syntec et les éditeurs

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syntec et les éditeurs
 Rédacteur-en-chef :
N° 064 - mercredi 7 juin 2006
Roger BUI
i-L&S
LA
Au Sommaire :
P331 : Edito, Syntec et les Editeurs
P332 : Au fil de l'actualité
des SSII et Editeurs
P333-334 : Zoom Groupe Helice
Cliquez : BULLETIN D'ABONNEMENT
LETTRE DES STRATEGIES LOGICIELS & SERVICES
SYNTEC ET LES ÉDITEURS
EDITORIAL
ÉTHIQUE
L’éthique -ensemble particulier de règles de
conduite (syn.
Morale), selon
le Larousseexiste encore
en informatique et particulièrement dans les services. En
effet, l’éthique voudrait que les
SSII aient un comportement
« moral » vis-à-vis de leurs
clients, mais que ces derniers
l’aient également à leur égard.
Rendre un service constitue
une action entre humains.
Une personne effectue un travail pour le compte d’une
autre, dans le cadre de deux
entreprises, l’une dite prestataire et l’autre cliente. On ne
peut pas déshumaniser le service en prenant pour prétexte
l’environnement des entreprises et se limiter à une relation
contractuelle formelle et
froide. Une relation professionnelle, surtout dans un
contexte de services informatiques, doit être délimitée par
un contrat. Toutefois ce n’est
pas le contrat qui fait le service, mais la personne qui en a
la charge. La fidélisation recherchée par toute entreprise
de service qui se respecte doit
être méritée. Elle est conditionnée par la perception que
le client a de son prestataire.
Cette perception se fera forcément au travers de la personne
avec laquelle il est en relation
directe.
Pour Louis Coltin que nous
avons interrogé cette semaine
dans le cadre du Zoom, le
collaborateur qu’il délègue
dans une entreprise cliente
doit en plus trouver du plaisir
dans le travail qu’il effectue. Il
s’agit bien entendu du plaisir
que l’on trouve à faire un travail
intéressant et valorisant, ce
qui n’est pas toujours le cas.
Aujourd’hui les comportement
commerciaux prennent le pas
sur l’éthique, du fait des comportements d’achat des
grands groupes et c’est dommage. RB.
Paris, le 6 juin 2006 - Après de longues années de disgrâce, la Profession (Syntec
Informatique) reconnaît enfin les Editeurs avec leurs forces, leurs faiblesses, leur
atomisation et de quelle manière ! En effet, la journée du 6 juin 2006 a marqué le lancement
du « Plan Croissance Editeurs », avec en préambule la présentation des résultats de
l’étude « Cartographie éclairante (?) des Editeurs de logiciels français », en présence de
Renaud Dutreil, Ministre des PME, du Commerce, de l’Artisanat et des Professions
libérales et d’un nombreux public, adhérents et acteurs du marché.
Si Syntec Informatique compte 505 adhérents dont 230 éditeurs, cela donne environ
60% d’adhérents SSII et 40% Editeurs. En
nombre, il est indéniable que le poids des
Editeurs tend à rejoindre celui des SSII.
Seulement en poids économique, nous
sommes loin du compte. En effet, en tenant
compte de l’échantillon CXP-IDC, les 2500
éditeurs français, selon la définition des
auteurs de l’étude, représentent un chiffre
d’affaires cumulé de 7,2 milliards d’euros.
Quand on sait que les 6 premières SSII ont
réalisé ensemble en 2005 et en France, un
chiffre d’affaires de 7,5 milliards d’euros, on
réalise que les Editeurs ont encore un long
chemin à parcourir.
Par ailleurs, il serait intéressant de connaître la contribution de chacune des familles
d’adhérents au budget de Syntec Informatique, car cette contribution est proportionnelle au chiffre d’affaires. Dans l’euphorie de
cette journée dédiée aux Editeurs, il fallait
simplement rappeler les fondamentaux.
