reproduire sans sa chair, sans ses membres pour toucher, embrasser et mettre au monde les Bonnes Nouvelles réelles, effectives et salutaires qui nourrissent la vie de tous les jours. Or, au beau milieu de ce contexte démobilisant, en relation avec des confrères prêtres et laïcs, des femmes tentent de redonner naissance à leur Église. Certes, leur positionnement suscite de l’étonnement; il n’en demeure pas moins clair, déterminé et en prise sur le dernier tournant féministe où la défense d’une cause politique objective n’occupe plus la première place. Il ne s’agit nullement d’indifférence, ou pire, d’inconscience, mais d’un déplacement devant le type de Lire la suite, page 4 Perspectives (suite) sdf.info • 15 septembre 2010 • 4 réactions auquel la première génération d’agentes de pastorale nous avait habitués... un déplacement des sensibilités, des énergies, des intérêts, et donc des analyses et des priorités. Être considérées, par l’idéologie cléricale, comme des chrétiennes de seconde zone, des substituts temporaires ou des bouche-trous, ne semble absolument pas décourager leurs actions. Non pas qu’elles soient stupides, bornées ou apeurées; bien au contraire, elles sont ancrées dans une liberté intérieure têtue et n’entendent plus se laisser définir par l’institution, mais par ellesmêmes, par leurs communautés et par leur Dieu/e. Autant, il n’y a pas si longtemps, on reprochait aux femmes d’être trop dociles devant les discours et les exigences des clercs, autant l’audace des femmes qui, avec leurs partenaires masculins, sont fortement parties prenantes de l’initiation, de l’organisation et de l’animation de cette expérience au diocèse de Chicoutimi, démontre un entêtement, une débrouillardise, un non-conformisme que d’aucuns qualifieraient d’insolents. En fait, une seule chose préoccupe véritablement la majorité des travailleuses en Église, et ce ne sont pas les structures en lesquelles elles n’espèrent plus rien, mais uniquement et essentiellement la transmission d’un Évangile qui fait vivre. Ces femmes sont des accoucheuses de vie : l’écoute attentive de chaque personne prend le dessus sur le préjugé facile... l’appel qui conduit à l’engagement prévaut sur les codes institutionnels... l’arrimage avec les valeurs contemporaines, la famille, le couple, les enjeux sociaux sont pris en compte... l’accompagnement et le discernement prennent la place du jugement et de l’exclusion... Bref, il ne m’apparaît pas exagéré d’affirmer que, si la révolution ecclésiale ardemment souhaitée par tant de catholiques à travers le monde voit enfin le jour au Québec, elle aura commencé dans le quotidien, dans la proximité, dans d’humbles communautés de croyantes et de croyants, et des femmes en auront été les pionnières. sdf.info • 15 septembre 2010 • 5 Intériorité UN COACH NOMMÉ JÉSUS Pour Suzanne Dionne et France Fortin, le texte suivant, tiré de l’Évangile, est stimulant et éclairant. Et celui de Sophie Soria traduit bien comment ce message de Jésus les met au défi dans leur quotidien. Vous êtes la lumière du monde Une ville ne peut se cacher, qui est sise au sommet d’un mont. Et l’on n’allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais bien sur le lampadaire où elle brille pour tous ceux qui sont dans la maison. Ainsi votre lumière doit-elle briller devant les hommes afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est dans les Cieux. Matthieu 5, 14-16 Un coach nommé Jésus Être la lumière du monde, c’est d’abord avoir la lumière en nous-mêmes pour pouvoir ensuite briller dans le monde, vers les autres. Cette lumière est celle de notre identité, de notre personnalité, de notre vérité intérieure. C’est aussi la lumière de l’Amour. Oser être nous-mêmes, avoir le courage d’affirmer notre identité, nous donner aux autres dans l’Amour, c’est vivre en vérité, vivre dans la vérité de ce que nous sommes et de ce que nous voulons, dans la vérité de nos valeurs. Sophie Soria, Un coach nommé Jésus, p. 213 Une expérience du cœur Elles définissent leur mission comme une expérience du cœur, une présence infiniment respectueuse de l’identité des personnes avec qui elles marchent, sans se perdre de vue elles-mêmes. Expérience d’accueil inconditionnel, d’émerveillement devant les chemins que l’autre ose entreprendre. Folie apparente dans le monde ecclésial si contesté et ébréché! Leur engagement pourrait se résumer ainsi : Accompagner sans intervenir à la place de celui avec qui nous marchons. Accepter de se sentir responsable du devenir de l’Église. Consentir à ne pas changer l’autre dans ce qu’il est, dans ses idées ou dans ses manières de faire, s’il ne le veut pas. Bâtir au fur et à mesure. Garder les yeux fixés sur une Église par en avant... qui se construira d’abord et avant tout dans l’amour qui éclairera le cœur et l’âme. S’incliner humblement quand ils révèlent leur désir profond et leur engagement envers leur Église. Demeurer profondément touchée de leur ouverture d’âme quand ils vont au cœur des raisons pour lesquelles ils se sont engagés comme prêtres et comment ils ont à cœur le devenir de leur communauté. Espérer qu’ils recevront à leur tour de ces feed-back de reconnaissance qu’ils s’exercent à offrir. sdf.info • 15 septembre 2010 • 6 Actualités La caravane de la paix Des rencontres interreligieuses, il s’en fait depuis longtemps. La caravane de la paix en fait la promotion pour la deuxième fois en deux ans à Montréal. Une expérience unique. par Gérard Laverdure sdf.info On pourrait rester chacun chez soi, bien assis dans le confort de sa vérité. Qu’avons-nous besoin des autres? Convertissons-les plutôt à notre Vérité. C’est dans un tout autre esprit, soit celui de se rencontrer dans le respect et le dialogue, qu’est né le projet « La caravane de la paix » dont la première marche s’est tenue à l’été 2008. De simples citoyens et citoyennes de diverses confessions religieuses, soucieux de rapprocher les diverses communautés culturelles de Montréal, en ont pris l’initiative, appuyés par la communauté franciscaine1. Par un beau samedi matin ensoleillé de juillet, une centaine de marcheuses et de marcheurs, soutenus par huit franciscains en bure brune, a déambulé dans quelques rues du quartier Parc-Extension à Montréal et visité quatre temples. Plusieurs jeunes étudiantes du cégep Maisonneuve et une de l’UQÀM y étaient. Le point de départ fut le petit temple hindou srilankais Sri Durkai Amman. Tous assis, pieds nus sur le grand tapis, dans une petite salle aux murs recouverts des photos des divinités hindoues, nous avons écouté le responsable nous parler du rôle des diverses divinités dans les besoins quotidiens de leur vie. Un jeune prêtre a chanté une prière en langue hindoue. De là, nous sommes partis pour la mosquée Assuna Annabawiyah devant la sortie de métro Parc. Par une entrée discrète, nous accédons, au deuxième étage, à une salle immense, très dépouillée, invitant au recueillement. Aucune image, seulement une chaise surélevée dans un coin, accompagnée d’une petite à sa droite. Tout le reste est couvert d’un grand tapis aux motifs en arche. Une atmosphère de grand dépouillement et de silence règne ici. L’imam responsable nous a présenté les trois grands volets de l’Islam et ses cinq piliers : la proclamation de sa foi en Allah, les cinq prières quotidiennes, le jeune du Ramadan, l’aumône et le pèlerinage à la Mecque. De cette escale, nous avons marché vers l’église grecque orthodoxe Annonciation de la Théotokos. Changement spectaculaire dans l’environnement. Une abondance d’icônes très grandes aux couleurs vives et une multitude de chandelles nous accueille. Je reconnais, du côté gauche, un immense tableau représentant la transfiguration et, à la droite, l’ascension. Une multitude de saints multicolores nous font face le long d’un mur qui ferme le chœur. Marie trône au sommet. Le prêtre nous accueille et ira faire des prières pour la paix retiré dans le saint des saints en avant. Puis, il nous donne quelques informations sur les différences entre les Églises orthodoxe et catholique, et on repart. Dernière étape, le temple sikh2 Gurdwara Shri Ravidass, où de nombreux membres de la communauté, en turban et avec leur longue barbe, nous accueillent. Au centre, sur une petite estrade recouverte de tissu blanc et surmontée d’un baldaquin à quatre colonnes, un jeune homme lit le texte sacré, un poème mystique : le Jap Ji. Le fondateur du sikhisme, Gurû Nanak (14691539), est né au Pakistan. Constatant les interminables querelles et violences entre hindous et musulmans, il voulut rapprocher ces communautés dans le dialogue et le respect, en plus de chercher à intégrer les sans-caste à la société. D’où le respect de toutes les croyances chez les sikhs. Monothéistes, ils croient en « une seule conscience créatrice manifestée ». Pendant les présentations et tout au long du repas qui nous fut servi dans le temple, des hommes et des femmes en sari, avec quelques enfants, venaient se prosterner quelques minutes devant 1. Représentée par l’estrade centrale et laisser là leurs offrandes comme des sacs de nourriture. Entre-temps Estelle Drouvin, – surprise! –, une femme avait remplacé le lecteur du livre sacré. Pierre Charland, ofm, Mohamed Bounegta, Suzy Tremblay et André Racine, ofm. Au sortir de ce temple, je croise des centaines de femmes toutes « endimanchées » dans leur sari aux couleurs vives, des enfants et beaucoup d’hommes sur leur trente-six. Impressionnant. Ils sont à l’entrée d’un magnifique temple hindou qui voisine le temple sikh sur la rue Durocher. Que se passe-t-il? Un jeune homme m’informe que c’est un mariage. Je reste un bon moment à les 2. Le mot sikh vient du sanskrit et signifie contempler et, lorsque je repars vers le métro, leur musique joyeuse et inhabituelle se perd dans le « disciple ou étudiant ». vent. J’ai encore le cœur tout joyeux et l’esprit plus ouvert à la suite de ces rencontres. sdf.info • 15 septembre 2010 • 7 Ressources Pour aller plus loin ou pour satisfaire votre curiosité [ Participer ] Méditation chrétienne Dialogue entre Laurence Freeman et Karim Ben Driss Vous êtes invités à une rencontre avec Laurence Freeman, moine bénédictin et accompagnateur spirituel de la Communauté mondiale de la Méditation chrétienne, et Karim Ben Driss, auteur, enseignant et fondateur de l’Institut soufi de Montréal. Cette soirée bénéfice est organisée par la Méditation chrétienne du Québec. Elle aura lieu le jeudi 23 septembre à 19 h 30 à la librairie Paulines, 2653, rue Masson, à Montréal. Coût : 20 $. Pour s’inscrire : 514 849-3585. www.librairies.paulines.qc.ca [ Participer ] Réception du concile Vatican II Rencontre échange avec Christoph Theobald, s.j. Près de 50 ans après sa clôture, Vatican II demeure au centre des débats ecclésiaux. Pour certains, ce concile sonne la fin de la ContreRéforme; pour d’autres, il représente un reniement de l’identité chrétienne qui se définissait par l’opposition à la modernité et aux Réformateurs. Dans son ouvrage magistral La réception du concile Vatican II (Cerf, 2009), Christoph Theobald situe Vatican II dans le temps long de l’Église et nous en fait découvrir le caractère original. La rencontre, organisée par la Province jésuite du Canada français, aura lieu le lundi 20 septembre de 19 h à 21 h à la maison Bellarmin, 25 rue Jarry Ouest, à Montréal. Pour information : Marco Veilleux au 514 387-2541 [ Participer ] Méditation en cinq temps Journée méditative interreligieuse Cette journée aura lieu le dimanche 3 octobre de 9 h 30 à 15 h 30. Seront présents : Yvon Théroux (christianisme), Lily Gozlan (boudhisme), Roger Marc-Aurelle (hindouisme), Karim Ben Driss (soufisme), Rabbi Schachar Orenstein (judaïsme). Vécue dans un climat de silence, cette journée comprendra une courte introduction pour chacune des traditions religieuses suivie de 15 minutes de méditation. Un temps de partage est prévu le matin ainsi que l’après-midi. Apportez votre lunch. Inscription sur réception de votre paiement en appelant au 514 849 3585. Date limite d'inscription : 27 septembre. Remboursement pour annulation jusqu’au 25 septembre. Cette journée aura lieu à la librairie Paulines, 2653, rue Masson, à Montréal. Coût : 25 $. Pour information : 514 849-3585. www.librairies.paulines.qc.ca [ Lire ] Femmes et ministères Du nouveau sur leur site Web expérience d’Église, Annine Parent nous trace un portrait des acquis et du long chemin qui reste à parcourir. Textes d’une conférence (2009). Et : « Sans les femmes prêtres, les catholiques se privent de ressources ministérielles » de Bill Tammeus, presbytérien et chroniqueur pour The Kansas City Star. www.femmes-ministeres.org [ Lire ] Pédophilie chez les prêtres Article de Pierre Pelletier Dans le numéro de juin-août 2010 de la revue Présence Magazine (Vol. 19, no 147), Pierre Pelletier, philosophe et psychanalyste, traite de la « Pédophilie chez les prêtres et les religieux – Un mal profond et exacerbé ». Après avoir parlé des séquelles chez les victimes, il parle de la dynamique du pédophile et particulièrement du prêtre pédophile. Comment travailler à modifier ces comportements malsains? www.presencemag.qc.ca À consulter, les articles suivants : « L’écho de Vatican II chez les laïcs » d’Annine Parent. « L’annonce du Concile a été pour nous comme un vent d’espérance en même temps qu’un appel à la participation et à la coresponsabilité... Il apportait des réponses aux questions modernes de notre temps... Aujourd’hui, où en sommes-nous? » Avec sa grande [ Célébrer ] Le journal Sentiersdefoi.info fêtera 5 ans de parution en octobre 2010 Surveillez les prochains numéros pour en savoir plus sur les activités qui souligneront l’événement. Bonne rentrée à tous et à toutes! ; Prochaine parution du journal : 6 octobre 2010 Le journal Sentiersdefoi.info est une publication de Sentiers de foi, OSBL autonome et indépendant d’inspiration chrétienne fondé en 1984, qui a pour mission d’être un espace favorisant la connaissance, la reconnaissance et la collaboration des sentiers de foi au Québec, dans une perspective chrétienne inscrite dans le pluralisme actuel. ISSN 1715-8370 | 8 2010 Sentiers de foi | Tous droits réservés Ce journal, publié uniquement sur le Web, est de ce fait entièrement écologique. Imprimez-le et diffusez-le en pensant à l’environnement. Un monde en évolution La foi en mouvement de foi.info Sentiers www. Vol. 6 no 2 / 6 octobre 2010 Comité éditorial Rédacteur en chef Gérard Laverdure Secrétaire de rédaction Ghislain Bédard Représentant du C.A. Michel-M. Campbell Collaboration Nicole Hamel 8 Lucie Brousseau, 2010 : Les liens de l’esprit Journal Web bimensuel indépendant qui vise à faire connaître des parcours et des lieux où se vivent des expériences humaines et spirituelles novatrices. Itinéraire Attentive aux nouveaux lieux de rencontre sociale, l’Église Unie a désormais pignon sur rue dans le monde virtuel. Son site Internet Caféchange rassemble une communauté de chercheurs de sens de tout âge et de tout horizon. [ p. 2 ] par Gérard Laverdure Perspectives Conception graphique Ghislain Bédard Intériorité Confession de foi Nous vous invitons à prendre connaissance de la Confession de foi de l’Église Unie du Canada : une parole inspirante, un souffle sacré, un élan plein d’espérance pour notre monde et vers ce Dieu qui nous unit. [ p. 5 ] présenté par l’Église Unie du Canada Pour nous joindre [email protected] Pour vous abonner www.sentiersdefoi.info Abonnement gratuit. ISSN 1715-8370 8 2010 Sentiers de foi Tous droits réservés Libres associations chrétiennes L’éclosion des réseaux sociaux et des lieux de rencontre virtuels sera-t-elle à l’origine du renouvellement des communautés d’individus? Stimulera-t-elle la liberté d’association et la quête de nouveaux réseaux de sens? [ p. 3 ] par Michel-M. Campbell Photographie Lucie Brousseau Ce journal Web existe uniquement grâce à votre générosité. Faites parvenir votre don à Sentiers de foi, 97, rue de l’Aqueduc Repentigny (Qc) J6A 4E2. Un reçu de charité sera émis. Une « p’tite jase » bien réelle dans un café virtuel Actualités L’inclusivité des personnes homosexuelles fait son chemin Les fêtes de la Fierté, à Montréal et à Québec, ont été l’occasion pour quelques Églises inclusives de tisser des liens œcuméniques de fraternité. [ p. 6 ] par Nicole Hamel Ressources Pour aller plus loin ou pour satisfaire votre curiosité Des activités diverses et des ressources pertinentes. [ p. 7 ] Annexe A La Fondation Béati Une ressource méconnue à votre disposition. [ p. A ] sdf.info • 6 octobre 2010 • 2 Itinéraire Une « p’tite jase » bien réelle dans un café virtuel Attentive aux nouveaux lieux de rencontre sociale, l’Église Unie a désormais pignon sur rue dans le monde virtuel. Son site Internet Caféchange rassemble depuis 2007 une communauté de chercheurs de sens de tout âge et de tout horizon. par Gérard Laverdure sdf.info Site Web Caféchange cafechange.ca Discussions animées sur des thématiques d’ordre spirituel et moral, ainsi que sur les questions fondamentales de l’existence. La question se pose à toutes les grandes organisations religieuses : comment rejoindre les générations plus jeunes? Comment tenir compte de leurs préoccupations, de leur langage, de leur culture? C’est ce chemin de rencontre avec les adultes de 30 à 45 ans que cherchaient les responsables de l’Église Unie en 2005. Et la question clé fut : comment communiquent-ils entre eux? Par le biais d’Internet, bien sûr! Messages textes sur les cellulaires de tout acabit, Facebook, Twitter et compagnie. Au début de 2007, appuyé par des publicités dans les journaux et Internet, le train part : le site Wondercafe est mis en ligne pour le Canada anglais et, à l’automne, c’est le Caféchange pour les francophones qui déploie son espace. Le site anglophone (tout le Canada) marche à plein et compte de 8 000 à 9 000 abonnés dont une centaine de réguliers qui écrivent. Le site francophone, quant à lui, compte environ 270 abonnés, dont 8 réguliers, et de 300 à 400 visites mensuelles. « Le Québec est plus allergique au religieux », me confie mon interlocuteur, M. Denis Fortin, webmestre actuel du site. Ce qui est surprenant, c’est que la fréquentation du Café s’est finalement répartie assez également entre trois tranches d’âge : ados et jeunes adultes, âge moyen et plus vieux. Les interventions sont anonymes (par pseudonyme, pour la plupart); donc, ce n’est pas trop compromettant ni trop engageant, mais le contact se fait, et le dialogue est amorcé. M. Fortin présente ainsi l’approche du projet : « L’angle choisi fut celui du dialogue en toute liberté, comme dans une conversation amicale autour d’un café. L’Église Unie veut être à l’écoute des opinions avec respect. Pas de réponses toutes faites ni de leçons de morale. On partage notre foi, nos questions et nos trouvailles entre adultes. » C’est d’ailleurs le ton qui est donné dès qu’on met le pied dans la porte : « Bienvenue dans cet espace favorisant l’exploration et la discussion sur des thématiques d’ordre spirituel et moral, ainsi que sur les questions fondamentales de l’existence, dans un climat d’ouverture d’esprit. » Le discours sur Dieu y est en effet très varié et instructif à propos des courants actuels de pensée. « Nous avons réussi à créer une communauté de questionnement à l’esprit ouvert » dit M. Fortin. En effet, s’il y a des contributions sous forme d’éditorial par des rédacteurs invités, les usagères et usagers déterminent eux-mêmes les sujets en plaçant leurs opinions dans l’une des quatre sections au choix : forums, blogues, éditorialistes et groupes. Voici, en date de la mi-septembre, le résultat de la fréquentation des forums par catégorie : Choisir un FORUM Nombre de sujets Nombre de messages Culture populaire 35 204 Famille 22 177 Placotage 43 260 Politique 33 165 Questions mondiales 36 215 Relations 17 150 Religion et foi 104 879 Santé à tout âge 12 53 Échange d’idées 88 368 Campagne publique 5 56 Plusieurs des membres inscrits, dont la modératrice de l’Église Unie du Canada, Mardi Tindal (qui a fait plusieurs vidéos intéressantes), tiennent des blogues qui présentent des informations, des Lire la suite, page 3 sdf.info • 6 octobre 2010 • 3 Itinéraire (suite) suggestions et des opinions sur divers sujets comme « les Chemins protestants », sur Radio-VilleMarie; « Les psaumes, vous aimez ça? » (81 lectures); « L’avortement plus grave que le viol » (1 617 lectures), « Comment vous priez »; « Marie, ce qu’en disent les théologiennes »; « Taizé et frère Roger »; « Le cardinal Ouellet »; etc. Des mots-clés ou tags permettent de s’y retrouver grâce à un engin de recherche interne. On compte des centaines de visites. Les éditoriaux, très populaires, présentent des réflexions plus élaborées par des auteurs invités sur des sujets de l’actualité comme la catastrophe survenue en Haïti, l’œcuménisme au Québec, amour de couple amour de Dieu, les temps forts liturgiques, la politique, la sagesse amérindienne, etc. auxquels les passantes et passants au café peuvent réagir. Finalement, le Café se retrouve avec une « banque de conversations » très riche et très variée, selon l’expression du webmestre qui la compare aux dazibaos, ces murs d’expression populaire libre en Chine, mais sans le contrôle de l’orthodoxie des propos. Caféchange est un « lieu de rencontre » simple et accueillant, une communauté de partage riche des réflexions et des expériences de vie et de foi de ses participants et participantes. « Ce Café, c’est la grâce de l’Évangile partagé gratuitement où tous ont leur place en toute liberté », confie M. Fortin. En passant, le café y est très bon, œcuménique et équitable. Je le sais pour l’avoir goûté plusieurs fois. Perspectives Libres associations chrétiennes L’éclosion des réseaux sociaux et des lieux de rencontre virtuels sera-t-elle à l’origine du renouvellement des communautés d’individus? Stimulera-t-elle la liberté d’association et la quête de nouveaux réseaux de sens? par Michel-M. Campbell sdf.info Il y a dix millénaires, l’invention de l’agriculture amène la sédentarisation. Les communautés humaines se mesurent à la capacité de l’aller-retour aux champs cultivés. Le pays d’alors, c’est moins le territoire national que la communauté locale, répartie autour du temple païen ou, plus tard en chrétienté, de l’église paroissiale. Faute de pouvoir se déplacer beaucoup plus loin, on se trouve nécessairement associés au clocher et aux rituels qui se déroulent sous son ombre. Dans cette culture largement orale, le clerc (celui qui a accès au livre) fait autorité. Les rencontres hebdomadaires obligatoires lui réservent exclusivement une parole largement inaccessible au peuple : la messe en latin laisse peu de place à la parole vive du sermon. L’invention de l’imprimerie au XVe siècle et l’accès à la lecture entraînent une liberté d’interprétation, c’est-à-dire d’association d’idées, qui échappe au contrôle clérical. D’où la création d’Églises réformées qui, il faut l’avouer, si elles se distinguaient des autres, gardaient souvent un fort esprit de contrôle. Bref, dans le même village, on pouvait avoir plusieurs communautés fortement liées à l’esprit de leur clocher, avec toutes les inimitiés que cela pouvait entraîner. L’électrification du monde (des transports à Internet) et ses corollaires (voyages, éducation, mondialisation et mélange des cultures) font éclater le tricot serré qui liait l’individu au lieu et au langage de sa tradition. Il pourra désormais être auteur, assumer ses propres associations (interpersonnelles ou interprétatives) et se donner des lieux où il pourra faire sens. Ainsi, on peut lire la Révolution tranquille comme le passage rapide, voire brutal, d’un monde paysan à la postmodernité et le refus québécois du religieux comme l’impossibilité de concilier la liberté nouvelle avec la rigidité des structures de la religion dominante. Il est toujours difficile de Lire la suite, page 4 Perspectives (suite) sdf.info • 6 octobre 2010 • 4 renoncer à l’autoritarisme, et les chrétiennes et chrétiens actuels, même à l’intérieur d’une même confession, se définiront souvent par opposition les uns aux autres. Il y aura l’intégrisme, la pastorale sociale, la spiritualité, etc. comme autant de réalités qui s’opposent plus ou moins. L’aventure œcuménique qu’est l’Église Unie du Canada est un long effort pour dépasser les querelles de clochers et permettre aux communautés comme aux individus chrétiens de célébrer la richesse et l’actualité de la foi en Jésus Christ. La création de Caféchange s’inscrit d’ailleurs dans ce mouvement. Site Web Caféchange cafechange.ca Osons visiter ce site. Excepté un code d’éthique qui, comme pour tous ces genres de plateforme informatique, assure la civilité des échanges et un cadre général qui permet de distinguer les niveaux d’intervention (blogues, groupes, éditoriaux, forums), la structure n’a pas d’a priori autoritaire. Ni position dogmatique ni demande d’appartenance confessionnelle ou d’identification. Même pas de thématique imposée. Comme dans le meilleur de l’auberge espagnole, chacun et chacune y porte ses préoccupations ou ses trésors, et on se met à la table commune ou par table d’affinités. Voilà que le mystère de la foi se révèle dans la complexité de son incarnation : des relations pratiques entre deux communautés à la discussion sur un ecclésiastique qui provoque, en passant par les questions de la prière, de Marie, de la Bible ou du besoin de changer le monde. Et cela, affranchi de l’impérialisme du littéraire qui caractérise jusqu’à présent la réflexion sur la foi, s’exprime avec toute la richesse technique que permet le Web. Brisées les limites de l’encyclique ou du traité de théologie pris dans l’abstraction de l’imprimé, de la langue de bois ou du theologically correct. On peut y mettre sa photo ou son symbole. Qui vous parle d’un morceau de musique vous permet de l’écouter aussitôt. Que la modératrice de l’Église Unie (l’homologue du primat anglican) vous parle de la création, elle le fait en se promenant dans la beauté d’un jardin. Mais toute personne de bonne volonté peut y mettre son grain de sel. Jeunes et moins jeunes acculturés aux médias qui structurent notre monde peuvent réaliser que la foi chrétienne n’est pas figée « hors du temps », mais peut s’incarner dans la culture actuelle. D’aucuns protesteront que parler de communauté virtuelle représente un abus de langage et qu’il y manque la proximité du corps. Pour leur donner complètement raison, il faudrait vérifier si les communautés dominicales où le seul contact reste la poignée de main de l’échange de la paix constituent vraiment une communauté d’incarnés. De toute façon, il ne s’agit pas de substituer une forme de communauté à une autre. Plutôt de se réjouir de ce que ce genre de lieux permet à des gens d’aujourd’hui un lieu d’échange réel sur les multiples sentiers de la foi. sdf.info • 6 octobre 2010 • 5 Intériorité Confession de foi DE L’ÉGLISE UNIE DU CANADA Nous ne sommes pas seuls, nous vivons dans le monde que Dieu a créé. Nous croyons en Dieu qui a créé et qui continue à créer, qui est venu en Jésus, Parole faite chair, pour réconcilier et renouveler, qui travaille en nous et parmi nous par son esprit. Nous avons confiance en Dieu. Nous sommes appelés à constituer l’Église : pour célébrer la présence de Dieu, pour vivre avec respect dans la création, pour aimer et servir les autres, pour rechercher la justice et résister au mal, pour proclamer Jésus, crucifié et ressuscité, notre juge et notre espérance. Dans la vie, dans la mort, et dans la vie au-delà de la mort, Dieu est avec nous. Nous ne sommes pas seuls. Grâces soient rendues à Dieu. sdf.info • 6 octobre 2010 • 6 Actualités L’inclusivité des personnes homosexuelles fait son chemin Les fêtes de la Fierté, à Montréal et Québec, ont été l’occasion pour quelques Églises inclusives de tisser des liens œcuméniques de fraternité. Pendant les fêtes de la Fierté des 14 et 15 août 2010 à Montréal et lors de la fête Arc-en-ciel à Québec, du 3 au 5 septembre, deux paroisses francophones inclusives1 de l’Église Unie du Canada au Québec ont affiché leur présence à ces journées communautaires. Les animateurs du groupe chrétien Foi et fierté2 (Église Unie Saint-Jean de Montréal) et les animatrices du groupe interspirituel Spiritualité Entre-nous3 de Québec s’étaient rencontrés d’abord pour planifier une Nicole Hamel retraite œcuménique, comme cela se fait en Europe. Ils ont plutôt décidé de s’intégrer à des est agente de pastoral événements liés à la Fierté afin de créer des liens et de mettre en œuvre des alliances. par Nicole Hamel collaboration spéciale laïque pour le ministère lié à l'inclusivité à l'Église Unie Saint-Pierre à Québec et est coprésidente du mouvement Affirm United/S'affirmer ensemble. Aussi, elle est auteure des livres : L'amour entre femmes dans l'Église catholique, Éd. AdA, 2002 et Du caillou au séquoïa, quand serrent les maux, Éd. Mécène, 2007. Fierté à Montréal Depuis 7 ans, l’église catholique Saint-Pierre Apôtre assure une présence pastorale pendant la journée communautaire de la Fierté. Pour une première fois, un membre de l’Église Unie SaintJean a partagé un stand avec la contact francophone de S’Affimer ensemble/Affirm United4 pour rendre enfin visible l’accueil inclusif de leur Église protestante. Nous avons eu toutes sortes de réactions. Au début de la journée, une femme, la croix au cou, s’est présentée au kiosque en disant qu’elle s’en allait à l’église « prier pour nous ». D’autres passants repartaient tout joyeux avec des feuillets d’information sur les réalités des orientations sexuelles et des identités de genre minoritaires. Une ex-religieuse m’a partagé ses déceptions en lien avec son Église. Comme les blessures prennent du temps à se cicatriser! Le groupe Foi et fierté de l’Église Unie a réuni au parc Lafontaine des gens de Québec, autant catholiques que sympathisants de l’Église Unie. Fait à noter, quelques personnes de la confession évangélique, soucieuses d’un accueil plus inclusif dans Pour information : leur confession chrétienne ont aussi répondu à l’invitation. www3.sympatico.ca/ La paroisse Saint-Pierre Apôtre a été la seule Église francophone à avoir invité d’une façon rejnic et www.affirmunited.ca spéciale et publique les gens à célébrer la diversité. Des centaines de personnes avaient accepté l’invitation à célébrer les couleurs de l’arc-en-ciel bien en vue dans le chœur de l’église. J’ai été touchée lorsque l’animateur a souligné la présence de quelques membres de l’Église Unie. Malgré un discours catholique officiel homophobe, la paroisse Saint-Pierre-Apôtre, soutenue par les Oblats et les autorités diocésaines, est reconnue pour son accueil inconditionnel. 1. Sur une possibilité de 3000 paroisses, seulement 70 ont officialisé leur engagement en ce sens. Grâce au Réseau des croyants et croyantes pour l’inclusivité (RéCI)5, le groupe Beleive6 de St. James United Church invitait les gens à marcher avec eux lors du défilé de la Fierté. Les gens de Believe offraient des « câlins gratuits ». Plusieurs ont fait des gestes d’approbation en voyant notre bannière. Fierté à Québec 2. www.egliseunie saintjean.org/ activit%C3%A9s/groupefoi-et-fiert%C3%A9/ Pendant la fête Arc-en-ciel à Québec, plusieurs liens de réseaux et d’amitié se sont tissés. Un pasteur de la région de Montréal a partagé l’accueil à la table de Spiritualité entre-nous. Une travailleuse sociale de Toronto m’a parlé en français et un projet de rencontre s’est dessiné. Aussi, pour une 3e année, nous avons célébré les avancées en lien avec l’inclusivité. J’ai été très touchée par les propos 3. www.egliseunie.org/ du pasteur disant que la table du stand au carré d’Youville où nous avons accueilli les gens était au paroisses/st-pierre/ entre_nous.html moins aussi importante que celle autour de laquelle nous nous apprêtions à partager le pain et le vin... 4. www.facebook.com/ saffirmer.ensemble 5. Un réseau œcuménique et interreligieux ouvert aux croyants et croyantes LGBT : http://reseaucroyants inclusivite.blogspot.com/ 6. www.facebook.com/ ST.JAMESBELIEVE Après avoir participé au repas organisé par GLBT Lutte à l’homophobie, nous nous sommes rassemblés pour une rencontre œcuménique. Grâce à l’accueil chaleureux du curé Pierre Gingras de la paroisse catholique Saint-Jean-Baptiste, une vingtaine de personnes se sont réunies pour échanger sur le thème : « Comment je nourris ma spiritualité dans un esprit œcuménique ». Un participant a raconté comment, tout en fréquentant l’Église catholique, il enrichit sa spiritualité avec des méditations orientales. Même si quelques personnes ont ouvertement exprimé leurs souffrances passées en lien avec l’Église catholique, la rencontre n’a pas bifurqué vers une critique stérile. L’accueil du groupe et la libération par l’expression franche ont semblé être apaisant pour ces personnes. Pour ma part, les lieux de collaboration avec l’Église catholique, pendant ces temps de réjouissance et de sensibilisation, furent un baume apaisant sur mes cicatrices. sdf.info • 6 octobre 2010 • 7 Ressources Pour aller plus loin ou pour satisfaire votre curiosité [ Lire ] Mourir dans la dignité Mémoire de l’AECQ [ Participer ] Développement et paix Campagne d’automne 2010 [ Participer ] Veillée spirituelle pour la paix Une célébration interreligieuse Un mémoire a été récemment déposé par l’Assemblée des évêques catholiques du Québec à la Commission sur la question de mourir dans la dignité (qui poursuit présentement ses travaux au Québec). La lecture de ce mémoire est suggérée par M. Marco Veilleux, chargé de projet au Centre Justice et foi. Pour ce faire, consulter le site : http://www.eveques.qc.ca/documents/ 2010/20100930.html L’EAU pour tous, une question de justice. Zone libre d’eau embouteillée. À l’occasion du 24e anniversaire de la rencontre interreligieuse d’Assise, des représentants et représentantes des communautés spirituelles autochtone, bahaïe, bouddhiste, chrétienne, hindoue, juive, musulmane et sikhe se réunissent dans un esprit d’ouverture et d’amitié afin d’exprimer leur attachement aux valeurs de paix et de solidarité. Les membres de chaque communauté partageront des prières et des chants sacrés propres à leur tradition. Le tout sera ponctué de silence et de recueillement. La célébration aura lieu le samedi 23 octobre 2010 de 19 h à 21 h (accueil à partir de 18 h 30) à l’église Holy Family Parish, 7355, rue Lajeunesse, à Montréal (métro Jean-Talon). [ Lire ] Tenir deux lampes allumées Texte de Claude Lacaille, pmé « On me demande souvent d’expliquer la démarche que je fais, à savoir de lire la Bible à la lumière de l’actualité, ou encore de lire l’actualité à la lumière de la Bible. Je vous propose ce mois-ci une réflexion sur les deux lampes qui éclairent mon sentier : l’analyse sociale et la méditation de la Bible. » Ce texte éclairant de M. Claude Lacaille, pmé, est disponible sur le site d’Interbible, le portail biblique francophone. www.interbible.org Agissez pour créer des zones libres d’eau embouteillée! Dans le monde entier, les compagnies d’eau embouteillée privatisent des sources d’eau d’une importance vitale. À cause de cette situation, les petits agriculteurs et la population locale en sont privés. Luttez pour le droit à l’eau en contribuant à créer des zones libres d’eau embouteillée. Encouragez les villes, les provinces et les institutions fédérales à devenir des zones libres d’eau embouteillée. Invitez votre député, votre membre du Parlement provincial ou votre membre de l’Assemblée législative, votre municipalité, votre commission scolaire ou votre diocèse à créer des zones libres d’eau embouteillée dans toutes les institutions publiques où on trouve de l’eau du robinet potable. Pour information, visitez le site : http://www.devp.org/devpme/fr/ education/educationcampaign-fr.html Pour signer la pétition, visitez : http://www.devp.org/devpme/fr/ education/takeaction-fr.html Cet événement est présenté par le Centre de paix de Montréal, Religions pour la paix et la Famille franciscaine. Pour information, joignez le 514 933-4243. Ou visitez le site : www.veillees-spirituelles.ca [ Célébrer ] Le journal Sentiersdefoi.info fêtera 5 ans de parution le 12 octobre 2010 Surveillez le prochain numéro du 20 octobre pour en savoir plus sur les activités qui souligneront l’événement. Bon automne! Prochaine parution du journal : 20 octobre 2010 Le journal Sentiersdefoi.info est une publication de Sentiers de foi, OSBL autonome et indépendant d’inspiration chrétienne fondé en 1984, qui a pour mission d’être un espace favorisant la connaissance, la reconnaissance et la collaboration des sentiers de foi au Québec, dans une perspective chrétienne inscrite dans le pluralisme actuel. ISSN 1715-8370 | 8 2010 Sentiers de foi | Tous droits réservés Ce journal, publié uniquement sur le Web, est de ce fait entièrement écologique. Imprimez-le et diffusez-le en pensant à l’environnement. sdf.info • 6 octobre 2010 • A Annexe La Fondation Béati Une ressource méconnue à votre disposition pour soutenir les projets pastoraux de votre communautés, de votre réseau, de votre groupe qui privilégient la dimension sociale et la recherche contemporaine de sens. Fondation privée, active depuis près de 20 ans au Québec, Béati a soutenu plusieurs centaines de groupes au cours des années. Sa mission : contribuer à la construction d’un monde plus juste en offrant soutien financier et accompagnement aux organismes préoccupés de répondre de façon audacieuse aux enjeux sociaux et pastoraux de leur milieu. Le journal Sentiersdefoi.info partage avec la Fondation Béati une complicité de fond. C’est pourquoi nous avons établi un partenariat pour présenter des groupes soutenus par Béati et annoncer son échéancier de présentation de projets. Comme le programme pastoral est celui qui est le moins sollicité, la Fondation Béati veut le porter à votre attention. Visée du programme pastoral À la lumière de l’analyse que nous faisons de la situation pastorale au Québec et : • considérant la fragilisation des initiatives pastorales témoignant d’une foi socialement engagée; • considérant le défi de nommer, chez de nombreux groupes d’inspiration chrétienne, la dimension sociale de leur foi; • considérant l’importance de favoriser le maintien d’un courant d’Église au Québec qui témoigne d’un souci pour le développement d’une société plus juste et solidaire; la Fondation, pour les années 2006-2010, se donne comme visée : de contribuer au développement et à la consolidation de communautés, de réseaux et de groupes impliqués, au nom de l’évangile, dans les enjeux sociaux de leurs milieux, incluant la recherche contemporaine de sens. PRIORITÉ P1 – Béati soutient des initiatives qui permettent le développement et/ou la consolidation d’espaces communautaires alliant interventions sociales et spirituelles. PRIORITÉ P2 – Béati soutient des initiatives qui permettent à des communautés chrétiennes (paroissiales ou autres) de se solidariser et de s’impliquer activement dans les enjeux sociaux de leur milieu. PRIORITÉ P3 – Béati soutient des initiatives qui permettent de développer de nouveaux espaces d’intériorité (rassemblements, célébrations, espaces de réflexion, d’échanges, etc.) contribuant à s’approprier et à nommer une spiritualité de l’engagement social. PRIORITÉ P4 – Béati soutient des démarches de recherche de sens qui intègrent l’ouverture à la dimension sociale de la foi. De plus amples informations sur les quatre priorités du programme social et les formulaires sont disponibles sur le site Web : www.fondationbeati.org Ou encore, téléphonez au 450 651-8444. • Dates de dépôt des projets à la Fondation Béati • le 31 mars, le 31 août et le 15 décembre 2005-2010 5 ans de marche dans les pas du vent de foi.info Sentiers www. Vol. 6 no 3 / 20 octobre 2010 8 Lucie Brousseau, 2010 : La lumière se laisse trouver Journal Web bimensuel indépendant qui vise à faire connaître des parcours et des lieux où se vivent des expériences humaines et spirituelles novatrices. Comité éditorial Rédacteur en chef Gérard Laverdure Secrétaire de rédaction Ghislain Bédard Représentant du C.A. Michel-M. Campbell Itinéraire Collaboration David Fines Perspectives Pendant 38 ans « derrière les barreaux », André Patry, alias le père Jean, a été, en tant qu’aumônier à la prison de Bordeaux, un témoin de l’amour inconditionnel du Christ. [ p. 2 ] par David Fines Pour nous joindre [email protected] Pour vous abonner www.sentiersdefoi.info Abonnement gratuit. Intériorité Le quotidien fait prière Un message sur le répondeur... qui en dit long. Et un texte de Matthieu qui en dit tout autant : « J’étais au cachot. Vous êtes venus me voir. » [ p. 4 ] présenté par Michel-M. Campbell Actualités Il élève les humbles Le succès des fêtes autour de la canonisation du frère André à l’oratoire SaintJoseph : n’était-ce là qu’une simple expression folklorique de la foi? [ p. 5 ] par Gérard Laverdure Ce journal Web existe uniquement grâce à votre générosité. Faites parvenir votre don à Sentiers de foi, 97, rue de l’Aqueduc Repentigny (Qc) J6A 4E2. Un reçu de charité sera émis. ISSN 1715-8370 8 2010 Sentiers de foi Tous droits réservés Dieu fait chair dans le pauvre corps banal Le regard d’amour de Dieu se fait sentir dans les réalités les plus quotidiennes de notre vie humaine : par le message d’un répondeur téléphonique jusqu’au trou d’un établissement de détention. [ p. 3 ] par Michel-M. Campbell Photographie Lucie Brousseau Conception graphique Ghislain Bédard « Dieu t’attendait en prison! » Vigile au parc de l’Espoir Des jeunes font mémoire de la trop brève vie de seize de leurs semblables qui se sont suicidés, victimes de moqueries, de harcèlement et d’agressions. [ p. 6 ] par Gérard Laverdure Fêtons 5 ans Cinq ans, ça se fête! Il y a 5 ans, le 12 octobre 2005, paraissait le premier numéro de notre journal Web. Nous voulons célébrer cet anniversaire en explorant de nouveaux moyens d’interagir ensemble... [ p. 7 ] sdf.info • 20 octobre 2010 • 2 Itinéraire « Dieu t’attendait en prison! » Pendant 38 ans « derrière les barreaux », André Patry, alias le père Jean, a été, en tant qu’aumônier à la prison de Bordeaux, un témoin de l’amour inconditionnel du Christ. par David Fines collaboration spéciale Le rév. David Fines est pasteur de l’Église Unie du Canada, président du Synode MontréalOttawa. Il a été rédacteur en chef de la revue Aujourd’hui Credo, le mensuel francophone de l’Église Unie du Canada. D’aussi loin qu’il se souvienne, M. André Patry a toujours voulu servir les marginaux, et c’est auprès de détenus qu’il répondra à cet appel. « Je suis entré chez les Trinitaires... pour aller en prison! confesse-t-il. C’est une communauté qui allie la dimension contemplative et l’action auprès des rejetés, des paumés; ça m’a fasciné! Jeune, j’avais un attrait pour le monde marginal. Au collège, comme responsable du journal étudiant, j’interviewais des prostituées, des gars de gang. » André entre donc en communauté en 1962. « Comme je voulais aller en prison, j’ai fait des études en pastorale spécialisée, j’ai suivi des cours en criminologie. » Peu de temps après son ordination comme prêtre, un poste d’aumônier s’ouvre à la prison de Bordeaux, le lieu de détention le plus dur au Québec. « C’était en janvier 1969; j’avais 26 ans. Comme prêtre, j’avais fait des remplacements au Mont Saint-Antoine [maison d’accueil pour les jeunes délinquants] et, parfois, j’allais en prison faire des animations catéchétiques. » Qui est Dieu pour les personnes en-dedans? « C’est un Dieu punitif, terrible; ils se disent : "Dieu m’a puni parce que j’ai fait du mal." Moi, je répondais : "Dieu ne t’a pas puni, mais t’attendait en prison." Parler de l’infinie miséricorde d’un Dieu, leur dire que le pardon de Dieu est un don gratuit, les surprenait toujours. Ils avaient une soif d’entendre parler d’un Dieu présent, qui est essentiellement amour, qui ne vient pas nous guetter, mais cherche la brebis perdue jusqu’à ce qu’il la retrouve. Des détenus disaient : "Je suis cette brebis!" » On ne peut passer 38 ans derrière les barreaux1 et ne perdre ni la foi en Dieu ni l’espoir en l’humain sans des convictions profondes. « La première chose sur laquelle j’ai basé toute mon intervention, ça a été la dignité de la personne humaine. J’ai toujours essayé que soit respectée la personne que j’avais devant moi. Ce sont des êtres qui n’ont pas d’apparence, qui ne sont rien, qui n’ont rien, et en même temps qui sont d’une richesse infinie. On ne perd jamais sa dignité, c’est une partie ontologique de l’humain. La deuxième chose, c’est qu’être aumônier en prison a été une véritable grâce dans ma vie, un cadeau de Dieu d’une rare valeur, un Dieu dont j’ai entendu l’appel dans chaque prisonnier rencontré, un Dieu lui-même prisonnier de nos églises par les règles et les rituels. » Et bien sûr le fameux chapitre 25 de l’Évangile de Matthieu – le jugement dernier – est un vibrant appel à accueillir l’autre. « L’autre, c’est le Christ; c’est ce dont il faut prendre conscience : que chaque personne qui se présente à moi est la personne du Christ. "Aimez-vous les uns les autres" se vit dans l’amour de Dieu, avec le cœur de Dieu. Combien de fois j’ai connu la grâce de voir l’œuvre de l’amour de Dieu dans une personne! Les principes de l’amour inconditionnel, c’est de ne pas juger les personnes qui ont tellement déjà été jugées; de ne jamais poser de questions, de respecter le droit au secret, ils ont déjà tellement subi d’interrogatoires et, souvent, c’est ce respect qui permet le véritable partage; de ne jamais cautionner le mal, mais de chercher le bien dans la personne; et de garder les liens au cas où ils pourraient avoir envie de changer. » Et André Patry 2. L’organisme est situé ajoute qu’à l’amour, il faut ajouter un bon sens de l’humour. au 7535 A, rue SaintEt même à la retraite, M. André Patry n’en a pas fini avec les détenus. Il a ouvert Oasis-liberté2. Hubert, à Montréal. Il loge au-dessus de « Nous y avons des activités, des célébrations eucharistiques, des groupes de discussion, des l’ancien café des Trois soirées d’échanges, des repas communautaires. Ce sont des détenus qui l’ont demandé; ils avaient colombes, transformé en vécu des expériences spirituelles et, une fois sortis, n’avaient pas de lieu pour poursuivre leur café chrétien. cheminement dans la foi. Plusieurs anciens viennent y faire de l’animation. On fait des visites dans 514 272-4046 les hôpitaux, de l’accompagnement des mourants, des messes aussi. » 1. Titre du livre que lui a consacré France Paradis, paru aux éditions Novalis, 2008, 152 p. Vient de sortir aussi une troisième impression du livre en version de poche (octobre 2010) chez le même éditeur. sdf.info • 20 octobre 2010 • 3 Perspectives Dieu fait chair dans le pauvre corps banal Le regard d’amour de Dieu se fait sentir dans les réalités les plus quotidiennes de notre vie humaine : par le message d’un répondeur téléphonique jusqu’au trou d’un établissement de détention. par Michel-M. Campbell sdf.info Quoi de plus banal et parfois de plus frustrant qu’un message enregistré de répondeur téléphonique? Pourtant, les quelques mots qu’André Patry ajoute aux propos fonctionnels habituels (« pas là, laissez message, répondrai ») valent la peine qu’on les relise généreusement en donnant à chacun tout son sens1. D’un ton calme, presque solennel, il vous fait un vœu qui vous renvoie, comme toute personne, à notre condition humaine. Tout d’abord, pour aujourd’hui, il vous souhaite la paix. Mieux : de goûter la paix, d’en jouir. Ainsi, il précise que la paix n’est ni chose ni abstraction, mais un bien qu’appelle notre corps violenté dans les tourbillons des tensions personnelles ou politico-sociales. Ensuite, il reconnaît notre identité de marcheurs et marcheuses et nous souhaite de rencontrer un regard d’amour, sans lequel la route risque d’être vouée à la solitude, pis, au non-sens et à l’indifférence. Que 17 mots. Rien d’autre. Mais ici, la réponse mécanique, la situation banale, voire frustrante, de buter à l’absent débouche sur d’autres dimensions. Comme un mandala, un résumé d’un monde précaire et violent, mais aussi porteur d’une anthropologie du salut. Le message s’élève presque en prière : l’espérance qu’un regard aimant nous encouragera à continuer la marche. Notons qu’André Patry ignore, mais respecte, les convictions profondes de la personne qui lui téléphone. Il s’abstient de références religieuses autres que des valeurs partagées : le goût, la route, la paix, l’expérience du regard significatif. Pourtant, qui fréquente l’écriture y trouvera l’écho des Béatitudes2. Même structure : un monde en creux, en quête et, aussi, en bosse; une possibilité d’être sauvé par l’autre; un monde ouvert dont les acteurs se définissent avant tout par leur humanité (avoir faim, chaud, froid; pleurer... être capable de vêtir le corps nu ou de visiter en prison). Voilà l’articulation de base de la spiritualité, de l’approche d’André Patry, à la ville comme à la prison. On est loin du fonctionnaire de Dieu qui s’épuise à mesurer les péchés ou à maintenir le conformisme liturgique. Loin du discours autoritaire paranoïaque qui défend les principes sans se soucier des blessures qu’il inflige alors aux pauvres gens. L’approche de Patry se veut incarnée, respectueuse de la liberté de l’autre, consciente de la complexité douloureuse de la situation. « Ne pas juger, ils ont tellement été jugés... ne jamais poser de questions, respecter le droit au secret, ils ont déjà tellement subi d’interrogatoires3. » 1. Le texte du message téléphonique est présenté dans la chronique Intériorité, p. 4. Chez lui, le don gratuit de l’infinie miséricorde de Dieu pour chacun et chacune précède éminemment la loi morale. Par exemple, le dialogue suivant4 : Détenu : « Père Jean5, pourquoi vous ne me parlez jamais d’amender ma vie? » Réponse : « Est-ce que tu en changerais si je t’en parlais? » Riposte immédiate : « Pour sûr que non! » Conclusion du père : « Alors à quoi ça servirait d’en parler? » Pour le père Jean/André Patry, ce qui compte, ce qu’il faut préserver, c’est d’abord le lien, car c’est à partir de lui – de ce regard d’amour – qu’on pourra accompagner l’autre quand, dans sa liberté, il entreprendra le difficile changement de vie. Qu’on est loin de certaines logiques d’« ex-communion » où le prodigue affamé doit montrer sa carte de conformité pour avoir accès à la table du Père. Pour 3. Voir p. 2. Patry, Dieu n’attend pas qu’au ciel, mais souvent, au cœur ou au fond de la prison. Il faut savoir le soin 4. Adapté du livre 38 ans tout particulier qu’il prenait, malgré la fatigue des lourdes cérémonies de Noël ou de Pâques, à visiter derrière les barreaux les gars au trou, c’est-à-dire la prison dans la prison, pour les cas de crises graves. 