Analyse du Marché international de l`art contemporain
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Analyse du Marché international de l`art contemporain
PLAN DE COURS ANALYSE DU MARCHÉ DE L’ART CONTEMPORAIN Professeur(s) : Nathalie Obadia Année universitaire 2014/2015 : Master Marketing et Études - Semestre d’automne COURS INTRODUCTIF 1 Pourquoi un cycle de cours sur le marché de l’art à Sciences Po ? Depuis quand le marché de l'art est devenu un secteur économique à part entière ?Les USA deviennent la 1ère place mondiale après la 2de guerre Mondiale - 1945 - au départ politique "DeMarxisation de l'intelligentsia" (S Guilbaut) - Volonté politique de diffuser valeurs de liberté, de marché en Europe occidentale avec le Plan Marshall et le "Soft Power": RFA suit l mouvementArtistes complices: Warhol - Responsabilité des acteurs: collectionneurs "engagés", trustees, directeurs de musées, idem en RFA, tête de pont de USA en Europe - Après chute du Mur Berlin et URSS: valeurs américaines deviennent globales. - Eveil de la Chine: Qui adopte les techniques de marketing américains artistes vedettes, ventes enchères et prix vertigineux- galeries-foires - collectionneurs prescripteurs Structurer l'offre: du politique vers le marché Créations d'instruments de diffusion plus globaux: - Biennale de Venise se structure, Documenta créé en 1955 pour "dénazifier RFA" devient dès 1959 et 64, terrain politique et de diffusion de art américain sur territoire Européen - Galeries plus professionnelles et échanges de programme surtout US-RFA, France plus isolée: méfiance de l'Amérique. - Revues d'art: Art In America 1913 devient plus offensif, Art Forum 1962 Art Press 1973 - vision internationale de la création artistique - Foires Cologne 1967 - Bale 1970 Américains et Européens ensemble - FIAC 1973 - Premiers collectionneurs et Conservateurs "prescripteurs": Peter Ludwig (RFA) - Panza di Biumo (Italie) - Henry Geldzalher (MET)- Bolde (documenta Incitation à la demande Il y a plus d'œuvres d'art- Internationalisation du marché avec: - Ventes aux enchères créent des marchés: ventes d'art contemporain à NY- Fin 1990: inventer le marché "ventes de très jeunes artistes" Christie’s ventes d'art Amérique Latine- art chinois - vente d'artiste comme D-Hirst - ventes photographies - - Mega shows des musées qui incitent à la demande: Koons, Kieffer.... - encadrer et diffuser les nouvelles techniques artistiques "Low art": photographies, vidéo....les faire accéder au "High" Art. Galeries, ventes, foires, revues spéciales pour un nouveau marché - Mise en place d'un "Milieu artistique" festif "jet set" qui devient une caste: collectionneurs, amateurs dans RDV internationaux: foires, ventes NY. "arty people"- - 06.07.2015 1 PLAN DE COURS Information de plus en plus globale et instantané: fax, fedex, internet, instagram....pour être informé et décideur. Conclusion : Des 1945, il y a de grands changements sur le marché de l'art avec le monde qui devient global. Dès les années 60, il y a une offre et une demande artistique de plus en plus importante qui se structure vers plus d'efficacité pour devenir un véritable pan de l'économie tout en gardant sa spécificité: rester dans le domaine de la création artistique. Ce sera l'objet du Cours 2, la spécificité du marché de l'art par rapports aux autres marchés auxquels on tente de vouloir rattacher l'art: luxe, l'immobilier, la bourse. Lecture : Art Argent et Mondialisation – JN Bret et Nathalie Moureau – Edition l’Harmatan –Sociologie des arts. COURS N°2 La Spécificité du marché de l’art En quoi l'art se différencie des autres biens dit de luxe"? L'œuvre d'art est à la fois un produit de consommation courante et un bien rare et objet de spéculation financière. Mais il est à part. Pourquoi? Il apporte une valeur autre qui est détachée du marché et qui va audelà de la société de consommation courante. - L'artiste - Icône de la création, apporte valeur intellectuelle non quantifiable, qui élève l'esprit - qui apporte une valeur "spirituelle" face à la création et au marché de masse: cinéma, pub, luxe. Objet de convoitise de la part du marché mais aussi des intellectuels: critiques, universitaires, musées. Tout lui est permis: Des artistes ont élevé la banalité au rang d'art: Duchamp, Warhol, Koons, Hirst, Ils s'inspirent des méthodes de marketing: communication, objets dérivés...L'art pour peaufiner une image: marketing des marques de luxe qui font appel aux artistes, appel à l'artiste pour sublimer achat courant comme la Renault "Picasso", anoblir le produit courant. Un marché ultra élitiste Ce que l'on veut posséder quand on a tout - Philanthropie qui change une image - mécénat des grands groupes - collectionneurs privés - Bastion des "ultra riches "du monde, une caste internationale - dîners de charité autour de l'art - Notion de "Wall Power" et la communication qu'en font les collectionneurs - Image géopolitique différente du pays grâce à "l'art", des pays non démocratiques utilisent l'art pour changer leur image: Chine, Azerbaïdjan, Ukraine, Qatar... À la fois visible et très protégé: seul secteur économique à ne pas avoir d'instance de régulation, pas soumis à ISF, très peu de sociétés cotées (Sotheby's) donc pas d'obligation de publications de résultats - difficulté de créer des fonds d'art par les banques, prouve l'originalité du produit "art" malgré les placements "SWAG" en vogue 06.07.2015 2 PLAN DE COURS Techniques de diffusion et de vente très spécifiques Construire un marché de biens de consommation culturelle tout en privilégiant un marché "d'initiés" très sélectif comme locomotive. - Preview de plus en plus sélectives: foires et ventes aux enchères, vernissages à plusieurs vitesses dans les musées pour distinguer le niveau des mécènes et collectionneurs". Liste d'attente très sophistiquées pour certains artistes: Club des "Happy few", gérer et créer la demande pour faire partie de l'élite à qui on offre en priorité et inciter les autres pour agrandir le marché - Les entreprises du luxe ont adopté ces technique