syntec et les éditeurs
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syntec et les éditeurs
Rédacteur-en-chef : N° 064 - mercredi 7 juin 2006 Roger BUI i-L&S LA Au Sommaire : P331 : Edito, Syntec et les Editeurs P332 : Au fil de l'actualité des SSII et Editeurs P333-334 : Zoom Groupe Helice Cliquez : BULLETIN D'ABONNEMENT LETTRE DES STRATEGIES LOGICIELS & SERVICES SYNTEC ET LES ÉDITEURS EDITORIAL ÉTHIQUE L’éthique -ensemble particulier de règles de conduite (syn. Morale), selon le Larousseexiste encore en informatique et particulièrement dans les services. En effet, l’éthique voudrait que les SSII aient un comportement « moral » vis-à-vis de leurs clients, mais que ces derniers l’aient également à leur égard. Rendre un service constitue une action entre humains. Une personne effectue un travail pour le compte d’une autre, dans le cadre de deux entreprises, l’une dite prestataire et l’autre cliente. On ne peut pas déshumaniser le service en prenant pour prétexte l’environnement des entreprises et se limiter à une relation contractuelle formelle et froide. Une relation professionnelle, surtout dans un contexte de services informatiques, doit être délimitée par un contrat. Toutefois ce n’est pas le contrat qui fait le service, mais la personne qui en a la charge. La fidélisation recherchée par toute entreprise de service qui se respecte doit être méritée. Elle est conditionnée par la perception que le client a de son prestataire. Cette perception se fera forcément au travers de la personne avec laquelle il est en relation directe. Pour Louis Coltin que nous avons interrogé cette semaine dans le cadre du Zoom, le collaborateur qu’il délègue dans une entreprise cliente doit en plus trouver du plaisir dans le travail qu’il effectue. Il s’agit bien entendu du plaisir que l’on trouve à faire un travail intéressant et valorisant, ce qui n’est pas toujours le cas. Aujourd’hui les comportement commerciaux prennent le pas sur l’éthique, du fait des comportements d’achat des grands groupes et c’est dommage. RB. Paris, le 6 juin 2006 - Après de longues années de disgrâce, la Profession (Syntec Informatique) reconnaît enfin les Editeurs avec leurs forces, leurs faiblesses, leur atomisation et de quelle manière ! En effet, la journée du 6 juin 2006 a marqué le lancement du « Plan Croissance Editeurs », avec en préambule la présentation des résultats de l’étude « Cartographie éclairante (?) des Editeurs de logiciels français », en présence de Renaud Dutreil, Ministre des PME, du Commerce, de l’Artisanat et des Professions libérales et d’un nombreux public, adhérents et acteurs du marché. Si Syntec Informatique compte 505 adhérents dont 230 éditeurs, cela donne environ 60% d’adhérents SSII et 40% Editeurs. En nombre, il est indéniable que le poids des Editeurs tend à rejoindre celui des SSII. Seulement en poids économique, nous sommes loin du compte. En effet, en tenant compte de l’échantillon CXP-IDC, les 2500 éditeurs français, selon la définition des auteurs de l’étude, représentent un chiffre d’affaires cumulé de 7,2 milliards d’euros. Quand on sait que les 6 premières SSII ont réalisé ensemble en 2005 et en France, un chiffre d’affaires de 7,5 milliards d’euros, on réalise que les Editeurs ont encore un long chemin à parcourir. Par ailleurs, il serait intéressant de connaître la contribution de chacune des familles d’adhérents au budget de Syntec Informatique, car cette contribution est proportionnelle au chiffre d’affaires. Dans l’euphorie de cette journée dédiée aux Editeurs, il fallait simplement rappeler les fondamentaux. Cela ne signifie pas que nous prenons partie pour les uns contre les autres. Le marché se compose de différents métiers qui tous font avancer l’informatique. D’un côté, nous avons des entreprises qui commercialisent majoritairement des produits, et de l’autre, majoritairement du service. Jusqu’à présent, ce déséquilibre économique en faveur des SSII n’a pas favorisé le développement des Editeurs et cela se retrouve au sein de 2500 E D IT E U R S Nb d'Editeurs 2 30 60 60 100 150 250 900 950 2 500 C AR AC TER ISTIQU ES C hiffre d'affaires > 750 50 - 200 10 - 50 5 - 10 2-5 1-2 0,5 - 1 0,1 - 0,5 < 0,1 - M€ M€ M€ M€ M€ M€ M€ M€ M€ P OID S E C ON OMIQU E Effectif N b de développeurs C A cumulé # 4 000 500 - 2 000 80 - 500 50 - 100 20 - 50 10 - 20 5 - 15 1 - 10 1-5 > 800 > 40 30 - 40 20 - 30 10 - 20 5 - 10 3-5 1-5 1-2 1 700 2 200 1 800 450 350 200 200 250 50 - - Source : C XP - ID C - Syntec Inform ati que N° 064 - Mercredi 7 juin 2006 - Page 331 l’organisation syndicale. Si aujourd’hui le Tigre (Syntec) s’est réveillé pour mieux s’occuper des Gazelles (les Editeurs), selon l’imagerie animale utilisée par les orateurs, c’est en grande partie à cause ou grâce à la création de l’Afdel (Association Française des Editeurs de Logiciels). Syntec s’est engouffrée dans le brèche et nous ne voyons pas comment l’Afdel pourrait refaire son retard. Et c’est tant mieux pour les Editeurs, car le travail effectué en leur faveur est tout simplement remarquable. Encore faut-il qu’ils se saisissent de l’ouverture et mènent euxmême à terme ce « Plan Croissance Editeurs. » Nous aurons l’occasion de revenir sur le sujet très riche en informations. Notons simplement que, contrairement aux idées reçues, les Editeurs français bénéficient d’un marché intérieur relativement important -le 5ème marché IT au monde- et d’une protection naturelle du fait du réglementaire, du moins en ce qui concerne les progiciels de gestion financière et de RH. Ces atouts se trouvent être en réalité des freins car les entrepreneurs de la génération antérieure raisonnaient franco-français. La nouvelle génération cherche plutôt des niches internationales qui peuvent déboucher sur de vraies réussites à l’américaine, à l’image des créateurs finlandais ou israéliens dont les marchés intérieurs sont minuscules. M€ M€ M€ M€ M€ M€ M€ M€ M€ 7 200 M€ Effectif cumulé 8 22 18 4 3 2 2 4 2 000 500 000 800 400 300 500 500 000 68 000 AU FIL DE L'ACTUALITÉ DES SSII ET ÉDITEURS i-L&S FUSIONS & ACQUISITIONS Paris, le 30 mai 2006 – La SSII canadienne CGI a annoncé aujourd’hui l’acquisition de Plaut Consulting, société française de conseil en management et nouvelles technologies dirigée par Didier Moscatelli. Fondée en 1998, cette entreprise, dont le siège social se situe à Paris, appartient à des intérêts privés et dégage un chiffre d’affaires annuel d’environ 14 M€. La clôture de la transaction est prévue pour le 1er juin 2006. Reconnue pour son expertise dans la mise en œuvre de solutions SAP, elle accompagne de grands groupes dans leurs projets de transformation des organisations et des systèmes d’information. Plaut Consulting compte 120 professionnels qui travaillent auprès de clients internationaux, dans les secteurs de l’industrie, de la distribution, des services financiers et des télécommunications. Elle est aussi reconnue pour ses compétences en intelligence d’affaires (Business Intelligence), en gestion de la relation client (CRM) et en technologies d’intégration. Toulouse, le 22 mai 2006 : Inovans vient de racheter à Teamlog son agence toulousaine. En fait, Teamlog Sud-Ouest est née du rachat par Teamlog, de la SSII Cap Altaïr co-fondée et dirigée par Luc Marta de Andrade il y a 6 ans, juste avant la création d’Inovans. Les dirigeants de Teamlog se sont tout naturellement adressés à Luc Marta de Andrade pour reprendre l’activité de leur filiale toulousaine ne souhaitant pas la conserver. Inovans, coprésidé par Etienne Ducloy et Luc Marta de Andrade a été créée en 2001. Elle a réalisé en 2005 un chiffre d’affaires de 7,6 M€, avec 150 personnes et une marge d’exploitation de 2,3%. Cette opération lui permet de toucher des marchés complémentaires et d’étoffer ses effectifs sur un marché où il est de plus en plus difficile de recruter. Lyon, le 29 mai 2006 - Cegid vient de faire l’acquisition de Informatique et Communications (I&C), éditeur et distributeur de solutions de gestion pour les entreprises du monde viticole. Par cette opération, Cegid accélère sa présence dans le monde agricole. Cette acquisition lui permet également de renforcer son partenariat avec la Profession Comptable Libérale en apportant son expertise aux entreprises du secteur viticole qui bénéficient déjà des services apportés par les cabinets comptables spécialisés dans ce domaine. I&C qui a réalisé un chiffre d’affaires de l’ordre de 300 K€, édite et distribue des solutions de gestion verticales destinées aux entreprises du monde viticole : vignerons, négociants, courtiers et points de ventes. Sa base installée s’élève à près de 400 clients