petit déjeuner CMS.docx

Compte-rendu, petit déjeuner du 17 février 2015
Nous ont accueillis :
Anne de Wilde, directrice des ressources humaines ;
Virginie Corbet Picard, avocate Corporate / fusions-acquisitions [email protected]
Emmanuel Brunel, avocate Corporate / fusions-acquisitions.
[email protected]
Présentation de CMS Bureau Francis Lefebvre :
Notre cabinet d’avocats est ancré dans une tradition familiale puisque son histoire a plus
d'un siècle. Avec 160 M€ de chiffre d’affaires, c’est le deuxième plus gros cabinet d'avocat
d'affaires français. Notre croissance est stable à 5% par an. Le cabinet est réputé pour le droit
fiscal (57%) puis le juridique (27%) et social (16%). Aujourd’hui, on assiste à un renforcement du
droit bancaire et financier ainsi que de l’activité transactionnelle. En ce qui concerne la structure
hiérarchique, elle est formée de 560 personnes, et est “plate” : centée sur l’autonomie de ses
membres. Le recrutement se fait souvent par le biais des stages : 2/3 des recrutements sont
des anciens stagiaires. Une de nos caractéristiques : il y a peu de turnover parmi les avocats,
ce qui est un facteur de fidélisation des clients et démontre que nos équipes se sentent dans une
structure qui leur plaît. En particulier, l’autonomie des équipes, qui décident comme elles
l'entendent, est appréciée par les avocats.
Quels sont vos parcours personnels ?
Me Corbet-Picard : depuis 2007 à CMS, j’ai étudié le droit anglais à Cergy Pontoise. Après un
DJCE et l’école d'avocats de Versailles, j’ai effectué des stages chez Fidal à Nantes, puis chez
Freshfields. Ensuite à l’école d’avocats j’ai fait mon PPI chez EDF, et ensuite un stage chez CMS
et encore un, le dernier chez Lefebvre Pelletier. Une grande variété de stages et de structures,
donc.
Me Brunel : après avoir étudié à la fac à Rennes, puis un DJCE, et enfin un LLM en Angleterre,
j’ai effectué mon stage final chez Latham & Watkins en droit des sociétés/corporate et c’est là
que j’ai trouvé ma première collaoration. Je suis arrivée chez CMS il y a trois ans.
Comment fonctionne le département Corporate/fusions-acquisitions ?
Le département corporate est constituée d’une quarantaine d’avocats : counsels seniors,
“mid”, juniors, et stagiaires. Nous formons les équipes en fonction des besoins des clients, donc
les équipes changent avec les dossiers. Nous accompagnons le quotidiens des sociétés
(changement de dirigeant par exemple) ainsi que les opérations d’achat vente (négociation de
contrats par exemple). Dans notre département, les avocats ne plaident pas ou très peu. Mais
"la plaidoirie est a l'avocat pénaliste ce que la négociation est pour nous". En effet,
les avocats peuvent se démarquer lors des négociations qui sont un exercice passionnant.
Quel est le quotidien des équipes ?
Les équipes sont structurées en fonction des opérations. Chez nous le fiscal n'est pas
“sous traité”, comme dans les cabinets anglo saxons, plus tournés vers la pratique
transactionnelle où les autres équipes sont un support. Ici, les équipes entretiennent de forts
liens entre elles. Par exemple, dans le volet réorganisation, on forme des équipes avec “un
fiscaliste, un socialiste (sic), un corporate”. Puis les équipes sont centralisées par projet pour
coordonner tout le monde. Il est donc nécessaire de comprendre ce qui se passe dans les autres
spécialités, d’avoir une certaine vision d'ensemble.
Chaque équipe fonctionne comme un petit cabinet, elle a son propre chiffre d’affaires.
En définitive, si les locaux sont mutualisés pour une plus grande efficacité, les équipes
travaillent dans une grande indépendance. En outre, le salariat est en voie d'extinction, car
moins souple que l’exercice libéral. Aujourd’hui, tous les nouveaux avocats sont recrutés en
libéral. Certains cabinets fixent des objectifs horaires à leurs équipes, ce n’est pas le cas chez
CMS pour le moment.
Quelle est la journée type d’un avocat en corporate ?
