Découvrir Déols
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Découvrir Déols
Bulletin de liaison des Membres de l’Ordre des Palmes Académiques de l’Indre Découvrir Déols... Le mercredi 16 octobre 2013, l’AMOPA de l’Indre a tenu son Assemblée Générale au collège Rosa Parks à Châteauroux. Sommaire du N°1 A cette occasion, les membres de l’association étaient conviés, le matin, à découvrir non seulement l’abbaye de Déols, qui fut jadis prospère Le mot de la Présidente.................1 et prestigieuse, son histoire et ses vestiges, qui, encore imposants, témoignent de l’importance de Une conférence de Georges Lerbet à Issoudun...................2 Décès de Georges LERBET, ancien Président de notre section......................3 La climatologie des établissements..........4 Benjamin Rabier, l’artiste touche-àtout...........................5 Découvrir Déols et son histoire (suite de la page 1) 8 Le bureau de l’Amopa 36............................10 cette structure, mais aussi la vieille cité et les Promotion de janvier surprises qu’elle réserve à qui prend le temps de flâner par ses rues et d’ouvrir les yeux. et de juillet 2013 des Palmes Académiques Monsieur Pierre Remérand, président des Amis ................................11 du vieux Châteauroux, qui va être notre guide, regroupe d’abord, autour de la maquette de Les publications nationales...............12 l’abbaye, au cœur de la salle voûtée de l’Office de Tourisme implanté dans ce qui était à l’époque une partie des cuisines de l’abbatiale, la quinzaine de participants décidés à braver la pluie. Suite page 8 Les conditions météorologiques, la politique, la situation économique et sociale, l’actualité même, souvent nous divisent ; les problèmes familiaux et personnels nous isolent, nous enferment dans notre petite bulle ; mais, dans ces moments de grande solitude et de désarroi, nous aspirons à voir un visage amical, à entendre une voix affectueuse, susceptibles de nous sortir de ce marasme. Bref, pour exister pleinement, nous avons besoin des autres : c’est dans l’autre que nous puisons notre force et notre reconnaissance. Pour exister, une association aussi a besoin de tous ses membres et pas seulement de ceux qui constituent le bureau, expédient les affaires courantes, débattent et décident des propositions susceptibles de plaire au plus grand nombre. Imaginez la déception lorsque, le projet discuté, amendé et validé, la date arrêtée, les contacts pris, tous ces efforts, tout ce temps passé tombent à plat et ne rencontrent que le silence ou, pire encore, l’indifférence. Ce fut le cas de la sortie de printemps, prévue pour le 25 mai, annulée par manque de participants. Mais, plus que tout, nous affectent l’ignorance des raisons du rejet de la proposition et le fait de devoir nous contenter de conjectures. Le silence est improductif, sauf à susciter, comme ici, doute et déstabilisation. Ce nouveau numéro d’AMOPA-lien vous apporte des informations sur la vie de notre association et, du moins nous l’espérons, quelques éléments d’enrichissement. Toutefois, pour qu’il joue pleinement son rôle de lien, ne restez pas silencieux, n’hésitez pas à nous transmettre vos commentaires, vos critiques, vos envies. Vos remarques et suggestions, votre contribution, quelque forme qu’elle prenne, nous seront précieuses pour l’avenir. Ouvrons notre curiosité au monde qui nous entoure, restons vigilants à autrui, partageons, échangeons vraiment : les moyens ne nous manquent pas. Et en attendant, bonne lecture à tous. La Présidente de l’AMOPA36, B. Billard Décembre 2013 AMOPA'lien-36 n°1 - Page 1 Regards sur la laïcité Quelques remarques autour d’une conférence de Georges Lerbet, Président honoraire de L’AMOPA36 P our le commun des mortels, le terme de laïcité est lié à l’évocation de conflits affectant l’espace public, qui ont émaillé la vie de notre pays, au souvenir de ces guerres (grandes et petites) entre les écoles privées confessionnelles et celles de la République : on rappelle notamment les manifestations suscitées par le projet puis la loi Savary en 1984, durant le premier septennat de François Mitterrand ou, plus récemment, les remous provoqués par le port du voile. Il va sans dire qu’il s’agit là d’une vision réductrice de la laïcité, dont on finit par oublier l’existence tant elle fait partie de notre vie quotidienne, et qui se rappelle à nous à l’occasion de mouvements éruptifs lorsque des menaces semblent peser sur son intégrité. Pour permettre à chacun de faire le point, d’étendre le champ de sa réflexion, de prendre un peu de recul, l’UTL d’Issoudun a invité, en mai 2013, le professeur Georges Lerbet, spécialiste des sciences de l’éducation, à parler du regard qu’il porte sur la laïcité, un sujet