Cela ne signifie pas que nous prenons partie
pour les uns contre les autres. Le marché
se compose de différents métiers qui tous
font avancer l’informatique. D’un côté, nous
avons des entreprises qui commercialisent
majoritairement des produits, et de l’autre,
majoritairement du service. Jusqu’à présent, ce déséquilibre économique en faveur
des SSII n’a pas favorisé le développement
des Editeurs et cela se retrouve au sein de
2500
E D IT E U R S
Nb
d'Editeurs
2
30
60
60
100
150
250
900
950
2 500
C AR AC TER ISTIQU ES
C hiffre
d'affaires
> 750
50 - 200
10 - 50
5 - 10
2-5
1-2
0,5 - 1
0,1 - 0,5
< 0,1
-
M€
M€
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M€
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M€
M€
M€
M€
P OID S E C ON OMIQU E
Effectif
N b de
développeurs
C A cumulé
# 4 000
500 - 2 000
80 - 500
50 - 100
20 - 50
10 - 20
5 - 15
1 - 10
1-5
> 800
> 40
30 - 40
20 - 30
10 - 20
5 - 10
3-5
1-5
1-2
1 700
2 200
1 800
450
350
200
200
250
50
-
-
Source : C XP - ID C - Syntec Inform ati que
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l’organisation syndicale. Si aujourd’hui le
Tigre (Syntec) s’est réveillé pour mieux
s’occuper des Gazelles (les Editeurs), selon l’imagerie animale utilisée par les orateurs, c’est en grande partie à cause ou
grâce à la création de l’Afdel (Association
Française des Editeurs de Logiciels).
Syntec s’est engouffrée dans le brèche et
nous ne voyons pas comment l’Afdel pourrait refaire son retard.
Et c’est tant mieux pour les Editeurs, car le
travail effectué en leur faveur est tout simplement remarquable. Encore faut-il qu’ils
se saisissent de l’ouverture et mènent euxmême à terme ce « Plan Croissance Editeurs. » Nous aurons l’occasion de revenir
sur le sujet très riche en informations. Notons simplement que, contrairement aux
idées reçues, les Editeurs français bénéficient d’un marché intérieur relativement
important -le 5ème marché IT au monde- et
d’une protection naturelle du fait du réglementaire, du moins en ce qui concerne les
progiciels de gestion financière et de RH.
Ces atouts se trouvent être en réalité des
freins car les entrepreneurs de la génération
antérieure raisonnaient franco-français. La
nouvelle génération cherche plutôt des niches internationales qui peuvent déboucher
sur de vraies réussites à l’américaine, à
l’image des créateurs finlandais ou israéliens dont les marchés intérieurs sont minuscules.
M€
M€
M€
M€
M€
M€
M€
M€
M€
7 200 M€
Effectif
cumulé
8
22
18
4
3
2
2
4
2
000
500
000
800
400
300
500
500
000
68 000
AU FIL DE L'ACTUALITÉ
DES SSII ET ÉDITEURS
i-L&S
FUSIONS & ACQUISITIONS
Paris, le 30 mai 2006 – La
SSII canadienne CGI a annoncé aujourd’hui l’acquisition de Plaut Consulting,
société française de conseil
en management et nouvelles technologies dirigée par
Didier Moscatelli. Fondée
en 1998, cette entreprise,
dont le siège social se situe
à Paris, appartient à des intérêts privés et dégage un
chiffre d’affaires annuel
d’environ 14 M€. La clôture
de la transaction est prévue
pour le 1er juin 2006. Reconnue pour son expertise dans
la mise en œuvre de solutions SAP, elle accompagne
de grands groupes dans
leurs projets de transformation des organisations et
des systèmes d’information. Plaut Consulting compte 120 professionnels qui
travaillent auprès de clients
internationaux, dans les
secteurs de l’industrie, de la
distribution, des services financiers et des télécommunications. Elle est aussi reconnue pour ses compétences en intelligence d’affaires (Business Intelligence), en gestion de la relation
client (CRM) et en technologies d’intégration.