La journée type n’existe pas ou presque, car les avocats traitent plusieurs dossiers à la fois,
notre travail se caractérise par une forte dose d’imprévu et de diversité. En général, vers 9h le
matin on arrive au cabinet (dans les cabinets anglo-saxons les horaires peuvent être décalés en
raison du décalage horaire avec les États-Unis). La journée est rythmée par beaucoup de
réunions de projets clients et de négociations.
Comment jugez-vous l’ambiance de travail ?
D’abord, tout le monde travaille la porte ouverte, pour favoriser une bonne communication. En
outre, le cabinet considère que les déjeuners et autres temps de pause sont importants pour
créer du lien entre les équipes. Des événements sont organisés chaque année pour souder les
équipes. En résulte une très bonne ambiance selon notre expérience. Évidemment, ce n’est pas
la même chose dans tous les cabinets !
Que vous demandent les clients ?
Pour mieux répondre aux attentes des clients, nous formons des équipes en général de
deux ou trois personnes aux expériences différentes, afin d’apporter un angle de vue
plus riche. Aujourd’hui, le métier d’avocat est en mutation, notamment dans le rapport au client.
En particulier, la réactivité et la clarté sont de mise.
● Tout d’abord, les clients demandent des délais de réponse de plus en plus rapide voire
instantanés (souvent, nous répondons en écrivant que la demande a bien été prise en
compte, et indiquons que nous apporterons une réponse avant tel jour). Certains clients
envoient même des textos, cela peut être envahissant, c’est pourquoi je (Emmanuel
Brunel) refuse de donner mon numéro de portable.
● En outre, les réponses se doivent d’être claires, courtes et précises (sous forme de “bullet
points”). Il faut aller droit au but, plus besoin de dizaines de pages de démonstrations
juridiques qu’ils ne prendront pas la peine de lire. Le métier est donc tourné vers
l’opérationnel, c’est pourquoi la démarche de l’avocat se doit d’être également
pragmatique.
Quels sont les avantages de votre profession ?
D’abord, on ne s'ennuie jamais car on apprend tous les jours. Nous pouvons nouer beaucoup
de contacts en interne et en externe : par exemple, nous rencontrons des gérants de fonds
d'investissement, des chefs d'entreprise, etc. Cela nous donne une compréhension globale du
monde de l'entreprise. Ensuite, le salaire est confortable. Pour vous donner un ordre d’idée,
les collaborateurs chez CMS sont mieux payés que les autres cabinets français, moins que les
anglo saxons. Enfin, il y a beaucoup d’entraide dans les équipes et une forte mixité
hommes-femmes. Aujourd’hui, en raison de la majorité de femmes en école d’avocats, il y a
même une quasi discrimination positive pour les hommes, car la mixité des équipes est un
élément non négligeable pour les relations de travail.
Quels en sont les inconvénients ?
Le premier inconvénient, c’est que le métier d’avocat demande un investissement
considérable. Les horaires sont larges, et même si il n’y a pas de nuit blanche et peu de travail
le weekend, il faut aimer travailler. Cela est plus ou moins accentué selon les périodes. Ainsi,
nous devons être capable de résister à la fatigue et à la pression et accepter de ne pas toujours
pouvoir maîtriser son emploi du temps. En outre, il n’est pas facile de concilier vie
professionnelle et vie familiale, c’est pourquoi le partenaire de vie doit être bien choisi.
Néanmoins, aujourd’hui le télétravail est possible, et chacun s’organise de façon plus flexible et
autonome. Par exemple, je (Virginie) suis une journée par semaine chez moi en télétravail.
Quels conseils donneriez-vous pour les étudiants de l'École de Droit ?
En premier, il faut bien choisir ses structures de stages, et tester de multipes
structures et domaines. En effet, les stages sont fait aussi pour savoir ce qui nous plaît; et
une fois lancé dans la vie professionnelle, il peut être compliqué de changer de domaine.
Également, choisissez bien votre stage final, car il débouchera probablement sur une
collaboration. Si vous hésitez entre un cabinet français et un anglo saxon, nous conseillons de
commencer à travailler dans un cabinet anglo-saxon où le rythme est plus soutenu, pour aller
vers un français, c’est plus simple que l'inverse.