2. Matthieu 5, 3-12; Luc 6, 20-23; ou le jugement dernier en Matthieu 25, 31-46. de France Paradis, Novalis, 2008. 5. Les détenus s’adressaient souvent à André Patry sous son nom de religieux. Jean Patry s’alimente à la méditation et à l’eucharistie quotidienne. Il fréquente aussi régulièrement les sœurs de mère Teresa, les Petites Sœurs de Jésus (Foucault) ou les Carmélites (la petite Thérèse, Edith Stein, comme celles du Carmel de Montréal). Des femmes qui trouvent Dieu chez les plus pauvres ou derrière les barreaux du cloître. Car notre Dieu se fait aussi chair dans le corps banal des plus pauvres comme des prisonniers. Intériorité Le quotidien fait prière Bonjour, Je regrette de ne pouvoir répondre à votre appel. Laissez-moi vos coordonnées et je vous rappellerai. Je vous souhaite, aujourd’hui, de goûter la paix et de rencontrer sur votre route un regard d’amour. Message enregistré sur le répondeur d’André Patry sdf.info • 20 octobre 2010 • 4 Alors viendra le Fils de l’homme Alors viendra le Fils de l’homme dans sa gloire. Les messagers du Seigneur feront cercle autour de lui, et il prendra place sur son siège de gloire. Les peuples se rassembleront devant lui. Et, comme le berger sépare brebis et chèvres, il les départagera. Les brebis iront à sa droite, les chèvres à sa gauche. Aux brebis qui sont à sa droite, le roi dira : « Vous voici, vous que mon Père a reconnus. Recevez l’héritage du Règne qui vous est réservé depuis la fondation du monde. J’avais faim. Vous m’avez nourri. J’avais soif. Vous m’avez donné à boire. J’étais un étranger. Vous m’avez ouvert votre porte. J’étais sans vêtements. Vous m’avez vêtu. J’étais malade. Vous avez veillé sur moi. J’étais au cachot. Vous êtes venus me voir. » Et les justes lui diront : « Maître, quand cela? Nous t’aurions vu affamé, et nous t’aurions nourri? Nous t’aurions vu assoiffé, et t’aurions donné à boire? Mais quand? Nous t’aurions vu étranger, et t’aurions ouvert notre porte? Sans vêtements, et nous t’aurions vêtu? Mais quand? Nous t’aurions vu malade ou dans un cachot, et serions allés te rendre visite? » Le roi répondra : « Croyez-en ma parole, chaque fois que vous avez agi de la sorte avec le plus petit de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » Mt 25, 31-40 La Nouvelle Traduction de la Bible, Bayard, 2001 sdf.info • 20 octobre 2010 • 5 Actualités Il élève les humbles Le succès des fêtes autour de la canonisation du frère André à l’oratoire Saint-Joseph : n’était-ce là qu’une simple expression folklorique de la foi? par Gérard Laverdure sdf.info Son humilité et sa bonté illuminent son visage et déterminent même son attitude corporelle. Comme si l’Amour avait moulé son corps. Les photos d’époque en sont témoins et la petite statue qui le représente dans la basilique de l’oratoire Saint-Joseph est éloquente à propos de ces qualités intérieures. Notre cher saint frère André me rappelle Marie et son magnificat, les humbles et courageuses fondatrices de notre pays et le « service inlassable des pauvres dans l’Amour » qui a marqué leur vie. Le frère André nous rappelle aussi tous ces humbles travailleurs et toutes ces vaillantes travailleuses qui, de la campagne à la ville, ont défriché, labouré, semé tout en portant des brassées d’enfants pour les uns, bâti routes, ponts et usines et se sont éreintés à suivre le rythme des chaînes de montage jusqu’à y laisser leur santé pour les autres. Tous les « Canadiens français » de l’époque avaient une grande dévotion, une grande confiance au frère André et à saint Joseph, sans oublier à la Vierge Marie, à la bonne sainte Anne et à quelques autres. Ils y puisaient force, courage et espérance dans une vie de durs labeurs, d’insécurités et d’humiliations. La foi comme le royaume de Dieu, c’est une affaire de famille, et en famille on se tient et on s’entraide. Il est heureux que les autorités ecclésiales reconnaissent les œuvres de Dieu et la sainteté dans la vie de cet humble serviteur. Nuit de prière à la crypte de l’Oratoire, le 17 octobre, où il manquait de place, grande fête à Rome le même jour et au stade olympique le samedi 30 octobre prochain. Il y a longtemps que la foi populaire, le sensus fidei avait tranché la question. On reconnait un arbre à ses fruits et ils furent abondants dans la vie du frère André : prière confiante à saint Joseph, accueil, adoration nocturne, écoute des souffrances et des angoisses de tous ses concitoyens et concitoyennes, visites des pauvres et des malades; une vie comblée de grâces. On croirait lire des pages d’Évangile. Espérons que de remettre ainsi le bon frère André sur la carte ou à l’ordre du jour nous redonne le sens des priorités dans nos vies, sinon le vrai sens de nos vies tout simplement. Voici ce qu’en dit M. Marco Veilleux, qui a passé la nuit à l’oratoire Saint-Joseph : « C’était un beau moment d’Église "populaire" et d’Église "multiculturelle". Tous ces nouveaux arrivants qui se sont approprié le personnage du frère André : c’est quand même extraordinaire! J’ai donc passé cette nuit assis par terre (faute de places assises, tellement il y avait de monde), entouré d’une foule de gens de tous les horizons, de toutes les générations. Beaucoup de gens simples, de pauvres, de petits : ceux que le frère André a toujours attirés. L’ambiance était extraordinaire : la paix, la ferveur, la solidarité... Une lumière dans la "Grande Noirceur" ecclésiale actuelle où l’on entend parler seulement de déclin, de pédophilie et d’autres crises! Enfin, une vraie fête de la foi, simple et humble, autour d’un homme du peuple, aimé par le peuple. Et la joie d’être ensemble, tout simplement, en Église. Tous rassemblés dans la diversité, pour prier une nuit entière, chanter et fêter, finalement, ce qu’affirme le magnificat : "Il élève les humbles..." Dans une société où ces "humbles" sont trop souvent méprisés et ignorés, c’était aussi un beau témoignage évangélique... Non, si nous savons "voir", ce n’était pas là que du "folklore"... » sdf.info • 20 octobre 2010 • 6 Actualités Vigile au parc de l’Espoir Des jeunes font mémoire de la trop brève vie de seize de leurs semblables qui se sont suicidés, victimes de moqueries, de harcèlement et d’agressions... Nous étions une cinquantaine ce soir-là, le mercredi 6 octobre dernier, sous la pluie battante, avec nos chandelles, au parc de l’Espoir dédié aux personnes décédées du VIH/sida, à l’angle des rues Sainte-Catherine et Panet à Montréal. Nous y étions pour faire mémoire particulièrement de 16 jeunes gars et filles – leur photo était affichée – qui se sont suicidés cette année, au Canada et aux États-Unis, à la suite de moqueries, de harcèlement et d’agressions dont ils ont été victimes à cause Gai Écoute de leur orientation sexuelle principalement, en plus de leur apparence et de leur habillement. Des 1 888 505-1010 jeunes en bas de 21 ans dont trois de 13 ans et quatre de 15 ans. 514-866-0103 par Gérard Laverdure sdf.info www.gai-ecoute.qc.ca À lire « L’homosexualité nous interpelle », revue Prêtre et pasteur, juillet-août 2010. Revue disponible à : [email protected]. Coût : 5 $ poste incluse. 1. « Le GRIS-Montréal (Groupe de recherche et d’intervention sociale) est un organisme communautaire sans but lucratif dont la mission générale est de favoriser une meilleure connaissance, en milieu scolaire, des réalités homosexuelles et de faciliter l’intégration des gais, des lesbiennes et des bisexuels dans la société. Comme pour la lutte contre le racisme, l’intégration d’une minorité dans la société ne peut se faire qu’en s’efforçant d’éliminer l’ignorance et les préjugés. » www.gris.ca Quelque 16 chandelles plantées dans un carré de sable, disposées sous un chapiteau blanc au centre de la place, vacillaient au vent, fragiles comme nos vies. Fait émouvant : une grande majorité de jeunes composait ce rassemblement. L’organisateur de ce rassemblement, Jean-Pierre Roussain, ami de la Maison Plein Cœur, et Pierre-Olivier Laliberté, représentant de GRISMontréal1, nous firent comprendre qu’il y avait encore beaucoup à faire pour contrer l’homophobie. La moitié des écoles du Québec refuse de placer dans l’agenda des étudiants et étudiantes le numéro de téléphone de la ressource Gai Écoute. Après avoir nommé chacun des jeunes disparus et évoqué les circonstances ayant conduit à leur suicide, nous avons gardé quelques minutes de silence. Nos chandelles s’éteignaient souvent sous le vent comme pour nous rappeler qu’il est facile de perdre la motivation ou d’oublier et qu’il faut se rallumer sans cesse les uns aux autres. Ce que fit cette rencontre. J’étais très fier de faire partie de la paroisse inclusive Saint-Pierre-Apôtre qui travaille intelligemment à l’élimination de cette arme mortelle qu’est l’homophobie, et d’autres formes d’exclusion sociale. Chacun et chacune peut faire sa part dans son milieu en informant les gens, en étant à l’écoute des jeunes en détresse, en intervenant auprès d’eux, en s’affirmant contre les blagues et les insultes homophobes qu’on laisse trop souvent passer par négligence ou manque de courage. Les religions sont généralement productrices d’homophobie, mais depuis quelques décennies, les recherches des sciences humaines et les relectures contextuelles de la Bible ont conduit plusieurs Églises chrétiennes à développer un autre discours et d’autres pratiques au nom même de l’Évangile. La paroisse Saint-Pierre-Apôtre a produit des articles sur la question en lien avec la foi chrétienne pour aider les plus vieux et les plus vieilles qui ont des « références morales religieuses anciennes fortes » à se resituer quant à cette question controversée. Pour ces communautés, être homosexuel n’est pas une tare, ni une maladie, ni un péché. Le cœur de la pratique chrétienne est l’amour des autres et de soi. Jésus ne passait pas à la loupe la vie sexuelle de ses interlocuteurs. Il allait droit à l’essentiel : la personne. Il a accueilli à bras ouverts tous les marginalisés, exclus et blessés par les jugements et les condamnations des hommes religieux de son temps. sdf.info • 20 octobre 2010 • 7 Fêtons 5 ans Cinq ans, ça se fête! Il y a 5 ans, le 12 octobre 2005, paraissait le premier numéro de notre journal Web (ou webzine). Nous voulons célébrer cet anniversaire en explorant de nouveaux moyens d’interagir ensemble pour nous soutenir mutuellement sur les sentiers. par Michel-M. Campbell président de Sentiers de foi Que de chemin parcouru. 5 volumes. 78 numéros. Grâce au clavier-à-écran, pour ne plus dire au bouche-à-oreille, nous comptons maintenant plus de 1050 abonnés. Même si chacun et chacune ne lit pas chaque journal, nous avons des numéros qui sont fréquentés par plus de 1300 personnes. Certains de nos abonnés, en effet, font parvenir certains numéros à des gens de leur réseau intéressés par le sujet. D’autres l’impriment et le mettent à la disposition de leur entourage. Les caractéristiques du journal se précisent : rendre compte de pratiques ou d’expériences de foi chrétienne qui se vivent comme sur des sentiers, dans une certaine précarité et hors des voies toutes tracées ou des mouvements majoritaires. En quelques mots, saisir la foi, là où choisit de souffler le Vent annoncé par Jésus-Christ. Ce qui peut avoir quelque chose de rafraîchissant. L’équipe éditoriale maîtrise de plus en plus la spécificité des chroniques : la présentation d’une pratique individuelle ou collective sous forme d’itinéraire. Un temps d’intériorité qui l’illustre. Et la perspective, notre éditorial, qui juge moins du contenu qu’elle essaie de marquer et de comprendre l’écart entre le sentier et les voies communes. Sans compter les actualités et les ressources. Le webzine Sentiersdefoi.info se révèle écologique, et donc économique, dans la mesure où l’usage du papier est réduite au maximum. Son style aussi se précise. Sur la Toile, il faut être bref et coloré. Il faudrait cependant profiter des virtualités de la Toile et être plus interactifs... Des expériences de relations interactives. Pour les célébrations de nos cinq ans, nous voulons donc nous rapprocher de nos lecteurs et lectrices, et de toute personne intéressée, en développant différents moyens d’interaction avec eux. Nous proposerons, en particulier, une série d’expériences interactives sur la Toile en nous servant de divers médias accessibles actuellement. Nous pensons en particulier aux réseaux sociaux, à un possible blogue, à des sondages en ligne, à des forums qui pourront permettre des discussions générales ou en groupe fermé sur la vie en sentiers de foi. Il s’agira bien sûr d’un work in progress, dont le programme se déploiera au fur et à mesure que l’année avancera, selon le poids des différentes opérations. Gratitude. On ne peut célébrer ces années sans remercier les artisans qui ont fait exister notre webzine : M. Jean-Phillippe Perreault, qui avait rédigé le document d’orientation de Sentiers de foi et qui, comme premier rédacteur en chef, a conçu le journal très largement; M. Ghislain Bédard qui, depuis le début, assure les tâches de secrétaire de rédaction, révise les textes et les met en forme dans une belle présentation; Mme Lucie Brousseau dont l’éditorial photographique, depuis le début aussi, donne tout son relief à la page couverture; enfin, M. Gérard Laverdure qui, depuis trois ans, a pris la relève comme rédacteur en chef, multiplié les contacts avec les différents organismes et recruté plusieurs collaborateurs et collaboratrices. Il faut aussi remercier la trentaine de personnes qui collaborent à la rédaction des différentes chroniques et souligner que plusieurs le font bénévolement. On ne doit pas oublier la participation des membres de la corporation et, particulièrement, de son conseil d’administration. Notre organisme produit 14 numéros annuellement avec une équipe réduite et à des coûts minimums, et ses officiers abattent bénévolement un travail considérable. Enfin, toute notre reconnaissance à ceux et celles qui nous soutiennent par leurs réactions ou leurs dons. Vœux. Puisse le souffle du Vent inspirer le journal Web Sentiersdefoi.info dans son travail de sensibilisation aux richesses moins connues du mystère de l’Église, et le pousser à explorer toujours plus les médias de pointe. sdf.info • 20 octobre 2010 • 8 Ressources Pour aller plus loin ou pour satisfaire votre curiosité [ Participer ] Le Centre Victor-Lelièvre Un lieu de découverte [ Lire ] Revue Relations, oct.-nov. 2010 Violence et religion [ Participer ] Soirée Relations Violence et religion Le Centre Victor-Lelièvre, sis au 475, boul. Père-Lelièvre, à Québec, « est un lieu de découverte et de proposition des valeurs évangéliques en lien avec les grands question-nements de notre temps. » « Le pouvoir politique instrumentalise souvent le religieux pour arriver à ses fins et justifier la violence de l’État. Mais la religion, comprise dans une perspective sacrificielle, est aussi source de violence. Une lecture littérale et fondamentaliste des textes sacrés amène également certains groupes religieux à promouvoir la violence. Au nom de la religion, les femmes ont subi et continuent de subir des atrocités. Ce dossier est l’occasion de scruter ces questions complexes, à une époque où la globalisation, avec sa violence structurelle, s’apparente elle aussi à une nouvelle religion. » Dans la foulée de notre dossier « Violence et religion », nous vous convions à une soirée sur le thème : « La religion : une voix dans la lutte contre la violence », avec Guy Côté, Raymond Lemieux et Marie-Andrée Roy. La soirée aura lieu le lundi 8 novembre 2010 de 19 h à 21 h 30 à la Maison Bellarmin, 25, rue Jarry Ouest, à Montréal (métro Jarry ou De Castelnau). Contribution suggérée : 5 $. Pour plus d’information, visitez : www.cjf.qc.ca Parmi les activités à venir, on peut noter celles-ci : la conférence « Apprivoisez son ombre » avec Gaston Poulin, c.j.m, le samedi 30 octobre, de 9 h à 16 h et l’activité Cinéma-témoin avec Les invasions barbares, le samedi 6 novembre, de 13 h 30 à 17 h. Pour y découvrir de nombreuses autres activités et les ressources proposées, voir leur site Internet ou joignez le 418 683-2371. www.centrevictorlelievre.org [ Participer ] Comprends-tu ce que tu lis? Librairie Paulines (Montréal) Une série de sept rencontres intitulées « Comprends-tu ce que tu lis? » et ayant pour but de favoriser une meilleure compréhension de la littérature biblique aura lieu à la Librairie Paulines, au 2253, rue Masson, à Montréal. La prochaine année se déroulera sous le thème des Actes des apôtres. Le thème de la deuxième rencontre, qui se tiendra le 1er novembre prochain, de 17 h 30 à 19 h 30, sera : « Un roman historique? Un livre au service d’une idée » Biblistes : Odette Mainville et André Myre. Contribution suggérée : 10 $. www.librairespaulines.qc.ca Voici quelques titres de ce numéro : « Violence et religion », Jean-Claude Ravet; « La foi et l’ordre », Robert Mager; « La sacralisation du pouvoir mâle », Marie-Andrée Roy; « Luttes féministes en islam », Azadeh Kian; « Revenir à l’expérience libératrice de l’Évangile », Luiz Carlos Susin; « Un prophète en trop », Jean-Michel Hirt; « Le messianisme politico-religieux », Guy Côté; « Le dieu Marché et son culte », Michel Beaudin. Pour plus d’information sur ce numéro, visitez : www.revuerelations.qc.ca Pour nous signaler des ressources pertinentes ou nous faire vos commentaires, écrivez à : [email protected] [ Participer ] Le frère André : un virage évangélique Conférence avec Benoît Fortin « En ce temps de fin d’une certaine Église, les disciples de Jésus sont acculés à un virage évangélique pour retrouver le feu primitif et passer l’héritage aux jeunes générations. Le saint n’est pas une boîte à miracles, mais d’abord un modèle qui nous est donné pour suivre le Christ... L’Église doit sortir de la sacristie, aller dans la rue et renaître à partir des pauvres. Elle doit se situer dans le mouvement de résistances et d’alternatives pour faire arriver le monde nouveau. » Cette soirée aura lieu le jeudi 28 octobre 2010, de 19 h à 21 h au Carrefour Foi et Spiritualité, au 12075, rue Valmont, à Montréal. Entrée : 5 $ ou carte de membre. Pour information, joignez le 514 336-2420. www.foi-spiritualite.ca Prochaine parution du journal : 3 novembre 2010 Le journal Sentiersdefoi.info est une publication de Sentiers de foi, OSBL autonome et indépendant d’inspiration chrétienne fondé en 1984, qui a pour mission d’être un espace favorisant la connaissance, la reconnaissance et la collaboration des sentiers de foi au Québec, dans une perspective chrétienne inscrite dans le pluralisme actuel. ISSN 1715-8370 | 8 2010 Sentiers de foi | Tous droits réservés Ce journal, publié uniquement sur le Web, est de ce fait entièrement écologique. Imprimez-le et diffusez-le en pensant à l’environnement. 2005-2010 5 ans de marche dans les pas du vent de foi.info Sentiers www. Vol. 6 no 4 / 3 novembre 2010 8 Lucie Brousseau, 2010 : Moment de communion Journal Web bimensuel indépendant qui vise à faire connaître des parcours et des lieux où se vivent des expériences humaines et spirituelles novatrices. Comité éditorial Rédacteur en chef Gérard Laverdure Secrétaire de rédaction Ghislain Bédard Représentant du C.A. Michel-M. Campbell Itinéraire Collaboration Jean-Pierre Contant Lucie Gravel Perspectives À la recherche d’un chemin qui mène au cœur de soi pour être disponible totalement à la Présence qui s’y trouve, le moine cistercien John Main découvre le sentier de la méditation chrétienne, offert depuis 1977 au Québec. [ p. 2 ] par Jean-Pierre Contant Pour nous joindre [email protected] Pour vous abonner www.sentiersdefoi.info Abonnement gratuit. Intériorité Quitter la surface Quelques pensées de John Main, o.s.b., et de Laurence Freeman, o.s.b., nous convient à abandonner la superficialité et à pénétrer les profondeurs. [ p. 4 ] présenté par la Méditation chrétienne Actualités Accueille chez toi l’étranger Lors de la Veillée spirituelle pour la paix, en l’église Holy Family, toute la « sainte famille » humaine a été invitée à célébrer dans la communion. [ p. 5 ] par Gérard Laverdure Ce journal Web existe uniquement grâce à votre générosité. Faites parvenir votre don à Sentiers de foi, 97, rue de l’Aqueduc Repentigny (Qc) J6A 4E2. Un reçu de charité sera émis. ISSN 1715-8370 8 2010 Sentiers de foi Tous droits réservés La rencontre intérieure avec le Christ maître Comme chrétiens et chrétiennes, nous avons reçu beaucoup d’enseignements et d’informations. L’expérience fondamentale n’est-elle pas la rencontre du Tout-Autre dans le silence de notre cœur? [ p. 3 ] par Lucie Gravel Photographie Lucie Brousseau Conception graphique Ghislain Bédard La méditation chrétienne : retour d’un vieux sentier de foi Méditation chrétienne et soufisme Deux maîtres de traditions différentes se rencontrent pour partager leur vision de la méditation. Quelques paroles glanées lors de ce moment unique... [ p. 6 ] par Gérard Laverdure Fêtons 5 ans La parole est à vous Des réactions de lecteurs et de lectrices nous sont parvenues et confortent notre équipe dans son intention d’explorer des moyens d’interaction divers. [ p. 7 ] par Michel-M. Campbell Itinéraire sdf.info • 3 novembre 2010 • 2 La méditation chrétienne : retour d’un vieux sentier de foi À la recherche d’un chemin qui mène au cœur de soi pour être disponible totalement à la Présence qui s’y trouve, le moine cistercien John Main découvre le sentier de la méditation chrétienne, offert depuis 1977 au Québec. par Jean-Pierre Contant collaboration spéciale Jean-Pierre Contant est retraité du secteur des services sociaux, méditant depuis près de 30 ans. Il anime depuis 1994 un groupe de méditation chrétienne dans la région de St-Jérôme. Il est président de l'Association Emmanuel qui regroupe des parents d'enfants handicapés au Québec, président de la division santé et services sociaux à Centraide Laurentides, père de 3 enfants et grand-père de 6 petits enfants. Pour bien comprendre l’origine de la Méditation chrétienne, il nous faut rencontrer John Main, o.s.b., principal artisan de la mise à jour de cette forme de prière dans le monde chrétien contemporain. Entre 1954 et 1956, alors qu’il était diplomate en Angleterre, il fut affecté en Malaisie. C’est dans le cadre de ses fonctions qu’il y rencontra un swami hindou. Impressionné par l’engagement de ce dernier, il se met à méditer avec lui. En 1959, bousculé par la mort d’un jeune neveu, John Main entre chez les moines bénédictins. Dix ans plus tard, il devient directeur d’une école reliée à un monastère aux États-Unis. C’est à ce moment qu’il découvre l’enracinement chrétien de cette forme de prière qui utilise un mantra. En accompagnant un jeune étudiant, féru d’informations sur la prière, il découvre en effet des écrits du IVe siècle de Jean Cassien relatant que des moines se retiraient dans le désert pour prier à l’aide d’un seul mot ou d’une seule phrase tirée de la Bible. On trouve aussi un retour à cette forme de prière au XIVe siècle dans les écrits d’un auteur anonyme anglais : Le nuage d’inconnaissance. Plus près de nous, au XVIIIe siècle, Le récit du pèlerin russe fait état de la Prière de Jésus qui consiste à répéter la phrase suivante : « Jésus, fils de Dieu vivant, prends pitié de nous. » Fier de cette découverte, John Main décide donc de rendre accessible cette forme de prière au monde contemporain. Il fonde, en 1974, le Centre de méditation chrétienne à Londres. C’est en 1977, à la demande d’un évêque anglophone de Montréal, qu’il vient y fonder un prieuré bénédictin, où il se donne comme mission d’enseigner la méditation chrétienne. Une fois par semaine, des personnes viennent le rencontrer pour recevoir des instructions et méditer avec lui. Décédé en1982, Laurence Freeman, o.s.b., continue actuellement son œuvre. Il n’y a rien de plus simple que de méditer. Dans notre monde où tout devient souvent compliqué, il apparaît même un peu simpliste d’apprendre ainsi à ne rien faire. Juste être là en présence de Celui qui nous habite. Pour en connaître la méthode, je vous invite à aller sur le site Web de la Médiation chrétienne1. 1. Visitez www.meditation chretienne.ca. Depuis le passage de John Main à Montréal dans les années 1980, plusieurs groupes de méditants se sont formés au Québec et dans le monde entier. Le groupe sert à aider le méditant à maintenir la discipline. En effet, se retrouver une fois par semaine autour d’un petit texte sur la méditation et méditer ensemble aide le méditant à rester fidèle à ses deux périodes de prière par jour. Ayant fréquenté assidûment le prieuré de 1979 à 1983 et animant un groupe depuis 10 ans à Lachute, le père Michel Boyer, franciscain, assume la coordination pour le Québec et les régions francophones du Canada depuis 7 ans. Nous rencontrons, dans ces groupes, plusieurs personnes qui ont renoué avec la foi chrétienne à l’aide de la méditation chrétienne. Ils y retrouvent une relation plus personnelle à Dieu. Ces groupes comprennent des hommes, des femmes, des jeunes et des moins jeunes. Plusieurs personnes qui ont mis cette forme de prière dans leur vie témoignent comment leur quotidien en fut changé. Engagée dans la mise sur pied d’une coopérative de logement, une participante nous dit comment elle prend maintenant le dossier avec beaucoup plus de sérénité et de confiance. Un homme et une femme en couple, engagés dans le domaine de l’aide humanitaire en Afrique, méditent maintenant ensemble chaque jour quand ils sont au loin. Cette forme de prière trouve sa pertinence dans notre monde actuel où la performance, l’obligation de résultats, le bruit envahissant des radios, de la télé et d’Internet, et le souci de rentabilité font la loi. Quand on médite, on ne fait qu’être. Être en présence de cet Esprit qui nous habite dans le silence et la sérénité. De plus, la naissance de petits groupes constitue des cellules d’Église réelle, non institutionnelle. Dans ses débuts, la Méditation chrétienne a dû affronter certaines réticences, car elle était associée au bouddhisme, mais dans ces temps d’ouverture, elle est de plus en plus considérée comme un nouveau sentier de foi. sdf.info • 3 novembre 2010 • 3 Perspectives La rencontre intérieure avec le Christ maître Comme chrétiens et chrétiennes, nous avons reçu beaucoup d’enseignements et d’informations. L’expérience fondamentale n’est-elle pas la rencontre du Tout-Autre dans le silence de notre cœur? par Lucie Gravel collaboration spéciale Lucie Gravel est coordonnatrice à l’animation à la Librairie Paulines de Montréal. Cette présentation de la méditation chrétienne suscite l’espérance : il y a toujours dans l’Histoire des audacieux et des audacieuses qui renouent avec les sources du christianisme ou d’autres traditions religieuses. Ils se risquent à écouter le Souffle. Ce Souffle, on le cherche. On le trouve par l’initiation progressive à l’exigeant exercice spirituel qui est de « décélérer », d’écouter, de faire silence, de se re-cueillir. À chacun et chacune de trouver son sentier pour y arriver, car ils sont multiples. Ce chemin comporte sa part de solitude et son besoin de communauté. Méditation chrétienne offre cette possibilité de méditer seul et avec d’autres. Allez fureter sur leur site Web, un outil d’accompagnement extraordinaire, une véritable nourriture pour tous les âges, vous verrez. Méditation chrétienne est né d’un dialogue entre John Main et le swami Satyananda. Ce dialogue interreligieux et œcuménique est une préoccupation de ce réseau qui a aussi l’avantage d’être mondial. Ce ne sont souvent pas les discussions théologiques sur Dieu qui créent l’harmonie entre les religions! L’expérience de la méditation facilite la rencontre avec l’autre, car il y a rencontre sur le fond, le cœur. Laurence Freeman, accompagnateur mondial, dit : « L’expérience contemplative est essentielle si l’on veut que mûrisse le dialogue interreligieux. » J’ai organisé en 2006 une série de rencontres sur la méditation dans cinq grandes traditions religieuses. Intriguée par ce réseau de méditantes et méditants chrétiens, j’ai invité Yvon Théroux de Méditation chrétienne du Québec à parler de cette méditation. Il a aussi proposé la thématique de la méditation dans l’ensemble des religions. Il en est sorti un ouvrage écrit par les cinq intervenants et intervenantes1. Lors d’une soirée publique autour de ce livre, une femme nous a dit : 1. En quête de l’absolu. « Je n’en crois pas mes oreilles d’entendre qu’il existe une pratique de la méditation chez les La méditation selon cinq chrétiens! » Cela en dit beaucoup sur la manière de transmettre l’héritage spirituel du traditions religieuses, christianisme : nous avons dérapé par moments, mais le chemin est toujours là, possible! Paulines, 2007, 124 p. Le 3 octobre dernier a eu lieu une journée entière de méditation interreligieuse avec 60 personnes, les enseignements des auteurs et cinq temps de méditation. Expérience qui sera renouvelée l’an prochain à la demande générale. 2. Ignace de Loyola, Récit écrit par le Père Louis Gonçalves aussitôt qu’il l’eut recueilli de la bouche même du Père Ignace, (Christus 65), Paris, DDB; Montréal, Bellarmin, 1088, p. 78. 3. Ignace de Loyola, Exercices spirituels. Traduction du texte Autographe par Édouard Guydan, Paris, Collection Christus 61, DDB, 1986, p. 28, annotation 2. 4. Ibid., p. 30, annotation 15. Nous avons été peu éduqués, dans les célébrations religieuses où on parle tant et trop, à prier, à méditer par nous-mêmes, à goûter et à ruminer une Parole qui parle en nous. Nous avons reçu beaucoup d’enseignements qui nous sont sortis par les oreilles et qui en ont fait fuir plusieurs! On a trop « parlé » de Dieu! John Main et son successeur ont persévéré à mettre en valeur l’importance de laisser Dieu être Dieu, le Tout-Autre, en nous. Ils ont su rendre accessible à tous et à toutes, avec liberté et profondeur, l’expérience de la méditation contemplative. Avec Méditation chrétienne, je crois comprendre que le Christ est maître intérieur, et on le laisse agir, tout simplement : Maranatha! Viens Seigneur! Il y a quelque chose de subversif dans cette approche, quelque chose d’évangélique donc. John Main évoque un autre témoin pour l’ignacienne que je suis : Ignace de Loyola, qui a vécu à une époque de renouveau spirituel aux XVe et XVIe siècles. L’expérience fondamentale d’Ignace est sa rencontre du Christ par la pratique d’exercices spirituels variés et de méditations. Préoccupé par les enjeux de son époque, Ignace a remanié les méthodes de méditation pour mettre en place une démarche pédagogique permettant aux personnes de découvrir qui elles sont et de discerner quel appel du Christ les habite de façon originale. Méditation chrétienne met également les personnes en état d’expérience de Dieu et de disponibilité personnelle à celui qui enseigne de l’intérieur. Je pense à Ignace de Loyola qui a cherché avec anxiété des guides (personnes) spirituels pour l’aider. Il écrit, à la fin de sa vie, qu’il n’y eut qu’une femme, une béate, « qui l’aida vraiment ». Elle a dit à Ignace « qu’elle priait Dieu que Jésus-Christ lui apparaisse2 ». Quand Ignace eut fait cette rencontre intérieure du Christ, il perdit son anxiété : il avait trouvé son Maître. Ignace dit que « ce n’est pas d’en savoir beaucoup qui rassasie et satisfait l’âme, mais de sentir et de goûter les choses intérieurement3 ». Il insiste : « que le Créateur et Seigneur se communique lui-même à l’âme fidèle, l’enveloppant dans son amour... que la personne qui accompagne laisse le Créateur agir immédiatement avec sa créature et la créature avec son Créateur et Seigneur4. » Longue vie au réseau mondial de Méditation chrétienne, artisan de paix et de liberté intérieure! sdf.info • 3 novembre 2010 • 4 Intériorité Quitter la surface John Main nous dit : « Méditer, c’est abandonner le superficiel, quitter la surface, pour entrer dans les profondeurs de notre être. La raison pour laquelle nous méditons, dans la tradition chrétienne, est que nous croyons que Jésus a envoyé son Esprit dans ces profondeurs pour habiter dans notre cœur. En d’autres mots, l’Esprit de Dieu, l’Esprit du Créateur de l’univers habite en nos cœurs et, dans le silence, nous aime tous. Dans la tradition chrétienne, méditer, c’est simplement être ouvert à l’Esprit d’amour, à l’Esprit de Dieu. » « Nombreux sont ceux, aujourd’hui, dans le monde moderne, qui ont soif de spirituel et soif de silence, d’intériorité et de prière. En un sens, l’urgence de cette soif et de cette faim est aussi impérieuse que celle de pallier les besoins matériels des pays en voie de développement. En effet, à moins que ceux qui vivent dans l’abondance ne recouvrent la santé de l’âme grâce à l’expérience spirituelle, ils seront incapables de ressentir la véritable compassion d’où émerge l’amour de la paix et de la justice. L’homme moderne doit trouver un moyen de recouvrer cette santé, un moyen à la fois nouveau et séculaire : une voie traditionnelle qui l’atteint là où il est. » Laurence Freeman, o.s.b. La parole du silence, Éd. Le jour, 1995, p. 9 et 10. « Quand on médite, l’intention n’est pas d’avoir des pensées sur Dieu, sur son Fils Jésus, ou sur l’Esprit saint. En méditant, on cherche à réaliser quelque chose d’infiniment plus grand. En nous détournant de tout ce qui est éphémère et sans importance, nous ne cherchons pas seulement à penser à Dieu, mais à être avec lui, à expérimenter sa personne comme fondement de notre être. » John Main, o.s.b. Un mot dans le silence, un mot pour méditer, Éd. Le jour, 1995, p 20. Père du ciel Ouvre mon cœur À la prière silencieuse De l’Esprit de ton Fils. Conduis-moi dans ce mystérieux silence Où ton Amour est révélé À tous ceux et celles Qui appellent : « Viens, Seigneur Jésus, Maranatha. » John Main, o.s.b. sdf.info • 3 novembre 2010 • 5 Actualités Accueille chez toi l’étranger Lors de la Veillée spirituelle pour la paix, en l’église Holy Family, toute la « sainte famille » humaine a été invitée à célébrer dans la communion. par Gérard Laverdure sdf.info Ce samedi soir 23 octobre, l’église Holy Family à Montréal est pleine à craquer. En entrant, mon regard est attiré par la peinture d’un immense personnage qui couvre tout le haut du chœur avec ses grands bras ouverts et son visage ombragé par le capuchon qui couvre sa tête. On se croirait sur une route de campagne à la tombée du jour alors qu’un étranger vient croiser notre route. On ne voit pas bien ses traits, mais il semble amical. Sur le mur de gauche, un immense soleil lance ses rayons de tous côtés. Plusieurs personnes représentées en ombre chinoise marchent vers sa lumière. Sur chacune d’elles, on aperçoit le signe d’une des nombreuses religions du monde. Dès son mot d’accueil, le curé John Baxter nous dit que ces visuels sont permanents et que, pour lui, Holy Family signifie toute la grande famille humaine à rassembler dans la communion. Ici se tient la Veillée spirituelle pour la paix1, soulignant le 24e anniversaire de la rencontre d’Assise convoquée par Jean-Paul II en 1986. Ce soir, huit sentiers religieux sont représentés : les Premières Nations avec Mme Nicole O’Bomsawin, Abénakise d’Odanak; l’hindouisme avec Swami Sudhan Sharma du Temple Sri Durkai Amman Koyil; l’islam avec M. Karim Ben Driss de l’Institut soufi de Montréal; le christianisme par M. Stéphane Vaillancourt du Centre Emmaüs de Montréal; le sikhisme par Mme Jesseema Kaur du Temple Gurdwara Guru Nanak Darbar; le bouddhisme avec la Vénérable Man-Quan, venue expressément de Boston pour l’événement, de l’International Buddhist Progress Society of Montreal; le judaïsme avec le rabbin Jacob Lévy de la Synagogue 1. Événement organisé sépharade Beth Rambam, de Côte Saint-Luc; la foi Baha’ie avec M. Alden Penner et Mme Mariepar le Centre de paix de Claire Saindon de la Communauté baha’ie de Montréal. Montréal, Religions pour la Paix-Québec et la Famille franciscaine du Québec. Pour information : www.veilleesspirituelles.ca 514 933-4243 Nous avons pu goûter des temps de prière dans la langue, la tonalité, la gestuelle et les couleurs de chacun et chacune, en alternance avec des moments de silence. Une chorégraphie présentée par une trentaine de membres accompagnait le chant des communautés bouddhistes et sikhes. Le représentant du Centre Emmaüs nous a fait entrer dans un kyrie eleison très touchant. Les jeunes de foi Baha’ie ont clos cette soirée avec guitare et violon et un rythme plus dansant, plus enlevant. Malgré les différences de forme, nous avons senti une grande communion sur le fond : notre désir de paix pour notre monde, de fraternité, et un immense respect pour l’Esprit, l’Être bienveillant à la Source de tout. sdf.info • 3 novembre 2010 • 6 Actualités Méditation chrétienne et soufisme Deux maîtres de traditions différentes se rencontrent pour partager leur vision de la méditation. Quelques paroles glanées lors de ce moment unique... par Gérard Laverdure sdf.info Ce 23 septembre, à la Librairie Paulines de Montréal, un moine catholique, Laurence Freeman, o.s.b., animateur mondial de la Méditation chrétienne, et Karim Ben Driss, fondateur de l’Institut soufi de Montréal, entrent en dialogue à propos de leur pratique et de leur conception de la méditation. Dès le départ, l’animateur, Michel Boyer, demande quelle est la contribution de chacune des spiritualités à notre époque : Laurence Freeman – Le besoin de notre temps est la simplicité, l’authenticité et l’expérience personnelle. Comme c’est difficile! On a besoin du soutien des autres, d’une communauté. La méditation crée la communauté. Notre communauté comprend l’importance d’avoir une discipline intégrée à notre quotidien, la méditation. Enseignement et groupe de soutien entraînent nos concitoyens et concitoyennes à vivre la dimension contemplative au quotidien. Karim Ben Driss1 – Il y a en nous un élan, une aspiration vers l’être. Le soufisme, c’est le rapport à l’être. Mais nous sommes malades du cœur. Alors, ce qui prime, c’est la transformation 1. Karim Ben Driss est intérieure, individuelle, pour réaliser la guérison du cœur et retrouver ses potentialités. Se sociologue de formation, manifestent alors des conséquences extérieures dans le contexte politique et social, soit directeur du département révolutionner les choses. des études autochtones de l’Institut culturel Avataq. D’origine marocaine, spécialiste du monde arabe et de la spiritualité musulmane, il est aussi fondateur de l’Institut soufi de Montréal où il anime chaque semaine des ateliers portant sur l’enseignement et la pratique soufis. Une autre question concernait le sens de la compassion : Karim Ben Driss – La compassion, c’est la réalité vivante. Par compassion, il y a la lune, les marées, l’attirance entre les gens. La compassion fait partie des graines spirituelles que nous portons ensemble. Tous et toutes, nous portons le Souffle divin avec sa compassion. Laurence Freeman – La compassion, c’est se sentir en unité avec les gens qui souffrent. Si nous sommes ouverts en nous-mêmes, on va sentir cette force d’union. Ce n’est pas de la pitié où la personne souffrante « devient objet » en dehors de nous. Avec la compassion, on est dans l’expérience de l’autre. C’est aussi la capacité de sentir la joie avec les joyeux, pas juste la souffrance. sdf.info • 3 novembre 2010 • 7 Fêtons 5 ans La parole est à vous Des réactions de lecteurs et de lectrices nous sont parvenues et confortent l’équipe du journal dans son intention d’explorer des moyens d’interaction divers. par Michel-M. Campbell président de Sentiers de foi Dans le dernier numéro, pour célébrer notre cinquième anniversaire, j’annonçais une série d’expériences d’interaction entre le webzine Sentiersdefoi.info et les personnes qui le lisent. Voici que cinq d’entre vous se sont spontanément manifestés, la plupart (4 sur 5) pour souligner l’anniversaire : « Bravo pour ces 5 ans à toute l’équipe et longue vie à ce projet! » Et aussi pour commenter le journal ou sa dernière édition1 qui portait sur l’itinéraire d’André Patry : • « Un très bon numéro, qui approfondit encore plus la mission unique de Sentiersdefoi.info qui est de donner une visibilité à des initiatives de croyants et qui offre une réflexion courte, mais percutante, de ce dont elles sont porteuses... » • « Sentiersdefoi.info apporte toujours de belles trouvailles qui font réfléchir, entre autres le message du répondeur d’André Patry... » • « ... ma profonde gratitude à la suite de la lecture de la dernière édition du journal Sentiersdefoi.info. Je lis avec plaisir chacun des numéros, mais celui-ci, qui porte sur les humbles de notre société, m’a particulièrement interpellée. » Cette personne continue en se référant à des textes précis : « D’abord, l’article de David Fines... L’œuvre du père Jean en prison2 qu’il entrevoit d’ailleurs lui-même comme une véritable grâce, lui permet de rencontrer le Christ dans les yeux des autres. Ces autres qu’on méprise pour leurs actes, mais qui ne perdent jamais leur dignité, "car c’est une partie ontologique de l’humain". Tout cela est fort inspirant – et mon humble expérience auprès d’itinérants et des plus poqués le confirme. L’article de Michel M. Campbell m’a également interpellée, particulièrement lorsqu’il rappelle que pour le père Jean, Dieu est au fond du trou. Ici encore, je ne peux que témoigner de la justesse et de la force de cette parole : je n’ai jamais vu autant la grandeur du Christ que chez les humbles, dont l’abandon total à Dieu est nécessaire pour rebondir. Enfin, [...] j’abonde dans le sens de Marco Veilleux lorsqu’il nous dit que le succès de la canonisation du frère André n’est pas "que du folklore, si nous savons voir"... J’étais heureuse de voir plusieurs générations de divers horizons partager cette célébration... de voir tous ces gens exprimer leur reconnaissance collective à cet homme d’une profonde humilité. » • Une autre correspondante remercie pour les personnes homosexuelles Gérard Laverdure pour son article « La vigile du parc de l’Espoir ». • Enfin, une correspondante ajoute : « Y aurait-il une place dans un prochain numéro pour introduire notre première annonce du 35e anniversaire de la collective L’autre Parole?3 » Notons que ces commentaires, généraux ou particuliers – ceux-ci touchaient plusieurs chroniques du dernier numéro – confortent les membres de l’équipe dans une démarche inédite qui semble de plus 1. Vol. 6 no 3, 20 octobre 2010. en plus pertinente. Quant à la demande de publicité, elle amène à réfléchir sur notre offre de service. 