spécialisés dans l’environnement viticole. Paris, le 30 mai 2006 - ECS vient d’acquérir Technoservice Solutions AG en Allemagne, spécialisée dans la maintenance de mainframes et de serveurs critiques d’entreprises. Créée en 1990, Technoservice est un acteur reconnu sur le marché allemand pour son savoir-faire dans le domaine des services de maintenance, des services associés aux mainframes et serveurs ainsi que de l’assistance logicielle. L’entreprise a notamment développé une expertise dans la maintenance des infrastructures IBM et Sun. Elle emploie 100 personnes et dispose de 13 implantations réparties sur l’ensemble du territoire national. La société fournit des solutions à des moyennes et grandes entreprises de divers secteurs d’activité, en particulier dans les branches assurance, automobile et énergie. Parmi ses clients figurent Volkswagen, Roche Diagnostics, Lufthansa et T-Systems. Paris, le 29 mai 2006 - Talend, éditeur d’un outil ETL Open Source annonce aujourd’hui la réalisation d’un premier tour de table N° 064 - mercredi 7 juin 2006 - Page 332 de 2,1 M€ auprès de Galileo Partners. Cette opération révèle la crédibilité récente de l’Open Source auprès des fonds d’investissement en France. Régis Saleur, Galileo Partners : « Le modèle Open Source est parfaitement adapté au marché des outils d’intégration de données car il offre la garantie technique recherchée par les utilisateurs les plus experts et des outils commerciaux adaptés aux fortes exigences des plus grandes entreprises mondiales. Nous sommes totalement convaincus de la validité du produit, du modèle et de l’équipe Talend. » Les solutions Talend sont distribuées en mode Dual Licensing (licence Open Source GPL et licence commerciale). Ainsi, la version complète sans limitation fonctionnelle ni temporelle sera prochainement versée aux communautés Open Source téléchargeable gratuitement. Talend commercialisera des applications complémentaires facilitant l’intégration de ses outils dans des environnements informatiques complexes et leur utilisation par des équipes structurées de développeurs. En complément une offre de service et de support sera disponible commercialement. Talend a été créée par Bertrand Diard, ex-Neurones, 30 ans, PDG et Fabrice Bonan, ex-Neurones, 33 ans, DG en charge de la R&D. Paris, le 1er juin 2006 - Getronics a signé avec Eutelia un accord portant sur le transfert de l’actif et du passif de Getronics Solutions Italia S.p.a à Eutelia. Cet accord est soumis aux procédures réglementaires italiennes (notamment aux lois antitrust et à la communication des informations pertinentes aux syndicats). La transaction devrait être finalisée au 2ème trimestre 2006. Conformément aux prévisions antérieures, Getronics devrait alors enregistrer pour l’exercice 2006 une perte exceptionnelle de près de 50 M€ liée à l’interruption des activités. Eutelia est l’un des cinq plus importants fournisseurs italiens de télécommunications. Elle a enregistré en 2005 un chiffre d’affaires de 480 M€. Avec 25 000 employés dans 30 pays, un chiffre d’affaires de 2600 M€, Getronics est l’un des principaux fournisseurs mondiaux indépendant de solutions d’infrastructures et de services en TIC. Paris, le 6 juin 2006 - EBP vient de prendre le contrôle financier et opérationnel d’Itool Systems, par une augmentation de capital réservée de plus de 420 k€. Le fondateur d’Itool Systems, Michel Louchart ainsi que les actionnaires du réseau Itool Network (composé d’Experts-Comptables), restent au capital. Créée en 1984 par René Sentis, EBP effectue ainsi sa première opération de croissance externe. Elle a réalisé en 2005 un chiffre d’affaires de 22 M€ pour un effectif de 280 personnes. Son offre se compose de logiciels généralistes (comptabilité, gestion, paye …) et d’une gamme de solutions métiers (automobile, bâtiment, commerce…). Itool devient la filiale ASP de l’éditeur. . Paris le 31 mai 2006 - NetNoLedge est un jeune éditeur français soutenu par le fonds d’amorçage DGME Finance. C’est aussi le nom d’une solution de sécurisation des échanges de données sensibles générant preuve et traçabilité sans imposer un tiers de confiance. Dans un grand groupe, les données qui sont généralement sécurisées sont de cinq type : informations sociales ; informations commerciales ; informations financières