Discours du Président de l`Union Paneuropéenne de France Jean
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Discours du Président de l`Union Paneuropéenne de France Jean
Croatie Version française Mesdames et Messieurs, Je suis heureux que cette conférence internationale de Pan-Europe se tienne aujourd’hui à Požega en Croatie. C’est un choix qui a un sens, parce que nous sommes ici dans le dernier État qui a rejoint la famille européenne. La Croatie a toujours été européenne. Elle est aujourd’hui membre à part entière de l’Union. Je voudrais d’ailleurs saluer à ce titre les efforts colossaux qu’elle a réalisés pour intégrer l’Union. Je connais les réformes difficiles qu’elle a dû mener. Je connais les efforts qu’elle a dû accomplir pour surmonter les obstacles, pour tendre la main de la réconciliation et pour aller de l’avant. Elle est aujourd’hui un exemple à suivre. En adhérant il y a 2 ans à l’UE, elle a ainsi ouvert la voie aux autres peuples des Balkans qui attendent à leur tour de nous rejoindre. Nous aurons alors achevé la réunification de notre continent. En unissant leur destin à celui des 500 millions d’Européens, les Croates ont accepté d’en partager les règles mais aussi la responsabilité. L’actualité montre que ce pays assume sa responsabilité européenne. Nous devons faire face depuis quelques semaines à une crise migratoire d’ampleur inégalée depuis des décennies. La Commission européenne a proposé de déclencher le mécanisme d’intervention d’urgence prévu par le traité, proposant ainsi la relocalisation, sur deux années, de 160 000 migrants. Tout comme l’immense majorité de ses partenaires, la Croatie a accepté d’y prendre sa part. Je regrette que d’autres n’aient pas joué le jeu de la solidarité européenne. Quand on se marie, c’est bien « pour le meilleur et pour le pire ». L’Europe doit trouver une réponse durable à la crise migratoire. La situation est devenue intenable, en particulier en Croatie qui se retrouve aujourd’hui débordée par l’afflux de migrants sur son territoire. Certains proposent d’abandonner Schengen : à mon sens, ce serait un échec et un risque. Rappelons néanmoins que le principe même de Schengen, c’est que « la circulation interne est libre parce qu’il existe un contrôle externe ». L’UE doit rapidement mettre en place un contrôle effectif des frontières extérieures de l’espace Schengen. Il y a plusieurs années, j’avais préconisé la création d’un corps de garde-frontières européens. Il est urgent d’activer la mise en place de ce projet. Selon un représentant du Haut-commissariat pour les réfugiés, on estime à l’heure actuelle que 5 500 nouveaux réfugiés arrivent chaque jour sur les îles grecques. Je prends l’exemple de mon pays, la France : si ce flux devait perdurer, ce n’est pas 30 000 réfugiés que la France, avec son "quota" de 20 %, aurait à prendre en charge sur deux ans, mais plutôt 700 000 arrivées "balkaniques" auxquelles il faudra ajouter le contingent issu des autres flux migratoires en provenance de la Libye notamment. On pourrait se rapprocher du million ! On le comprend, il est urgent d’agir. Mais si l’Europe veut vraiment résoudre la crise migratoire actuelle, elle devra avant tout relever un autre défi : éradiquer DAECH pour pacifier la Syrie et l’Irak, pays principaux d’origine des migrants. Je salue le choix de la Russie de s’engager dans ce combat et j’invite l’Europe à s’y joindre. Je regrette en revanche que l’initiative diplomatique ne vienne pas des Européens mais de Moscou. L’Europe a manqué une occasion de prendre le leadership diplomatique. Comme d’habitude, l’Europe a tergiversé, comme d’habitude l’Europe s’est divisée. Et au final, c’est Poutine et Obama qui mènent le jeu. Certes, la stratégie des Russes s’appuie sur le dictateur syrien Bachar EL-ASSAD, mais l’urgence de la situation exige que l’on fasse preuve de pragmatisme et d’efficacité. La diplomatie, c’est aussi et avant tout l’art du réalisme. Soyons donc réalistes et réglons d’abord l’urgence, à savoir Daech. Viendra ensuite le temps de se pencher sur le cas de Bachar EL-ASSAD. La lutte contre le terrorisme est un défi pour l’Europe. Nous sommes en guerre contre l’État Islamique et tous les autres groupes terroristes qui se livrent à des atrocités inqualifiables et qui voudraient nous imposer