Toulouse, le 22 mai 2006 :
Inovans vient de racheter à
Teamlog son agence toulousaine. En fait, Teamlog
Sud-Ouest est née du rachat
par Teamlog, de la SSII Cap
Altaïr co-fondée et dirigée
par Luc Marta de Andrade il y
a 6 ans, juste avant la création d’Inovans. Les dirigeants de Teamlog se sont
tout naturellement adressés à Luc Marta de Andrade
pour reprendre l’activité de
leur filiale toulousaine ne
souhaitant pas la conserver. Inovans, coprésidé par
Etienne Ducloy et Luc Marta
de Andrade a été créée en
2001. Elle a réalisé en 2005
un chiffre d’affaires de 7,6
M€, avec 150 personnes et
une marge d’exploitation de
2,3%. Cette opération lui
permet de toucher des marchés complémentaires et
d’étoffer ses effectifs sur un
marché où il est de plus en
plus difficile de recruter.
Lyon, le 29 mai 2006 - Cegid
vient de faire l’acquisition de
Informatique et Communications (I&C), éditeur et distributeur de solutions de
gestion pour les entreprises du monde viticole. Par
cette opération, Cegid accélère sa présence dans le
monde agricole. Cette acquisition lui permet également de renforcer son partenariat avec la Profession
Comptable Libérale en apportant son expertise aux
entreprises du secteur viticole qui bénéficient déjà
des services apportés par
les cabinets comptables
spécialisés dans ce domaine. I&C qui a réalisé un chiffre d’affaires de l’ordre de
300 K€, édite et distribue
des solutions de gestion
verticales destinées aux entreprises du monde viticole :
vignerons, négociants,
courtiers et points de ventes. Sa base installée s’élève à près de 400 clients spécialisés dans l’environnement viticole.
Paris, le 30 mai 2006 - ECS
vient d’acquérir Technoservice Solutions AG en Allemagne, spécialisée dans la
maintenance de mainframes et de serveurs critiques
d’entreprises. Créée en
1990, Technoservice est un
acteur reconnu sur le marché allemand pour son savoir-faire dans le domaine
des services de maintenance, des services associés
aux mainframes et serveurs
ainsi que de l’assistance
logicielle. L’entreprise a notamment développé une expertise dans la maintenance des infrastructures IBM et
Sun. Elle emploie 100 personnes et dispose de 13
implantations réparties sur
l’ensemble du territoire national. La société fournit des
solutions à des moyennes
et grandes entreprises de
divers secteurs d’activité, en
particulier dans les branches assurance, automobile et énergie. Parmi ses
clients figurent Volkswagen, Roche Diagnostics,
Lufthansa et T-Systems.
Paris, le 29 mai 2006 - Talend, éditeur d’un outil ETL
Open Source annonce
aujourd’hui la réalisation
d’un premier tour de table
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de 2,1 M€ auprès de Galileo
Partners. Cette opération
révèle la crédibilité récente
de l’Open Source auprès
des fonds d’investissement
en France. Régis Saleur,
Galileo Partners : « Le modèle Open Source est parfaitement adapté au marché des outils d’intégration
de données car il offre la
garantie technique recherchée par les utilisateurs
les plus experts et des
outils commerciaux adaptés aux fortes exigences
des plus grandes entreprises mondiales. Nous sommes totalement convaincus de la validité du produit,
du modèle et de l’équipe
Talend. » Les solutions Talend sont distribuées en
mode Dual Licensing (licence Open Source GPL et
licence commerciale). Ainsi, la version complète
sans limitation fonctionnelle ni temporelle sera prochainement versée aux
communautés Open Source téléchargeable gratuitement. Talend commercialisera des applications
complémentaires facilitant l’intégration de ses outils
dans des environnements
informatiques complexes et
leur utilisation par des équipes structurées de développeurs. En complément
une offre de service et de
support sera disponible
commercialement.
