Tentative de la France de créer une base militaire au sud de la Libye
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Tentative de la France de créer une base militaire au sud de la Libye
Perspectives Africaines RAPPORT Tentative de la France de créer une base militaire au sud de la Libye Par: Khaled Abdel Azim Journaliste à Al Ahram-Hebdo Selon les rapports récents de la presse, la France compte créer une base militaire au sud de la Libye, mais le porte-parole du ministère libyen de la défense a déclaré qu’il n’existait pas de bases militaires françaises au sud de la Libye et que la Libye a refusé la demande de la France de créer une base militaire au sud de la Libye; cela ne signifie pas que le dossier soit fermé car la question est toujours là: Qu’est ce qui pousse la France à vouloir créer une base militaire au sud de la Libye? Nous devons tout d’abord rappeler la nature des situations au sud de la Libye, proclamé région militaire et les frontières terrestres de la Libye avec le Tchad, le Niger, le Soudan et Algérie qui ont été provisoirement fermées sachant que le ministre libyen de la défense avait été chargé de nommer un gouverneur militaire dans la région sud. Le nombre de personnes qui se sont infiltrées via les frontières ont augmenté et les tribus du Tabou, d’origine tchadienne continuent à s’infiltrer via les frontières Libyo-tchadiennes et à attaquer la cité d’Al Kafara, au sud-est de la Libye. A la lumière de cette situation, on se demande si les Tabous cherchent à gagner du terrain au sud de la Libye surtout que ces tribus vivent dans les monts de Tsibsi à l’extrême nord du Tchad, situés parallèlement aux frontières libyennes avec le Tchad Les analystes stratégiques réalisent que la stratégie ne reconnait pas le vide et partant de là et dans le cadre de l’effondrement des forces régulières de la Libye après la chute du régime de Kadafi, on peut constater que le sud de la Libye, sur le plan militaire et sécuritaire représente un grand vide surtout que la région n’est pas trop peuplée Position du sud de la Libye dans la pensée stratégique française: La stratégie mondiale a divisé la Libye selon une vision géopolitique qui 26 OGI Perspectives place la Libye au centre entre l’Egypte et la région du Maghreb arabe. L’Egypte et le Soudan étaient soumises à l’influence britannique alors que la région du Maghreb Arabe [La Tunisie- l’Algérie- le Maroc et la Maurtanie] était soumise à l’influence française aussi bien que le Tchad, le Niger, le Mali et le Sénégal. Dans le cadre de cette géopolitique, la Grande-Bretagne a oeuvré en vue de réaliser son hégémonie sur le littoral de la Libye et sur l’Est du pays qui assurent une voie maritime et un accès terrestre vers l’Egypte, une de ses principales colonies après l’Inde. La France, selon sa pensée stratégique, se mobilisait vers la défense des régions de son influence en Afrique et conformément à ce que le général “De Gaule” a mis en relief dans son livre “Mémoires de guerre”le devoir de dominer Fezan, c’est à dire le sud de la Libye, quotepart de la France en Libye à l’issue de la 2ème guerre mondiale. Le 1er mars 1941, la 2ème armée française sous le commandement du général Leclerq a occupé la région d’El Kafara en se mobilisant du Tchad vers les frontières sud de la Libye qui sont ses frontières communes avec le Tchad et au début de janvier 1943, les français sont parvenus à faire sortir l’armée de Musso- Volume 11 - edition 38 - 2013 Africaines loni et à occuper tout le sud de la Libye. Il est à noter que l’armée française s’est stationnée dans trois places: 1Ghadamès 2- Ghatt- 3- Sabha et ces stationnements se justfient sur le plan géopolitique: Ghadamès se trouve au nord de la ligne des frontières libyo-algériennes; Ghatt est situé sur la ligne des frontières libyoalgériennes – et Sabha se trouve dans le district sud de la Libye, face à la cité de Kafara et la ligne des frontières libyo-tchadiennes. Le stationnement militaire français au sud de la Libye a pris la forme d’un triangle dont la base est représentée par les frontières libyoalgériennes alors que le sommet est le district du sahara de Fezan et précisément à proximité de “Sabha” Le sud de la Lybie signifie dans la pensée stratégique une portiére de sécurité militaire à l’empire français en