magazine - Com`Sup l`ecole supérieure de communication et publicité
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Septe mbr n être e se donitt bien a r h p Touten monumensemble demant soi u donné, l’e ments for coor ces monu le Livre. tous le qui est la vil s Baudelaire 4 N°0 e 201 Charle L azine e mag des je unes c om s déd supien ié à Ca sablan ca EDITORIAUX I Le Mot du directeur par Azzeddine Lazrak l est des moments dans la vie où il suffit de fermer les yeux, de ne penser à rien et de savourer ces petites gorgées de bonheur qui vous pénètrent et vous transportent dans des rêveries bienfaisantes aussi loin que votre imaginaire vous permettra de voyager. Il en est ainsi de l’artisan ou de l’artiste à la fin du dernier geste qui achève son œuvre. On dit que l’accouchement est une délivrance. Et la délivrance appelle au repos du corps, de l’âme et de l’esprit. C’est l’état dans lequel je me suis retrouvé à la lecture de la version finale de Casanostra juste avant impression. Cet instant de grâce où l’on se dit en son for intérieur, que la mission de formateur pour laquelle ces centaines de jeunes et leurs parents vous ont fait confiance, mérite bien son qualificatif de noble. Forger des personnalités, construire des avenirs, donner confiance, transmettre les Humanités, tels sont les objectifs de Com’Sup, une école de la vie aussi. Un grand Merci à tous les Comsupiens ayant participé à cette belle aventure de Casanostra. Un Merci renouvelé à leurs professeurs et au personnel administratif de l’établissement, qui insufflent depuis des années cette énergie créative qui mène nos lauréats à ce qu’ils sont aujourd’hui. Bonne lecture à tous et bon vent à Casanostra ! 2 • CASANOSTRA• juillet 2014 L’édito de la rédaction C’est une très belle aventure humaine qui s’est jouée en 2014 à Com’Sup. Ce magazine est le témoignage de la richesse des échanges qui ont présidé à sa confection. Quand nous avons relevé le challenge de lancer Casanostra, notre objectif était triple. Un magazine étudiant Il fallait d’abord et avant tout nous situer dans la droite ligne de nos missions premières, celles d’un établissement agréé de l’enseignement supérieur, pionnier du secteur de la publicité et de la communication. Ainsi fallait-il mettre en valeur les compétences, savoirs et savoir-faire de nos jeunes tout en montrant notre capacité à développer leur aptitude à affronter le monde du travail, notamment en élevant leur niveau d’exigence à l’égard d’eux-mêmes et de leur travail. Le magazine que vous avez entre les mains est ainsi le reflet d’une génération de comsupiens, futurs cadres dans les secteurs de la communication, de la publicité et des médias. Il est le reflet de leur créativité, de leurs passions, coups de coeur et coups de gueules aussi. Un travail citoyen Cette génération, et c’était notre second objectif, illustre l’implication citoyenne de nos jeunes dans la vie de leur cité. Le choix de la ville de Casablanca comme thème du magazine s’est ainsi imposé en écho au discours royal d’octobre 2013 faisant de la gestion de Casablanca, la capitale économique, un bien sombre bilan et engageant les forces vives de la ville à se mettre en branle. C’est ce qu’à notre niveau nous avons fait. Mais il s’agissait aussi pour nous de nous inscrire dans une démarche qui appréhende le lien politique comme une relation, non plus passive ou à sens unique, mais à double sens entre, d’un côté, l’autorité publique et, de l’autre, le citoyen, fut-il jeune et rebelle. Le reflet de notre diversité Au final, Casanostra, c’est notre Casa, celui des étudiants de Com’Sup et, partant, d’une certaine jeunesse de notre ville, optimiste et porteuse d’espoirs, à la fois pour elle-même et pour notre pays. Casanostra se veut aussi à l’image de notre ville, un foyer de diversité, loin des dogmatismes. C’est une Casablanca ouverte sur le monde que nous avons voulu montrer, avec ses contradictions, son côté obscur, le luxe qui y côtoie la misère, mais aussi l’effervescence et l’énergie qui y règnent, les success stories qui s’y tissent et les rêves qui y deviennent réalités. Casanostra c’est aussi votre Casa, celle à qui, grâce la lecture de ces pages, vous aurez peut-être envie de déclarer votre flamme ou votre colère. Amis lecteurs, amis casablancais, nous attendons vos réactions ! Souleïman Bencheikh, journaliste & enseignant à Com’Sup CASANOSTRA• juillet 2014 • 3 22 28 OURS Rédaction en chef Souleïman Bencheikh Rédaction Samah Aboumadi (M1), Denisia Adjobi (M1), Leïla Belfkih (M1), Mona Ben Bella (M1), Zineb Bennouna (L3), Dounia Bouderbala Idrissi (L3), Amina Boumediane (L3), Asmae Bourchachene (M1), Soukaïna Choukri (L3), Manal El Bachiri (L1), Sanaa El Othmani (M1), Nouhaïla Hraïche (L3), Ghita Ibnou Jala (L3), El Mehdi Kamal (M1), Majda Kanouni (L1), Zakaria Lahmidi (M1), Samia Lazrak (L1), Othman Marine (M1), Rim Moutaouil (M1), Sara Ouafir (M1), Souha Ouassale (M1), Zineb Rajmy (L3), Mohamed Safadi (L3), Sofia Skandre (L3), Salma Sodki (L3), Siham Zerrad (M1) Photos Hayat Zaïkh (L3) Conception graphique Chafik Aaziz Infographie Yassine Tiwit Idrissi (M1), Boutaïna Zerouali (M1) Remerciements 26 53 62 14 59 88 06 L’équipe de Casanostra remercie chaleureusement toute l’équipe de Com’Sup (corps enseignant et administration) pour avoir rendu possible la réalisation de ce magazine ainsi que tous les étudiants qui, sans avoir signé d’article dans ce premier numéro, ont contribué à sa confection par leurs idées et propositions souvent pertinentes et originales. 88 61 4 • CASANOSTRA• juillet 2014 10 18 Sommaire LE MOT DU DIRECTEUR par Azzeddine Lazrak 2 L’ÉDITO DE LA RÉDACTION par Souleïman Bencheikh 3 SOMMAIRE4 À LA PAGE Casa en bref... par Zineb Rajmy (L3) 6 Zoom. Derb Omar, nouveau China Town, par Majda Kanouni (L1) Reportage. Le marabout et l’île aux mystères, par Manal El Bachiri (L1) Témoignage. Une Ivoirienne à Casa, par Denisia Adjobi (M1) Confidences. Juif et Casaoui, par Othman Marine (M1) Enquête. Derb Ghallef, paradis de l’informel, par Mohamed Safadi (L3) Têtes d’affiches. Ces Casaouis d’ailleurs, par Soukaïna Choukri & Ghita Ibnou Jala (L3) Phénomène. Slam sur la ville, par El Mehdi Kamal (M1) Tendance. Narguilé et café chicha, par Samia Lazrak (L1) 10 14 16 18 20 22 26 28 DANS LE VISEUR Filmo. Une ville et des oeuvres, par Salma Sodki (L3) Rétro. Une médina aux origines méconnues, par Zakaria Lahmidi (M1) Portfolio. Casa en images, par Hayat Zaïkh (L3) 32 36 38 CONSO Guide. Casa en 3 jours, par Amina Boumediane (L3) Ambiance. Casa by night, par Zineb Bennouna & Nouhaïla Hraïche (L3) Bonnes adresses. Où sortir à Casa ? par Dounia Bouderbala Idrissi & Sofia Skandre L3) 42 44 48 DÉCALAGES Coups de coeur - Derb Sultan mon amour, par Souha Ouassale (M1) - L’incroyable quartier des Habous, par Leïla Belfkih (M1) - Mon coin de paradis, par Samah Aboumadi (M1) - Nuit magique à la mosquée, par Rim Moutaouil (M1) Coups de gueule - Jungle urbaine, par Sara Ouafir (M1) - Une fontaine pas comme les autres, par Sanaa El Othmani (M1) - Dans la rue tu marcheras, par Asmae Bourchachene (M1) - Casa l’khanza, par Souha Ouassale (M1) - Khettaf, trafic à haut risque, par Othman Marine (M1) - Magie noire à Sidi Abderrahmane, par Mona Ben Bella (M1) Le dico du Casaoui, par Siham Zerrad (M1) 52 53 54 55 56 58 59 60 61 62 63 CASANOSTRA• juillet 2014 • 5 A LA PAGE En BREF Discours Notre roi parle de Casa ! A l’occasion de l’ouverture de la troisième année de l’actuelle législature, le souverain s’est attardé sur la situation actuelle de la ville blanche, finalement pas si blanche que ça. « Casablanca est la ville des disparités sociales les plus criantes, où se côtoient les catégories riches et les classes pauvres. C’est la ville des gratte-ciel et des bidonvilles. C’est le centre de la finance et des affaires mais aussi de la misère, du chômage et d’autres maux, sans parler des déchets et des ordures qui en ternissent la blancheur et entachent la réputation ». L’auteur de ces propos pour le moins virulents n’est autre que le roi Mohammed VI dans son discours du 11 octobre 2013. Déphasage social, problèmes de gouvernance et pollution, Casablanca est en effet LA ville à critiquer ! En faire un pôle financier international requiert, selon le roi, la consolidation des règles de bonne gouvernance, la mise en place d’un cadre juridique approprié, la formation de ressources humaines hautement qualifiées ainsi que l’adoption de techniques et de méthodes de gestion modernes, des atouts que Casablanca ne détient malheureusement toujours pas. « En un mot, le problème dont souffre la capitale économique tient essentiellement à un déficit de gouvernance », a résumé le roi. Après avoir insisté sur l’importance du rôle joué par les conseils communaux, le roi Mohammed VI est revenu sur les grands problèmes que connaît Casablanca. Luttes intestines au sein du conseil de la ville, disparités sociales, bidonvilles et amoncellement de déchets, des éléments qui «ternissent la réputation» de la métropole économique et en font la ville de toutes les contradictions. Pour résumer l’origine des maux de la ville, le souverain a été on ne peut plus clair : « Le problème dont souffre la capitale économique tient essentiellement à un déficit de gouvernance ». Comme toujours, force est de constater que les propos du roi ont été suivis d’effets : la ville s’est mise en branle pour répondre aux attentes du souverain. En partenariat avec DVV International, Institut de la Coopération Internationale de la Confédération Allemande pour l’Éducation des Adultes, Com’Sup a l’honneur d’annoncer la création de l’Université Pour Tous de Casablanca. L’éducation tout au long de la vie est un droit universel reconnu par l’ONU. Azzeddine Lazrak 6 • CASANOSTRA• juillet 2014 Gouvernance Un nouveau wali, un nouveau pari Succédant à Mohammed Boussaid, lui-même promu ministre, Khalid Safir est le nouveau wali de la région du Grand Casablanca. Conformément aux hautes instructions du souverain Mohammed VI, Safir a la lourde mission de donner une nouvelle dynamique à la ville de Casablanca « en vue de renforcer la positionnement de la ville comme locomotive de l’économie du pays et pôle de rayonnement économique national et continental. Né le 13 décembre 1967 à Settat, Safir est titulaire d’un diplôme d’ingénieur de l’Ecole Polytechnique de Paris. Entre 1993 et 2006, il a occupé plusieurs postes au sein des ministères de l’Equipement et des Finances, avant d’être nommé en 2006 gouverneur de la préfecture des arrondissements d’Al Feda Mers Soltane, puis gouverneur de la préfecture des arrondissements de Casa-Anfa en janvier 2009. Mohamed Mjid est décédé le 20 mars 2014 à Rabat à l’âge de 97 ans. Celui qui avait pris les rênes de la FRMT pendant 45 ans est surtout connu pour avoir permis la naissance et le succès du Grand prix Hassan II de tennis, ainsi que pour la mise en place de structures solides pour le tennis. En 2009, il a quitté la présidence de la FRMT pour se consacrer à des actions sociales à travers sa fondation M.J.I.D (Fondation Marocaine pour la Jeunesse, l’Initiative et le Développement). C’est à travers cette fondation qu’il a contribué à la lutte contre les inégalités sociales. Les funérailles de Mohamed Mjid ont donné lieu à un large et émouvant hommage qui a réuni le monde de la politique, des affaires, de l’associatif et du sport. Transport Le tram sur les rails Voilà plus de 18 mois que la ville blanche s’est dotée d’un nouveau moyen de trans- Disparition Mohamed Mjid, un pan d’histoire Le monde du sport et, plus particulièrement, celui du tennis marocain est en deuil. Mohamed Mjid, ex-président de la Fédération Royale Marocaine de tennis est décédé. CASANOSTRA• juillet 2014 • 7 A LA PAGE En BREF port en commun, le tramway. Une petite révolution dans le quotidien de nombreux Casablancais. Casablanca compte aujourd’hui plus de quatre millions d’habitants. Ce nombre assez consistant fait que la circulation routière dans la capitale économique est excessivement dense : voitures de particuliers, bus et taxis en tout genre constituent à eux seuls un désordre et des bouchons à en haïr la conduite. Les travaux du tramway qui auront duré 18 mois ont fait le malheur des automobilistes : bouchons et pollution plus importants, Casablanca était devenu un chantier infernal. Mais, depuis le 12 décembre 2012, l’essentiel des désagréments est dépassé. Les premiers usagers semblent satisfaits, même si le tram n’a pas manqué de faire des victimes. Au cours des 13 premiers mois de sa mise en service, quelque 180 accidents ont été recensés pour la seule ville de Casablanca, soit une fréquence de 0,8 accident tous les 10.000 kilomètres parcourus par les rames. Il a fallu que les Casablancais s’habituent à la machine géante pour que la tempête se calme quelque peu. Tant et si bien que, pour beaucoup, le tram est devenu aujourd’hui un moyen de transport indispensable. Foot L’aigle vert a pris son envol Décembre 2013, une bonne partie de la population marocaine attend l’événement sportif de l’année : la coupe du monde des clubs est organisée au royaume et le Raja Club Athletic y participe. Voilà treize ans que les aigles verts n’avaient plus participé à la coupe du monde des clubs. En une semaine, du 11 au 18 décembre, les Rajaouis auront affronté les Néo-zélandais d’Auckland city, le club mexicain de Monterrey 8 • CASANOSTRA• juillet 2014 et l’Atletico Mineiro. Trois rencontres dont les Rajaouis sont sortis vainqueurs, faisant la joie des milliers de supporters du club et de tous les Marocains. Samedi 21 décembre avait lieu la dernière confrontation de la compétition mettant aux prises, en finale, nos rajaouis nationaux et le champion d’Europe en titre, le Bayern de Munich. Les Allemands ont finalement remporté le titre de champions du monde 2013 sur un score de 2 à 0. Le Raja termine vice champion, une place plus qu’honorable. Le club casablancais est devenu la première équipe marocaine à réaliser un tel exploit, faisant la fierté et le bonheur de millions de Marocains. Corniche La vague de l’année Les restaurants et clubs de la Corniche se souviendront longtemps de l’année 2014, qui a vu de violentes tempêtes s’abattre sur leurs installations, occasionnant d’importants dégâts. Communément (et incorrectement) appelées tsunami, d’énormes vagues d’environ 7 mètres ont inondé la côte casablancaise, une petite catastrophe due à des vents forts qui ont soufflé sur les côtes atlantiques. Les habitants de la Corniche et de la côte se sont réveillés les pieds dans l’eau. A Ain Diab, les employés des restaurants, hôtels et cafés ont vécu une nuit épouvantable. De nombreux dégâts matériels ont été constatés, mais fort heureusement aucune perte humaine n’est à déplorer. Equipe nationale Sauvons nos Lions ! L’ancien international marocain Badou Zaki est désormais le nouvel entraîneur de l’équipe nationale de football. Une bonne nouvelle pour la plupart des supporters des Lions de l’Atlas. Outre Badou Zaki, le staff encadrant l’équipe nationale se compose désormais de Mustapha Hajji et Saïd Chiba, les deux entraîneurs adjoints, Khalid Fouhami, entraîneur des gardiens de but, Aziz Bouderbala, directeur sportif, et Mhammed Fakher, entraîneur de l’équipe locale. Cette équipe de choc nous rappelle le bon vieux temps, notamment le beau jeu développé par le Maroc à la Coupe du monde 1998 et la CAN 2004 où les Lions de l’Atlas sont parvenus en finale de la coupe d’Afrique des Nations avant de s’incliner face au pays organisateur, la Tunisie. Un exploit que tous les Marocains d’ici et d’ailleurs gardent en mémoire et qui contraste avec le désamour que vit l’équipe nationale d’aujourd’hui. Le Maroc sera le pays hôte de la prochaine CAN en janvier 2015. Les supporters en seront d’autant plus exigeants à l’égard de leur équipe nationale. Pourvu que les Lions ne nous déçoivent pas. Violence Agresse-moi si tu peux Ces derniers mois, la ville blanche a vu naître