2. Rappelons qu’en prison, on appelait souvent André Patry de son nom de religieux : le père Jean. 3. La fête aura lieu le 20 août 2011, de 13 h à 21 h 30, au 7400, boul. SaintLaurent, Montréal. Nous aurons l’occasion d’en reparler. Voilà qui lance bien une première expérience d’interaction. Continuez à nous écrire vos commentaires sur les différents articles ou numéros, voire à faire des suggestions. Pour notre part, nous en goûterons l’énergie et nous essaierons d’en tenir compte le plus possible. Nous chercherons aussi la meilleure façon de les partager avec l’ensemble de notre lectorat. Ce qui n’est pas toujours évident. Une des vertus de notre journal, si on en croit les échos, c’est la brièveté de ses articles, ce qui semble une caractéristique de la communication Internet. Une chronique – « La parole est à vous » – devrait donc être relativement courte. Comment faire alors? Le journal peut synthétiser les commentaires – comme aujourd’hui – ou encore explorer d’autres possibilités de la Toile comme présenter les articles dans un blogue ou peut-être utiliser les réseaux sociaux (comme Facebook). Prenez la parole. Écrivez-nous à : [email protected]. Expérimentons ensemble. sdf.info • 3 novembre 2010 • 8 Ressources Pour aller plus loin ou pour satisfaire votre curiosité [ Participer ] Nouvelle campagne de Développement et Paix L’eau ne devrait pas être embouteillée Développement et Paix constate que la vente d’eau embouteillée est en augmentation dans les pays du Sud. Et que les plus pauvres ont de la difficulté à se procurer cette ressource vitale. « Les entreprises d’eau embouteillée représentent une menace grandissante pour les sources d’eau des populations rurales dans les pays du Sud », déclare Claire Doran, directrice du Service de l’éducation de Développement et Paix. Elle donne en exemple la ville de Sukabumi, en Indonésie, où l’industrie de l’eau en bouteille accapare les terres où se trouvent les sources qui approvisionnaient les petits agriculteurs. « L’embouteillage et la vente de l’eau font que cette ressource est considérée de plus en plus comme une marchandise ou un bien privé accessible seulement à ceux et celles qui en ont les moyens », déplore-t-elle. Développement et Paix est l’organisme officiel de solidarité internationale de l’Église catholique au Canada et le membre canadien de Caritas Internationalis. Pour information, joindre François Gloutnay au 514 257-8711 ou au 514 257-8710, poste 318. www.devp.org [ Participer ] Carrefour de participation, ressourcement et formation Sessions et formations Vous avez besoin d’un moment de ressourcement, d’une pause dans la vie trépidante de votre organisation? Offrez-vous une session du CPRF! Nos sessions de formation sont conçues pour dynamiser la vie de votre organisme et s’adressent à toute personne travailleuse, membre ou administratrice, qui s’y implique. Nous privilégions les échanges en petits et grands groupes, l’interaction avec les participants et participantes (jeu, théâtre, atelier, etc.) et de brefs exposés de l’équipe d’animation comme méthode d’apprentissage. D’une durée d’une journée, les sessions du CPRF sont conçues pour répondre à vos besoins, et c’est pourquoi nous nous déplaçons partout au Québec. Les sessions offertes sont : « Marcher à contre-courant, une question de sens »; « D’hier à demain, changer le monde ». Le CPRF vous offre également six formations pour mieux comprendre les enjeux sociaux et politiques visant à éclairer l’analyse des membres et des intervenants et intervenantes : « Écologie et justice sociale »; « Des droits et des luttes »; « Le bien commun n’est pas d’intérêt privé »; « Le droit à la santé n’est pas une marchandise »; « Analyse sociale »; « Pour un monde de justice et d’égalité : choisir l’éducation populaire autonome ». ; Il n’est pas trop tôt pour réserver votre journée de formation pour les sessions d’hiver et du printemps 2011. Joignez alors Marie-Iris Légaré, répondante à la formation au 514 526-2673. www.cprf.biz [ Participer ] Écologie et justice sociale Session offerte par le CPRF Session offerte par le CPRF en collaboration avec le Centre SaintPierre au Centre même, situé au 1212, rue Panet, à Montréal, le mardi 23 novembre prochain, de 9 h à 16 h. Pour réserver votre place, joignez le Centre au 514 524-3561 ou visitez le site Web. Le coût proposé par le Centre Saint-Pierre est de 85 $ par personne, plus frais d’inscription de 20 $. www.centresaintpierre.org [ Lire ] Le chemin de la méditation de John Main « Dans cet ouvrage rédigé peu de temps avant sa mort, John Main reprend l’essentiel de son enseignement sur la méditation en 35 courts chapitres (189 pages) où sont abordés les multiples aspects de cette forme de prière : l’usage du mantra, le détachement des distractions, le dépassement des techniques de prière, l’initiation au silence, à l’immobilité, etc. John Main nous rappelle surtout que, pour lui, c’est une démarche d’une absolue simplicité qui ne requiert qu’une qualité : vouloir sérieusement apprendre à méditer. » Bellarmin, 2001 Prochaine parution du journal : 24 novembre 2010 Le journal Sentiersdefoi.info est une publication de Sentiers de foi, OSBL autonome et indépendant d’inspiration chrétienne fondé en 1984, qui a pour mission d’être un espace favorisant la connaissance, la reconnaissance et la collaboration des sentiers de foi au Québec, dans une perspective chrétienne inscrite dans le pluralisme actuel. ISSN 1715-8370 | 8 2010 Sentiers de foi | Tous droits réservés Ce journal, publié uniquement sur le Web, est de ce fait entièrement écologique. Imprimez-le et diffusez-le en pensant à l’environnement. 2005-2010 5 ans de marche dans les pas du vent de foi.info Sentiers www. Vol. 6 no 5 / 24 novembre 2010 Comité éditorial Rédacteur en chef Gérard Laverdure Secrétaire de rédaction Ghislain Bédard Représentant du C.A. Michel-M. Campbell Collaboration Yves Côté Jonathan Blais 8 Lucie Brousseau, 2010 : Une issue Journal Web bimensuel indépendant qui vise à faire connaître des parcours et des lieux où se vivent des expériences humaines et spirituelles novatrices. Itinéraire Dieu ne regarde pas comme les humains : il choisit selon le cœur. Voici le parcours de M. Yves Côté, un homme rejeté à cause de son orientation sexuelle que Dieu ramasse en chemin pour en faire un artisan de réconciliation. [ p. 2 ] par Gérard Laverdure Perspectives Conception graphique Ghislain Bédard Intériorité Pour nous joindre [email protected] Pour vous abonner www.sentiersdefoi.info Abonnement gratuit. ISSN 1715-8370 8 2010 Sentiers de foi Tous droits réservés De la priorité de la venue de Jésus Que font l’Église et ses ministres des Samaritaines de notre monde? Il en reste encore qui s’inspirent de l’audace et de la compassion de Jésus, et qui opèrent des renversements... [ p. 4 ] par Michel-M. Campbell Photographie Lucie Brousseau Ce journal Web existe uniquement grâce à votre générosité. Faites parvenir votre don à Sentiers de foi, 97, rue de l’Aqueduc Repentigny (Qc) J6A 4E2. Un reçu de charité sera émis. « Je ferai de toi un ami précieux dans ma maison » La p’tite fleur mauve « Aussitôt arrivé à la campagne, mon premier souci est d’arroser mes fleurs, mon jardin. Enfin, tout ce que j’ai semé et que je me plais à voir pousser sur mon terrain. Arrivé devant la jardinière, c’est l’étonnement! » [ p. 5 ] Un texte d’Yves Côté Actualités L’option préférentielle pour les pauvres ou le marché? Développement et Paix s’inquiète des effets du virage conservateur politique et religieux sur les organismes canadiens de justice sociale et de défense des droits humains. [ p. 6 ] par Jonathan Blais Ressources Pour aller plus loin ou pour satisfaire votre curiosité Des activités diverses et des ressources pertinentes. [ p. 7 ] sdf.info • 24 novembre 2010 • 2 Itinéraire « Je ferai de toi un ami précieux dans ma maison » Dieu ne regarde pas comme les humains : il choisit selon le cœur. Voici le parcours étonnant de M. Yves Côté, un homme rejeté à cause de son orientation sexuelle que Dieu ramasse en chemin pour en faire un artisan de réconciliation. par Gérard Laverdure sdf.info C’est quand on entend son rire contagieux qu’on sait qu’il est dans les parages à la paroisse SaintPierre-Apôtre. Un rire franc et direct comme sa parole, comme l’homme de chaleur humaine et de foi qu’il est. Sa formation, il l’a prise dans la vie, soit directement dans ses amours, dans la rue ou comme serveur dans les grands restaurants. Puis, dans ses lectures et ses nombreuses rencontres pastorales et oblates. Il sait donc repérer les besoins des gens et les écouter attentivement. Il y a 15 ans cette année qu’Yves Côté est fidèle au poste de pastorale sociale depuis qu’un oblat audacieux, Claude St-Laurent, lui a fait confiance en l’appelant comme Jésus faisait : « J’ai besoin de toi! Veux-tu travailler avec moi? » Yves de rétorquer : « Es-tu fou? As-tu bien entendu toute mon histoire? – Je ne suis pas fou, de répondre le père Claude, tu ne pourras jamais juger personne, car tu l’auras vécu toi-même. » Et du vécu, Yves en avait en effet beaucoup... Retraçons donc ce long sentier de vie. Il est né à la maison, en novembre 1952, dans le lit de ses parents, dans un bled perdu, en pleine tempête de neige. Parce qu’il avait les oreilles très décollées, il a été le souffre-douleur de ses frères et sœurs et de ses camarades d’école. Il y avait peut-être une autre raison à ces mauvais traitements. En effet, Yves affirme : « J’ai toujours su, depuis l’âge de 10 ans, hors de tout doute, que j’étais "fifi" et un de mes frères, très homophobe, s’en doutait. Ce fut mon secret jusqu’à 14 ans. » Ses parents le savaient et, bien que très catholiques, ils l’ont respecté sans jamais poser de questions. Mais son père lui confiait les tâches les plus dures en lui disant chaque fois : « Je vais réussir à faire un homme de toi! » Pour Yves, son père agissait selon la mentalité de l’époque qui voulait que l’homosexualité soit un « choix vicieux ». « J’aurais bien aimé suivre le troupeau, être comme la majorité. Qui choisirait volontairement de se faire rejeter? », de confier Yves. Trois semaines avant la mort de son père, Yves est allé le voir à l’hôpital pour lui dire qu’il l’aimait et lui demander de laisser sa part d’héritage et les meubles de la maison paternelle à son frère plus jeune qui en avait grand besoin. Voilà son cœur. Tout le petit héritage est donc allé au plus jeune et Yves s’est alors mis à dos le reste de la famille qui, pourtant, n’en avait pas besoin. Au tournant de ses 14 ans, Yves va confier son secret au vicaire de sa paroisse, qui trouve en lui une proie facile. Yves refuse ses avances et va en avertir le curé. Ce dernier lui répond : « Je n’ai rien entendu. Je te donne l’absolution et je prie pour que tu guérisses de ta maladie. » Yves est assommé : « J’étais donc pécheur et malade! Je me suis juré alors que je ne retournerais jamais plus dans une église. » Mais sa grande foi restait intacte : « J’ai toujours su que j’étais habité par une foi inébranlable. C’est à cause de cette foi que j’ai passé à travers plein d’épreuves. Et ce qui m’a le plus manqué pendant ces trente années de distance, c’est de partager avec des gens qui ont la même foi que moi. » Un soir d’été 1995 dans le Village gai, il était dans un restaurant sur la rue Ste-Catherine avec deux copains à qui il confiait que cela lui manquait de pratiquer sa foi en Église. Ils ont ri de lui. En sortant de là, il entend des cloches sonner, celles de l’église Saint-Pierre-Apôtre. Il s’y rend aussitôt en se disant : « L’Esprit nous guide là où on doit aller. » Il est accueilli à l’entrée par Claude StLaurent, o.m.i., qui lui dit : « Bienvenue! J’ai décidé d’ouvrir l’église à toute personne, peu importe son orientation sexuelle. » Yves a pleuré pendant toute la messe sans trop savoir pourquoi. Il demande alors au curé de le rencontrer. Il passera la soirée, de 7 h à minuit, à lui raconter sa vie : beaucoup de plaisirs, de drogue et de prostitution, mais aussi des grands bouts de bonheur avec trois compagnons de vie dont un pendant 19 ans. C’est là qu’il passera de serveur de table à serveur, à l’auberge Église, de ses sœurs et frères blessés en chemin et qu’il marchera avec eux en toute solidarité. Il n’est pas étonnant qu’il aide à se réconcilier tous ceux et celles qui ont été blessés et ne veulent plus rien savoir de l’Église. Il leur dira : « Ce n’est pas l’Église ou la religion qui t’a blessé, mais des hommes d’Église. » Combien de jeunes vont-ils le voir avec la certitude d’être compris et accueillis Lire la suite, page 3 sdf.info • 24 novembre 2010 • 3 Itinéraire (suite) comme par un père aimant; des jeunes parfois réduits à la prostitution et à la drogue pour survivre parce que rejetés par leurs parents et la famille à cause de leur homosexualité? S’il n’a jamais douté de l’importance de sa « mission » de guérison-réconciliation, il a eu toute une confirmation en avril 2000. Pas d’apparition céleste... mais la mauvaise nouvelle qu’il avait un cancer avancé du système lympathique : un lymphome de type T. Dans son style d’humour, il demande à l’oncologue : « T comme t’es mort ou presque mort? » Réponse : « Ce cancer ne se guérit pas et il est pris trop tard dans votre cas. » Oups! Il est suivi par une femme médecin qui est un ange pour lui et qui, en plus, est une grande croyante. Le curé St-Laurent demande à la communauté de prier pour lui. Un participant à la messe vient lui porter, un peu craintif de sa réaction, un bénitier et deux bouteilles d’huile de saint Joseph. Yves, très touché, lui répond : « Ma mère a tout guéri avec ça! » Ayant des nodules durs sur tout le corps, il s’en mettra partout en disant à Dieu : « Seigneur! Tu viens me chercher quand t’es prêt, mais épargne-moi la douleur. Et le lendemain, je n’avais plus rien sur le corps. Rien. » L’intérieur, les voies respiratoires, est guéri de la même façon la nuit suivante. Il va voir son oncologue qui lui passe tous les tests pour être bien sûre. Complètement guéri. Plus rien. Viens alors la grande question : « Pourquoi moi? », demandera Yves. Le bon père Félix Vallée, o.m.i., lui dira plus tard : « Tu as été choisi. Reste à l’écoute pour savoir pourquoi. Et si c’était parce qu’Il a besoin de toi, de ton témoignage de foi pour tes frères et sœurs homosexuels! » C’est d’ailleurs ce qu’Yves fait très bien à longueur de journée, à la paroisse, dans le quartier, aux rencontres de pastorale, en conférence à l’université Saint-Paul, au Grand Séminaire de Montréal, en interview à Radio-Canada, à Bons baisers de France, ou avec Patrick Lagacé de La Presse, devenu son ami. Toujours aussi convaincu de l’Amour inconditionnel de Dieu pour toutes ses créatures, dans la joie et la simplicité du cœur. LA PAROLE EST À VOUS N’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires à propos des différents articles ou sujets abordés. Pour ce faire, vous pouvez nous écrire un court message à : [email protected]. Nous sommes vivement intéressés à connaître vos opinions et vos suggestions et nous vous en donnerons quelques échos à l’occasion. Merci beaucoup! sdf.info • 24 novembre 2010 • 4 Perspectives De la priorité de la venue de Jésus Que font l’Église et ses ministres des Samaritaines de notre monde? Il en reste encore qui s’inspirent de l’audace et de la compassion de Jésus, et qui opèrent des renversements... par Michel-M. Campbell sdf.info Il n’est pas dans le mandat de Sentiersdefoi.info de canoniser les gens ou de reconnaître la validité d’un miracle. À d’autres qui en ont le charisme – ou ce qui est plus dangereux, le goût – de juger, en vertu de la Loi, un discours qui ne tient pas nécessairement compte de la complexité des parcours de vie. Notre journal Web cherche plutôt à saisir la foi dans ses expressions inédites, minoritaires, voire marginales. En sentier, tout n’est pas clair. La marche est souvent confuse, douloureuse, solitaire. Il n’est pourtant pas dit que le Vent ne peut pas y souffler la compassion révélée par Jésus le Sauveur. L’expérience de M. Yves Coté s’avère riche à cet égard. Tout jeune adolescent, Yves connaît le poids de la différence. Certes, ses parents qui s’en aperçoivent le respectent, même si son père ne peut résister à lui mettre une pression. Sa stratégie pour en faire un homme s’avère limitée. Reste qu’Yves perçoit l’affection parentale. C’est peut-être cette expérience d’accueil qui lui permet d’aller vers d’autres figures d’autorité. Par définition, les gens d’Église ont des charismes qui manquent à son père. Mal lui en prend. La réalité se révèle plus complexe que les définitions. Yves doit se défendre contre l’agression sexuelle du vicaire. Son recours au curé empire la situation. Réaction de panique : une certaine solidarité cléricale, qui dure jusqu’à aujourd’hui1, l’empêche de reconnaître le désarroi de l’adolescent. Confusion des genres : la théologie fort peu pratique du curé lui permet de pardonner sans plus de dialogue et, du même coup, de se poser en spécialiste (médecin ou psychologue). Il déclare Yves atteint d’une grave maladie2. Comment peut-on pardonner une maladie? Ce genre d’attitude renvoie Yves à la solitude. On comprendra qu’il évite désormais les voies de l’Église. Commencent alors les cheminements tortueux que connaissent tant de gens aujourd’hui, et ce, indépendamment de leur orientation sexuelle : essais de vie de couple non concluants, promiscuité, drogue, etc. Malgré la tourmente, Yves garde la foi. Ce qui lui vaut une autre part de solitude. Par exemple, lorsque ses amis éclatent de rire quand il leur confie que la pratique de sa foi religieuse lui manque. Plus tard, la sonnerie des cloches l’amène à entrer dans l’église Saint-Pierre-Apôtre, une des rarissimes églises de Montréal dont les portes restent ouvertes toute la journée. Le curé qui l’accueille personnellement lui explique qu’ici les personnes sont bienvenues, quelle que soit leur orientation sexuelle. Yves pleure durant toute l’Eucharistie et, ensuite, il raconte sa vie au curé. La longue soirée se termine par une offre d’engagement en pastorale. La conclusion de cet entretien apparaît comme quelque chose de merveilleux, de presque miraculeux. Yves lui même, comme ceux à qui il raconte la chose, ne s’y attendent pas. La logique de sa démarche devait ouvrir sur une conversion, une confession, la promesse d’un conformisme moral. Mais, dans ce récit, le pasteur semble avoir une autre priorité. Ce n’est pas le fonctionnaire qui vérifie si son visà-vis est en règle avec le modèle institutionnel; ce qui importe, c’est le drame de souffrance et de 1. Certains évêques se réconciliation qui se joue chez Yves et l’intuition que, fort d’une telle expérience, celui-ci pourra en demandent maintenant aider d’autres qui connaissent l’aridité de son genre de cheminement. si elle ne résulte pas d’une certaine ecclésiologie courante dans l’Institution. 2. Notons qu’encore aujourd’hui, les journaux nous rapportent régulièrement les propos d’éminents cardinaux qui vont dans le même sens. Cette rencontre fait penser à celle de Jésus et de la Samaritaine3. D’abord, même sentiment d’infériorité identitaire, car, selon les lieux communs, elle ne prie pas au bon endroit et ne mène pas une vie régulière; et Yves, lui, se trouve exclu de la communion. Puis, une rencontre renversante : celle de religieux qui reconnaissent chez elle comme chez lui une soif qui s’enracine dans une expérience difficile. Même réponse d’engagement dans l’action; sauf que c’est sans attendre de mandat que la Samaritaine court annoncer que le Messie est peut-être là. Renversement des apôtres : Jésus s’entretient avec une femme! C’est le monde à l’envers, et ça ne s’arrête pas là. Quand ils l’incitent à manger, Jésus refuse. Il s’est déjà nourri, dit-il, en faisant la 3. Jean 4, 1-43. volonté de qui l’a envoyé. Paradoxales priorités du Sauveur : l’adoration n’est pas affaire de lieu, 4. Marc 2, 17. mais d’esprit et de vérité; puis, il n’est « pas venu appeler les justes, mais les réprouvés4 ». sdf.info • 24 novembre 2010 • 5 Intériorité La p’tite fleur C et été, un ami m’offrait une jardinière à suspendre sous la pergola. Toute garnie de belles petites fleurs jaunes. En arrivant à la maison, je m’empresse de la faire voir à mon copain. « Tiens, je fais partie de ta jardinière! », me dit-il. Devant mon étonnement, me faisant voir une toute petite fleur mauve dissimulée sous le feuillage, il me dit : « J’ai tellement été longtemps la p’tite fleur mauve dans la corbeille jaune. » Petite phrase anodine, mais qui en dit tellement long. J’allais l’arracher, mais tout mon être me l’interdisait. Je me suis revu enfant, tentant de me dissimuler dans la foule. Je me suis aussi revu demandant une fille en mariage, espérant ainsi cacher mon identité, sachant très bien que je ne pourrais jamais la rendre heureuse. Juste pour être comme tout le monde. Presque toute ma vie, j’ai été moi aussi la petite fleur mauve dans cette grande jardinière qu’est la terre. J’ai, moi aussi, espéré ne pas être découvert, afin que l’on me laisse vivre. La semaine suivante, aussitôt arrivé à la campagne, comme d’habitude, mon premier souci est d’arroser mes fleurs, mon jardin. Enfin, tout ce que j’ai semé et que je me plais à voir pousser sur mon terrain. Arrivé devant la jardinière, c’est l’étonnement! Il y a une centaine de fleurs mauves! Il y en a partout. Toutes dissimulées à travers les jaunes. Et voilà la jardinière encore plus belle. Je me revois, l’arrosoir à la main, les yeux béants d’admiration et la bouche grande ouverte. En acceptant de laisser vivre cette petite fleur mauve, j’ai permis à toutes les autres d’éclore. Encore mieux, j’ai agrémenté ce qui s’offrait à ma vue. J’ai été à même de constater que la différence est encore plus belle que la monotonie d’une seule et même couleur. C’est la vie dans ce qu’elle nous offre de plus beau. Et en poussant ma réflexion, me revoyant adolescent tentant de me fondre dans la foule, je me suis trouvé laid. En effet, je ne vivais pas, je me contentais de survivre. Alors qu’en acceptant que la p’tite fleur mauve que j’étais ait elle aussi le droit de fleurir, je me suis soudainement mis à vivre. Je me suis épanoui. Puis, j’ai regardé le monde qui m’entoure. Et j’ai vu non seulement des fleurs jaunes et mauves, mais des fleurs de toutes les couleurs. Aucune ne se ressemble. Même chez les fleurs de la même espèce. Chacune a une forme différente, chacune a une couleur qui lui est propre. Ça, c’est Dieu qui, dans son infinie bonté, l’a voulu, comme Il a voulu que chacun et chacune de nous ait son identité et sa propre couleur. Tant et aussi longtemps que je vivrai, je refuserai désormais de me fondre dans la foule. Bien au contraire, mauve comme je le fais avec les fleurs qui ornent mon jardin, je cultiverai mon jardin intérieur jusqu’à ce que tout ce qui demande de vivre puisse le faire. J’essaie autant que faire se peut d’enlever les orties et d’arracher les mauvaises herbes, afin de laisser la place à tout ce qui pourrait y fleurir de plus beau. Mais ça, ça prend plus qu’une saison. Mon jardin, je commence à le préparer dès l’automne, en prélevant les graines de mes plus belles fleurs, que je mets à sécher durant l’hiver, les préservant du froid et de l’humidité afin que, lorsque le printemps revient, je sois en mesure de les mettre en terre. Bien sûr, il y a les vivaces, celles qui reviennent d’année en année : les plus belles. Elles sont ce que j’ai de plus merveilleux dans mon jardin. C’est l’essence de ma vie. C’est ce qui fait que mon jardin ne ressemble pas à celui de mon voisin. Tout comme ma cour arrière d’ailleurs. Mais ça, c’est parce que j’ai écouté Louis, mon copain. Alors que je m’apprêtais à vouloir mettre droit ce qui est tout croche sur mon terrain, il m’a demandé pourquoi je tenais tellement à faire comme tout le monde. « Vois comme c’est beau! », m’a-t-il dit. C’est justement parce que tout est croche chez nous que c’est beau. Et encore là, j’ai du me rendre à l’évidence. Mon passé me suit. Il y a encore un peu du caméléon en moi. Je me suis donc contenté de suspendre des lanternes ça et là dans les arbres, ce qui fait que, même dans l’obscurité, ma différence est devenue visible. Alors que, partout, il y a de beaux lampadaires électriques, chez nous, de simples bougies suspendues sous les arbres. Je suis un être à part entière. Pourquoi? Parce que j’ai enfin accepté que je sois différent, comme chacun et chacune d’entre vous. J’ai enfin reconnu qu’une corbeille de fleurs n’est belle à mes yeux que lorsqu’elle est remplie de plusieurs espèces différentes. Différentes oui, mais chacune porte le même nom. Fleur. Seules les espèces sont différentes. Tout comme nous d’ailleurs. Tous et toutes, nous sommes humains, mais tous et toutes nous avons ce petit quelque chose qui fait de nous des êtres différents. Mais il suffit de tourner la tête de chaque côté de nous pour nous rendre compte que nous formons la plus belle jardinière que Dieu a créée. Ive Actualités sdf.info • 24 novembre 2010 • 6 L’option préférentielle pour les pauvres ou le marché? Développement et Paix s’inquiète des effets du virage conservateur politique et religieux sur les organismes canadiens de justice sociale et de défense des droits humains. par Jonathan Blais collaboration spéciale Jonathan Blais est agent de pastorale sociale au diocèse de Montréal (quartier Petite-Patrie), membre du conseil diocésain de Développement et Paix et étudiant à la maîtrise en politique et droit international à l’UQÀM. Les membres de Développement et Paix du diocèse de Montréal, engagés dans les enjeux de justice sociale et de coopération internationale, ont tenu, le 23 octobre dernier, une journée de réflexion sur leur mouvement, ses options, le contexte ecclésial et sociétal actuel et les défis posés. Depuis quelque temps, certains gestes et certaines prises de positions du gouvernement Harper ont vivement interpellé non seulement les membres de Développement et Paix mais également un grand nombre de personnes œuvrant dans le domaine de la coopération internationale. Ainsi, les décisions du gouvernement conservateur de couper les subventions d’ONG telles que Kairos et Alternatives ainsi que d’effectuer des changements d’orientation au sein de l’Agence canadienne de développement international (ACDI) font en sorte que les enjeux de justice sociale et de droits de la personne ne sont plus prioritaires. À cela s’ajoutent les attaques virulentes qu’a subies Développement et Paix par un certain courant ecclésial proche des conservateurs, minoritaire, mais qui a su se faire très présent dans la dernière année. La première partie de la matinée portait sur l’option préférentielle pour les pauvres et s’ouvrait par une présentation de Gregory Baum, expert au concile Vatican II. Ce dernier a notamment fait référence au courant prophétique qui animait cette période qui a également vu naître Développement et Paix (1965). Mentionnant qu’aujourd’hui l’Église est davantage dans un courant sacerdotal, il a souligné que les évêques, lors du Concile, ont entériné l’option préférentielle pour les pauvres et qu’il importe de le rappeler. Par la suite, M. Baum a précisé deux exigences de cette option : être capable de regarder avec les yeux des exclus et être des veilleurs et veilleuses en luttant avec détermination pour plus de justice. Rappelant que le mot préférentiel est ici entendu comme étant « en solidarité avec toute la société, mais d’abord avec les exclus », M. Baum a ajouté que cette option demande donc de se questionner continuellement pour savoir qui sont les pauvres de nos sociétés, les exclus, les marginalisés? L’option préférentielle pour les pauvres est également une option politique qui questionne le système en place, soit les structures qui engendrent les inégalités. Ensuite, Paul Cliche, expert de l’organisme sur les questions de développement touchant l’Amérique latine, a dressé un portrait de la pauvreté en nous rappelant qu’elle est massive, complexe, relative et inhérente au système économique. Soulignant la nécessité primordiale de penser et de mettre en place des mécanismes de redistribution de la richesse, il a rappelé que les principales structures néolibérales de réduction de la pauvreté n’ont toujours pas répondu à leurs promesses. Au contraire, la situation actuelle concernant cette lutte s’est dégradée. Alors qu’il n’y a pas si longtemps, il était question d’éradiquer la pauvreté, il est maintenant davantage question de réduire la pauvreté de 50 %, et ce, en se concentrant sur une partie de la population : les personnes vivant avec moins de un dollar par jour. D’après M. Cliche, dans tous les programmes mis en place, il n’est jamais question des racines qui causent la pauvreté, si bien que les solutions envisagées partagent le même visage que les mesures qui ont causé la pauvreté, soit les lois du marché. Tout est centré sur le marché qui est vu comme un dogme de base non discutable. Voilà bien le cœur du problème! Et pourtant, les chiffres de la crise financière frappent l’imaginaire : 1 800 milliards de dollars ont été mobilisés pour sauver le système financier alors qu’une somme de 90 milliards est dirigée vers l’aide au développement. De plus, cette aide prend souvent la forme de prêts, et « il 1. Brian Tomlinson, existe des preuves indiquant que l’aide continue d’être utilisée comme instrument pour favoriser les « L’agence canadienne politiques stratégiques des donateurs reliées à leurs intérêts en matière de mondialisation1. » de développement Développement et Paix www.devp.org international : bilan et perspective » dans L’aide canadienne au développement, 2008, p. 75. Finalement, la question des acteurs de changement a été abordée. Prenant exemple sur les luttes autochtones qui ont eu lieu au Pérou, M. Cliche a souligné que la réintégration du concept de sujet dans l’Histoire est une révolution dans les sciences humaines. Considérer les pauvres et les exclus comme étant acteurs de changement, et non plus seulement bénéficiaires dans une position de 2. Citation de subordination à un système, est un changement majeur. « Personne ne libère autrui, personne ne Paolo Freire. se libère seul, les hommes et les femmes se libèrent ensemble2. » sdf.info • 24 novembre 2010 • 7 Ressources Pour aller plus loin ou pour satisfaire votre curiosité [ Participer ] Noël et les inégalités à l’année Mettre tête et cœur ensemble pour que ça change [ Participer ] Y a-t-il une éthique chrétienne? Centre culturel chrétien de Montréal [ Participer ] Prière des veilleurs de l’ACAT 62e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme Dans la foulée de son dossier « Vivre à crédit » paru dans le numéro 745 (Décembre 2010), Relations s’associe au Centre Victor-Lelièvre dans le cadre de l’activité « Cartes blanches aux reBelles ». Mme Vivian Labrie nous invitera à nous demander ce que nous pouvons faire au fil des jours, et non seulement à l’approche de Noël, pour faire preuve de solidarité et combattre les inégalités. « Pas besoin de croire en Jésus-Christ pour être charitable! La nature humaine est fondamentalement bonne! C’est là une idée à la mode. Qu’en est-il vraiment? Le fait d’être chrétien exiget-il un comportement particulier? Qu’est-ce que cela signifie au quotidien? Trois personnes, trois chrétiens engagés, abordent cette question par un témoignage personnel : Denise Couture, théologienne féministe, Robert Dutton, homme d’affaires bien connu et pdg de la firme Rona, et Michel Rioux, syndicaliste et journaliste à Radio Ville-Marie. » Soirée de prière et de réflexion de l’Action des chrétiens et chrétiennes pour l’abolition de la torture (ACAT) le vendredi 10 décembre à 19 h 30 en l’église Notre-Dame-des-Neiges, au 5366, chemin Côte-des-Neiges (métro Côte-des-Neiges), à Montréal. Pour information, joindre l’ACAT au 514 890-6169. www.acatcanada.org Ce soirée aura lieu le jeudi 25 novembre 2010 à 19 h 30 au Centre Victor-Lelièvre, 475, boul. PèreLelièvre, à Québec. Contribution suggérée : 5 $. Réservations : 418 6832371, poste 221. Pour information : 514 387-2541, poste 241. www.cjf.qc.ca Vous aimez lire le journal? Alors, faites-le connaître à vos parents, collègues et amis. Et invitez-les à s’abonner en allant directement sur notre site Web. Merci. La soirée aura lieu le jeudi 25 novembre à 19 h 30 en l’église des Dominicains, 2715, chemin de la Côte-Sainte-Catherine. Pour information, joindre Guy Lapointe au 514 739-1665. http://centreculturel chretiendemontreal.org [ Voir ] Spéciale câlins « Pour un moment, nos vies se rencontrent, nos âmes se touchent. » « Oui, des câlins gratuits sur une magnifique chanson de Leonard Cohen. Une façon d’humaniser son environnement. Quoi de mieux pour finir une dure semaine de travail? » Gracieuseté d’une lectrice membre de notre CA, Louise Deschamps. Visitez ce lien : http://www.youtube.com/ watch_popup?v=hN8CKwdosjE ou cherchez « Free Hugs in Sondrio, Italy » sur YouTube.com Prochaine parution du journal : 15 décembre 2010 Le journal Sentiersdefoi.info est une publication de Sentiers de foi, OSBL autonome et indépendant d’inspiration chrétienne fondé en 1984, qui a pour mission d’être un espace favorisant la connaissance, la reconnaissance et la collaboration des sentiers de foi au Québec, dans une perspective chrétienne inscrite dans le pluralisme actuel. ISSN 1715-8370 | 8 2010 Sentiers de foi | Tous droits réservés Ce journal, publié uniquement sur le Web, est de ce fait entièrement écologique. Imprimez-le et diffusez-le en pensant à l’environnement. 2005-2010 5 ans de marche dans les pas du vent de foi.info Sentiers www. Vol. 6 no 6 / 15 décembre 2010 8 Lucie Brousseau, 2010 : Sensations Journal Web bimensuel indépendant qui vise à faire connaître des parcours et des lieux où se vivent des expériences humaines et spirituelles novatrices. Comité éditorial Rédacteur en chef Gérard Laverdure Secrétaire de rédaction Ghislain Bédard Représentant du C.A. Michel-M. Campbell Itinéraire Collaboration Marie-Hélène Carette Perspectives Depuis 30 ans, Sr Blanche Dionne fait œuvre de pionnière en enseignant une technique simple pour nous aider à arrêter la roue folle des pensées et à réapprendre « à vivre tel que la nature nous a bâtis ». [ p. 2 ] par Ghislain Bédard Conception graphique Ghislain Bédard Intériorité Notes et pensées du Dr Vittoz Voici quelques citations de ce médecin suisse, glanées ici et là dans ses notes et pensées, publiées dans le livre Angoisse ou contrôle. Une occasion de saisir un peu mieux l’essence de cette technique porteuse d’équilibre. [ p. 6 ] Présenté par Sr Blanche Dionne Pour nous joindre [email protected] Pour vous abonner www.sentiersdefoi.info Abonnement gratuit. ISSN 1715-8370 8 2010 Sentiers de foi Tous droits réservés L’instant présent, lieu de guérison et de présence réelle L’approche mise en œuvre par Roger Vittoz, en Suisse, il y a plus d’un siècle, ne nous ouvre-t-elle pas plusieurs perspectives pour aller de l’avant dans notre propre expérience de réceptivité et d’ouverture à l’instant présent? [ p. 4 ] par Marie-Hélène Carette Photographie Lucie Brousseau Ce journal Web existe uniquement grâce à votre générosité. Faites parvenir votre don à Sentiers de foi, 97, rue de l’Aqueduc Repentigny (Qc) J6A 4E2. Un reçu de charité sera émis. La technique Vittoz : apprendre à vivre et à penser Actualités Noël sur de nouveaux sentiers Au lieu de sauter par-dessus Noël, pourquoi ne pas en profiter pour dire notre affection, notre reconnaissance dans notre entourage et stimuler l’espérance en signalant les signes des temps du règne de Dieu à l’œuvre? [ p. 7 ] par Gérard Laverdure Fêtons 5 ans Le journal Web Sentiersdefoi.info passe à l’ère Facebook Une tout autre dimension s’ouvre à nous, à la veille d’une nouvelle année. Une ère nouvelle, pleine de défis... Espérons qu’elle sera porteuse des plus belles initiatives et des plus beaux échanges. [ p. 8 ] par Michel-M. Campbell et Ghislain Bédard sdf.info • 15 décembre 2010 • 2 Itinéraire La technique Vittoz : apprendre à vivre et à penser Depuis 30 ans, Sr Blanche Dionne fait œuvre de pionnière en enseignant une technique simple pour nous aider à arrêter la roue folle des pensées et à réapprendre « à vivre tel que la nature nous a bâtis ». par Ghislain Bédard sdf.info Au moment où vous lisez ces lignes, votre esprit est-il distrait? Vogue-t-il sans arrêt parmi les nombreuses préoccupations qui vous assaillent? Ou alors êtes-vous totalement présent à ce que vous faites et bien connecté à votre respiration? Dans le premier cas, vous souffrez probablement d’une maladie bien répandue aujourd’hui : le vagabondage mental! Mais ne vous en faites pas, ce mal moderne atteint la majorité des gens de nos sociétés grouillantes d'activités... Pour remédier à ce problème, sœur Blanche Dionne1 est la femme qu’il vous faut! Cette femme dynamique, solide sur pieds, bien ancrée dans le réel, l’esprit des plus alertes pour ses 85 ans bien sonnés, se dévoue depuis 30 ans à la transmission de la technique Vittoz, une méthode simple, 514 381-1867 naturelle, de « rééducation du contrôle cérébral » développée par un médecin lausannais, le Dr Roger Vittoz (1863-1925) à la suite de ses observations du fonctionnement du cerveau. Une technique qui mériterait d’être mieux connue, compte tenu du stress et de l’anxiété qui accaparent de plus en plus nos esprits agités. « Le cerveau a besoin de sa nourriture, affirme Sr Dionne, et la nourriture du cerveau, c’est la sensation. C’est la sensation qui doit toujours être première au cerveau et qui équilibre la pensée. L’hémisphère droit reçoit les sensations, l’hémisphère gauche émet des pensées. Le Vittoz, c’est la rééducation du contrôle cérébral par la réceptivité de la sensation. » Sr Blanche Dionne 665, boul. Gouin Est Montréal (Québec) Sœur Dionne était à une session de formation pour les animateurs du PRH2, au début des années 1970, quand elle a découvert cette technique. M. André Rochais, l’animateur, a alors proposé au groupe de faire un exercice Vittoz. « Il a dit : "Vous allez aller dans la nature puis essayer autant que possible de rendre tous vos sens réceptifs. Nourrissez votre cerveau de sensations, ne laissez pas votre pensée tourner en rond. Ne pensez pas à la beauté de la fleur, mais voyez-la simplement. Votre œil reçoit, le cerveau accueille la sensation." » Sr Dionne s’en rappelle comme si c’était hier : « J’ai vraiment obéi à ce qu’il nous a dit de faire et l’ai fait avec goût. Après, quand je suis rentrée, mes idées étaient claires, je me sentais tellement bien. J’ai saisi qu’il y avait quelque chose là. Après la session. j’ai continué à l’appliquer pour moi-même, en m’amusant. Je ne pensais pas une 1. Sr Blanche Dionne est seconde à le transmettre. » Quelques années plus tard, par hasard, elle rencontrera le Dr Paul une religieuse de la Chauchard3, un enseignant reconnu du Vittoz, qui la convaincra de le faire... Congrégation NotreDame du Bon-Conseil de Montréal. 2. Organisme de formation et de recherche Personnalité et Relations humaines. 3. Le Dr Paul Chauchard (1912-2003) était un éminent médecin, chercheur, philosophe et enseignant français. Il est l’auteur de plus de 80 livres. Il a été un praticien du Vittoz reconnu. Il a d’ailleurs écrit avec sa femme Jacqueline un guide pratique intitulé Apprendre à vivre et à penser, qui est encore un document de référence important pour l’enseignement de la technique Vittoz. Ainsi, au début des années 1980, Sr Dionne clôt son dossier d’animatrice PRH et commence son vrai travail de pionnière en enseignant la technique Vittoz, inconnue alors au Québec. Elle offre des rencontres individuelles, mais se concentre surtout sur les rencontres de groupe, qu’elle donne plusieurs fois par semaine. Progressivement, les participantes et participants « réapprennent à bien vivre et à bien penser » en reprenant contact avec leur corps. « La première chose à faire est de les amener à prendre conscience de leur respiration. J’ai été souvent surprise de voir que la plupart des personnes n’ont pas une respiration ventrale, mais une respiration rapide et haute. Je les invite alors à observer leur respiration et à prendre conscience de ce qu’ils sont en train de vivre. Bien souvent alors, les questions se mettent à surgir! Ainsi, ils voient que l’hémisphère gauche tourne en rond sur lui-même. Le cerveau, en premier, doit recevoir la sensation. Bien sentir pour mieux penser. Alors, si la pensée s’agite, chose certaine, on ne comprendra pas grand-chose à la soirée qu’on va vivre. Ensuite, je les invite à se lever, à prendre conscience de leur état. Se sentent-ils bien campés sur leurs pieds ou est-ce encore leur tête qui s’emballe? Alors, tout doucement, je les amène à rétablir contact avec leur corps. Ensuite, à rendre leurs sens réceptifs. Prendre le temps de goûter, de sentir, de voir, d’entendre, de toucher. Si tu respires mal au départ, tu ne réussiras aucun des exercices. » Des exercices aussi simples que sentir la fraîcheur du verre d’eau dans sa main, les aspérités d’une roche, l’odeur d’un fruit ou goûter un bonbon ou sentir ses fesses sur la chaise, etc. Sr Dionne a d’ailleurs tout un assortiment d’outils pour faire faire les exercices : des balles dures et molles, des roches froides ou rugueuses, des objets colorés, de petits tableaux noirs et des craies. Des exercices qui mènent de plus en plus vers un état physique et mental sain et équilibré. Au fil Lire la suite, page 3 Itinéraire (suite) sdf.info • 15 décembre 2010 • 3 des dix rencontres prévues, « on prend d’abord le temps de se concentrer, sans forcer, sur les sensations. Ensuite, on va plus loin, en se concentrant sur une pensée ou une idée à la fois. Ça Vittoz IRDC peut être des chiffres, des graphiques. Ensuite, on s’amuse par des exercices concrets à éliminer www.vittoz-irdc.net ces images. On les écrit sur le tableau, ensuite on efface tout. Puis, on refait l’exercice mentalement. Concentration, puis élimination. Ce qui nous amène, avec la pratique, à sortir de sa tête des idées qui risquent de nous la faire perdre. (Rires) C’est important que le cerveau en soit capable; il y a des personnes qui brassent toujours la même idée... Association Roger Vittoz www.therapie-vittoz.org 4. Si vous avez le goût de vous y mettre, Sr Dionne vous propose ces petits devoirs quotidiens tout simples que chacun peut pratiquer pour soi pour commencer, devoirs qu’elle donne bien sûr aux participants de la session sur la technique Vittoz : au sortir du lit, bien sentir ses pieds sur le sol; chaque matin au lever, s’étirer en sentant bien tout son tonus musculaire; marcher 30 minutes par jour en étant attentif à toutes les sensations de son corps (pas en remuant les idées dans sa tête); bâiller quand l’envie nous en prend pour bien installer la détente en nous; s’arrêter une ou deux minutes deux ou trois fois par jour pour observer sa respiration et l’approfondir, etc. « Ensuite, on pratique l’acte volontaire, en faisant des actes aussi simples que choisir de prendre un objet entre deux. L’important, c’est d’avoir une idée claire : qu’est-ce que je veux? Ensuite, d’être lucide : est-ce possible? Enfin, il importe de sentir vraiment son "je veux". Alors, quand une personne passe dans l’acte volontaire, son idée est claire, elle sait ce qu’elle veut, puis elle veut ce qu’elle fait. Elle ne marche pas de la même façon que quand elle fait une chose parce que tout le monde le fait. Il y a une énergie tout autre en elle, car la personne établit vraiment contact avec son centre vital. L’acte volontaire n’est pas fatigant! » Puis, on passe aux appels d’état : sentir le calme, la paix, l’amour, la vie circuler en soi... Bref, il y aurait long à dire encore. Mais comme Sr Dionne le mentionne souvent : « Vittoz, il vaut mieux le vivre que de tenter de le comprendre, pour en saisir tous les bienfaits pour la santé physique et mentale4. » Le docteur Vittoz, en grand chrétien dévoué, a soigné avec sa technique des milliers de patients atteints des troubles d’anxiété les plus communs aux névroses les plus complexes. Sr Dionne, qui a initié pour sa part tout autant de personnes à cette approche au Québec, a entendu souvent cette affirmation dans la bouche de ses élèves : « Vittoz a sauvé ma vie. » Pour elle, la technique Vittoz est véritablement un instrument de liberté intérieure et de guérison. « La vie doit circuler librement en nous, du bout des orteils au cuir chevelu. Et il faut prendre le temps de la sentir. La liberté intérieure commence quand il n’y a pas de blocages dans la circulation des sensations en nous. Et cela rejaillit sur notre vie spirituelle. Si je ne sens pas mes sensations physiques, comment pourrais-je être capable d’accueillir les sensations plus ténues qui viennent de mon centre vital. On ne peut être en contact avec sa dimension spirituelle si on ne l’est pas d’abord avec son corps. Si tu te fais des idées de Dieu, tu es à côté de la réalité de Dieu. Vaut mieux sentir Dieu que d’avoir une idée de Dieu. » Le technique Vittoz, conclut-elle, c’est « réapprendre à vivre tel que la nature nous a bâtis ». Ce ne peut pas être plus simple. Perspectives sdf.info • 15 décembre 2010 • 4 L’instant présent, lieu de guérison et de présence réelle L’approche mise en œuvre par Roger Vittoz, en Suisse, il y a plus d’un siècle, ne nous ouvre-t-elle pas plusieurs perspectives pour aller de l’avant dans notre propre expérience de réceptivité et d’ouverture à l’instant présent? par Marie-Hélène Carette collaboration spéciale L’intuition fondamentale du médecin suisse a jailli de sa propre expérience d’accompagnement de malades en déficit de présence à l’instant présent. Son intuition portait sur la réalité des troubles nerveux qui surgissent du fait de l’émissivité surpassant la réceptivité, au point de créer un déséquilibre non seulement sur le plan cérébral mais aussi dans l’attitude globale du sujet dans la vie quotidienne. Vittoz a ouvert le chemin d’un rééquilibre passant directement par l’expérience sensorielle de rétablissement de la réceptivité au moment présent. Les exercices qu’il proposait visaient essentiellement le rétablissement dans la vie consciente; les moyens simples le favorisant donnèrent des résultats concrets dans la vie de ses patients. Qu’en est-il pour nous aujourd’hui? Marie-Hélène Carette est tout récemment retraitée de la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval, à Québec. Elle collabore à la formation pratique des membres de différents groupes en les guidant dans une démarche de croissance spirituelle. La technique Vittoz est au fondement de toute son approche. Il semble que l’héritage vittozien puisse avoir de l’impact sur notre expérience de vie en partant du même principe, à savoir que nous émettons souvent plus que nous ne recevons du réel; que ce soit sous forme de jugements de valeur, d’émotions désagréables ou de présupposés. D’où un déséquilibre, comme un survoltage du faux-moi en quête de sécurité, de reconnaissance et de pouvoir. 1. Le Nuage d’inconnaissance est un ouvrage anonyme du 14e siècle, en langue anglaise, dont la spiritualité s’inspire immédiatement de l’œuvre de Denys l’Aréopagite. 