sensible pour le philosophe qu’il est. Annoncée comme une conférence, la prestation a plutôt pris l’aspect (bien moins rébarbatif) d’une causerie, d’un entretien. Avant d’aboutir, en France, à la loi de décembre 1905, qui consacre la séparation des églises et de l’état, le processus de laïcisation a connu une longue histoire, que nous rapporte Georges Lerbet dans ce qui constitue une première partie informative, avant de nous faire part de ses réflexions, de ses questionnements, puis de tenter d’apporter une réponse et des éclaircissements aux questions que nous avions en amont de cette rencontre ou à celles qu’elle aura générées. Tout commence par une définition en rapport avec l’étymologie : « Laïcité » vient du grec « laos » (en langue ionique) [leôs en langue dorique] qui désigne la foule, le peuple en tant que nation (par opposition à « dèmos », le peuple, au sens politique et hiérarchique, c’est à dire l’ensemble des citoyens) mais sans les membres religieux quels qu’ils soient, de sorte que « laïkos » et « klèrikos » sont antagonistes. Autrement dit, pour saisir cet état particulier qu’est la laïcité à la française, il convient de distinguer ce qui est de l’ordre du profane politique (le laïc) et ce qui est de l’ordre du religieux, du sacré (le clerc ou le clérical). En survolant le cours de l’histoire jusqu’au principe affiché de laïcité, on s’aperçoit que c’est au temps de Louis XIV que les pistes ont été brouillées, le roi mêlant, dans l’institution étatique, ce qui est d’ordre politique et la personne royale sur laquelle a été captée la sacralisation. (On se souvient de la formule fameuse : « L’état, c’est moi.») C’est ainsi que le roi seul est sujet de la France ; mais ce roi a des sujets qui lui doivent tout. Cette situation va donner matière à débats et agiter le Siècle des Lumières. C’est pourquoi, en 1789, la revendication qui passe au premier plan est que chaque individu devienne sujet de lui-même, ce qui, défini par la Constituante, aboutit à la Déclaration des Droits de l’Homme adoptée en 1791. Malgré cette avancée (enviée, redoutée, et parfois copiée par les autres nations) qui, commencée au sein des institutions, a constitué l’essence même de la Révolution de 1789, la laïcisation, bien qu’inéluctable, se construit lentement jusqu’au début du XXe siècle, l’athéisme ne pouvant s’affranchir du principe de la croyance et de l’idée de doute. Avant cette année 1905 et la Loi de Séparation, qui voit la création de « l’école de la raison » face à « l’école de la croyance », il y a eu les lois de Jules Ferry du 28 mars 1882, qui instituaient l’obligation scolaire pour tout individu, c’est à dire l’obligation pour chacun d’être instruit, mais non d’aller à l’école. La gestion de l’Instruction Publique, créée à la fin du XVIIIe siècle, dépendait à l’origine du ministre de l’intérieur. Il faut attendre 1824 pour voir la nomination d’un ministre de l’Instruction Publique qui a en charge les deux administrations, les Affaires Ecclésiastiques et l’Instruction Publique. La cohabitation n’est pas toujours simple. C’est seulement en 1908 que l’Instruction Publique constitue un ministère à part entière, qui deviendra en 1932 le Ministère de l’Education Nationale. Mais revenons au début du XXe siècle. L’ambition du Ministère de l’Instruction Publique d’alors consiste à faire accéder au savoir toute la population. Ouvrons à ce propos une parenthèse pour faire une distinction entre savoir et connaissance(s) trop souvent mis sur le même plan (et parfois confondus avec informations) : Le savoir, désignant ce qui se tient AMOPA'lien-36 n°1 - Page 2 hors de soi et que l’on s’approprie, s’applique à l’ensemble des notions acquises par une activité mentale suivie, tandis que la connaissance s’applique à quelque chose qui vient de l’intérieur ; les connaissances désignent un ensemble de renseignements recueillis sur un ou plusieurs sujets, et assimilés, qui émergent au moment voulu.... La République se charge donc de la construction du savoir, qui est alors organisé comme forme pédagogique sur un programme d’études de type laïc, qui laisse le reste au domaine privé, chacun gardant en effet la liberté d’avoir ou non une religion et de la pratiquer dans la sphère privée. En matière d’instruction, on partait alors du principe qu’en surprenant les enfants on les intéressait. Mais les choses ont évolué et, face aux problématiques de l’espace politique et de ses paradoxes, force est de constater que l’école d’aujourd’hui, en s’appuyant sur la toute puissante didactique, qui aboutit à privilégier un point de vue que l’on présente comme celui qui convient à tous, s’intéresse avant tout à l’absorption du savoir par la masse et oublie de se préoccuper de celui qui le