un mode de vie contraire à nos valeurs. La guerre contre le terrorisme est un combat contre l’inculture ! Ce sont les ignorances de part et d’autre qui sont à l’origine de tous les conflits. Quand on a peur de l’autre, on se ferme à lui. C’est aussi un combat contre l’uniformisation du monde : en cherchant à imposer au monde leur propre lecture de la religion, les terroristes veulent uniformiser nos modes de vie. Cette attitude va à l’encontre de l’esprit même des civilisations, qui depuis toujours se rencontrent, se mélangent, se tissent, circulent et continuent leur chemin. La guerre contre le terrorisme n’est pas un combat contre l’Islam. Ceux qui se prétendent de l’Islam et qui commettent des actes terroristes sont aux antipodes de cette religion, qui prône depuis toujours la tolérance et le respect de la dignité humaine. Le détournement politique et fanatique de l’Islam a été possible grâce à l’environnement désastreux dans lequel vivent certaines populations insatisfaites de leur sort et inquiètes de l’avenir. Nous devons être à leurs côtés pour les aider à surmonter les défis auxquels elles sont confrontées, pour les aider à offrir à leur jeunesse d'autres perspectives que la misère et la frustration. C’est pourquoi je crois qu’il faut relancer l’Union pour la Méditerranée, aujourd’hui au point mort. Seule une vraie politique de développement économique en Méditerranée permettra aux jeunes de la rive sud d’y engager leur avenir professionnel et les dissuadera de tenter de rejoindre la rive nord au péril de leur vie. Je suis également partisan, à titre personnel, d’une révision du statut de l’apatridie. Les États devraient avoir la possibilité de déchoir les terroristes de leur nationalité, y compris pour les nonbinationaux. Mais je pose une simple question : Quelle est la nation des individus qui se livrent à des actes aussi barbares ? On ne doit jamais transiger avec les terroristes qui s'imaginent toujours que les démocraties sont lâches et velléitaires. L'histoire démontre au contraire qu’elles sont les plus combatives, car un peuple souverain se bat toujours mieux qu’un peuple soumis. Je voudrais terminer mes propos par l’une de mes plus vives préoccupations actuelles : la montée des extrêmes en Europe. Ces propos prennent un relief particulier ici en Croatie, pays qui était il y a quelques années encore sous le joug de la dictature. La crise actuelle en Europe, l’inquiétude de nos concitoyens devant l’avenir et l’incapacité de certains gouvernements à redonner de l’espoir à leur peuple sont autant de facteurs qui fragilisent aujourd’hui la démocratie. Ce contexte crée un terreau fertile pour le développement des extrêmes, des idéologies d’un autre âge… à l’image de ce que l’Europe a déjà pu connaître dans les années 30 avec la montée du nazisme et du fascisme et l’arrivée au pouvoir de dictateurs, par la voie démocratique. L’extrémisme est en train de se banaliser. Il devient la seule issue pour les électeurs exaspérés qui se sentent abandonnés. A nous de leur montrer que l’extrémisme est une voie sans issue. L’exemple grec est frappant : le peuple grec est déjà en train de déchanter. Il se réveille déjà avec la gueule de bois et se sent dupé par Alexis TSIPRAS qui lui a fait croire qu’il pourrait faire plier l’Europe et mettre fin au soi-disant diktat financier de la troïka. Il avait juste oublié de préciser que les premiers créanciers de la Grèce, c’étaient les partenaires européens de la Grèce (France, Allemagne en tête), donc le contribuable européen. Il avait juste oublié que l’Europe de l’austérité budgétaire ne faisait peut-être pas rêver, mais qu’elle avait au moins le mérite de permettre à la Grèce de finir les fins de mois. Je terminerai mes propos, Mesdames et Messieurs, sur une note d’optimisme. L’Europe traverse actuellement une période de turbulences. Les Européens doutent du projet qu’ils ont eux-mêmes inventé il y a 60 ans. L’Europe réussira-t-elle à maîtriser la crise migratoire, à sortir de la crise économique et à éradiquer la crise terroriste ? C’est toujours dans les crises les plus graves et les plus profondes que l’Europe a le plus avancé. Gageons qu’elle saura rebondir aux crises actuelles et qu’elle parviendra à reconquérir la confiance et le cœur des Européens… Je vous remercie.