2. KEATING, Thomas, Open mind, open heart, Rockport, Mass: Element Books, 2000; voir aussi le mouvement Contemplative Outreach qu’il a fondé: www.contemplative outreach.org L’espace intérieur du sujet est occulté, tout comme sa présence à lui-même dans l’accueil du réel, ici/maintenant. Ainsi, l’inconscient prend le pas sur le conscient chez le sujet : une dilution de son visage d’humanité est repérable sur les plans de l’action, de la relation et de la réflexion. La personne devient malade ou robotisée, absente d’elle-même. Un premier regard sur l’action nous apprend à reconnaître à quel point notre monde présent est dominé par une logique de l’urgence, et que sans rétablissement conscient, le sujet court vers sa perte dans un épuisement sans fin : combien sommes-nous en réalité bien plus portés à réagir qu’à agir? Ici, la réceptivité du sujet opère un espace où la volonté se situe et « respire », si l’on peut dire : cet espace salutaire en est un de réceptivité et de présence réelle à soi, d’où résulte non pas une réaction mais plutôt un acte volontaire de l’ordre de « que ton oui soit oui et ton non soit non »; on pourrait même affirmer qu’un tel acte issu de la réceptivité du sujet en est un de création plutôt que de réaction; ultimement, de contemplation, puisque le passage de la réaction à la création peut y conduire. Un second regard sur la dimension relationnelle nous apprend qu’une véritable relation à l’autre ne va pas de soi : il y a tant de préoccupations qui souvent parasitent la présence à l’autre du sujet dans l’ici/maintenant et occultent son ressenti, au point qu’il lui devient difficile de se re-situer en mode « réceptivité », non seulement de l’autre personne, mais aussi de soi-même. S’accueillir « tel quel » avec ce que l’on porte dans l’ici/maintenant devient un acte conscient et nettoie l’espace intérieur tout comme l’espace relationnel, au sens où la vérité sur soi rétablit une relation authentique à l’autre. S’accueillir soi-même comme étant fatigué, dépassé ou même dans un état de fermeture devient lieu conscient où il est possible à un sujet d’être avec l’autre en vérité. Tout comme il est possible d’accueillir en soi la joie et la paix dans l’ici/maintenant avec l’autre. Loin de refermer sur soi, la vérité de son être accueilli « tel quel » dans l’ici/maintenant ouvre un espace insoupçonné de relation vraie à l’autre : c’est ainsi qu’il devient possible de se situer dans la relation, plutôt que de l’éviter et de vivre sous un mode « émissivité » qui a tôt fait d’épuiser le sujet. Se pourrait-il alors que les fondements de l’approche vittozienne rejoignent en leur essence, les grands courants de spiritualité? À titre d’exemple, un moine trappiste, Thomas Keating, reprenant avec ses frères moines (Basil Pennington et William Meninger, o.c.s.o.) les fondements de la spiritualité des Pères et Mères du Désert, et s’inspirant du Nuage d’inconnaissance1, propose une approche spirituelle de même qu’une démarche concrète de prière qu’il nomme Centering Prayer que nous pouvons traduire par « prière de consentement »; la démarche proposée2 rejoint en son essence l’approche vittozienne, au sens où elle privilégie aux méditations discursives une attitude de réceptivité et d’accueil dans l’ici/maintenant comme chemin privilégié d’union aux autres et à Dieu. Lire la suite, page 5 sdf.info • 15 décembre 2010 • 5 Perspectives (suite) Enfin, un troisième regard nous porte vers la dimension réflexive de notre visage d’humanité. En effet, redonnant au malade sa place de sujet, en choisissant d’inverser l’émissivité cérébrale et de se placer en mode « réceptivité », Vittoz, du coup, redonne son pouvoir à la personne; au sens où celle-ci, grâce à une présence accrue à elle-même à la suite d’exercices fort simples mais efficaces, du même ordre que ceux des sages du Désert des premiers siècles du christianisme, retrouve son espace intérieur désencombré; dès lors, il devient disponible à recevoir ce qui jaillit de ses profondeurs, et qui est de l’ordre de son identité profonde. 3. JUNG, C. G., La réalité de l’âme, I. Structure et dynamique de l’inconscient; et II. Manifestations de l’inconscient, Éd. Livre de Poche, 2007. 4. « Une joie que nul ne pourra vous ravir » (Jn 16, 22), repris par Lytta Basset; voir son livre La Joie imprenable, Labor et Fides, 1990. Ainsi, le sujet « rendu à lui-même », passant de l’émissivité à la réceptivité, devient de plus en plus en mesure d’accueillir ce qui l’entrave et qui est de l’ordre de l’ombre; Jung sur ce point ouvre avantageusement la voie3 : accueillir ce qui monte des profondeurs et semble effrayant à première vue ne tue pas le sujet, mais au contraire, lui donne de passer à des niveaux de conscience (awareness) qui le rendent apte à s’intérioriser, s’accueillant avec ses limites, et se découvrant habité non seulement de lui-même, mais de la réalité ultime qui le constitue. De ce lieu de son intériorité, la personne, au lieu de se diluer dans l’insignifiance du temps qui passe au point d’en devenir désorientée ou malade, devient capable de liberté et de dépassement. Pouvons-nous ici risquer de parler d’ouverture à l’interdépendance, dans la ligne de l’amour des ennemis et des artisans de paix? Et si l’ici/maintenant, accueilli en toute conscience, devenait lieu de guérison, mais aussi de découverte et de joie imprenable4? N’est-ce pas vers ce lieu du « Royaume au milieu de nous » que nous convie Jésus, le Maître intérieur de l’Évangile, comme aussi les sages tels Bouddha, Gandhi ou Krishnamurti qui ont privilégié la voie de l’intériorité? LA PAROLE EST À VOUS N’hésitez pas à nous faire part de vos commentaires à propos des différents articles ou sujets abordés. Pour ce faire, vous pouvez nous écrire un court message à : [email protected] ou nous laisser désormais vos commentaires sur Facebook (voir p. 8). Nous sommes vivement intéressés à connaître vos opinions et vos suggestions. Merci beaucoup! sdf.info • 15 décembre 2010 • 6 Intériorité Notes et pensées du Dr Roger Vittoz Avoir conscience d’un acte, ce n’est pas le penser, mais le sentir. Tirées du livre Angoisse ou contrôle Notes et pensées du Dr Roger Vittoz, Paris, Éditions du Levain, 1976. La réceptivité absolue, c’est être en contact avec tout ce qui nous entoure. C’est à la justesse de la sensation que l’on reconnaît que l’idée est juste. (À un malade qui laissait tomber un gant :) Vous laissez tomber votre conscience. Il faut nous mettre tout entier dans ce que nous faisons, c’est le moyen de perfectionner nos moindres actes. Pour cela, il faut acquérir l’unité, qui concentre toutes nos forces, au lieu de les gaspiller en pure perte. Une seule idée fixe peut créer un état de déséquilibre. La dépression provient d’une fatigue excessive, de la surexcitation et de la tension. Vivez consciemment, et non pas en révolte. La tension provient d’une chose mal acceptée. Découvrez la cause et puis agissez consciemment. Il faut choisir entre accepter la vie ou s’y heurter. Notre paix ne doit pas dépendre des choses extérieures mais d’un principe intérieur de liberté qui nous permet de dominer toujours tout ce qui est déprimant et pénible. Toute idée qui déprime est une idée fausse : le vrai ne déprime pas. Mieux vaut sentir Dieu que l’idée de Dieu. Il faut prier avec le cœur et non avec la tête. Pourquoi craindre et nous inquiéter, puisque l’avenir est dans les mains de Dieu? Il faut savoir faire le silence en soi, s’ouvrir pour recevoir. C’est bien là que nous avons tout à recevoir. Mais il faut savoir attendre, nous mettre simplement dans la disposition de recevoir ce que nous ne pouvons nous donner nous-même. sdf.info • 15 décembre 2010 • 7 Actualités Noël sur de nouveaux sentiers Au lieu de sauter par-dessus Noël, pourquoi ne pas en profiter pour dire notre affection, notre reconnaissance dans notre entourage et stimuler l’espérance en signalant les signes des temps du règne de Dieu à l’œuvre? par Gérard Laverdure sdf.info 1. Je porte aussi à votre attention une initiative française dont nous pourrions nous inspirer au Québec : la campagne Noël autrement du Collectif chrétien Vivre Autrement www.noel-autrement.org De même que cette proposition du Réseau québécois de la simplicité volontaire dans son Bulletin Simpli-Cité de l’hiver 2004 dont le thème est « Noël autrement » www.simplicite volontaire.info (page Documentation) 2. Mes amis Ghislain et Lucie vendent justement des cartes originales et écologiques. Voir le site de Carrément poétique : www.carrement poetique.com Qu’est-ce donc qui nous énerve tant à l’approche du temps des fêtes de Noël? Magasinage en foule, choix de cadeaux, budget minuscule ou déjà dans le rouge... et des attentes irréalistes de cadeaux dans l’entourage, des rencontres familiales non désirées ou l’isolement dans un petit studio? Dur, dur de résister aux routes de la consommation toutes tracées par la publicité et aux habitudes du passé1. Y aurait-il de petits sentiers de travers, moins encombrés, plus authentiques et joyeux? Jadis... dans un cégep du Québec, un trio d’animateurs (agent de pastorale, psychologue et infirmière) décida de profiter de la Saint-Valentin pour susciter un vent d’expression de reconnaissance et d’affection entre étudiants d’abord et membres du personnel ensuite dans ce gros village qu’est un cégep. L’amour, ce n’est pas juste en couple! Alors, sous forme de mémos téléphoniques colorés servant de « pigeons voyageurs », les messages se retrouvèrent collés sur les portes des cases et des bureaux, sur les écrans d’ordi, les sacs à dos, les pare-brise d’auto, les agendas, les tableaux. La magie de l’amour s’était emparée des habitants du village. Nous avons reçu beaucoup de témoignages des bienfaits dans le cœur, l’âme, le corps et les espaces de travail de cette opération inattendue. Alors, pourquoi ne pas profiter des rencontres du temps des fêtes ou de celles qui surgissent à l’improviste pour se dire mutuellement notre estime et notre affection? Pour se redire ce qu’on apprécie de l’autre, ses qualités, sa beauté, sa simple présence, pendant qu’il ou elle est encore parmi nous. Une carte bien choisie...2 une note, un mot en personne ou au téléphone, une main sur l’épaule. « J’apprécie vraiment que tu sois mon ami, que tu sois présent dans ma vie! » La terre de la soif, en communauté comme en famille, attend cette bordée d’affection et de joie. L’Amour est inventif, surtout quand le Christ habite chez nous; alors tracons-lui de nouveaux sentiers pour qu’Il puisse circuler. Qui a des yeux pour voir et des oreilles pour entendre se rend compte que les signes des temps sont nombreux à stimuler nos engagements et notre persévérance. Notre monde est en ébullition d’initiatives sur tous les fronts. Dans l’enfer haïtien, des milliers de personnes se dévouent pour le bien-être et la sécurité de leurs concitoyens. Des milliers de personnes se manifestent à toutes les conférences internationales des puissants de ce monde pour éveiller leur conscience et les rappeler à leurs responsabilités planétaires. Au Québec, des milliers de citoyens et citoyennes ont pris la rue pour protester contre les augmentations de frais et les coupures dans les services publics, car cela touche surtout les pauvres et les laissés-pour-compte. L’Église du Québec démontre sa solidarité avec les gens dans des milliers d’initiatives locales, nationales et internationales. Des sentiers-signes-des-temps, nous en avons déjà relevés 75 dans nos pages depuis 5 ans. Des personnes inspirantes : Laurette Lepage, femme libre et mère des jetés à la rue; André « père Jean » Patry, envoyé aux prisonniers; Yves Côté, frère des homosexuels et des lesbiennes; Guy Paiement, l’éveilleur de conscience; Alexandra L’Heureux Bilodeau, jeune coureuse des bois de la Côte-Nord; des initiatives comme la bénédiction des animaux, le Caféchange de l’Église Unie, les Églises vertes, etc. Et tant d’autres disponibles sur notre site Web. On n’arrive pas à tout répertorier. Des étincelles visibles du grand feu qui se répand dans les racines de toute la Terre. Des frémissements d’arbres, signes du passage du Souffle divin chez nous. Des signes partout, j’vous dis! Nouvelle brève par Michel-M. Campbell Président de Sentiers de foi À la suite des réunions de l’Assemblée générale et du Conseil d’administration de l’organisme Sentiers de foi, le lundi 6 décembre dernier, nous vous faisons part de la nouvelle composition de son CA : Michel-M. Campbell (président), Jean-Philippe Perreault (vice-président), Gilles Noël de Tilly (secrétaire), Louise Deschamps (trésorière), Johanne Phillips, Paul-André Giguère et Denis Fortin (conseillers). Un grand merci à Pierre Lalonde qui quitte cette instance après dix années d’engagement. C’est sous sa présidence que le journal Sentierdefoi.info a été fondé. Un joyeux Noël à vous des membres du Conseil, tout en simplicité et en amitié chaleureusement exprimées. Fêtons 5 ans sdf.info • 15 décembre 2010 • 8 Le journal Web Sentiersdefoi.info passe à l’ère Facebook Une tout autre dimension s’ouvre à nous, à la veille d’une nouvelle année. Une ère nouvelle, pleine de défis... Espérons qu’elle sera porteuse des plus belles initiatives et des plus beaux échanges. par Michel-M. Campbell président de Sentiers de foi et Ghislain Bédard sdf.info Nous avons déjà annoncé que, pour célébrer son 5e anniversaire, le webzine Sentiersdefoi.info expérimenterait divers moyens pour interagir avec son lectorat. Aussi, nous vous invitons à passer dès aujourd’hui à une autre dimension... En effet, depuis le 10 décembre dernier, votre webzine a désormais sa page Facebook : Journal Web Sentiersdefoi.info. Cette initiative nous permettra d’annoncer à un public plus large non seulement la parution d’un nouveau numéro du journal toutes les trois semaines, mais aussi de diffuser encore plus son contenu et ses articles, ainsi que toute autre information pertinente en lien avec nos préoccupations, entre les parutions. De plus, nous y explorerons progressivement d’autres facettes de ce réseau social en offrant, par exemple, un lieu de discussion sur l’expérience spirituelle du cheminement dans un sentier de foi... Mais enfin, et surtout, cette interface Web vous permettra, à vous, d’interagir régulièrement avec votre webzine préféré et de commenter ses articles. Et à nous, de rester à l’affût de vos intérêts, de vos questions, de vos commentaires... Et ce, presque en direct! Cherchez dans Facebook Journal Web Sentiersdefoi.info et dites-nous « J’aime » pour vous joindre au groupe. Ainsi, si vous vous êtes déjà inscrits au réseau social Facebook, ou si vous vous apprêtez à le faire, vous pourrez profiter de ce nouvel accès à votre webzine. Il vous suffit d’écrire « Journal Web Sentiersdefoi.info » dans la barre de recherche au haut de votre page Facebook, de vous rendre à la page du journal et de cliquer avec enthousiasme sur le bouton « J’aime »! Ainsi, vous pourrez prendre connaissance sur votre babillard de toutes les informations qui seront publiées de temps à autre par le webzine Sentiersdefoi.info sur ce fameux Livre des visages. Et vos amis Facebook seront sûrement tentés de faire de même en vous voyant adhérer au groupe. Et cela fera boule de neige... Voilà la magie d’Internet! Le journal Sentiersdefoi.info vient de passer à l'ère Facebook. Répandez la nouvelle! Ensemble, un peu plus unis par la Toile, nous marcherons sur des sentiers pleins d'espérance... sdf.info • 15 décembre 2010 • 9 Ressources Pour aller plus loin ou pour satisfaire votre curiosité [ Voir ] Jamais je n’oublierai le 6 décembre 1989 Exposition [ Lire ] Mama Miti, la mère des arbres de Claire Nivola Le Centre Saint-Pierre présente en décembre une exposition intitulée « Jamais je n’oublierai le 6 décembre 1989 ». Une œuvre collective et communautaire pour nous rappeler la tragédie de Polytechnique. Un message de paix, d’amour et de vigilance pour que cessent l’intolérance et la violence. www.centrestpierre.org « C’est aujourd’hui l’erreur répandue parmi les hommes de vouloir guérir séparément l’âme et le corps. » Ce propos que Platon prêtait à Socrate reste tout à fait d’actualité, même 24 siècles après. La pratique du Dr Vittoz ainsi que cet ouvrage, le seul qu’il ait écrit, témoignent d’une préoccupation pour la personne tout entière. Voici un livre plein d’espoir, un livre à offrir à Noël aux enfants, et à ceux et celles qui ont un cœur comme eux, pour redonner du sens à la vie, un livre qui invite à oser transformer le monde! [ Célébrer ] Joyeux Noël de l’équipe du journal Sdf.info Que ce temps de grâce et de réjouissances vous permette de refaire vos forces, de recharger vos piles d’énergie, de nourrir vos sensations, de bénir vos relations et d’élever votre cœur et votre âme. Que la Vie vous comble de bienfaits. Et que la paix s’installe un peu plus dans tous les cœurs et entre toutes les nations. Joyeux Noël à tous et toutes. [ Lire ] Traitement des psychonévroses par la rééducation du contrôle cérébral du Dr Roger Vittoz Résumé : Wangari Maathai ne reconnaît pas son Kenya natal. Les arbres ont été coupés, les rivières sont à sec. Face à la déforestation, celle que les Kényans surnomment affectueusement Mama Miti, « la mère des arbres » en swahili, a alors une idée simple, mais si grande. Le parcours de Wangari Maathai témoigne de la force de l’engagement en faveur des droits humains. En 2004, elle devient la première femme africaine à recevoir le prix Nobel de la paix pour « sa contribution en faveur du développement durable, de la démocratie et de la paix ». Un album magnifiquement illustré. Éditions Le Sorbier, 2008. Dans ce texte, publié au début du siècle [XXe], Roger Vittoz s’affirme comme un des précurseurs des courants thérapeutiques modernes. Épi/Desclée de Brouwer, 1993. [ Participer ] Noël, une secousse d’espérance Soirée avec M. Michel St-Onge Une rencontre intitulée « Noël… Une secousse d’espérance » avec M. Michel Saint-Onge, théologien de l’icône, aura lieu le jeudi 16 décembre à 19 h 30 à la librairie Paulines, 2653 rue Masson, à Montréal. À Noël, nous chanterons « Le monde entier tressaille d’espérance ». L’icône de la Nativité nous invite à nous laisser secouer par l’espérance suscitée par un événement arrivé il y a 2000 ans. Une méditation d’espérance à l’occasion de Noël organisée par le Centre Emmaüs, Méditation et spiritualité hésychaste. Contribution suggérée : 5 $ Pour information, joignez le 514 276-2144. www.librairie.paulines.qc.ca Prochaine parution du journal : 19 janvier 2011 Le journal Sentiersdefoi.info est une publication de Sentiers de foi, OSBL autonome et indépendant d’inspiration chrétienne fondé en 1984, qui a pour mission d’être un espace favorisant la connaissance, la reconnaissance et la collaboration des sentiers de foi au Québec, dans une perspective chrétienne inscrite dans le pluralisme actuel. ISSN 1715-8370 | 8 2010 Sentiers de foi | Tous droits réservés Ce journal, publié uniquement sur le Web, est de ce fait entièrement écologique. Imprimez-le et diffusez-le en pensant à l’environnement. 2005-2010 5 ans de marche dans les pas du vent de foi.info Sentiers www. Vol. 6 no 7 / 19 janvier 2011 Comité éditorial Rédacteur en chef Gérard Laverdure Secrétaire de rédaction Ghislain Bédard Représentant du C.A. Michel-M. Campbell Collaboration Daniel Fradette Raymond Lemieux 8 Lucie Brousseau, 2011 : Énergie créatrice (détail) Journal Web bimensuel indépendant qui vise à faire connaître des parcours et des lieux où se vivent des expériences humaines et spirituelles novatrices. Itinéraire Chez plusieurs artistes, quête artistique et quête spirituelle se conjuguent, ce que la Clarté-Dieu veille à mettre en lumière. Un espace de liberté à découvrir au détour d’un sentier... [ p. 2 ] par Daniel Fradette Perspectives Conception graphique Ghislain Bédard Intériorité Pour nous joindre [email protected] Pour vous abonner www.sentiersdefoi.info Abonnement gratuit. ISSN 1715-8370 8 2011 Sentiers de foi Tous droits réservés L’art est aussi une quête... En nous invitant à la table de la beauté et de la création, les artistes nous ouvrent à la profondeur spirituelle de toute chose et, par conséquent, à la contemplation. [ p. 3 ] par Raymond Lemieux Photographie Lucie Brousseau Ce journal Web existe uniquement grâce à votre générosité. Faites parvenir votre don à Sentiers de foi, 97, rue de l’Aqueduc Repentigny (Qc) J6A 4E2. Un reçu de charité sera émis. Une clairière dans la jungle urbaine La foi et la culture « Plus que jamais, la foi a besoin de la culture, de la connaissance, de la réflexion pour s’alimenter et croître. Foi et culture doivent être nourries et entretenues en interactivité. » Un texte de Roland Arpin. [ p. 5 ] Présenté par la Clarté-Dieu Actualités Métamorphoses du patrimoine religieux Le paysage des édifices religieux poursuit sa transformation à grande vitesse. L’entretien de ce trésor patrimonial exige des sommes faramineuses. Sommesnous prêts à préserver collectivement cet héritage qui contient notre âme? [ p. 6 ] par Gérard Laverdure Ressources Pour aller plus loin ou pour satisfaire votre curiosité Des activités diverses et des ressources pertinentes. [ p. 7 ] sdf.info • 19 janvier 2011 • 2 Itinéraire Une clairière dans la jungle urbaine Chez plusieurs artistes, quête artistique et quête spirituelle se conjuguent, ce que la Clarté-Dieu veille à mettre en lumière. Un espace de liberté à découvrir au détour d’un sentier... par Daniel Fradette collaboration spéciale Le sentier traversait une forêt dense et la végétation ambiante ne laissait place à aucune perspective. Filtrés par l’épais feuillage, les rayons de lumière se donnaient à voir, nourrissant le sous-bois dans sa fragilité. Qu’il était bon de se laisser envahir par ces effluves végétaux portés par l’humidité ambiante que retenait le couvert végétal! Puis, tout à coup, au détour du sentier, surgi de nulle part, un espace dégagé de tout arbre, inondé de lumière, idéal pour déposer son sac à dos et se laisser choir quelques instants pour goûter la chaleur du midi avant de poursuivre la route... Détenteur d’une maîtrise en théologie et d’un bacc. en arts visuels, Daniel Fradette se passionne pour l’univers des religions et les diverses expressions spirituelles. Après 6 ans au Japon dans le champ du travail social et de l’interreligieux, il a dirigé le Centre d’information sur les nouvelles religions à Montréal. Il est actuellement coordonnateur du secteur de la Vie spirituelle et religieuse à l’Université Laval. Qui n’a jamais vécu une telle expérience qu’on ne croirait possible que hors de la grande ville! Et pourtant, quiconque ose s’aventurer à Québec et emprunte ce grand sentier de bitume parsemé de grands ormes qu’est la Grande-Allée y trouvera, au cœur de la jungle urbaine, au milieu des édifices en construction et des ministères gouvernementaux, une clairière... la Clarté-Dieu. L’espace Au cœur de la clairière, un espace public accueille tantôt des entretiens, des réunions, tantôt des célébrations ou de simples visiteurs de passage. L’espace Frère-Jérôme est une aire où celui qui y prend place, quelle qu’en soit l’occasion, est exposé à la lumière jaillissante des œuvres – peintures, gravures, sculptures, dessins, musique ou poésie. Il brise ainsi l’artificiel cloisonnement pour permettre aux différentes expressions artistiques de se marier pour sculpter l’espace. L’espace Frère-Jérôme est un lieu de célébration privilégié où les artistes sont invités à offrir leur jaillissement intérieur, l’expression de leur quête artistique qui est aussi quête spirituelle... et c’est là la mission fondamentale de la Clarté-Dieu : les artistes nous parlent, ils ont quelque chose à nous dire. En eux, quête artistique et quête spirituelle se conjuguent, que la ClartéDieu veille à mettre en lumière. La Clarté-Dieu se veut non seulement un lieu leur permettant de les exprimer, mais aussi un lieu d’exploration et d’approfondissement de la dimension spirituelle que leurs œuvres et leur quête artistique recèlent. L’approfondissement de la dimension spirituelle requiert un travail différent de l’exposition et demande un accompagnement particulier. Aussi, un peu à l’ombre de la clairière, en un lieu plus retiré de l’espace public, le bureau-atelier de Roger Chabot permet ce travail d’exploration et de maturation. Initiateur inspiré de la Clarté-Dieu, c’est là l’espace au sein duquel Roger se livre à sa 418 683-6825 propre quête artistique personnelle par son propre travail de création. C’est aussi là, au sein de cet [email protected] espace matriciel, qu’il s’adonne au travail d’arrimage des dimensions artistique et spirituelle, se rendant disponible à quiconque souhaite le faire, un espace d’échange, de don mutuel. La Clarté-Dieu 220, Grande-Allée Est bureau 140 Québec, QC G1R 2J1 Dans un autre coin retiré de la clairière, d’autres espaces (un bureau d’accueil, un secrétariat et une salle polyvalente) permettent d’assurer les tâches de soutien nécessaires au bon fonctionnement de Notre journal Web la Clarté-Dieu. La Clarté-Dieu, c’est aussi un programme d’activités ainsi qu’un bulletin. passe à l’ère Facebook Cherchez dans Facebook Journal Web Sentiersdefoi.info et dites-nous « J’aime » pour vous joindre au groupe et réagir à cet article. L’initiative La Clarté-Dieu tire son origine de l’initiative de Roger Chabot, il y a de cela près de 15 ans, au terme d’un parcours marqué au départ par l’expérience d’une souffrance personnelle qui, au bout du compte, s’est révélée comme l’illustration du travail de la grâce au sein même des limites humaines. Engagé dans le ministère presbytéral, Roger a commencé à l’exercer en milieu paroissial, à L’Ancienne-Lorette. Cependant, très rapidement, l’état de sa voix s’est dégradé au point qu’il ne lui fut plus possible d’exercer la prédication dans de grands espaces. Aussi, il a dû Ou écrivez-nous à se mettre en recherche d’une nouvelle orientation pour exercer son ministère. Québec étant une [email protected] ville où la présence de fonctionnaires est importante, il a d’abord fondé la Paix-Dieu en 1986, Lire la suite, page 3 sdf.info • 19 janvier 2011 • 3 Itinéraire (suite) initiative de présence pastorale auprès des travailleurs de la fonction publique. Au cours de ces premières années de ministère, fasciné par la démarche artistique, Roger, prenant crayons et pinceaux, est entré lui-même dans l’acte créateur et il en explore les différents ressorts au sein même de la démarche artistique. Par sa propre pratique, il s’ouvre à la démarche spirituelle de l’artiste et expérimente l’art comme moyen de la beauté, comme lieu d’expression du spirituel, l’art comme chemin vers Dieu. Ainsi, avec le temps, la Clarté-Dieu a émergé, moment de maturation d’un cheminement alors qu’une voix qui semblait éteinte en a ouvert une autre. Perspectives L’art est aussi une quête... En nous invitant à la table de la beauté et de la création, les artistes nous ouvrent à la profondeur spirituelle de toute chose et, par conséquent, à la contemplation. par Raymond Lemieux collaboration spéciale Raymond Lemieux est le pionnier des sciences de la religion au Québec. Lié à l'Université Laval depuis 1965, d'abord en tant que chercheur au Centre de recherches en sociologie religieuse, puis comme professeur à la Faculté de théologie, Raymond Lemieux a fondé en 1980 le Groupe de recherches en sciences de la religion de l'Université Laval, qu'il dirige toujours. 1. Pierre Babin, L’ère de la communication. Réflexions chrétiennes, avec la collaboration de M. Iannone, Paris, Le Centurion - OCIC, 1986, p. 113-115. 2. Baruch Spinoza, Éthique, III, proposition 7, Paris, Seuil, Seuil, coll. « Points essais », 1999, p. 217. 3. Histoire de Pi, roman, Montréal, XYZ Éditeur, 2003, p. 248. Qu’est-ce que la beauté? Certes, la conception en diffère selon les civilisations, voire selon les époques dans une même civilisation. Elle est changeante, soumise aux temps et aux cultures, même aux soubresauts des personnalités. Si on réfléchit le moindrement à l’expérience qu’on en a, il faut convenir que la beauté réside bien moins dans l’objectivité des choses que dans le regard porté sur elles par chacun. « C’est l’apparition à la conscience d’une correspondance intime entre tel son, tel image, tel audiovisuel et l’attente la plus profonde de notre personnalité », écrit Pierre Babin1. Le nouveau-né est toujours, dans les yeux émerveillés de ses parents, le plus beau bébé que la terre ait porté. « Des pays du tiers monde, continue cet auteur, j’ai appris que la beauté n’était pas l’esthétisme, mais une certaine plénitude de l’humain et que là était la première valeur. [...] La beauté, c’est ce qui convient aux aspirations les plus profondes de l’être humain. Elle est cette ordonnance vivifiante et harmonieuse qui suscite, apaise et guérit. » Quoiqu’on ne puisse la contenir dans une conception unique ni lui donner les limites confortables d’une définition, la beauté est pourtant bien réelle. Elle appartient à ce qui gîte au plus profond dans l’humain : son désir, ce désir qui, enseignait Spinoza, est son dynamisme fondamental, son essence même, puisqu’il met en scène son effort pour « persévérer dans l’être2 », survivre, c’est-à-dire vivre en transcendant les limites que lui imposent sa naissance, son corps, son environnement. Est beau, pour l’être humain, ce qui fait signe de vie. En cela même, la reconnaissance de la beauté est spécifiquement humaine. Pendant des années, j’ai assisté chaque matin, avec mon chien, au lever du soleil sur les hauteurs du Cap-Diamant. Expérience ineffable de la lumière dorée dans les boisés d’automne, des éclats cristallins vivifiant les matins d’hiver, des chatoiements subtils animant les verts printaniers, voire des tamis enfarinés propres aux brouillards d’été. Expérience véritablement spirituelle, puisque capable de laver l’esprit des scories de la vie quotidienne et de féconder, chaque jour, le terreau des tâches à recommencer. « Dans les instants d’émerveillement, on parvient aisément à sortir de la petitesse, à élever son esprit aux dimensions de l’univers jusqu’à embrasser le tonnerre et le murmure, le bon et le mauvais, le proche et le lointain », écrit Yann Martel3. Mais pour mon chien, de toute évidence, tout cela ne disait rien. Ses bonheurs matinaux, à lui, consistaient essentiellement à pister les écureuils... Noblesse (animale) oblige. Expérience humaine de dépassement, la beauté est ouverture sur l’altérité, cette altérité dans laquelle chacun cherche et projette, sans cesse, l’idéal qui va lui permettre de continuer de vivre. Lire la suite, page 4 Perspectives (suite) sdf.info • 19 janvier 2011 • 4 En tentant de faire voir la beauté, les artistes en affirment la force créatrice et la liberté. Ils proclament leur autonomie (« je suis ainsi, je vis ainsi »), ils se jouent des conventions (qu’ils transgressent d’autant mieux qu’ils les respectent profondément) et disent : « Voici, tentons donc autre chose... Explorons ce qui échappe aux coutumes et au sens commun, parcourons les territoires de l’Autre, pour voir, entendre, sentir, ce qu’il pourrait bien nous dire. » 4. Voir les belles pages que Fernand Dumont consacre à l’absence, dans Une foi partagée, Montréal, Bellarmin, 1996, p. 45-53. 5. Dont Roger Chabot avouera volontiers, d’ailleurs, l’inspiration cistercienne. 6. Voir François Cassingena-Trévedy, La liturgie, art et métier, Paris, Ad Solem, 2007,178 p. C’est pourquoi l’artiste est toujours proche du spirituel et du mystique. Quelle que soit sa tradition (ou sa discipline), croyant ou non, il partage avec eux un savoir qui concerne l’impossibilité de dire complètement l’Autre, et en même temps l’urgence de tenter de le dire. « Trouver Dieu, c’est le chercher », risque ici l’expérience mystique. Et, ajoute Ignace de Loyola, il faut savoir le trouver « en toutes choses ». Le vrai courage d’exister, proclame l’artiste, c’est moins la proclamation de ce qui comble que la volonté de convertir le manque en dynamisme vital. Dans un cas comme dans l’autre, il faut maintenir l’ouverture à l’altérité, contre vents et marées. Continuer, sans relâche, à chercher l’Autre, en son absence comme dans le sentiment de sa présence4. La Clarté-Dieu, dont le nom même laisse entendre la quête de lumière5, offre cette double expérience au public. En donnant à contempler et à méditer des œuvres d’ici et d’aujourd’hui, elle montre l’extraordinaire fécondité de la quête spirituelle dans l’art contemporain. Et s’il est vrai que l’expérience de la beauté n’est jamais un plaisir solitaire, puisqu’on s’y enchante les uns les autres, non seulement représente-t-elle un contrepoids à la vulgarité qui occupe si facilement l’espace public, mais aussi la possibilité de « faire église » au cœur même de cet espace public6. Elle rappelle alors que, pour l’expérience chrétienne, une beauté paradoxale – le tragique de la croix et du tombeau vide – est l’amorce initiale de l’inscription de la foi dans la culture et dans l’histoire. Le journal Web Sentiersdefoi.info passe à l’ère Facebook Votre webzine a désormais sa page Facebook : Journal Web Sentiersdefoi.info. Ainsi, si vous vous êtes déjà inscrits à ce réseau social, vous pourrez profiter de ce nouvel accès à votre webzine. Il vous suffit d’écrire « Journal Web Sentiersdefoi.info » dans la barre de recherche au haut de votre page Facebook, de vous rendre à celle du journal et de cliquer avec enthousiasme sur le bouton « J’aime »! Ainsi, vous pourrez prendre connaissance sur votre babillard de toutes les informations qui seront publiées par le webzine Sentiersdefoi.info sur ce fameux Livre des visages. FAITES VOTRE DEMANDE À LA FONDATION BÉATI DÈS MAINTENANT Fondation privée, active depuis près de 20 ans au Québec, Béati a soutenu plusieurs centaines de groupes au fil des années. Sa mission : contribuer à la construction d’un monde plus juste en offrant soutien financier et accompagnement aux organismes préoccupés de répondre de façon audacieuse aux enjeux sociaux et pastoraux de leur milieu. Échéances pour présenter un projet : 31 mars, 31 août et 31 décembre Informations et formulaire sur le site www.fondationbeati.org. Tél. : 450 651-8444 La Fondation Béati est un partenaire de Sentiersdefoi.info. Intériorité sdf.info • 19 janvier 2011 • 5 La foi et la culture Plus que jamais, la foi a besoin de la culture, de la connaissance, de la réflexion pour s’alimenter et croître. Foi et culture doivent être nourries et entretenues en interactivité. Si la vie de l’intelligence doit être entretenue par l’activité intellectuelle, la vie de la foi doit être alimentée par la vie spirituelle et la réflexion. En toutes choses les muscles doivent s’activer pour conserver leur forme : muscles du corps, muscles de l’esprit, muscles de la foi. Une culture qui s’approfondit par l’effet de la réflexion sociale, de la recherche scientifique et de la création artistique, qui tend à découvrir et à comprendre la totalité de l’univers, les secrets de la matière et ceux de l’homme tout entier, invite à soupçonner qu’en l’homme existe une dimension spirituelle. Celui qui assume la totalité de son humanité par la réflexion, la recherche de la vérité, la création artistique et l’engagement social devient de plus en plus conscient de la transcendance de l’homme et il est conduit à poser la question du Transcendant, de Dieu. Roland Arpin, Territoires culturels sdf.info • 19 janvier 2011 • 6 Actualités Métamorphoses du patrimoine religieux Le paysage des édifices religieux du Québec poursuit sa transformation à grande vitesse. L’entretien de ce trésor patrimonial exige des sommes faramineuses. Sommes-nous prêts à préserver collectivement cet héritage qui contient notre âme? par Gérard Laverdure sdf.info Des livres pertinents Luc Nopen, Lucie K. Morisset, Les églises du Québec, un patrimoine à réinventer, Presses de l’Université du Québec, 2006, 434 pages. Sous la direction de Lucie Morisset, Luc Noppen, Thomas Coomans, Quel avenir pour quelles églises? What future for which churches?, Presses de l’Université du Québec, 2006, 608 pages. Notre journal Web passe à l’ère Facebook Cherchez dans Facebook Journal Web Sentiersdefoi.info et dites-nous « J’aime » pour vous joindre au groupe et réagir à cet article. Ou écrivez-nous à [email protected] 1. Luc Nopen, Lucie K. Morisset, Les églises du Québec, un patrimoine à réinventer, Presse de l’Université du Québec, 2006, p. 136. 2. Ibid. L’église Saint-Jean-Baptiste (1912; 2 800 places) sur le Plateau-Mont-Royal est devenue un centre culturel polyvalent. À Saint-Jérôme, l’immense maison des Jésuites (1959) qui surplombe la ville a été vendue en 2009 et le monastère des Recluses missionnaires (1951), tout près, est à vendre. L’église Sainte-Brigide et le presbytère, au Centre-Sud de Montréal, sont en voie de devenir le Centre communautaire Sainte-Brigide. La paroisse d’Oka a mis en vente les chefs-d’œuvre du calvaire (1775) pour payer les réparations de l’église1. Les couvents et collèges, eux, finissent plus souvent en « condos » et en logements sociaux ou pour les personnes âgées. « En 2004, on comptait au Québec près de 3000 lieux de culte... Mais plus de la moitié d’entre eux seront désaffectés dans cette première décennie du XXIe siècle2. » La Commission de la culture de l’Assemblée nationale du Québec commence justement une consultation sur la Loi du patrimoine culturel. L’État à la rescousse Toutefois, bien des églises ont été sauvées de la démolition grâce à l’aide gouvernementale. « Dès 1983-1984, le Comité de construction et d’art sacré du diocèse de Montréal obtient du gouvernement du Canada une somme de 15 millions de dollars consacrée à la restauration de 115 églises catholiques3. » Puis, en 1994, « une étude présente l’inventaire des travaux à effectuer sur 42 églises catholiques, 5 églises anglicanes, 3 églises unies et 3 synagogues de Montréal, révélant des besoins de 75 millions de dollars4. » La facture ne cesse d’augmenter et la question se pose de la propriété de cet abondant patrimoine : chaque groupe religieux ou la société québécoise par le biais du gouvernement? La Fondation du patrimoine religieux du Québec a été créée en 1995 avec une mise de fond de 35 M$. « Depuis 1995, le gouvernement du Québec a investi 240 M$ dans le financement des projets de restauration du patrimoine religieux. La participation gouvernementale a entraîné des investissements privés de plus de 115 M$, ce qui a permis d’accroître la présence des édifices religieux patrimoniaux dans l’offre touristique québécoise5. » Les coûts continuant de grimper et les ressources, ecclésiales et gouvernementales, de diminuer, les nouveaux promoteurs de métamorphoses doivent faire preuve d’une grande créativité et se concerter avec tous les acteurs du milieu. L’Îlot Saint-Pierre Un exemple parmi d’autres : le quadrilatère Saint-Pierre-Apôtre à Montréal, comprenant le renommé Centre Saint-Pierre (1886), la magnifique église néogothique Saint-Pierre-Apôtre (1853), le monastère des Oblats et le Centre missionnaire dans la Maîtrise (1868). Les Oblats de Marie-Immaculée ont soutenu généreusement tous ces services depuis les débuts. Comme les communautés religieuses affrontent des défis financiers importants, la question de la responsabilité dans le maintien du patrimoine religieux devient urgente. Juste restaurer les fenêtres et les vitraux de l’église de style néogothique est évalué à 2,5 millions de dollars. Ainsi, ces seuls travaux de préservation exigeront de la paroisse entre 150 000 $ et 250 000 $ par année sur 5 ans. Alors, à l’initiative du Centre Saint-Pierre, les partenaires du quadrilatère sont à mettre sur pied, depuis deux ans, un projet de prise en charge des édifices par une corporation sans but lucratif afin d’assurer la survie et le maintien des services. Tout un défi d’équilibre et de justice entre la rentabilité pour faire ses frais et le maintien de services jugés essentiels à la communauté. Est-ce une catastrophe ou une chance historique? Ce serait une catastrophe de perdre ces joyaux qui nous rappellent notre histoire, notre foi et notre identité collective. La beauté et la spiritualité de ces lieux sont irremplaçables. Mais les métamorphoses en cours pourraient-elles nous permettre d’en conserver certains tout en allant vers une pastorale qui marche à pied tout simplement avec les concitoyens et concitoyennes du lieu et du temps. Les pasteurs vivant avec et comme le peuple. 4. Ibid. Humbles et légers comme les pèlerins que nous sommes. Le peuple juif n’a-t-il pas survécu à deux 5. Ibid. destructions du Temple de Jérusalem? 3. Site du Conseil du patrimoine religieux du Québec : www.patrimoinereligieux.qc.ca sdf.info • 19 janvier 2011 • 7 Ressources Pour aller plus loin ou pour satisfaire votre curiosité [ Participer ] Je vous salue Marion... Engagement social et quête spirituelle Le Centre Victor-Lelièvre vous invite à une table ronde sur l’engagement social avec Mme Rose Dufour, anthropologue, de la Maison de Marthe, sous le thème : « Je vous salue Marion, Carmen, Clémentine… Le point zéro de la prostitution » Cette soirée aura lieu le mardi 8 février 2011 de 19 h 30 à 21 h 30 au 475, boul. Père-Lelièvre, à Québec. « Une toute petite phrase a marqué mon enfance, une phrase troublante, choquante. Comment le Christ avait-il pu affirmer pareille énormité : "En vérité je vous le dis, les publicains et les prostituées arrivent avant vous au Royaume de Dieu." (Mt 21, 28) Puis, il y a eu la vie et, 50 ans plus tard, cette phrase est devenue le grand phare qui éclaire, qui illumine toute ma Vie parce qu’elles, et personnes d’autres, m’ont révélé ce que l’humain a de plus beau, de plus grand, de plus noble. Le sujet de l’échange sera la quête spirituelle dans l’engagement social. » www.centrevictorlelievre.org [ Participer ] Semaine de la parole 2011 du 28 janvier au 6 février 2011 L’Événement se déroule dans les paroisses du diocèse Saint-JeanLongueuil. Plus d’une soixantaine d’activités sont ouvertes à toutes et tous; intéressés ou curieux auront de multiples occasions d’échanger et de mieux comprendre la foi. Pour les ; personnes qui participent aux activités, il s’agit de moments privilégiés donnant l’occasion de vivre intensément leur foi, de parler à Dieu et de Dieu et de porter témoignage. Qu’est-ce que la Semaine de la Parole? Célébrer la Parole durant une semaine, c’est ce que fait le diocèse de Saint-Jean-Longueuil depuis quatre ans, à la suite d’une initiative de la paroisse La Résurrection à Brossard. La Semaine de la Parole, cette année, a pour thème « Comme un feu dévorant ». Elle est célébrée par des conférences, des ateliers de lecture et de discussion, des lectures bibliques, des contes, des récitatifs bibliques et de multiples autres manières. Pour consulter le programme, on peut se rendre sur le site Web du diocèse – www.dsjl.org – où la pub apparaît. [ Voir ] Arts visuels au Gesù du 13 janvier au 25 mars 2011 Accès libre aux expositions de 12 h à 18 h du mardi au samedi et le lundi de 12 h à 17 h. Visite de l’église : du lundi au vendredi de 10 h à 16 h et le samedi de 12 h à 17 h. Pour information et réservations, joignez le 514 861-4378. www.legesu.com [ Visiter ] Raymond Gravel a maintenant son site Internet Les réflexions de Raymond Gravel, bibliste et prêtre du diocèse de Joliette sont disponibles sur le site suivant : www.lesreflexionsde raymondgravel.org [ Voir ] Lignes de vie Trois artistes s’exposent Deux artisans du journal Web Sentiersdefoi.info exposeront leurs créations artistiques – Ghislain Bédard, secrétaire de rédaction, et Lucie Brousseau, photographe – lors de l’exposition collective Lignes de vie ou la rencontre de trois itinéraires intérieurs en compagnie d’une amie artiste peintre commune, Isabelle Lockwell. Cette exposition présentant mandalas à l’encre de Chine, photos et tableaux empreints de spiritualité et de symbolisme aura lieu du 1er au 6 février 2011 à la galerie L’espace contemporain, 313, rue Saint-Jean, à Québec. Une toute petite semaine de contemplation à ne pas manquer! www.lespacecontemporain.com [ Voir ] Le voyage d’une vie de Maryse Chartrand Dans l’intimité de la salle d’Auteuil du Gesù, la réalisatrice Mayse Chartrand et la productrice Lucie Tremblay présenteront le documentaire Le voyage d’une vie le 24 janvier 2011 à 19 h. Débarquer du carrousel infernal de notre société de perfor-mance. Tout stopper. Maryse, Samuel et leurs trois enfants l’ont fait. Sac au dos, ils ont quitté leur confort nord-américain pour faire le tour du monde pendant un an. À la fin de la présentation, Maryse et Lucie se feront un plaisir de répondre aux questions du public. Prix d’entrée : 10 $. Pour information, joignez le 514 861-4036. www.legesu.com Prochaine parution du journal : 9 février 2011 Le journal Sentiersdefoi.info est une publication de Sentiers de foi, OSBL autonome et indépendant d’inspiration chrétienne fondé en 1984, qui a pour mission d’être un espace favorisant la connaissance, la reconnaissance et la collaboration des sentiers de foi au Québec, dans une perspective chrétienne inscrite dans le pluralisme actuel. ISSN 1715-8370 | 8 2011 Sentiers de foi | Tous droits réservés Ce journal, publié uniquement sur le Web, est de ce fait entièrement écologique. Imprimez-le et diffusez-le en pensant à l’environnement. 