une nouvelle appellation pour un phénomène pas si nouveau que ça : « le Tcharmil ». Les « Mcharmlines » nous agressent dans la rue munis de toutes sortes d’armes blanches. On peut les reconnaître à leur aspect vestimentaire, leur coupe de cheveux, leur mobylette ou encore leur regard menaçant. La nouveauté du phénomène Tcharmil réside dans le fait qu’il a été mis en scène sur les réseaux sociaux, plusieurs jeunes n’hésitant pas à poser en photo armés de sabres, exhibant montres de luxe et autres objets de leurs rapines. Enfin alertées, les autorités de Casablanca n’ont pas tardé à réagir en procédant à des centaines d’interpellations parmi la jeunesse désoeuvrée de la capitale économique. CASANOSTRA• juillet 2014 • 9 A LA PAGE Zoom Derb Omar un nouveau China Town Après avoir conquis une grande partie du monde, la Chine se lance à l’assaut du Maroc. A Casa, le quartier Derb Omar est devenu un véritable China Town Majda Kanouni à cause des camions de transport de marchandises stationnés de chaque côté de la rue. Idem sur les accès environnants. En effet, la présence des commerçants chinois ne passe pas inaperçue. M. Kuan Ti est un commerçant qui vend des pull-overs à 70 DH l’unité au prix de gros. Ses clients entrent et sortent, avec ou sans paquets, et surtout toujours dans une atmosphère agréable. Là, un homme, certainement un habitué, entre et se fait livrer huit colis d’une vingtaine de pièces chacun. « Je me procure ce dont j’ai besoin dans ce marché pour la qualité et le prix des articles », explique Abdellah, qui vient d’Agadir, décidément satisfait de son fournisseur chinois. La darija en prend un coup ! Casablanca, Derb Omar, un mercredi aprèsmidi. La « rue des chinois » est surchargée d’une clientèle qui est constituée essentiellement de grossistes. Les voitures qui s’y aventurent ont du mal à se frayer un passage 10 • CASANOSTRA• juillet 2014 M. Wei est un vendeur installé a Derb Omar depuis 10 ans déjà. Il vend des écharpes et des sacs. Assis devant son écran, il attend calmement. Un client entre. Il s’informe sur le prix d’un cartable pour petite fille : « C’est 35 DH au détail », lui répond-il. C’est le type de phrases que les commerçants chinois apprennent par cœur. Le client souhaite bénéficier d’une réduction. Mais cette fois-ci, il lui répond en arabe et en français avec un geste de la main pour tenter de faire comprendre que ce prix est plus abordable que chez le revendeur du coin Le prix est leur principal avantage obligé d’appliquer une marge. Avant de son client ne prenne congé, M. Wei explique que les paiements se font en liquide, que ce soit pour un achat en gros ou au détail, mais que des facilités peuvent être accordées aux gros clients fidèles. Toujours dans la même rue se trouve une petite boutique qui est en fait la porte d’accès à une « Kissariya » occupée presque en totalité par des vendeurs chinois. C’est un ancien bâtiment, aux murs blancs et aux portes en forme d’arcades, typiquement marocain. Des commerçants sont installés dans des locaux spacieux tandis que d’autres se débrouillent de petites places sur le passage. Ici, les commerçants chinois sont aidés par des employés marocains. Evidement, aucune transaction n’est effectuée sans l’accord du patron. En effet, ce personnel est chargé de montrer la marchandise aux clients mais aussi de jouer les interprètes. De l’autre côté de la place Annasr se trouve la rue Mohamed Lakrik. A l’entrée, par le boulevard de Strasbourg, des affiches en mandarin annoncent la couleur. Des présentoirs trônent dans la rue, jonchés de marchandises : chaussures de sport, du mobilier, des sacs à mains, des rideaux, des nappes, des accessoires et autres bricoles d’intérieur. Tous ces produits viennent de Chine. Force est de constater que la foule des acheteurs est nombreuse. Dans ce marché, elle afflue par deux portes principales tous les jours de 8h30 à 17h sauf le dimanche. Les porteurs vont et viennent pour charger des camions provenant de tout le pays. Si ce marché est en croissance et a tant de succès, c’est principalement grâce aux prix que les chinois proposent. Les prix défient en effet toute concurrence. Anas, la vingtaine, est employé dans un magasin qui propose des rideaux, grâce à un ami déjà intégré dans ce milieu. Il explique : « La marchandise que proposent les Chinois est de l’imitation, c’est pour cela qu’elle est bon marché. On a des clients qui viennent de tout le pays exprès pour ça. Ces rideaux coûtent 800 DH chez un tailleur alors qu’ici c’est 120 DH. CASANOSTRA• juillet 2014 • 11 A LA PAGE Reportages Vu le niveau du pouvoir d’achat, les clients n’ont pas le choix ». Un homme, venu se faire livrer une vingtaine de paires de chaussures à 45 DH l’unité précise que n’importe qui peut se chausser à ce prix, même si la qualité n’est pas toujours bonne. Il précise également que tout le monde y trouve son compte, que ce soit le commerçant chinois, le détaillant ou grossiste et le consommateur. Respect total des règles fixées par leur communauté Malgré le fait que les discussions soient longues et animées, les mots sont limités. Les Chinois ne se séparent jamais de leur fameux sourire qui, malencontreusement, ne permet pas aux Marocains de lire leurs sentiments ou leur état d’esprit. Il semble néanmoins que les Chinois ont établi des relations cordiales avec leurs clients. Certains d’entre eux se font même appeler par des prénoms marocains comme Mohamed ou encore Youssef. « Les vendeurs chinois à Derb Omar sont totalement intégrés dans la société, mais ils ont quand même gardé leurs coutumes et traditions. Quelques fois, ils se retrouvent en petit groupes pour se 12 • CASANOSTRA• juillet 2014 divertir », raconte Kamal, un employé. Dans le quartier, on a l’impression que les affaires ne s’arrêtent jamais. Mais les règles sont strictes qu’ils se sont eux-mêmes fixées sont strictes : à 17h, les Chinois ferment boutique. A cette heure précise, au marché, un vieil homme se met héler les commerçants : « Serbiw, lkhamssa hadi ». Les locaux gérés par les Marocains restent ouverts tandis que ceux des Chinois ferment. Ces derniers retournent alors à leurs occupations et se mêlent aux passants, certains d’entre eux prennent leur voiture, d’autres achètent des fruits chez les marchands ambulants installés dans la rue. Tous partent dans la bonne humeur. A LA PAGE Reportages Le marabout et l’île aux mystères Sidi Abderrahmane est une petite île sur la corniche d’Aïn Diab. Son histoire, liée à celle d’un marabout, est entourée de mystère. A deux pas de l’ultra moderne Morocco Mall, Sidi Abderrahmane est une des destinations les plus courues du monde de la sorcellerie. Manal El Bachiri île, priant jour et nuit pour assouvir sa soif de piété. Il fut si généreux et serviable, qu’on décida de lui bâtir une maison sur son île. Le saint homme, préférant dormir à la belle étoile, refusa d’y loger, amoureux qu’il était de la nature et du grand air. Dès lors, sa demeure devint une maison d’accueil pour tous les pèlerins. « Sidi Abderrahmane » mena une vie d’ascète et de recueillement. Il refusait le luxe. Après sa Accroché à un rocher au milieu de l’eau, peint en blanc et posé sur l’océan entre la rive et le large au bord de l’océan atlantique, l’île de Sidi Abderrahmane dénote dans le paysage. Histoires et légendes entretiennent et alimentent le mystère du lieu. Qui fut ce « Sidi Abderrahmane » dont les gens viennent de loin rechercher la « baraka » ? L’histoire de ce lieu reste approximative. Selon certains, Sidi Abderrahmane, un homme aux pouvoirs surnaturels était originaire de Bagdad. Selon d’autres, c’était un homme pieux et solitaire qui aimait le contact avec la mer et se serait retiré sur cette île afin de fuir un monde trop cruel pour un saint homme. C’est ainsi qu’il vécut sur son 14 • CASANOSTRA• juillet 2014 mort, le nombre des pèlerins se multiplia. Des maisons furent construites aux abords de son petit mausolée. La légende raconte aussi que Sidi Abderrahmane avait le pouvoir de marcher sur l’eau et pouvait ainsi voyager à travers des mondes accessibles à lui seul. Mythe ou réalité historique quelque peu déformée ? Peu importe finalement à partir du moment où le visiteur de l’île aux mystères sait éviter les pièges de la sorcellerie et du charlatanisme. Diseuses de bonne aventure Aux abords du site, on rencontre d’abord des marchands ambulants qui proposent pêlemêle des bougies, de l’eau de fleurs d’oranger, de l’encens, bref tout le bric-à-brac des produits que réclament parfois les « chawwafat ». Passées le pont et les marches qui mènent à Sidi Abderrahmane, le visiteur se retrouve d’emblée dans une ambiance très particulière : des hommes et des femmes âgés chantent et dansent au rythme d’une musique « gnawa » ; des filles prient devant l’océan leur hjab jeté à l’eau ; des poules déplumées flottent dans l’océan ; et un petit groupe de touristes semble comme perdu au milieu de cette faune ; de nombreuses femmes, assises au pied de leur porte, observent les passants. De temps à autre, elles engagent la conversation et proposent des petits morceaux de métal disposés dans des paniers. Il s’agit en fait des fameuses voyantes et ces minces plaques de plomb font office de porte-bonheurs. On peut même, pour les personnaliser, y faire graver son nom. Malika nous ouvre sa porte. C’est une femme pâle âgée de 40 ans. Elle propose ses services de voyante dans une petite pièce sombre 4 mètres sur deux, une sorte de petit salon marocain à la décoration désuète, une petite table trônant au milieu et une petite cuisine cachée dans le coin. Malika ne manque pas une occasion d’expliquer la valeur de son travail à toute personne qui franchit la porte, pas peu fière de son don qui lui permet de détecter leurs problèmes et d’en trouver la solution avec un langage différent du nôtre. En l’occurrence, l’ « ordonnance » de la voyante est claire : prendre une douche dans l’océan, s’arroser de sept vagues, puis revêtir un hjab protecteur qui éloignera le mauvais sort. En tout état de cause, malgré la misère et les rumeurs sur les diseuses de bonne aventure et autres sorcières jeteuses sorts, le lieu possède une authenticité et un charme tous particuliers, un de ces lieux qui contribue le plus à l’identité multiple de Casablanca. CASANOSTRA• juillet 2014 • 15 A LA PAGE Témoignage Une Ivoirienne à Casa Quand une jeune ivoirienne, future Com’Supienne, débarque dans la capitale économique, la rencontre ne peut qu’être fructueuse. Récit Denisia Adjobi A Abidjan, je nourrissais depuis longtemps l’envie de terminer mes études de communication hors de mon pays. Mon amie d’enfance, Anna, dont les parents voyagent énormément, m’avait parlé de son nouveau pays d’accueil et de cette ville qu’elle aime tout particulièrement, Casablanca. Cette ville, je la connaissais déjà, mais pas suffisamment. C’est Anna qui m’a réellement donné l’envie de la découvrir. Quand elle me parlait de sa vie à Casablanca, elle avait des étoiles dans les yeux : shopping, plage, sorties nocturnes... Casa bouge et sait séduire les jeunes venus d’ailleurs. Je voulais néanmoins me faire ma propre idée et vivre mon expérience casablancaise. Bienvenue à Casa Il est 6h00 du matin et j’arrive à casa. Ouf ! Le voyage fut épuisant mais grâce à Dieu me voila arrivée à l’aéroport Mohammed V. J’effectue toutes les formalités d’usage avant de sortir au grand air : et là stupeur, une brise d’une fraîcheur nouvelle pour moi est venue me caresser la peau et les cheveux alors que dans le même temps mes yeux étaient éblouis par la luminosité très spéciale de ce « pays froid au soleil chaud ». Décidément, j’avais vraiment quitté ma Côte d’Ivoire natale. Ici, tout est nouveau, réellement nouveau, mais à « cœur vaillant rien d’impossible ». 16 • CASANOSTRA• juillet 2014 Les cours ont bien débuté et tout se déroule comme prévu, mis à part la difficulté à trouver à logement. J’effectue plusieurs visites. Tantôt, l’appartement est délabré mais assez abordable dans un quartier comme le Maârif, tantôt le prix est exorbitant mais le logement coquet à Gauthier ou Bourgogne par exemple. Aaah ! Le parcours d’un étudiant à Casablanca est semé d’embûches… Une fois trouvé le fameux appart’, il faut aussi que je m’organise, que je m’installe dans une certaine routine qui permettra de tirer le meilleur de mes cours. Je rentre parfois tard de l’école en raison des nombreux embouteillages. Toute épuisée par le trajet en taxi, il faut malgré tout que je me fasse à manger. Cuisiner tous les jours est nouveau pour moi, mais je m’habitue. Novice dans ce pays, je dois aussi être capable de repérer les endroits stratégiques : supermarchés, marchés, boutiques de fringues, etc. Mon séjour à Casa ne fait que commencer mais, déjà, il promet d’être instructif ! Malgré les difficultés, j’espère vraiment pouvoir m’épanouir dans cette ville de contrastes, carrefour entre l’Afrique et l’Europe. CASANOSTRA• juillet 2014 • 17 A LA PAGE Confidences Juif et Casaoui Né dans le quartier Gauthier, près du centre-ville de Casablanca, Yossi Hanouna est un juif marocain de 24 ans. De par ses origines, il est sans doute plus marocain que 97% de la population du pays, cela n’est pourtant pas l’avis de toutes les personnes qu’il côtoie chaque jour. Voici quelques bribes de la vie du jeune homme. Othman Marine « Oui, je parle couramment arabe, m’a-t-il répondu avec une voix lente et volontairement désabusée, le sourire aux lèvres. Je suis Casaoui qu’est ceque vous croyez ? ». En effet, on a tendance à l’oublier, mais les juifs casablancais n’ont rien d’exotique. Yossi habite avec ses parents dans un bel appartement, situé dans une impasse à Gautier. Son frère ainé Yan au passé tumultueux étudie la « débrouille » à Paris ce qui lui réussit plutôt bien, et sa sœur Rebecca, la plus jeune de la fratrie, fréquente le lycée hébraïque Maimonide. Yossi quant à lui, n’a pas toujours été brillant à l’école, enfant dissipé et hyperactif, il a arrêté ses études dans ce 18 • CASANOSTRA• juillet 2014 même lycée Maimonide avant la terminale pour travailler avec Dany, son père. Celui-ci possède un magasin d’emballage très réputé à Derb Omar. Il a donc formé son fils au métier pour se préparer une petite retraite bien méritée. L’immeuble dans lequel vivent les Hanouna est presque entièrement habité par des cousins plus ou moins proches de la famille. Les juifs marocains sont effectivement très attachés à leur communauté et font perpétuellement en sorte que ses membres évoluent dans des conditions aussi confortables que possible. Yossi m’a néanmoins fait remarquer que la nouvelle génération, la sienne, se détache peu à peu de cette pratique, « communautariste dans le sens positif », ce qu’il trouve dommage. « Nous sommes une minorité au Maroc. Il est vrai que les juifs souffrent de moins en moins de racisme, et qu’à Casablanca les gens sont particulièrement modernes et ouverts d’esprit… Mais il faut tout de même rester soudé comme l’ont toujours été nos parents, et nos ancêtres avant eux. Cela vaut pour toutes les minorités dans le monde, pas seulement pour les juifs, car comme me le disait mon grandpère : L’étoile solitaire brillera tant qu’elle le voudra, elle ne sera qu’un point blanc dans le ciel noir. Mais quand ses semblables la soutiendront, cela donnera de belles constellations qui émerveilleront et inspireront les âmes qui les contempleront ». Yossi se dit fier d’être casablancais. Il adore la ville dans laquelle il a passé toute son enfance et s’estime heureux d’avoir des amis formidables, de toutes les cultures et de toutes les origines. « On prend un verre ensemble, on rigole, on sort, on voyage… Mon meilleur ami, Saad, est musulman mais ça ne l’a jamais empêché d’assister aux repas de Shabbat avec moi depuis qu’on est gosses ». On se permet des blagues sur nos peuples respectifs car, à mon avis, ça ne fait que consolider les liens entre nos cultures du moment que la haine n’y est pas. D’ailleurs, à