de sélection exclusive du marché de l'art pour "anoblir" leurs produits: accessoires en série limitée, défilés ultra sélectifs, soldes privées, vocabulaire, on ne dit plus vêtement mais "pièce" Conclusion : Tout en gardant sa spécificité, le marché de l'art a créé ses techniques propres de diffusion et de marketing qui ont des incidences sur les différents acteurs internationaux. Dans notre prochain cours, on va regarder quelles sont les conséquences sur le secteur artistique depuis que le marché de l'art a pris cette importance économique. Lecture : Big Bucks – The explosion of the Art Market in the 21st Ceturey – G Adam – LH Edition COURS N°3 Un marché de l’art mondial en pleine mutation Globalisation de l'offre et création et fabrication de la demande Les techniques de marketing moderne uniformisent l'offre et donc la demande nécessaire: galeries dans plusieurs pays, Duopole mondial de Christie’s et Sotheby's, foires avec succursales (Basel, Frieze) - de plus en plus d'œuvres en édition (photos-sculptures) -Amplification et manipulation des informations: Kunst Kompass, classement allemand des artistes avec liste des lieux d'exposition très subjectif. Art Review (Power 100) très lié au système anglais. Musées et contraintes économiques: financement privé des expositions amplifie l’influence du mécène, de la galerie-producteur (New Museum NY et dérives). Pour faire des entrées: artistes médiatiques sont privilégiés - Lieux culturels ouverts à l'art contemporain pour se faire connaître ou valoriser image: Versailles, Hôtel de la Monnaie, Château de Chambord. Loi économique au détriment du choix et du travail scientifique Agir à un moment précis sur le désir du collectionneur-consommateur qui achète en fonction de tous ces indices: ce que l'on montre le plus, dont on parle le plus, qui est le pus référencé dans un laps de temps. Artiste, galeries, foires, revues, ventes aux enchères, musées agissent de concert pour amplifier la demande sur un artiste: ex Richard Prince au Guggenheim, Koons au Whitney et Pompidou. 06.07.2015 3 PLAN DE COURS Réaction contre la puissance du marché - L'histoire de l'art n'est pas le marché de l'art - marché de niches L'Artiste rare: le Peintre: Balthus, Jasper Johns, Peter Doig - technique de marketing présente avec des prix très élevés et sélection du client car offre très limitée. - Exemple de Mattew Marks Gallery et Paula Cooper NY: "Boutique Gallery" comme l'était Leo Castelli, le commerce de proximité, "intuitu personae" contre le "brand name"" Les Foires "expérimentales" Turin, Dubaï avec une approche très "curatoriale", intellectuelle, déconnectée du marché - Les ventes privées des ventes aux Enchères pour préserver l'anonymat se multiplient - L'État contre les valeurs du marché: en France comme aux USA aussi, on distingue des artistes hors du marché: exemple des Pavillons de la Biennale de Venise, les commandes publiques aux artistes marginaux. Les Biennales, les Documenta de plus en plus déconnectés du marché, volonté militante: documenta de Catherine David 1997 et les suivantes. Que l'intellectuel retrouve sa place de prescripteur comme Harald Szeemann des années 70. Époque où le commissaire influence les galeries. Biennales Istanbul, Sao Paulo, Sharjah, Gwangju, Berlin en réaction a Biennale de Venise très liée au système du marché de l'art international où les galeries puissantes imposent des choix. Biennale Venise 2001 Anthony D'Offay Gallery avait 10% des artistes sélectionnés. La galerie-producteur influence le choix du commissaire. Un marché à deux vitesses Le marché de l'art international avec tous les codes: Basel, Galeries succursales puissantes, Duopole des ventes, 100 collectionneurs influents, artistes-stars - Le marché de l'art qui est resté " normal" qui représente une économie importante en France et dans chacun des pays occidentaux avec des acteurs locaux: les foires "satellites", Drouot et autres maisons aux enchères, les artistes qui vendent très bien, amateurs sourds aux diktats du marché mais très actifs, galeries très nombreuses qui vendent sans se soucier des impératifs du marketing international. Conclusion : Face à ce bouleversement du marché international, comment agissent les différents acteurs dans un monde qui évolue sur le terrain géopolitique. Comment s'adapter? Dans un monde de l'art qui n'est plus exclusivement dominé par les USA et les autres puissances occidentales? On croit toujours que l'artiste subit ces changements mais depuis quelques temps on peut se rendre compte que certains intègrent parfaitement les évolutions du marché. On parlera donc des artistes qui sont au début du processus du marché de l'art avant de parler des autres acteurs que sont les acheteurs et les vendeurs. Lecture : « L’art, l’argent et la Mondialisation – JN Bret et Nathalie Moureau – Ed l’Harmattan – Sociologie des Arts 06.07.2015 4 PLAN DE COURS COURS N°4 L’Artiste, acteur central Faire partie du Jeu Sans remonter trop loin dans l'Histoire de l'art, il y a toujours eu des artistes stars comme Michel Ange, Rubens mais c'est Andy Warhol issu du monde de la publicité qui symbolise le mieux l'entente entre le créateur et le marché: nature des œuvres produites, multiplication, sujets abordés, façon de vivre et de s'exhiber", élever le "Low" vers le "High". Il incarne la nouvelle domination américaine sur le marché mais encore avec un certain détachement: il joue avec le marché. Plus récemment: Stratégie très affinée des artistes-stars qui ont le pouvoir: choix du diffuseur - exigences financières - choix des collectionneurs - des musées -des participations aux Biennales - -Les artistes nouvelles stars après les chanteurs de rock, le cinéma: Koons, Hirst (remplace les rocks stars), Kieffer. Signes de richesse son exhibés. Un artiste riche est un bon artiste. Chine: nouveau territoire. Adopte les méthodes anglo-saxonnes : ateliers gigantesques, œuvres spectaculaires, prix importants galeries et ventes enchères, collectionneurs prescripteurs, fierté nationale Exemple: Zhang Huan Artiste