HISTORIQUE des ENTREPRISES de PEINTURE dans le

Transcription

HISTORIQUE des ENTREPRISES de PEINTURE dans le
HISTORIQUE
des
ENTREPRISES
de
PEINTURE
dans
le
SENONAIS
Extrait
du
livre
«
Sens
au
XIXème
siècle
»
Etienne
DODET,
Société
Archéologique
de
Sens
Les
peintres‐vitriers
Les
peintres
en
bâtiment,
qui
sont
aussi
vitriers,
ce
que
l’on
oublie
trop
souvent,
intervenant
les
derniers
sur
l’ouvrage
à
construire
ou
à
rénover,
ne
sont
pas
les
mieux
placés,
le
propriétaire,
ayant
déjà
beaucoup
dépensé
pour
payer
les
autres
corps
de
métier,
est
d’autant
plus
enclin
à
«
tirer
les
prix
».
Et
puis,
quand
il
s’agit
d’un
particulier
qui
construit
sa
maison,
ne
se
sent‐il
pas
capable
de
devenir
lui‐même
peintre
?
D’autant
plus
que
le
droguiste
est
là
pour
lui
vendre
peinture,
pinceaux
et
papiers
peints.
Nous
avons
précédemment
vu
qu’au
début
Théodore
Tarbé,
l’imprimeur,
ne
dédaignait
pas,
comme
activité
secondaire,
de
vendre
des
papiers
peints.
Nous
nous
souvenons
également
de
la
famille
Horsin
tenant
boutique
dès
1779
place
du
Samedi
et
8
rue
de
la
République,
où
la
maîtresse
de
la
maison
vend
vitres,
papiers
et
pots
de
peinture,
alors
que
son
mari,
Pierre,
peint
à
domicile
avec
son
fils
Gervais
qui
cessera
le
commerce
en
boutique
pour
se
consacrer
à
son
seul
métier
d’artisan
peintre.
Ici,
nous
évoquerons
les
peintres
en
bâtiment
pour
qui
l’atelier
où
il
remise
son
matériel
et
entrepose
ses
marchandises
est,
avec
le
chantier
en
ville,
le
seul
lieu
de
travail.
Si,
exceptionnellement,
cet
atelier
est
précédé
d’une
boutique,
elle
sert
surtout
à
recevoir
la
clientèle
qui
choisit
la
couleur
de
la
peinture
et
des
papiers
peints
que
l’artisan
utilisera
chez
elle.
Les
Almanachs
ne
recensant
pas
ces
petits
entrepreneurs
nous
n’avons
pu
les
dénombrer
qu’à
partir
de
la
fin
du
Second
Empire.
Ils
sont
alors
seize,
dont
un
seul
dans
les
faubourgs.
En
1900,
(Annuaire
de
la
C.C.I.),
ils
ne
sont
plus
que
douze,
pour
moitié
seulement
dans
les
rues
commerçantes
et
aucun
extra‐muros.
Suivons
deux
entreprises
qui
se
perpétuèrent
dans
le
temps
:
A) D’Auguste
Vuidot
aux
Lods,
Père
et
Fils
et
à
L’Entreprise
Sénonaise
de
Peinture.
.
Auguste
Vuidot
naquît,
1
rue
Royale
(partie
nord
de
notre
rue
de
la
République),
le
27
septembre
1828.
Son
père,
Hyacinthe
est
manouvrier.
La
famille
semble
«
bien
modeste
»,
comme
l’on
dit.
Quand
et
pourquoi
le
jeune
Auguste
choisit‐il
la
carrière
de
peintre‐vitrier
?
Chez
qui
fit‐il
son
apprentissage
?
Quand,
âgé
de
vingt‐six
ans,
il
se
marie
le
31
janvier
1855,
sa
situation
a
bien
changé.
Epousant
Adélaïde
Kley,
d’une
famille
de
mariniers
depuis
longtemps
implantée
dans
le
faubourg
d’Yonne,
il
est
alors
«
maître
peintre
en
bâtiments
»,
nous
apprend
l’acte
de
mariage.
Parmi
les
témoins
signant
cet
acte,
deux
notables
:
«
Emile
Cornisset‐Lamotte,
48
ans,
conseiller
à
la
Cour
impériale
des
Anciens,
demeurant
à
Amiens
(de
la
famille
sénonaise
des
Cornisset‐Lamotte,
tanneurs)
et
François
Semoult,
62
ans,
chef
de
bataillon
en
retraite,
chevalier
de
la
Légion
d’Honneur
»
(A.M.S.