chaque fois qu’on désire voyager avec les potes, il faut que l’un d’eux se tourne vers moi pour me dire : ‘’Eh le feuj , c’est toi qui va gérer le budget pour le voyage ou quoi !’’, ce qui est loin de me rendre fou de rage puisque je sais qu’au fond, on s’apprécie et on se respecte énormément. Je trouve que Casablanca, de par les nombreuses cultures qui la composent, est un endroit particulièrement accueillant pour les juifs. Il faut quand même avouer que par moments, il m’arrive de sentir des regards trahissant une certaine haine de la part de gens que je ne connais pas. Lorsque je porte une kippa, ou que je sortais de la synagogue avec mon grand-père quand j’étais plus jeune. C’est dû à un manque de communication de la part de nos deux peuples, bien évidemment, et à une incompréhension résultant de l’amalgame fait entre juifs et sionistes. Il est avéré, et totalement compréhensible que les Marocains sont très solidaires avec la Palestine et éprouvent une aversion non-dissimulée pour les Israéliens. Le rôle de la jeune communauté juive au Maroc est, selon moi, de veiller à ce que cet amalgame soit mis de côté, - ce qui est heureusement le cas de plus en plus de nos jours - car nous sommes Marocains, nous chérissons le Maroc et nous espérons vivre en harmonie parmi cette multitude de cultures qui fait la force et le charme de la ville de Casablanca ». La vie quotidienne de Yossi ressemble, à quelques détails près, à celle de n’importe quel Casablancais. Conscient du patrimoine historique millénaire dont il est l’héritier, et conjuguant parfaitement bien celui-ci avec la modernité et le cadre social auxquels aspire tout jeune de son âge, il réussit à mener une vie équilibrée dans un quartier qu’il affectionne, dans une ville qu’il idolâtre et dans un pays auquel il est attaché par des liens ancestraux et indestructibles. CASANOSTRA• juillet 2014 • 19 A LA PAGE Enquête Derb Ghallef au paradis de l’informel Dans les villes du Maroc et particulièrement à Casablanca, le nombre élevé de petits métiers et des activités de rue qui se développent frappe souvent l’observateur. Le bazar de l’informel Derb Ghallef est l’un des lieux phares de ce type d’activités. Mohamed Safadi Derb Ghallef a beaucoup évolué. La joutia d’avant 1982 et celle d’aujourd’hui ont des configurations différentes. Dans la première, il y avait quelque 700 locaux, aujourd’hui 1387 commerçants sont répartis entre la joutia ellemême (938 commerces), le marché Salam, dit de Selk car entouré de barbelés (449) et les ferrachas (128) qui étalent régulièrement leurs marchandises et qui sont bien connus de la commune. Sans oublier ceux qui gravitent autour de la joutia en attendant un changement de statut. Après l’incendie de 1982, la plupart des commerçants installés auparavant à Sid El Khadir 20 • CASANOSTRA• juillet 2014 se sont retrouvés sans commerce. La préfecture, répondant aux ordres de Driss Basri, leur a donné l’autorisation de s’installer pour une durée de 8 à 10 ans sur des terrains alors inoccupés. Mais ce semblant de législation a été le prélude à de nombreuses fraudes. « Une véritable anarchie s’est installée à Derb Ghallef », lance un riverain excédé. Désordre et efficacité Beaucoup de personnes pensent que Derb Ghallef n’est que le temple de l’informel, pourtant, la réalité est sensiblement différente. Ce souk casablancais est un véritable carrefour pas encore de programme officiel de destruction ou de réaménagement. Tous les projets concernant Derb Ghallef butent en en effet sur la question du déplacement des commerçants et de leur dédommagement, ainsi que sur le problème de la propriété du terrain, appartenant à de riches particuliers qui le louent à la commune pour un prix dérisoire. où se croisent les circuits formels et informels. Clientèle et fournisseurs sont souvent issus de circuits de distribution structurés, les paiements sont parfois adossés au système bancaire et la moitié au moins des commerçants est connue du fisc puisqu’elle s’acquitte de la patente. Derb Ghallef s’est fait une réputation à part, par rapport aux autres souks. Certains marchands n’hésitent pas à le comparer aux grandes surfaces structurées. « Dans la Joutia, on trouve des produits de marque avec plus d’options et beaucoup moins cher qu’à Marjane », se vante un vendeur de paraboles. En attendant, pour maintenir un semblant d’ordre dans ce vaste chantier informel, les autorités casablancaises mènent une guerre farouche aux vendeurs ambulants sur les trottoirs du souk, pour le plus grand plaisir des riverains qui se plaignent d’une circulation infernale. Un nettoyage de printemps dont les Casablancais sont désormais coutumiers mais qui ne met pas en danger leur Derb Ghallef, ce temple de la débrouille et du dépannage. Alors, comment un souk qui se jouent de la ligne de fracture entre secteurs formel et informel et, qui plus est, non raccordé au réseau électrique peut-il être aussi performant ? Le désordre de la jotya n’est qu’une apparence. Grâce à une répartition sans faille des tâches et à une optimisation maximale du « système D », les vendeurs arrivent à cohabiter tout en se livrant une guerre des prix sans merci. Mais les jours de Derb Ghallef sont peut-être comptés. Plusieurs élus de la ville ont déjà manifesté leur volonté de faire disparaitre le célèbre marché. Pour autant, il n’existe CASANOSTRA• juillet 2014 • 21 A LA PAGE Têtes d’affiches Ces Casaouis d’ailleurs De nombreux Casablancais ont rencontré le succès à l’étranger tout en gardant intact leur lien à leur ville d’origine. Portraits choisis Soukaina Choukri et Ghita Ibnou Jala Gad Elmaleh – L’icône incontournable du rire D’origine juive marocaine, Gad Elmaleh affirme sa fibre artistique depuis son plus jeune âge. A partir de 2001, sa notoriété ne cesse d’augmenter avec le franc succès que remporte son deuxième one-man-show: « La Vie Normale ». En 2003, il explose l’écran dans Chouchou, le travesti romantique qui adore les sushis. Au fil des années, il est devenu une des figures les plus importantes du patrimoine culturel marocain. Dans la plupart de ses sketchs, il ne cesse d’évoquer et de rappeler le lien fort qui l’unit aux habitants et à la ville de Casablanca. En 2007, il est élu « personnalité la plus drôle de France ». Asmaa Lamnawar – La diva du Maghreb C’est l’une des étoiles les plus prometteuses du chant non seulement marocain mais du reste du monde arabe. Ses premiers pas se réalisent avec la chanson «Angham» en 1995. Sa par- 22 • CASANOSTRA• juillet 2014 ticipation à l’Opéra du Caire en 2002 est une opportunité majeure dans sa carrière car celleci va marquer son avènement dans le monde des voix unanimement reconnues dans les pays arabes. En 2008, elle signe avec la grande maison de production Rotana. Asmaa a également effectué des tournées et des concerts en Egypte, où son talent est remarqué par les critiques musicaux et le public des mélomanes. Arthur – L’animateur spectaculaire Célèbre présentateur de télévision, celui qui est connu sous le nom de scène Arthur a fait ses débuts comme animateur radio sur différentes stations. Au cours d’une carrière très prolifique, il présente notamment sur TF1 « Les Enfants de la télé », son programme phare. Dès 2001, Arthur est propulsé au poste de vice-président de la société de production Endemol France. Aujourd’hui bien connu du grand public, il s’est récemment lancé dans l’humour en montant son premier one man show « Arthur en vrai », où il parle de sa ville natale, Casablanca, de son spectacle, de Gad Elmaleh, et de sa tante. Sa tournée terminée, il anime désormais un nouveau talk-show à la télévision « Ce soir avec Arthur » qui est un réel triomphe. Alber Elbaz – Le Woody Allen de la couture Alber Elbaz est l’un des créateurs les plus en vogue du 21e siècle. Cet enfant du Maroc puise son inspiration dans sa ville natale, Sofia Essaïdi – La Cléopâtre marocaine Sofia Essaïdi accède à la notoriété après sa participation à la saison 3 de la Star Academy française, où elle atteint le stade des demi-finales. Elle devient par la suite, auteur-compositeur-interprète et comédienne. En 2007, elle interprète le rôle principal dans le spectacle musical Cléopâtre, la dernière reine d’Égypte. En 2010, Sofia est élue artiste féminine francophone de l’année aux NRJ Music Awards à Cannes et meilleure actrice aux Jeunes talents pour sa prestation dans le film Aïcha. En 2012, elle fait partie du jury de l’élection de Miss France. Arié Elmaleh – L’acteur talentueux Casablanca, et son pays d’adoption, Israël. Nommé directeur artistique de Lanvin en octobre 2001, il donne à sa marque l’élégance, la sobriété, la fluidité et la poésie qui sont la griffe des collections modernes et structurées à travers lesquelles il veut raconter une histoire. Alber a collaboré avec de prestigieuses personnalités du monde de la confection, Guy Laroche et Pierre Bergé, notamment. C’est un workaholic assumé qui travaille même pendant les vacances et les fêtes. Il habille des femmes pragmatiques, pratiques et rêveuses, dans des vêtements qui n’entravent pas. A l’instar de son frère Gad Elmaleh, Arié découvre très jeune sa vocation de comédien. L’acteur décroche son premier rôle dans le court-métrage Point d’interrogation. Il se fait d’abord connaitre du grand public grâce à sa prestation dans les pubs SFR dont il devient CASANOSTRA• juillet 2014 • 23 A LA PAGE Têtes d’affiches l’égérie. Il participe ensuite au triomphe cinématographique de son frère Gad, Chouchou, dans lequel Arié incarne le neveu du héros. En 2006, Arié va jouer dans le film, L’École pour tous. Sa prestation lui vaudra d’être nommé aux César comme « meilleur espoir masculin ». En septembre 2013, il intègre l’équipe de l’émission Le Grand Journal sur Canal+. Noureddine Naybet – Star du foot Noureddine Naybet fut l’un des meilleurs arrières centraux africains. Comme défenseur, il musela les meilleurs attaquants africains, européens et mondiaux. Déjà talentueux et besogneux, il est vite repéré par l’Étoile de Casablanca, où il ne reste qu’une semaine avant de rejoindre le Wydad de Casablanca. Mais c’est en Espagne qu’il fera le plus parler de lui. Il devient l’un des piliers et capitaine de La Corogne. Sous son ère, le club atteint des sommets et remporte plusieurs championnats d’Espagne. Naybet reste international jusqu’en 2006 avec 115 sélections assorties de 4 buts faisant de lui le joueur marocain le plus capé de l’Historien. Hicham Arazi – Magicien des courts Hicham Arazi est l’un des joueurs de tennis les plus connus au Maroc, qui a particulièrement marqué les années 1990 et 2000. Enfant 24 • CASANOSTRA• juillet 2014 doué, il entame une carrière professionnelle précoce et se fait remarquer dans plusieurs compétitions internationales comme le tournoi de Sparkassen Trophy Cassa di Risparmio ou les Masters Series de Monte-Carlo. En 1997, il remporte le trophée Hassan II de tennis. Surnommé « le magicien des courts » par les médias, il est également connu pour ses terribles revers à une main. Peu réputé pour ses aces, il donne néanmoins beaucoup d’effet à la balle, un peu à la manière de Rafael Nadal. Adel Taârabt – L’enfant terrible du ballon rond C’est aujourd’hui un des footballeurs marocains les plus talentueux. Il occupe actuellement le poste de milieu de terrain de l’AC Milan prêté par les Queens Park Rangers. Taârabt fait l’unanimité dans ce club de seconde division anglaise. Doté de très grandes aptitudes techniques, Taârabt est rapide, adroit et agile. Son talent indéniable est malheureusement trop souvent gâché par un caractère de cochon et une grande arrogance, qui font qu’il n’est pas toujours le bienvenu en équipe nationale, luimême s’en excluant parfois. Dounia Batma – Moroccan success story Considérée comme étant une artiste engagée en matière de libertés individuelles, Fatym Layachi a fait l’objet de plusieurs faits marquants qui ont fait couler beaucoup d’encre, le film Marock en 2006, mais aussi un film censuré en 2011, une séance photo « Art propre » dans la décharge à ordures de Mediouna ou encore une couv’ du défunt magazine Zyriab où elle s’est affichée avec un caleçon pour hommes. Houda Saâd – La diva de la musique arabe Dounia Batma est une chanteuse marocaine qui s’est fait connaître dans le monde entier comme le runner-up de la première saison d’Arab Idol. Elle a gagné le cœur de millions de personnes, notamment dans les pays arabes. Parmi ses performances les plus notables son interprétation de Darrat El Ayam de Oum Kaltoum, pour laquelle elle a reçu les éloges unanimes du jury. Le 24 mars 2014, elle a malheureusement échoué sur la dernière marche du podium face au candidat égyptien Suleiman Carmen. Fatym Layachi – Une marockaine dans le vent Fatym Layachi débute sa carrière avec le film Une histoire d’amour de Hakim Nouri en 2002. Issue d’une famille d’artistes, Houda Saâd est une voix qui résonne dans les cieux de la musique arabe. Sa voix et son visage lui ont permis de se faire remarquer lors de sa participation au concours de chant marocain « Noujoum El Ghad », produit par la chaîne 2M. Grace à sa voix douce, la talentueuse chanteuse a participé à la version arabe de the X-FATOR dont elle est sortie victorieuse. Aujourd’hui Houda Saâd écrit et compose elle-même de nombreuses chansons pour d’autres artistes. CASANOSTRA• juillet 2014 • 25 A LA PAGE Phénomène Slame sur la ville De Chicago à Casablanca, les mots n’ont plus de frontières. Le slam, un genre artistique et poétique à portée sociétale à ses premiers adeptes marocains. El Mehdi Kamal Le slam – le terme signifie en anglais « claquer » ou « lancer violemment » – vient des Etats Unis, de Chicago plus précisément. Il apparaît dans les années 1980, un moment de souffle, de sincérité. Pas d’artifice, pas de masque. Un texte original, pas de costume, pas d’accessoire, pas de musique. Trois minutes de performance pour un corps, une voix et des mots. Tous les sujets peuvent être abordés, dans n’importe quel style, à condition d’utiliser ses propres textes. Pour l’anecdote, le slam est né d’une idée du poète « Marc Kelly Smith » en 1986. Cet écrivain issu de la working class de Chicago animait des soirées de lecture de poèmes, et jugeant celles-ci trop ennuyeuses, a souhaité les redynamiser, tout en nourrissant une vision non-élitiste de la poésie. En 1987, les rencontres slam sont relayées dans le Chicago Magazine et deviennent le grand événement de la ville. Le phénomène se propage rapidement dans tout le pays et connaît un grand succès. Depuis, des compétitions sont régulièrement organisées à échelle nationale dans de nombreux pays autres que les USA (France, Royaume-Uni, Suède...), ce qui atteste de la vivacité du mouvement. Au fil du temps, le mouvement est resté relativement peu connu en dehors du milieu underground. Mais, grâce à l’intérêt des journalistes Tony Award et Paul Devin qui collaborèrent avec le slameur Saul Williams, grand champion du Nuyorican Poetry Café de Brooklyn et vainqueur de la compétition nationale de Portland en 1996, le slam se popularise. Enfin 26 • CASANOSTRA• juillet 2014 reconnu, ses influences sont plus variées que jamais : les artistes s’inspirent de rythmes hip hop, flamenco, de blues pour les mélodies. Le Slam de Mustapha Au Maroc, la scène du slam en est certes encore à ses balbutiements. Mais elle a déja sa figure de proue. Mustapha Le Slameur, de son vrai nom Mustapha Boukrouna, est un ancien chanteur marocain de reggae, né à Casablanca en 1981. Après avoir pris ses distances de la scène artistique, Steph Raggaman est ainsi de retour dans la peau d’un autre personnage. Témoin de son temps et de la société dans laquelle il évolue, ce jeune slameur mystérieux s’inspire de son parcours insolite pour condamner, provoquer, repro- vision et ses pensées plutôt que son physique et son look. D’ailleurs, l’artiste signe ses travaux d’un nœud de papillon, fidèle en cela à Wendell Berry qui expliquait que « l’idée du slam