non finalisées ; informations concernant les fusions-acquisitions ; informations venant de la R&D. NetNoLedge a déjà été adopté par une dizaine de grands comptes et d’établissements de recherche en France. La société a ouvert depuis le début de l’année une filiale américaine. Elle a pour objectif d’atteindre les 5 M€ en trois ans. A ce jour, elle compte 14 personnes. i-L&S ZOOM GROUPE HELICE LOUIS COLTIN : « IL Y A UNE ALCHIMIE QU'IL FAUT SENTIR. » Discret et efficace, le Groupe Helice est une SSII qui pèse 48 M€ en 2005, pour un effectif de 560 personnes. Son originalité, de plus en plus rare à notre époque : elle a été fondée en 1985 par un homme passionné par son métier, qui la dirige toujours et qui détient, encore pour longtemps, la totalité du capital. Témoin de l’évolution de l’informatique depuis la fin des années 70, Louis Coltin revendique son origine technique, ce qui en fait une caractéristique de plus pour cette SSII hors norme. Auparavant, le fonctionnement des gros ordinateurs (mainframes) était sous la responsabilité de toute une équipe en charge de l’exploitation, Eric DermontJea devenue Production. Les pupitreurs, les préparateurs et les analystes d’exploitation constituaient le personnel qui s’affairait dans les salles machines climatisées, isolées du monde extérieur. C’est dans cet environnement qu’Helice a jeté ses fondations, alors que Louis Coltin avait plutôt un penchant pour le système et les logiciels systèmes. joindre et de développer mon activité dans le cadre d’une société. C’est ainsi que nous avons créé ensemble Helice en 1985, alors qu’il avait déjà Helias, rachetée par la suite par Cap Sogeti. Cette association avait duré un an environ. Comme mes associés étaient surtout préoccupés par l’activité d’Helias, je décidais en juillet 1986 de racheter leur part. A compter de cette date, j’étais au pied du mur, seul à faire fonctionner Helice, avec 8 collaborateurs et des profils de type pupi- Roger Bui : Comment avez-vous commencé votre carrière professionnelle et qu’est-ce qui vous a poussé à créer Helice ? Louis Coltin, PDG-Fondateur du Groupe Helice. Louis Coltin : Jusqu’en 1981, j’étais responsable système au groupe Printemps-Prisunic. Je connaissais tout ce qui relevait de la production, des études, du système, et des réseaux, mais rien dans les domaines de la gestion, du financier, ni même du commercial. Après le groupe Printemps-Prisunic, j’ai passé quelques mois chez Framatome, toujours avec une responsabilité système. Ensuite, un ami m’a demandé de l’aider à développer une activité de services, chez Ordina. Cet ami, Chef de département, s’occupait des études et a souhaité me confier le développement d’une activité de services dans le domaine système. Toutefois, cela n’a pas duré longtemps car le marché ne s’y prêtait pas et les investissements n’étaient pas là. Il n’y avait pas encore de frontière entre l’exploitation et le système. L’exploitation ne s’est progressivement structurée qu’à partir de 1984-85. Seulement les activités système ne se vendaient pas bien ou étaient trop ponctuelles et chères, alors que les ingénieurs étude étaient très demandés. J’avais développé quelques petites affaires et cela m’avait mis le pied à l’étrier sur le plan du goût du service et sa façon très particulière de fonctionner. A partir de 1982, je me suis mis sur le marché en tant que « freelance ». Avec ce statut j’ai travaillé de manière tout à fait satisfaisante pendant trois ans. J’étais occupé à plus que temps plein. J’avais aussi travaillé à travers des SSII dont Cap Sogeti. Cela fonctionnait bien, mais je ne pouvais pas m’étendre, ni en volume, ni en prix. Mon ami de chez Ordina m’a alors demandé de le re- N° 064 - Mercredi 7 juin 2006 - Page 333 treurs préparateurs et analystes d’exploitation. C’était une base pour démarrer et j’avais toujours la volonté de développer l’activité système, malgré le fait que cela concernait des ingénieurs difficiles, des « gourous ». Là-dessus IBM restructura son offre de packaging au client pour les mainframes, réduisant les besoins d’ingénieurs systèmes, notamment à cause du support de plus en plus présent d’IBM. En fait, j’avais commencé par l’exploitation classique et le volet réseau qui prenait de plus en plus d’importance. RB : La société est créée, quelles ont été les