En ce qui concerne la recherche de stage, envoyez des candidatures tous azimuts, et
n’hésitez pas si vous êtes recalés par un cabinet, à renvoyer votre candidature pour une autre
offre du même cabinet.
Ensuite, c’est un métier souvent un peu ingrat pour les stagiaires : des recherches sur des bouts
de dossiers, mais pas dans la globalité. Pourtant, la persévérance sera récompensée, il ne
faut pas se décourager.
Les qualités recherchées par les recruteurs sont : la motivation, la rigueur, la curiosité,
l’envie. Ils cherchent des têtes bien faites, pas des rats de bibliothèque. Les clients attendent du
dynamisme, il faut leur répondre dans la journée.
Enfin, ne pas oublier que les autres collaborateurs sont aussi vos clients. La réputation
dans le cabinet est donc capitale. Bâtir des relations de confiance avec vos équipes vous sera
toujours bénéfique.
Quel est le rythme de vie des dossiers ?
Dans le transactionnel, les dossiers durent en moyenne 4 à 6 mois. Mais il ne faut pas oublier
qu’il y a toujours des appels inattendus, et donc des périodes de rush régulières.
Comment évolue la carrière d’un avocat en corporate ?
Il y a plusieurs statuts en fonction de l’ancienneté. Ensuite, pour devenir associé, il faut pouvoir
démontrer une expertise propre et développer le chiffre d’affaires. Dans certains
cabinets, les collaborateurs qui ne souhaitent pas devenir associés ou ne le peuvent pas n’ont pas
leur place, ce n’est pas le cas chez CMS où plusieurs de nos avocats ont choisi de ne pas devenir
associé. En effet, être associé, c’est un métier bien différent, car moins tourné vers les aspects
techniques du droit. Certains seniors préfèrent se concentrer sur des dossiers à forte technicité,
la possibilité leur est offerte.
Comment développer un champ d’expertise propre ?
Cela se fait assez naturellement en fonction des dossiers et des appétences de chacun. On aime
un certain domaine, qui demande un investissement en temps important pour entrer dans la
matière. Peu à peu, on devient le référent pour cette spécialité. Par exemple, nous avons une
activité dite “hébergement” (hôtels, etc.). A l’intérieur existent plusieurs structures particulières
aux régimes juridiques complexes, comme les associations, les casinos, les syndicats ou encore
les SA d'HLM. L’expertise sur un de ces domaines est un axe de développement qui peut être
très porteur. Un autre exemple : un collaborateur est spécialiste en droit de l'environnement.
Les avocats travaillent-ils toujours au cabinet ?
Cela dépend. Parfois nous allons dans des entreprises ou dans d’autres cabinets. Les avocats
sortent de plus en plus du cabinet, pour étudier/se former à l'extérieur. De plus, le
détachement en entreprise est de plus en plus courant (NB : Emmanuelle Brunel a été détachée
chez AXA pendant 4 mois). L’avocat détaché est un “intérimaire de luxe”, il reste dans
l’entreprise pendant plusieurs mois, c’est une expérience très enrichissante. A noter : le
détachement n’est pas propre au corporate.
Quelles sont les perspectives de mobilité internationale ?
Être avocat, c’est avant tout être spécialiste d’un système juridique particulier
géographiquement situé. La mobilité internationale n’est donc pas facile. Au contraire d’un
commercial qui peut vendre ses produits partout, l’avocat est généralement plus localisé car la
pratique n’est pas la même selon les pays. Il y a donc une réelle barrière à l’expatriation.
Néanmoins, il y a une mobilité possible, pour nous avec le réseau CMS, en général pour une
durée de 6 mois. Selon notre expérience, c’est à l’avocat de se bouger pour pouvoir bouger.
Cependant, il est possible de voyager en Europe pour certains dossiers (NB : E. Brunel va partir
prochainement à Budapest pour un transaction avec une compagnie hongroise), et des
événements réseau nous permettent de rencontrer nos collègues étrangers.
En corporate, 5 stagiaires assistent les équipes toute l’année. Le cabinet est aussi partenaire de
l’AJSP. N’hésitez donc pas à envoyer vos candidatures au cabinet CMS Bureau Francis Lefebvre!