reçoit. C’est rejeter l’idée qu’un fait peut être abordé de plusieurs façons. C’est tomber dans le dogmatisme au niveau de l’opinion que faire l’économie d’une certaine forme de savoir en renonçant à l’exercice de l’esprit critique. C’est passer de raison raisonnante à raison sans critique. Et le paradoxe dans tout cela c’est qu’on consacre aujourd’hui plus de temps à l’éducation qu’à l’enseignement. Si la laïcité est désormais bien implantée en France, elle n’en est pas moins confrontée à nombre de paradoxes ; mais faut-il vraiment, dans une société toujours mouvante, rechercher à tout prix une cohésion, l’imposer et la figer ? Le débat est ouvert. Questions, remarques et réserves peuvent alors s’exprimer. Une personne de l’assistance s’étonne que ses parents ne soient jamais allés à l’école et n’aient jamais su ni lire ni écrire, sinon tardivement pour l’un d’eux, alors que l’obligation scolaire existait déjà. La discussion s’engage sur l’ignorance, incomplétude de l’homme, l’illettrisme souvent confondu avec l’analphabétisme. Des chiffres évoqués, il résulte que le taux d’illettrisme est aujourd’hui plus important qu’il ne l’était avant la dernière guerre. Encore un paradoxe ! Les interventions suivantes portent sur des aspects aussi divers les uns que les autres, comme la spécificité des U.S.A., qui, Supremum vale ! U ne grande voix humaniste s’est tue. Notre ami Georges LERBET, brillant universitaire, philosophe, spécialiste des sciences de l’éducation, nous a quittés ce dimanche 20 octobre 2013. Plongés dans la tristesse par la perte soudaine de ce compagnon de route, nous nous sommes tous sentis comme des orphelins. Georges était né à Saint Marcel le 30 juillet 1936, et c’est dans ce petit bourg de l’Indre qu’il a terminé sa vie, auprès de Pierrette, son épouse, et en étroite relation avec ses trois enfants et ses petits enfants, car cet homme affable, simple et discret, était profondément attaché à sa famille. Sa carrière fut exemplaire. A sa sortie de l’Ecole Normale de Châteauroux, il est instituteur et psychologue scolaire, de 1956 à 1965, tout en poursuivant des études universitaires (licence de lettres, diplôme d’études supérieures de philosophie, de psychologie pédagogique, et de psychologie expérimentale et comparée). A la fin de son service militaire qu’il a effectué comme officier de marine, il continue ses études universitaires. Après l’obtention de son doctorat de 3e cycle en psychologie expérimentale, il exerce les fonctions de maître-assistant, puis de maître de conférence et de professeur dans les universités de Lyon, de Paris - Sorbonne et de Tours, de 1970 à 1980. Entre temps, il obtient, en 1974, un doctorat d’état en Lettres et Sciences Humaines et il est nommé professeur à l’université François Rabelais de Tours, où il enseigne de 1980 à 1997. Il y dirige de nombreuses thèses en sciences de l’éducation et anime aussi un laboratoire de recherches, le GREFED. Professeur émérite, puis honoraire, des universités, il ne cesse de publier et de donner des conférences. Son dernier ouvrage est en cours de publication. Georges était commandeur dans l’Ordre des Palmes Académiques depuis 1994, et, après la disparition de Guy Chapus, il avait été pendant trois ans président de l’AMOPA de l’Indre. Depuis la fin de son mandat, il était président d’honneur de la section. Son intelligence aiguë, son sens de l’analyse et de la formule, sa rigueur, sa force de conviction, sa détermination, sa générosité, l’attention chaleureuse qu’il portait aux êtres étaient appréciés de chacun. De son abondante bibliographie, on retiendra des ouvrages consacrés à l’éducation, à l’étude de la philosophie et de la Maçonnerie : Ÿ Ÿ Ÿ Ÿ Piaget Editions Universitaires 1971 L’égalité des chances 1978 L’école du dedans 1992 Approche systématique et production de savoir L’Harmattan 1993 Ÿ Système, personne et pédagogie ESF éditeur 1993 Ÿ L’autonomie masquée : histoire d’une modélisation L’Harmattan 1998 Ÿ Le flou et l’écolier : la culture du paradoxe L’Harmattan 2005 Ÿ L’expérience du symbole Editions Véga 2007 Ÿ L’ignorance et la sagesse : essai sur le divin Editions Véga 2009 Ÿ Spinoza 421 : Entre croyance et doute L’Harmattan 2012 Ÿ La Franc-Maçonnerie, une quête philosophique et spirituelle de la connaissance . Armand Colin 2005 Ÿ Une expérience maçonnique : essai de philosophie concrète 2011 Ce n’est là qu’une petite sélection… En tapant Georges Lerbet sur Internet, vous trouverez tous les autres titres de ses œuvres. Suite de la page 2 comme la France, sont un état laïc, qui ont adopté la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et où pourtant les églises jouent un rôle important sans que nul ne semble s’en émouvoir… Ou encore cette faille perçue