2005-2010 5 ans de marche dans les pas du vent de foi.info Sentiers www. Vol. 6 no 8 / 9 février 2011 Comité éditorial Rédacteur en chef Gérard Laverdure Secrétaire de rédaction Ghislain Bédard Représentant du C.A. Michel-M. Campbell Collaboration Robert Gagné 8 Lucie Brousseau, 2011 : Derrière la porte close Journal Web bimensuel indépendant qui vise à faire connaître des parcours et des lieux où se vivent des expériences humaines et spirituelles novatrices. Itinéraire Une perle cachée depuis les débuts de la colonie a été retrouvée en 1991 au cimetière des sœurs de la Congrégation. Que peut bien avoir à nous dire cette grande amoureuse, recluse volontaire, à l’occasion de la Saint-Valentin? [ p. 2 ] par Gérard Laverdure Perspectives Conception graphique Ghislain Bédard Intériorité Pour nous joindre [email protected] Pour vous abonner www.sentiersdefoi.info Abonnement gratuit. ISSN 1715-8370 8 2011 Sentiers de foi Tous droits réservés Prophète de chez nous Quel rapport y a-t-il entre une recluse des débuts de la colonie et les défis auxquels nous sommes exposés aujourd’hui dans une grande ville et une société tout à la consommation et à Internet? [ p. 3 ] par Robert Gagné Photographie Lucie Brousseau Ce journal Web existe uniquement grâce à votre générosité. Faites parvenir votre don à Sentiers de foi, 97, rue de l’Aqueduc Repentigny (Qc) J6A 4E2. Un reçu de charité sera émis. Jeanne Le Ber : l’amour extrême Offrande de l’heure « Rassemble le monde entier au creux de ton amour. » Cette maxime caractérise bien la mission de Jeanne Le Ber. Et la prière issue des constitutions de la communauté des Recluses se situe dans un même esprit. [ p. 5 ] Présenté par les Recluses missionnaires Actualités Désarmés comme l’Enfant de Noël L’équipe éditoriale du journal a vu Des hommes et des dieux, ce film français attendu, qui sort sur nos écrans le 25 février prochain. Réflexion sur la radicalité de la foi chrétienne et la fraternité qui lie les êtres humains. [ p. 6 ] par Michel M. Campbell Ressources Pour aller plus loin ou pour satisfaire votre curiosité Des activités diverses et des ressources pertinentes. [ p. 7 ] sdf.info • 9 février 2011 • 2 Itinéraire Jeanne Le Ber : l’amour extrême Une perle cachée depuis les débuts de la colonie a été retrouvée en 1991 au cimetière des sœurs de la Congrégation. Que peut bien avoir à nous dire cette grande amoureuse, recluse volontaire, à l’occasion de la Saint-Valentin? par Gérard Laverdure sdf.info Pour plus d’information sur Jeanne Le Ber : Recluses missionnaires Monastère Notre-Dame de l’Annonciation 12050, boul. Gouin Est Montréal (Québec) H1C 1B8 L’ange de Ville-Marie Jeanne Le Ber (1662-1714) était la fille unique, parmi quatre frères, du plus riche marchand de la Nouvelle-France, Jacques Le Ber, et de Jeanne Le Moyne. C’était une jeune fille normale. Alors, les offres de mariage ne manquèrent pas pour cette femme belle, intelligente et riche. Mais Jeanne avait déjà choisi dans son cœur de se consacrer à Dieu dans une vie de solitude, de silence, de prière et de travail manuel, la broderie. Une option de retrait radical. « Non pour fuir le monde mais pour prier pour les misères du monde et partager tout son temps avec Jésus dans le Tabernacle1. » Équilibrée, réaliste et pratique, Jeanne a assumé elle-même la gestion de sa fortune, investissant dans l’aide aux pauvres – fabriquant des vêtements et payant pour l’éducation de plusieurs jeunes filles françaises et amérindiennes – et dans la confection de vêtements liturgiques et de parements d’autel magnifiques pour les paroisses pauvres. Les habitants de Ville-Marie avaient tellement confiance en sa prière d’intercession qu’ils eurent recours à Jeanne couramment et collectivement pour protéger les récoltes (1709) et pour parer la 514 648-6801 tentative d’invasion du pays par les Anglais (1711). C’est pourquoi ils lui donnèrent comme surnom « l’ange de Ville-Marie ». www.reclusesmiss.org Site de Thomas Angelitti sur Jeanne Le Ber : www.jeanneleber.com Chapelle Notre-Damede-Bon-Secours Musée Marguerite-Bourgeoys 514 282-8670 www.margueritebourgeoys.com Une lumière pour aujourd’hui Jeanne Le Ber est restée longtemps cachée, comme gardée en réserve, jusqu’en 1991 alors qu’on a identifié formellement ses ossements dans le cimetière des sœurs de la Congrégation de NotreDame. En 2005, les Sœurs firent transférer ses restes de la maison mère à la chapelle Notre-Damede-Bon-Secours, dans le Vieux-Montréal. Déjà, des centaines d’intentions de prière s’accumulent chaque année devant son ossuaire placé dans le mur est de la chapelle. Un parcours catéchétique présente sur place, avec de vrais personnages, « Jeanne, l’ange de Ville-Marie » et les fondateurs de la colonie comme des témoins de la foi. L’œuvre des tabernacles poursuit le travail créatif de Jeanne pour orner les autels de beauté. Depuis le début d’octobre 2006, plusieurs activités marquent la semaine Jeanne Le Ber. Sa pierre d’aimant Notre journal Web passe à l’ère Facebook Cherchez dans Facebook Journal Web Sentiersdefoi.info et dites-nous « J’aime » pour vous joindre au groupe et réagir à cet article. Ou écrivez-nous à [email protected] « Pour approcher un peu le mystère de cette grande amoureuse, il faut se rappeler qu’elle a fréquenté dans sa jeunesse des femmes exceptionnelles comme Jeanne Mance, sa marraine; tout près de chez elle, les Hospitalières (Catherine Massé), Marguerite Bourgeoys et ses filles de la Congrégation de Notre-Dame; et à Québec, comme pensionnaire, de 12 à 15 ans, les Ursulines de la grande mystique Marie Guyart de l’Incarnation où elle apprit l’adoration et la broderie », me confie Monique Tremblay, c.n.d., responsable de la pastorale à la chapelle Notre-Dame-de-BonSecours. Après une expérience de réclusion de 15 ans chez elle (18 à 33 ans), bien suivie par les Sulpiciens, Jeanne décida de poursuivre sa route en prenant un engagement de réclusion à vie en complicité avec la communauté de Marguerite Bourgeoys, sans devenir elle-même religieuse. « Elle choisit cette réclusion par amour de quelqu’un, sans aucune compensation humaine ni spirituelle, dans le dépouillement total. N’est-ce pas le témoignage de tous les moines et de toutes les moniales », poursuit sœur Monique. Dans la foi et la fidélité. La source en sera d’ailleurs révélée lors d’une visite de deux officiers anglais protestants amenés par l’évêque; montrant l’endroit du tabernacle, elle dira : « Voilà ma pierre d’aimant! » Elle a persévéré jusqu’au bout, soit pendant 34 ans. Une vraie histoire d’amour extrême, l’histoire de Jeanne. La spiritualité eucharistique de Jeanne a été reprise par les Recluses missionnaires (1943) 1. Guide pour auxquelles se sont associés quelques dizaines de laïques de Saint-Jérôme et de Montréal. Sœur la visite guidée, p. 5. Louise Lemieux, responsable des associés, résume ainsi cette spiritualité : « L’image des deux Lire la suite, page 3 sdf.info • 9 février 2011 • 3 Itinéraire (suite) fenêtres est prise pour signifier que la prière de Jeanne comportait deux dimensions. Une fenêtre ouverte sur le monde pour y cueillir les intentions de tous ceux qui s’adressaient à elle (intercession) et une autre fenêtre qui donnait sur le tabernacle où Jeanne venait confier au Seigneur toutes les requêtes reçues et où elle se plongeait dans une longue et intense prière 2. Une chaîne d’adoration. » Ainsi va la devise des Recluses : « Par Lui, avec Lui et en Lui ». d’adoration – une heure par semaine – se met en place présentement. Pour y participer communiquez avec Gérard Laverdure : [email protected]. Témoin de l’amour fou de Dieu pour nous, toute sa vie pointe vers sa pierre d’aimant, ce Jésus que l’on peut toujours rencontrer et accueillir dans le Pain de vie. Faute de lui donner rendez-vous chez Tim Horton, la Congrégation de Notre-Dame, et surtout ceux et celles qui vivent de sa spiritualité, les Recluses missionnaires et leurs associés, hommes et femmes, vous la feront mieux connaître. Elle pourrait nous rappeler qu’au cœur de notre foi, il y a une grande histoire d’amour2. Perspectives Prophète de chez nous Quel rapport y a-t-il entre une recluse des débuts de la colonie et les défis auxquels nous sommes exposés aujourd’hui dans une grande ville et une société tout à la consommation et à Internet? par Robert Gagné collaboration spéciale Attachez vos tuques! Celle qui est présentée ici, dans ce numéro qui précède la Saint-Valentin, est une Montréalaise de la fin du XVIIe siècle et du début du siècle suivant : Jeanne Le Ber. Véritable paradoxe! En 2004, on choisit son patronyme pour nommer un comté fédéral de l’ouest de Montréal, dans une ville où foi et pratique religieuse, dans un cadre bien défini, celui du catholicisme romain, semblent en très grande perte de vitesse. Déjà, à son époque, elle paraissait marginale; imaginez, aujourd’hui : une recluse! Une recluse qui n’a même pas vécu sur les lieux qui portent son nom sur la carte électorale et qui évoquent le souvenir de sa présence parmi nous. Robert Gagné fait partie de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice (pss) et il est modérateur de l’unité pastorale du Vieux-Montréal et du Quartier latin comprenant la basilique Notre-Dame, la paroisse Saint-Jacques et les chapelles Notre-Damede-Lourdes et NotreDame-de-Bon-Secours. Il est responsable du cimetière Notre-Damedes-Neiges. Qui est Jeanne Le Ber? Une femme qui s’est enfermée volontairement dans quelques petites pièces attenantes à une chapelle, ne vivant que de prières et du travail de couture et de broderie. Elle ne voit que très peu de personnes et ne parle qu’à quelques-unes d’entre elles, le strict minimum. Son existence matérielle est d’une simplicité qui frise l’indigence, alors qu’elle a les moyens de vivre dans des conditions moins pauvres... Pourtant, celle qui fuyait le monde, en vivant dans une recluserie, est devenue en 1709 et en 1711 la porte-parole choisie par la population de Ville-Marie pour obtenir de son Dieu une protection spéciale. Cette femme, qui avait tout quitté sur le plan des relations humaines, « voit » le tout-Montréal assister à ses funérailles. Elle avait choisi ce style de vie à cause de Jésus Christ, celui qu’elle nommait « sa pierre d’aimant ». Elle a vécu près de lui, séparée seulement par la cloison de bois qui isolait sa chambre de la chapelle où le Christ était présent dans le tabernacle : une véritable histoire d’amour fondée sur l’adoration. Pendant près de deux siècles, on conserve peu de traces de son souvenir, sinon des billets pour qu’elle intercède auprès de son Seigneur afin d’obtenir une faveur. Puis, c’est la découverte de son cercueil (avec ces billets justement), cercueil que l’on confondait avec celui de son père. C’est ainsi que des gens se situant à une époque combien différente de la sienne se laissent interpeller par son témoignage de radicalité. Et elle est promue à la fonction de prophète pour aujourd’hui. Prophète de l’épanouissement de notre être par la contemplation-adoration du Christ eucharistique. L’action, le faire et la vitesse prennent une place prépondérante dans notre vie de tous les jours. Jeanne, par sa manière de vivre, vient déstabiliser nos façons de faire et nous oriente radicalement vers son amour pour que notre être se trouve transfiguré par la contemplation de Jésus présent dans Lire la suite, page 4 Perspectives (suite) sdf.info • 9 février 2011 • 4 l’hostie. Au siècle d’Internet et du téléphone cellulaire, elle nous invite à un temps d’arrêt prolongé devant le Christ présent dans le Saint-Sacrement, un Seigneur qu’il n’est pas nécessaire de voir de façon sensible. Cet exercice d’intériorité se révèle très différent de ce qui peut résulter, par exemple, d’un bain de silence dans la nature. Il ne s’agit pas de dévaloriser ce type d’expérience qui apporte un enrichissement de l’être et qui est, peut-être, plus accessible à un grand nombre de personnes. Cependant, même s’il semble y avoir une ascèse plus aride quand nous prenons le temps de prendre contact avec la personne du Christ, cette contemplation-adoration nous situe dans une autre dimension de rencontre et permet une transformation de ce que nous sommes par ce contact amoureux que nous avons avec lui. Je voudrais rappeler ici deux points importants de l’appel prophétique de Jeanne : l’invitation à la contemplation et le contact d’adoration avec le Christ dans l’Eucharistie. Par sa manière de vivre, Jeanne a déconcerté aussi ses contemporains. Le supérieur des Sulpiciens, Dollier de Casson, ancien militaire et premier urbaniste de Ville-Marie, trouvait que sa « vêture » était plus proche de l’indigence que de la pauvreté, habillement décrié par les quelques demoiselles riches de ce pays. Et ainsi de suite. Dans notre monde de surconsommation, même s’il nous est impensable de vivre comme Jeanne, nous sommes invités à un regard plus écologique sur ces biens matériels qui nous sont présentés et à nous engager dans la voie d’une plus grande simplicité. L’esprit qui animait Jeanne Le Ber nous met en dialogue avec les grands courants de la pensée contemporaine. Ainsi, son radicalisme nous resitue dans l’essentiel de notre engagement : contemplation, Jésus dans l’Eucharistie et simplicité de notre manière de vivre. Il ne s’agit pas de l’imiter servilement, mais d’entrer en dialogue avec elle pour saisir ce qui peut nous transformer aujourd’hui pour un agir plus authentique. Le journal Web Sentiersdefoi.info passe à l’ère Facebook Votre webzine a désormais sa page Facebook : Journal Web Sentiersdefoi.info. Ainsi, si vous vous êtes déjà inscrits à ce réseau social, vous pourrez profiter de ce nouvel accès à votre webzine. Il vous suffit d’écrire « Journal Web Sentiersdefoi.info » dans la barre de recherche au haut de votre page Facebook, de vous rendre à celle du journal et de cliquer avec enthousiasme sur le bouton « J’aime »! Ainsi, vous pourrez prendre connaissance sur votre babillard de toutes les informations qui seront publiées par le webzine Sentiersdefoi.info sur ce fameux Livre des visages. sdf.info • 9 février 2011 • 5 Intériorité Offrande de l’heure Sculpture : André Pelletier / Photo : Rachel Lacroix Dieu notre Père, tu nous appelles à participer à la Pâque de ton Fils en prenant, avec lui, la voie du dépouillement et de l’offrande. Unis, dans l’Esprit Saint, l’offrande de notre vie et de toute la création à l’éternelle offrande du Christ Jésus. « Rassemble le monde entier au creux de ton amour. » « Tu n’as pas à te répandre, mais à t’approfondir; tu n’as pas à t’épuiser, mais à être comblée. » Aelred de Rielvaux à sa sœur recluse XIIe siècle Que, sous le regard de Marie, notre union avec Jésus, entre nous et avec tous atteigne sa plénitude dans le sacrement de son amour. Amen sdf.info • 9 février 2011 • 6 Actualités Désarmé comme l’Enfant de Noël L’équipe éditoriale du journal a vu Des hommes et des dieux, ce film français attendu, qui sort sur nos écrans le 25 février prochain. Réflexion sur la radicalité de la foi chrétienne et la fraternité qui lie les êtres humains... Photo : affiche du film par Michel M. Campbell sdf.info Notre journal Web passe à l’ère Facebook Cherchez dans Facebook Journal Web Sentiersdefoi.info et dites-nous « J’aime » pour vous joindre au groupe et réagir à cet article. Non balisé par l’institution, le sentier multiplie formes et émotions : du tracé sécuritaire, battu à travers champs, au raccourci dessiné sur le gazon d’un parterre, en passant par ce chemin Ou écrivez-nous à improvisé pour se sortir d’un espace où l’on se sent perdu. À compter du 25 février prochain, des [email protected] milliers de gens d’ici fréquenteront au cinéma un court sentier qui les conduira à la radicalité de la foi chrétienne : le film Des hommes et des dieux1, qui relate l’expérience vécue dans les années Pour aller plus loin 1990 par des moines de Tibhirine, en Algérie. On peut aussi lire Les moines de Tibhirine, l’enquête de l’historien américain de John Kiser (Nouvelle Cité, 2010) qui permet de saisir la complexité du monde musulman et d’approfondir la démarche des moines. 1. Récipiendaire, en particulier, du Grand Prix du festival de Cannes 2010 et du Prix du jury œcuménique, ce film de Xavier Beauvois a déjà été vu par 3 millions de personnes en France. 2. Mt 5, 3. Voilà une petite communauté à faire rêver les enfants de Jean XXIII. Ancrée dans la liturgie des psaumes, cette communauté monastique vit en étroite relation avec le village musulman qui l’entoure : un frère soigne les villageois, et les moines participent au fêtes religieuses des familles. À l’interne, les moines fonctionnent de façon démocratique. Un contexte cauchemardesque cependant s’y déploie. Si les villageois se sentent protégés par la présence des moines, les terroristes qui hantent la région, tout comme l’État, voudraient bien s’en débarrasser. Les chrétiens et chrétiennes plus ou moins confortables que souvent nous sommes accèdent alors au tiraillement de ces hommes simples et attachants : faut-il sauver sa vie ou continuer à être présence du Christ, même sous des menaces de mort? On sait la suite : l’enlèvement et la mort de sept moines... D’aucuns déjà leur contestent le titre de martyrs (du grec : témoins) parce que, techniquement, on ne sait pas s’ils ont été tués en refusant d’abjurer un article de foi. Écoutons cependant le discours spirituel du prieur Christian de Chergé : « Dans un contexte saturé de violence, il s’agit de vivre désarmé comme l’Enfant de Noël. » On pourra alors comprendre que leur vie de foi charitable en a fait des martyrs – des témoins – espérants de la Béatitude paradoxale : « Bienheureux les doux, ils auront la terre en partage2. » Un film qui bouscule nos zones de confort. À ne pas manquer. sdf.info • 9 février 2011 • 7 Ressources Pour aller plus loin ou pour satisfaire votre curiosité [ Lire ] Repenser l’initiation chrétienne – Le catéchuménat, un modèle pour tous les âges de Daniel Laliberté « On ne naît pas chrétien, on le devient. » Le célèbre adage de Tertullien remonte à une époque de persécutions où la grande majorité des baptisés étaient adultes et passaient par une étape d’initiation appelée catéchuménat. Comme à cette époque, nous ne sommes pas dans une situation où il est automatique d’adhérer à l’Évangile. L’Église catholique, consciente d’une nouvelle situation socioreligieuse, propose le catéchuménat comme modèle pour toute initiation chrétienne. Daniel Laliberté, l’un de nos collaborateurs à Sdf.info, met ici en évidence les conséquences théologiques et pastorales du recours au catéchuménat comme modèle, en particulier pour l’éducation à la foi des plus jeunes. Il n’hésite pas à proposer certaines modifications audacieuses aux pratiques héritées de la chrétienté, posant au passage quelques questions aux décideurs de l’institution, invitant à opter pour une initiation chrétienne qui construise réellement une identité de disciple du Christ. Montréal, Médiaspaul, 2010. [ Lire ] Le jardinier de Tibhirine de Jean-Marie Lassausse avec Christophe Henning « Je ne crois pas avoir été tout à fait conscient, au départ, du lourd héritage qui m’était octroyé... J’ignorais tout des frères. Et aujourd’hui encore, je creuse le message des frères assassinés. J’essaie de garder leur mémoire au contact des villageois. Dans le travail quotidien, avec Youssef et Samir, il n’y a pas un jour où l’on ne parle pas des moines. » Depuis dix ans, Jean-Marie Lassausse assure une présence à Tibhirine. En travaillant la terre, il témoigne aussi de cet esprit de dialogue enraciné en pays d’islam. Dialogue fragile, fécond, bouleversant, fruit de la vie donnée des sept moines de l’Atlas. Bayard, 2010. [ Participer ] Médias et religion : sur la même longueur d’onde? Conférence du Centre culturel chrétien de Montréal Les médias – le quatrième pouvoir – ont-ils une opinion défavorable des religions? Chose certaine, les relations sont difficiles entre les diverses confessions religieuses et le monde de l’information. Il se montre souvent indifférent, parfois hostile au fait religieux. Les institutions religieuses, elles, sont souvent nerveuses. Les médias de masse, comme tous les milieux, possèdent leurs modes et leurs tendances. Au Québec, il est plus ; facile de s’y déclarer athée que disciple du Christ. Trois spécialistes analyseront pour nous les relations entre le monde religieux et le monde de la presse : Rolande Parrot, relationniste; Yves Boisvert, journaliste de La Presse; Jean-Claude Leclerc, chroniqueur au Devoir. Entrée libre. Une contribution est suggérée : 5 $. Pour plus d’information, joindre le 514 738-6664. www.centreculturelchretien demontreal.org [ Participer ] Le pape, l’Église et les signes des temps Table ronde Dans le livre Lumière du monde. Le pape, l’Église et les signes des temps, (Bayard, 2010), Benoît XVI répond sans détours aux questions douloureuses et délicates qui marquent son pontificat. La pédophilie, le célibat des prêtres, la contraception, l’infaillibilité pontificale, etc., qu’en est-il vraiment? Ouverture? Resserrement? Redite? Y a-t-il du neuf dans ces entretiens? Une table ronde aura lieu le jeudi 10 février à 19 h 30 à la librairie Paulines, 2653, rue Masson, à Montréal. Avec Alain Crevier, animateur de Second Regard, à Radio-Canada; Solange Lefebvre, titulaire de la Chaire Religion, culture et société (UDM) et Jean-Pierre Routy, médecin-chercheur, du service d’Hématologie et d’Immuno-déficience (Hôpital RoyalVictoria). Contribution suggérée : 7 $ Réservation au 514 849-3585. www.librairies.paulines.qc.ca Prochaine parution du journal : 2 mars 2011 Le journal Sentiersdefoi.info est une publication de Sentiers de foi, OSBL autonome et indépendant d’inspiration chrétienne fondé en 1984, qui a pour mission d’être un espace favorisant la connaissance, la reconnaissance et la collaboration des sentiers de foi au Québec, dans une perspective chrétienne inscrite dans le pluralisme actuel. ISSN 1715-8370 | 8 2011 Sentiers de foi | Tous droits réservés Ce journal, publié uniquement sur le Web, est de ce fait entièrement écologique. Imprimez-le et diffusez-le en pensant à l’environnement. 2005-2010 5 ans de marche dans les pas du vent de foi.info Sentiers www. Vol. 6 no 9 / 2 mars 2011 Comité éditorial Rédacteur en chef Gérard Laverdure Secrétaire de rédaction Ghislain Bédard Représentant du C.A. Michel-M. Campbell Collaboration Monique Dumais Louise Melançon 8 Lucie Brousseau, 2011 : Femme-zéphyr Journal Web bimensuel indépendant qui vise à faire connaître des parcours et des lieux où se vivent des expériences humaines et spirituelles novatrices. Itinéraire Des femmes se sont rassemblées pour défendre leur place dans l’Église afin qu’elles soient reconnues en toute égalité avec les hommes à tous les niveaux de responsabilité. [ p. 2 ] par Monique Dumais Perspectives Conception graphique Ghislain Bédard Intériorité Pour nous joindre [email protected] Pour vous abonner www.sentiersdefoi.info Abonnement gratuit. ISSN 1715-8370 8 2011 Sentiers de foi Tous droits réservés Quelle Église, quels ministères pour les femmes? Depuis Vatican II, deux modèles d’Église s’affrontent et coexistent tant bien que mal, ce qui ne contribue pas véritablement à ouvrir la voie aux femmes. Dans ces aléas politiques, qu’est-ce qui nourrit l’espérance des femmes? [ p. 3 ] par Louise Melançon Photographie Lucie Brousseau Ce journal Web existe uniquement grâce à votre générosité. Faites parvenir votre don à Sentiers de foi, 97, rue de l’Aqueduc Repentigny (Qc) J6A 4E2. Un reçu de charité sera émis. Femmes et Ministères : lieu de solidarité et de parole Qui nous roulera la pierre? « Trois femmes bravent la mort, leur crainte. Fortes de leur hardiesse, elles partent tôt le matin, car elles sont empressées de remplir leur service d’amour. Non, elles ne tardent pas sur le chemin. » Un texte de Monique Dumais. [ p. 5 ] Présenté par le réseau Femmes et Ministères Actualités Étranger, n’es-tu pas au courant? La Commission Emmaüs cherche toujours les pas de cet Étranger lumineux sur nos chemins de brunante. Ses membres invitent d’autres marcheurs et marcheuses à s’associer à la quête. [ p. 6 ] par Gérard Laverdure Ressources Pour aller plus loin ou pour satisfaire votre curiosité Des activités diverses et des ressources pertinentes. [ p. 7 ] sdf.info • 2 mars 2011 • 2 Itinéraire Femmes et Ministères : lieu de solidarité et de parole Des femmes se sont rassemblées pour défendre leur place dans l’Église afin qu’elles soient reconnues en toute égalité avec les hommes à tous les niveaux de responsabilité. Des femmes engagées dans l’Église catholique, elles sont nombreuses, et nous en trouvons de plus en plus depuis le concile Vatican II à tous les niveaux : diocésain, paroissial ou scolaire. Un certain nombre de ces femmes sont rémunérées par l’institution ecclésiale et travaillent à un service pastoral ou administratif. Elles assument des tâches et des fonctions qui étaient autrefois exclusivement réservées aux clercs. Cependant, elles n’ont pas vraiment de voix au chapitre et ne jouissent pas d’une Monique Dumais est reconnaissance officielle. Elles ont besoin d’un lieu de rassemblement et de solidarité. par Monique Dumais collaboration spéciale professeure au département de sciences religieuses et d’éthique de l’Université du Québec à Rimouski et cofondatrice de la Collective L’Autre parole. Notre journal Web passe à l’ère Facebook Cherchez dans Facebook Journal Web Sentiersdefoi.info et dites-nous « J’aime » pour vous joindre au groupe et réagir à cet article. Origine et objectifs C’est en octobre 1982 qu’une vingtaine de femmes, engagées en Église ou théologiennes, ont jeté les bases d’un regroupement qui allait devenir le réseau Femmes et Ministères. À cet effet, elles ont décidé de former « un lieu de solidarité et de parole, un lieu de ressourcement et de célébration, un lieu de recherche et d’analyse, un lieu d’élaboration d’une pensée commune, un lieu de concertation en vue d’une prise de parole collective ». Ses membres sont des femmes qui proviennent de plusieurs diocèses francophones du Québec, de l’Ontario et de l’Île-du-Prince-Édouard. Leurs objectifs sont : « travailler à la reconnaissance de tous les ministères exercés par des femmes dans une Église dynamique et missionnaire; nommer, s’approprier et promouvoir les pistes théologiques et pastorales inscrites dans un service ecclésial des femmes; développer un partenariat et une solidarité avec des femmes et des hommes intéressés aux objectifs que nous poursuivons; prendre position sur les questions d’actualité relatives à la responsabilité et à la situation de la femme dans la mission de l’Église et à l’accès des femmes à tous les ministères ordonnés1 ». Activités Le réseau Femmes et Ministères se distingue par des recherches théologiques et pastorales, des publications de volumes et d’outils d’animation, l’animation de sessions de formation, Ou écrivez-nous à l’organisation de colloques et de divers rassemblements. [email protected] Nommons en particulier les publications suivantes : le recueil Paroles de femmes, paroles d’évêques, sur la participation des femmes à la vie de l’Église2; les livres Les soutanes roses. Portrait du personnel pastoral féminin au Québec3; Voix de femmes, voies de passage, rechercheaction portant sur les pratiques pastorales et les enjeux ecclésiaux4; Projets de femmes. Église en projet5 et La 25e heure pour l’Église. Guide d’animation pour des rencontres-salon6. Elles ont un 1. Voir le site site qui est très actif où se trouvent différentes contributions concernant les femmes et l’Église. www.femmesElles sont également en lien avec d’autres groupes de femmes. ministeres.org. 2. Éditions Paulines, 1986. Interpellation majeure En 2007, le réseau Femmes et Ministères a fait connaître officiellement sa position sur l’ordination des femmes dans l’Église catholique romaine. L’interdiction pour les femmes d’avoir accès aux ministères ordonnés tant diaconal que sacerdotal constitue une interpellation majeure. En effet, des 4. Éditions Paulines, femmes qui se sentent appelées à ces ministères et possèdent une formation qui leur permettrait 1995. d’y avoir accès ne peuvent que se sentir brimées. Particulièrement dans une société qui affirme 5. Éditions Paulines, l’égalité entre les hommes et les femmes. 3. Éditions Bellarmin, 1988. 2002. 6. Éditions Paulines, 2002. 7. Pauline Jacob, Appelées aux ministères ordonnés, Montréal, Novalis, 2007, p. 199. « Avec Jean XXIII et le concile Vatican II, on a vu renaître l’espoir de l’accession des femmes aux ministères. Ces espoirs se sont atténués sous le pontificat de Paul VI. Ils sont à peu près disparus avec l’arrivée de Jean-Paul II, qui a multiplié les interventions pour s’y opposer, au nom même de l’identité de la femme. Avec la lettre Ordinatio sacerdotalis, en 1994, il a verrouillé la porte, engageant même ses successeurs. L’élection du cardinal Josef Ratzinger comme pape suscite peu d’espoir sur l’ouverture des ministères ordonnés aux femmes7. » Lire la suite, page 3 sdf.info • 2 mars 2011 • 3 Itinéraire (suite) Voir aussi l’article « Ces lampes qu’on maintient sous la table », sur l’appel de plusieurs femmes au presbytérat paru dans le numéro du 4 mars 2009 de Sentiersdefoi.info (vol. 4 no 10). La suite Le sentier de foi que le réseau Femmes et Ministères a tracé doit être poursuivi avec espérance et détermination. La voie n’est pas facile et les portes ne s’ouvrent pas. Les ordinations de femmes dans l’Église catholique romaine demeurent des situations d’excommunication. C’est dire que la voix officielle de l’Église institutionnelle est forte en paradoxes : elle affirme une égale dignité des enfants de Dieu en même temps qu’elle promeut une différence marquée et séparée entre les hommes et les femmes dans les ministères. Perspectives Quelle Église, quels ministères pour les femmes? Depuis le concile Vatican II, deux modèles d’Église s’affrontent et coexistent tant bien que mal, ce qui ne contribue pas véritablement à ouvrir la voie aux femmes. Dans ces aléas politiques, qu’est-ce qui nourrit l’espérance des femmes? par Louise Melançon collaboration spéciale Louise Melançon est théologienne, une des membresfondatrices de L’autre Parole et retraitée de l’enseignement à l’Université de Sherbrooke. Il est devenu presque banal de référer au concile Vatican II quand il s’agit de parler de mouvements d’Église qui prônent des changements dont celui que représente le réseau Femmes et Ministères. Mais pour en bien saisir les enjeux, il est nécessaire de faire une lecture approfondie des documents du concile les plus pertinents, à savoir Lumen gentium et Gaudium et spes. On comprendra mieux alors combien immense est l’espérance des femmes engagées dans la transformation des rapports entre les femmes et les hommes dans l’Église. 1. Deux ecclésiologies « côte à côte », comme l’exprimait Leonardo Boff, voilà ce qui ressort des documents du concile. Elles correspondent aux deux modèles qui se sont affrontés lors des sessions du concile : d’abord l’affirmation de l’Église comme société, puis celle de l’Églisecommunauté. L’ordre des chapitres de Lumen gentium marque certes une évolution : le document débute par une présentation de l’Église sacramentelle, mystérique1; puis, le concept englobant de peuple de Dieu devance (ch. 2) celui de la constitution hiérarchique de l’Église comme société (ch. 3). Mais s’il y a une avancée certaine à parler du peuple de Dieu, réalité englobant les laïcs et les clercs, le fait de garder en parallèle l’autre modèle, l’Église comme société hiérarchique, affaiblit cette intention. On a tenté une articulation de ces deux modèles dans le concept de communion hiérarchique : même si la communion peut servir de pont entre les deux, le fait de la relier à une hiérarchie qui s’impose de l’extérieur l’annule complètement. Comment réussir une communion des croyants et croyantes si les fonctions de service, les charismes, etc. ne surgissent pas de la communauté elle-même, y compris le sacerdoce ministériel? 2. Les femmes sont de plus en plus nombreuses à exercer des fonctions administratives ou de service dans les organismes paroissiaux ou diocésains. Et cela, parmi les aléas des politiques vaticanes depuis le Concile. Mais la sincérité et la constance de leur engagement, la diversité et la créativité de leurs charismes autant que le sérieux de leur compétence ne sont pas reconnus dans toute leur ampleur parce qu’elles restent exclues des ministères ordonnés, plus précisément du « sacerdoce ministériel ». Pourtant, par leurs fonctions pastorales, elles 1. Mystérique : relatif aux mystères religieux. contribuent à former la communauté, à « faire Église », comme certains disent. Elles exercent Lire la suite, page 4 Perspectives (suite) sdf.info • 2 mars 2011 • 4 des ministères; mais du fait de leur exclusion des « ministères ordonnés », leur situation illustre d’autant plus le modèle clérical, masculin et patriarcal de la hiérarchie et de l’autorité dans l’Église. Par ailleurs, si elles étaient « ordonnées » selon le modèle d’Église hiérarchique que l’on connaît encore dans l’Église catholique, elles ne feraient pas nécessairement changer les choses en termes d’autoritarisme et de pouvoir « sacré ». L’espérance qui anime les femmes croyantes, engagées à la suite de Jésus, c’est la foi en l’action de l’Esprit pour achever ce que le concile de Jean XXIII a semé : une Églisecommunauté bien ancrée dans « le monde de ce temps », inscrite dans nos sociétés modernes ou plutôt postmodernes, travaillant à construire la communion des humains entre eux, à bâtir « la communauté des disciples égaux ». De là viendrait une diversité de ministères dans l’ekklesia, ce qui n’exclurait pas l’exercice de la fonction d’autorité responsable de la communion avec et selon Jésus. FAITES VOTRE DEMANDE À LA FONDATION BÉATI DÈS MAINTENANT Fondation privée, active depuis près de 20 ans au Québec, Béati a soutenu plusieurs centaines de groupes au fil des années. Sa mission : contribuer à la construction d’un monde plus juste en offrant soutien financier et accompagnement aux organismes préoccupés de répondre de façon audacieuse aux enjeux sociaux et pastoraux de leur milieu. Échéances pour présenter un projet : 31 mars, 31 août et 31 décembre Informations et formulaire sur le site www.fondationbeati.org. Tél. : 450 651-8444 La Fondation Béati est un partenaire de Sentiersdefoi.info. Le journal Web Sentiersdefoi.info passe à l’ère Facebook Votre webzine a désormais sa page Facebook : Journal Web Sentiersdefoi.info. Ainsi, si vous vous êtes déjà inscrits à ce réseau social, vous pourrez profiter de ce nouvel accès à votre webzine. Il vous suffit d’écrire « Journal Web Sentiersdefoi.info » dans la barre de recherche au haut de votre page Facebook, de vous rendre à celle du journal et de cliquer avec enthousiasme sur le bouton « J’aime »! Ainsi, vous pourrez prendre connaissance sur votre babillard de toutes les informations qui seront publiées par le webzine Sentiersdefoi.info sur ce fameux Livre des visages. sdf.info • 2 mars 2011 • 5 Intériorité Qui nous roulera la pierre ? Quand le sabbat eut pris fin, Marie de Magdala, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des aromates pour la toilette mortuaire. De très bonne heure, le premier jour de la semaine, elles allèrent au tombeau. Le soleil venait de se lever. Elles se demandaient : « Qui va rouler pour nous la pierre de devant le tombeau? » En approchant, elles virent qu’elle avait été roulée. C’était une pierre énorme. Évangile de Marc 16, 1-4 Quel bel épisode rempli d’espérance! Trois femmes bravent la mort, leur crainte. Fortes de leur hardiesse, elles partent tôt le matin, car elles sont empressées de remplir leur service d’amour. Non, elles ne tardent pas sur le chemin. Elles sont chargées des aromates de leur désir intense, celui de se donner, de s’engager dans l’Église. Toutefois, elles sont conscientes d’un obstacle qui est énorme, mais elles ne s’y arrêtent pas, ne reculent pas. Une grande confiance les anime et les guide intérieurement. C’est l’Esprit même qui les presse d’agir. Et c’est le grand étonnement : l’obstacle qui semblait insurmontable est disparu. Alléluia! mille fois. Un jour – quand? –, tout sera ouvert aux femmes dans l’Église. Monique Dumais, o.s.u. sdf.info • 2 mars 2011 • 6 Actualités Étranger, n’es-tu pas au courant? La Commission Emmaüs cherche toujours les pas de cet Étranger lumineux sur nos chemins de brunante. Ses membres invitent d’autres marcheurs et marcheuses à s’associer à la quête. L’idée de tenir une commission qui sera baptisée Emmaüs remonte à une rencontre de février 2009 rassemblant des groupes chrétiens engagés socialement qui souhaitaient voir et entendre ce qui pousse de neuf comme initiatives d’engagement de chrétiens et de chrétiennes dans notre coin de pays. Les mêmes qui, en 2008, avaient pris la parole lors du Congrès eucharistique de Québec sur « Le chemin d’Emmaüs d’autres manières de faire eucharistie en publiant « Témoins d’une naissance1 ». traverse toutes les par Gérard Laverdure sdf.info saisons, à la rencontre de cet Étranger qui pérégrine avec nous et qui se révèle comme le Vivant. L’expérience qui vous est proposée ici se situe clairement sous le signe de l’espérance et de la joie. » Guy Côté. Guy Paiement disait alors : « Nous nous inscrivons dans une histoire dont nous continuons à être les acteurs et les actrices. Plusieurs parmi nous ont connu l’espoir de la commission Dumont, les grandes orientations libératrices du concile Vatican II, les divers synodes diocésains qui ont tous plus ou moins avorté. Malgré tout, portés par les gens et par le Souffle du Ressuscité, nous continuons notre route. Si nous décidons de prendre la parole, c’est que nous ne pouvons pas ne pas parler et témoigner de la nouveauté qui affleure dans nos vies et dans celles de beaucoup d’autres. De cette nouveauté, nous voulons en rendre témoignage, car nous sommes convaincus qu’elle est porteuse de vie. » Deux grands rassemblements plus tard, ayant réuni plus d’une centaine de participants et participantes, une dizaine de représentants de divers groupes2 cherchent une voie de Pour information, joignez relance et de « nouveaux partenaires intergénérationnels et interculturels » dans l’aventure. M. Michel Rioux par courriel à [email protected]. 1. Texte sur www.culture-et-foi.com, onglet « Nouvelles d’Églises » (dossier Eucharistie). 2. Alain Ambeault csv, Guy Côté, Céline Beaulieu (Groupe de théologie contextuelle québécoise), Claude Giasson (Réseau Culture et foi), Élisabeth Garant (Centre justice et foi), Gérard Laverdure (Chrétiens et chrétiennes dans la cité), Marilyse Lapierre (Centre culturel chrétien de Montréal), Lorraine Gaudreault (Centre Victor-Lelièvre), Richard Renshaw, Michel Rioux et d’autres qui soutiennent l’initiative. L’histoire des disciples d’Emmaüs (Lc 24, 13-35) exprime bien l’état de découragement d’une multitude de chrétiens et de chrétiennes qui espéraient tellement le renouveau avec le grand courant d’air frais que fut le concile Vatican II. Un vrai printemps! « Étranger, tu es bien le seul qui n’ait pas appris ce qui s’est passé à Rome au début des années 1960, ce fameux Concile universel, unique en son genre, car pastoral et non dogmatique, et les espoirs que cela avait suscités chez nous? », pourrait-on lui demander. « Tout cela semble s’être refermé! », pourrait-on ajouter. Maintenant, on se croirait en hiver tellement « nos grands prêtres et nos chefs » se sont empressés, dès la fin du Concile, de refermer ces fenêtres à peine ouvertes et d’en verrouiller d’autres (collégialité à tous les niveaux, sacerdoce des femmes, célibat facultatif, transparence, etc.) au cas où le Souffle reviendrait. Il y en a tellement qui sont partis depuis! « Dis, Étranger, cela devait-il se passer ainsi? » Mais pour ceux et celles qui sont restés en marche sur la route et qui ont continué d’espérer des courants d’air frais, des résurrections, comme le regretté Guy Paiement et tant de groupes de chrétiennes et de chrétiens engagés dans la cité pour la justice sociale, les droits humains, la liberté, il semble qu’il pousse du neuf sous leurs yeux, que le Souffle renouvelle l’Église par en bas, dans le monde, là où on a les pieds. « Ne le voyez-vous pas? », demandait souvent Guy. Nous, les plus vieux... sommes soucieux de transmettre ce Souffle de renouveau, de liberté de pensée, de parole et d’action qui a soutenu nos engagements dans le monde et l’Église comme baptisés responsables ensemble de la mission. L’Esprit de Jésus nous aurait-il précédés sur le chemin d’Emmaüs et en Galilée? C’est ce que la commission Emmaüs cherche à voir et à entendre en invitant les « nouvelles pousses », signes de sa résurrection, à participer à l’organisation de cette nouvelle étape de la commission, « sous le signe de l’espérance et de la joie ». L’Étranger vous fera signe. Gardez l’œil ouvert! sdf.info • 2 mars 2011 • 7 Ressources Pour aller plus loin ou pour satisfaire votre curiosité [ Participer ] La revue Relations célèbre ses 70 ans Une expérience inusitée de regards critiques sur notre monde politique, social, culturel et religieux. La preuve de la possibilité de s’acculturer de la foi chrétienne d’ici. Deux manifestations majeures auront lieu : une exposition préparée par les Archives des Jésuites du Canada, en collaboration avec la revue, qui aura lieu du 7 mars au 31 mai, à la Maison Bellarmin, 25, rue Jarry Ouest (du lundi au vendredi de 8 h 30 à 18 h); une célébration sur le rôle passé et actuel de la revue qui se tiendra le lundi 14 mars 2011, à 19 h, au Gesù, 1200, rue de Bleury, Montréal (Métro Place-des-Arts). Pour assister à la célébration, confirmez votre présence avant le 9 mars. Pour information, joignez Christiane Le Guen au 514 387-2541, poste 234, ou par courriel à [email protected]. www.cjf.qc.ca/soirees_relations [ Participer ] Journées sociales du Québec La crise écologique : un enjeu de justice sociale Les 3, 4 et 5 juin prochains, au Collège de Valleyfield, se tiendront les Journées sociales du Québec sous le thème : « Le cri de la Terre et le cri des pauvres – La crise écologique : un enjeu de justice sociale » Le conférencier principal sera André Beauchamp. Pour s’inscrire : www.diocesevalleyfield.org (onglet Journées sociales 2011) [ Lire ] Le pouvoir déviant. Les abus dans l’Église catholique de Mgr Geoffrey Robinson « J’ai tiré de l’histoire des agressions sexuelles et de la réaction de l’Église une conviction inébranlable : l’Église catholique doit absolument se transformer en profondeur, et cette transformation devra être durable. De façon plus spécifique, elle devra s’opérer par rapport à deux réalités : le pouvoir et la sexualité. » (Mgr Robinson) Mgr Geoffrey Robinson a été évêque auxiliaire de Sydney, en Australie, de 1984 jusqu’à sa retraite en 2004. Novalis, 2010, 349 p. [ Lire ] Le manifeste des théologiens allemands Un renouveau indispensable « Plus de 190 théologiens germanophones ont signé un manifeste appelant l’Église catholique à entreprendre des réformes de fond. Témoignage chrétien propose ici une traduction de ce texte. » http://www.temoignagechretien.fr/ ARTICLES/Religion/Le-manifestedes-theologiens-allemands/ Default-4-2394.xhtml Extrait : « La crise profonde que traverse notre Église exige de traiter aussi les problèmes qui ne paraissent pas au premier abord directement liés au scandale des abus sexuels et à leur étouffement durant des décennies. En ; tant que professeurs de théologie, nous n’avons pas le droit de nous taire plus longtemps. Nous avons la responsabilité d’apporter notre contribution à un véritable nouveau départ : 2011 doit être l’année du renouveau pour l’Église. Il n’y a jamais eu autant de chrétiens qui sont sortis de l’Église catholique que l’année dernière. » (Jérôme Anciberro) [ Participer ] ROJeP – Des groupes chrétiens se positionnent sur les gaz de schiste Priorité au respect de la population et de son territoire Montréal, le 25 février 2011 – Nous, soussignés, membres du Réseau œcuménique Justice et Paix (ROJeP), souhaitons affirmer notre vive préoccupation concernant l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste. Nous refusons de céder aux pressions de l’industrie en raison du danger que représente pour l’environnement et la santé des citoyens du Québec cette source d’énergie fossile. Nous le faisons sur la base de nos convictions éthiques concernant la prépondérance du droit de la population à son bien-être et au respect de son territoire sur les privilèges concédés à l’industrie. Porter atteinte au territoire, c’est mépriser la population qui l’habite. « La terre et moi, flanc contre flanc, c’est mon affaire. » (Gaston Miron, L’Homme rapaillé) Pour information, visitez le site www.justicepaix.org ou joignez Julie Sabourault au 438 764-0302. Prochaine parution du journal : 23 mars 2011 Le journal Sentiersdefoi.info est une publication de Sentiers de foi, OSBL autonome et indépendant d’inspiration chrétienne fondé en 1984, qui a pour mission d’être un espace favorisant la connaissance, la reconnaissance et la collaboration des sentiers de foi au Québec, dans une perspective chrétienne inscrite dans le pluralisme actuel. ISSN 1715-8370 | 8 2011 Sentiers de foi | Tous droits réservés Ce journal, publié uniquement sur le Web, est de ce fait entièrement écologique. Imprimez-le et diffusez-le en pensant à l’environnement. 2005-2010 5 ans de marche dans les pas du vent de foi.info Sentiers www. Vol. 6 no 10 / 23 mars 2011 8 Lucie Brousseau, 2011 : Paix Journal Web bimensuel indépendant qui vise à faire connaître des parcours et des lieux où se vivent des expériences humaines et spirituelles novatrices. Comité éditorial Rédacteur en chef Gérard Laverdure Secrétaire de rédaction Ghislain Bédard Représentant du C.A. Michel-M. Campbell Itinéraire Collaboration Dominique Boisvert Jean-Marc Gauthier Louise Deschamps Perspectives Photographie Lucie Brousseau De l’objection de conscience militaire à l’objection de conscience fiscale, les mouvements d’opposition à la guerre ont adapté leurs stratégies aux manœuvres des militaristes. [ p. 2 ] par Dominique Boisvert Intériorité Cessons la guerre! Créons la paix! L’objection de conscience, une racine qui pousse dans toutes les cultures et toutes les époques. [ p. 5 ] Présenté par Conscience Canada Actualités Remettre Vatican II sur les rails À l’invitation de Claude Lefebvre, initiateur des forums André-Naud, des baptisés de l’Église de Montréal se rassemblent pour voir comment « remettre Vatican II sur les rails ». [ p. 6 ] par Gérard Laverdure Ce journal Web existe uniquement grâce à votre générosité. Faites parvenir votre don à Sentiers de foi, 97, rue de l’Aqueduc Repentigny (Qc) J6A 4E2. Un reçu de charité sera émis. La revue Relations : 70 ans de résistance Enquêtes, analyses, prises de position publiques, la revue Relations actualise l’Évangile dans notre société. [ p. 6 ] par Louise Deschamps Fêtons 5 ans ISSN 1715-8370 8 2011 Sentiers de foi Tous droits réservés Guerre absurde... pour rien ou presque « Faire la guerre, ou ne pas la faire, une maudite question! » On n’a pas fini de se poser cette question dans notre monde « civilisé ». [ p. 3 ] par Jean-Marc Gauthier Conception graphique Ghislain Bédard Pour nous joindre [email protected] Pour vous abonner www.sentiersdefoi.info Abonnement gratuit. Faut-il accepter de payer pour la guerre? Une question de mort et de vie... sur un nouveau blogue Nous vous invitons à réfléchir sur les effets du mystère de Pâques dans la vie concrète du quotidien par le moyen de notre nouveau blogue. [ p. 7 ] par Michel-M. Campbell sdf.info • 23 mars 2011 • 2 Itinéraire Faut-il accepter de payer pour la guerre? De l’objection de conscience militaire à l’objection de conscience fiscale, les mouvements d’opposition à la guerre ont adapté leurs stratégies aux manœuvres des militaristes. Grave question qui a divisé les humains de diverses traditions religieuses depuis longtemps! Pour plusieurs, l’interdit « Tu ne tueras point » de même que le message radicalement nouveau de Jésus « Aimez même vos ennemis » ont mené à l’objection de conscience : le refus de faire la guerre ou même de porter les armes en cas de conflit. Ce refus de toute participation militaire est à l’origine Dominique Boisvert a des « Églises historiques de paix1 », comme les Quakers ou les Mennonites. par Dominique Boisvert collaboration spéciale travaillé surtout en milieux communautaires, dans les domaines des droits humains, de la solidarité internationale, de la non-violence, de la simplicité volontaire et de la quête de sens. Il collabore régulièrement à la revue Relations et tient un blogue : www.carnet. simplicitevolontaire.org. 1. http://en.wikipedia.org/ wiki/Peace_churches 2. Voir www.conscience canada.ca. Au Québec le mouvement, d’origine non religieuse, s’est appelé Nos impôts pour la paix de 1987 à 2007. 3.Le 10 mars 2011, on apprenait que le coût de nos 65 nouveaux avions chasseurs furtifs F-35 est passé de 16 à 29 milliards de dollars! Une obscénité quand on pense aux besoins en santé et en éducation au Canada, et encore plus quand on pense aux besoins d’eau potable et de nourriture ailleurs dans le monde. 