Ciné-patrimoine-Des gens comme les autres

Transcription

Ciné-patrimoine-Des gens comme les autres
16 avril
13 mai 2014
CLAP
L’homme qui aimait les femmes
de François Truffaut, 1977
POITOU
CHARENTES
ASSOCIATION RÉGIONALE DES CINÉMAS D’ART ET D’ESSAI
Des gens comme les autres de Robert Redford, 1981
Du 19 mars au 15 avril 2014
Barbezieux, le Club..................................................................... jeudi 10 avril 20h30
Châtellerault, les 400 Coups..................................................... jeudi 27 mars 20h30
Civray, Ciné-Malice.................................................................... lundi 24 mars 20h30
Gençay, le Cinéma........................................................................ lundi 7 avril 20h30
Jonzac, le Familia................................................................... dimanche 6 avril 17h30
La Crèche, Henri Georges Clouzot.............................................. dimanche 13 avril 17h
Marennes, l’Estran...................................................................... lundi 14 avril 20h30
Melle, le Méliès........................................ jeudi 3 avril 20h30, dimanche 6 avril 17h30
Montmorillon, le Majestic.............................................................samedi 12 avril 21h
Parthenay, le Foyer .................................................................mardi 25 mars 20h30
Saint Jean d’Angély, l’Eden...................................................... mercredi 26 mars 18h
Saint Pierre d’Oléron, Eldorado................................... du mercredi 9 au mardi 15 avril
Saint Savinien, le Florida.......................................................... dimanche 13 avril 17h
Imprimerie Italic 79 certifiée Imprim’Vert • Melle • 05 49 29 03 88
Chauvigny, le Rex...................................................................dimanche 30 mars 20h
D es g
ens
co
19 mars
15 avril 2014
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Coordination régionale
Tél. : 05 49 01 62 76 - http:/www.clappoitoucharentes.fr
Rendez-vous avec le
cinéma patrimoine
Des gens comme les autres (Ordinary people)
USA / drame / 1981 / 2h04 / VOST
Réalisation : Robert Redford
Scénario : Alvin Sargent d’après le roman homonyme de Judith Guest
Directeur de la photographie : John Bailey / Musique : Marvin Hamlisch
Filmographie
Robert Redford - Réalisateur
Milagro (1988), Et au milieu coule une rivière (1992), Quizz Show (1994),
L’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux (1998),
La Légende de Bagger Vance (2000), Lions et agneaux (2007),
La Conspiration (2010), Sous surveillance (2012)
avec Donald Sutherland (Calvin Jarrett), Mary Tyler Moore (Beth Jarrett),
Timothy Hutton (Conrad Jarrett), Judd Hirsch, Elisabeth McGovern
“Ce qui m’intéresse, c’est de
montrer tout ce qui empêche
l’individu de se sentir libre”
Robert Redford
Que se passe-t-il dans la famille
Jarrett ? Le jeune fils a fait un séjour
en hôpital psychiatrique. Son père,
aimant et compréhensif, tente de le
faire parler, l’écoute, l’encourage. Sa
mère, championne toutes catégories
du combo brushing-tailleur-sourire
ultra-brite, évacue toute question qui
fâche en feignant l’hyperactivité et la
splendeur sociale. De quoi ne parlet-on pas dans cette famille ? Du fils
aîné, mort quelques mois plus tôt...
Oscar du meilleur réalisateur,
meilleur second rôle,
meilleur scénario,
de la meilleure photo
Icône du cinéma américain des années 1970,
Saint Patron des réalisateurs indépendants grâce
au festival de Sundance dont il est le fondateur,
comédien souvent stupéfiant à l’inoxydable
beauté (longtemps vécue comme une infamie
par l’intéressé)... Robert Redford est un homme
multiple. Il est également réalisateur, ce qu’il
est souvent de bon ton de commenter d’un air
embarrassé et poli, tant l’acteur respectable semble
se caricaturer dès qu’il passe derrière la caméra.