n’est pas de créer des stars, ni même de glorifier le poète, mais de servir la communauté ». cher et même se moquer dans une ironie et une satire sans égale. C’est cette même morosité et cette impression de colère désespérée qu’on retrouve chez Grand Corps Malade, et qu’on rencontre chez Mustapha accompagnée de paroles bien pesées, aux sens profonds et scannant la société de consommation dans laquelle nous sommes entraînés. Maîtrisant à un grand niveau l’art du Spoken Word, Mustapha ne laisse pas ses auditeurs indifférents à ses coups de gueule poétiques. La scène du Slam se fait encore rare au Maroc, un avantage en faveur du « Slam de Mustapha » comme leader casablancais du mouvement. A l’opposé du star system, Mustapha explique qu’il préfère mettre en valeur sa L’artiste sort son premier album intitulé « SLAM 3LIKOUM » composé de 12 titres, enregistrés avec des fonds sonores, sound effect, qui nous introduisent dans l’univers du Slameur et produisent dans notre imagination une série de représentations ouvrant le débat sur nos pensées, nos actions… Le plus difficile dans un slam est de rester simple, un art que « Le Slam De Mustapha » maitrise parfaitement bien dans ses textes. S’affranchissant des règles de la rime et de la prose, loin de tout enjeu littéraire, Mustapha entreprend un projet de taille et se livre à l’expérience du Spoken Word, pour partager avec le grand public les mots de ses maux, dans une lecture décalée du monde actuel. En mariant poésie et spectacle interactif, le slam est le terrain d’expression idéal pour tous les poètes et toutes les formes de poésie. Il touche tous les publics, bien au-delà des cercles littéraires classiques. En réalité, il n’y a pas assez d’événements consacrés au slam à Casablanca. Parmi les rares scènes présentes, celle de la Fondation ONA qui organise en partenariat avec l’AEFE (Agence pour l’Enseignement Français à l’Étranger) une scène SLAM, chaque année, avec les lycéens de Lyautey et Massignon dans le cadre du projet d’action pédagogique pilote. Chaque année toujours, la G38’ (Génération 3br w 8dr [hder]) organise pour sa part « Slam f l’batoirs », unopen mic qui laisse à chacun le loisir de s’exprimer. L’association de lutte contre la corruption, Transparency Maroc, a également déjà organisé des ateliers slam sous le thème « Paroles Urgentes » ainsi que la Villa des Arts. CASANOSTRA• juillet 2014 • 27 A LA PAGE Tendance Narguilé et café chicha Malgré les dangers que peut procurer la chicha, avec ses bouffées parfumées qui ont un effet euphorique, filles et garçons branchés renouent avec la coutume des Orientaux. Samia Lazrak Le narguilé est une mode qui draine beaucoup de jeunes au Maroc. Il y a une dizaine d’années, on ne voyait la chicha que dans des scènes de films égyptiens et syriens. Aujourd’hui, elle est là, dans nos cafés et nos maisons. Le tabac parfumé à la menthe, à la pomme, à la réglisse… conquiert les jeunes, notamment dans les grandes villes. La vogue de la pipe à eau a débuté à Alger et dans d’autres grandes villes algériennes il y a de cela une dizaine d’années. Plusieurs facteurs ont boosté sa propagation, dont la xénophilie des Algériens et l’ouverture sur l’économie de marché notamment. A Casablanca, ce sont les salons de thé les plus branchés qui servent la « renguila ». Visite guidée L’odeur de la chicha donne jusqu’au coin de la rue. La porte d’entrée est opaque. Quelques jeunes sont assis au comptoir. Il est 18 heures, le salon affiche complet. La music khaliji est bien évidement au rendez-vous. Une fumée dense remplit la salle sombre légèrement éclairée. La majorité des présents sont jeunes. Ils sont réunis en petits groupes autour de petites tables surmontées d’une pipe. Parmi eux, une petite assemblée composée de quatre garçons et trois filles papote. Rania, 23 ans, fume la chicha depuis deux années. Ce sont ses amies qui l’on initiée aux plaisirs du narguilé. « On se donne ren- 28 • CASANOSTRA• juillet 2014 dez-vous ici presque toutes les semaines », précise-t-elle. Questionnée sur la réaction de ses parents vis-à-vis de sa nouvelle habitude, elle confie qu’ils ne sont pas au courant. « Je ne leur ai pas dit parce que justement je ne sais pas comment ils risquent de réagir », se justifie-t-elle. Son amie Nadia, son aînée de 2 ans, explique quant à elle que ses parents sont au courant et n’y trouvent aucun inconvénient. « Je les ai simplement convaincus que ça n’affecte pas la santé », explique-t-elle. Yassine, lui, un jeune comptable de 26 ans, déjà fumeur « classique », trouve dans la « renguila » un charme à part. « La cigarette s’apprécie individuellement, le narguilé, par contre, s’apprécie en groupe », avance-t-il. Et d’ajouter : « Rien ne vaut un rassemblement autour d’un narguilé, il égaie nos rencontres ». Ses amis abondent tous dans le même sens. « Personnellement, je ne prends jamais le narguilé seul, pourtant j’en ai un à la maison », révèle à son tour Hassan, un fonctionnaire de 27 ans. Les narguilés sont en vente dans beaucoup de petits locaux à Casablanca, surtout ceux spécialisés dans les articles traditionnels, notamment à Bab Marrakech. Les prix peuvent varier entre 150 et 1000 DH. Ceux destinés à la décoration, par contre, peuvent coûter beaucoup plus cher, notamment les antiquités. Un vendeur d’articles traditionnels à Bab marrakech révèle qu’il fait l’essentiel de son chiffre d’affaires pendant le mois sacré du ramadan. Durant cette période, les narguilés se vendent comme des petits pains. A tel point qu’ « il est quasiment impossible d’en trouver sur le marché à la fin du mois de ramadan », assure-t-il. Du plaisir à l’addiction Que ce soit dans les salons et les cafés ou dans les demeures familiales, la chicha fait des ravages auprès des jeunes filles marocaines. Fumeuses et non fumeuses de cigarettes sont attirées par la joie des bouffées parfumées. La vision qu’a la société du narguilé semble différente de celle qu’elle a de la cigarette. Assia, une assistante de production dans une compagnie privée nous confie que sa famille a adopté la nouvelle mode. Après les présentations, Assia commence à nous expliquer comment fonctionne la pipe à eau. « Vous avez besoin de trois éléments pour pouvoir l’utiliser », commence-t-elle. « Le narguilé en tant qu’appareil, le charbon et le tabac, qu’on nomme m’aâsal et il faut remplir le bocal avec de l’eau bien entendu », poursuit-elle. Aussitôt le narguilé préparé, Assia tire la première bouffée. La fumée a un parfum de réglisse... Mais malgré les apparences, le narguilé est aussi une mode qui tue. Beaucoup de jeunes semblent méconnaître les dangers de la chicha. Certains ignorent que les délicieuses bouffées parfumées ne sont rien d’autre que du tabac aromatisé. Ahmed, un vendeur de pipes à eau âgé de 18 ans, grand fan de narguilé, CASANOSTRA• juillet 2014 • 29 Tendance Femmes d’Alger dans leur appartement, 1834, Eugène Delacroix, 180 × 229 cm, Musée du Louvre A LA PAGE s’étonne d’apprendre que le m’aâssal qu’il fume est du tabac. Il refuse d’admettre cette vérité en répétant : « Ce ne sont que des arômes ». Il est très surpris lorsqu’on lui montre sur la boîte l’indication : « Le tabac nuit à votre santé ». Samir, un étudiant en médecine de 23 ans, affirme, quant à lui, qu’il ne fume plus de cigarettes depuis un an, mais qu’il ne peut s’empêcher de s’adonner au plaisir du narguilé. « Il n’est pas aussi nuisible pour la santé que les cigarettes », avance-t-il. Cette opinion n’est pas partagée par Azzedine, un consommateur régulier. « Je sais que ça nuit à ma santé, mais je ne peux pas m’en passer », avoue-t-il. Pour mettre un terme à cette confusion concernant les effets de la fumée de la chicha sur la santé, on s’est adressé au docteur Zerrouk Chigara, médecin généraliste exerçant à Bir Khadem. Ce dernier souligne que le narguilé 30 • CASANOSTRA• juillet 2014 a les mêmes effets néfastes que la cigarette avec une portée euphorisante en plus. Le m’aâssel, ainsi, contient des euphorisants, ce qui explique la joie que procure sa consommation. Ce médecin a, en outre, assuré que l’utilisation de la chicha au bout d’un certain temps provoque une dépendance au même titre que les autres tabacs. Le rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) concernant les effets néfastes du narguilé donne froid dans le dos. Cette nouvelle forme de tabagisme expose ses consommateurs à une plus grande quantité de fumée que les cigarettes classiques. « Une séance d’un fumeur de narguilé peut donc l’exposer à un volume de fumée correspondant à celui émis par un nombre de cigarettes compris entre 40 et 100 », atteste le rapport de l’OMS. Décidément, du plaisir au danger, il n’y a souvent qu’un pas ! DANS LE VISEUR filmo Une ville et des œuvres Rien de mieux pour apprivoiser Casablanca que de se familiariser avec les films qui en ont fait leur personnage principal. Sélection. Salma Sodki Ali Zaoua, prince de la rue Comment ils ont atterri là, après quel séisme familial, ce n’est pas la question. Ils ne sont plus de nulle part. Ils sont de la rue... Il n’a jamais été fier de sa maman, ni de son travail, c’est pour cela que Ali décide de quitter son foyer et rejoindre une bande de sans-abris. On scrute leurs regards durs, leurs visages couturés de cicatrices. On dirait des baroudeurs qui ont déjà fait plusieurs guerres. Mais, du haut de leurs 10, 12, 14 ans, pas plus, ils nous mettent au défi de les démasquer : ces lutins en loques qui hantent les rues de Casablanca appartiennent à une autre galaxie, et ils ne laisseront personne dire que c’est l’enfer. Ali n’avait qu’une seule ambition : partir... Il veut devenir navigateur et faire le tour du monde à la recherche de « l’île aux deux soleils ». Dans une bagarre avec une autre bande de clochards, Ali est tué d’une pierre sur la tête, cet Ali Zaoua qui ne cessera plus de hanter ses copains ( Kwita, Omar et Boubker). Ses amis ont décidé de lui rendre hommage et l’enterrer comme un prince. Chercher des vêtements convenables, de l’argent, prévenir la famille... pour reconstruire le rêve d’Ali : trouver l’ile aux deux soleils. Réalisateur : Nabil Ayouch Acteurs principaux : Said Taghmaoui, Mounïm Kbab, Hicham Moussoune, Mustapha Hansali Date de sortie : mars 2001 32 • CASANOSTRA• juillet 2014 Casanegra... l’ombre de la ville blanche Deux bad boys, deux loosers, la nuit, le spleen, la pauvreté, les rues noirs de Casablanca la blanche, le chômage... un réalisme que l’on a rarement vu dans le cinéma marocain. De la violence, des scènes un peu osées, un langage cru, du sexe... L’histoire met en scène deux jeunes chômeurs, des paumés d’une vingtaine d’années qui vivent de petites combines et rêvent d’Europe, d’argent et de sexe. Mais le personnage principal du film, c’est Casablanca et son centre-ville de style art déco, vestige de l’époque coloniale. Le film parle de deux amis qui veulent s’en sortir à n’importe quel prix. Karim emploie des enfants vendeurs de cigarettes au détail, mais rêve de réussite et de respect. Adil a trouvé la solution miracle à tous ses problèmes: « acheter » un visa et un contrat de travail pour émigrer en Suède, dont il rêve à travers une carte postale. « Casanegra » représente le côté sale de la capitale économique, la ville pas si blanche que cela, c’est aussi l’espoir suscité par les lumières de l’autre Casa où vivent les notables et les bourgeois. Le film est comme un miroir de la société marocaine où le réalisateur montre le pays tel qu’il est, non tel qu’on veut nous faire croire qu’il est... Réalisateur : Lakhamari Noureddine Acteurs principaux : Anas El Baz, Omar Lotfi, Mohamed Benbrahim, Ghita Tazi, Driss Roukhe Date de sortie : 24 décembre 2008 Marock, l’amour impossible nous ne devrions pas toujours donner la priorité à la religion. L’histoire d’amour entre une jeune fille musulmane et un jeune homme juif est une réalité qui remet en question les normes culturelles et religieuses qui enferment les juifs dans l’altérité. Réalisatrice : Laila Marrakchi Le film marocain qui porte atteinte à « la dignité du Maroc et des Marocains » selon le secrétaire général du syndicat du théâtre marocain, Mohamed Hassan El Joundi Rita, 17 ans, à quelques mois du bac, traîne avec ses copines sur l’immense toit en terrasse de la luxueuse villa de ses parents, en écoutant David Bowie et en retardant le moment des révisions. Très entourée, Rita ne manque de rien. Sans complexe, c’est une jeune fille moderne qui sort en mini-jupe, fume et boit en cachette de ses parents... et tombe amoureuse. Mais l’heureux élu s’appelle Youri, il est juif, et ce n’est pas tout à fait du goût de ses parents ; encore moins de son frère, Mao, qui depuis quelque temps s’adonne intensément à la prière. La tolérance religieuse est un enjeu important dans le film. Le message est que Acteurs principaux : Morjana Alaoui, Matthieu Boujenah, Assaad Bouab Date de sortie : mai 2006 Zéro, quand l’agneau veut devenir un lion Le policier looser solitaire, soumis à son supérieur hiérarchique et vivant avec son père handicapé dans Casablanca. Amine Bertale est un flic, son nom est ZERO. Mais ZERO ne l’est pas que de nom. Au-delà de ce qualificatif désobligeant, c’est l’incarnation de la vie CASANOSTRA• juillet 2014 • 33 DANS LE VISEUR filmo insensée et vide d’un flic peu ordinaire aux prises avec son alcoolisme et son complexe d’infériorité ; surtout hanté par des peurs qui trouvent leurs sources dans un passé tumultueux. Fils d’un ancien agent des forces auxiliaires devenu agressif, presque dépressif parce que cloué dans un fauteuil roulant et d’une mère quasi-inconnue, ZERO passe son temps à arpenter les rues et les bars mal famés et bruyants de Casablanca en compagnie de sa seule amie, Mimi, une jeune prostituée. Sa vie de flic encore moins reluisante se résume à enregistrer des plaintes à longueur de journée et à rendre des comptes à ses supérieurs sur les activités extra liées à leur vie de mafia. Mais cette vie passive, sans but et raison, bascule lorsqu’elle croise le chemin de Aïcha Baidou à la recherche de sa fille engloutie dans une Casablanca pervertie par l’argent. La rédemption est-elle au bout du chemin ? Réalisateur : Lakhmari Casa By Night, enfants dans un monde d’adultes... Noureddine Acteurs principaux : Younes Bouab, Mohamed Majd, Sonia Okacha Date de sortie : décembre 2012 34 • CASANOSTRA• juillet 2014 Une fille de 14 ans sacrifie sa vie pour sauver celle de son petit frère de 9 ans qui souffre d’une cardiopathie cyanogène. Le petit Hicham Ayach, neuf ans, atteint d’une cardiopathie cyanogène, doit se faire opérer d’urgence. Sa mère, Zahra compte ses économies. L’argent dont elle dispose ne peut couvrir les frais de l’intervention chirurgicale, dont le montant s’élève à vingt cinq mille dirhams. Pour trouver cet argent, Kalthoum, la sœur de Hicham, décide de sortir dans la rue affronter le terrible «Casablanca by night». La jeune fille a moins de quinze ans lorsqu’elle découvre la face obscure de la capitale économique, une expérience qui la change à jamais. Réalisateur : Derkaoui Mustapha Acteurs principaux : Samira Nour, Aziz Al Hattab, Rajaa Mouncif, Zakaria Atiffi Date de sortie : 05 mars 2003 Les chevaux de Dieu, ou les chroniques d’un kamikaze d’Allah. Ils se préparent donc pour une série d’attentats-suicides prévus à Casablanca. Le film est inspiré du traumatisme provoqué par des opérations kamikazes qui avaient causé des dizaines de morts à Casablanca le 16 mai 2003. Réalisateur : Nabil Ayouch Acteurs principaux : Abdelhakim Rachid, Abdelilah Rachid, Ahmed Elidrissi El Amrani Dans un bidonville proche de Casablanca, une famille pauvre tente de survivre, avec un père dépressif et une mère écrasée par les tâches quotidiennes. Date de sortie : février 2013 Tarek, le plus jeune des enfants, est surnommé « Yachine » (en référence à son idole, le footballeur russe Lev Yachine), Il est âgé de 10 ans et vit avec sa famille dans le bidonville de Sidi Moumen à