comme susceptible de fragiliser la laïcité en France, l’existence de ce particularisme dans les deux provinces de l’Est, la Lorraine et surtout l’Alsace. Mise en rapport, chez nos voisins belges, avec l’opposition marquée entre les Wallons et les Flamands beaucoup plus pernicieuse, celle-ci semblerait plutôt anodine. Tandis que l’un fait part de son inquiétude face à une attitude qui consiste à dire aux jeunes que tout est bon, que tout se vaut, ce qui constitue, selon lui, voire aggrave, une perte de repères, un autre exprime sa confiance en la laïcité, école de la tolérance pour lui, absolument indispensable au vi- vre ensemble. « A condition, bien sûr, qu’on ne fasse pas d’elle un problème idéologique, ajoute Georges Lerbet, car l’idéologie peut conduire au pire », avant de rappeler que la laïcité ne combat pas les religions mais empêche les influences religieuses dans l’exercice du pouvoir politique et administratif ; pour le reste chaque individu dispose de sa liberté de conscience et de culte. Bien sûr, j’en oublie… L’échange est varié et serein ; le temps passe… Certains auraient aimé aborder des questions plus concrètes, celles auxquelles on se trouve confronté dans la vie quotidienne : le problème de la laïcité dans les cantines de leurs enfants par exemple, ou la question des fêtes religieuses ne figurant pas dans le calendrier scolaire, ou la pratique et le respect de la laïcité dans le domaine de la santé, ou encore interroger l’intervenant sur AMOPA'lien-36 n°1 - Page 3 la conduite à tenir lorsque, dans les grandes villes particulièrement, on assiste à la sape insensible de cette valeur à laquelle tous sont attachés. Mais, parce qu’ils ont hésité à se manifester et que maintenant il se fait tard, ils se sentent un peu frustrés. Le sujet est loin d’être épuisé et l’échange se poursuit dehors devant le bâtiment ; on ne peut que s’en réjouir et y voir la preuve de la vitalité de la laïcité. L’assistance a goûté cet entretien de haute volée, à l’intelligence subtile, brillant et très pédagogique à la fois, nourri de réflexions et de références philosophiques, qui, si elles dépassaient parfois l’entendement des auditeurs présents, ne les ont pas moins captivés ; et chacun constatait en sortant qu’élever le débat fait parfois beaucoup de bien. Béatrice BILLARD La climatologie des établissements Par François VANHEEGHE I l semblerait que des événements dramatiques surviennent de plus en plus fréquemment à l’intérieur ou à l’extérieur d’établissements scolaires. La tendance est souvent dans ces circonstances d’en rejeter la responsabilité du côté des parents, des mentalités qui ont mal évolué et des élèves peu concernés par l’école. Nous voudrions simplement attirer notre attention sur d’autres préoccupations qui pourraient aujourd’hui changer complètement l’atmosphère dans nos établissements. La question que nous devrions nous poser est peut être : comment créer un climat harmonieux et serein dans nos établissements ? Nous avons tous éprouvé le plaisir provoqué par un rayon de soleil, une température clémente, une douce quiétude. Alors… Alors que faire, comment s’y prendre ? Eh bien je vous propose quelques angles d’attaque qui concernent toute la collectivité. Appelons cela les 4 C. Les 4 C sont connus de tous : Cadre de vie, Communication, Citoyenneté, Culture. 4 C placés sous le signe d’un Dialogue permanent. Définissons la climatologie : Le climat d’un établissement : météorologie de l’harmonie et de la sérénité dans nos établissements, qui peut se définir à partir de plusieurs critères, d’indicateurs permanents. 1. L’environnement extérieur, intérieur, donc le cadre de vie qui doit donner à l’établissement une identité. Chez soi, on essaie de rendre l’environnement plus attrayant, pimpant, coloré… Pourquoi l’école serait-elle neutre, triste, quelconque ? On est sûr maintenant que l’environnement a une importance considérable sur les comportements, surtout si on participe à sa construction, son renouvellement : décorer, planter… 2. L’attachement à des valeurs : respect de l’autre en n’oubliant pas la réciprocité. Oui, respect du matériel, reconnaissance, rapports de confiance, dialogue, attachement à des principes, élaboration collective d’un règlement simple basé sur des modalités de fonctionnement qui concernent aussi bien l’équipe des professionnels que les élèves. 3. Rendre les élèves responsables. C’est leur établissement, c’est pour eux qu’il a été conçu. Cette responsabilité ne concerne pas seulement les élèves délégués de leur classe, mais tous les élèves. D’où : comment accorder une responsabilité à chaque élève : la relation avec le CDI, le bon entretien de l’établissement, le lien avec les élèves en difficulté de santé, les informations sur les éléments culturels proches… Une façon de redonner le sens des responsabilités à chacun, d’être concerné toujours plus par l’engagement dans la vie de l’établissement. 