acteur et complice de la marchandisation de son œuvre Artiste crée son propre marché: Jeff Koons et Damien Hirst. Artiste d'affaire - Techniques de ventes: "élitisme " des collectionneurs qui sont "choisis" de participer à une œuvre exceptionnelle. Avances sur production des œuvres Hirst (Requin financé par Saatchi) Koons avec un pool de collectionneurs "reconnaissance" et "respectabilité" par le milieu de l'art. Qatar l'a compris. Prix sur premier marché très cher pour épurer la liste des prétendants: Koons un exemple - Paiement en avance des productions. "Entente" entre les différents acteurs: collectionneurs- marchand-ventes-musées Artiste doit produire des "produits dérivés" pour financer des projets: Nicki de Saint-Phalle, Jeff Koons, Matthew Barney, Shirin Neshat L'artiste photographe a créé un marché avec le marchand pour démocratiser l'accès à l'art: le marché des éditions donc au départ moins cher qu'œuvre unique: Nan Goldin, Andres Serrano, Cindy Sherman. Puis le mimétisme et donc le nombre plus important des collectionneurs ont fait monter les prix comme pour des œuvres uniques. Créations de galeries et de foires que sur la photographie. Exemple détaillé: stratégie de Koons, cas le plus abouti de stratégie commerciale réussie, il crée son marché. - Murakami: marchandisation maximum avec Vuitton + objets dérivés + sa propre galerie pour les étudiants-artistes mais est toujours resté étroitement associé au marché de l'œuvre d'art: galeries, œuvres uniques onéreuses, musées. 06.07.2015 5 PLAN DE COURS Artiste ne peut plus être isolé du circuit du marché de l'art Artiste est soumis aux tendances esthétiques: Face aux critiques d'art qui ne rejettent pas la peinture, des artistes font des œuvres en fonction des tendances "curatoriales" pour être exposé. Ainsi en France, abandon de la peinture au profit des installations dans les écoles d'art, prix Ricard, Duchamp, Meurice ne distinguent que très peu ou pas de peintres. Face à la faiblesse du marché en France années 1970-2000, l'artiste officiel multiplie sa présence en dehors du commerce de l'art: les commandes et les achats publics. Cas détaillé de la carrière de Daniel Buren. qui revient dans le marché quand le marché public a presque disparu. - "Marketing en solo" exemple de Damien Hirst qui a fait une vente de ses œuvres chez Sotheby's 2008 sans galerie. Effets négatifs. Aujourd'hui un artiste est obligé d'être un maillon de la chaîne: galerie, musées, puis ventes aux enchères. Ne peut s'isoler des autres acteurs - Risque: Perte confiance du marché - Baisse des prix de Damien Hirst. Danger de trop démocratiser son œuvre. Même si vend peu ou pas, artiste se doit d'être associé à une galerie pour montrer qu'il est dans le système: cas de Boltanski revenu dans une galerie - Chris Burden Conclusion : L'artiste est devenu le maillon essentiel du marché de l’art, il doit en comprendre et assimiler les techniques de marketing des vendeurs, galeries et maisons de ventes pour y être pleinement associé et bénéficiaire. Comment réagit la galerie, partenaire classique de l'artiste qui devient aussi une véritable entreprise commerciale face aux évolutions du marché. Lecture : Les Stars de l’art contemporain – Alain Quemin – CNRS Éditions COURS N°5 Évolution du rôle de marchand-galeriste Des entreprises de plus en plus structurées. Galerie évolue avec les exigences du marché. Déjà Paul Durand-Ruel l'avait compris, pionnier de la mondialisation, le premier à partir aux USA faire la promotion des artistes français auprès des collectionneurs USA. On ne peut plus attendre le client. Aller au-devant. Présence globale indispensable dans les lieux stratégiques: Choix d'agents comme Leo Castelli de NY avec Sperone en Italie, Sonnabend et Templon en France dans les années 70-80 - Multiplier les espaces (Marlborough Galleries déjà en 1960) puis aujourd'hui de plus en plus fréquent: Gagosian, Pace, White Cube, Hauser and Wirth, Perrotin, NY n'est plus le lieu de validation unique. 06.07.2015 6 PLAN DE COURS Participer aux foires Lieu de validation, de monstration malgré la concurrence des musées et foires. Sans galerie, pas d'exposition, pas d'œuvre, pas de participation aux foires, pas de visibilité pour l'artiste et la galerie Personnel de plus en plus nombreux, structuré, hiérarchies. De plus en plus compétent, très bien rémunéré. Directeurs associés, partners, commissions sur ventes, pourcentage du CA. ex de galeries américaines et françaises à donner CA de certaines galeries - Même les galeries les plus modeste sont présentes sur scène: foires de plus en plus nombreuses. Le couple Artiste -Galerie suscite la confiance et donc les achats - Question toujours présente ; "dans quelle galerie expose l'artiste? L'artiste exigent demande à la galerie d'offrir une multitude de services, d'aides et de garanties Galerie est agent, producteur d’œuvres, d'événements pour être associés aux expositions qui forgent image et puissance de l'artiste et de la galerie: marketing efficace entre l'artiste-produit et la marquegalerie. Koons-Gagosian, Richter-Goodman Accompagner financièrement et logistique de projets: Monumenta, Château deVersailles, Pavillon National de Venise Exemple: Perrotin-Murakami - VasconcelosVersailleset Sarkis Biennale de Venise avec Galerie Obadia - Mise en concurrence des galeries par les artistes: contrats financiers - production - exemple: Rihard Prince- Paul Mac Carthy La Galerie comme Marque Quand un collectionneur dit avoir acheté telle œuvre chez Gagosian sans citer l'artiste: la galerie est devenue une marque. - Alors l'artiste choisit cette galerie, il sait qu'il aura accès aux plus importants prescripteurs (collectionneurs et musées). On peut dire aujourd'hui que Gagosian comme deux ou 3 autres galeries dans le monde ont d'abord les clients puis les artistes suivent et non plus l'inverse. Exemple de Koons qui fait exposition chez Zwirner qui des clients que Gagosian n'a pas. Le départ de Kieffer de chez Marian Goodman chez Gagosian. Parler plus en détail de exemple Gagosian: comment est-il arrivé à construire une marque un nouveau client d'un nouveau pays ira chez Gagosian se faire une collection, peu importe les artistes qu'il ne connait pas. Comme on irait chez Hermès. Le diffuseur d'art le plus connu au monde même au-delà du milieu de l'art: Le seul. 13 succursales - Présence de personnel dans tous les endroits stratégiques - événements exclusifs mondains comme dans l'industrie du luxe- publication pour chaque exposition - expositions historique de prestige sans œuvre à vendre pour l'image- Panel d'artistes très large: de Monet à Douglas Gordon comme dans un grand magasin, tous les prix. Emplacements prestigieux - traitements VIP artistes - Galerie doit savoir et pouvoir "choisir" les acheteurs, créer un marché pour des acheteurs prescripteurs que sont les collectionneurs et les musées. Créer et gérer la "waiting list" qui est le sommet de la réussite de la commercialisation de l'œuvre à un public choisi. Limite de l'action des galeries Standardisation des expositions, l'artiste produit plus pour remplir les espaces, tentation de répétition et des multiples éditions. Cela fonctionne pendant une période par "mimétisme”, on veut acheter ce qu'à l'autre 06.07.2015 7 PLAN DE COURS mais il faut s'arrêter juste à temps pour ne pas trop saturer le marché par trop de visibilité. Exemple de Murakami et Damien Hirst qui sont moins désirés. Toujours conscience que l'on est dans un marché de la demande qu'il faut gérer. - Ventes aux enchères ont des puissances de frappe supérieures et captent le second marché qui échappe beaucoup aux galeries donc n'ont plus la maîtrise des prix à la hausse comme à la baisse. Exemple positif de Soulages et négatif de Olivier Debré. Le premier marché reste toujours concentré dans les galeries - Prisonnière des volontés de l'artiste et de leur excès d'expositions: trop de productions hasardeuses et sans travail des scientifiques. Gigantisme des œuvres. - Galeries de Niche qui persistent: Matthew Marks-Paula Cooper, Gavin Brown pour des artistes et un marché plus discret et tout aussi performant à côté des "blockbusters" - Des artistes quittent Gagosian ou Pace Gallery pour être plus visibles dans des "Boutiques Gallery" Les galeries d'incubation très suivies par la critique et les amateurs éclairés. Résistance à la concentration du marché par quelques galeries qui ne correspondent pas à certains artistes et acteurs du marché. Conclusion Si les galeries sont toujours au centre du dispositif du marché de l'art formant avec l'artiste un couple indissociable, la montée en puissance des maisons de vente ont accéléré le processus de marchandisation des œuvres. Elles sont des acteurs de tout premier plan et appliquent des règles les plus sophistiquées du marketing. On peut parler de méthodes agressives qui sont aussi les limites de leurs actions. Lecture : Idem Cours 4 – Alain Quemin – Les stars de l’art contemporain COURS N°6 Les maisons de ventes aux enchères ou une certaine vérité du marché Le long fleuve tranquille que représente le couple artiste-galerie suivi par les collectionneurs et les musées a été secoué par la révolution commerciale des maisons de ventes qui d'acteurs passifs sont devenus très actifs, créateurs de marchés et de valeurs nouvelles; Longtemps, le prix d'une œuvre était décidé par la galerie. Aujourd'hui la force de frappe des ventes renverse les critères de validation: la vérité du marché, c'est le prix d'adjudication. Mais il est de plus en plus fabriqué pour créer une valeur et répondre à la demande. Les excès de cette politique peuvent entraîner des conséquences négatives pour l'ensemble du marché de l'art. Créer et imposer la vérité du marché Le marché des ventes aux enchères se partage un duopole Sotheby's et Christie’s. De Pury, Bonhams, Lampertz, Artcurial sont très très loin derrière. Duopole qui a valu une condamnation pour entente illicite il y a 15 ans aux USA. CA des 6 premières maisons pour l'art contemporain en 2013. 06.07.2015 8 PLAN DE COURS Les grands RDV de Mai et Novembre à NY sont le baromètre du marché qui va influencer les grands RDV qui suivent: Art Basel, Art Basel Miami. Contrairement aux galeries, aux foires, les chiffres sont connus instantanément: Bacon-Warhol-Richard Prince. Le monde entier connait le prix en 2 mn. Sotheby’s et Christies jouent sur le registre de la transparence du prix qui sont le résultat d'une batterie d'instruments: équipe de plus en plus nombreuse et agressive pour trouver et vendre les œuvres - garanties aux vendeurs - commissions réduites au vendeur- délais de paiement aux acheteurs - outils de promotion très onéreux et sophistiqué: présentation dans plusieurs lieux - dîners exclusifs - Fêtes sur un thème comme pour Pink Panther de Koons -offrir voyage a des collectionneurs- catalogues très sophistiqués avec des explications très fournies et même des rapprochements historiques discutables- Catalogue pour une "House sale" voire pour un seul lot (triptyque Bacon de Moueix) - lieux prestigieux comme à NY Christie’s est allé plus loin dans les années 90, elle a compris que la demande pour l'art très contemporain était très forte, que les galeries avaient déjà un système de "waiting list" pour certains artistes ainsi en créant de toutes pièces des ventes d'art d'artistes très jeunes, le marché allait s'emporter et créer un nouveau dynamisme. Exemple de Philippe Ségalot et des ventes avec Cattelan, Gonzales-Torres qui ont atteint des sommets. Christie’s appartient à un des acteurs les plus influents: François Pinault. C'est aussi critiqué avec son rôle de collectionneur et avec sa collection à Venise que l'on dit très proche des valeurs du marché.. Création de ventes là où il y avait un vide commercial. Créer et augmenter la valeur en concentrant par thèmes: Ventes photographies, estampes, art Amérique Latine, art chinois, dernièrement ventes Middle East au Qatar, Art africain contemporain Développer des activités périphériques pour masquer leur politique offensive Les maisons de ventes et surtout C et S ont des