E
173)
Vuidot
demeure
alors
43
(actuel)
Grande
Rue.
C’est
là
que
se
déroulera
sa
carrière
professionnelle.
Au
moment
de
prendre
sa
retraite
en
1879,
il
ira
habiter
au
6,
à
côté
de
l’hôtel
de
la
Marine.
Il
y
décèdera
en
1902.
Pourquoi
Maurice
Vuidot,
son
fils,
né
le
1er
mai
1856,
qui
avait
appris
le
métier
de
peintre
dans
l’atelier
paternel
ne
lui
avait‐il
pas
succédé
en
1879
?
Nous
allons
retrouver
Maurice
Vuidot
ci‐après
et
tenter
de
répondre
à
cette
question.
Le
successeur
d’Auguste
Vuidot
se
nomme
Auguste
Lods.
3
.
Les
Lods,
Père
et
Fils,
peintres
en
bâtiments.
Faisons
d’abord
connaissance
avec
la
famille
Lods.
Pourquoi
Gustave
Lods,
né
1818
à
Beaumont
(Haute‐Saône),
venant
de
Besançon,
vint‐il
s’installer
à
Sens,
11
Grande
Rue,
en
1859,
pour
y
ouvrir
une
boutique
d’horlogerie
?
Veuf
en
1848,
puis
remarié,
il
est
accompagné
de
sa
nouvelle
épouse
et
de
leurs
trois
enfants
âgés
de
huit
à
trois
ans
:
Henri,
Auguste
et
Louise.
Notons
que
son
fils
du
premier
lit,
Charles‐Emile,
né
à
la
Chaux‐de‐Fonds
(canton
de
Neufchatel
–
Suisse)
en
1844
était
resté
à
Besançon
où
il
va
devenir
horloger
sans
doute
chez
un
patron.
Fréquentant
le
nouveau
foyer
paternel,
ses
venues
à
Sens
lui
permettront
de
découvrir
les
charmes
d’Ernestine
Lange
dont
le
père
tient
auberge,
13
Grande
Rue,
à
côté
de
l’horlogerie.
Les
deux
jeunes
gens
se
marieront
le
12
septembre
1871
et
Charles‐Emile
travaillera
dans
la
boutique
d’horlogerie
de
son
père
jusqu’en
1877,
puis
quittera
Sens.
Son
demi‐frère,
Henri
le
remplacera
pendant
quelques
temps
puis
l’horlogerie‐bijouterie
sera
reprise
par
Pierre‐Isidore
Bedu.
Pendant
tout
ce
temps,
l’autre
fils
Lods,
Auguste,
avait,
lui
aussi
grandi,
et
s’était
trouvé
en
âge
de
travailler.
.
Auguste
Lods
était
né
à
Besançon
en
1854.
Il
a
donc
cinq
ans
quand
il
arrive
à
Sens
avec
ses
parents.
Il
décidera
de
devenir
peintre
en
bâtiments.
Où
effectua‐t‐il
son
apprentissage
?
Chez
Auguste
Vuidot
En
1878,
il
succède
à
Auguste
Vuidot.
Il
s’installe
d’abord
au
domicile
de
son
père
puis,
après
s’être
marié
avec
Héloïse
Marchand,
dont
le
père
est
marchand
de
chaussures
à
Villeneuve
sur
Yonne,
il
ira
demeurer
en
1880,
8
rue
du
Palais
de
Justice
(aujourd’hui
10
et
12)
où
il
installe
son
atelier.
Désormais,
la
famille
Lods
et
l’entreprise
de
peinture
Lods
se
trouvent
établies
rue
du
Palais
de
Justice
pour
un
demi‐siècle.
Un
fils,
Georges,
y
était
venu
au
monde
en
octobre
1881.
Auguste
Lods
était
toujours
en
activité,
secondé
par
Georges,
quand
celui‐ci
se
maria
en
1910.
Il
laissera
alors
la
place
au
jeune
ménage,
et
bientôt
son
fonds,
allant
demeurer
d’abord
7
Grande
Rue,
puis
10
rue
Savinien
Lapointe.
En
1914,
il
dut
diriger
l’entreprise
alors
que
son
fils
était
au
front.
Il
décèdera
en
août
1917.
.
Georges
Lods,
né
donc,
en
1881
rue
du
Palais
de
Justice,
commença
sa
formation
professionnelle
chez
son
père.