Talend a été créée par Bertrand Diard, ex-Neurones,
30 ans, PDG et Fabrice
Bonan, ex-Neurones, 33
ans, DG en charge de la
R&D.
Paris, le 1er juin 2006 - Getronics a signé avec Eutelia un
accord portant sur le transfert de l’actif et du passif de
Getronics Solutions Italia
S.p.a à Eutelia. Cet accord
est soumis aux procédures
réglementaires italiennes
(notamment aux lois antitrust et à la communication
des informations pertinentes aux syndicats). La transaction devrait être finalisée
au 2ème trimestre 2006. Conformément aux prévisions
antérieures, Getronics devrait alors enregistrer pour
l’exercice 2006 une perte
exceptionnelle de près de
50 M€ liée à l’interruption
des activités. Eutelia est l’un
des cinq plus importants
fournisseurs italiens de télécommunications. Elle a
enregistré en 2005 un chiffre d’affaires de 480 M€.
Avec 25 000 employés dans
30 pays, un chiffre d’affaires
de 2600 M€, Getronics est
l’un des principaux fournisseurs mondiaux indépendant de solutions d’infrastructures et de services en
TIC.
Paris, le 6 juin 2006 - EBP
vient de prendre le contrôle
financier et opérationnel
d’Itool Systems, par une
augmentation de capital réservée de plus de 420 k€. Le
fondateur d’Itool Systems,
Michel Louchart ainsi que
les actionnaires du réseau
Itool Network (composé
d’Experts-Comptables),
restent au capital. Créée en
1984 par René Sentis, EBP
effectue ainsi sa première
opération de croissance externe. Elle a réalisé en 2005
un chiffre d’affaires de 22
M€ pour un effectif de 280
personnes. Son offre se
compose de logiciels généralistes (comptabilité, gestion, paye …) et d’une gamme de solutions métiers
(automobile,
bâtiment,
commerce…). Itool devient
la filiale ASP de l’éditeur. .
Paris le 31 mai 2006 - NetNoLedge est un jeune éditeur
français soutenu par le
fonds d’amorçage DGME Finance. C’est aussi le nom
d’une solution de sécurisation des échanges de données sensibles générant
preuve et traçabilité sans
imposer un tiers de confiance. Dans un grand groupe,
les données qui sont généralement sécurisées sont
de cinq type : informations
sociales ; informations
commerciales ; informations financières non finalisées ; informations concernant les fusions-acquisitions ; informations venant
de la R&D. NetNoLedge a
déjà été adopté par une dizaine de grands comptes et
d’établissements de recherche en France. La société a ouvert depuis le début de l’année une filiale
américaine. Elle a pour objectif d’atteindre les 5 M€ en
trois ans. A ce jour, elle
compte 14 personnes.
i-L&S
ZOOM GROUPE HELICE
LOUIS COLTIN : « IL Y A UNE ALCHIMIE
QU'IL FAUT SENTIR. »
Discret et efficace, le Groupe Helice est une SSII qui pèse 48 M€ en 2005, pour un effectif de 560 personnes. Son
originalité, de plus en plus rare à notre époque : elle a été fondée en 1985 par un homme passionné par son métier,
qui la dirige toujours et qui détient, encore pour longtemps, la totalité du capital. Témoin de l’évolution de l’informatique
depuis la fin des années 70, Louis Coltin revendique son origine technique, ce qui en fait une caractéristique de plus
pour cette SSII hors norme.
Auparavant, le fonctionnement des
gros ordinateurs (mainframes) était
sous la responsabilité de toute une
équipe en charge de l’exploitation,
Eric DermontJea
devenue
Production. Les pupitreurs,
les préparateurs et les analystes
d’exploitation constituaient le personnel qui s’affairait dans les salles
machines climatisées, isolées du
monde extérieur. C’est dans cet environnement qu’Helice a jeté ses
fondations, alors que Louis Coltin
avait plutôt un penchant pour le système et les logiciels systèmes.
joindre et de développer mon activité dans le cadre d’une société.