Casablanca. Sa mère, Yemma, dirige comme elle peut toute la famille. Au cours d’un séjour en prison,Hamid, 13 ans, petit caïd du quartier et protecteur de Yachine est gagné à la cause des islamistes radicaux. Il finit par convaincre Yachine et ses copains, Nabil et Fouad, de le rejoindre. Un imam, Abou Zoubeir, assure leur préparation physique, spirituelle et mentale. Un jour, il leur annonce qu’ils ont été élus pour devenir des martyrs CASANOSTRA• juillet 2014 • 35 DANS LE VISEUR RETRO Habous, un quartier aux origines méconnues On le croirait tout droit sorti d’un conte des milles et une nuit. On y voit une architecture arabo-mauresque des plus réussies et des plus pittoresques. Le quartier des Habous est pourtant beaucoup plus récent qu’il n’y paraît. Zakaria Lahmidi En le voyant et en se baladant dans ses ruelles, on penserait que le quartier renferme des siècles d’histoire, des siècles d’événements. Un quartier qu’on pourrait affilier à l’époque où le royaume du Maroc, ou plutôt l’empire chérifien s’est trouvé imprégné de culture arabo-andalouse et du génie des architectes arabes. On pourrait penser nombre de choses concernant ce joyau architectural, mais la vérité le concernant est pour le moins déroutante. Pour situer le contexte historique et social de la construction du quartier des Habous, il faut revenir en 1915. Cette année a marqué un tournant concernant la ville de Casablanca. La ville blanche a renoncé à son statut de villégiature en décidant de devenir une ville industrielle. Les usines sortent de terre, le port de Casablanca prend forme, les offres de travail deviennent nombreuses, les 36 • CASANOSTRA• juillet 2014 villages commencent à se vider et la conquête de la future capitale économique commence. Exode rural Les miséreux liquident leurs lopins de terre et leurs biens pour se diriger vers le rêve casablancais où, d’après les rumeurs, l’argent coule à flots et le travail à portée de mains. Cette vague de migration ne se passe pas comme prévu. Sans toit, les nouveaux arrivants se retrouvent obligés de faire avec les moyens du bord en se construisant des lits de fortune. Ils dorment à la belle étoile et se déversent en flots réguliers sur les quartiers de Casablanca. Le problème casablancais commence à prendre forme. La construction du quartier des Habous apparaît alors comme une solution. En effet, les expatriés français, voyant d’un mauvais œil l’affluence de ces nouveaux SDF dans leur ville, commencent à se sentir menacés et se voient mal cohabiter avec ces « maures » aux mœurs étranges. Tout ceci pousse le résident général de l’époque, le maréchal Hubert Lyautey, soucieux d’éviter les frictions entre musulmans et chrétiens, à construire un quartier où les indigènes seront circonscrits dans les limites d’un périmètre éloigné de la ville européenne. Mais un problème menace la réussite de ce projet : les fonds ne suivent pas et une pénurie foncière bloque la construction de cette zone d’enclavement indigène. Comble de l’ironie, la solution au problème foncier viendra des mains d’un juif du nom de Haim Bendahan. Les Marocains de l’époque refusent d’une façon catégorique cette donation hébraïque. Lyautey, tout en sachant que c’est dans ce « petit » bout de terre de quatre hectares que se trouve son salut, demande audience auprès du sultan pour influencer les pouvoirs religieux, permettre l’acceptation de ce don et ainsi commencer les travaux. Le sultan réussit à les convaincre, le projet peut enfin prendre forme. Le quartier s’appellera Habous, revendiquant ainsi fièrement son identité musulmane, comme pour faire oublier qu’il était à l’origine la propriété d’un juif marocain. Tradition et modernité En voyant l’architecture et la beauté des lieux, on pourrait parier que c’est la main et le génie d’un architecte arabe ou marocain qui ont des- siné le quartier : avec ses ruelles étroites, sa vaste place entourée de boutiques et flanquée de tours, sa belle voie principale, sa rue de commerces bordée d’un élégant portique à arcades avec boutiques d’où l’on sort pour se retrouver dans la grande place centrale autour de laquelle se regroupe grande mosquée, bain maure et bazars. Mais la vérité est autre, pas de main arabe, pas de style maure, une touche et une main française, une main du nom d’Albert Laprade. Cet architecte français a réussi un coup de maître en parvenant à créer et à dessiner une nouvelle ville dans le style et la beauté d’une ancienne médina. Laprade a conservé le charme d’une médina traditionnelle tout en utilisant par touches discrètes des matériaux de construction modernes. Ainsi, les poutres où les insectes se logeaient sont remplacées par du béton armé, les cabinets d’aisance sont reliés au tout-à-l’égout et, pour couronner le tout, le quartier est doté d’électricité et relié au réseau téléphonique. Si bien qu’aujourd’hui le quartier Habous est l’un des seuls endroits de Casablanca qui a su garder son authenticité et son empreinte d’antan malgré des propriétaires sans scrupules qui enlaidissent le quartier en changeant les façades et en ôtant l’âme rustique de cet endroit. CASANOSTRA• juillet 2014 • 37 DANS LE VISEUR Portfolio Hayat Zaïkh Cette horloge a vu le jour au début du 20ème siècle sous le protectorat français avant d’être démolie à l’Indépendance puis récemment reconstruite. « Lmagana » est actuellement l’un des principaux points pour se repérer au centre-ville. Le bâtiment du ciméma Rialto est un des plus beaux exemples de l’architecture art déco qui donne à Casablanca un charme si particulier. 38 • CASANOSTRA• juillet 2014 Le Matin est l’un des plus anciens hôtels de Casablanca. Sa façade mêlant art déco et architecture traditionnelle est reconnaissable entre toutes. Le fameux complexe Zafzaf, un lieu culturel de prestige en plein quartier Maârif. CASANOSTRA• juillet 2014 • 39 DANS LE VISEUR Portfolio Une magnifique vue sur le boulevard Lalla Yacout très animé la nuit. Le boulevard Abdelmoumen est l’un des axes routiers les plus fréquentés de la capitale économique. La bourse de Casablanca ainsi que certains grands hôtels et entreprises prestigieuses se situent à quelques encablures du renommé marché de Derb Ghallef. 40 • CASANOSTRA• juillet 2014 Une vue panoramique du centre ville de Casablanca à partir du Sky 28, au 28ème étage des Twin Towers. Depuis l’inauguration du tramway, le centre-ville de Casablanca a changé de visage : plus moderne et aménagé pour les piétons, il donne à la capitale économique un cachet de ville moderne. CASANOSTRA• juillet 2014 • 41 CONSO GUIDE Casa en 3 jours Connaître Casablanca peut prendre des années. Mais il est également possible d’en découvrir les plus beaux endroits pour les personnes de passage. C’est pour cela que nous avons pensé à concocter un programme de 3 jours regroupant les activités et les lieux les plus intéressants à visiter. Amina Boumediane Premier jour Apprivoiser la ville Médina ration traditionnelle et séduisante datant du XVIIIème Siècle. Son emplacement offre une vue panoramique sur le port de Casablanca et l’océan Atlantique, une escale incontournable à Casablanca. Sacré cœur Toute simple et entourée d’une muraille, l’ancienne médina contraste fortement avec la ville nouvelle qu’est devenue Casablanca. Le charme de la médina réside dans son histoire, la beauté de son décor ainsi que ses ruelles étroites peuplées de commerçants et d’artisans, le lieu parfait pour des touristes désireux d’apprivoiser la ville... Sqala Un tour à l’Eglise du Sacré Cœur ne serait pas de refus pour rester dans l’ambiance de l’architecture originale. Ce lieu est, historiquement, le principal sanctuaire catholique de la ville de Casablanca. Construite en 1930, l’architecture de cette église mêle gothique, art-déco et nature grâce à l’immense jardin qui l’entoure. Aujourd’hui, ce lieu plein d’histoire accueille des manifestations et expositions culturelles. Place des pigeons Une pause gourmande s’impose ensuite à La Sqala Café Maure. Adossée à l’Ancienne Médina, La Sqala Café Maure est un restaurant à la déco- 42 • CASANOSTRA• juillet 2014 Pour finir sa journée en beauté, une visite de la place des pigeons est conseillée. Appréciée par tous les Casablancais, la place Mohammed V dites « des pigeons » est une jolie esplanade où l’on peut se détendre en savourant une confiserie ou du pop-corn tout en admirant la fontaine. Un savant mélange d’influences mauresques et modernes, à l’image de la ville blanche. Deuxième jour Entre tradition et modernité Habous Pour bien entamer sa 2ème journée, le quartier des Habbous est l’idéal. Situé derrière le palais royal, le quartier offre l’un des visages les plus pittoresques de Casablanca. Cet endroit rassemble de nombreux bazars et commerces d’artisanat proposant une panoplie de produits venus de tous le Royaume, de quoi s’offrir un souvenir de cet endroit alliant tradition et modernité. Mosquée Hassan II divers loisirs et activités tels que le shopping en magasins, la dégustation de bons plats à l’étage avec une surprenante vue sur mer, le partage de moments conviviaux au sein du parc d’attraction «Adventure Land» ou encore l’admiration de la superbe fontaine musicale au rez-de-chaussée. Troisième jour Culture et farniente Les Abattoirs Fermés en 2002, les anciens abattoirs de Casablanca sont devenus une fabrique à vocation culturelle et artistique. L’originalité du lieu et son immensité ont fait des abattoirs de Casablanca un lieu d’art, de partage et d’expositions pour les artistes en herbes ou d’autres, confirmés. Une véritable bouffée d’air frais pour la créativité et l’originalité à visiter absolument. Plage de la Corniche Pour continuer dans les visites marquantes de la métropole, la mosquée Hassan II en fascinera plus d’un. Située sur la corniche en front de mer, ce lieu est une merveille de l’architecture contemporaine. Alliant tradition et modernité, la mosquée Hassan II concilie admirablement la technologie de pointe de ses installations et l’artisanat marocain sculpté sur ses immenses murs. Une merveille de l’architecture arabo-musulmane. Morocco Mall Pour faire bronzette en été, nous préconisons un tour à la plage de la ville ou, mieux, une petite virée dans la banlieue sud, à Dar Bouazza, où vous pourrez déguster du bon poisson dans les nombreux restaurants qui y ont pignon sur rue. A votre retour dans la fureur casablancaise, une belle marche s’imposera sur la corniche afin de contempler le coucher du soleil ou vous attabler dans l’un des cafés situés en bord de mer, histoire de clôturer cette visite de Casablanca avec de belles images plein les yeux. Pour clôturer sa journée en beauté, une virée au Morocco Mall est recommandée. Plus grand centre commercial d’Afrique, ce lieu propose CASANOSTRA• juillet 2014 • 43 CONSO Ambiance Casa by night Casablanca est sans aucun doute une des villes les plus cosmopolites du Maroc, un vrai bonheur pour les amateurs de découvertes et de sorties nocturnes. Visite guidée des lieux les plus branchés de la capitale économique. Nouhaila Hraiche & Zineb Bennouna Casablanca la nuit cache son effervescence sous un calme apparent. Vers 22h30, les boulevards se vident comme par enchantement, les automobilistes se font plus rares, les premiers fêtards vont à la conquête des boites de nuit qui connaissent un commerce florissant, celui d’un bonheur éphémère. Il faut dire que la métropole casablancaise a tous les arguments pour faire la joie des rois de la nuit : discothèques, lounges, cabarets, des lieux où l’argent est souvent claqué avec frénésie, mais dans des ambiances très diverses. Cabestan, les pieds dans l’eau Un espace résolument design et épuré avec une vue imprenable sur l’Atlantique. Ce lounge bar très select ne cesse de connaître de belles transformations pour mieux accueillir sa clientèle très exigeante qui fait d’ailleurs de lui l’un des endroits les plus prisés de la capitale économique. Sauf que le Cabestan est aussi situé près d’un des plus vieux bidonvilles de Casablanca. Un contraste qui illustre les fortes disparités sociales de la capitale économique marocaine : à la porte du Cabestan, les Porsche Cayenne et autres bolides narguent des riverains souvent choqués par l’étalage d’un luxe qui leur est inaccessible. Cabestan : 90, boulevard de la Corniche. 44 • CASANOSTRA• juillet 2014 Bodega, Gipsy Night Un univers où tout le monde se retrouve dans une ambiance festive avec une touche typiquement espagnole. Un endroit où l’on se retrouve entre amis, en famille ou en amoureux, qu’il s’agisse d’un enterrement de vie de jeune fille, d’un anniversaire de cinquante ans de mariage, du dîner de fin d’année d’une grande entreprise ou d’un simple repas entre amis. A la Bodega un dîner se termine souvent par quelques pas de danse endiablée jusqu’à 2 heures du matin. Bodega : 129, Rue Allal Ben Abdellah. Le Brooklyn, à l’Américaine. Une brise de Brooklyn, la presque île new yorkaise, souffle sur Casa. Il s’agit d’un nouveau concept au Maroc, un mélange entre ambiance cosy et « branchitude ». Le Brooklyn est surtout peuplé de jeunes cadres dynamiques, attirés par l’endroit coloré et chaleureux. Dans une ambiance « lounge » ou « deep », les clients sont en jeans, T-shirt, oubliant totalement la rigidité du dress code à l’entrée, le tout rappelle New York et l’on se sent presque voyager. L’art urbain y est présent, une « American touch » que l’on retrouve aussi bien dans le décor que dans la cuisine ou la musique. Brooklyn Bar : 56, boulevard de la corniche. Manhattan, ambiance orientale Le Manhattan est un lieu très couru des soirées casablancaises. Comme son nom ne l’indique pas, il s’agit d’un cabaret oriental. L’ambiance y est incomparable. A l’entrée, un videur en costume accueille la clientèle en souriant. A l’intérieur, l’ambiance est purement libanaise. A chaque table, des filles dansent. Les clients ravis glissent de généreux billets de banque dans l’interstice de leur décolleté. Ici, pas de sentiments, pas de scrupules, les filles n’ont qu’une idée en tête : pousser les clients à la consommation. Manhattan : 16, rue de la Mer noire ex Bayonne. Le Bao, little Africa … Situé en bord de mer sur la Corniche de Casablanca, le Bao est la seule et unique boîte de nuit à la thématique tropicale. Dans un cadre exotique et chaleureux, ce lieu possède une capacité d’accueil de plus de 800 personnes en quête de sons et rythmes africains : au menu, zouk, salsa, reggae, coupé-décalé ou encore du R&B. Le Bao ouvre ses portes à partir de minuit jusqu’au lever du soleil pour des soirées qui font plonger les fêtards dans une ambiance de convivialité entre quelques rares Marocains et de nombreux subsahariens. Le Bao : Boulevard de la Corniche, Miami Beach. Le B-Rock, Casa underground… Besoin d’un coin décontracté et rock’n’roll ? Le B-Rock vous attend. Chaque semaine, cet endroit vous propose un programme diversifié de groupes de musique. Ouvert à partir de 19 heures et jusqu’à minuit, vous pouvez y commencer votre soirée en prenant un verre ou en mangeant un morceau devant une scène qui reçoit des groupes confirmés et des artistes en herbe. Vous pourrez vous-même vous laisser tenter par les soirées spéciales karaoké, à moins que vous n’optiez pour une partie de billard ou de babyfoot au beau milieu d’une déco fun et décontractée. B-rock : 55, boulevard de la Corniche Aïn Diab. CASANOSTRA• juillet 2014 • 45 CONSO Ambiance Le Village, Gay friendly Situé sur la corniche, ce complexe se compose d’un cabaret, d’une discothèque et d’une salle de billard, le tout traversé par un long couloir. Le Village est surtout connu pour être le coin privilégié où se donnent rendez-vous les homosexuels de la ville pour y passer des soirées libertines et sans tabous. La maxime qui vous accueille dès l’entrée « Si vous êtes gay ou bi et que vous en êtes fiers » donne le ton et annonce d’emblée la couleur : hétéro s’abstenir. Le Village : 11, boulevard de la corniche. Paris Paris, un cabaret à la mode… Ancien Art’s club, situé près de la Corniche, Paris Paris fait vibrer la scène par des spectacles genre folie bergère, french cancan et toute la panoplie. Au menu, la gastronomie française reste unique. Cet endroit sert du jamais vu sur 46 • CASANOSTRA• juillet 2014 une scène casablancaise, un concept qui a fait ses preuves et qui a rencontré un franc succès auprès de la population des fêtards casablancais. Devenu l’un des coins huppés et les mieux fréquenté de la ville, Paris Paris ouvre ses porte à partir de 20h jusqu’à 2h30 du matin. Paris Paris : Boulevard de la Côte d’émeraude. Comment vas-tu ? الباس ؟ I’m fine كتبحث عىل مدرسة،هذي واحد السيدة رغم االنشغال املهني ديالها ، وملا لقات هاذ املؤسسة.عليا كتكون فـ التواصل واإلشهار بثالثة اللغات .اتصلت يف الحني بولدها املوجود يف رحلة مع األصدقاء ديالو ألو املهدي ؟ … ألو ؟ Oui Mehdi مهن ال راديو، Le marketing ،اإلشهار اإلس رتاتيجية، l’événementiel ،والتلفزة ، الوساطة الثقافية،الرقمية دابا ميكن ليك... ... ، GRH ت ّب ع الدراسة ديالك فاإلشهار : والتواصل بثالثة اللغات إنجليزية، عربية،فرنسية ،d’accord ،وخا آلوالدةok خصك تجي باش تتسجل Mes études en 3 langues ?!! إوا آش قلتي آملهدي ؟ Trilingue !!! تبارك الله عليك آماما Quelle communication !!! هذه مدرسة جابت الجديد! كتفتح باب كبري !! لدخول زمن العوملة Com’Sup ميكن يل ندرسهم بثالثة ديال اللغات !؟ وشكون هذ كامل األوصاف ؟؟ Une nouvelle section trilingue Fidèle à sa vocation d’anticipation dans le domaine de la formation, Com’Sup ouvrira à la rentrée 2014-2015, parallèlement à la section francophone, une section trilingue : Français – Arabe – Anglais. Cette nouvelle section répond à un besoin croissant de ressources humaines et de profils multilingues dans les différents secteurs de la communication et des médias – publicité, marketing, gestion des ressources humaines, événementiel, audiovisuel, journalisme, stratégie web, médiation culturelle, ingénierie de projet, management… La section trilingue suit le programme du 1er cycle en langue française avec des enseignements spécifiques en sciences humaines, culture générale, étude des civilisations, expression écrite et orale, conception/rédaction, dispensés en langues anglaise et arabe. Les étudiants pourront ainsi, dès la première année de leur formation en communication et en étude des médias, apprendre à maîtriser les concepts, vocabulaires et subtilités plurilinguistiques qui leur permettront de s’intégrer efficacement dans la mouvance de la mondialisation. 18, rue Bachir Al Ibrahimi - Quartier Bel Air - Casablanca – Maroc Tél : 05 22 47 30 67 / 05 22 49 11 63 - Fax : 05 22 48 07 79 - E-mail : [email protected] w w w. c o m s u p . m a Etablissement d’Enseignement Supérieur Privé autorisé par le Ministère de l’Enseignement Supérieur, de la Formation des Cadres et de la Recherche Scientifique (MESFCRS) sous le N° 111/96 CONSO Bonnes adresses Où sortir à Casa ? La capitale économique marocaine est sans aucun doute une des villes les plus branchées et festives du pays. Petit aperçu des endroits où il fait bon être vu. Dounia Bouderbala Idrissi et Sofia Skandre Un moment de détente après le travail ? Le top 3 des after-works CHESTER’S : « Allure new yorkaise » Les after-work sont la nouvelle tendance à Casa. Le concept est simple; pourquoi attendre 23h minuit pour faire la fête, faisons la après le bureau. A côté du Bd d’Anfa, grands murs de briques blanches à la New yorkaise avec un intérieur épuré et des lumières tamisantes. L’endroit révèle un way of life assez spécial, les gens debout autour du bar en train de parler de différents sujets confondus, c’est beau à voir et à vivre. Le restaurant propose des plats succulents, de grands classiques de la cuisine internationale avec une prédominance pour la French Touch. La musique vous incitera sans doute à prolonger votre apéro dans une ambiance conviviale de club décontractée avec un temps suspendu entre les 70’s et les 90’s. Un cadre fun et un accueil chaleureux pour une sortie nocturne design. 3 rue Abou Farraj Al Asbahani, 20410 Casablanca, Morocco - TEL: 0522 94 12 82 FENCE : « Guetho chic » Le Bistro américain Fence débarque en force avec son cadre chic et tourné vers l’univers des arts urbains. Un package de services interminables; terrasse semi ouverte, grande bibliothèque, sous airs d’atelier new yorkais, le Fence consacre ses espaces à votre détente. 48 • CASANOSTRA• juillet 2014 Pour les gourmands, une carte généreusement inspirée des US inédite et healthy, la créativité de la cuisine de Fence valorise les produits du marché. Fromages du monde, pais home made et préparations fraiches pour des assiettes gourmandes et consistantes. On recommande le home-made burger, au véritable cheddar, un pur plaisir. Cette nouvelle adresse atypique comblera une clientèle exigeante, fidèle à la musique pointue et au bon gout, c’est la combinaison parfaite pour passer un bon moment unique à Casablanca 124, rue Nahass Nahaoui, ex - rue Pelvoux TEL: 05 22 23 28 54 BACCO E VENERE : « Le Molto bene casablancais » L’Italie débarque en plein centre de Casablanca, à Gauthier, Bacco e Venere est le nouveau restaurant italien qui ne tardera pas à devenir votre coin after work idéal après une sacré journée de travail. Des produits uniques, des recettes simples; classiques mais bien maitrisées, sont à votre disposition pour vos plus folles envies italiennes. Délectez-vous d’excellentes pizzas au feu de bois, des pâtes parfaitement « al dente », de la vraie mozzarella, une superbe assiette de charcuterie venue tout droit d’Italie, des tiramisus à tomber et des cheese cakes encore meilleurs qu’à New York. Un espace loft sui reflète l’état d’esprit de la clientèle cosmopolite et avant gardiste, un lieu dynamique, contemporain et chaleureux. Des plats exquis et généreux, le service est excellent et cerise sur le gâteau, les prix sont très corrects, alors, qu’attendez-vous pour y aller et faire l’expérience vous-même, vous ne serez pas déçu ! 50, avenue Hassan Souktani, Casablanca, Maroc TEL: 05 22 27 41 73 Où dormir ? Le top 3 des hôtels et chambres d’hôtes SOFITEL TOUR BLANCHE : « La tour blanche à l’honneur » A proximité de l’océan, au bord de la médina, le 5 étoiles Casablancais est un mélange d’élégance française moderne et d’authenticité marocaine. L’Hôtel s’élève sur 24 étages, offrant ainsi une vue imprenable, mettant à la disposition de sa clientèle sélective 141 chambres et 30 suites au design innovant, conjuguant confort, modernité et luxe. Le bien-être n’est pas laisser au hasard, ne manquer pas le sublime « SoSpa » et « SoFit »; le Sofitel Tour Blanche offre 600 m2 entièrement dédiés au corps et à l’esprit. Savourez une cuisine française contemporaine à L’arabesque ou en encore les saveurs asiatique de L’atelier d’Orient en passant par l’indispensable Bar Casart, champagne ou café pour toute heure du jour et de la nuit. Cet établissement sophistiqué est un extraordinaire pour vos soirées; le Penthouse de 250m2 sur le toit est destiné pour des événements privés uniques. A proximité de l’océan, au bord de la médina, les suites offrent un service et un panorama inégalé à Casablanca. Luxe, bienêtre et modernité créative sont au rendez-vous. Rue Sidi Belyout ? Quartier: Centre-Ville TEL : 05 22 45 62 00 LE LIDO THALASSO AND SPA : « Au temple du bien-être » L’ex Riad Salam, situé sur la corniche en plein cœur de Casablanca à quelques minutes de la prestigieuse Mosquée Hassan 2, du complexe commercial Anfa Place et du Morocco Mall devenu aujourd’hui Le Lido Thalasso and SPA. Cet éden du bien-être dispose de 187 chambres et suites spacieuses et offre un cadre idéal pour tous types d’événements. Pour les purs moments de détente et de relaxation, l’institut de thalassothérapie invite ses hôtes à profiter d’une large sélection de soins. Sa vue magnifique sur mer et son design moderne, vous mène aux jardins tropicaux pour une détente extrêmes. La cuisine marocaine est au rendez-vous pour éclater vos papilles, ainsi que des menus adaptés à un régime alimentaire particulier sont également disponibles. Il est également situé à 20 minutes de route de l’aéroport de Casablanca-Anfa et à 5 minutes en voiture de la gare de Casa Port. Un must a essayé ! Bd de la Corniche, Quartier : Aïn Diab TEL: 05 22 39 13 13 CHAMBRE D’HOTE DAR DIAFA : « Le luxe traditionnel » Une élégante décoration marocaine, une maison familiale mixant le style moderne et la finesse traditionnelle marocaine dans un cadre chaleureux tout en étant discret. Situé en périphérie de Casablanca, ce B&B (Bed and Breakfast) est destiné aux amoureux de la découverte et de l’originalité. L’établissement dispose d’une piscine et d’un salon marocain avec vue sur le jardin, Toutes les chambres du Dar Diafa sont décorées de façon traditionnel qui évoque la culture marocaine, chaque chambre dispose d’un coin salon et d’une salle de bains privatives avec baignoire ou douche. Des visites et des excursions peuvent être organisées pour découvrir la ville et ses environs. CASANOSTRA• juillet 2014 • 49 CONSO Bonnes adresses La cuisine fait maison, tout en saveur et en finesse qui n’a rien à envier à certains grands restaurants et au rendez-vous. Des transferts aéroport sont disponibles sur réservation et en supplément, le centre-ville est accessible en 20 minutes à pied et 24 minutes de route de la plage d’Ain Diab. 45 lot Lina Sidi Maarouf - 20000 CASABLANCA -TEL : 06 61 32 48 24 Envie d’un dîner savoureux? Le top 3 des restos MAI THAI : « Paradis asiatique » Qu’elle soit épicée ou plutôt douce la cuisine Thaïlandaise est très demandé dans le monde entier. Harmonieusement combinée, décor très bon goût, personnel agréable; le Restaurant MAI THAI est un véritable voyage pour les amoureux des saveurs asiatiques. Après Rabat et Marrakech, l’enseigne gastronomique plante ses baguettes à Casablanca dans une villa ensoleillée au cœur du quartier Anfa, le chef et son équipe, venus du Mandarin Oriental de Bangkok proposent jusqu’à 2h du matin, le top de la gastronomie thaïe avec une nuance parfaite que promettent les recettes asiatiques en sauces, en agrément et accompagnements, aux sons des mix électro house du DJ résident. Habillé de bois, de cuivre et de corian, ce lieux branché se présente pour toutes les formes de compagnie, un petit paradis si vous souhaitez vous y rendre en famille ou en amoureux. Un cadre buddha bar, des touches évasif et électrique ne passent pas inaperçues et permettent d’avoir une réelle sensation de dépaysement. 408, bd Driss Slaoui - ex Témara ang. Av. de Bourgogne - TEL: 06 62 15 83 01 50 • CASANOSTRA• juillet 2014 LE 25 CASABLANCA : « Raffinement à la française » Décoration épurée et glamour, fraichement rénovée, l’ex Maison Blanche est vêtue d’une nouvelle cape, sous le nom du 25 Casablanca, l’ancien bar est devenu un lieu chic grâce au Chef parisien Thierry Hernandez et ses acolytes. Cette pure merveille propose des saveurs méditerranéennes, une cuisine française savoureuse et recherchée, le comble; des cocktails insolites en spray et sorbets succulents, le tout dans une atmosphère chic, décontractée et exclusive. Vous trouverez un accueil et un service professionnel et discret digne d’un grand palace parisien pour vos repas d’affaires, vos sorties entre amis, ou mieux, en amoureux. Un beau coup de cœur pour cette adresse résolument parisienne en plein Casablanca. Rue Ali Bnou Abi Taleb -ex Cdt Lamy ang. Bd. Med Abdou -Quartier: Parc de la Ligue Arabe TEL : 05 22 27 64 76 LOUBNANE : « Saveurs orientales » Faisant partie intégrante de la Villa Blanca, le Loubnane est le premier restaurant libanais de la ville blanche. Décor harmonieux et feutrée, face à la mer, ce restaurant gastronomique vous fait découvrir à travers ses spécialités libanaises, les saveurs et la culture d ‘un pays aux multiples facettes. Cet établissement crée par le célèbre chanteur compositeur libanais Ramy Ayach, vous invite à la découverte de l’éternel Liban dans tous ses états, du gastronomique a l’artistique; avec une ambiance animée sur fond de musique orientale. Le cadre du restaurant Loubnane est agréablement contemporain. Il s’inspire des tons chauds du Liban pour habiller fauteuils, murs et objets de décoration. ce restaurant est un monument de la gastronomie libanaise tellement appréciée, on y déguste tous les classiques: hommos, chawarma, mechwi. Il propose aussi de la livraison à domicile et un service traiteur pour vos précieuses cérémonies. Bd de la Corniche, c/o Hôtel Villa Blanca Quartier : Aïn Diab - TEL : 05 22 36 93 70 Une pause gourmande ? Le top 3 des pâtisseries et salons de thé LADUREE : « Le légendaire français » Le légendaire fabriquant des douceurs françaises a enfin décidé d’ouvrir ses portes au Maroc, un atterrissage si longuement attendu par tous ceux qui ont fantasmé sur ce nom, à chaque fois que des mots magiques comme macaron ou encore Chocolat sont prononcés. LADUREE met tout son talent et son savoir-faire pour vous proposer ses plus belles compositions, ces pâtisseries fines, ainsi que ses pièces montées admirables délicieuses majestueuse et incomparable aux couleurs délicates et de différentes tailles. Avis aux amoureux des douceurs françaises de saveurs authentiques et des arômes fin prenez cette adresse et faite en un exclusif programme solitaire en amoureux ou en famille LADUREE au Morocco Mall. Morocco mall Bd la corniche AIN Diab TEL : 05 22 87 79 13 FAUCHON : « Le luxe a désormais son adresse » Implanté au cœur d’Anfa, le premier magasin Fauchon au Maroc dévoile les nouveaux codes graphiques et architecturaux de la marque, alliant la puissance d’un grand écrin, le concept fauchon pose sa griffe, mêlant glamour et exubérance. Éclatant, contemporain, ce tout nouveau maga- sin, évoquant également une généreuse bonbonnière, offre un parcours entièrement dédié au plaisir des sens, dans le pur chic parisien. Entre l’espace lounge, le restaurant et sa terrasse, l’adresse présente une capacité d’accueil de 126 places assises. Aujourd’hui, à Casablanca, Fauchon est une invitation à découvrir sa vision de l’art de vivre à la française à travers des créations de pains, viennoiseries, pâtisseries, thés, cafés, confitures, foies gras, chocolats, confiseries, compositions cadeaux. Une adresse très gourmande à l’occasion des diners et déjeuner professionnels les coffrets repas fauchon signe l’élégance de vos repas d’affaire Adresse: 21 Bv Moulay Rachid, ANFA TEL : 05 22 95 09 11 / 05 22 95 09 19. FREDERIC CASSEL : « Rendez-vous des fashionistas » Envie de glaces et de sorbets ? De goûters sous la tonnelle, de pique-niques en forêt ? Pas de doute, les beaux jours sont là ! Et avec eux leur cortège de saveurs qui vous rappellent les vacances, le soleil, l’été... Autant d’instants privilégiés que vous avez hâte de retrouver ! Frédéric Cassel revisite les grands classiques et compose des desserts inattendus, plaisirs éphémères d’une saison, nés de l’inspiration du moment. Ses créations sont une invitation à la tentation, une palette de couleurs et de saveurs irrésistibles. Attenante au boulevard Moulay Rachid, la grande terrasse de Frédéric Cassel saura enchanter tous les amateurs de mets délicieux. Venez déguster les succulentes pâtisseries offertes par les chefs. C’est aussi le rendez-vous de toutes les fashionistas qui viennent exhiber le dernier sac signé ou chaussures à la mode. Un service traiteur est également disponible. 