De succès publics pétris de bons sentiments (Et au
milieu coule une rivière, L’Homme qui murmurait à
l’oreille des chevaux) aux pensums politiques (Lions
et Agneaux) en passant par la fable philosophique
(La Légende de Bagger Vance), Robert Redford
réalisateur ne semble désormais susciter qu’une
sombre indifférence (ses deux derniers films, La
Conspiration et Sous surveillance, sont passés
totalement inaperçus).
On oublie que le premier film de Robert Redford
en tant que cinéaste fut une éblouissante réussite
artistique, doublée d’un beau succès public. Qui se
souvient encore de Des gens comme les autres ?
Le film s’inscrit dans la veine, très en vogue
à l’époque, des drames intimistes dynamitant
avec finesse l’hypocrisie WASP et son lot de
traumas sagement dissimulés sous le vernis des
convenances sociales. Deux ans auparavant,
Woody Allen faisait son Bergman avec Intérieurs ;
deux ans plus tard, George Roy Hill adaptera à
l’écran le roman culte de ces années-là, Le Monde
selon Garp de John Irving. À chaque fois, le même
décor : la côte Est des États-Unis, ses grandes
demeures bourgeoises remplies de familles
respectables bien sous tous rapports, ses enfants
polis et bien éduqués et ses soirées peuplées
d’intellectuels qui parlent politique, littérature et
golf. Pourtant, quelque chose doit craquer. Que
se passe-t-il dans la famille Jarrett ? Redford filme cette famille en crise avec une immense
pudeur et un respect infini pour ses personnages : tous, des plus évidemment sympathiques (le
jeune fils, le père) aux moins défendables (la mère) sont étudiés avec un beau souci du détail,
comme si le cinéaste souhaitait s’approcher au plus près de la douleur de chacun, pour mieux
en révéler les secrets. Le film étonne par la somme de ses influences : au croisement d’un
cinéma classique (ici le Mankiewicz de Soudain l’été dernier, là le Kazan de La Fièvre dans le
sang) et du nouvel Hollywood (Le Lauréat de Mike Nichols, Un mariage de Robert Altman), Des
gens comme les autres trouve sa propre voie, puisant dans un certain classicisme pour le jeu
de ses acteurs adultes et laissant à son jeune comédien le loisir d’interpréter son personnage
avec toute la modernité de son âge. Le contraste entre les deux est saisissant et exacerbe le
fossé générationnel entre les adultes et l’adolescent. Certaines scènes sont d’une bouleversante
justesse : le fils qui trouve sa mère rêvassant dans la chambre du défunt aîné, donnant lieu à
un dialogue de sourds qui trahit la gêne et la terrifiante incommunicabilité entre les deux ; ou
encore, une scène apparemment anodine de photo de famille qui vire au règlement de comptes.
Au milieu de ces trois solitudes qui se cognent les unes contre les autres parce qu’elles ne
savent pas quoi faire de leur souffrance, et qu’elles sont incapables de s’en parler, Redford
désigne l’arbitre préféré du cinéma américain de ces années-là : le psy. Le film fait une apologie
même pas déguisée de la psychothérapie : le personnage qui sera exclu du cercle familial sera
celui qui n’aura pas accepté de parler au médecin confesseur. Des gens comme les autres ne
sombre pas pour autant dans la caricature du film à thèse (pour ou contre la psychanalyse ?).
Ce que Redford met en scène, c’est la douleur insupportable de la perte, face à laquelle chacun
s’arrange comme il peut. Qui peut condamner les uns ou les autres ?
Critikat.com
C’est avant tout un film qui laisse le champ libre aux acteurs. Ils sont formidables. Ils portent
littéralement le film. Donald Sutherland est magistral (mention spéciale à la dernière confrontation
avec sa femme, d’une violence inouïe (pourtant tout se joue sur un simple champ/contre
champ). Timothy Hutton est à fleur de peau, il oscille entre violence explosive et retenue (on peut
se demander comment il n’a pas réussi à devenir un des acteurs majeurs de sa génération).
Mary Tyler Moore est exceptionnelle dans un rôle peu évident, celui plus que détestable de
cette mère qui n’arrive pas à pardonner, qui n’arrive tout simplement plus à aimer. Nous
ne la détestons pourtant jamais. Et c’est là la vraie réussite du film : ne jamais juger les
personnages.
Stéphanie Vigier, Clap Poitou Charentes