C’est ainsi que nous avons créé ensemble Helice en 1985, alors qu’il
avait déjà Helias, rachetée par la
suite par Cap Sogeti. Cette association avait duré un an environ. Comme mes associés étaient surtout
préoccupés par l’activité d’Helias, je
décidais en juillet 1986 de racheter
leur part. A compter de cette date,
j’étais au pied du mur, seul à faire
fonctionner Helice, avec 8 collaborateurs et des profils de type pupi-
Roger Bui : Comment avez-vous
commencé votre carrière professionnelle et qu’est-ce qui vous a
poussé à créer Helice ?
Louis Coltin, PDG-Fondateur
du Groupe Helice.
Louis Coltin : Jusqu’en 1981, j’étais
responsable système au groupe
Printemps-Prisunic. Je connaissais
tout ce qui relevait de la production,
des études, du système, et des réseaux, mais rien dans les domaines
de la gestion, du financier, ni même
du commercial. Après le groupe Printemps-Prisunic, j’ai passé quelques
mois chez Framatome, toujours avec
une responsabilité système.
Ensuite, un ami m’a demandé de
l’aider à développer une activité de
services, chez Ordina. Cet ami, Chef
de département, s’occupait des études et a souhaité me confier le développement d’une activité de services
dans le domaine système. Toutefois,
cela n’a pas duré longtemps car le
marché ne s’y prêtait pas et les investissements n’étaient pas là. Il n’y
avait pas encore de frontière entre
l’exploitation et le système. L’exploitation ne s’est progressivement
structurée qu’à partir de 1984-85.
Seulement les activités système ne
se vendaient pas bien ou étaient
trop ponctuelles et chères, alors que
les ingénieurs étude étaient très demandés.
J’avais développé quelques petites
affaires et cela m’avait mis le pied à
l’étrier sur le plan du goût du service
et sa façon très particulière de fonctionner. A partir de 1982, je me suis
mis sur le marché en tant que « freelance ». Avec ce statut j’ai travaillé
de manière tout à fait satisfaisante
pendant trois ans. J’étais occupé à
plus que temps plein. J’avais aussi
travaillé à travers des SSII dont Cap
Sogeti. Cela fonctionnait bien, mais
je ne pouvais pas m’étendre, ni en
volume, ni en prix. Mon ami de chez
Ordina m’a alors demandé de le re-
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treurs préparateurs et analystes
d’exploitation.
C’était une base pour démarrer et
j’avais toujours la volonté de développer l’activité système, malgré le
fait que cela concernait des ingénieurs difficiles, des « gourous ».
Là-dessus IBM restructura son offre
de packaging au client pour les mainframes, réduisant les besoins d’ingénieurs systèmes, notamment à
cause du support de plus en plus
présent d’IBM. En fait, j’avais commencé par l’exploitation classique et
le volet réseau qui prenait de plus en
plus d’importance.
RB : La société est créée, quelles
ont été les grandes étapes de son
développement ?
Louis Coltin : Je me souviens d’une
anecdote à propos de mon banquier
qui m’appella le dernier jour de septembre avec le bordereau des salaires, me disant : « Je ne paye pas ! »
Je suis allé le voir avec toutes mes
prévisions et je l’ai rassuré sur le fait
que tout serait à l’équilibre à la fin de
l’année. Il m’a fait confiance et sur le
premier exercice de 16 mois, nous
avons terminé avec un bénéfice de
50 kF et un effectif de 19 personnes.
La deuxième année nous étions 35
personnes, la troisième 65 et la quatrième 110. J’avais seulement quelques contrats systèmes, mais ce qui
nous a permis de nous développer
c’était essentiellement la production, les réseaux et un peu de système et pas du tout d’étude à l’époque. Cette dernière activité n’a démarré qu’en 1989 avec la création
d’Helium.
Jusqu’à une centaine de personnes,
j’étais seul à diriger l’entreprise.