4. Développer les rencontres avec les parents pour leur montrer que nous sommes très attachés à la réussite de leurs enfants. Créer d’authentiques dialogues : partager, écouter, expliquer… C es quelques propositions sont primordiales. Oui, pour apprendre, travailler, promouvoir, développer, il faut que cela se fasse dans un climat de confiance, de partage, de plaisir. Quel bonheur d’être enseignant, quel plaisir d’aller à l’école, de rencontrer ses professeurs dans un concert, un spectacle sur lequel ils ont attiré notre attention. Nous allions oublier un ou deux délégués au déchiffrage des programmes de télévision… Enfin, pour ne pas nous lasser, il y a deux domaines que nous devrions privilégier et intégrer à nos préoccupations quelle que soit la discipline enseignée : développer l’esprit d’initiative et l’esprit critique. Oui, analyser une situation, en faire ressortir toutes les composantes, tous les effets… Enseigner, c’est aussi éduquer, imaginer, créer, rechercher, promouvoir, ne jamais se décourager ni reporter sur les autres la responsabilité. Etre sage, docile, cela ne suffit plus, il faut y mettre de la Vie. Pour bien se souvenir de ces propositions, une autre façon de les retenir : Règle des 4 C & 1 D 4C: Ÿ Ÿ Ÿ Ÿ Cadre de vie Citoyenneté Communication Culture (c’est-à-dire ouverture sur l’extérieur, le monde) 1D: Ÿ Dialogue permanent L'ASSOCIATION DES MEMBRES DE L'ORDRE DES PALMES ACADÉMIQUES L'Association des Membres de l'Ordre des Palmes Académiques (AMOPA), créée en 1962 et placée sous le haut patronage du Président de la République, du Ministre de l'Éducation Nationale et du Grand Chancelier de la Légion d'Honneur, est reconnue d'utilité publique depuis 1968. Elle est composée d'hommes et de femmes ayant reçu la « décoration violette » c'est à dire les Palmes Académiques. Cette décoration récompense les services rendus à la jeunesse. Elle compte aujourd'hui 151 sections, dont 116 en France métropolitaine et dans les DOM TOM, le complément à l'étranger. Elle est présente sur les cinq continents. Elle regroupe 23 500 adhérents. L'AMOPA offre à ses membres la possibilité de se rencontrer au cours d'activités culturelles nombreuses dans un climat de chaleureuse amitié. Elle est un carrefour et un réseau de compétences et de générations. Elle forme une grande communauté humaine et culturelle, chaleureuse, respectueuse des uns et des autres. Réunissant les élites intellectuelles éparpillées de par le monde, elle réalise une sorte de rêve de société idéale, fondée non sur le profit mais sur un profond humanisme. Ayant embrassé le foisonnement de cette fin de siècle et de millénaire, et participé à toutes les vibrations de son époque, l'aventure hors du commun de l'AMOPA s'apparente à une entreprise plus riche de découvertes, d'émerveillements, d'expériences humaines que toutes les sagas que retient l'histoire ou qu'ont pu inventer le cinéma ou la littérature. « La Revue de l'AMOPA », trimestrielle, et les « Bulletins des sections » sont les organes d'information et de communication des membres de l'Association. L'assemblée générale statutaire se déroule dans le cadre du congrès de la Pentecôte, qui réunit chaque année près de cinq cents représentants des différentes sections. AMOPA'lien-36 n°1 - Page 4 Benjamin Rabier l’artiste touche-à-tout, ou Le parcours édifiant d’un homme qui voulait s’en sortir… Par Béatrice BILLARD, présidente de l’AMOPA36 Mort depuis près de 74 ans, Benjamin Rabier se trouve aujourd’hui au centre d’une rivalité sans âpreté, souriante certes autant que stimulante, entre l’Indre et la Vendée, qui le revendiquent comme enfant du pays. Je me garderai de prendre parti et constaterai avec son biographe Olivier Calon, qu’il est Vendéen par sa mère et par son lieu de naissance, Berrichon par son père, par ses années de «villégiature » dans la région et par son lieu d’inhumation, et pour finir Parisien par hasard et par nécessité. Mais j’entends déjà cette remarque : Qui donc est cet homme que l’on se dispute ainsi ? Qui ? Mais tout le monde le connaît, ou plutôt connaît l’une de ses illustrations célébrissimes, celle d’une vache au grand sourire sur une boîte de fromage fondu. Benjamin Rabier est en effet non seulement, comme le dit le documentaire que Marc Faye vient de lui consacrer, L’homme qui fait rire les animaux, mais le « père » de La vache qui rit. Ce n’est pourtant là qu’un détail, car cet artiste, décoré de l’Ordre des Palmes Académiques, ou plutôt, à l’époque, dans les années 1912-1913, élevé au grade d’Officier d’Académie, a beaucoup