relations ambivalentes avec les autres acteurs (galeries, musées), elles sont craintes, accusées de fabriquer des prix artificiels, d'empêcher les galeries de faire du second marché, de vendre aux collectionneurs. Mais elles ont aussi permis aux galeries de faire connaître plus vite des artistes, elles incitent les clients à fréquenter les galeries pour acheter sur le premier marché. Elles augmentent l'activité artistique dans une ville: NY, Londres, HK et Paris bénéficient du public qui vient pour les ventes d'art (galeries, musées, hôtels comme pour les foires) Complexe des maisons de vente de ne pas avoir accès au Graal du marché de l'art: le créateur, l'artiste, qui est compensé par des instruments marketing plus sophistiqués qui font oublier le marché au profit de la création: - Mécénat d'expositions dans les musées - Sensation a la Royal Academy et au Brooklyn Museum, - Journée expertise qui permet de connaître gratuitement le prix d'un bien et d'accepter d'être contacté plus tard Conférences comme A Cohen-Solal sur Rothko - Appel à des artistes qui sont plus aptes à collaborer avec les ventes: Cattelan, Koons ont très bien accompagné la vente de certaines de leurs en accord avec leurs collectionneurs: exemple La Nona Ora de Cattelan - Le Ballon Dog De Koons Nov 14 présenté devant C NY pendant 3 semaines. L'intervention de l'artiste dans ces cas ajoute un plus à la valeur marchande. Direction et porte-parole: des personnalités incontestables extérieures au marché: G Cerutti, Allne SyllaWalbaum, énarques, cabinets ministériels. Pour atténuer le côté mercantile des maisons de ventes 06.07.2015 9 PLAN DE COURS 3e Partie - Une agressivité excessive contestée Opacité des opérations, on parle de délits d'initiés entre les vendeurs et les commissaires-priseurs et parfois les acheteurs - Manipulation par un petit nombre d'acteurs - de plus en plus d'œuvres de moins de deux ans dans les ventes. - Possibilité de faire des ventes de gré à gré donc concurrence directe avec les galeries surtout celles de second marché qui disparaissent comme à Paris ou Londres. Fichier de clients le plus important au monde qui peut être activé en permanence pour acheter et vendre. Les ventes vont trop loin dans la création de marché comme avec certains artistes: Murillo, Jacob Kassay qui avec des prix trop élevés trop rapidement ne peuvent plus intégrer des collections muséales. Damien Hirst qui a voulu brûler l'étape galerie en mettant lui-même des œuvres en vente: succès immédiat mais depuis son marché s'est effondré. Risque de blanchiment d'argent: de plus en plus d'articles dans ce sens comme au Mexique où l'argent est allé dans les ventes aux enchères pour être recyclé. En Chine, les ventes sont encore très fragilisées par les défauts de paiement. - Problème d'identité avec des sites internet de vente qui ont une image confuse comme Art Price. Conclusion Si les maisons de vente ont le mieux adopté les techniques de marchandising pour augmenter les volumes et la valeur de l'art, elles suscitent toujours à la fois admiration et méfiance chez les autres acteurs du marché de l'art. Contrairement aux prophéties d'un grand nombre d’observateurs, elles n'ont pas éliminé les galeries qui ont su s'adapter et canalisé toute leur énergie dans les foires, qui avec le les musées sont devenus des lieux incontournables su secteur artistique. Lecture Big Bucks – The Exdplosion of the Art Market in the 21st Century – Georgina Adam – LH Edition COURS 7 Les Foires, canalisateurs de l’énergie À la fin des années 60, les 30 glorieuses triomphent, dans un marché de l'art qui devient international, il est impossible que les principaux acteurs de l'offre, les galeries, restent à la fois figés et éparpillés géographiquement. Qui mieux que les foires pour canaliser l'énergie et suscité le désir. Au départ, les foires ont permis de mieux appréhender la création artistique puis elles sont devenues un indispensable outil de promotion face à l'offensive des ventes. Aujourd'hui, présentes dans le monde entier, elles sont aussi en concurrence avec les musées mais elles doivent se réinventer au risque de se cannibaliser. Organiser une synergie Le marché de l'art est toujours le reflet de la géopolitique: Foire de Cologne créé en 1967, la ville est le symbole du monde libre face au Communisme où déjà des galeries prestigieuses sont installées comme à Dusseldorf: M Werner, Zwirner. La foire de C, fait l'alliance entre l'art européen et américain exposé par certaines galeries allemandes (parler politique très active des USA dans ce sens + biennale de Venise 64). 06.07.2015 10 PLAN DE COURS La Foire de Cologne est au sommet de la politique de marketing de l'art américain en Europe. - Puis création de Art Basel par Galerie Beyeler + collectionneurs suisses - pour contrecarrer Art Cologne -Donc volonté commerciale - Canaliser l'attention pendant un court moment: canalise la demande des amateurs et musées, critiques. Suscite la curiosité. Devient RDV annuel, incontournable. Accélération de la reconnaissance pour un galerie et ses artistes. Multiplie les échanges au-delà des ventes - ambition culturelle au-delà des vents - les foires se multiplient: FIAC Paris -ARCO- Madrid - symbole de ouverture d'un pays et accélère reconnaissance scène artistique locale - parler de effet ARCO années 80 - effet Berlin fin 90. puis Shangai et HK. - Travail en amont des foires: attirer les collectionneurs, musées, travail en amont galeries et artistes: communication sur le "top" sera exposé. Suscité le désir, rétention, - Événement global: toute la vile est investie: Basel, Miami, FIAC; Evénement touristique culturel qui change image de ville: Miami et HK. Partenariat Hôtels - Collectionneurs décident de leurs achats dans foires: le meilleur est exposé à la foire. Communication dans ce sens: Message de la Foire: meilleures galeries, meilleurs artistes, meilleurs œuvres. Les galeries sont piégées: obligation de participer aux foires sinon marginalisées. Hiérarchiser les acheteurs: plusieurs vernissages et