Nous étions installés dans différents
centres d’affaires. En 1987, nous
nous sommes installés avenue Pierre 1er de Serbie où nous occupions le
rez-de-chaussée et le sous-sol, en
location. Aujourd’hui nous sommes
propriétaire de l’immeuble que nous
occupons entièrement. A partir de
1988, j’ai commencé à recruter un
directeur d’agence, puis un directeur
pour mener l’activité d’Helium. En
1992, nous étions 330 personnes,
dont 1/4 de l’effectif pour Helium. A
ce jour, Helice occupe la majorité des
collaborateurs avec plus 2/3 de l’effectif, ce qui signifie que la gestion
de la production correspond bien à
un besoin. Cette continuité dans la
croissance, nous la devons certainement à la relation privilégiée que
nous avons avec nos clients.
RB : Justement. Le métier du service comporte une éthique que
l’on ne trouve pas partout. Quelle
est votre différence ?
Louis Coltin : En effet. J’accorde
beaucoup d’importance à ce aspect
du métier et le fait que je sois resté
seul dirigeant et propriétaire m’a
permis de conserver le cap. Le marché a montré les excès des uns et
des autres et m’a révélé les limites
de ce qu’on devait faire et ne pas
faire. Les résultats des enquêtes
i-L&S
qualité menées auprès de nos
clients et collaborateurs, nous confirment ce que nous savions déjà : Il
faut avoir une certaine humilité et le
respect de nos clients, de nos engagements, de nos collaborateurs,
tout en faisant en sorte de travailler
en confiance, mais surtout avec plaisir. Il existe une dimension particulière dans les sociétés de services
du fait que nous recrutons des collaborateurs chez nous, mais pour travailler chez nos clients. Il y a quelque
part une alchimie qu’il faut sentir. Il
faut développer le sérieux de l’entreprise, du travail effectué et non
son côté affairiste. J’ai toujours voulu être le garant de cette démarche
qui se retrouve dans l’exceptionnelle fidélité de nos clients. Nous avons,
depuis de nombreuses années, plus
de 85% de nos contrats qui sont
récurrents.
Par ailleurs, cela ne nous met pas
pour autant à l’abri de mauvaises
surprises. J’ai eu à faire face à toutes
sortes de situations. Ainsi, un de
mes directeurs d’agence est parti à
la concurrence avec un contrat et 12
personnes. Une autre personne
avait créé une société au nom de sa
femme, laquelle facturait les prestations effectuées par des salariés
Helice ! Nous avons gagné en justice
contre toutes ces malveillances.
RB : Votre métier a beaucoup évolué. Comment cela s’est-il passé
au fil des années et comment
vous positionnez-vous aujourd’hui ?
Louis Coltin : La production est
complètement différente en 2006.
Toutefois, nous sommes toujours
très présents chez nos clients, qui
sont pour la plupart des utilisateurs
de mainframes. Si tout au début on
nous demandait des pupitreurs,
préparateurs et analystes de production, aujourd’hui ce que veulent
les clients ce sont des pilotes et des
administrateurs, avec la double
compétence.
Nos clients sont des grands comptes, avec des systèmes centraux
traditionnels, et toute la batterie de
nouvelles technologies autour. Ils
attendent de notre part de fortes
compétences dans les deux mondes. Par ailleurs, sur le plan de la
forme cela a beaucoup changé également car nous sommes dans la
mouvance de l’externalisation. Nous
ZOOM GROUPE HELICE
sommes capables de prendre en
charge un service ou un bout de
service, des projets d’infogérance
totale ou partielle. Dès 1986, un an
après la création de l’entreprise,
nous avions créé une activité de
formation. L’objectif était d’apporter
un plus chez nos clients en formant
son personnel, mais cette formation
s’adresse aussi, bien sûr, à nos collaborateurs. Notre centre se trouve
rue de Chaillot à trois cents mètres
du siège. Nous y dispensons des
formations à tous les niveaux.