d’autres œuvres à son actif et une vie bien remplie. Dessinateur, illustrateur, affichiste, créateur d’albums à succès et des premiers films d’animation, dramaturge à l’occasion, voire auteur d’opérettes, il a touché à tout et souvent avec bonheur. nom), le 30 décembre 1864. Son père, originaire du Berry, était arrivé là, comme compagnon menuisier, (sous le nom de Berry, bien sûr) dans le cadre de son Tour de France. C’était compter sans Cupidon, et sans Marie, qu’il épouse en 1863. En 1866, Benjamin aura un frère, Henri-Aimé. journée pour se consacrer au dessin, il choisit de travailler la nuit et demande sa mutation aux Halles de Paris, où il entre, le 1er avril 1890. Il y restera 20 ans, jusqu’en janvier 1910, à la grande satisfaction de sa hiérarchie, qui, régulièrement, fait état de son sérieux et de sa compétence, et il gravira tous les échelons. Comme le salaire est mince, il trouve un emploi de complément au Nouveau Cirque, au contrôle des billets, et s’enthousiasme pour le numéro des clowns Footit et Chocolat, les vedettes de l’époque. Parce qu’il a refusé un billet d’entrée gratuit à un journaliste du Petit Journal, il est renvoyé. Les temps sont durs, et, comme nombre de provinciaux poussés par la nécessité, la famille part, en 1869, pour Paris qui, bien que vaste chantier, est loin d’être un paradis pour les miséreux. Ils s’installent dans le quartier pauvre des Buttes Chaumont. Tout est difficile : la guerre, puis la défaite et le siège de la capitale rendent la situation encore plus pénible, tandis que Caran d’Ache, qu’il a connu au sévissent famine et froid. Tout cela Nouveau Cirque, le recommande au Gil Blas marquera profondément le jeune Benjamin. Illustré où son premier dessin est publié en février 1892. Malgré la rudesse de la En 1872, la famille déménage dans concurrence et les pressions très fortes, il le quartier Vaugirard et l’enfant fréquente trouve des collaborations régulières dans l’école des Frères des Ecoles Chrétiennes, où plusieurs journaux. Il dessine aussi des l’enseignement est gratuit, mais austère et affiches, illustre des partitions de chansons, rude. Il y révèle ses dons pour le dessin et la améliore ses techniques et s’installe dans le peinture et, en 1879 et 1880, il obtient le Prix milieu des illustrateurs, bien décidé à ne pas de dessin de la ville de Paris et se voit revivre les privations d’antan et à grimper attribuer une bourse pour poursuivre ses dans la hiérarchie sociale. Il évite, parce que études à l’école Jean-Baptiste Say ; mais il ce n’est pas son tempérament, les prises de n’en profitera pas : il a 15 ans et il doit position politiques, même s’il ne peut gagner sa vie. s’empêcher d’être parfois acerbe, sur le colonialisme notamment, ou lorsqu’il s’agit Il entre comme manutentionnaire dans de dénoncer la bêtise, la cruauté, une maison de passementerie, chez l’hypocrisie dans tous les domaines. Vaugeois et Binot ; mais le travail répétitif ne lui convient pas. Mis à la porte, il est employé à la Caisse Commerciale de Paris, qu’il quitte, en 1883, pour la Caisse des dépôts et comptes courants. Après son travail, il suit quelques cours de dessin, de Français et de mathématiques. En 1885, il a 20 ans ; l’armée l’appelle. Il est affecté à Arras, au 33e régiment d’infanterie. Il remporte un concours pour décorer la salle d’honneur de son régiment et, revenu à Paris, avec le grade de sergent fourrier, il est affecté à la surveillance de la bibliothèque de la caserne où il découvre les albums de Gustave Doré, de Daumier, de Gavarni… Non seulement il s’essaie sur ces Il choisit un humour bon enfant, modèles mais il laisse libre cours à son accessible à tous. imagination… Il lit aussi beaucoup. Le 2 octobre 1894, il épouse la fille d’une amie de sa mère, une jeune modiste, Fonctionnaire la nuit, Sophie Giroux, qui, pendant leurs 45 ans de dessinateur le jour. vie commune, ne cessera de lui apporter une Libéré en septembre 1889, il retrouve aide précieuse. Trois enfants vont naître de cette le logement familial, mais il doit maintenant union : Benjamin -Henri en 1895, Suzanne assumer son existence : on le pousse vers la en 1897 et Simone en 1911. sécurité, l’Administration. Il passe le Une enfance difficile concours d’entrée, intègre le service des Tandis qu’il travaille avec de nouveaux Il naît à Napoléon -Vendée, aujourd’hui perceptions municipales de la Préfecture de journaux, Le rire et Pêle-Mêle, un premier La Roche sur Yon (où une rue porte son la Seine mais, afin de pouvoir disposer de sa AMOPA'lien-36 n°1 - Page 5 album, modeste, voit le jour, et, en 1898, Académiques et, en 1913, il est fait chevalier paraît Tintin-Lutin. dans l’ordre de la Légion d’honneur. Si l’adaptation illustrée du Roman de Renard