cartes d'invités. Voiture, hôtels. Se distinguer du simple commerce d'art Arrivée à une certaine maturité: les anciennes et nouvelles foires doivent faire preuve d'originalité: Frieze au départ revue d'art + Concurrence avec Basel - Vocabulaire: Manifestation et non plus Art Fair. - Comme pour les maisons de ventes, les Foires soignent leurs images: ne veulent pas être seulement des lieux de vente. Il faut vendre de l'immatériel, de la culture: Multiplications d'événements parallèles: "Conversations", visites de collections, musées, impliquer tous les acteurs comme collectionneurs: De la Cruz, Rubell à Miami. - visites guidées des stands (comme musées) - livrets avec adresses en ville, expos. Pour créer des marchés encore nouveaux: rassembler les énergies: Art Unlimited (événement culturel + vente des grandes œuvres + vidéos) - sur plage à Miami- Foire de Dubaï (la Culture en avant) - Pouvoir des foires au-delà du commerce: Comité juge la reconnaissance des galeries. Comités de sélections de plus en plus influents. Emplacements des stands - Image des galeries se joue sur les Foires - Autocensure des galeristes de ne pas montrer telles œuvres - influence sur l'offre a des incidences sur les achats. Ce qui n'est pas sélectionné et montré est vu comme non intéressant. Créations de marques mais toujours réinventer Face à la concurrence internationale, s'implanter: développer sa marque: Art Basel voit son monopole chahuté avec Frieze et réveil de Londres: Art Basel à Miami 2001 et HK 2012 puis Frieze NY 2011. Tentative FIAC LA 2015 - Art Basel crée Foire photographie 2015. - Exemple de FIAC: comment foire vieillissante s'est réinventée et a réussi à se positionner a côté de Basel et Frieze Face à la multiplication des foires, sélection par visiteurs se fait par réputation + son traitement : Art, Basel, Frieze - Risque de cannibalisme: trop de foires pour les galeries (jusqu'à 12 par an), pour les collectionneurs, uniformité des propositions - coûts prohibitif des participations.- ne profitent qu'aux très importantes enseignes. 06.07.2015 11 PLAN DE COURS Artistes saturés de produire pour les foires, certains refusent: Kieffer, Richter- risque de répétition pour les artistes: cas de Wade Guyton Art Basel 2014 - - Comme pour les "Boutiques gallery", Maintien des "Boutiques Fairs" avec identité propre, intimité, originalité: Artissima Turin, Mexico, Art Brussels, Istanbul Galeries premières bénéficiaires des foires repensent leurs stratégies : Offensive pour faire revenir les acheteurs dans les galeries: Week-end Berlin, Week-end Paris Conclusion : Comme on l'a vu, tous les différents acteurs de l'offre se sont adaptés à l'évolution du marché de l'art, artistes, galeries, maisons de ventes et pour mieux séduire les acheteurs et inciter les nouveaux amateurs. Pour y répondre et créer le désir de ces acheteurs de plus en plus nombreux, curieux et informés, il ne faut pas perdre de vue la spécificité du produit qui reste une œuvre d'art et doit préserver cette magie. La frontière est délicate et c'est très souvent l'acheteur qui fixe les limites. COURS 8 Qui est le collectionneur d’art ? Les acheteurs d'art et surtout d'art contemporain ont complètement évolué depuis 1945 mais encore plus depuis la fin du 20e qui a vu de nouvelles richesses apparaître partout dans le monde. Qui sont aujourd'hui les acheteurs d'art contemporain: Comment sont-ils présents? Que recherchent-ils? Quelles attitudes adopter à leur égard pour vendre des œuvres d'art? Le collectionneur, cible principale des vendeurs est de plus en plus hétérogène et nécessite une adaptation permanente pour à la fois répondre aux attentes et susciter le désir. Mais il ne faut jamais perdre de vue que s'il on décide d'acheter de l'art, cette valeur immatérielle qui fait sa différence, ne doit jamais être oubliée. Collectionner, Acte à la fois spirituel et mercantile qu'il faut "sublimer" Aujourd'hui les collectionneurs du monde entier, symbolisent ouverture politique et économique d'un pays développe une scène artistique locale (galeries artistes) comme Istanbul, Dubaï - Collectionner distingue des "nouveaux riches " classiques: Abramovitch meilleur image que Lebedev`- François Pinault Wall Power est important que ce soit vieux pays ou nouveau monde, classement annuel des 200 collect de Art News montre importance des scènes nationales - Engagement des collectionneurs à préserver culture locale face à internationalisation: Chine, Am Latine, USA. Militantisme nationaliste a dans ce sens Pour répondre à ce désir de collectionner, ce sont les foires qui ont créé le "monde des collectionneurs": ils sont sortis de l’anonymat pour se faire connaitre, reconnaissance aussi par leurs pairs et se distinguer des autres. - Les faire rencontrer, les valoriser sur leur terrain et les distinguer à l'étranger - aller à leurs rencontres; directeurs de foire toute l'année, choisir les VIP 06.07.2015 12 PLAN DE COURS Centraliser les informations: fichiers des collectionneurs fait par les galeries et gérés par foires: informations demandées par foires aux galeries, hiérarchie change avec les années. Mise à jour permanente. - Les distinguer pendant les foires selon critères d'importance: visites collections, dîners, previews donc accès privilégié aux œuvres. "Tri sélectif", Ne jamais perdre de vue que la" Manifestation" est un événement global, les mots foires et ventes ne sont pas mentionnés par les organisateurs, tout est fait pour masquer la finalité du voyage. - Les ventes aux enchères agissent comme on l'a vu plus directement car n'ont pas accès à l'atelier de l'artiste. Donc elles multiplient opérations de séduction pour "distinguer " les collectionneurs. On l'a vu. Collectionner c'est aussi assurer un pouvoir Assumer une culture et une authentique curiosité intellectuelle un nombre de collectionneurs influents cherchent à travers leur collection à assumer un pouvoir: - Trustees des musées, USA sont en pointe sur ce domaine (fiscalité) et d'autres pays suivent comme France: Société des amis de