grandes étapes de son développement ? Louis Coltin : Je me souviens d’une anecdote à propos de mon banquier qui m’appella le dernier jour de septembre avec le bordereau des salaires, me disant : « Je ne paye pas ! » Je suis allé le voir avec toutes mes prévisions et je l’ai rassuré sur le fait que tout serait à l’équilibre à la fin de l’année. Il m’a fait confiance et sur le premier exercice de 16 mois, nous avons terminé avec un bénéfice de 50 kF et un effectif de 19 personnes. La deuxième année nous étions 35 personnes, la troisième 65 et la quatrième 110. J’avais seulement quelques contrats systèmes, mais ce qui nous a permis de nous développer c’était essentiellement la production, les réseaux et un peu de système et pas du tout d’étude à l’époque. Cette dernière activité n’a démarré qu’en 1989 avec la création d’Helium. Jusqu’à une centaine de personnes, j’étais seul à diriger l’entreprise. Nous étions installés dans différents centres d’affaires. En 1987, nous nous sommes installés avenue Pierre 1er de Serbie où nous occupions le rez-de-chaussée et le sous-sol, en location. Aujourd’hui nous sommes propriétaire de l’immeuble que nous occupons entièrement. A partir de 1988, j’ai commencé à recruter un directeur d’agence, puis un directeur pour mener l’activité d’Helium. En 1992, nous étions 330 personnes, dont 1/4 de l’effectif pour Helium. A ce jour, Helice occupe la majorité des collaborateurs avec plus 2/3 de l’effectif, ce qui signifie que la gestion de la production correspond bien à un besoin. Cette continuité dans la croissance, nous la devons certainement à la relation privilégiée que nous avons avec nos clients. RB : Justement. Le métier du service comporte une éthique que l’on ne trouve pas partout. Quelle est votre différence ? Louis Coltin : En effet. J’accorde beaucoup d’importance à ce aspect du métier et le fait que je sois resté seul dirigeant et propriétaire m’a permis de conserver le cap. Le marché a montré les excès des uns et des autres et m’a révélé les limites de ce qu’on devait faire et ne pas faire. Les résultats des enquêtes i-L&S qualité menées auprès de nos clients et collaborateurs, nous confirment ce que nous savions déjà : Il faut avoir une certaine humilité et le respect de nos clients, de nos engagements, de nos collaborateurs, tout en faisant en sorte de travailler en confiance, mais surtout avec plaisir. Il existe une dimension particulière dans les sociétés de services du fait que nous recrutons des collaborateurs chez nous, mais pour travailler chez nos clients. Il y a quelque part une alchimie qu’il faut sentir. Il faut développer le sérieux de l’entreprise, du travail effectué et non son côté affairiste. J’ai toujours voulu être le garant de cette démarche qui se retrouve dans l’exceptionnelle fidélité de nos clients. Nous avons, depuis de nombreuses années, plus de 85% de nos contrats qui sont récurrents. Par ailleurs, cela ne nous met pas pour autant à l’abri de mauvaises surprises. J’ai eu à faire face à toutes sortes de situations. Ainsi, un de mes directeurs d’agence est parti à la concurrence avec un contrat et 12 personnes. Une autre personne avait créé une société au nom de sa femme, laquelle facturait les prestations effectuées par des salariés Helice ! Nous avons gagné en justice contre toutes ces malveillances. RB : Votre métier a beaucoup évolué. Comment cela s’est-il passé au fil des années et comment vous positionnez-vous aujourd’hui ? Louis Coltin : La production est complètement différente en 2006. Toutefois, nous sommes toujours très présents chez nos clients, qui sont pour la plupart des utilisateurs de mainframes. Si tout au début on nous demandait des pupitreurs, préparateurs et analystes de production, aujourd’hui ce que veulent les clients ce sont des pilotes et des administrateurs, avec la double compétence. Nos clients sont des grands comptes, avec des systèmes centraux traditionnels, et toute la batterie de nouvelles technologies autour. Ils attendent de notre part de fortes compétences dans les deux mondes. Par ailleurs, sur le plan de la forme cela a beaucoup changé également car nous sommes dans la mouvance de l’externalisation. Nous ZOOM GROUPE HELICE sommes capables de prendre en charge un service ou un bout de service, des projets d’infogérance totale ou partielle. Dès 