est loin d’avoir le même impact que les Fables, ,Les Histoires Naturelles de Jules Renard le ramènent en pleine lumière. vache hilare, La Wachkyrie, clin d’œil aux Walkyries, qui, reprise ultérieurement, (non sans quelques péripéties), deviendra, en 1923, l’emblème de La vache qui rit. Il crée aussi le personnage de Flambeau, le chien de guerre. La fin de la guerre le laisse brisé : alors que sa femme se trouvait à Lye avec les En 1900, il achète un terrain près de l’église de Lye et se fait construire une maison sur trois niveaux. Si sa double carrière est maintenant bien assurée, il n’en travaille pas moins d’arrache-pied et, en 1904, sur le terrain qu’il vient d’acquérir près de chez lui, dans le XVe arrondissement, non loin de la Tour Eiffel, il demande à Bruno Pélissier de lui construire une grande maison. Est-ce par prudence ou pour être plus libre de peindre les travers humains qu’ il introduit de plus en plus d’animaux dans ses dessins ? Mais il faut du savoir-faire: « Dessiner des bêtes, dit-il, c’est l’enfance de l’art. Leur donner une expression triste ou joviale, tout est là. » Il crée un journal pour la jeunesse, l’histoire comique et naturelle des animaux qui paraîtra durant 2 ans, en 1907 et 1908. La presse et l’édition pour enfants le sollicitent et Jules Tallandier lui propose d’illustrer Les fables de La Fontaine. C’est un gros travail mais un grand succès. La reconnaissance officielle suit : on lui octroie le ruban violet des Palmes Il n’en poursuit pas moins sa carrière de dessinateur publicitaire et il accepte même de se consacrer à des produits enfants, leur fils, malade, est mort le 24 dérivés : ses animaux deviennent juillet 1917. notamment des jouets en bois, en tissu, des Ils se défont de la maison de Lye… objets décoratifs, ornent des coussins et de la vaisselle. Il supervise toute cette Grâce à Emile Cohl, Benjamin Rabier a production… découvert le cinéma d’animation et, en 1916, ils réalisent en commun plusieurs La retraite féconde dessins animés avec Flambeau, le chien de guerre. Si les deux premiers déçoivent un En novembre 1908, épuisé par le peu, le 3e est salué par la presse et le 4e, surmenage qu’engendre cette double vie Flambeau sur la lune, marque la fin de la frénétique, il demande à son administration collaboration des deux hommes (mais pas un congé de 3 mois, et, en janvier 1910, celle de leur amitié). Benjamin Rabier, qui a lorsqu’il prend sa retraite anticipée, on lui inventé une méthode de superposition de remet le Mérite Agricole. films transparents permettant de diviser par Le travail ne manque pas : une cent le nombre de dessins (on utilisera ce exposition, deux affiches pour Max Linder, procédé jusqu’à l’arrivée du numérique), deux nouveaux albums, et sa première pièce, poursuit seul, avant de mettre fin à cette car Benjamin Rabier apprécie activité certes passionnante mais dont la particulièrement le théâtre. Encouragé par lourdeur lui pèse. Willy, il écrit, entre 1910 et 1914, 4 Il préfère décidément dessiner des vaudevilles qui sont tous montés. Le succès albums pour enfants avec des animaux au mitigé ne le décourage pas et, en 20 ans, il comportement humain. écrit une bonne quinzaine de pièces. Pour répondre à la demande de Maurice Brizeau d’illustrer un manuel scolaire des Fables de La Fontaine, il réalise 12 panneaux verticaux sur lesquels, en 3 ou 4 dessins, est résumée l’action de la fable. Durant la guerre, il produit des dessins à caractère patriotique et préventif. Il conçoit notamment l’emblème de l’escadrille SAL 39, un lapin blanc sonnant du clairon dans un cercle rouge, qui sera repris plus tard par la marque Gringoire ; c’est à cette époque qu’il crée, pour le service de ravitaillement en viande fraîche, une tête de AMOPA'lien-36 n°1 - Page 6 Faverolles ou la sérénité. Le 28 avril 1921, il devient grand père de 2 jumelles, Benjamine (qui meurt 4 ans plus tard) et Jeannine. En 1928, naît son petit fils Michel. Désormais Benjamin Rabier passe beaucoup de temps dans la maison du Breuil, à Faverolles, chez son gendre et sa fille. Il aime la présence des siens, la tranquillité de la campagne. Il marche, lit, construit des cabanes en bois, dans lesquelles il s’installe pour dessiner quand le temps le permet… 1er rythme effréné a des conséquences sur sa santé. En 1933, paraît Gédéon traverse l’Atlantique qui se fait l’écho des menaces de guerre pesant sur l’Europe. Dans les 2 albums suivants Gédéon se marie et Gédéon est bon enfant, le ton est plus grave, le pessimisme affleure et, outre une certaine mélancolie, le dessinateur manifeste pour la première fois des préoccupations d’ordre religieux. De nouveaux créateurs arrivent sur le marché, avec Tintin, Babar…, ou encore Walt Disney. Entre 1936 et 1939, le dessinateur réalise des albums pour la jeunesse en dehors de la France, en Angleterre notamment, où il collabore (sans se déplacer !) avec Enid Blyton. En 1923, il publie chez Garnier le album des aventures de Gédéon, un canard au long cou ridicule, à l’air prétentieux, moralisateur (dans le ton de l’époque), mais doté d’une grande générosité. C’est le En 1938, il publie encore 2 albums de succès. 