4.Un Sommet populaire contre la guerre et le militarisme, tenu à Montréal en novembre 2010, a émis une importante déclaration « Pour en finir avec la logique de guerre et de domination ». Voir http://www.echecala guerre.org/assets/ files/evenements/ SOMMET/Declaration.pdf. 5. Voir www.cpti.ws. Ils ont besoin de notre argent Ce sont quelques personnes de Victoria, issues de ces traditions, qui ont fondé Conscience Canada en 19782. Leur but? Mettre à jour l’objection de conscience en l’appliquant désormais aux impôts militaires. En effet, la modernisation de la guerre et la professionnalisation des armées ont rendu la conscription des personnes obsolète : c’est désormais notre argent que les gouvernements ont besoin de « mobiliser », puisque la guerre se fait désormais beaucoup plus avec de la quincaillerie toujours plus sophistiquée3 qu’avec des humains abrités dans des tranchées. Ce qui faisait dire au secrétaire d’État de Ronald Reagan, le général Alexander Haig qui assistait à une manifestation anti-guerre : « Qu’ils manifestent autant qu’ils veulent. Tant qu’ils paieront leurs impôts! » Et c’est là l’enjeu : acceptons-nous de payer, par nos impôts, pour faire faire par d’autres (ou par de la technologie) ce que nous refuserions en conscience de faire nous-mêmes? L’objection de conscience militaire, que le Canada reconnaît depuis 1793, doit évoluer en même temps que la guerre à laquelle elle s’oppose : c’est maintenant l’objection de conscience fiscale qui doit être reconnue, c’est-à-dire le refus de payer les impôts militaires. Des précédents dans l’histoire Il y a d’ailleurs à cela des précédents importants : dès 1849, le gouvernement du Haut-Canada reconnaissait que l’impôt spécial (la poll tax), exigé des Quakers pour compenser leur refus de servir dans la milice et que plusieurs refusaient de payer, préférant aller en prison, pour ne pas trahir leur conscience, serait désormais affecté exclusivement à l’entretien des routes. De même, les War Bonds (ou plus pudiquement, en français, les Bons de la Victoire) servant à financer l’effort de guerre, que refusaient d’acheter les membres des Églises historiques de paix malgré leur volonté de se montrer patriotiques, ont été remplacés pour eux par des Peace Bonds dont les recettes servaient exclusivement à des fins non militaires. Un Fonds des impôts pour la paix C’est ainsi que, depuis 1978, des citoyennes et citoyens canadiens et québécois ont mis sur pied un Fonds des impôts pour la paix qui détient, en fidéicommis, les sommes qu’ils ont refusé de payer pour soutenir la guerre et la préparation de celle-ci. Pendant ce temps, ces citoyens et citoyennes n’ont cessé de demander au gouvernement canadien de mettre sur pied un mécanisme fiscal qui leur permettrait de respecter à la fois la loi de leur conscience et celle de l’impôt. Ils sont allés à plusieurs reprises devant les tribunaux afin de tenter de faire reconnaître judiciairement l’application de la liberté de conscience garantie par la Charte canadienne des droits et libertés. Ils ont même, par l’entremise de divers députés fédéraux, fait présenter plusieurs projets de loi privés visant à faire reconnaître législativement l’objection de conscience fiscale. Ce mouvement, mis en branle par des chrétiennes et chrétiens pacifistes, s’est peu à peu élargi à d’autres militants et militantes qui s’engageaient non plus pour des raisons religieuses mais philosophiques, au nom de leurs principes fondamentaux4. De même, des mouvements semblables sont nés dans plusieurs pays du monde5, avec des modalités et des accents divers, mais toujours avec le même objectif de faire reculer la guerre et le recours privilégié à la force des armes pour résoudre les divers conflits qui surgissent à l’intérieur des pays ou entre eux. Lire la suite, page 3 sdf.info • 23 mars 2011 • 3 Itinéraire (suite) Grâce à la Déclaration des impôts pour la paix6, TOUS les contribuables (même ceux et celles dont les impôts sont déduits à la source ou qui attendent des retours d’impôts) peuvent désormais facilement exprimer au gouvernement fédéral leur refus de financer la guerre et leur demande pour 7. Voir www.conscience qu’un mécanisme officiel soit mis sur pied afin de leur permettre de respecter leur conscience. Il canada.ca/eptrfr/ leur suffit de signer l’une ou l’autre des deux options proposées dans la Déclaration et de l’envoyer index.php. avec leur rapport d’impôt régulier, soit en version papier ou électroniquement7. Si vous êtes contre la guerre, vous n’avez plus de raison de payer pour la faire! 6. Voir www.conscience canada.ca/resources/ ptr_2010_fr.pdf. Perspectives Guerre absurde... pour rien ou presque « Faire la guerre, ou ne pas la faire, une maudite question! » On n’a pas fini de se poser cette question dans notre monde « civilisé ». par Jean-Marc Gauthier collaboration spéciale Les êtres humains font la guerre depuis qu’ils ont accédé à l’humanité. Dans la Bible, on parle déjà, au deuxième moment du monde, de Caïn qui tue son frère Abel... pour presque rien. Les animaux s’affrontent périodiquement, ou se dévorent régulièrement en tant que prédateurs, mais jamais ils ne se feront une « Grande Guerre » de quatre ans (1914-1918) ou une autre « Grande Guerre » de six ans (1939-1945). Et on ne parle pas de la guerre de Cent Ans... qui a, en fait, duré 116 ans, de 1337 à 1453. Car une guerre, on sait quand ça commence, mais on ne sait pas quand ça finit, même quand ça semble fini. Pensons à l’Irak. Jean-Marc Gauthier est professeur retraité de la faculté de théologie de l'Université de Montréal. Il est artisan de la parole, car il présente depuis bien des années des monologues accompagnés de son harmonica. À ce que l’on connaisse, la guerre est le propre des êtres humains. Et seuls les êtres humains s’entretuent, à ne plus finir. Avez-vous déjà vu un génocide animal? (À moins qu’il ne soit accompli par des êtres humains.) Mais des génocides humains, il y en a eu, et ça ne finit plus. Et la « guerre des dieux » ou « la guerre au nom de Dieu » n’est qu’une illusion ou une projection des pauvres êtres humains, incapables d’assumer leur propre violence, leurs propres meurtres. Car qu’est-ce que la guerre sinon le contexte extrêmement défavorable où des meurtres à outrance sont légitimés, sans loi. Au nom de quelque chose ou de n’importe quoi. Les « lois des mesures de guerre » deviennent en pratique sans aucune mesure. Tout devient démesuré. Beaucoup d’êtres humains, encore aujourd’hui, se valorisent ou dévalorisent les autres en faisant la guerre. La guerre est une terre de « valeurs ». Beaucoup d’argent est investi dans beaucoup de pays du monde pour fabriquer des armes. Et en particulier dans les pays occidentaux, des pays soidisant garants de la démocratie et de la liberté. Vive la guerre libre! La guerre du libre marché et de la concurrence. La guerre du libre marché des armes. Est-ce cette liberté que l’on veut? Est-ce cette guerre que l’on veut? Si l’on calculait l’argent que nous dépensons quotidiennement sur la planète pour l’armement et ses dérivés, nous serions scandalisés – on parle de deux milliards par jour, mais c’est sans doute plus! Nous sommes scandalisés, en effet, mais nous ne savons pas trop pourquoi, la plupart du temps. Nous comprenons mal les jeux complexes de l’économie, en particulier de l’économie guerrière. Shakespeare, par le biais d’Hamlet, disait : « Être, ou ne pas être, c’est là la question! » La nouvelle question est : « Faire la guerre, ou ne pas la faire, une maudite question! » On n’a pas fini de se poser cette question dans notre monde « civilisé ». Notre monde civilisé est guerrier de fond en comble et, souvent, il ne se rend pas compte à quel point il l’est. En tout cas, il refoule son « rendre compte » dans les bas-fonds du pouvoir masqué. Pourtant, l’économie politique est un monde de comptes, mais on nous raconte des contes plutôt que de bien rendre compte. Lire la suite, page 4 sdf.info • 23 mars 2011 • 4 Perspectives (suite) Avons-nous besoin de tant de milliards, qui semblent se multiplier, pour construire nombre d’avions militaires, ici, chez nous? Il est temps qu’on demande des comptes. Le Collectif Échec à la guerre www.echecalaguerre.org Ce qui s’est passé au Japon, récemment – tremblement de terre et tsunami – nous fait prendre conscience du caractère dévastateur de la nature, en certaines circonstances : les forces brutales des éléments naturels peuvent être meurtrières. Et pourtant, le sont-elles plus que les bombes lâchées sur Hiroshima et Nagasaki en 1945? Alors, des êtres humains décidaient de tuer d’autres êtres humains pour, soi-disant, mettre fin à la guerre, pour gagner la guerre. La bombe lâchée sur Hiroshima était surnommée « Little Boy ». Quel lapsus ou quel cynisme! Faire porter sur le dos d’un « petit garçon en forme de bombe » la mort d’au moins 140 000 personnes – 70 000 sur le coup – dont plusieurs « petits garçons réels ». Le président Truman, apprenant la « réussite de l’opération » aurait dit : « C’est le plus grand événement de l’Histoire! » Qui dit mieux!? Je propose la venue au monde d’un « petit garçon » né d’une humble femme, ce fils qu’« elle dépose dans une mangeoire parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle d’hôtes » (Lc 2, 7). Devant cet événement, on chante « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux êtres humains, ses bien-aimés. » (Lc 2, 14) Ce « Little Boy », devenu un grand garçon, aurait dit : « Heureux ceux qui font œuvre de paix, ils seront appelés fils de Dieu. » Ça a l’air d’une histoire de gars, mais on pourrait tout dire ça au féminin, peut-être encore mieux. Car les maudites guerres sont surtout une histoire de gars, hélas! Guerre et paix, guerre ou paix!? Faire la guerre ou faire la paix? Voilà la question! Elle n’est plus maudite, cette question, mais bénie. Faire la paix, c’est devenir « fils ou fille de Dieu », si je comprends bien. Je sais que ce n’est pas simple au cœur de l’Histoire réelle. Je pense à la Libye, en particulier. Mais là est la grande question de l’humanité : comment vivre ensemble, en paix? Il faut prendre le temps, de temps en temps, de se lever pour questionner et protester. Questionner la guerre, questionner l’économie guerrière. Protester contre la guerre et marcher pour la paix, de différentes façons. Nous l’avons déjà fait, en mars 2003, à l’aube de la « guerre en Irak ». On ne nous a pas entendus, alors. On doit se remettre en marche, en pensées, en paroles et en actes. Au cœur de la guerre, apprendre à faire la paix. Le journal Web Sentiersdefoi.info passe à l’ère Facebook Votre webzine a désormais sa page Facebook : Journal Web Sentiersdefoi.info. Ainsi, si vous vous êtes déjà inscrits à ce réseau social, vous pourrez profiter de ce nouvel accès à votre webzine. Il vous suffit d’écrire « Journal Web Sentiersdefoi.info » dans la barre de recherche au haut de votre page Facebook, de vous rendre à celle du journal et de cliquer avec enthousiasme sur le bouton « J’aime »! Ainsi, vous pourrez prendre connaissance sur votre babillard de toutes les informations qui seront publiées par le webzine Sentiersdefoi.info sur ce fameux Livre des visages. sdf.info • 23 mars 2011 • 5 Intériorité Cessons la guerre! Créons la paix! Au fond de sa conscience, l’homme découvre la présence d’une loi qu’il ne s’est pas donnée lui-même, mais à laquelle il est tenu d’obéir. Cette voix de la conscience, qui ne cesse de le presser d’aimer et d’accomplir le bien et d’éviter le mal, au moment opportun résonne dans l’intimité de son cœur : « Fais ceci, évite cela. » Concile Vatican II, Constitution « Gaudium et Spes », no 16. Rome, 7 décembre 1965 La non-violence est la réponse aux questions morales et politiques cruciales de notre temps : le besoin, pour tout être humain, de vaincre l’oppression et la violence sans recourir lui-même à l’oppression et à la violence. L’Homme doit développer, pour tous les conflits humains, une méthode qui refuse la vengeance, l’agression et les représailles. Et le fondement d’une telle méthode est l’amour. Martin Luther King, Discours d’acceptation du Prix Nobel de la Paix Stockholm, 11 décembre 1964 La haine ne peut être stoppée par la haine, mais seulement par l’amour. C’est là la règle éternelle. Le Bouddha, Inde, VIe siècle avant J.-C. La guerre dépend maintenant bien plus de l’argent que des militaires. Il n’a fallu que douze hommes pour larguer la bombe sur Hiroshima, mais il a fallu des millions, peut-être même des milliards de dollars des contribuables canadiens, britanniques et américains pour fabriquer cette bombe. Édith Adamson, fondatrice de Conscience Canada, Victoria (BC), 1978 Nous rejetons catégoriquement toute forme de guerre, de lutte ou de combats extérieurs, avec n’importe quelle arme, quel qu’en soit l’objectif ou sous quelque prétexte que ce soit. Et c’est là notre témoignage à la face du monde. L’esprit du Christ, par lequel nous sommes guidés, n’est pas changeant, de sorte qu’il puisse nous ordonner de renoncer à quelque chose comme étant mauvais, puis nous pousser ensuite à l’adopter. Et nous savons avec certitude, ainsi que nous en rendons témoignage au monde, que l’esprit du Christ, qui nous conduit en toute Vérité, ne va jamais nous mener à combattre ou à faire la guerre contre un être humain avec des armes, ni pour le Royaume du Christ, ni pour les royaumes de ce monde. Un des textes fondateurs des Quakers, tiré de la Déclaration à Charles II, signée par Georges Fox et ses compagnons Angleterre, 21 novembre 1660 sdf.info • 23 mars 2011 • 6 Actualités Remettre Vatican II sur les rails A l’invitation de Claude Lefebvre, initiateur des forums André-Naud, des baptisés de l’Église de Montréal se rassemblent pour voir comment « remettre Vatican II sur les rails ». Un beau dimanche après-midi de printemps, 20 mars, où tout dégèle et où on ouvre les fenêtres tout grand, plus d’une trentaine de baptisés du diocèse de Montréal, à l’invitation de Claude Lefebvre, fils de la Charité, se sont rassemblés, dans la foulée de la création de la Conférence catholique des baptisés de France (2010), pour retrouver l’enthousiasme et les invitations de 1 À lire Vatican II et se demander comment « souffler sur les braises et faire ressurgir la flamme » 50 ans • Mgr Paul-Émile plus tard? par Gérard Laverdure sdf.info Charbonneau, Célébrer l’annonce de Vatican II, Novalis, 2008, 24 p. • Anne Soupa et Christine Pedotti, Les deux pieds dans le bénitier, Presses de la Renaissance, Paris, 2010. « Ni partir ni nous taire. » www.baptises.fr Un constat de départ : « Depuis des siècles, le clergé s’était approprié l’Église, pourrait-on dire sans exagération. Vatican II a permis un profond renouvellement de la théologie de l’Église, mais on n’a pas su trouver les formes pour traduire dans le concret de la vie de l’Église la nouvelle théologie – Peuple de Dieu, collégialité, place des femmes, dialogue avec le monde – et s’ajuster ainsi à un monde en évolution. La vieille façon de se comporter a perduré 2. » Constat partagé par de nombreux évêques, théologiens et historiens de l’Église et par l’un des rares pères de ce concile toujours vivant, Mgr Paul-Émile Charbonneau, présent à la rencontre. L’invitation est faite aux baptisés de Montréal de prendre la parole pour renouer avec le Souffle de Vatican II, pour retrouver ce dynamisme et cette fraîche espérance. Il s’agit donc ici d’aller son 1. Document de la chemin en suivant le Souffle de l’Esprit à la suite de Jésus; rien d’agressif ou de revanchard, mais rencontre. une volonté adulte d’assumer pleinement ses responsabilités de baptisés dans la mission de 2. Idem. l’Église d’aujourd’hui. Actualités La revue Relations : 70 ans de résistance Enquêtes, analyses, prises de position publiques, la revue Relations actualise l’Évangile dans notre société. À Montréal, le lundi 14 mars, au Gesù, les artisanes et artisans contemporains et passés de la revue Relations se sont rassemblés pour une fête toute vibrante de fierté! Ils ont livré un témoignage ému mêlé d’humour pour 70 ans d’engagement en faveur de la justice sociale. La directrice Élisabeth Garant et le rédacteur en chef Jean-Claude Ravet ont promis de poursuivre ce projet de comprendre et d’expliquer notre monde afin que les bafoués, les exclus s’approprient les arguments de résistance à un système économique voué à l’accumulation du capital par une bien Louise Deschamps est trésorière de l’organisme petite part de l’humanité et puissent développer la solidarité humaine en favorisant l’espoir et la Sentiers de foi. lutte contre l’argent qui rend barbare. par Louise Deschamps collaboration spéciale Il nous a été rappelé que la revue Relations, fondée par de jeunes jésuites en 1941, s’est rapidement impliquée dans des enquêtes et des analyses dénonçant l’exploitation d’êtres humains par un capital qui sait se rendre aveugle. La soirée, articulée autour de cinq thèmes, a fait mémoire de moments forts, mais a aussi donné lieu à des prises de parole signifiantes pour notre société La revue Relations est actuelle. Le tout fut ponctué par diverses prestations artistiques, puisque Relations considère publiée par le Centre justice et foi, un centre depuis dix ans l’art comme porteur de sens et outil de libération. d’analyse sociale progressiste fondé et soutenu par les Jésuites du Québec. www.revuerelations.qc.ca Relations nous a fait vivre une célébration à son image où ses responsables et auteurs nous ont donné à réfléchir sur les mécanismes qui animent les structures de la société. Ils nous ont invités à accepter l’inconfort de l’Évangile pour tenir sur la route de l’espoir cette lumière vacillante, mais si nécessaire pour changer le monde. sdf.info • 23 mars 2011 • 7 Fêtons 5 ans Une question de mort et de vie... sur un nouveau blogue Nous vous invitons à réfléchir avec nous sur les effets du mystère de Pâques dans la vie concrète du quotidien par le moyen de notre nouveau blogue. par Michel-M. Campbell président de Sentiers de foi Chers lecteurs et lectrices, En ce temps du carême, nous, du comité éditorial du journal Web Sentierdefoi.info, vous invitons à réfléchir avec nous sur les effets du mystère de Pâques dans la vie concrète du quotidien par le moyen de notre nouveau blogue. Pour participer à cette nouvelle expérience d'interaction, nous vous proposons de répondre, de façon brève, à l’une ou l’autre des questions suivantes : • À la lumière de votre foi en Jésus Christ, reconnaissez-vous des passages de la mort à la résurrection autour de vous? Lesquels? • Quels sont les effets concrets de votre foi en la mort et en la résurrection de Jésus Christ dans votre vie? Faites-nous part de vos réponses soit en allant directement sur notre nouveau blogue à l'adresse suivante : www.sentiersdefoi.wordpress.com ou en nous faisant parvenir votre réflexion par notre courriel habituel : [email protected], et ce, d'ici le 8 avril prochain. N'hésitez pas à consulter le blogue régulièrement pour voir les commentaires des autres participants et participantes et y réagir, si vous le souhaitez. Visitez notre nouveau blogue à www.sentiersdefoi. wordpress.com et faites-nous part de vos réponses ou de vos commentaires. Notez que pour amorcer la discussion et en assurer le rythme, nous avons demandé à quelques personnes d’apporter leur contribution tout au long de l’exercice. Enfin, le numéro du journal du 13 avril prochain présentera un retour sur cette expérience d’interaction entre Sentierdefoi.info et ses lecteurs et lectrices. Merci de votre participation. sdf.info • 23 mars 2011 • 8 Ressources Pour aller plus loin ou pour satisfaire votre curiosité question est donc légitime : vivonsnous dans une Église sans pasteurs? [ Participer ] Une Église sans pasteurs Faut-il réinventer la relation pasteurs-baptisés? Dans le cadre de son deuxième colloque annuel, le Réseau Culture et foi vous invite, le samedi 7 mai prochain, de 9 h à 15 h 30, à une journée de réflexion sur la relation pastorale. Loin de nous restreindre à une critique des pasteurs de notre Église, nous allons tenter de cerner les liens existant actuellement entre les sujets de la relation pastorale. Que sont-ils devenus, quelles mutations sont en cours, quel avenir? Un coup d’œil rapide nous permet de reconnaître des tensions importantes au sein de la relation pastorale. Les enseignements du pasteur suprême sont difficilement reçus, voire bannis par les fidèles de plus en plus informés, autonomes et critiques. Les liens entre laïcs, agents de pastorale, prêtres, curés et leur évêque sont fréquemment tendus; on reproche à ce dernier d’être peu à l’écoute de son peuple au profit de la défense des directives romaines. Sur le plan paroissial, les regroupements artificiels (superparoisses) ont éloigné les communautés chrétiennes de celui qui se réclame toujours du titre de pasteur; une tâche intenable leur est assignée. Finalement, les expériences de nouvelles formes de communautés chrétiennes attirent notre attention sur une autre forme de lien pastoral. La La participation des invités suivants nous permettra de faire le point sur cet aspect crucial de notre tradition de foi : André Anctil, curé de SaintDenis (Montréal); Nycole Pepper, coordonnatrice de la pastorale à la paroisse Saint-Eustache; Gérard Laverdure, laïc très impliqué en pastorale et membre de Chrétiens, chrétiennes dans la cité et André Myre, bibliste Le colloque aura lieu à la paroisse Notre-Dame de Grâce, 5333, av. Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal. Inscription jusqu’au 3 mai par téléphone au 514 737-9170 ou au 450 670-9635, ou par courriel à [email protected] ou à [email protected]. Coût : 30 $ (incluant repas et collations) www.culture-et-foi.com [ Lire ] La guerre s’acharne contre les femmes Réflexion biblique de Claude Lacaille, pmé Disons NON à la guerre! Le Canada se classe parmi les champions mondiaux au chapitre des dépenses militaires. Le Premier ministre a-t-il la moindre idée de ce que signifie la guerre pour les femmes et leurs enfants? http://www.interbible.org/interBible/ source/justice/2011/bjs_110318.html ; [ Lire ] Mais d’où vient la femme de Caïn? Les récits insolites de la Bible de Sébastien Doane « Pour les juifs et les chrétiens, la Bible est un livre sacré, inspiré par Dieu. Pourtant, elle renferme bon nombre de textes surprenants, et même bizarres ou inusités. On y découvre des histoires de polygamie, d’inceste et de jalousie, tout autant que des récits de géants, des descriptions de miracles et de prodiges ou des textes au parfum d’érotisme : comment comprendre le sens de ces récits et leur insertion dans le texte biblique? Passionné par la Bible, Sébastien Doane commente plus d’une trentaine de ces textes insolites. Favorisant une lecture ludique et accessible de la Bible, il initie avec simplicité à une lecture intelligente des récits anciens et permet de découvrir toute l’actualité de leur message. » (4e de couverture) Un livre amusant à lire, instructif, qui nous amène à découvrir avec émerveillement, par ses récits les plus inusités, les richesses et subtilités de ce trésor littéraire qu’est la Bible. Une lecture passionnante autant pour ceux qui connaissent déjà les récits que pour les néophytes. On y fait des découvertes fascinantes! Les textes sont courts, bien écrits; et on peut y flâner avec plaisir en lisant, à notre gré, les chapitres qui nous intriguent le plus! À lire. Novalis/Médiaspaul, 2010. Prochaine parution du journal : 13 avril 2011 Le journal Sentiersdefoi.info est une publication de Sentiers de foi, OSBL autonome et indépendant d’inspiration chrétienne fondé en 1984, qui a pour mission d’être un espace favorisant la connaissance, la reconnaissance et la collaboration des sentiers de foi au Québec, dans une perspective chrétienne inscrite dans le pluralisme actuel. ISSN 1715-8370 | 8 2011 Sentiers de foi | Tous droits réservés Ce journal, publié uniquement sur le Web, est de ce fait entièrement écologique. Imprimez-le et diffusez-le en pensant à l’environnement. 2005-2010 5 ans de marche dans les pas du vent de foi.info Sentiers www. Vol. 6 no 11 / 13 avril 2011 Comité éditorial Rédacteur en chef Gérard Laverdure Secrétaire de rédaction Ghislain Bédard Représentant du C.A. Michel-M. Campbell Collaboration Raymond Lemieux 8 Lucie Brousseau, 2011 : Cœur saignant la passion Journal Web bimensuel indépendant qui vise à faire connaître des parcours et des lieux où se vivent des expériences humaines et spirituelles novatrices. Itinéraire À la veille des jours saints, nous vous proposons de reconsidérer la pratique minoritaire du lavement des pieds à la lumière du dernier livre du théologien François Nault. [ p. 2 ] par Michel-M Campbell Perspectives Conception graphique Ghislain Bédard Intériorité Révélations et implications du lavement des pieds Nous vous livrons ici quelques extraits du livre Le lavement des pieds : un asacrement de François Nault, publié aux éditions Médiaspaul. « C’est le corps nu, non voilé, non ennobli que ce rite ose montrer... » [ p. 5 ] Pour nous joindre [email protected] Pour vous abonner www.sentiersdefoi.info Abonnement gratuit. Présenté par Michel-M. Campbell Actualités E = mc2 Quels rapports y a-t-il entre la relativité, la mécanique quantique et les traditions spirituelles? Jean Proulx, philosophe et poète, en a montré les convergences de fond lors d’une conférence à la librairie Paulines, le 30 mars dernier. [ p. 6 ] par Gérard Laverdure Fêtons 5 ans ISSN 1715-8370 8 2011 Sentiers de foi Tous droits réservés La théologie est aussi un sentier de foi Le rappel du lavement des pieds nous conduit à questionner le sens de nos rites, jusqu’à l’Eucharistie. « Faites ceci... » mène bien au-delà de la répétition rituelle. [ p. 3 ] par Raymond Lemieux Photographie Lucie Brousseau Ce journal Web existe uniquement grâce à votre générosité. Faites parvenir votre don à Sentiers de foi, 97, rue de l’Aqueduc Repentigny (Qc) J6A 4E2. Un reçu de charité sera émis. Un sacrement de la reconnaissance de la chair? Des lieux nouveaux pour se préparer à Pâques Nous vous invitons à réfléchir sur les effets du mystère de Pâques dans la vie concrète du quotidien par le moyen de notre nouveau blogue. [ p. 7 ] par Michel-M. Campbell sdf.info • 13 avril 2011 • 2 Itinéraire Un sacrement de la reconnaissance de la chair? À la veille des jours saints, nous vous proposons de reconsidérer la pratique minoritaire du lavement des pieds à la lumière du dernier livre du théologien François Nault. par Michel-M. Campbell sdf.info On comprendra qu’à 7 ans, Marie Laurence Nault ait trouvé que son professeur de père s’intéressait à un sujet répugnant (et bas?) : le lavement des pieds. Pourtant, dans la logique paradoxale de l’incarnation, celui-ci propose d’exalter cette pratique toujours minoritaire. J’ose ici suivre un parcours aussi riche qu’inédit. Le théologien François Nault1 nous apprend, dans son livre Le lavement des pieds : un asacrement, publié chez Médiaspaul en 2010, qu’une tradition plus que millénaire, étayée par des piliers de l’Église comme Ambroise de Milan et Bernard de Clairvaux, considérait le lavement des pieds comme un véritable sacrement; qu’au XIIe siècle, on ne l’a pas inclus dans la liste nouvelle des sept sacrements. Aussi, je dois réfléchir à l’ambiguïté de cette pratique aujourd’hui : l’inopportunité de ce rituel d’accueil dans la culture moderne; l’incongruité de l’image télévisuelle d’un pape lavant les pieds avec une cruche et une écuelle d’or; le sexisme de l’exclusion des femmes, etc. Notre journal Web passe à l’ère Facebook Cherchez dans Facebook Journal Web Sentiersdefoi.info et dites-nous « J’aime » pour vous joindre au groupe et réagir à cet article. Ou écrivez-nous à [email protected] Il vaut vraiment la peine de relire attentivement les quelques lignes du récit fondateur de ce rituel (Jn 13, 1-15). Il y a d’abord la solennité de son préambule : au moment culminant de sa vie, Jésus entreprend de mettre le comble à son amour pour les siens (Jn 13,1) : cela devrait donc être un des moments les plus importants des évangiles. Et pourtant, au contraire des trois autres évangélistes, Jean ne rappelle pas le récit du partage du pain et du vin et nous renvoie à une scène dont les éléments sont plus étonnants les uns que les autres. Tout d’abord, un détail : c’est au milieu du repas, et non pas à l’entrée de la maison, que Jésus entreprend le lavement des pieds, alors qu’à l’époque, cela se faisait à l’entrée de la maison pour ne pas souiller (profaner) l’espace où l’on mange avec les immondices de la rue. Ensuite, il y a le caractère inimaginable des actions : Jésus se déshabille, ceint sa nudité d’un linge et s’abaisse à laver les pieds de ses disciples. Un geste d’esclave. Un geste gênant entre amis à cause de ses connotations érotiques. Enfin, Jésus espère que, si on ne peut comprendre ce geste du premier coup, on en vienne à reconnaître que ce lavement mutuel est un exemple à suivre par tous ceux et celles qui veulent marcher avec lui. Une relecture systématique Nault revisite ce rituel de façon fort savante. D’Abraham à Jean Vanier. De la préhistoire (scènes du premier testament) du texte fondateur du rite au monde moderne, il rappelle les différentes interprétations retenues. D’aucuns ont vu, par exemple, dans le récit de la Cène chez Jean (lavement des pieds et silence sur l’Eucharistie) une réaction à une sursacramentalisation dans les communautés primitives; d’autres ont lié tour à tour ce rituel aux sacrements du baptême, de la confirmation ou de la pénitence; et le dénuement volontaire à la Cène, comme une annonce de celui du Golgotha. 1. François Nault est professeur titulaire de théologie à l’Université Laval et père de quatre enfants. Nault montre enfin comment aujourd’hui, à l’Arche de Jean Vanier, on tente – en opposition à l’asymétrie des liturgies où le célébrant condescend à aller vers des chrétiens et chrétiennes d’un niveau inférieur – de respecter l’injonction de réciprocité : chacun et chacune lave les pieds de la personne à sa droite. Il précise que, si elle s’avère possible dans l’environnement extraordinaire de l’Arche, cette réciprocité d’un geste de soins intimes reste difficilement imaginable dans les rassemblements liturgiques, toujours hiérarchisés. Ce qui pose la question du statut sacramentel du lavement des pieds. Lire la suite, page 3 sdf.info • 13 avril 2011 • 3 Itinéraire (suite) Intimité, kénose2 et hiérarchie Nault constate une tension dans l’évolution de la définition du mot sacrement : signe qui donne la grâce. Cette tension s’exprime dans l’opposition des traductions, grecque et latine, de ce terme : mysterium et sacramentum. Alors que le premier, d’abord théologique, met en valeur la grâce de Dieu qui se manifeste dans le signe, le second insiste sur l’efficacité de l’administration du rituel. Or le rite ordonne, sépare, hiérarchise, organise l’espace : haut/bas; tête/pied/sexe, c’est-à-dire ce qui est canonique ou non, correct ou non. D’où des risques de perversion : conception du sacrement comme un en-soi coupé de la vie, sans référence éthique. On se contente alors d’être en règle avec les sacrements sans tenir compte qu’ils nous invitent à reprendre le geste de Dieu, à nous mettre en lien avec notre histoire et celle des autres. Ainsi, le lavement des pieds ne peut se compter parmi les sept sacrements sans toutefois perdre sa valeur sacramentelle de signe du mystère de la grâce. Ses dimensions érotiques (se déchausser, se toucher implique une intimité) et politiques (nu, on perd son statut; on se retrouve sur le même pied) cadrent mal avec un rituel sacramentel hiérarchisé. Il n’en révèle pas moins la limite de celui2. Action de Dieu qui se ci en opposition à la liberté d’un Dieu pour qui les derniers seront les premiers. Un Dieu capable dépouille de sa de se dénuder dans sa passion et qui invite à nous aimer les uns les autres comme il nous aime, de puissance. la tête aux pieds, avec tout ce que cela veut dire. Perspectives La théologie est aussi un sentier de foi Le rappel du lavement des pieds nous conduit à questionner le sens de nos rites, jusqu’à l’Eucharistie. « Faites ceci... » mène bien au-delà de la répétition rituelle. par Raymond Lemieux collaboration spéciale Raymond Lemieux est le pionnier des sciences de la religion au Québec. Lié à l’Université Laval depuis 1965, d’abord en tant que chercheur au Centre de recherches en sociologie religieuse, puis comme professeur à la Faculté de théologie, Raymond Lemieux a fondé en 1980 le Groupe de recherches en sciences de la religion de l’Université Laval, qu’il dirige toujours. Toute institution repose sur un choix arbitraire de symboles qui structurent sa vie et déterminent sa visibilité. Il n’en va pas autrement de l’Église, dans son histoire, ainsi que des États, totalitaires ou démocratiques, peu importe. Arbitraire, ici, signifie moins « ce qui proviendrait d’un caprice » qu’« exerçant une fonction d’arbitre », c’est-à-dire imposant une hiérarchie des pratiques, une mise en ordre dans laquelle les sujets peuvent se reconnaître et trouver chacun leur place. Il est toujours intéressant de prendre conscience, devant ce fait, que les Évangiles, sources des traditions chrétiennes, sont pluriels. Qu’on en ait reconnu quatre comme canoniques, dans les premiers siècles, n’a rien d’insignifiant. Parmi les multiples directions dans lesquelles s’engageaient déjà les expériences chrétiennes, on a fait un choix, refoulant, voire jetant l’anathème sur certaines d’entre elles. Mais on a tout de même conservé quatre ensembles de textes, avec un souci évident de concordance, mais non sans préserver une certaine pluralité des sentiers de foi dont ils inaugurent les parcours. Narrant cet épisode du lavement des pieds situé le soir même du dernier repas, alors qu’il est négligé par les autres récits, l’évangile de Jean montre bien cette ouverture. Or, pour toutes sortes de raisons, cette pratique est devenue minoritaire dans l’histoire de l’Église. Elle possède pourtant une charge symbolique fondamentale. Benoît XVI lui-même l’évoque au chapitre 3 du second tome de sa Vie de Jésus, en l’associant à la confession : « La faute ne doit pas continuer à suppurer dans l’âme de manière cachée, l’empoisonnant ainsi de l’intérieur. Elle a besoin de la confession. Par le moyen de la confession, nous la mettons à la lumière, nous l’exposons à l’amour purificateur du Christ. Dans la confession, le Seigneur lave sans cesse de nouveau nos pieds sales et il nous prépare à la communion conviviale avec lui. » Et cette problématique n’est pas sans lien Lire la suite, page 4 Perspectives (suite) sdf.info • 13 avril 2011 • 4 avec celle de la vérité, soulevée dans le même chapitre : « Étant donné l’impossibilité d’un consensus sur la vérité et en s’appuyant sur elle, la politique ne se fait-elle pas l’instrument de certaines traditions qui, en réalité, ne sont que des formes de conservation du pouvoir? » La question est lancée par Joseph Ratzinger aux institutions séculières, mais les institutions d’Église peuvent-elle, devant cette question, rester indifférentes? Se laisser laver les pieds est un geste d’humilité – les personnes âgées qui ne peuvent plus le faire par elles-mêmes en savent quelque chose –, a fortiori quand ils sont sales, souillés par les scories de la route, brisés par les aspérités des chemins parcourus. Les pieds résument la condition humaine. Au temps de Jésus, quand on circulait chaussés de simples sandales sur des routes poussiéreuses, il y avait là plus qu’une figure : c’était un acte de compassion, un prendre soin, un partage de la condition humaine. Les pratiques liturgiques en ont réduit au minimum la charge symbolique, jusqu’à la dérision parfois. Elles ont plus ou moins évacué le rapport intime entre l’institution eucharistique, sacralisée, et sa retombée éthique incontournable : « Faites ceci » ne concerne-t-il pas, bien au-delà de la répétition rituelle, la réalité du partage du pain, c’est-à-dire des produits humains permettant aux humains de vivre et de mieux vivre? Et, du même coup, le partage du manque, de la souffrance, que le pain vient temporairement apaiser? Dans son petit livre, François Nault « revisite » la pratique du lavement des pieds. Sans nier ni exagérer ses ambiguïtés possibles, il montre comment elle manifeste une crise du rite que le christianisme vit dès qu’il néglige « la dépendance du rite à l’égard de la relation éthique1 ». Il 1. Voir p. 117. L’auteur souligne, autrement dit, le rapport nécessaire entre le rite et la vie. Et il met en lumière, du même renvoie ici à Louis-Marie Chauvet, Rites, sources coup, un autre aspect de la richesse d’un Évangile qui se présente à lire autrement. et ressources, Bruxelles, Le théologien, est, par métier, appelé à échardonner les jardins de l’expérience croyante. Peut-être Publications des trouve-t-il là même sa vocation première. La pratique de la théologie, telle qu’elle se livre alors, Facultés universitaires Saint-Louis, est aussi un sentier de foi, toujours critique certes, confronté aux incertitudes de la raison et aux 1995, p. 146 ss. ambiguïtés de la culture, mais capable du risque à prendre avec la vie, avec l’Autre. Le journal Web Sentiersdefoi.info passe à l’ère Facebook Votre webzine a désormais sa page Facebook : Journal Web Sentiersdefoi.info. Ainsi, si vous vous êtes déjà inscrits à ce réseau social, vous pourrez profiter de ce nouvel accès à votre webzine. Il vous suffit d’écrire « Journal Web Sentiersdefoi.info » dans la barre de recherche au haut de votre page Facebook, de vous rendre à celle du journal et de cliquer avec enthousiasme sur le bouton « J’aime »! Ainsi, vous pourrez prendre connaissance sur votre babillard de toutes les informations qui seront publiées par le webzine Sentiersdefoi.info sur ce fameux Livre des visages. sdf.info • 13 avril 2011 • 5 Intériorité Révélations et implications du lavement des pieds Extraits du livre Le lavement des pieds : un asacrement de François Nault (Éditions Médiaspaul, 2010) C’est tout à la fois le corps, le corps sexuel, le corps libidinal, le corps dans toute sa beauté et dans toute sa laideur, dans sa bassesse et dans sa saleté aussi (au sens propre), c’est le corps nu, non voilé, non ennobli, que le rite du lavement des pieds ose montrer... Mais la liturgie déréalise le corps d’une certaine façon, grâce aux vêtements liturgiques et à toute une scénographie qui programment les corps, les rendent en quelque sorte plus amples, plus élégants, plus angéliques [...]. [Elle] a aussi tendance à déréaliser le corps des parties nobles, [...] le visage et les mains. [ p 85 ] Il faut une communauté dont les membres sont dans leur corps, plutôt que dans leur tête, pour consentir à descendre dans les zones troublantes de l’éros, pour accepter que le Sexe soit un lieu possible de rencontre avec Dieu, qu’il y ait quasi coïncidence entre le contact de la peau et le toucher divin. Il faut que le corps ne soit pas simplement l’espace du péché, un lieu qu’il faille purifier, préalablement à la rencontre avec Dieu, mais le lieu même – déjà purifié par le Christ, Dieu fait chair – de cette rencontre. [ p 79 ] En Jésus Christ, Dieu se révèle ainsi à travers une relation de faiblesse qui a pour effet de briser en retour tout modèle de subordination. Déconstruisant la hiérarchie fondatrice, celle d’un Dieu toutpuissant régnant en maître, le christianisme annonce un autre type de relation sociale possible. La kénose autorise une autre figure de Dieu que celle qui est proposée par les religions, un « Dieu différent ». Le lavement des pieds montre la souveraineté en acte du Christ – une souveraineté à laquelle il convie ses disciples à participer – une souveraineté d’amour et de service, d’abandon plutôt que de subordination. Rite de la non-différenciation, du refus des clivages, le rite du lavement des pieds est l’anti-rite par excellence. La répulsion de Pierre s’explique : on comprend pourquoi « les hiérarques se réclameront de Pierre qui gardait ce sens hiérarchique dont le Seigneur venait de la défaire ». [ p. 107-108 ] sdf.info • 13 avril 2011 • 6 Actualités E = mc2 Quels rapports entre la relativité d’Einstein, la mécanique quantique et les traditions spirituelles? Jean Proulx, philosophe et poète, en a montré les convergences de fond lors d’une conférence à la librairie Paulines, le 30 mars dernier. par Gérard Laverdure sdf.info Philosophe et théologien, poète et professeur, Jean Proulx a été secrétaire général du Conseil supérieur de l’éducation du Québec. Il collabore actuellement à diverses revues, donne des conférences et des cours de philosophie à la Formation continue de l’Université Laval. Quelques livres de l’auteur Jean Proulx, La chorégraphie divine, essai sur le cosmos, Édition du Septentrion, 2008. Jean Proulx et Jacques Languirand, Le Dieu cosmique, à la recherche du Dieu d’Einstein, Éditions Le Jour, 2008 et L’héritage spirituel amérindien, Éditions Le Jour, 2009. Jean Proulx, Artisans de la beauté du monde, Édition du Septentrion, 2002. Sortira à l’automne 2011 son prochain livre sur La quête de sens, précisément avec l’aide de la physique et des sciences de la vie, de la philosophie et de la pensée spirituelle 1. Énergie = masse de l’objet multiplié par la vitesse de la lumière au carré. Ce qui donne l’énergie des bombes atomiques et des centrales nucléaires. Nous sommes à l’âge d’or de l’astronomie et des découvertes scientifiques. Le XXe siècle, en particulier, a complètement chamboulé notre vision et notre compréhension de l’univers. Nous sommes passés d’un univers plat et statique, avec ses quelques luminaires (étoiles et planètes) accrochés au plafond, à la Terre qui tourne autour du Soleil, une étoile moyenne dans un océan d’étoiles, tournant dans une galaxie, la Voie lactée, qui se déplace elle-même dans un amas local de galaxies (Hubble, 1920), membre d’un superamas de galaxies dit de la Vierge (2000 galaxies) rattaché à des filaments sans fin de milliards de galaxies... Tout ce beau monde est relié par la force de la gravité, et orienté depuis le départ – le big bang il y a près de 14 milliards d’années – par des lois intelligibles en langage mathématique, dans une continuelle expansion et complexification (Teilhard de Chardin) jusqu’à la conscience humaine. Et nous ne voyons qu’un petit pourcentage de la matière de notre univers... Nous avons relevé la genèse de notre planète et constaté l’incroyable force et ingéniosité de la vie. Ainsi, nous ne sommes pas « des étrangers dans » l’univers, mais nous en sommes parties prenantes. « Nous sommes faits de poussières d’étoiles » selon la belle expression de l’astrophysicien Hubert Reeves. Vous avez droit à une pause. La science croyait tout prévoir des phénomènes naturels et tout découvrir des mystères de l’univers. Or plus elle creuse dans l’infiniment petit et scrute l’infiniment grand, plus les questions difficiles surgissent et le mystère s’épaissit. Comme le dit si bien Jean Proulx à propos de l’univers : « Avec Einstein et sa théorie de la relativité (1905), on réalise que tout est en mouvement et interrelié, donc que les observations sont "relatives" du point de vue de l’observateur et l’univers est désormais conçu comme un océan d’énergie qui se retrouve sous diverses formes, d’où la formule E = mc2 1. S’il y a "attraction des corps célestes", c’est que l’espace-temps est "courbé" par la présence d’une masse comme une planète ou une étoile. Notre propre univers est une courbure... Avec la mécanique quantique (Planck, de Broglie, Heisenberg, Bohr et Schrödinger, au début du XXe siècle), on réalise que les informations se transmettent par paquets d’énergie (quantas comme les photons, à la fois onde et particule) et que l’univers est un tout indivisible. Que le vide n’est pas vide... mais débordant d’énergie potentielle. » C’est ainsi que nous recevons dans nos télescopes et autres observatoires spatiaux plein d’informations compréhensibles sur les étoiles et les galaxies lointaines, car dans cet univers, on observe ordre, intelligence et cohérence. Si les paramètres de départ avaient été différents ne serait-ce que d’un iota, il n’y aurait rien. Étonnement des scientifiques. Deux d’entre eux, les frères Bogdanov, physicien et mathématicien, ont intitulé leur dernier ouvrage scientifique sur les origines de l’univers, Le visage de Dieu... Encore une petite pause? « Arrivés au sommet de la montagne de la connaissance, les scientifiques découvrent des "campeurs" déjà rendus depuis longtemps et qui tiennent un langage semblable au leur. Ce sont les penseurs spirituels ou mystiques de l’Occident et de l’Orient et leur expérience de l’Être divin et cosmique, ainsi que les grands métaphysiciens et leur intuition de l’Être divin et cosmique », dira M. Proulx. De l’expérience spirituelle occidentale, chrétienne, on entend depuis plusieurs siècles que Dieu est Amour-créateur, « pouvoir créateur de l’Être », qu’il y a un logos (Parole), un principe d’ordre et de raison dans l’univers selon la métaphysique classique et que l’Un est dans le tout et constitue l’unité du cosmos. L’univers est en devenir et nous sommes tous interreliés. L’expérience spirituelle orientale, quant à elle, avec une vision plus féminine, nous parle de « vide créateur » qui est source/matrice, qui contient toutes les formes de l’univers, de conscience cosmique, Brahmâ (hindouisme), d’un principe d’harmonie des contraires (taoïsme), d’une sagesse cosmique qui s’exprime dans la loi du karma (bouddhisme). Nous sommes tous reliés les uns aux autres et à l’univers entier. On n’est jamais seuls. « Nous sommes dans une ère de convergence et de réconciliation possibles entre science, métaphysique et pensée mystique », conclut le conférencier. Une « conscience » de l’unité, de la beauté et de l’intelligence de toutes choses émerge à la grandeur de la planète. Quelque chose de nouveau ou Quelqu’un se manifeste de plus en plus... sdf.info • 13 avril 2011 • 7 Fêtons 5 ans Des lieux nouveaux pour se préparer à Pâques Nous vous invitons à réfléchir sur les effets du mystère de Pâques dans la vie concrète du quotidien par le moyen de notre nouveau blogue. par Michel-M. Campbell président de Sentiers de foi Dans le rythme fou de nos vies modernes, dans l’isolement de nos parcours de foi, nous avons du mal à nous préparer à vivre Pâques, le mystère central de la foi en Jésus le Christ. Fini le temps du carême prêt-à-porter, l’impatience devant des liturgies non acculturées où l’on reste passif. La Toile vous permet d’accéder, de là où vous êtes et au moment où vous le voulez, à des initiatives nouvelles : Google donne 670 réponses à la recherche de « Carême » en ligne. Pour sa part, l’équipe du journal Web Sentiersdefoi.info vous invite de nouveau à joindre son nouveau blogue. Vous y trouverez déjà de brèves réponses aux deux questions que nous vous avons lancées dans le dernier numéro et auxquelles nous vous invitons toujours à réagir. Nous vous proposons de répondre, de façon brève, à l’une ou l’autre des questions suivantes : • À la lumière de votre foi en Jésus Christ, reconnaissez-vous des passages de la mort à la résurrection autour de vous? Lesquels? • Quels sont les effets concrets de votre foi en la mort et en la résurrection de Jésus Christ dans votre vie? Visitez notre nouveau blogue à http://sentiersdefoi. wordpress.com et faites-nous part de vos réponses ou de vos commentaires. Faites-nous part de vos commentaires soit en allant directement sur notre nouveau blogue à l’adresse suivante : http://sentiersdefoi.wordpress.com ou en nous faisant parvenir votre réflexion par notre courriel habituel : [email protected], et ce, d’ici le 27 avril prochain. N’hésitez pas à consulter le blogue régulièrement pour voir les commentaires des autres participants et participantes et y réagir, si vous le souhaitez. Notez que le numéro du journal du 4 mai prochain présentera un retour sur cette expérience d’interaction entre Sentierdefoi.info et ses lecteurs et lectrices. Merci de votre participation. Que ces jours qui rappellent les derniers gestes, la passion, la mort du Seigneur, nous éclairent et nous confortent dans le mystère de chacune de nos vies! Amen! Alléluia! sdf.info • 13 avril 2011 • 8 Ressources Pour aller plus loin ou pour satisfaire votre curiosité [ Lire ] Suivre Jésus aujourd’hui, une spiritualité de la liberté radicale d’Albert Nolan « Eh bien! Je propose que nous apprenions à prendre Jésus au sérieux, et j’estime que c’est très précisément à notre époque que nous devons le faire. » (4e de couverture) « Nous sommes le produit d’un processus d’une créativité spectaculaire de développement de la matière et de l’esprit. Nous ne faisons qu’un avec les étoiles et tout le reste. » (p. 219) Pour situer la « spiritualité » de Jésus et y entrer, pour se situer en harmonie avec les nouvelles conceptions de l’univers. Novalis /Cerf, 2009 [ Participer ] Jour de la terre 22 avril 2011 À l’occasion du jour de la Terre, pourquoi ne pas en profiter pour sensibiliser nos communautés aux enjeux environnementaux et à la question importante de la protection de la Création. Pour ce faire, nous vous invitons à visiter ou à revisiter deux sites Internet qui pourront vous donner de nombreuses pistes de réflexion et d’action en ce qui a trait à ces questions. À cette occasion, célébrons la Terre et engageons-nous à en protéger les beautés. http://egliseverte-greenchurch.ca www.gardienscreation.org [ Participer ] Réseau Femmes et Ministères Un rassemblement à Québec Le réseau Femmes et Ministères vous invite à un rassemblement qui se tiendra à Québec le 29 octobre 2011, de 14 à 17 heures. Nous voulons : 1. souligner le 40e anniversaire de l’intervention de l’épiscopat canadien qui, par la voix du cardinal George B. Flahiff, recommanda au synode de 1971 qu’une commission étudie en profondeur « la question des ministères féminins dans l’Église »; 2. faire mémoire de l’audace et du courage des femmes qui sont à l’origine de cette intervention; 3. célébrer l’engagement des femmes en Église et leur ténacité à faire avancer la question des ministères. À inscrire dès maintenant à votre agenda. Des précisions suivront. www.femmes-ministeres.org [ Participer ] Exposition Du 10 au 14 avril 2011 [ Lire ] L’ordination des chrétiennes dans l’Église catholique, une question en mouvement au XXIe siècle de Pauline Jacob On peut lire l’article « L’ordination des chrétiennes dans l’Église catholique, une question en mouvement au XXIe siècle » de Pauline Jacob sur le site de Femmes et Ministères. « La question de l’ouverture des ministères ordonnés aux femmes a, dans l’espace public, une visibilité que nous ne pouvons ignorer. Elle se pose à la fois dans la marge et en bordure de la marge de l’institution ecclésiale catholique. » Pauline Jacob fait ressortir l’ensemble des actions en faveur de l’ordination des femmes au XXIe siècle. Ses références constituent une mine de renseignement. Voir aussi dans Sentiersdefoi.info les articles « Ces lampes qu’on maintient sous la table » (vol. 5 no 10); « Femmes et Ministères, lieu de solidarité et de parole », (vol. 6 no 9) et « Annine Parent, une femme libre et tenace » (vol. 3 no 2). www.femmes-ministeres.org Exposition d’œuvres d’art réalisées par des victimes d’actes criminels, à la galerie Off-Interarts, 5145, boul. Saint-Laurent, à Montréal. Organisée par le Centre de services de justice. www.csjr.org Pour nous signaler des ressources pertinentes ou nous faire vos commentaires, écrivez à : [email protected] Prochaine parution du journal : 4 mai 2011 Le journal Sentiersdefoi.info est une publication de Sentiers de foi, OSBL autonome et indépendant d’inspiration chrétienne fondé en 1984, qui a pour mission d’être un espace favorisant la connaissance, la reconnaissance et la collaboration des sentiers de foi au Québec, dans une perspective chrétienne inscrite dans le pluralisme actuel. ISSN 1715-8370 | 8 2011 Sentiers de foi | Tous droits réservés Ce journal, publié uniquement sur le Web, est de ce fait entièrement écologique. Imprimez-le et diffusez-le en pensant à l’environnement. 