Ses
prédispositions
pour
la
décoration
l’amenèrent
à
aller
faire
des
stages,
d’abord
à
Saint‐Laurent‐du‐Var
(Alpes‐Maritimes)
à
l’école
d’Eugène
Faon,
puis
à
Paris
où
il
participa
à
des
travaux
de
décorations
au
palais
Bourbon.
Devenu
patron
avant
la
Grande
Guerre,
il
partit
au
front
où
sa
courageuse
attitude
lui
valut
de
se
voir
décerner
la
Croix
de
Guerre,
puis
la
Légion
d’Honneur.
Reprenant
la
direction
de
son
entreprise
de
peinture,
il
décide
en
1927
de
quitter
la
rue
du
Palais
de
Justice
pour
s’établir
17
rue
Victor
Guichard
où
l’immeuble
et
des
dépendances
permettraient
un
fonctionnement
plus
aisé
de
ses
activités.
Il
va
y
poursuivre
ses
activités
pendant
trente
ans.
Veuf,
remarié
en
1945,
il
prit
sa
retraite
en
1958
et
alla
demeurer
7
rue
Sinson,
où
il
mourut
le
21
mai
1973.
Homme
prévoyant,
Georges
Lods
avait
préparé
sa
succession
dès
1949.
.
L’entreprise
sénonaise
de
peinture
Sénonais
de
naissance,
Jean
Duponchel,
dont
nous
connaissons
le
père,
Me
Duponchel,
notaire
se
sentant
attiré
par
la
vie
des
entreprises,
suivit
dès
1948
des
stages
chez
Georges
Lods.
Il
va
d’abord
s’initier
aux
activités
commerciales
d’achat,
de
vente,
de
gestion.
Puis,
il
se
rendra
à
Reims,
comme
élève
de
l’Ecole
de
décoration
Blot
(qui
existe
toujours)
pour
y
suivre
une
formation
artistique
et
technique.
Il
succèdera
à
son
patron,
Georges
Lods,
en
1958,
pour
une
carrière
qui
se
terminera
en
1994.
De
huit
ouvriers
au
début,
l’entreprise
en
comptait
presque
cinquante
à
la
fin.
4
L’entreprise
sénonaise
de
peinture
avait
la
confiance
d’une
clientèle
de
choix,
comme
la
ville
de
Sens,
la
société
des
Eaux
de
la
ville
de
Paris,
la
société
d’H.L.M.,
la
Banque
de
France,
le
château
de
Fleurigny…
Autant
dire
qu’il
ne
s’agissait
pas
uniquement
«
d’étaler
de
la
peinture
»,
mais
que
certains
chantiers
requéraient
un
véritable
sens
artistique.
Rafraîchir
la
peinture
des
salons
de
l’Hôtel
de
ville
ne
peut
être
confié
à
tout
le
monde.
Réaliser
la
peinture
des
salles
du
nouveau
musée
non
plus.
Restituer
son
décor,
tant
intérieur
qu’extérieur
au
marché
couvert
fut
un
succès
dont
l’entreprise
peut
s’enorgueillir,
et
d’abord
Michel
Chamoy,
son
peintre‐décorateur,
formé
à
la
même
école
que
Jean
Duponchel.
Cela
méritait
récompense.
Aussi
avons‐nous
proposé,
en
notre
qualité
de
maire‐adjoint
chargé
des
Affaires
culturelles,
de
décerner
le
Prix
artistique
de
la
Ville
de
Sens
à
Michel
Chamoy.
C’est
ce
que
le
Conseil
municipal,
unanime,
décida
en
1985.
Jean
Duponchel,
qui
siégea
de
nombreuses
années
au
tribunal
des
Prud’hommes,
prit
sa
retraite
en
1994.
L’entreprise
fut
alors
transférée
au
39
rue
Victor
Guichard
et
Daniel
Picard,
jusqu’alors
contremaître,
en
prit
la
direction.
Nous
souhaitons
longue
vie
à
l’Entreprise
Sénonaise
de
Peinture.
Remontons
le
temps
jusqu’en
1879
où
Auguste
Vuidot
avait
cédé
son
entreprise
à
Auguste
Lods
et
non
à
son
fils,
Maurice.
B) De
Maurice
Vuidot
à
Henri
Wolf,
peintres
en
bâtiments.
.
Maurice
Vuidot
était
né
à
Sens
le
1er
mai
1856.
Pourquoi
n’avait‐il
pas
pris
la
succession
de
son
père,
Auguste,
qui,
comme
nous
venons
de
le
voir,
céda
son
entreprise
à
Auguste
Lods
en
1879
?