8 bd Moulay Rachid, Casablanca TE L: 05 22 94 93 82 CASANOSTRA• juillet 2014 • 51 DECALAGES Coup de cœur Derb Sultan mon amour Casablanca est une ville où les classes sociales sont moins cloisonnées qu’ailleurs dans le pays. La culture de la ville est née de ce grand mélange. Pourtant, chaque quartier à son âme. Souha Ouassale Le quartier Racine, c’est mon enfance, mais Derb Sultan, c’est mon amour. J’ai vécu mon enfance au quartier Racine, dans la rue Michel Ange, un quartier calme, moderne, où habitent des petites familles modèles, où on oublie notre « darija », où on ne s’exprime qu’en français, où on ne connait presque pas ses voisins tellement l’indifférence est la règle. A partir de 20h00 plus une mouche n’y passe. Ce quartier ne me ressemble pas. La chanceuse famille de mon père habitait à Derb Sultan. J’ai toujours envié mes cousins. A chaque fois qu’on leur rendait visite, c’était un grand jour pour moi, je rencontrais mon sultan, mon héros, ce « derb » où je me sentais plus chez moi, en sécurité, où les « Oulad Derb » prenaient ma défense comme de vrais frères, où les voisins sont unis comme les membres d’une même famille, où tous partagent leurs peines et leurs joies, où les portes des maisons sont ouvertes, où je me sens partout chez moi. Bent dderb Quand une « hdia » passait, tout le monde la suivait et cela nous amusait beaucoup. Pendant ramadan, cette bonne ambiance était décu- 52 • CASANOSTRA• juillet 2014 plée. Films d’action avant le « ftour », puis nuit blanche jusqu’au « shour ». Même les enfants avaient le droit de rester dans la rue. Les petites filles jouaient à l’élastique pendant que les garçons tapaient dans un ballon ou rivalisaient aux billes. La plupart de ces enfants vivaient dans des familles aux revenus plus que limités, pourtant, ils respiraient le bonheur. A chaque fois que je visitais Derb Sultan, je faisais ce même constat. Peu importe finalement que mon « derb » soit moins coquet que Gauthier. Et même moins sûr et sécurisé qu’hier, j’aime toujours mon sultan, je me sens chez moi dans toutes ses ruelles et rien de cela ne changera jamais. L’incroyable quartier des Habous Casablanca est un mélange de traditions et d’ultra modernisme, elle revêt aujourd’hui une importance majeure pour le monde des affaires. Cité commerçante et ville industrielle, la métropole a hérité d’un riche patrimoine et le quartier des Habous en est la preuve. Leïla Belefkih Quand j’ai envie de voyager dans le temps et de me changer les idées, c’est le grand quartier des Habous qui m’accueille toujours à bras ouverts. Pas besoin de talons ni de maquillage, ce quartier simple et unique à mon goût m’offre joie et bonheur à chaque fois. D’après mon grand-père, c’est la seule médina construite par les Français du temps du protectorat. Aujourd’hui elle regroupe plusieurs boutiques d’artisans marocains: poteries, travail du cuir, tapis... et en cherchant un peu on peut aussi trouver d’étonnants objets d’art déco. Ce qui change des autres boutiques de la ville, c’est qu’ici tout est fait à la main. Tout, dans le quartier des Habous, rappelle nos traditions ancestrales et notre pratique religieuse multiséculaire : mosquées, bains maures, souks, kissariattes et écoles. Mais ce qui me pousse à aimer encore plus se quartier, c’est la propreté et la sécurité qui le caractérisent... C’est assez compréhensible, étant donné que le quartier des Habous se situe à un jet de pierre du palais royal et de son mechouar. Quand l’envie me prend, je peux rester des heures et des heures à marcher dans les petites ruelles harmonieusement combinées à de grandes arcades en pierre. Toutes les maisons se ressemblent, avec de grandes portes marron où trône la main de Fatima. L’endroit balance entre le pittoresque et le décor hollywoodien. Mon grand-père me disait toujours que les architectes français ont voulu conserver tous les éléments caractéristiques d’une médina traditionnelle. En tout cas, que vous soyez touriste de passage ou Casaoui authentique, il y a peu de chances que vous ne tombiez pas sous le charme de cet endroit magique. CASANOSTRA• juillet 2014 • 53 DECALAGES Coup de cœur Mon coin de paradis Je suis casablancaise dans l’âme et c’est mon petit coin de paradis que je vous invite à visiter. Samah Aboumadi Casablanca. La plus grande ville du Maroc, la capitale économique. La ville où se côtoient toutes les différences, toutes les régions, toutes les inégalités, du plus riche au plus pauvre. Mais malgré les contrastes, il y règne une certaine chaleur humaine qui apaise les coeurs. J’habite au centre-ville, dans un appartement situé dans un des plus magnifiques lieux de Casablanca. Moi quand j’ouvre ma fenêtre, une légère brise traverse ma chambre ; elle fait tressaillir tous mes membres et me procure le réconfort qui permettra d’affronter ma rude journée d’études. Je contemple la mosquée Hassan II de ma fenêtre, tellement belle avec sa somptueuse architecture, surplombant l’océan dont le bleu azur m’apaise. Pour la petite minorité qui ne connait pas ce monument, voici une brève présentation : la mosquée Hassan II est la troisième plus grande du monde, la plus vaste du Maghreb, elle possède un minaret d’une hauteur de 201 m, le plus haut du monde. Un toit ouvrant de grande dimension, permet, selon le vœu du roi Hassan II, de relier cet édifice à l’air, considéré comme l’un des trois éléments bénéfiques à la vie, avec la terre et l’eau. Symboliquement, la mosquée Hassan II est ainsi un pont entre le ciel, la terre et l’océan. Conçue par l’architecte Michel Pinseau, elle a été édifiée par le groupe français Bouygues, la maîtrise d’ouvrage ayant été assurée par le ministère de l’Intérieur; à l’époque dirigé par Driss Basri. 54 • CASANOSTRA• juillet 2014 De la mosquée à la corniche J’ai l’avantage d’habiter près de la mosquée depuis ma plus tendre enfance. Les soirs d’été, je longe la corniche en voiture de chez moi jusqu’au Morocco Mall. J’en profite pour respirer l’air frais et observer les piétons. En famille, en couple ou entre amis, les Casablancais ont fait de la corniche un lieu incontournable de la capitale économique. Bousculades, drague, mendicité, on y voit tout. Ici, place aux loisirs : simple promenade, café plus ou moins chic, « pop corn » made in America ou « kbal » bien de chez nous, il y en a pour tous les goûts. En général, je scrute aussi les voitures, des carrosses les plus luxueux aux charrettes les plus vétustes. Pendant le mois de ramadan, la côte casablancaise s’anime de façon très particulière. Le soir après lftour, la mosquée est prise d’assaut par les musulmans venus faire leur prière. Les voitures sont stationnées un peu partout dans une jolie pagaille. Les enfants issus des familles les plus modestes en profitent pour se faire un peu d’argent en assurant un petit service de gardiens de voitures. Après la prière, la foule se dirige souvent en grande majorité vers la corniche. La nuit promet alors d’être longue. Embouteillages, bruits de klaxons, fous rires, disputes, c’est justement ce qui fait le charme de Casablanca, une ville qui dégage une énergie débordante. Nuit magique à la mosquée Erigée sur l’eau, la mosquée impressionne par la démesure de ses proportions et la finesse de son exécution. Mais elle est aussi un lieu que se sont approprié les Casablancais. Rim Moutaouil L’ornementation sculptée qui couvre sa façade en marbre est faite d’entrelacs évoquant les minarets mérinides. Les pans de zellige qui décorent le sommet sont de couleur verte et blanche, couleurs symbolisant la tolérance et la paix. La mosquée Hassan II m’impressionne encore plus lors de la nuit du destin. C’est un véritable spectacle spirituel : des dizaines de milliers de fidèles venus de tout le Maroc mais aussi de l’étranger sont là pour apaiser leur coeur, attirés par ce lieu symbolique et par son imam de renom. Au Maroc, dès l’entame du ramadan, tous les regards se tournent vers la mosquée Hassan II, une destination spirituelle qui bat tout les records d’affluence durant ce mois sacré, notamment en cette 27ème nuit, communément appelée « Laylatou Al-Qadr » ou nuit du destin. Cette année encore le scénario est le même : la mosquée de la capitale économique est envahie bien avant l’appel à la prière d’al-ichaa et le début des tarawihs. A la mosquée Hassan II, il n’y a pas que les fidèles venus se recueillir. Sur l’esplanade don- nant sur la plage règne en effet une tout autre ambiance. C’est a peine si on entend la voix du « rossignol mes minbars » diffusée par les haut-parleurs du minaret, pourtant si proche et surplombant l’atlantique. Ici, jeunes et moins jeunes, tournés vers l’océan ténébreux, profitent de la brise tout en papotant de divers sujets pas toujours liés au ramadan ou a la prière. Près de ces flâneurs, quelques marchands profitent de cette soirée très spéciale pour faire de bonnes affaires. La mosquée fait également l’affaire du centre national de transfusion sanguine. Chaque soir de ramadan en effet, une trentaine de volontaires font don de leur sang auprès des équipes médicales mobiles présentes sur place. Mais en cette 27ème nuit, les fidèles sont retenus par la très longue prière d’Al-Kazabri, qui ne prend fin qu’un peu avant 23 heures. Une prière rythmée d’intenses moments d’émotions qui apaisent mon coeur. Une sensation de bien être m’envahit. Ma ville, c’est aussi ces moments simples de sérénité et de plénitude. CASANOSTRA• juillet 2014 • 55 DECALAGES Coup de gueule Jungle urbaine Le calvaire d’une automobiliste Sara Ouafir 7h52 : Je sors de la maison, et me dirige vers ma voiture. Mon sac à coté, je démarre et laisse le moteur chauffer un moment tout en cherchant ma station préférée, Luxe Radio. quelques minutes, le temps d’arriver au rondpoint Chevrolet, qui sépare mon petit village du grand Casablanca. Un rond-point qui marque le début de mon calvaire quotidien. 8h02 : Déjà 10 min que la voiture chauffe, je peux y aller. J’accélère légèrement et me dirige vers la sortie de ma résidence, la bien nommée Central Park. En sortant de ma petite banlieue chic, j’ai la chance de contempler le magnifique paysage dressé juste en face, la belle et grande forêt de Bouskoura, ornée de magnifiques eucalyptus, au dessus, un soleil divin éclairant ce merveilleux tableau, et pour combler le tout, un tout aussi radieux taxi blanc venant me rappeler que je suis bel et bien au Maroc, et non à New York. Je roule en profitant de ce doux décor, mais ce moment de pure béatitude ne dure que 8h13 : Je prends la voie qui mène à la route d’El Jadida. Tout en me préparant à trouver une vague de voitures alignées les unes derrière les autres à des kilomètres du feu rouge, attendant leur fameux tour de passage. Le rouge a beau passer au vert des dizaines de fois, les voitures n’avancent que de quelques centimètres. 56 • CASANOSTRA• juillet 2014 8h21 : Toujours bloquée, je joue avec mon téléphone, je me connecte sur Facebook, regarde les nouveautés sur Instagram, en attendant que dieu fasse quelque chose. Les voitures devant moi avancent enfin, mais à très lente allure, je les suis. Comme un troupeau de moutons atten- dant le signe de leur berger, nous attendons l’accord de notre maitre : le feu rouge, ou vert, on ne sait pas, avec toute cette zizanie orchestrée par nos chers citoyens, les lois et les règles ne sont pas toujours valables. 8h31 : Je franchis enfin ce premier feu, je dépasse Marjane, et comme chaque matin, je me pose la fameuse question : dois-je continuer tout un trottoir jusqu’à la transformer en sandwich. 8h45 : Toujours au feu rouge et le cours de M. Bencheikh commence dans exactement 15 minutes. Je commence à perdre patience, je zappe sur Hit Radio, et c’est sur une parodie débile de Cheb Khaled que je tombe, chantée par l’idole de tous les Marocains: l’animateur Momo sort ses tripes. Je zappe encore, et ne trouvant pas mieux, j’opte finalement pour ma propre musique et branche ma clef USB. I’M ON THE HIGHWAY TO HELL… ON THE HIGHWAY TO HELL… Je suis bien sur la route de l’enfer. Bercée par cette chanson qui n’est pourtant pas des plus harmonieuses, je dépasse le dernier feu et atteins enfin Brahim Roudani, dernier bouchon, dernier feu rouge, dernière ligne droite. droit ou prendre le raccourci Oasis ? La question hautement rhétorique trotte pendant quelques secondes dans ma tête, et comme chaque matin, je finis par prendre la décision de passer par la route d’El Jadida. 8h35 : En plein boulevard, entre les klaxons qui me percent les oreilles, les bus qui se heurtent contre les voitures et ces taxis infernaux qui s’arrêtent en pleine route pour déposer ou prendre quelqu’un, j’arrive à peine à m’y retrouver. Je cherche le feu des yeux, je ne le vois pas, les bus et les camions le cachent, oui, parce qu’à Casa, les camions sont autorisés à rôder en ville. Rois de la jungle, ils se croient tout permis. Percuter les voitures et brûler les feux n’est pas chose grave pour eux. Ces grosses bêtes détiennent l’art de pouvoir serrer une voiture contre 8h54 : Je n’ai plus que 6 minutes pour arriver à Com’sup. La musique exerçant sa magie, le reste du chemin est très fluide. A 80 à l’heure, je fonce vers le tunnel, esquive les quelques motos qui me gênent, évite deux ou trois piétons, brûle le dernier feu rouge et à la même allure, comme dans un jeu de Xbox , je « drift » à gauche et prends la ruelle du Studio. 9h00 : Pile à l’heure. Reste encore à trouver une place. Mais c’est sans compter l’éternel problème de stationnement à Casablanca. Après quatre tours de pâté de maison, une place se libère enfin. 9h11 : 11 min de retard. Je me dis en mon fort intérieur que ce n’est pas si grave que ça. J’ouvre la porte, pas de prof à l’horizon, je l’ai échappé belle. Je me glisse entre des étudiants anormalement calmes, puis j’entends : « Que désirez vous Mlle Ouafir ? » timidement je réponds au prof « m’assoir Monsieur » et il me dit : « Le journalisme ne permet aucun retard Mlle ». Le mardi ne comprenant aucun autre cours, me revoilà au volant de ma fidèle voiture… direction Bouskoura. CASANOSTRA• juillet 2014 • 57 DECALAGES Coup de gueule Une fontaine pas comme les autres La place des pigeons est l’un des plus grands symboles patrimoniaux de Casablanca. Tous les bidaouis la connaissent. Gardera-t-elle pour autant sa valeur historique et affective après son déplacement ? Sanaa El Othmani Casablanca est une ville en chantiers, pour laquelle sont prévus d’innombrables projets. Et, comme de juste, un workshop a été mis en place afin de détruire la fontaine de la place des pigeons et la remplacer par une autre devant le palais de justice. A sa place, un grand théâtre « Casarts » sera construit. Des associations œuvrant pour la sauvegarde du patrimoine comme « Casamémoire » ont pris part au débat sur le sujet. « Nous comptons juste déplacer l’actuelle fontaine pour qu’elle soit plus visible et située exactement au centre des administrations qui vont l’entourer », explique le président de cette association, l’architecte Rachid Al Andaloussi. Le but est de transformer cette place qui était un lieu de pouvoir en un lieu de culture par excellence. La place dite « des pigeons » n’est d’autre que la place Mohamed V, centre administratif de la ville blanche. Elle fut baptisée successivement « grande place », « place de la victoire », « place Lyautey », « place administrative », « place des Nations unies » pour enfin s’appeler « place Mohamed V ». Tout autour se trouvent 58 • CASANOSTRA• juillet 2014 les bâtiments administratifs les plus importants : la préfecture, le tribunal, la poste et la banque Al Maghrib. Placée bien au centre, la fontaine s’anime selon les heures : musique classique arabe, asiatique faisant danser les jets d’eau et s’illuminant de couleurs diverses. Un spectacle agréable pour grands et petits. En tant que Casablancaise qui aime sa ville, j’ai beaucoup de souvenirs sur cette place. Quand j’étais enfant, j’y allais souvent avec mes parents. Je pouvais rester des heures à jouer, à courir après les pigeons et à les nourrir, et surtout regarder le beau spectacle des jets d’eau qui à ce jour continue de m’éblouir. A chaque fois que je passe par là, impossible de ne pas m’arrêter quelques instants pour regarder les enfants jouer et voir dans leurs yeux et dans leurs sourires tout le plaisir que je ressentais quand j’étais petite. J’aurais bien aimé qu’ils trouvent une autre solution que de détruire cette place. Avec la disparition de cette place, ou plutôt son déplacement, c’est tout un pan de mon histoire qui s’envole, ce sont des