Afrique. Pourquoi la France veut-elle une base militaire au sud de la Libye? Il existe trois considérations géopolitiques –stratégiques qui exigent la création de cette base militaire française au sud de la Libye et qui sont comme suit: Premièrement: Sécurisation de la stabilité du Tchad. Deuxièmement: Sécurisation des régimes affiliés à la France en Afrique 27 Perspectives sub-saharienne Troisièmement: Sécurisation des champs d’uranium de sorte à permettre la continuité de la modernisation de l’arsenal nucléaire français. Le Tchad pour la France est le point central de son empire en Afrique sub-saharienne, car il est l’Etat axial et articulaire qui rattache les deux axes de la politique française en Afrique. Le premier axe de l’Afrique occidentale francophone comprend: Le Mali, le Niger, la Mauritanie, le Sénégal, le Bénin, Burkina-faso et la Côte d’Ivoire. Le second axe de l’Afrique équatoriale francophone comprend: La République Centrafricaine, le Cameroun, le Congo Brazzaville et le Gabon. Depuis 1986, la France conserve une grande base militaire à N’gamina capitale du Tchad et cette base comprend des forces aériennes, terrestres et un appareil de services secrets évolué, confirmant ainsi la présence de la France sur le plan militaire et sur le plan des services secrets au centre de l’Afrique francophone. Les raids aériens français contre les rebelles du nord du Mali, exécutés dans le cadre de l’opération Serval, ont été lancés de la base militaire française de N’gamina; En réalité l’opération Serval s’inscrit 28 Africaines dans le cadre stratégique mondial qui soutient les intérêts suprêmes du camp occidental capitaliste dont l’objectif stratégique direct est d’assurer la sécurité de 4 Etats africains francophones susceptibles de subir les effets des attaques de l’organisation de la Qaeda dans les pays du Maghreb arabe et de l’esprit de séparation, des troubles ou des coups d’état, dans les Etats suivants: le Tchad, le Niger, le Mali et la Mauritanie L’opération Serval a été préparée par la visite du président français François Hollande en Algérie vers la fin de décembre 2012 pour obtenir son appui et son soutien; l’opération commença le 14 janvier 2013 en vertu d’une coordination entre les forces françaises aériennes, maritimes et terrestres. Les raids aériens français ont été lancés à partir de la base militaire française de N’gamina alors que les forces terrestres arrivaient via la mer au moyen de navires français passant par le port de Dakar capitale du Sénégal qui donne sur les eaux de l’Océan Atlantique. En dépit du succès de l’opération Serval, les militaires français affrontent aujourd’hui un grand problème celui de la séparation du nord du Mali, car ils craignent que ce scénario séparatistne se répéte au Tchad OGI Perspectives Il existe un lien très étroit entre l’opération Serval et la tentative de la France de créer une base militaire au sud de la Libye, car les Français craignent dans le cadre des retombées régionales la séparation du Nord du Mali, la possibilité de separation du Nord du Tchad ou la possibilité d’un coup d’état militaire au Tchad par une plannification des Nordistes soutenus par des factions de l’extérieur, ce qui serait une grande catastrophe par rapport à la France car cela signifierait la chute du principal pion du domino français en Afrique et menacerait l’influence de la France en tant que Grande Puissance surtout à cause de la forte présence de la Chine en Afrique. Le secteur de Ouzou au Nord du Tchad contient l’une des mines Volume 11 - edition 38 - 2013 Africaines d’uranium la plus riche de l’Afrique dont la superficie s’étend sur 114.000 km2 et 100km de large. Pour toutes ces considérations, la France doit sécuriser l’Etat du Tchad au nord et au sud, par la création d’une base militaire française à N’jamina dans la capitale sud éloignée du Nord, c’est pourquoi il est indispensable à la France de disposer d’une base militaire au sud de la Libye car cette base lui favoriserait la sécurité du Niger qui contient la plus grande mine d’uranium, susceptible de lui assurer le renouvellement de son arsenal nucléaire et son évolution pour que le groupe des sociétés françaises [Areva] conserve le niveau de sa production stratégique sur le marché mondial de l’industrie des réactions nucléaires. 29