2005-2010 5 ans de marche dans les pas du vent de foi.info Sentiers www. Vol. 6 no 12 / 4 mai 2011 Comité éditorial Rédacteur en chef Gérard Laverdure Secrétaire de rédaction Ghislain Bédard Représentant du C.A. Michel-M. Campbell Collaboration Denis Fortin Daniel Laliberté 8 Lucie Brousseau, 2011 : Renouveau Journal Web bimensuel indépendant qui vise à faire connaître des parcours et des lieux où se vivent des expériences humaines et spirituelles novatrices. Itinéraire ... de la charité à la solidarité. Dans l'esprit même des Oblats, le Centre VictorLelièvre de Québec se réinvente pour être encore plus près des enjeux de notre époque et des préoccupations des citoyens et citoyennes de son milieu. [ p. 2 ] par Denis Fortin Perspectives Conception graphique Ghislain Bédard Intériorité L’arbre de vie Quand on franchit l’entrée du Centre Victor-Lelièvre, on remarque rapidement ce tableau de l’artiste haïtien Jacques Chéry. Comme un symbole de la vision qui s’y déploie... [ p. 5 ] Pour nous joindre [email protected] Pour vous abonner www.sentiersdefoi.info Abonnement gratuit. ISSN 1715-8370 8 2011 Sentiers de foi Tous droits réservés « À vin nouveau, outres neuves » Quand quête de sens et quête de justice sociale se rencontrent, se nourrissent mutuellement et s’ouvrent aux solidarités avec notre monde, il en ressort du vin nouveau et des sentiers fertiles. [ p. 3 ] par Daniel Laliberté Photographie Lucie Brousseau Ce journal Web existe uniquement grâce à votre générosité. Faites parvenir votre don à Sentiers de foi, 97, rue de l’Aqueduc Repentigny (Qc) J6A 4E2. Un reçu de charité sera émis. De la miséricorde à la compassion... Présenté par le Centre Victor-Lelièvre Actualités Crise à Développement et Paix Développement et Paix fait l’objet de dénonciations par des groupes provie parce qu’il finance des partenaires qui ont dans leur programme une approche prochoix sur la santé des femmes. Les réactions d’appui à DP n’ont pas tardé. [ p. 6 ] par Gérard Laverdure Ressources Pour aller plus loin ou pour satisfaire votre curiosité Des activités diverses et des ressources pertinentes. [ p. 7 ] sdf.info • 4 mai 2011 • 2 Itinéraire De la miséricorde à la compassion... ... de la charité à la solidarité. Dans l'esprit même des Oblats, le Centre Victor-Lelièvre de Québec se réinvente pour être encore plus près des enjeux de notre époque et des préoccupations des citoyens et citoyennes de son milieu. par Denis Fortin collaboration spéciale Depuis 1925, la Maison Jésus-Ouvrier est connue de la population de l’agglomération de Québec comme un lieu de célébration et d’approfondissement de la foi. Au fil des décennies et sous différentes formes, plusieurs générations s’y sont retrouvées pour vivre des retraites et participer à des groupes de cheminement, de croissance et de formation. À l’origine de cette institution, un oblat flamboyant, vicaire de Saint-Sauveur, engagé corps et âme avec le style de l’époque dans la mission en milieu ouvrier de la basse-ville, le père Victor Lelièvre, dont le nom est dorénavant associé au boulevard qui borde le terrain paysagé et l’édifice du quartier Vanier. Denis Fortin est pasteur de l'Église Unie du Canada, suppléant à la charge pastorale SaintPierre et Pinguet de Québec et SaintDamase-des-Aulnaies [www.egliseunie.org], membre de l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture [www.acatcanada.org] et membre du C.A. de Sentiers de foi. Après plus de 80 ans de rayonnement, à la suite d’un processus d’évaluation et de discernement, la communauté des Oblats souhaite relancer l’œuvre en actualisant son intuition initiale pour l’accorder à la réalité sociale contemporaine. Fort des racines historiques d’une foi accueillante (la miséricorde) et d’un travail bienveillant (la charité) dans le terreau du milieu populaire, le nouveau Centre Victor-Lelièvre (CVL) amorce, à l’automne 2008, une véritable refondation afin de « soutenir l’espérance des femmes, des hommes, des jeunes de notre temps, croyants et noncroyants, à travers leur quête de sens, de justice, de communion et de libération ». C’est à Lorraine Gaudreau qu’on demande de diriger cette démarche de transformation. Impliquée depuis des années dans l’organisation communautaire au sein de regroupements des droits sociaux et du mouvement populaire, elle constate dans son parcours « avoir contribué au fil des ans à construire des ponts concrets entre ces groupes d’intervention sociale et les alliés chrétiens engagés dans une analyse critique et préoccupés de justice sociale ». En compagnie des différents intervenants (animation, gestion, location, hébergement), le cheminement personnel de la directrice traduit la visée même du CVL : une foi transformatrice et une passion pour l’engagement concret. Ainsi décrit-elle la démarche entreprise : « La maison a connu plusieurs périodes avec des approches variées quant à l’animation. L’enjeu actuel de cette relance, c’est l’intégration de toutes les tendances qu’on y retrouve. Le Jésus qu’on rencontre dans l’adoration est le même qui conteste ouvertement les structures d’oppression et prend le parti des faibles et des exclus. 418 683-2371 L’apostolat laïque porte l’exigence de comprendre les causes des injustices et des inégalités autant [email protected] que d’en contrer les effets. Être fidèles à l’intuition du père Lelièvre aujourd’hui, c’est tenir tout www.centrevictorlelievre.org autant à la formation de la foi qu’à l’accompagnement des valeurs des gens là où ils se trouvent, comme lui-même l’a fait à son époque. Quête de sens, de spiritualité et de Dieu, quête de justice, quête de communion, quête de libération intérieure et collective, cela forme un tout. » Centre Victor-Lelièvre 475, boul. Père-Lelièvre Québec (QC) G1M 1M9 Notre journal Web passe à l’ère Facebook Cherchez dans Facebook Journal Web Sentiersdefoi.info et dites-nous « J’aime » pour vous joindre au groupe et réagir à cet article. Ou écrivez-nous à [email protected] C’est d’ailleurs cette conviction qui a conduit le CVL à lancer une enquête en profondeur dans le milieu. Grâce au soutien financier de la Fondation Béati, la « Table ronde itinérante sur la quête de sens, de justice sociale et de fraternité » a démarré en septembre 2010 sous la coordination de Jonathan Lacasse, agent d’animation et de développement au CVL. Cette table vise trois objectifs : 1. rencontrer les gens dans les groupes (communautaires, ecclésiaux, scolaires et même des centres commerciaux) pour un temps d’arrêt et d’écoute sur la manière dont ils articulent leurs quêtes de sens, de justice sociale et de fraternité; 2. relever des idées intéressantes d’intervention susceptibles de déboucher sur des pistes ou des projets d’action liés à la mission du centre; 3. renforcer les liens avec les différents groupes du milieu. Un des impacts de cette démarche est de faire connaître dans le milieu la nouvelle orientation du CVL. Pour parvenir à recueillir les données nécessaires, le CVL, avec l’implication d’un comité-conseil, a développé un questionnaire qui sert d’outil d’animation lors des tables rondes itinérantes. Ces tables rondes circulent dans le milieu et permettent aux organismes de vivre un temps d’arrêt. « À l’étape actuelle, affirme Jonathan Lacasse, un premier constat ressort de façon quasi unanime : seul, on ne peut pas changer les choses. Le fil conducteur, c’est qu’ensemble, avec le monde, on peut quelque chose. Il émerge une "espérance présente" qui ne s’exprime pas en termes Lire la suite, page 3 sdf.info • 4 mai 2011 • 3 Itinéraire (suite) religieux mais qui rejoint les valeurs évangéliques, donc l’engagement social. Le deuxième constat, c’est que la quête de sens et l’engagement pour la justice sociale sont liés et se nourrissent « Le Jésus qu’on mutuellement. Ces valeurs sont difficiles à vivre et il faut demeurer alerte, en mouvement, et cela rencontre dans ne peut se faire seul. » La première année de la Table ronde se conclura par un rassemblement festif l’adoration est le même de ceux et celles qui y ont participé à l’automne 2011. qui conteste ouvertement les structures d’oppression et prend le parti des faibles et des exclus. » Lorraine Gaudreau Dans cette démarche de refondation, le CVL utilise avec créativité les outils contemporains de communication (site Web, diffusion culturelle par les nouveaux médias, etc.) et mise autant sur la continuité avec les groupes qui le fréquentent déjà que sur son potentiel de service pour d’autres qui apprennent à le connaître. Il y a un siècle, un oblat passionné allait parmi le monde pour partager la miséricorde de Dieu et promouvoir une charité active en milieu ouvrier. Les moyens diffèrent, les mots changent, mais la vision demeure. C’est ainsi que l’exprime l’équipe du CVL : « Nous nous réjouissons que des hommes et des femmes engagés de multiples manières – souvent hors des sentiers battus et au-delà de toute frontière – fassent advenir un monde de justice et de paix au cœur du quotidien. Nous avons la conviction que, dans ces gestes fraternels et les luttes pour la dignité de tout être humain, le Royaume de Dieu est déjà en marche. En Église désinstallée, "servante et pauvre", nous entendons l’appel de l’Évangile à l’audace, à la compassion, au don de soi par amour. » Perspectives « À vin nouveau, outres neuves » Quand quête de sens et quête de justice sociale se rencontrent, se nourrissent mutuellement et s'ouvrent aux solidarités avec notre monde, il en ressort du vin nouveau et des sentiers fertiles. par Daniel Laliberté collaboration spéciale L’itinéraire a l’habitude de nous proposer l’expérience d’un chemin de foi emprunté par des groupes qui se situent eux-mêmes d’emblée hors du cadastre institutionnel habituel. Cette foisci, l’organisme présenté ne peut pas être plus mainstream : le Centre Victor-Lelièvre porte depuis peu le nom même de son fondateur, un oblat, membre d’une communauté religieuse comme l’Église en a connu plusieurs. Ce n’est donc pas l’identité de l’organisme présenté qui, par ellemême, justifie de retenir l’attention d’un itinéraire de notre journal. Daniel Laliberté détient un doctorat en initiation chrétienne obtenu conjointement de l'Université Laval et de l'Institut catholique de Paris. Agent de pastorale, il est actuellement responsable de la formation chrétienne pour l'Église catholique de Québec. Je pense cependant que ce dont il est question ici est un reflet fort significatif du fait que, dans l’ébullition actuelle de l’institution ecclésiale, nul besoin de se situer à la marge pour prétendre paraître dans ces pages. La reconfiguration des orientations du CVL démontre à quel point au sein même d’institutions qu’on peut avoir tendance à associer au « courant principal » de la vie de l’Église, il y a un souci, un désir, un appel à ouvrir les yeux et à tendre l’oreille pour proposer des espaces d’accueil et de dialogue à tout venant qui manifeste une quête, une soif, quelle qu’elle soit. Bref, avant même de considérer la spécificité du sentier que commence à emprunter le CVL, je trouvais intéressant de faire ressortir ce que je vois en plusieurs lieux de l’Église actuelle, à savoir cette prise de conscience qu’elle ne vit pas pour elle-même, mais bien en relation avec les hommes et les femmes d’aujourd’hui, qu’elle n’a de raison d’être que par le dialogue et la proposition évangélique adressée à ces frères et sœurs, une prise de conscience qui pousse à entrer en recherche de modes nouveaux d’être au monde. Sachons reconnaître que l’autoroute ecclésiale est de moins en moins fréquentée et que ce sont les chemins de traverse qui sont maintenant davantage foulés par ceux et celles qui entendent l’interpellation du Christ. Moi qui porte une responsabilité diocésaine pour la catéchèse, je suis très fréquemment témoin, dans les réseaux que je suis appelé à fréquenter, de ce désir de faire Église autrement. Certes, la « machine » est lourde, cet Lire la suite, page 4 Perspectives (suite) sdf.info • 4 mai 2011 • 4 « autrement » peine à naître, mais il est clair qu’il sourd déjà en maints endroits où les préjugés nous empêchent parfois d’admettre qu’il « peut naître là quelque chose de bon ». Cela dit, après nous être réjouis qu’une façon nouvelle d’être présence d’Église puisse voir le jour en un lieu qu’on qualifierait spontanément d’institutionnel, prenons le temps de considérer ce qui commence à poindre au CVL. À cet égard, il me semble que deux dimensions ressortent. D’abord, celle qui s’est exprimée dans les mots suivants : « intégration de toutes les tendances » qui ont marqué l’histoire et l’évolution du Centre. Comment ne pas être d’accord avec Lorraine Gaudreau quand elle dit que « le Jésus qu’on rencontre dans l’adoration est le même qui conteste ouvertement les structures d’oppression et prend le parti des faibles et des exclus » ou encore que « quête de sens, de spiritualité et de Dieu, quête de justice, quête de communion, quête de libération intérieure et collective, cela forme un tout ». Ce désir de tenir ensemble les grands mouvements qui ont animé la vie de Jésus-Ouvrier – cet ancien nom est en lui-même éloquent – n’est pas sans présenter un défi important, mais loin d’être insurmontable. Et à bien y penser, alors même que nos débats sociopolitiques actuels créent d’importantes polarisations idéologiques caractérisées par les catégories de gauche et de droite, ce désir de tenir ensemble des tendances variées, mais toutes rattachées au Christ et à l’Évangile, me semble être porteur d’une intuition en quelque sorte prophétique. Quiconque connaît les lieux n’aura pas de peine à imaginer qu’une personne s’y rendant pour une activité de justice sociale entende murmurer dans la chapelle une assemblée priante qui l’intriguera peut-être. Puis, une heure plus tard, au sortir de la chapelle, un couple réalise qu’il a partagé les lieux avec un groupe d’action sociale qui, à son tour, l’interpelle sur l’importance de donner des mains à son élan spirituel intérieur. Ce n’est bien sûr qu’un exemple bien modeste, mais qui illustre l’avantage que présente ce Centre qui n’est porteur d’aucune étiquette trop campée qui risquerait de tenir à distance les tenants et tenantes d’une forme ou l’autre d’implication au nom de la foi. On ne peut qu’encourager ce désir d’« intégration de toutes les tendances ». L’autre point d’attention, me semble-t-il, est précisément celui qui a suscité l’expression donnée en titre : « À vin nouveau, outres neuves ». Car l’intégration de toutes les tendances pourrait bien, si on n’y prenait garde, être quand même un enfermement dans « du vieux ». Or il est clair que ce n’est pas la volonté des responsables du CVL, qui s’exprime dans cette décision de changer de nom. Comme on le mentionne, le point de rencontre des tendances diverses, c’est la « quête ». On est ici en pleine résonance avec le monde contemporain. Ce qui transpire clairement de la mise sur pied de la Table ronde, c’est une grande attention au monde, à ses attentes, à ses soifs. Ces soifs ne sont peut-être pas toujours marquées au coin de la foi au Christ, mais elles constituent en ellesmêmes des sentiers où un germe de cette foi pourra, peut-être mais pas forcément, émerger. En tout cas, il est beau de voir Lorraine et Jonathan, soutenus par la communauté des Oblats, faire le pari d’un ajustement des offres émanant du CVL de façon à être toujours davantage ce lieu où « quête de sens et engagement pour la justice se nourrissent mutuellement », fidèle en cela à l’esprit de son fondateur. Ce qui m’apparaît particulièrement inspirant ici, c’est ce regard bienveillant sur le monde, ce regard qui, tout en demeurant lucide sur les enjeux socio-éthiques, accueille ce monde et ceux et celles qui y vivent avec toute l’épaisseur d’une humanité où se côtoient les crucifixions et les signes de résurrection. Comme quoi il est possible d’être à la fois fidèle à une vieille intuition tout en travaillant avec conviction à rendre pertinente cette intuition... Car quand on dit « À vin nouveau, outres neuves », il ne faudrait pas penser que c’est l’Évangile qui est le vin vieilli qu’il faut remplacer. Le vin nouveau, c’est la sensibilité à ce monde qui a profondément muté et qui invite, qui oblige même à ouvrir des chemins neufs. Quant à l’Évangile lui-même, j’emprunte pour en parler une expression déjà entendue à quelques reprises dans la bouche du nouvel archevêque de Québec, cette expression qui dit bien son éternelle jeunesse, son éternelle pertinence : la « fraîcheur » de l’Évangile. Assurément, c’est ce vent de fraîcheur qui souffle sur le Centre Victor-Lelièvre. Intériorité sdf.info • 4 mai 2011 • 5 L’arbre de vie Quand on franchit l’entrée du Centre Victor-Lelièvre, on remarque rapidement ce tableau. Comme un symbole de la vision qui s’y déploie... L’artiste peintre Jacques Chéry est un chrétien d’Haïti qui a vécu en exil sous le régime Duvalier. Par son art de style « primitif », il cherche à éclairer le monde d’aujourd’hui à la lumière CE TABLEAU ILLUSTRE L’ALLIANCE de la Parole de Dieu avec son peuple. À du Dieu vivant. la manière des vitraux de cathédrales du Moyen Âge ou de basiliques modernes, il retrace l’histoire du salut de l’humanité en une vibrante catéchèse. Voyez : 1. En haut au centre : la création d’Adam et Ève, des animaux, des arbres aux fruits succulents; et l’homme qui bêche la terre selon son appel à « cultiver le jardin » (Gn 2, 15). 2. En haut à gauche : les Dix commandements donnés à Moïse (Ex 20) et repris de nos jours (1948) dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme – ou Doa l’om en créole, pour marquer que la dignité humaine doit s’étendre à toutes les nations, même les plus appauvries. 3. Au centre à gauche : alors que l’humain détruit la terre en la surexploitant, Jésus au désert résiste aux tentations de richesse et de puissance (symbolisées par la maison et l’auto) pour rétablir la paix avec tous les êtres vivants. 4-5-6. Au bas : ces trois scènes décrivent des situations où les droits humains sont bafoués : droit à une patrie, alors que les habitants doivent s’enfuir par bateaux sur une mer déchaînée; droit à vivre en paix, alors que les victimes (et parmi elles Jésus lui-même, toujours en robe rouge) s’écroulent sous les coups des soldats et sous les obus des tanks et des avions; droit à la dignité et à la solidarité, plutôt que ce piétinement des uns par les autres pour gravir l’échelle sociale. Remarquez que dans chacune des scènes de ténèbres, l’artiste a inséré une lumière d’espoir : dans la barque où les gens s’affolent, un passager demeure serein, comme Jésus sur la mer de Galilée (Mt 8, 24); au milieu des massacres, une personne portant l’emblème de la Croix Rouge soigne un blessé; et au bas de la pyramide de compétition farouche, une main est tendue pour sortir des flots celui qui risque de s’y noyer. Au creux de nos désespoirs luit toujours la petite flamme de l’espérance... 7. Au centre à droite : Jésus dans le Temple libère les colombes et les chèvres et renverse les tables des échangeurs de monnaies (Mc 11, 15). En bousculant l’ordre établi par une religion devenue emprisonnante et mercantile, Jésus annonce qu’il est le véritable Temple de Dieu, lieu de vie et de liberté. 8. En haut à droite : la grande table du festin de l’humanité est mise, où s’assoient des gens de toutes races et où les mets abondants sont servis par des enfants, des petits, « les premiers dans le Royaume ». 9. Au centre de tout : le Christ en croix, élevé comme le serpent d’airain dans le désert (Jn 3, 14). Il pend sur un arbre vivant. Un arbre dont les racines plongent jusque dans la noirceur des flots et dont les feuilles atteignent le ciel. Ses fruits colorés et ses jeunes pousses symbolisent la promesse de « vie en abondance » (Jn 10, 10). En signe de l’éternel oui du Dieu créateur à toute sa création, un arc-en-ciel, « signe de l’Alliance » (Gn 10,13), entoure le tableau. Comme devant une icône, osons faire silence et entrer en dialogue avec l’Amour qui se livre à notre regard et à notre cœur. sdf.info • 4 mai 2011 • 6 Actualités Crise à Développement et Paix Développement et Paix fait l’objet de dénonciations par des groupes provie parce qu’il finance des partenaires qui ont dans leur programme une approche prochoix sur la santé des femmes. Les réactions d’appui à DP n’ont pas tardé. par Gérard Laverdure sdf.info Développement et Paix est l’organisme officiel de solidarité internationale de l’Église catholique au Canada fondé en 1967. Sa mission : « Soutenir des partenaires dans le Sud qui mettent de l’avant des alternatives aux structures sociales, politiques et économiques injustes. Dans la lutte pour la dignité humaine, l’organisme s’allie (partenariat) aux groupes de changement social du Nord et du Sud. Il appuie les femmes dans leur recherche de justice sociale et économique. Les objectifs de Développement et Paix, inspirés des valeurs de l'Évangile et en particulier de l'option préférentielle pour les pauvres, consistent à appuyer les actions des peuples du Sud pour qu’ils puissent prendre leur destin en mains et à sensibiliser les Canadiens et Canadiennes sur les questions liées au déséquilibre Nord-Sud. » (site Internet) Il s’agit d’aller aux causes structurelles des injustices sociales (structures de péché, selon Jean-Paul II) plutôt que d’éponger indéfiniment les conséquences désastreuses des exclusions économiques et sociales. L’organisme est réputé pour son intégrité et son expertise, et est soutenu par une base militante de 13 000 membres. Provie contre prochoix Notre journal Web passe à l’ère Facebook Cherchez dans Facebook Journal Web Sentiersdefoi.info et dites-nous « J’aime » pour vous joindre au groupe et réagir à cet article. Ou écrivez-nous à [email protected] Les dénonciations ont débuté avec la Marche mondiale des femmes en 2000, marche que Développement et Paix et de nombreuses communautés religieuses féminines appuyaient. Dans ce rassemblement mondial, il y avait des groupes avec option prochoix (étiquetés proavortement par les dénonciateurs) concernant la santé des femmes. Alimentées par les sites Internet LifeSiteNews.com (Toronto) et Socon.ca (Ottawa) et reliées à des groupes comme Real Catholic Women et Real Catholic TV (États-Unis), ces dénonciations se sont poursuivies jusqu’à aujourd’hui. Ainsi, lors de la dernière campagne Carême de partage (2011), deux évêques (Ottawa et Alexandria-Cornwall), sous la pression des groupes provie qui se prétendent les seuls « vrais (real) catholiques », ont exigé que Développement et Paix annule l’invitation faite au jésuite Luis Arriaga, responsable d’un centre mexicain de défense des droits humains réputé (le PRODH). Le seul critère étant la non-conformité des programmes de ces groupes aux enseignements stricts de l’Église catholique dont ceux qui concernent la contraception, l’avortement et l’homosexualité, comme on l’a affirmé sur le site Socon.ca : « ... 49 groupes qui font la promotion (certains agressivement) de l’avortement, de la contraception, de l’homosexualité ou sont en général anticatholiques » (traduction de l’auteur). Des réactions en chaîne Les réactions ne se sont pas fait attendre : l’Entraide missionnaire, le Réseau Culture et Foi, le réseau des Forums André-Naud, l’Association des religieuses pour les droits des femmes (ARDF); puis le bibliste Claude Lacaille suivi par quatre membres de Développement et Paix Montréal et d’autres catholiques ont lancé une chaîne de lettres sur Internet adressées aux évêques de chaque diocèse et au président de la CECC, Mgr Morissette. Des centaines de lettres et de pétitions (86 signatures dans la seule paroisse Saint-Pierre-Apôtre) ont suivi. L’ARDF, regroupant des déléguées de 46 congrégations religieuses, a réagi pour dénoncer les coupures de subventions aux groupes de femmes exigées par ces groupes. Les religieuses affirment que « de telles attaques à l’encontre de la dignité et des droits des femmes nous provoquent à actualiser pour aujourd’hui cette réponse de Jésus aux pharisiens : "Je vous le dis : s’ils se taisent, les pierres crieront" (Lc 19, 40) ». Elles ajoutent : « Des enquêtes menées sur le terrain démontrent que les groupes de femmes affectés par cette décision prennent soin de leurs sœurs vivant la pauvreté et la violence familiale en plus d’être très souvent seules à porter la responsabilité de l’éducation de leurs enfants. Nous savons également que la pratique du viol comme arme de pouvoir des hommes sur les femmes entraînant ainsi la mort psychologique et spirituelle des victimes, devrait inciter notre Église à des gestes de compassion plutôt que de jugement, de coupure d’aide et de discrimination. » De nombreux groupes et nombre de sdf.info • 4 mai 2011 • 7 Actualités (suite) personnes engagées en Église ont aussi pris position dont quelques-unes sont rapportées sur le site du Réseau Culture et Foi1. Qui sont les « vrais catholiques »? Dans ce débat, un enjeu de fond émerge concernant l’identité chrétienne aujourd’hui. N’y auraitil qu’une seule façon de pratiquer sa foi, soit en étant des copies conformes des enseignements venant du Vatican – copier-coller et répéter sans réfléchir? Sans tenir compte des contextes culturels, des consciences et des ouvertures historiques du concile Vatican II élaborées et décrétées par 2 300 évêques : importance du Peuple de Dieu et de son « sens de la foi », de la liberté de conscience, de la collégialité, du pluralisme théologique et pastoral, de l’ouverture confiante sur le monde, de la responsabilisation des baptisés. Sur ces sites Internet, pas un mot de l’Évangile d’un nommé Jésus et de ses pratiques d’accueil, de compassion, de respect des consciences. « Défendre la vie ne concerne-t-il pas surtout la défense des conditions de vie et de dignité tout au long de la vie? C’est ce que fait Développement et Paix depuis ses débuts, en fidélité avec les options et les pratiques de Jésus dans l’évangile », de nous dire des militants et militantes de cet organisme. 1. Voir d’autres prises de position sur www.culture-et-foi.com/ nouvelles/nouvelles.htm Se faire imposer comme adultes un modèle unique de pratique de foi d’en haut – comme un kit de peinture par numéros – ou en menaçant de l’enfer n’a rien à voir avec l’esprit de l’Évangile. « Proposer Jésus Christ aujourd’hui » (priorité du diocèse de Montréal depuis plusieurs années) et sa liberté est beaucoup plus emballant. Est-ce que nos évêques canadiens ont gardé leur liberté évangélique? Sont-ils prisonniers d’une ligne de parti, d’une langue de bois et d’une unité de façade? Où est donc passé le Souffle de Vatican II? Dans le Peuple? Oseront-ils des paroles courageuses pour défendre ce fleuron de l’Église canadienne qu’est Développement et Paix? Le journal Web Sentiersdefoi.info passe à l’ère Facebook Votre webzine a désormais sa page Facebook : Journal Web Sentiersdefoi.info. Ainsi, si vous vous êtes déjà inscrits à ce réseau social, vous pourrez profiter de ce nouvel accès à votre webzine. Il vous suffit d’écrire « Journal Web Sentiersdefoi.info » dans la barre de recherche au haut de votre page Facebook, de vous rendre à celle du journal et de cliquer avec enthousiasme sur le bouton « J’aime »! Ainsi, vous pourrez prendre connaissance sur votre babillard de toutes les informations qui seront publiées par le webzine Sentiersdefoi.info sur ce fameux Livre des visages. sdf.info • 4 mai 2011 • 8 Ressources Pour aller plus loin ou pour satisfaire votre curiosité [ Participer ] Une Église sans pasteurs? Colloque du Réseau Culture et Foi Le Réseau Culture et Foi vous invite à son colloque : « Une Église sans pasteurs? Faut-il réinventer la relation pasteurs-baptisés? » qui aura lieu le samedi 7 mai 2011 de 9 h à 15 h 30 à la paroisse Notre-Dame de Grâce, au 5333, av. Notre-Dame-de-Grâce (angle Décarie), à Montréal. Nous vous proposons une journée de réflexion sur la relation pastorale. Loin de nous restreindre à une critique des pasteurs de notre Église, nous allons tenter de cerner les liens existant actuellement entre les sujets de la relation pastorale. Que sont-ils devenus, quelles mutations sont en cours, quel avenir? Avec André Anctil, curé de la paroisse SaintDenis (Montréal); Nycole Pepper, coordonnatrice de la pastorale à la paroisse Saint-Eustache; Gérard Laverdure, laïc impliqué en pastorale et au journal Sentiersdefoi.info, membre de Chrétiens, chrétiennes dans la cité; et André Myre, bibliste. Des premières communautés chrétiennes, quel témoignage? L’inscription se tient jusqu’au 3 mai (pour fins de repas) au coût de 30 $. Pour information ou inscription, joignez le 514 737-9170 ou le 450 670-9635. www.culture-et-foi.com Pour nous signaler des ressources pertinentes ou nous faire vos commentaires, écrivez à : [email protected] [ Participer ] Pourquoi les choses vont-elles mal dans l’Église? Regard sur la pensée de John Henry Newman Dans le cadre de ses activités culturelles dans la Chapelle historique sise au 20, rue Dauphine, angle D’Auteuil et Dauphine, la communauté des Jésuites de Québec vous invite à cette conférence du père JeanGuy Saint-Arnaud, s.j., qui posera un regard sur la pensée de John Henry Newman : « Pourquoi, selon John Henry Newman, les choses vont-elles mal dans l’Église? » et qui aura lieu le dimanche 8 mai 2011 de 15 h à 17 h. Elle sera suivie d’un Prélude musical donné par l’organiste titulaire de la chapelle, le professeur d’orgue du Conservatoire de Québec Danny Belisle. La messe dominicale débutera à 16 h comme à l’accoutumée et sera célébrée par le père supérieur Wim Dombret, s.j., selon la tradition ignatienne. Pour information, joigneznous par téléphone au 418 683-2371 ou par courriel au : [email protected] www.centrevictorelelievre.org Vous aimez lire le journal? Alors, faites-le connaître à vos parents, collègues et amis. Et invitez-les à s’abonner en allant directement sur notre site Web. Merci. [ Lire ] Vers une écothéologie Article à lire sur le site du ROJeP Le Réseau Œcuménique Justice et Paix regroupe plus de 40 groupes chrétiens du Québec qui mettent leur force en commun dans la réflexion et dans l’action pour faire avancer des causes de justice, de paix et d’intégrité de la création. Vous pouvez lire l’article « Vers une écothéologie » dans le dossier Les autochtones et l’exploitation des ressources naturelles (les mines surtout) apparaissant sur le site Web dans la section Événements. www.justicepaix.org [ Participer ] Julien Harvey : homme de foi, homme du pays Soirée bénéfice avec Gregory Baum Dans le cadre de sa campagne de financement 2011 et des 70 ans de la revue Relations, Gregory Baum nous fera redécouvrir ce grand intellectuel qu’était Julien Harvey, pilier de Relations pendant près d’une trentaine d’années et premier directeur du Centre justice et foi. Prix d’entrée : 70 $. (Un reçu pour fins d’impôt sera remis pour le montant versé moins 15 $.) Un goûter sera servi à 17 h 30. La soirée bénéfice aura lieu le lundi 30 mai 2011 à 17 h 30 à la Maison Bellarmin, au 25, rue Jarry Ouest, Montréal (angle boul. Saint-Laurent). www.cjf.qc.ca Prochaine parution du journal : 25 mai 2011 Le journal Sentiersdefoi.info est une publication de Sentiers de foi, OSBL autonome et indépendant d’inspiration chrétienne fondé en 1984, qui a pour mission d’être un espace favorisant la connaissance, la reconnaissance et la collaboration des sentiers de foi au Québec, dans une perspective chrétienne inscrite dans le pluralisme actuel. ISSN 1715-8370 | 8 2011 Sentiers de foi | Tous droits réservés Ce journal, publié uniquement sur le Web, est de ce fait entièrement écologique. Imprimez-le et diffusez-le en pensant à l’environnement. 2005-2010 5 ans de marche dans les pas du vent de foi.info Sentiers www. Vol. 6 no 13 / 25 mai 2011 Comité éditorial Rédacteur en chef Gérard Laverdure Secrétaire de rédaction Ghislain Bédard Représentant du C.A. Michel-M. Campbell Collaboration Guy Côté Jean-Guy Nadeau 8 Lucie Brousseau, 2011 : La face cachée des pas Journal Web bimensuel indépendant qui vise à faire connaître des parcours et des lieux où se vivent des expériences humaines et spirituelles novatrices. Itinéraire Pas besoin d’aller en Europe pour vivre un « Compostelle ». Un Québécois vient d’ouvrir un dixième sentier de marche chez nous le long de la rivière des Outaouais. La marche comme chemin de rencontre de soi et de l’autre. [ p. 2 ] par Gérard Laverdure Perspectives Conception graphique Ghislain Bédard Intériorité J’ai marché le camino de Saint-Jacques de Compostelle « J’ai marché le camino sous la pluie constante et intermittente. Sous le vent violent et la grêle de la montagne. La pluie a façonné mes pensées et arrêté le temps au présent. Ma marche est devenue une démarche. » [ p. 4 ] Pour nous joindre [email protected] Pour vous abonner www.sentiersdefoi.info Abonnement gratuit. ISSN 1715-8370 8 2011 Sentiers de foi Tous droits réservés Aller voir ailleurs si j’y suis Quelle idée de marcher pour s’arrêter dans sa vie! Ne marche-t-on pas suffisamment dans notre quotidien? Quelques propos sur les désirs de marcher et les paradoxes de la marche. [ p. 3 ] par Jean-Guy Nadeau Photographie Lucie Brousseau Ce journal Web existe uniquement grâce à votre générosité. Faites parvenir votre don à Sentiers de foi, 97, rue de l’Aqueduc Repentigny (Qc) J6A 4E2. Un reçu de charité sera émis. Chemin des Outaouais : un chemin vers l’Autre Présenté par Rodolphe Latreille Actualités Une Église sans pasteurs? Le don pastoral n’est-il pas confié à tous les baptisés? Comment s’articule ce nouveau paradigme dans la structure ecclésiale actuelle fortement hiérarchisée et cléricalisée? Survol du colloque du Réseau Culture et Foi. [ p. 5 ] par Guy Côté Ressources Pour aller plus loin ou pour satisfaire votre curiosité Des activités diverses et des ressources pertinentes. [ p. 7 ] sdf.info • 25 mai 2011 • 2 Itinéraire Chemin des Outaouais : un chemin vers l’Autre Pas besoin d’aller en Europe pour vivre un « Compostelle ». Un Québécois vient d’ouvrir un dixième sentier de marche chez nous le long de la rivière des Outaouais. La marche comme chemin de rencontre de soi et de l’autre. par Gérard Laverdure sdf.info En 2009-2010, 1 251 personnes du Québec ont fait officiellement le pèlerinage de Compostelle dont 725 femmes. Chemin des Outaouais : www.chemindesoutaouais.ca Chemin des Sanctuaires : www.cheminsdes sanctuaires.org Compostelle : www.duquebec acompostelle.org Il marche, cet homme-là! En 2002, il a fait le pèlerinage de Compostelle à travers l’Espagne, puis le chemin des Sanctuaires, appelé aussi le Compostelle québécois, de Montréal à Sainte-Anne-deBeaupré en 2003, c’est-à-dire 375 kilomètres en 18 jours. C’est lors de son pèlerinage à Nevers (Bernadette Soubirous) que M. Rodolphe Latreille, résidant de l’Outaouais, décide d’ouvrir un autre sentier de marche au Québec, le « chemin des Outaouais », partant de la cathédrale NotreDame d’Ottawa, en passant le huitième jour par le sanctuaire Notre-Dame-de-Lourdes à Rigaud, pour finir à l’Oratoire Saint-Joseph à Montréal. Il s’est dit : « On reçoit beaucoup sur le chemin de Compostelle : accueil, compassion, partage, rencontres, amitié. Alors, je vais permettre à d’autres qui ne peuvent aller jusqu’en France de vivre cette expérience humaine et spirituelle. » Il passe un an (2004) à mettre en place l’organisation logistique et les ressources nécessaires pour réaliser ce projet avec une cinquantaine de bénévoles. L’aventure débute en 2005. Cette année, il y a près de 150 inscriptions : des gens qui veulent prendre un temps d’arrêt, une petite pause dans leur vie, se désinstaller, sortir de la routine. Les pèlerins partent pour douze jours, du 25 mai au 18 juin, par groupes de six marcheurs qui ne se connaissent pas, et feront douze haltes sur les 230 km du chemin qui traverse trois fois la rivière des Outaouais. Hébergement dans cinq résidences, deux communautés religieuses, deux sanctuaires et des salles municipales. Des bénévoles expérimentés accompagnent les marcheurs et marcheuses dans la première étape de 16 km. Certains viennent se pratiquer en vue de la grande aventure de Compostelle; d’autres veulent revivre l’expérience. Plusieurs viennent d’Europe découvrir nos paysages. Deux diplomates retraités sont venus de New York. On y trouve plus de femmes que d’hommes, environ 60 à 65 %, des gens âgés au-delà de 55 ans pour la plupart. Dernièrement, des plus jeunes se sont joints à l’aventure. Qu’est-ce qu’on trouve sur ces chemins? Cela dépend de ce que l’on cherche et où on en est rendu dans sa vie. La marche change beaucoup du rythme trépidant de la vie active. Les organisateurs ne donnent pas d’orientations. Chacun et chacune vit son chemin en toute liberté. Mais le chemin mène nécessairement vers une rencontre avec soi-même et avec les autres, car la marche et les retrouvailles aux étapes font passer de la solitude (plusieurs vont à leur rythme) ou du compagnonnage du chemin aux rencontres « familiales » du souper et du déjeuner. « La vie en petit groupe rapproche », dit M. Latreille. Les marcheurs et marcheuses prennent le temps de se parler, de s’écouter, de voir ce qu’il y a de bon dans l’autre. C’est aussi l’occasion de se confronter à ses limites et aux intempéries, mais surtout de communier aux beautés de la nature comme à la générosité de ceux et celles qui accueillent, et de trouver du sens là où il n’y en avait plus. Notre journal Web passe à l’ère Facebook Cherchez dans Facebook Journal Web Sentiersdefoi.info et dites-nous « J’aime » pour vous joindre au groupe et réagir à cet article. Ou écrivez-nous à [email protected] D’ailleurs, les commentaires sont assez impressionnants : « Ça va changer ma vie! »; « Je n’étais jamais sortie seule ni n’avais jamais couché sans mon mari depuis 40 ans... Ça m’a fait un grand bien »; « C’est très différent d’un monastère. Seul en marche, on laisse l’esprit travailler à son rythme »; « Les lieux d’hébergement étaient tous très corrects. Parfois même, c’était le grand luxe, comme chez les Sœurs de Masson, à Gatineau, et de Plaisance. Chez ces dernières, j’ai appris un jeu de cartes appelé "La petite école" » (une Française reconnaissante); « Les temps forts pour nous furent d’être charmés par les paysages, la route et surtout les personnes accueillantes » (un couple de Québécois); « Que dire de la réception à Thurso, chez Ti-Lou et Suzanne, lauréats du trophée Centraide : "Le frigo est plein, servez-vous; sinon, tant pis pour vous!" La bière nous rafraîchit... » (Diane). L’an passé, les organisateurs ont reçu 70 réponses parmi les 120 formulaires d’évaluation distribués. « Ce qui m’a le plus impressionné lors de ces pèlerinages, c’est l’autre... la rencontre de l’autre, confie l’organisateur. J’ai vécu des bouts de chemins sur le pain de l’autre, sur son eau, son amitié. On crée des liens qui durent et on se retrouve après. On est une grande famille planétaire. » Si je me rappelle bien, Jésus était un homme qui marchait beaucoup... sdf.info • 25 mai 2011 • 3 Perspectives Aller voir ailleurs si j’y suis Quelle idée de marcher pour s’arrêter dans sa vie! Ne marche-t-on pas suffisamment dans notre quotidien? Quelques propos sur les désirs de marcher et les paradoxes de la marche. par Jean-Guy Nadeau collaboration spéciale Marcher! Pas pour moi, sauf en rêve, peut-être en désir. La marche comme désir. Je devrais marcher pour ma santé. Non pas ma santé spirituelle mais ma santé physique. Bien sûr, les deux vont de pair. Une âme saine dans un corps sain. Marcher pour aller quelque part? Oui. Pour aller nulle part? Non. Marcher pour revenir à mon point de départ. Il y a là une gratuité, peut-être une grâce, un plaisir... prescrit? Un plaisir prescrit, contradiction dans les termes. Et pourtant, ne revient-on pas toujours à son point de départ? Certains y reviennent transformés, un peu, beaucoup. Jean-Guy Nadeau est professeur retraité de la Faculté de théologie et de sciences des religions de l’Université de Montréal. Et puis, quand j’entends le mot marche, je pense souvent à cette fantastique sculpture de Rodin : « L’homme qui marche ». Quelle force dans ce buste et ces jambes qui avancent sans bras ni tête! Un peu plus grand que moi, même sans tête. Force et courage de ce corps crevassé, peut-être blessé, et néanmoins solide. En marche! Même sans bras ni tête, il a tout d’un homme, d’un homme debout. Mais cet homme ne me donne pas vraiment le goût de marcher. On n’a aucune idée où il va. Et puis, il est trop fort, monumental, en fait plus qu’humain. Mais ce marcheur m’émerveille, et j’ai passé de longues minutes à le contempler... moi qui n’ai rien de contemplatif. Il y a des gens qui aiment la marche. Des gens qui marchent pour leur bien, des gens qui marchent pour décrocher, qui marchent pour la grâce, comme certains prient. J’avoue que je préfère marcher pour accrocher, comme certains prient aussi, accrocher l’attention sur une cause sociale, manifester un désaccord, s’opposer à l’exploitation des gaz de schiste, réclamer une loi antibâillon. Il y a des gens qui marchent dans la camaraderie avec une partie du poids du monde sur leurs épaules. Des gens aussi qui marchent dans la camaraderie avec une partie de la grâce du monde. Ça aussi, je le fais trop peu. Dans un pays où la petite marche pour aller voter est truquée par les règles électorales, il faut marcher entre les votes. Ailleurs, plusieurs marchent pour réclamer la parole; d’autres encore, plus nombreux, marchent pour sauver leur vie. Il y a, nous dit-on encore, des gens qui marchent pour arrêter. Paradoxe. Des gens qui se donnent une routine – un pas devant l’autre, puis un autre, puis un autre – pour échapper à la routine, faire une halte, se trouver. Et ils vont marcher au bout du monde, se trouver ailleurs. Plusieurs jeunes sont avides de trekking, pas seulement pour se trouver, mais aussi pour se dépasser, communier à plus grand que soi. D’une part, je les envie de prendre le temps et de trouver tout ça. D’autre part, je me dis que c’est chez soi qu’on se trouve, là où l’on est, là où l’on vit. Même dans la routine, un pas quotidien devant l’autre pas quotidien. Il me semble souvent que je suis seul à le croire. Peut-être parce que je me leurre. Peut-être parce que c’est morne et peu exaltant, la vie quotidienne. Faut aller