1986, un an après la création de l’entreprise, nous avions créé une activité de formation. L’objectif était d’apporter un plus chez nos clients en formant son personnel, mais cette formation s’adresse aussi, bien sûr, à nos collaborateurs. Notre centre se trouve rue de Chaillot à trois cents mètres du siège. Nous y dispensons des formations à tous les niveaux. Outre Helium, nous avions créé en 1989 Helios, une structure pour développer des progiciels outils. Nos outils nous ont aidé dans certaines démarches comme la migration DOS/ MVS ou le passage de Cobol à Cobol VS. Nous avions écrit un générateur de systèmes experts, mais cela n’a pas été suivi car la concurrence était forte et nous n’avions pas les moyens pour investir. J’ai rapidement constaté que ce n’était pas le même métier. Aujourd’hui Helios existe toujours, en tant de structure pour présenter des produits, mais sans personnel permanent. Tout cela pour dire que nous sommes constamment en état de veille technologique pour nos clients et pour nous-mêmes. RB : A ce stade de développement, la taille est-elle un handicap ? Par ailleurs, l’off-shore représente-til une voie de développement ? Louis Coltin : En effet, nous nous trouvons au fameux point critique, si tant est qu’il existe. Nous sommes une grosse PME et une petite « grande entreprise ». La chance que nous avons, c’est cette fidélisation, cette capacité de nos collaborateurs à produire une service de qualité et le fait que plus de 85% de nos contrats sont récurrents. Même par rapport aux très grandes SSII, nos clients nous apprécient. Ils savent qui nous sommes et nous utilisent pour vraiment ce que nous savons faire. Depuis 2001, comme tous les confrères, nous avons eu à faire face aux référencements, centrales d’achats, contrats cadres et autres subtilités. La relation commerciale est devenue plus structuré, draconienne, avec des directions d’achats qui font fi des valeurs que nous défendons, ce, malgré tous nos efforts que ce soit directement auprès de nos clients et nos collaborateurs, ou que ce soit au travers de certifications comme ISO 9001:2000 que nous avons obtenu depuis trois ans maintenant. La qualité intrinsèque ne les touche pas. Il est entendu que nous voulons participer aux efforts pour faire des économies d’échelle. A contrario, les clients ou prospects ne définissent pas toujours bien leurs besoins. Plutôt que d’avoir 10 personnes plus ou moins bien utilisées, nous préférons n’en avoir que 7, mais utilisées de manière pertinente. Heureusement dans certains contextes où nous ne sommes pas référencés, nous continuons tout de même à bien travailler. Par ailleurs, nous n’utilisons pas « l’off-shore », ni le « near-shore », car personnellement, j’ai un problème d’éthique à ce propos. Si nous adoptons cette démarche, ce serait nous faire concurrence à nousmême. Ce n’est pas sain et nous ne participerions pas à l’effort de l’économie nationale avec ses problèmes de chômage. RB : Quel est votre modèle de développement sur les années à venir ? Louis Coltin : J’ai la chance d’être le principal dirigeant et le propriétaire à 99% de l’ensemble de l’entreprise. Dans l’historique de la société, il n’y a pas de capitaux autres venant d’institutionnels ou de fonds d’investissement. C’est très rare à notre taille. Donc, j’ai toute liberté car je n’ai pas de pression quelconque et je n’ai pour seul souci que le développement de l’entreprise. Nous n’avons jamais tenté d’opération de croissance externe. J’ai bien entendu regardé car on m’a soumis des dossiers, comme à la plupart des SSII du marché. Je n’ai pas sauté le pas car à mon avis, il y a quelque chose qui ne s’achète pas ou qui ne se crée pas de toute pièce, c’est la maîtrise de la culture d’entreprise. Acheter cela coûte cher et représente un risque pour l’entreprise. Toutefois, nous sommes à un seuil où nous ne pouvons l’exclure. Les aspects bourse, valorisation, image peuvent être intéressants mais posent le problèmes des contraintes que nous nous imposons. En d'autres termes, nous ne sommes pas pressés. i-L&S, lettre hebdomadaire, comporte 40 numéros par an. La rédaction ne garantit pas l’exactitude absolue, ni le caractère exhaustif des informations publiées. Directeur de la Publication : Roger BUI. 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