souvenirs qui s’évanouissent. Dans la rue tu marcheras Asmae Bourchachene Mains baladeuses, regards insistants, paroles humiliantes… partout dans le monde le harcèlement sexuel est la cause de nombreux dégâts. Les Casablancaises en savent quelque chose. Dans la rue, au travail, à l’école, au lycée ou à l’université, le harcèlement sexuel bat son plein. Et ce qui fait le plus mal au cœur, c’est que tout le monde semble trouver ça normal. Etre femme au Maroc ne signifie pas la même chose qu’en France ou en Europe. Ici l’espace public ne vous appartient pas. La rue est un milieu hostile, peuplé d’ennemis qui manifestent des intentions agressives. Celles qui comme moi arpentent les rues s’en rendent compte tous les jours avec un harcèlement incessant: sifflements, klaxons et mecs franchement lourds – de l’ado boutonneux, au vieillard vicieux en passant par le costard cravate hypocrite – qui nous suivent pendant votre trajet et nous abordent de manière crue. Le pire, c’est ce sentiment de vulnérabilité qui nous envahit. On en vient à penser que sous une burqa la vie serait plus belle, mais quand on atteint ce stade, la vie n’est souvent déjà plus si rose. Quand je suis arrivée en France pour la première fois j’ai d’abord eu l’impression que tout le monde était à poil dans la rue (il faut dire qu’en mai à Marseille c’est déjà l’été) : tant de débardeurs et de mini-shorts ou mini-jupes m’éblouissaient. Mais surtout, je me suis sentie libre, complètement libre. Marcher dans la rue, anonyme au milieu de la foule, me fondre dans la masse, quel bonheur! Pouvoir parler à un commerçant sans qu’il s’imagine que je l’aguiche, regarder un homme dans les yeux sans penser que je brave un interdit social… Bref avoir un rapport décomplexé avec les hommes et ne pas avoir à tous les considérer comme des obsédés sexuels. Rien que ça… Dans son roman Shamablanca, Sonia Terrab a trouvé les mots pour décrire l’expérience que vivent quotidiennement des milliers de Marocaines. « Dans la rue, tu marcheras. — Psst, psst zine, zwina, zine !! — Juste un mot ma jolie, wallah, juste un ?! — Laghzala, tu marches seule ? Mskina, ma daha fik had, nji nawssek ana… — Malek zwina ? Malek khayba? Malek mnafkha ? Dans la rue, tu marcheras. Juste marcher, sans qu’on te prête attention, sans qu’on te dise que tu es belle ou moche, marcher et être superbement ignorée ». Et merci ! CASANOSTRA• juillet 2014 • 59 DECALAGES Coup de gueule Casa lkhanza Notre ville blanche devient noire avec cette pollution qui, jour après jour, nous étouffe ! Fumée de véhicules, mauvaises odeurs… Quelle horreur ! Casa devient « khanza ». Souha Ouassale Ma ville est désespérément sale, c’est une réalité qu’il ne faut pas négliger. Cette saleté provient de ses habitants aussi, de leur manque d’éducation et des conditions d’hygiène déplorables dans lesquelles ils vivent parfois... Après ce constat, j’ai commencé à observer les passants et leurs attitudes, celui qui jette, après utilisation, un bout de mouchoir, ou l’emballage d’un biscuit, une limonade, enfin tout ce qui est jetable, mais par terre, partout ! Je n’arrive pas à comprendre pourquoi on place des sachets pleins d’ordures juste à côté d’un arbre, on y voit peut-être un coin où tout passant doit laisser une trace. Où est la logique ? Les parents sont censés donner l’exemple. Mais quand une maman demande à son enfant de jeter par terre le bout de papier qu’il tient à la main, que pense-t-elle sincèrement lui apprendre ? Mais au-delà de l’incivilité pollueuse de ses habitants, Casablanca est aussi victime de son succès. Les quartiers résidentiels se sont rapprochés des usines et la capitale économique est aussi devenue a ville la plus polluée du royaume. D’après une étude du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence spécialisée de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la métropole 60 • CASANOSTRA• juillet 2014 détient le triste record national qui atteint parfois les 100 μg/m3 alors que la norme européenne accepte 40 μg/m3 au maximum. Elle dépasse ainsi de 2,5 fois les standards internationaux. La situation actuelle de ma ville me fait peur. Si rien ne change, quel sera son sort dans quelques années ? Et si la situation s’aggrave, que sera le nôtre ? Khettaf trafic a haut risque C’est un fantôme qui sillonne la ville. Il n’a pas fière allure, mais sa vitesse ferait pâlir d’envie les plus grands pilotes de F1. Intrépide et dangereux, le khettaf est un requin blanc parcourant l’océan casablancais à la recherche continuelle de proies. Othman Marine Ce n’est pas un animal, c’est un homme dans une voiture. La comparaison n’a pourtant que trop pertinence. Le khettaf est un chauffeur de grand taxi au volant d’un vieux modèle Mercedes des années 1980 où, souvent, seule la jante arrière est quelque peu épargnée par les péripéties routières. Cependant, à la différence des grands taxis, ce transporteur clandestin, travaille dans l’illégalité absolue. Avec lui, pas d’agrément ni d’homologation. Il roule pourtant en toute impunité puisque l’un de ses atouts est de compter de nombreux petits flics ripoux parmi ses amis. Eux aussi habitent d’ailleurs très souvent à la périphérie de la ville. Il est le cauchemar des parents qui ont eu la malveillance d’acheter un deux roues à leur enfant. La course effrénée du khettaf ressemble au parcours des gangsters dans les blockbusters américains. Le phénomène est une nuisance évidente pour les piétons comme pour les automobilistes, il n’est pourtant pas prêt d’être arrêté par les autorités. Peut-être faut-il croire que le khettaf est un mal nécessaire... que n’a pas encore résorbé notre magnifique tramway ! Le khettaf racole sur les routes. Il ne se contente pas des 6 passagers normalement tolérés, il peut, sans compter le conducteur, avaler jusqu’à 8 malheureux voyageurs qui ne demandent qu’à rentrer chez eux en déboursant le moins possible. Il frôle les automobilistes, brûle les feux rouges. CASANOSTRA• juillet 2014 • 61 DECALAGES Coup de gueule Magie noire à Casablanca « 9albi, tekhmami, bach yatini lah » (mon cœur, ma pensée et ma destinée) : trois termes que toute voyante qui se respecte répète à son client avant d’étaler les fameuses cartes qui lui permettent de prédire l’avenir. Sanae El Othmani S’agissant de magie noire, Casablanca est bien pourvue. La ville abrite en effet le mausolée de Sidi Abderrahmane, un véritable repère de sorcellerie, un des plus réputés et les plus fréquentés de tout le Maroc. Ce petit îlot désertique qui se dresse près des côtes casablancaises accueille chaque jour des dizaines de visiteurs, préoccupés par leur avenir personnel ou professionnel et espérant un «miracle» ou des «solutions particulières» qui relèvent du surnaturel. Jeunes filles en quête d’un mari, épouses trompées, hommes souffrant d’impuissance ou à la recherche d’un emploi, médecins qui veulent plus de patients, cadres qui essaient de décrocher un poste convergent quotidiennement vers le territoire du Saint patron de la ville de Casablanca. Tout le monde s’y met, tous victimes des fkihs, chouaffa et cherifate qui prétendent avoir des pouvoirs surnaturels, communiquer avec les esprits et changer le destin. Souvent, aux alentours de l’idole, des femmes de tous âges et de toutes classes sociales nagent toutes vêtues. Pour elles, se baigner dans sept vagues de l’océan permet d’éloigner le mauvais sort. Il y a moins d’un an, pour profiter de la baraka du «wali», il fallait se rendre sur l’île de Sidi Abderrahmane à heures fixes, car le passage n’était possible qu’à marée basse. Aujourd’hui un pont a été construit afin de relier le mausolée à la route principale ce qui rend l’accès plus facile et les visiteurs plus nombreux. Ainsi, malgré tous les progrès que le Maroc a pu réaliser et la période de développement que nous vivons, la sorcellerie est toujours bien ancrée dans nos mentalités. Pour le meilleur, et souvent pour le pire ! 62 • CASANOSTRA• juillet 2014 Dico DECALAGES Les mots du Casaoui Toi lecteur, il faut que tu saches que tu ne seras jamais un véritable Casaoui si tu ne parles pas comme un Casaoui. Voici quelques termes qui font partie du jargon du vrai Casablancais. Si tu parviens à te reconnaître là-dedans, c’est que tu es sur la bonne voie pour devenir ZE BEST CASABLANCAIS EVER ! Siham Zerrad a toi mon fils, viens me frapper tant que tu y es. ) 3CHIRI : Désigne la fraternité entres potes. AFINE : Expression pour dire Salut, tu es où ? Quoi de neuf ? AMANA : Désigne quelqu’un ou quelque chose de valeur que l’on confie à une personne. Exemple : SAT, ghadi nkhelli 3endek had l’AMANA, thalli fiha meziane 3la man rje3. (Fils, je vais te laisser ma femme et prends en bien soin le temps que je revienne). BOUHEMROUN : Supporter du widad. BOUZEBAL : Vandales des temps modernes, sauvageons incultes, irrespectueux qui, généralement, ne font pas attention a leur hygiène. CH’ARR : Terme utilisé pour désigner un mauvais comportement avec les gens. Exemple : nariiii, hadik sata oulah 7ta CH’AAR, bkaliha chwiya ou taklou belhadra. (Cette fille est vraiment mauvaise, elle va le déchiqueter.) DROGADO : junkie Grand ERRDDA : Terme utilisé pour désigner la bénédiction des parents, parfois utilisé ironiquement lorsqu’un comportement est déplacé. Exemple : Errda a wldi, aji drebni ma7edek hna. (Bénédiction FHAMATOR : syn. KHIBRATOR, Toutes les personnes qui croient détenir la science infuse alors qu’elles sont juste à côté de la plaque. Exemple : Ahe, hadak sat kan3arfou, fih lkhibra bezzaf, grand fhamator ! (Ouais, je connais ce type, il se prend trop au sérieux, grand blablateur) FLANE : Terme utilisé pour désigner quelqu’un. Exemple : Flane oueld flane (Untel, fils d’untel) féminin de FLANE, FLANA. FOUROUROU : Terme péjoratif désignant une personne qui raconte CASANOSTRA• juillet 2014 • 63 DECALAGES Dico des choses insensées, une personne instable et schizophrène. FTEKH : Rouler un joint. GLISSA : Désigne un regroupement de personnes dans un espace sympathique. Exemple : Glissa meziana a drari. (Sympathique le posage) GRISSAJE : Agressions, phénomène très courant à Casablanca. HAJ / HAJJA : Appellation ‘‘respectueuse’’ pour les personnes âgées, n’ayant pas forcément accompli le pèlerinage. Exemple : LHajja, jebt lik khedama jdida mziwna. (LHajja, je t’ai ramené une nouvelle bonne, qui est très jolie.) HDIDA : Voiture. HMODA : Terme désignant une personne voulant faire de l’humour sans succès. Exemple : Malek Hamed a SAT ? (Pourquoi tu es si lourd mec ?) mobiles d’intervention, les forces de l’ordre. Exemple : Sat, 3endek, l’Hnach msserkline hna. (Mec, fais gaffe, les flics rôdent par là) IDDEK FIH : Expression signifiant un refus catégorique de faire quelque chose, ou de se soumettre à quelqu’un. Exemple : oulah la dertha, iddhoum fih. (Je jure que je ne le ferai pas…) JRAD : Supporter du Raja KILIMINI: Synonyme de weld Danone, qui veut dire un fils a papa, fragile et mbe3kek (pleurnichard). On peut aussi utiliser le verbe TKELMEN Exemple : Baraka matkelmen 3lina, trejel m3ana. (Arrête de faire ton fils à papa, sois un homme !) HNACH : Désigne les unités 64 • CASANOSTRA• juillet 2014 L3AKA : Le fric, flouss s7iha. Exemple : Tle39ti a SAT, Dewar m3aya. (Tu as les moyens maintenant, passes moi un peu de tune) L3AWD : Métaphore qui désigne le mâle par excellence, le tombeur de nanas. Exemple : 3awd lil (cheval de nuit) L3IBA : Terme désignant une chose non désignée. Un truc, une chose. Exemple : jib lia dak L3IBA. (Ramène moi ce truc.) L9ASS : Désigne la nourriture. Lé’LLI : Argent en langage familier : pognon, tune. LHIMRI : Désigne la fringale. Exemple : Fiya lhimri, nakoul sba3 had sa3a. (J’ai tellement faim que je suis capable d’avaler un lion. N’MROD : A ne pas confondre avec l’mroud qui désignent les gendarmes. Adjectif désignant une personne opportuniste, prête à tout pour arriver à ses fins, personne généralement indigne de confiance. NE9CH : Terme vaguement utilisé pour désigner soit un homosexuel ou soit un garçon efféminé. Syn : Loulou, fih La3ba, ki tkal, zouzou. NCHERNI : Laisser tomber quelqu’un, ou poser un lapin, on dit aussi : khelani plaqua. M9ETA3 lwra9 : Désigne une personne folle à lier. MRI9I : Désigne une personne LA3ALAKA, dont le comportement est digne de celui d’un beldoche. N9I : Terme désignant une bonne idée ou bonne initiative de la part de quelqu’un. Exemple : N9I a Sat, Fikra meziana. (Super bonne idée mec, bravo) NAYDA : Synonyme de fête, de hayha ou de bonnes nouvelles. OMAR : Désigne l’argent de la corruption. Terme généralement utilisé par les moniteurs d’autoécoles casablancaises. Exemple : Bghiti tenja7 permis, Jibi m3ak Omar ou matkhafch. (Tu veux réussir ton permis, ramène avec toi Omar, - sous entendu une petite s o m m e d’argent et ne t’en fais pas.) PCHAKH : Synonyme de WAW, terme dési- gnant quelque chose de merveilleux. Exemple : Pchakh 3la décors QTITA : Se dit d’une jeune et jolie fille abordable. Exemple : AFINE ALQTITA, pshhhpshhh, zine, pssst lbogossa, khti, pssst hého lghzala, jamal manchoufouch ? RAMBO : Se dit d’une personne arrivée au summum de la défonce. On dit, Jab Rambo, jab lK.O, wssel, pila. SAT : terme spécifique utilisé uniquement par le Casaoui pour désigner un garçon. Le féminin de SAT est SATA. SIBA : Anarchie totale. SKHAYFA : Adjectif désignant une personne molle, passive et rouillée, qui ne veut fournir aucun effort. Syn. mde3da3, md3ou9, cha7fane. SMAR9EL : Terme généralement utilisé dans une conversation pour dire subtilement à une personne ‘‘Ta gueule’’. CASANOSTRA• juillet 2014 • 65 DECALAGES Dico Exemple : Chnou ? Réponse : smar9el. SMI9LI : Terme utilisé pour décrire un froid glacial. STOUN : Adjectif qui désigne un bon moment ou quelque chose de bien et d’agréable. Plus la chose en question est agréable, plus on prolonge le « ou ». Exemple : Ousstad majaych, stouuuuuuuune. (Le prof n’est pas venu, c’est géniaaaaaaal !) T3ANGUAR : Un terme qui désigne une attitude de vantardise. On dit, Ki T3ENGUAR 3lina, Dayer fiha S7I7. ler entre eux de filles. Exemple : Atjib m3ak titiz ? (Tu vas ramener avec toi des belles gosses ?) TKA’WéZ : Glandage. E x e m p l e : baraka men tka’wez, jma3 rassek. (Arrête de glander, ressaisis toi) WALID / WALIDA : Papa/ Maman. WAYLI : Expression singulière exprimant étonnement et surprise. XIDDA : Accidents TRIFA : Beau morceau (de shit). YA3 : Expression de dégoût, saturation exemple : Ya3 3la che3b ki dayer. UHU : Se dit d’une personne collante, on dit aussi l7am rass. Z3AMA : Synonyme d’audace. TASSA : Tous les liquides alcoolisés. TBENDIKH : Terme signifiant se prendre ou donner une grosse tannée. TBERGUIG : Venant du verbe BERGUEG : Activité principale du Marocain. Synonyme de l7edya (voyeurisme, commérage) entre les personnes, tous âges confondus, sexes, et mentalités. TINIKRA : Terme se référant à la paranoïa. TITIZA : Synonyme de bogossa. Terme généralement utilisé par les mecs pour par- VEW : Se dit d’une personne qui semble avoir perdu l’esprit. Mssati, ou bien mbouwe9. On dit : Rak vew a sat. 66 • CASANOSTRA• juillet 2014 ZBABEL : Signifie au sens propre des tonnes de déchets. Le terme est également utilisé pour quantifier des sommes ou des masses astronomiques. Exemple : Zbabel dial lflouss (une tonne d’argent) ZMER : Synonyme de ras-lebol. KLEM EURO RSCG KLEM EURO RSCG Com’Sup a 18 ans ! 18 années durant lesquelles nous avons formé des communicants de talent dont les carrières sont aujourd’hui notre grande fierté. 18 années durant lesquelles nous avons diversifié nos filières : Communication des Organisations, Communication Media / Multimadia, Culture Tourisme Communication, Management, Communication et Gouvernance, pour permettre à chacun de choisir le métier qui correspond le mieux à son projet professionnel. 18 années durant lesquelles nos partenaires nous ont soutenus et ont permis de faire de Com’Sup ce qu’elle est aujourd’hui. 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