Outre Helium, nous avions créé en
1989 Helios, une structure pour développer des progiciels outils. Nos
outils nous ont aidé dans certaines
démarches comme la migration DOS/
MVS ou le passage de Cobol à Cobol
VS. Nous avions écrit un générateur
de systèmes experts, mais cela n’a
pas été suivi car la concurrence était
forte et nous n’avions pas les
moyens pour investir. J’ai rapidement constaté que ce n’était pas le
même métier.
Aujourd’hui Helios existe toujours,
en tant de structure pour présenter
des produits, mais sans personnel
permanent. Tout cela pour dire que
nous sommes constamment en état
de veille technologique pour nos
clients et pour nous-mêmes.
RB : A ce stade de développement,
la taille est-elle un handicap ? Par
ailleurs, l’off-shore représente-til une voie de développement ?
Louis Coltin : En effet, nous nous
trouvons au fameux point critique, si
tant est qu’il existe. Nous sommes
une grosse PME et une petite
« grande entreprise ». La chance
que nous avons, c’est cette fidélisation, cette capacité de nos collaborateurs à produire une service de
qualité et le fait que plus de 85% de
nos contrats sont récurrents. Même
par rapport aux très grandes SSII,
nos clients nous apprécient. Ils savent qui nous sommes et nous utilisent pour vraiment ce que nous savons faire.
Depuis 2001, comme tous les confrères, nous avons eu à faire face aux
référencements, centrales d’achats,
contrats cadres et autres subtilités.
La relation commerciale est devenue
plus structuré, draconienne, avec
des directions d’achats qui font fi
des valeurs que nous défendons, ce,
malgré tous nos efforts que ce soit
directement auprès de nos clients et
nos collaborateurs, ou que ce soit au
travers de certifications comme ISO
9001:2000 que nous avons obtenu
depuis trois ans maintenant. La qualité intrinsèque ne les touche pas. Il
est entendu que nous voulons participer aux efforts pour faire des économies d’échelle. A contrario, les
clients ou prospects ne définissent
pas toujours bien leurs besoins. Plutôt que d’avoir 10 personnes plus ou
moins bien utilisées, nous préférons
n’en avoir que 7, mais utilisées de
manière pertinente. Heureusement
dans certains contextes où nous ne
sommes pas référencés, nous continuons tout de même à bien travailler.
Par ailleurs, nous n’utilisons pas
« l’off-shore », ni le « near-shore »,
car personnellement, j’ai un problème d’éthique à ce propos. Si nous
adoptons cette démarche, ce serait
nous faire concurrence à nousmême. Ce n’est pas sain et nous ne
participerions pas à l’effort de l’économie nationale avec ses problèmes
de chômage.
RB : Quel est votre modèle de développement sur les années à
venir ?
Louis Coltin : J’ai la chance d’être le
principal dirigeant et le propriétaire
à 99% de l’ensemble de l’entreprise.
Dans l’historique de la société, il n’y
a pas de capitaux autres venant
d’institutionnels ou de fonds d’investissement. C’est très rare à notre
taille.
Donc, j’ai toute liberté car je n’ai pas
de pression quelconque et je n’ai
pour seul souci que le développement de l’entreprise. Nous n’avons
jamais tenté d’opération de croissance externe. J’ai bien entendu regardé car on m’a soumis des dossiers, comme à la plupart des SSII du
marché. Je n’ai pas sauté le pas car
à mon avis, il y a quelque chose qui
ne s’achète pas ou qui ne se crée
pas de toute pièce, c’est la maîtrise
de la culture d’entreprise. Acheter
cela coûte cher et représente un
risque pour l’entreprise. Toutefois,
nous sommes à un seuil où nous ne
pouvons l’exclure. Les aspects bourse, valorisation, image peuvent être
intéressants mais posent le problèmes des contraintes que nous nous
imposons. En d'autres termes, nous
ne sommes pas pressés.
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