ailleurs pour se trouver, répète-t-on sur tous les toits. Et de faire l’éloge de ceux qui marchent ailleurs... et que j’envie parfois. Il y en a qui marchent sur le « chemin des Outaouais ». Qui s’y trouvent. Qui y trouvent d’autres. Sur ce chemin particulièrement attrayant d’humanité, des gens trouvent du temps! Une denrée rare de nos jours et que bouffent nos centres de divertissement domestiques après le travail, les enfants, le bénévolat. Il arrive que le temps des uns dépende du bénévolat des autres. Qui accueillent. Qui écoutent. Qui ouvrent leur table et partagent le pain. Qui rendent grâce. Des amitiés se créent, des liens se tissent. Ces liens que mon amie Marie (90 ans) a passé sa vie à tisser et à nourrir. Alors me tenir en bordure de route sur le « chemin des Outaouais », comme je contemple les fidèles qui s’approchent du crucifix de l’Oratoire Saint-Joseph durant l’Eucharistie et apportent au Crucifié leurs douleurs, leurs requêtes, leurs enfants, leurs espoirs, leur histoire. Partout, il y a des gens qui marchent. Parfois, il y a des gens qui les accueillent, qui les écoutent, qui les relient. Et toujours d’autres qui se mettent en marche. Pour plein de raisons. sdf.info • 25 mai 2011 • 4 Intériorité J’ai marché le camino de Compostelle Partir Partir est avant tout sortir de soi. Briser la croûte d’égoïsme qui essaie de nous emprisonner dans notre propre moi. Partir, c’est cesser de tourner autour de soi-même, comme si on était le centre du monde et de la vie! Partir, c’est ne pas se laisser enfermer dans le cercle des problèmes du petit monde auquel nous appartenons, quelle que soit son importance. L’humanité est plus grande : et c’est elle que nous devons servir. Partir, ce n’est pas dévorer des kilomètres, traverser des mers ou atteindre des vitesses supersoniques. C’est avant tout s’ouvrir aux autres, les découvrir, aller à leur rencontre. C’est s’ouvrir aux idées, y compris celles qui sont contraires aux nôtres. C’est avoir le souffle d’un bon marcheur. Dom Elder Camara Brésil J’ai marché le camino (le chemin de Saint-Jacques de Compostelle). Sous la pluie constante et intermittente. Sous le vent violent et la grêle de la montagne. Sous un soleil ardent dans la plaine de blé ou de vignes. J’ai traversé à moult reprises le village médiéval et la grande ville avec sa cathédrale. La pluie a façonné mes pensées et arrêté le temps au présent. Ma marche est devenue une démarche. À force d’user mes chaussures, j’ai usé mes habitudes. J’ai connu le silence, la solitude, le dépassement, la joie du camino, en pleine effervescence du renouveau printanier. J’ai connu la différence, la tolérance et l’humilité, dans l’ambiance du renoncement. J’ai connu le merveilleux chemin de la transformation; je suis allé moins au bout de la route qu’au bout de moi-même. J’ai connu l’amitié et la bienveillance du camarade-pèlerin, son respect et le respect du paysan. J’ai connu les rencontres amicales à l’esprit de fraternité, entre des marcheurs d’origines et de langues diverses. J’ai connu le triomphe intérieur du cheminement, et de son aboutissement à Santiago. Le camino me manquera. Toujours. Rodolphe Latreille Gatineau sdf.info • 25 mai 2011 • 5 Actualités Une Église sans pasteurs? Le don pastoral n’est-il pas finalement confié à tous les baptisés? Comment s’articule ce nouveau paradigme dans la structure ecclésiale actuelle fortement hiérarchisée et cléricalisée? Survol du colloque du Réseau Culture et Foi. « Une Église sans pasteurs? Faut-il réinventer la relation pasteurs-baptisés? » C’était la question soumise au débat par le Réseau Culture et Foi lors de son colloque du 7 mai dernier. Dans son introduction à la journée, M. Alain Ambeault en présentait ainsi la portée : comment comprendre la nature fondamentale de la relation pastorale alors que l’absence d’un prêtre permanent est de plus en plus fréquente et que la relation est brisée entre une large part du peuple croyant et ses pasteurs traditionnels (prêtres, évêques, pape)? La présence de quelque 80 personnes témoignait Guy Côté est un théologien de la pertinence de cette problématique. Comme on pouvait s’y attendre dans le cadre d’une courte engagé parmi les exclus. journée, on n’a pu que marquer certains repères pour une réflexion à poursuivre. par Guy Côté collaboration spéciale Les échanges ont été traversés par une tension entre le récit d’expériences créatives et la déconstruction du paradigme qui continue de les encadrer. La matinée a d’abord permis d’entendre Mme Nycole Pepper, de Saint-Jérôme, et M. Gérard Laverdure, de Montréal, nous décrire leur expérience dans un contexte paroissial et diocésain. Les deux nous ont fait part d’une redéfinition dynamique des rôles et responsabilités entre pasteurs ordonnés et laïcs répondants à l’intérieur de ce cadre. À Saint-Jérôme, Mme Pepper coordonne un regroupement pastoral de quatre paroisses avec la collaboration étroite d’un prêtre modérateur qui demeure le ministre de la parole et des sacrements, comme pasteur répondant à l’évêque. Après plusieurs années dans des contextes non paroissiaux (Action catholique, communautés de base, etc.), M. Laverdure est engagé à la paroisse Saint-Pierre Apôtre, à Montréal, qui évolue vers un statut de mission sur une base non territoriale et où le conseil de pastorale a une responsabilité décisionnelle. Dans ces deux cas, le rôle pastoral est élargi à des laïcs : accompagnateurs spirituels, éducateurs de la foi, témoins parfois horsnormes... Selon la belle expression de Mme Laurette Lepage citée par M. Alain Ambeault, le don pastoral n’est-il pas finalement confié à tous les baptisés? Notre journal Web passe à l’ère Facebook Cherchez dans Facebook Journal Web Sentiersdefoi.info et dites-nous « J’aime » pour vous joindre au groupe et réagir à cet article. Ou écrivez-nous à [email protected] Au fil de leur récit, Mme Pepper et M. Laverdure ont signalé des limites et des conditions de réalisation qui révèlent une certaine précarité de leurs expériences. Parmi les limites : la résistance encore fréquente du clergé à reconnaître une coresponsabilité du pastorat laïque sur le plan spirituel, un climat de rectitude politique dans l’institution, une volonté persistante de contrôle dans la hiérarchie cléricale, la recherche de sécurité morale parmi les croyants et les croyantes au lieu d’un exercice collectif de discernement, la difficulté de trouver et de former les ressources humaines nécessaires... Et comme conditions d’évolution : la nécessité d’une vision partagée entre les responsables à tous les niveaux, une passion commune pour le projet pastoral dans une perspective d’ouverture aux changements nécessaires, la capacité de dépasser les débats internes afin de préparer les conditions d’une expérience chrétienne et ecclésiale pour les générations montantes... Poussant l’exercice critique un cran ou deux plus loin, M. André Myre s’est employé à contester le lien entre l’Église et le projet de Jésus et à démontrer la non-nécessité des formes actuelles d’organisation ecclésiale. Jésus n’a rien dit sur un groupe destiné à lui succéder, les documents chrétiens les plus primitifs (source Q) ne parlent pas de la structure ou des fonctions requises dans un tel groupe, les modalités d’organisation initiales n’ont rien de normatif pour la suite des temps. Le groupe des disciples a évolué sous l’influence des modèles culturels qu’il avait sous les yeux et la pression des besoins de chaque époque, en exerçant au mieux son discernement. L’essentiel était et est toujours de vivre comme Jésus et, ensuite, de s’organiser comme cela semble bon, sans chercher à s’autoriser d’un « plan » de Jésus ou d’une conformité à un modèle primitif. Tout est affaire de foi, d’initiative et de discernement. Au long de la journée, un certain nombre de perceptions et de questions ont affleuré dans les conversations ou en en atelier : • La vie précède la structuration et pousse vers les changements nécessaires. Lire la suite, page 6 Actualités (suite) sdf.info • 25 mai 2011 • 6 • La période actuelle de transition donne lieu à des expériences qui indiquent des chemins à explorer, mais ne font qu’amorcer des évolutions beaucoup plus importantes. • Les changements viendront de la base plutôt que de la tête, sous l’impulsion de l’Esprit répandu chez tous les baptisés. • Allons-nous vers « une Église vraiment fraternelle » ou sommes-nous limités à des expériences exceptionnelles? • En plus des questions habituelles sur l’ordination sacerdotale de femmes ou d’hommes mariés se pose celle de la nécessité d’un clergé pour répondre aux besoins pastoraux. Le « don pastoral » confié aux baptisés de même que leur statut de « prêtres, rois et prophètes » ne devraient-ils pas permettre de trouver au sein du peuple de Dieu tous les ministères requis? N’y aurait-il pas lieu d’officialiser une diversité de ministères avec des mandats pastoraux spécifiques, assumés par des laïcs? • Faut-il aller dans le sens d’une structuration complexe des services pastoraux – même redéfinis ou redistribués – ou privilégier la formation de communautés de foi avec un type d’animation plus souple, laissant toujours place au rôle indispensable de rassembleur? • Selon l’analyse d’André Myre, l’Église pourrait-elle être appelée à se transformer en une constellation de réseaux qui constitueraient une mouvance informelle plutôt qu’une institution, quelque chose comme « le mouvement de Jésus »? Ce genre de questionnement peut se faire librement dans le cadre d’un colloque, mais devient plus exigeant lorsqu’on se demande par où commencer et jusqu’où l’on veut aller. Qu’est-ce que le peuple de Dieu a besoin d’« instituer » pour demeurer fidèle à l’Évangile dans la cohérence et la durée? Quels chemins concrets devrait emprunter notre responsabilité dans la liberté ? Nous nous trouvons à une époque charnière où nous pressentons l’ampleur du processus de déconstruction et de réinvention qui s’annonce sans être encore en mesure d’en dessiner les contours ou d’en prévoir les aboutissements. Le mot clé de la journée du 7 mai a sans doute été discernement. Pourrons-nous apprendre à lire ensemble les signes des temps, comme nous y invitait le concile Vatican II? Le journal Web Sentiersdefoi.info passe à l’ère Facebook Votre webzine a désormais sa page Facebook : Journal Web Sentiersdefoi.info. Ainsi, si vous vous êtes déjà inscrits à ce réseau social, vous pourrez profiter de ce nouvel accès à votre webzine. Il vous suffit d’écrire « Journal Web Sentiersdefoi.info » dans la barre de recherche au haut de votre page Facebook, de vous rendre à celle du journal et de cliquer avec enthousiasme sur le bouton « J’aime »! Ainsi, vous pourrez prendre connaissance sur votre babillard de toutes les informations qui seront publiées par le webzine Sentiersdefoi.info sur ce fameux Livre des visages. sdf.info • 25 mai 2011 • 7 Ressources Pour aller plus loin ou pour satisfaire votre curiosité [ Participer ] Assises de la spiritualité à Québec Une spiritualité avec ou sans Dieu? À l’initiative des Pères Assomptionnistes, des Éditions Novalis et Médiaspaul, de l’Église Unie du Canada et de la revue La Chair et le Souffle, les premières Assises de la spiritualité se tiendront les vendredi 26 et samedi 27 août prochains au Centre Montmartre de Québec. Deux temps forts viendront marquer cette fin de semaine avec des invités de choix. La conférence d’ouverture du vendredi soir sera donnée par Lytta Basset avec pour sujet : « Dieu dans les quêtes spirituelles de nos contemporains ». Le samedi sera, quant à lui, organisé autour de la question : Comment construire aujourd’hui une spiritualité? La journée se déroulera en deux temps; en matinée une table ronde et, en après-midi, un ensemble d’ateliers consacrés à la pratique autour d’expériences spirituelles dans différents domaines comme l’environnement, l’action sociale, la visualisation, la méditation, la fin de vie, la spiritualité amérindienne, la vie monastique, le judaïsme et le bouddhisme. Ces ateliers seront animés par les personnes les plus compétentes de chacun de ces domaines. La conclusion de ces rencontres sera assurée par Lytta Basset. Nous vous invitons à vous inscrire pour recevoir le programme définitif ainsi que le bulletin de participation par courriel à : [email protected] ou au 514 278-3020 (poste 246). [ Lire ] Les racines d’un Québec vert Revue Relations de juin 2011 Parmi les articles pertinents à lire : « L’urgence d’un changement de société »; « Habiter le pays »; « La ville écologique »; « La campagne : cultiver un milieu de vie »; « Les énergies de l’avenir »; « Le sort des communautés chrétiennes au Machrek ». Disponible en kiosque. www.revuerelations.qc.ca [ Lire ] L’accès des femmes aux ministères ordonnés dans l’Église catholiques : une question réglée? Actes du colloque Organisé en octobre 2006 par le Centre justice et foi en partenariat avec le Centre Saint-Pierre, la collective L’autre Parole et le réseau Femmes et Ministères, ce colloque a voulu relancer le débat sur cet enjeu fondamental. Les textes de ce colloque sont maintenant disponibles sur le site du réseau Femmes et Ministères. Un DVD reprenant toutes les communications données lors de cette rencontre (conférences, table ronde œcuménique, synthèses), des extraits de la liturgie d’envoi qui a clôturé l’événement ainsi que les propositions issues du travail en ateliers est aussi disponible. www.femmes-ministeres.org [ Participer ] « Moi, je ne juge personne » – L’Évangile au-delà de la morale Conférences de Lytta Basset Mme Lytta Basset prononcera une conférence au Centre Saint-Pierre, 1212, rue Panet, à Montréal, le mardi 23 août 2011, à 19 h. Critiques, moqueries, comparaisons… nous passons notre temps à juger. Les situations, les autres, nous-mêmes, très souvent pour fuir la réalité L’affirmation de Jésus « Moi, je ne juge personne » nous amène à poser un regard et de bienveillance et de compassion sur les autres, sur nousmêmes et sur les situations. Madame Basset abordera cette thématique en appuyant sa réflexion sur quelquesunes des grandes figures bibliques comme celles de la femme adultère et de Judas. Pour compléter votre démarche, nous vous proposons la journée-conférence « Moi, je ne juge personne. De la peur à l’accueil de l’autre », le mercredi 24 août 2011. Lytta Basset est professeure théologie pratique à la Faculté théologie de l’Université Neuchâtel. Elle est l’auteure plusieurs ouvrages. de de de de Coût de la soirée : 15 $ Coût de la journée-conférence : 70 $ Réservez tôt, les places sont limitées. Pour vous inscrire, consultez le site du Centre. www.centrestpierre.org Pour nous signaler des ressources pertinentes ou nous faire vos commentaires, écrivez à : [email protected] Prochaine parution du journal : 15 juin 2011 Le journal Sentiersdefoi.info est une publication de Sentiers de foi, OSBL autonome et indépendant d’inspiration chrétienne fondé en 1984, qui a pour mission d’être un espace favorisant la connaissance, la reconnaissance et la collaboration des sentiers de foi au Québec, dans une perspective chrétienne inscrite dans le pluralisme actuel. ISSN 1715-8370 | 8 2011 Sentiers de foi | Tous droits réservés Ce journal, publié uniquement sur le Web, est de ce fait entièrement écologique. Imprimez-le et diffusez-le en pensant à l’environnement. 2005-2010 5 ans de marche dans les pas du vent de foi.info Sentiers www. Vol. 6 no 14 / 15 juin 2011 8 Lucie Brousseau, 2011 : Se poser quelque part Journal Web bimensuel indépendant qui vise à faire connaître des parcours et des lieux où se vivent des expériences humaines et spirituelles novatrices. Comité éditorial Rédacteur en chef Gérard Laverdure Secrétaire de rédaction Ghislain Bédard Représentant du C.A. Michel-M. Campbell Itinéraire Collaboration Richard Bonetto David Fines Perspectives Le message social de l’Évangile a conduit Gérald Doré de la théologie au quartier Saint-Roch de Québec, et à devenir finalement pasteur. Avec lui, l’Église unie Saint-Pierre deviendra un « sanctuaire pour l’étranger ». [ p. 2 ] par David Fines Pour nous joindre [email protected] Pour vous abonner www.sentiersdefoi.info Abonnement gratuit. Intériorité L’accueil du réfugié Voici des extraits d’une prédication de Gérald Doré, à l’ouverture de la Semaine interconfessionnelle des sanctuaires, le 17 octobre 2004. [ p. 5 ] présenté par Gérald Doré Actualités Entendons-nous crier la Terre? Comme citoyens et citoyennes de ce monde, nous avons mission de le développer durablement et de le protéger, comme les gardiens d’un jardin. Voilà ce que nous ont rappelé les 10e Journées sociales du Québec. [ p. 6 ] par Gérard Laverdure Ce journal Web existe uniquement grâce à votre générosité. Faites parvenir votre don à Sentiers de foi, 97, rue de l’Aqueduc Repentigny (Qc) J6A 4E2. Un reçu de charité sera émis. Redécouvrir les pages vertes de la Bible La Bible lue par deux auteurs environnementalistes : le livre Les pages vertes de la Bible propose un regard nouveau, audacieux et prophétique. [ p. 6 ] par Ghislain Bédard Fêtons 5 ans ISSN 1715-8370 8 2011 Sentiers de foi Tous droits réservés Croyant sur macadam Qui parle pour qui? La prise de parole par les appauvris, originale, prophétique, nous pousse à faire société et à faire Église autrement. Un tour d’horizon du monde nouveau qui se bâtit ici. [ p. 3 ] par Richard Bonetto Photographie Lucie Brousseau Conception graphique Ghislain Bédard Le « gars du communautaire » devenu pasteur Un mot avant de partir en vacances L’année de célébration du cinquième anniversaire de notre journal se termine avec un sondage. Rendez-vous l’automne prochain! [ p. 7 ] par l’équipe éditoriale du journal sdf.info • 15 juin 2011 • 2 Itinéraire Le « gars du communautaire » devenu pasteur Le message de solidarité sociale de l’Évangile a conduit Gérald Doré de la théologie au quartier Saint-Roch de Québec, et à devenir finalement pasteur. Avec lui, l’Église unie Saint-Pierre deviendra un « sanctuaire pour l’étranger ». Le parcours de M. Gérald Doré, pasteur à la retraite de l’Église Unie, n’a pas été un long fleuve tranquille. « Mon enfance à Saint-Jean-sur-Richelieu s’est déroulée en milieu ouvrier, bien encadrée par des parents très affectueux. Le curé a suggéré que je fasse mon cours classique au séminaire local, et j’ai eu là une excellente éducation. J’aimais beaucoup les études, je servais la messe, j’allais aux vêpres. C’était des années très intenses, mais j’ai vécu avec beaucoup David Fines est pasteur d’ambivalence les tensions entre la religion institutionnelle et le message de l’Évangile, de l’Église Unie du notamment dans l’attitude du clergé ou des notables envers les gens plus modestes. » par David Fines collaboration spéciale Canada, président du Synode MontréalOttawa. Il a été rédacteur en chef de la revue Aujourd’hui Credo, le mensuel francophone de l’Église Unie du Canada. M. Doré a approfondi sa compréhension de la dimension sociale de l’Évangile par le message de l’abbé Pierre ou des livres du théologien brésilien Josué de Castro. « À la fin de mes études, à 20 ans, j’ai choisi d’entrer dans la communauté religieuse la plus intellectuelle, les Jésuites, mais j’y ai frappé un mur. C’était la période effervescente de Vatican II et je me suis retrouvé en plein 16e siècle! Je ne suis resté qu’un an. » Il entreprend une maîtrise en travail social à l’Université de Montréal et un doctorat à l’Université Laval tout en œuvrant comme animateur social dans le quartier Saint-Roch à Québec, « un quartier très désorganisé ». « Au fil de mes études, j’ai eu des périodes de questionnement de la foi catholique et de la foi tout court. Les autorités religieuses n’avaient pas de réponses satisfaisantes aux questions que posaient les sciences humaines. » C’est alors qu’un de ses anciens professeurs lui propose un poste à l’École de service social de l’Université Laval où il est resté pendant 27 ans, tout en poursuivant son activisme. Celui-ci se traduit par de nombreux engagements sociaux sur le terrain dans des organisations politiques, syndicales ou communautaires. Une recherche sur l’aménagement urbain inscrite dans le cadre d’une analyse marxiste a réglé son ambivalence sur la religion. « J’ai tout mis de coté et je me suis engagé dans une mission laïque marxiste, tout en faisant parfois équipe avec des religieux engagés sur le terrain, adeptes de l’option préférentielle pour les pauvres. » Avec la débâcle de la gauche des années 1980 et la montée du néolibéralisme, bien des gens « de gauche » ont changé d’allégeance. M. Doré, qui a poursuivi ses engagements sur le terrain malgré ce changement de mode, s’est retrouvé très isolé : « Un vide s’est créé en moi d’où a émergé une dimension spirituelle et religieuse sur laquelle je n’arrivais pas à mettre le couvercle. » Notre journal Web passe à l’ère Facebook Cherchez dans Facebook Journal Web Sentiersdefoi.info et dites-nous « J’aime » pour vous joindre au groupe et réagir à cet article. Il s’est mis à fréquenté l’abbaye Saint-Benoît-du-Lac. « Tout à coup, en février 1992, durant l’office de laudes, j’ai senti un envahissement intérieur, un bien-être inconnu, une grande libération spirituelle. » Comme il demeurait un « gars du communautaire », il avait besoin de se rattacher à une communauté. Paradoxalement, une religieuse l’oriente vers Pierre Goldberger, pasteur de l’Église Unie et alors directeur du Séminaire Uni, à Montréal. Celui-ci lui propose un programme menant au ministère. « Ce n’était certes pas ce que j’avais envisagé. Alors, j’ai suivi des cours à Laval, tout en enseignant. Puis, j’ai pris ma retraite à 55 ans, j’ai terminé ma maîtrise en théologie à McGill et j’ai été consacré pasteur en 1999. Par chance, le poste de pasteur à la paroisse unie Saint-Pierre, à Québec, s’est ouvert à ce moment-là, et j’y suis resté jusqu’à ma (deuxième) retraite en 2008. » En 2004, il reçoit un appel de Louise Boivin, la conjointe de Mohammed Cherfi. « Mohammed, un réfugié algérien, allait être déporté. Louise m’a demandé si j’accepterais de le recevoir en sanctuaire dans l’église. J’ai vite compris que c’était une candidature sérieuse par ses antécédents, son engagement pour les sans-statut, ses appuis, comme la Ligue des droits et libertés Ou écrivez-nous à et Amnistie internationale. Je ne pouvais me défiler, compte tenu de mes convictions et de ce que [email protected] je savais de l’engagement de l’Église Unie dans les sanctuaires. J’ai dit oui et ils sont venus à Québec. J’ai fait une longue entrevue avec eux, puis une réunion avec le Conseil de Saint-Pierre, qui a endossé l’accueil, et une autre avec la paroisse anglophone Chalmers-Wesley dont nous louions les locaux, moins enthousiaste, mais qui finalement a aussi dit oui. On a reçu plusieurs appuis dont celui du cardinal Ouellet, très sensible à la cause des réfugiés. » Lire la suite, page 3 sdf.info • 15 juin 2011 • 3 Itinéraire (suite) Mohammed était dans la mire des autorités. « Il avait été le porte-parole des Algériens sans statut, il devait être puni. En 2002, le premier ministre Chrétien a levé le moratoire sur la déportation des Algériens que le Canada avait décrété à cause de la guerre civile et 1020 réfugiés risquaient d’être déportés, de se retrouver en prison, de perdre leur vie. Un comité des Algériens sans statut a été formé et a organisé des manifestations, des occupations, et Mohammed est devenu son porte-parole. Mais comme il s’est consacré à temps plein pour aider ses compatriotes à remplir la paperasse sans pouvoir travailler, il a été jugé non intégré dans la société. Il allait être extradé, et sa vie était en danger. » Un événement unique dans l’histoire canadienne s’est alors déroulé le 5 mars 2004. « Jamais auparavant la police n’avait violé un sanctuaire; mais ce jour-là, elle a envahi la salle communautaire et arrêté Mohammed. Mais c’était un coup monté, car ce sont plutôt les services frontaliers qui se sont saisis de lui et l’ont amené tout de suite aux États-Unis d’où il était venu 6 ans auparavant. » Gérald Doré était présent ce jour-là. « Mais l’action a continué, avec le cardinal Ouellet, des militants musulmans, le conseil municipal de Québec, des parrains qui ont constitué un fond de soutien, la Société Saint-Jean-Baptiste. Mohammed est resté 13 mois aux États-Unis, où une procédure légale lui a évité la déportation. On a continué à faire des pressions et, finalement, on a gagné : en été 2009, il est entré au pays avec sa résidence permanente. » Cet épisode a été, du point de vue spirituel, un temps fort de son ministère : « J’ai accepté ce sanctuaire en sentant, au départ, le caractère juste de cette demande de protection. J’ai été soutenu par la pratique de mon Église, mon expérience de militant et l’ouverture de ma paroisse; la dimension spirituelle, je l’ai découverte graduellement. Lors d’une visite d’un autre sanctuaire à Montréal, j’ai été invité à faire une réflexion biblique; j’ai alors utilisé des textes sur les villes sanctuaires, sur le fait que, si les gens arrivaient à toucher l’autel, ils étaient protégés. Et surtout, la parole de Jésus : J’étais un étranger et vous m’avez secouru. J’ai eu le sentiment d’un temps fort spirituel qui ne reviendrait pas : tu le fais ou tu passes à côté. » Et Gérald Doré n’a pas pu passer à côté. Perspectives Croyant sur macadam Qui parle pour qui? La prise de parole par les appauvris, originale, prophétique, nous pousse à faire société et à faire Église autrement. Un tour d’horizon du monde nouveau qui se bâtit ici. par Richard Bonetto collaboration spéciale 1. Centre qui a produit un recueil de chants pour l’usage de paroisses et de communautés dans les années 1970-1980. J’ai eu peu de contacts avec Gérald Doré, pour ainsi dire aucun; si ce n’est une fois, il y a une dizaine d’années, à l’assemblée de fondation du Réseau œcuménique justice et paix (ROJeP) du Québec. C’est pourtant un frère que je découvre en lisant son itinéraire. Un frère, parce que protestant? Pas tout à fait, non. S’il est un frère, c’est à cause des airs de famille, de la fréquentation des mêmes réseaux, de la familiarité également avec le fier monde des milieux populaires, un enracinement d’Évangile dans le macadam urbain, dans le béton des ruelles citadines du Québec avec, en prime, la capacité de mettre un prénom et une histoire personnelle sur chaque situation d’injustice et d’exclusion, mais aussi sur des réussites collectives et des histoires d’épanouissement personnelles. Un chant, création collective de l’ALPEC1, proclamait ce refrain dans les années 1970 : « Un Pays à bâtir, une Église à conquérir, des mains pour façonner, et des mains pour aimer... » Combien furent-ils et furent-elles dans les quartiers ouvriers, qu’on appelle populaires aujourd’hui, de Québec, de Hull, de Montréal, tels des levains dans la pâte, à avoir participé à la construction d’un monde meilleur? Ils s’appellent Isidore Ostiguy, Roger Poirier, Benoît Fortin, Claude Hardy, André Myre; elles s’appellent Lise Lebrun, Annette Benoît, Simone Bernier, Nicole Jetté, Janelle Bouffard, Vivian Labrie. La liste serait trop longue pour les nommer tous et toutes. Tous des Lire la suite, page 4 Perspectives (suite) Richard Bonetto a œuvré et milité en milieu populaire pendant une vingtaine d'années. Préocupé par les droits des peuples autochtones il a cofondé le centre Wampum pour promouvoir la culture et la spiritualité autochtone. Il est présentement candidat à l’ordination dans l'Église presbytérienne au Canada et chargé de ministère à l’église SaintLuc. Il a terminé une maîtrise en théologie à l'université McGill. sdf.info • 15 juin 2011 • 4 croyants et croyantes, souvent en marge de l’institution, qui se sont mis à rêver d’un monde nouveau avec d’autres et ont ouvert toutes grandes leurs oreilles pour entendre les joies, les peines, les souffrances, les espoirs et les aspirations de leur entourage, qui se sont laissé toucher, bouleverser, indigner et, forcément, transformer par ce qu’ils et elles ont entendu. De cette prise de conscience et de ces bouleversements sont nés un monde nouveau, un « vivre autrement », un « être autrement au monde ». Pétris d’Évangile, ils se sont rendu compte que cet « être autrement au monde » entraînait un « être autrement Église ». Le langage religieux demeure souvent une langue étrangère qui n’arrive pas toujours à toucher les gens. Joseph Cardjin, fondateur de la JOC, a dû se tenir à la sortie des usines pour apprendre la langue des jeunes ouvriers, et c’est seulement à ce moment qu’une communication fut possible. Beaucoup de croyants et croyantes en milieux populaires ont dû s’éloigner des réseaux officiels d’Église pour pouvoir partager l’Évangile, célébrer leur vie et leur foi. Des communautés ecclésiales de base, des groupes de révision de vie ou d’autres réseaux, formels ou informels, de partage de foi se sont mis sur pied et se réunissent encore aujourd’hui. Peut-on parler d’une Église underground? Parlons d’Église autrement. Il semble peut-être que ce sont des lieux drôlement plus pertinents pour celles et ceux qui y participent que la routine du « assis, debout, à genoux... » À cause d’une société et d’Églises qui excluent, ces lieux d’appartenance où chacun et chacune a sa place sont nécessaires pour que l’Évangile puisse se vivre à nouveau dans nos villes. Laisser passer leurs voix Notre journal Web passe à l’ère Facebook Cherchez dans Facebook Journal Web Sentiersdefoi.info et dites-nous « J’aime » pour vous joindre au groupe et réagir à cet article. Un livre sur Adolphe Proulx, évêque de Hull jusqu’à sa mort en 1987, avait pour titre Adolphe Proulx La voix des sans-voix. C’était bien gentil, mais il laissait croire que le monde des quartiers populaires ne pouvait s’exprimer par lui-même. Or la voix de ces derniers, quand on la laisse passer, peut être drôlement prophétique et interpeller universellement. Je pense à ce cri lancé en pleine église Jacques-Cartier, dans la Basse-Ville de Québec, lors d’un jeûne pour l’élimination de la pauvreté : « Pauvreté zéro! », comme un écho à l’obsession d’alors du déficit zéro du gouvernement Bouchard. Ce cri est devenu slogan et cri de ralliement pour des milliers de personnes. Je me souviens, lors d’une réunion présynodale à Montréal, de ce commentaire à propos de l’Église : « Leurs murs de pierre sont trop épais pour qu’ils entendent ce qu’on a à dire... » La présence de personnes soucieuses de faire passer la voix de ceux et celles qui vivent l’injustice – trop souvent réduites au silence par les bien-pensants qui parlaient en leur nom – permet d’ouvrir les horizons d’une Église et d’une société trop souvent coincées dans leurs vieilles mentalités, leurs traditions et leurs règles désuètes. Je pense à ces personnes réunies, tantôt des femmes, mères de famille monoparentale, tantôt des sans-abris, autour du père Benoît Fortin, qui ont réécrit des Ou écrivez-nous à textes et des prières traditionnelles à partir de leur réalité. Ces textes ont circulé abondamment tant [email protected] ils étaient percutants et trouvaient résonance chez d’autres personnes vivant d’autres réalités. Qui dit que des voix locales ne tendent pas vers l’universel? Quel Dieu nous révèlent ces voix entendues dans la Basse-Ville de Québec, à Limoilou, sur l’île de Hull, à Rivière-du-Moulin (Chicoutimi), au Centre-Sud, à Saint-Henri, à Pointe-Saint-Charles, à Hochelaga-Maisonneuve? Un Dieu qui n’est pas impassible, immobile, insipide. Il prend parti et marche à côté de ceux et celles qui sont en marche... Il est reconnaissable dans le silence et la brise légère, mais aussi dans la lutte et le cri de colère des épris de justice. C’est le Dieu de Jésus Christ, l’Insoumis de Nazareth, qui transgresse le sabbat et les règles injustes parce que remué de compassion pour l’exclu du système, le laissé-pour-compte, la personne discriminée. Comme pour Gérald Doré à Saint-Benoît-du-Lac, comme pour Moïse au buisson, comme pour Jésus au désert, ce Dieu se révèle parfois dans le silence, à l’écart, dans le recul. Mais il se fait également entendre dans le cri d’indignation du prophète d’alors et de celles et ceux d’aujourd’hui qui interpellent quiconque a des oreilles pour entendre. sdf.info • 15 juin 2011 • 5 Intériorité par Gérald Doré, pasteur L’accueil La notion de la vie du réfugié à protéger est présente dès le retour qu’effectue le livre des Nombres sur les anciens temps bibliques. Le Seigneur y dit à Moïse qu’à l’entrée, dans le pays de Canaan, les Hébreux auront à choisir des villes qui serviront de « villes de refuge » pour les auteurs d’homicides involontaires (Nombres 35, 9-15); sans doute pour les protéger des vengeances tribales. Malgré l’ethnocentrisme propre à un peuple en formation, la protection s’adresse « aussi bien aux fils d’Israël qu’à l’émigré et à l’hôte de passage au milieu d’eux... » À l’époque du roi Salomon, c’est en saisissant les coins, en forme de cornes, de l’autel des sacrifices qu’on pouvait avoir la vie sauve. « Adonias, lui, par peur de Salomon, se leva et alla saisir les cornes de l’autel. » (1 Rois 1, 50) Et plus loin : « [Joab] se réfugia dans la Tente du Seigneur et saisit les cornes de l’autel. » (1 Rois 2, 28) Déjà, en ces temps lointains, la protection du sanctuaire était, comme aujourd’hui, à la merci de l’arbitraire du pouvoir civil. La vie d’Adonias fut épargnée (1 Rois 1, 53), mais Joab fut assassiné dans la « Tente du Seigneur » (1 Rois 2, 30-31). Dans l’évangile de Luc, le Messie à venir en Jésus est annoncé comme la « corne de salut » à laquelle on peut s’accrocher (Luc 1, 69). Il en ressort que marcher avec le Christ implique que nous soyons nousmêmes, à notre mesure, « cornes de salut ». Les évangiles ne parlent ni de refuge, ni de droit d’asile, ni de « sanctuaire », au sens où nous l’entendons aujourd’hui. L’évangile selon Matthieu dit plus encore. Il situe dans la transcendance du jugement ultime qui sera porté sur l’histoire humaine l’accueil que nous du Extraits d’une prédication, à l’ouverture de la Semaine interconfessionnelle des sanctuaires, le 17 octobre 2004 réfugié réservons à l’étranger en besoin de protection. « Venez, les bénis de mon Père, recevez en partage le Royaume qui a été préparé pour vous, depuis la fondation du monde... J’étais un étranger et vous m’avez recueilli... » (Matthieu 25, 34-35) En ces temps difficiles où plusieurs confessions chrétiennes sont engagées dans l’accueil en sanctuaire de réfugiés sans statut, prions. Inspire, Seigneur, discernement et courage aux réfugiés présentement en sanctuaire, aux réfugiés emprisonnés dans l’angoisse de la déportation, aux réfugiés confinés à la clandestinité par peur d’être déportés, aux alliés qui les soutiennent dans la lutte pour la vie et l’intégrité de leur personne, à ces gouvernants qui ont le pouvoir de les protéger, afin qu’ils les libèrent en se libérant eux-mêmes de l’emprise de la violence institutionnelle, et fassent des lois qui permettent que les légitimes demandeurs du statut de réfugié soient accueillis en ce pays et protégés comme sujets de droit. Nous te le demandons par Jésus Christ qui en eux vient à nous et en nous veille sur eux. AMEN. sdf.info • 15 juin 2011 • 6 Actualités Entendons-nous crier la Terre? Comme citoyens et citoyennes de ce monde, nous avons mission de le développer durablement et de le protéger, comme les gardiens et gardiennes d’un jardin. Voilà ce que nous ont rappelé les 10e Journées sociales du Québec. par Gérard Laverdure sdf.info Développement et Paix www.devp.org Les Églises vertes www.eglisevertegreenchurch.ca Équiterre www.equiterre.org Fondation rivières www.fondationrivieres.org Moratoire d’une génération www.rimouskimontreal.net Coalition Eau Secours www.eausecours.org Cette fin de semaine du 3 juin, nous étions 188 personnes de tous âges, engagées pour la justice sociale et écologique, rassemblées au cégep de Valleyfield pour les 10e Journées sociales du Québec, sous le thème « Le cri de la Terre et le cri des pauvres ». Ces deux cris ne seraient-ils pas les deux facettes d’un seul cri? Ici au Québec, on entend de plus en plus souvent parler des « verts » ou des « écolos » et de leurs luttes. Peut-être avons-nous l’impression que ce sont de doux rêveurs, qui aiment se bercer aux chants des oiseaux et des rivières non harnachées. Mauvaise perception. Les mouvements écologiques sont organisés, scientifiquement préparés, bien ancrés dans de nombreuses communautés et engagés dans les défis planétaires pour la survie des écosystèmes et de leurs habitants, communautés humaines comprises. M. André Beauchamp était le conférencier principal. Il a repris les paroles fondatrices de notre mission sur la Terre pour nous rappeler que nous n’avons pas à dominer la Terre comme une chose, à l’asservir selon nos intérêts égoïstes, mais à « entretenir et garder le jardin terrestre », à veiller à son intégrité, car nous en sommes parties prenantes et nous sommes constitués des mêmes éléments. « Et Dieu vit que cela était bon. » Ce n’est pas tant la Terre qui nous appartient que nous qui appartenons à la Terre mère. Nous sommes « membres » de la nature. Oui, la Terre et les appauvris crient à tue-tête. « J’ai entendu les cris de mon peuple... » (Ex 3, 7) dit Dieu à Moïse. Alors, protéger et défendre la création, notre magnifique jardin terrestre donné à tous et toutes par notre Père commun, c’est aussi défendre les droits des pauvres et des exclus de la table commune, c’est faire justice sociale et défendre la vie en son nom, c’est faire eucharistie par des gestes concrets. À chacun et chacune de faire sa part. Actualités Redécouvrir les pages vertes de la Bible La Bible lue par deux auteurs environnementalistes : de l’audace, de la créativité et de la nouveauté, c’est ce que Novalis vient de proposer avec le livre Les pages vertes de la Bible. Un regard rafraîchissant, prophétique et stimulant. par Ghislain Bédard sdf.info « La protection de l’environnement est certes l’affaire des communautés chrétiennes. Elle est un appel que Dieu lance impérieusement à toutes les Églises. Si celles-ci n’y répondent pas, personne ne le fera à leur place; si elles ne montrent pas le chemin spirituel de la À lire aussi protection de la Création, qui le fera? » (Quatrième de couverture) André BEAUCHAMP, L’eau et la terre me parlent d’ailleurs, une spiritualité de l’environnement, Montréal, Novalis, 214 p. André BEAUCHAMP, Environnement et Église, Montréal, Fides, 2008, 170 p. 1. Pour les 52 dimanches de l’année (y compris Noël, Pâques, la Pentecôte, l’Action de grâce, etc.) et 22 autres fêtes qui ne tombent pas le dimanche. Le livre Les pages vertes de la Bible de David Fines et Norman Lévesque, deux auteurs qui ont déjà écrit dans nos pages, est un ouvrage incontournable d’une grande pertinence prophétique pour nos communautés chrétiennes et toutes les Églises. Il présente un parcours de 74 réflexions bibliques à caractère écologique pour l’année liturgique. Celles-ci se découpent en trois parties : un passage biblique; ensuite, une réflexion théologique et une actualisation écologique du passage; enfin, des objectifs, des conseils, des trucs pratiques et des actions possibles que l’on peut mettre en œuvre individuellement ou collectivement. À l’instar des auteurs, provenant de deux traditions différentes – Norman Lévesque est catholique romain et David Fines, pasteur dans l’Église Unie du Canada –, je crois que ce livre au contenu œcuménique sera des plus utiles pour transformer les consciences et guider nos pas vers une Terre nouvelle. Nous avons grandement besoin de livres comme ceux-ci, de chemins spirituels qui conduisent vers une spiritualité de la création active et prometteuse pour l’avenir de la planète! sdf.info • 15 juin 2011 • 7 Fêtons 5 ans Un mot avant de partir en vacances L’année de célébration du cinquième anniversaire de notre journal se termine avec un sondage. Et les quelques expériences menées nous donnent des pistes pour mieux entrer en relation avec notre lectorat. Rendez-vous à l’automne! par l’équipe éditoriale : Ghislain Bédard Michel-M. Campbell et Gérard Laverdure sdf.info Notre mission est de vaincre la solitude, l’isolement, l’effacement de pratiques collectives ou individuelles de foi chrétienne qui, par leur caractère minoritaire, marginal ou contestataire, ne jouissent pas de la visibilité des pratiques officielles ou majoritaires. La publication du webzine Sentiersdefoi.info met en lumière, à chaque numéro, une de ces expériences. L’augmentation du nombre d’abonnés (plus de 20 % cette année; nous avons actuellement près de 1140 abonnés) et les quelques réactions qui nous parviennent à chaque parution permettent de vérifier la pertinence de ce genre de démarche. Des parcours québécois aussi spécialisés que diversifiés font sens pour des gens ici, mais aussi, quelquefois même, en Amérique du Sud et en Europe. Il faudra creuser ce que sous-tend ce genre d’intérêt. Des expériences d’interaction éclairantes Cherchez dans Facebook Journal Web Sentiersdefoi.info et dites-nous « J’aime » pour vous joindre au groupe. À cet égard, durant l’année de notre cinquième anniversaire, nous avons voulu intensifier l’interaction avec notre lectorat. Vous en avez été témoins. Nous avons ouvert une page Facebook qui compte maintenant une centaine d’amis, ce qui constitue un excellent départ. Une deuxième expérience sur blogue, une invitation générale à échanger sur les effets du mystère de Pâques dans nos vies, s’est révélée un succès mitigé en ce qui concerne la participation : seules des personnes sollicitées directement par l’équipe y ont fourni des textes, excellents par ailleurs (voir http://sentiersdefoi.wordpress.com). Ce qui nous amène à nous interroger sur ce genre de format. Sans y participer, quelque 486 personnes ont tout de même visité le blogue jusqu’à ce jour, bien qu’il ne soit pas des plus animés... Un prochain sondage à propos du journal : tenez-vous aux aguets! Ce qui nous amène à un troisième projet d’interaction. Vous serez invités dans les prochain jours à participer à un sondage Internet à propos de votre webzine Sentiersdefoi.info. Y répondre ne devrait prendre que quelques minutes de votre temps. Vos réponses nous permettront cependant de mieux vous connaître, de mieux cerner votre vision et votre utilisation du jounal et de récolter vos suggestions. Votre participation nous sera précieuse : plus nos lecteurs et lectrices répondront au sondage, plus nous aurons un portrait précis de notre lectorat. Tout cela, dans le but de répondre le mieux possible à vos besoins. Nous vous en remercions à l’avance. Veuillez prendre note, enfin, que le journal fait relâche pour la période estivale et qu’il vous reviendra, sans faute, à l’automne prochain. Aussi, nous vous souhaitons de très bonnes vacances et un excellent été. FAITES VOTRE DEMANDE À LA FONDATION BÉATI DÈS MAINTENANT Fondation privée, active depuis près de 20 ans au Québec, Béati a soutenu plusieurs centaines de groupes au fil des années. Sa mission : contribuer à la construction d’un monde plus juste en offrant soutien financier et accompagnement aux organismes préoccupés de répondre de façon audacieuse aux enjeux sociaux et pastoraux de leur milieu. Échéances pour présenter un projet : 31 mars, 31 août et 31 décembre Informations et formulaire sur le site www.fondationbeati.org. Tél. : 450 651-8444 La Fondation Béati est un partenaire de Sentiersdefoi.info. sdf.info • 15 juin 2011 • 8 Ressources Pour aller plus loin ou pour satisfaire votre curiosité [ Visiter ] Exposition Vocation : enseignantes Les Sœurs de Sainte-Anne, c’est 150 ans d’éducation à Lachine! Vous pouvez désormais visiter, du 29 mai 2011 au 30 mars 2012, la toute nouvelle exposition au Centre historique, sis au 1280, boul. SaintJoseph, à Lachine, axée sur les 14 écoles où les Sœurs de Sainte-Anne se sont impliquées. L’exposition intéressera à la fois les anciennes élèves, les religieuses et les personnes qui ne connaissent pas la communauté. On y retrouve des témoignages, du matériel didactique, du matériel scolaire, divers objets utilisés dans les écoles, un historique du passage des Sœurs de Sainte-Anne dans chaque établissement scolaire et, bien sûr, des photos. Le Centre historique a fait appel aux élèves du collège Sainte-Anne pour illustrer les uniformes des pensionnaires au fil des ans. Pour information, joignez le 514 637-4616 poste 212. www.ssacong.org/musee Pour nous signaler des ressources pertinentes ou nous faire vos commentaires, écrivez à : [email protected] [ Lire ] L’Église actuelle et l’avenir souhaité Article sur l’activité du 8 juin du réseau des forums André-Naud Vous pouvez dès maintenant lire un compte rendu des interventions données par Marco Veilleux, sœur Mariette Milot et Michel Simard lors de l’activité du Forum André-Naud de Trois-Rivières/Nicolet, au Centre communautaire Jean XXIII, le 8 juin 2011. À ce sujet, voir www.forumandre-naud.qc.ca, page Le réseau à la section Équipe de Trois-Rivières/ Nicolet. Une centaine de personnes ont assisté à cette activité du FAN. [ Se souvernir ] Décès de Claude Lefebre Fondateur des Forums AndréNaud Sur le site du réseau des Forums André-Naud, vous trouverez aussi des hommages à la « mémoire d’un disciple libre et convaincu », Claude Lefebvre, fils de la Charité, fondateur des FAN, et décédé le 9 juin à 78 ans. Les funérailles seront célébrées le samedi 18 juin 2011, à 10 h 30 en l’église Saint-Édouard (angle boul. Beaubien E.), à Montréal. www.forum-andre-naud.qc.ca [ Visiter ] Développement et Paix Se mettre au parfum des enjeux Pour être bien informé sur ce qui se brasse à Développement et Paix et les enjeux en cause, vous pouvez consulter les documents importants, lire les lettres envoyées et signer la pétition en allant sur : www.sauvonsdetp.wordpress.com et sur www.mouvement-movement. blogspot.com [ Célébrer ] Passent les saisons... Bon été! de la part du comité éditorial du journal Nous vous souhaitons un bel été qui prend son temps. Toutes les saisons ont leur beauté et elles ne se répètent jamais d’une année à l’autre. Tout est en croissance et pousse vers l’accomplissement de l’Histoire, de nos histoires. Alors prenons le temps de bien sentir le soleil et la pluie, la brise et la tempête, de jouir des parfums et des couleurs, des chants des rivières et des oiseaux. Arrêtons-nous pour sentir sa Présence en toute chose, partager le pain et le vin de l’amour, de l’amitié et de la solidarité. Le comité éditorial du journal Prochaine parution du journal : automne 2011 Le journal Sentiersdefoi.info est une publication de Sentiers de foi, OSBL autonome et indépendant d’inspiration chrétienne fondé en 1984, qui a pour mission d’être un espace favorisant la connaissance, la reconnaissance et la collaboration des sentiers de foi au Québec, dans une perspective chrétienne inscrite dans le pluralisme actuel. ISSN 1715-8370 | 8 2011 Sentiers de foi | Tous droits réservés Ce journal, publié uniquement sur le Web, est de ce fait entièrement écologique. Imprimez-le et diffusez-le en pensant à l’environnement.