Pompidou, PAC, dîners de charité - choix dans les achats d'œuvres - liens avec les conservateurs. Pouvoir maximum: Fondations, construire son Musée: Louis Vuiiton, Eli Broad, Pinault; Parler de ces différents exemples - Ils amputent les musées publics de leur mécénat - Masquer des réalités plus sombres: Cheika Mayassa -Qatar1ere acheteur au monde 2012 - Famille Aliyev et Azerbaïdjan- Pinchuk/Kiev Caste internationale de collectionneurs: Broad, Joannou, Alstrup, Pinault, Pinchuk, Budi Theck...voire Oligarchie autour de certains artistes et manipulations de prix: Koons - Exemple de Saatchi pionnier dans sa défense des artistes comme de leur chute en ventes aux enchères; sa réputation était telle qu'un artiste abandonné par Saatchi le condamnait au purgatoire: Sandro Chia. Caste entraîne mimétisme des choix, délits d'initiés, ententes, hausse et chute des prix - Danger pour les artistes des micros-marchés de collectionneurs Confusion sur un monde qui veut garder son indépendance Le succès du monde de l'art attire les parasites: Les "Arty People" qui inondent les foires et Biennales sans être acheteurs. Plus que le monde de la mode du cinéma, ils sont attirés par ce "plus" qui est l'art: ex des événements "mode" à Venise, Art Basel Miami, Frieze. - Image un peu dégradée du monde des collectionneurs envahi par les excès. Conséquence de mélange "art" et "mode": Vuitton-Murakami-Sponsors d'expositions par des marques. Danger de "dévalorisation" de l'artiste par le collectionneur La sur-médiatisation des "Big Patrons" fait oublier que le marché de l'art fonctionne normalement avec une masse de collectionneurs plus ou moins anonymes qui fréquentent régulièrement les galeries. Sans attendre des techniques de marketing pour être acheteurs. Ils sont attentifs à ce qui se passe, voyeurs d'un petit monde "exhibitionniste" qui fait l'actualité mais ils restent indépendants dans leurs actes. Conclusion : Les collectionneurs, cibles principales des acteurs du monde l'art évoluent beaucoup depuis ces deux dernières décennies. Est-ce que le collectionneur occidental est toujours dominant ou est-il concurrencé par les amateurs des pays émergents qui apportent aussi des codes et des goûts différents. 06.07.2015 13 PLAN DE COURS Dans un marché global, il faut tout autant s'avoir s'adapter à cette nouvelle clientèle que préserver ses spécificités culturelles qui enrichissent l'offre créatrice. Lecture : « Collectionneurs d’art contemporain, des acteurs méconnus de la vie artistique » entre autres Nathalie Moureau DEPS – Ministère de la Culture - COURS N°9 Le marché de l’art est-il toujours dominé par les occidentaux ? En 2015, 70 ans après le début du transfert vers les USA d'une grande partie du marché de l'art, l'Europe a réussi à s'imposer face à l'Amérique. Qu'en est-il aujourd'hui? Est-ce que le marché de l'art est toujours dominé par les occidentaux et comment faut-il compter avec les autres puissances émergentes ? Est-ce que les règles du jeu ont changé avec l'entrée en lice de la Chine, de la Russie, du Moyen-Orient? Comment s'adapter à ces bouleversements géopolitiques qui ont des incidences sur le marché de l'art. L'ouverture du monde a fait perdre le monopole des USA et des pays occidentaux On l'a vu avec les foires en 67 Cologne et 70 Basel, FIAC 73, le marché de l'art s'est structuré pour lutter contre l'Américanisme du marché, pour mettre en valeur ses artistes face à l'offensive américaine: choc de Rauschenberg lauréat de la Biennale de Venise en 1964, premier américain. Amérique s'impose par le marché: les ventes aux enchères médiatisent les prix des artistes. Trustees et musées puissants aux USA. C'est la RFA qui tout en étant très influencée par la politique culturelle américaine, arrive à imposer internationalement ses artistes: par foires, programmes croisés entre galeries USA et allemandes, Documenta, collectionneurs US dont nombreux sont de souche allemande. L'Italie de même. Et hors Europe continentale, le R.Uni, cousin des USA, est en dialogue permanent mais sans outil de promotion comme les foires et les expositions comme les Biennales, c'est avec l'ère Thatcher, le réveil de l'Angleterre grâce à Saatchi qui a su mettre en place dès le début 90 les "YBA" avec Damien Hirst comme leader: le monde entier a regardé, acheté. Le RU est devenu la seconde place à côté de NY. La place la plus internationale du monde: tous les outils: artistes, galeries, foires, musées, collectionneurs La France s'est isolée par anti-américanisme des élites, formation marxiste de nombreux artistes et critiques. Quelques tentatives de galeries et d'expositions : Lambert, Templon, Musée de Saint- Etienne Donc à la fin des années 90, le monopole de NY est ébranlé déjà par la structuration du marché et Europe avec enrichissement des pays + Suisse, à part, très puissante et amplificateur du succès des artistes allemands et américains. Art Basel devient la foire la plus puissante au monde dès les années 80 car elle est dans un pays "coffre-fort". 06.07.2015 14 PLAN DE COURS Le monopole occidental dans son ensemble perd le monopole au début des années 2000 avec le réveil de la Chine qui comme les USA, 50 ans avant: sortent leurs artistes, collectionneurs étrangers achètent, visibilité dans expositions internationales (Biennale Venise 1999), ventes aux enchères et prix importants artistes plus chers que les occidentaux D'autres grandes puissances s'affirment de même: Inde, Corée, Brésil. Les artistes exposent avec les occidentaux dans les expositions, créations foires, musées publics et privés, - Bouleversement dans l'esthétique occidentale "convenue": retour figuratif, baroque, matériaux nouveaux, gigantisme des œuvres. Critères de validation sont inchangés tout en s'adaptant Ces bouleversements géopolitiques et économiques augmentent le CA du marché de l'art mondial. On dit même que la Chine est le premier consommateur avec ... mettre chiffres -Mais tout cela doit être relativisé car les indices de validation consistant à se hisser au niveau international-occidental, restent