Nous
pouvons
suivre,
grâce
aux
recensements
quinquennaux
de
la
population,
la
jeunesse
de
Maurice
Vuidot.
Ainsi
le
découvrons‐nous
ouvrier
peintre
chez
son
père,
43
Grande
Rue,
en
1876…
et
le
retrouvons
établi
peintre,
demeurant
chez
son
père,
rentier,
6
Grande
Rue
lors
du
recensement
de
1881.
De
même,
il
n’est
inscrit
sur
les
listes
électorales
qu’à
partir
de
celle
arrêtée
au
31
mars
1882,
alors
que,
s’il
avait
habité
Sens,
devenu
majeur
le
1er
mai
1877,
il
y
aurait
figuré
dès
celle
de
1878.
Que
s’était‐il
passé
entre
temps
?
A‐t‐il
quitté
Sens,
par
exemple
pour
effectuer
son
service
militaire,
obligatoire
pour
tous
depuis
la
loi
du
27
juillet
1872
?
En
juillet
1884,
il
épouse
Marie‐Claire
Guillon
dont
les
parents
sont
épiciers,
en
face,
7
Grande
Rue.
C’est
là
qu’il
va
aussitôt
habiter,
profitant
sans
doute
des
dépendances
de
l’immeuble,
qui
donnent
sur
l’impasse
de
la
Grosse
Tour,
pour
y
installer
son
atelier.
Sa
carrière
s’y
déroulera
jusqu’en
1926.
Son
fils,
Marcel,
né
en
1885,
n’avait
pas
été
séduit
par
l’idée
de
devenir
peintre
en
bâtiment.
Après
avoir
fréquenté
le
lycée
de
Sens,
il
quittera
sa
ville
natale
pour
Paris
où
il
se
mariera
et
deviendra
rédacteur
aux
Chemins
de
Fer
de
l’Etat.
L’âge
de
la
retraite
venu,
Maurice
Vuidot
avait
donc
dû
chercher
un
repreneur
pour
son
entreprise.
Avant
de
le
quitter,
notons
qu’il
était
le
directeur
de
la
fanfare
des
sapeurs‐pompiers.
Il
décéda,
habitant
toujours
7
Grande
Rue,
en
1938.
.
Henri
Wolf,
peintre
en
bâtiment.
L’Union
de
l’Yonne
du
15
octobre
1926
annonce
que
Maurice
Vuidot
venait
de
vendre
son
entreprise
à
Henri
Wolf.
Henri
Wolf,
qui
était
né
au
Havre
en
1880,
ira
tout
de
suite
s’établir
71
Grande
Rue,
en
face
des
Galeries
Parisiennes.
Et
la,
outre
les
travaux
de
peinture
à
domicile,
il
tient
boutique,
comme
le
montrent
ses
en‐têtes
de
factures
:
PEINTURE
–
DECORATION
–
VITRETRIE
Couleurs
et
Vernis
ANCIENNE
MAISON
M.
VUIDOT.
Fondée
en
1845
HENRI
WOLF
Successeur
71
Grande
Rue
–
SENS
(Yonne)
5
Enseignes
en
tous
genres
Miroiterie
Réargenture
de
Glaces
Gravures
–
encadrements
SPECIALITE
DE
PAPIERS
PEINTS
Arrêtons‐nous
sur
la
mention
«
maison
fondée
en
1845
».
Comme
nous
l’avons
vu,
en
1845,
Auguste
Vuidot
n’avait
que
17
ans.
Il
est
peu
probable
qu’il
ait
créé
son
entreprise
à
cet
âge‐là.
Par
contre,
à
l’époque,
un
certain
Hubert
Serré
était
peintre‐vitrier,
39
(actuel)
Grande
Rue
(recensement
de
1846
et
1851).
Il
en
avait
disparu
en
1856,
alors
qu’Auguste
Vuidot
était
installé
au
43
avant
1855.
N’y‐t‐il
là
que
simple
coïncidence
?
En
1932,
Wolf
céda
sa
boutique
de
la
Grande
Rue
à
André
Marlaud
qui
tiendra
commerce
de
droguerie‐papiers
peints,
pour
aller
s’établir
33
rue
de
Paris
(rue
du
général
Leclerc)
où,
là,
il
n’a
plus
qu’un
atelier.
Il
cessa
ses
activités
peu
après
la
dernière
guerre.
Il
aura
pour
successeur,
Edouard
Tonnelier,
jusqu’alors
installé
34
rue
Jossey.
6