inchangés même s'ils doivent s'adapter Nécessité de créer des foires dans les nouveaux pays pour capter la demande forte mais pour être "sérieuses" et "reconnues internationalement", il faut que les galeries et acheteurs "prescripteurs" internationaux soient présents: Art Basel Hong-Kong, Singapour, Art Rio, Mexico. Sinon risque de rester "local". Collectionneurs de ces nouveaux pays doivent aussi collectionner occidental pour être reconnus par la caste internationale: Budi Theck en Chine, Pinchuk en Ukraine. C'est ce qui manque en Inde où tout reste "local": foires, galeries sans programme international. - Les artistes cherchent à exposer dans les manifestations internationales, les musées influents: Zheng Fanzi au MAMVP- Cao au Guggenheim NY. Cherchent à intégrer les galeries occidentales: Pace Gallery - Gagosian - White Cube - A être collectionné par les collectionneurs occidentaux influents: François Pinault, Ullens. Ils influencent d'autres; Les Ventes de NY et Londres sont le lieu où les prix signifient la réussite. Pas seulement les ventes locales - Il y aura des "Hubs" régionaux: HK, Istanbul, Dubaï mais ils ne peuvent exister que si les valeurs occidentales se mêlent. Dubaï-Sharjah: RDV mondial qui valorise la Biennale et la Foire Musées à Abu Dhabi: label "occidental" de Guggenheim et Le Louvre pour attirer le public - Artistes voyagent et changent souvent de résidence: difficile pour les pavillons nationaux de Biennale de Venise ouverture du Whitney aux non Américains - - De plus ouverture vers l'étranger: Biennale de Venise à Okwui Enwezior, Documenta 2017 entre Kassel et La Grèce. Kassel ne signifie plus rien 30 ans après chute de URSS et RDA. Le marché occidental a perdu le monopole mais il est une région stable donc inspire la confiance Le nouveau monde est fait de pays instables donc difficile de prévoir: Istanbul, HK, Dubaï, sont des régimes opaques, risques de crise ou de grève - changement de politique comme nouvel Emir du Qatar - La Chine n'est pas devenu un modèle culturel, politique ni dans sa région ni dans le monde comme l'était les USA en 1945 06.07.2015 15 PLAN DE COURS Droits de douanes prohibitifs (Chine-Brésil) sont des freins - Marchés opaques, blanchiment, moi anticorruption: Chine, Mexique, Difficile de prévoir sur le long terme - Collectionneurs mettent argent et collections dans des pays sûrs, d'où inexistence de la Russie: pas de foire, d'artistes, de galeries, acheteurs désertent pays. Localisation des riches est NY et Londres - Les prix les plus importants des achats des collectionneurs de ces nouveaux pays sont toujours pour les américains ou anglais-allemands comme Warhol, Koons, Bacon. Investissement sûr. - Exotisme culture a ses limites, il n'existe bien qu'à travers les expositions internationales où les artistes sont très présents voire sur-représentés. Pour le marché c'est plus limité. Conclusion : Le monde de l'art s'est largement ouvert avec l'accession des pays émergents, les acteurs du monde occidental se sont adaptés à ces nouveaux marchés: foires, ouvertures de galeries (hk), biennales mais on se rend bien compte que les critères de reconnaissance restent largement dominés par les pays occidentaux. Par la fragilité des régimes politiques et les risques économiques de ces pays, les USA et l'Europe restent prescripteurs même s'ils doivent tenir compte des acteurs du nouveau monde comme les artistes et les collectionneurs. L'enrichissement culturel et intellectuel que cela induit est encore limité sur marché de l'art actuel. COURS 10 Rôle et adaptation des Institutions publiques Modèle américain de mécénat s’étend à l’Europe Appel au financement privé pour palier désengagement de l’État. Qu’en est-il de la politique de programmation, des acquisitions ? Rôle des trustees. Positionnement des scientifiques - indépendance des conservateurs remise en cause – rendement exigé – Perméabilité du recrutement entre public et privé. Exemples du MOMA – MOCA Los Angeles L’institution publique toujours instance de validation Contre poids par rapport au marché – Validation institutionnelle (Koons) – hiérarchie des musées: E.U, Europe et les nouvelles places. Lecture : L’art contemporain international : entre les institutions et le marché (le rapport disparu). A Quemin 06.07.2015 16 PLAN DE COURS COURS 11 Place de la France sur la scène internationale 1. France a perdu sa place de leadership depuis 1945 – EU et RFA-Allemagne dominent depuis 60 en Europe puis Arrivée du R.U et ouverture mondiale. Artistes moins présents – collectionneurs moins puissants 2. Politique publique culturelle offensive depuis 1958 et 1982 pour tenter de compenser déclin – musées, frac, commandes publiques… risque de développer un art « officiel » e 3. Avec la crise, désengagement de l’État depuis début 21 et multiples actions public-privé, groupes de trustees, fondations privées, créations de bourses et prix par le privé – COURS 12 Quel avenir pour le marché de l’art 1. Un marché relié à l’économie et la politique mondiale – le marché de l’art suit les crises et les périodes d’expansion : E.U depuis 45, les 30 Glorieuse, ouverture de la Chine, du Moyen-Orient 2. Des ajustements nécessaires de l’offre – Risque de saturation - avec les foires, les ventes aux enchères, les productions gigantesques (Versailles –Turbine Hall Tate Modern) – fréquentation des méga-musées – constructions de nouveaux lieux 3. l’art : un actif patrimonial reconnu, fait partie de action politique, créateur d’emplois et de ressources économiques, au 21e, le marché de l’art et ses composants sont associés à tous les indicateurs socio-économiques nationaux et internationaux. Lecture : Art Argent et Mondialisation – JN Bret et Nathalie Moureau – Edition l’Harmatan –Sociologie des arts. Deux intervenants sont prévus : Marc Spiegler, Directeur des foires Art Basel (Bâle, Miami et Hong Kong) – courant novembre 2015 et Hadrien de Montferrand, directeur de galerie à Pékin et consultant pour la Maison de ventes aux enchères chinoise Guardian. 06.07.2015 17