16 autres albums suivront, accueillis Gédéon et, le jour où la guerre est déclarée, avec le même enthousiasme. il est à Faverolles, dans un état de fatigue extrême. La même année, on monte Benjamin, Il meurt le 10 octobre 1939 et il est enterré dans le petit cimetière du village. Dans le climat de guerre, sa mort passe quasiment inaperçue. Les dernières aventures de Gédéon, message d’espérance et de résistance, paraissent quelques semaines plus tard. 1e opérette de notre dessinateur, que le virus de la scène n’a pas abandonné. Le succès n’est pas au rendez-vous, mais cela ne l’empêche pas de récidiver. En 1925, il commence une série de contes, publiés par Tallandier, où un animal sera associé à une couleur : Les contes du Le monde de lapin vert, qui paraissent en 1926, seront l’après-guerre a suivis de ceux du chien jaune, du pélican oublié Benjamin rouge… au total une dizaine d’albums. Rabier, même si on a En 1929, il crée au Théâtre du Petitpublié quelques Monde un spectacle pour enfants Gédéon albums restés dans dans la lune. La même année, il devient les cartons et officier dans l’ordre de la Légion d’honneur. réédité, dans les Son activité ne se relâche pas : entre années 50, quelques 1927 et 1932, de Nono le petit moineau à titres fameux, dont Arthur…, il signe 41 albums, mais cet excès Les fables de La Fontaine. de productions nuit à la qualité et la veine C’est seulement depuis une dizaine inventive n’est pas inépuisable ; en outre ce d’années qu’on tente de ramener à la lumière le souvenir d’un homme qui fut, à maints égards, un précurseur dans bien des domaines… Voici comment Hergé, qui n’a pas oublié ce qu’il doit au père de Tintin-Lutin, parle de son prédécesseur et modèle AMOPA'lien-36 n°1 - Page 7 dans la préface des Fables de La Fontaine, chez Tallandier, en 1982 : « Des dessins très simples, mais robustes, frais et joyeux et d’une lisibilité parfaite. Des couleurs franches , lumineuses, nettement délimitées par un trait énergique et « fermé ». C’est de cette rencontre que date mon goût pour le dessin clair et simple, un dessin qui soit compris instantanément. » Est-il plus bel hommage ? B.Billard . Pour en savoir plus : Je vous recommande tout particulièrement : (cf couverture supra) -L’excellente biographie d’Olivier Calon : Benjamin Rabier – Editions Tallandier – 2004 (A laquelle cet article doit beaucoup) -Le non moins excellent film documentaire de Marc FAYE : Benjamin Rabier, l’homme qui fait rire les animaux, produit par Girelles productions et BIPTV (52mn) -Par ailleurs, depuis 1993, les éditions Hoëbeke - Paris - ont entrepris de rééditer les 16 albums de Gédéon -Un album inédit Katie Pom, publié en 2009, est en vente à l’Office de Tourisme de Valençay. -Enfin, il existe à Valençay une association des amis de Benjamin Rabier : Les Amis de Benjamin Rabier, Office du Tourisme, 2 avenue de la Résistance 36600 Valençay. Tél. 02 54 00 04 42 Le site de cette association est plutôt bien documenté. Ce sont eux qui m’ont fourni les photos d’époque de Benjamin Rabier et de quelques autres documents qui illustrent cet article. Je remercie tout particulièrement M. Cestari pour sa coopération immédiate et chaleureuse et sa relecture attentive et pointilleuse. Bulletin de liaison des Membres de l’Ordre des Palmes Académiques de l’Indre N° 1 - Décembre 2013 (Gratuit) Directeur de la publication : Michel BERTHET Responsable de la rédaction : Christian THOREAU Membres du comité de rédaction : Béatrice BILLARD Bernard JOUVE Christian THOREAU François VANHEEGHE Imprimé par nos soins Atelier PAO 36CEB Siège : FOL de l’Indre 23 boulevard de la Valla BP 77 36 002 CHATEAUROUX CEDEX Suite de la page 1 d’accès dangereux) était surélevée, avant l’abbaye ; on y voit nettement les traces des Découvrir Déols Un peu d’histoire Du passé gaulois de Déols, on a peu de témoignages. Le Vicus Dolensis (ou Dolis) est attesté néanmoins sur des cartes dès le IVe siècle. Ce sont les Princes de Déols qui vont donner au lieu ses lettres de noblesse en construisant, au Xe siècle, non pas une mais deux abbayes. L’action d’ Ebbes le Noble, seigneur de Déols, vassal du Duc d’Aquitaine, Guillaume le Pieux (fondateur de l’abbaye de Cluny) est particulièrement remarquable. De ses ancêtres, on ne sait rien, sinon qu’il se revendiquait comme le descendant du sénateur gallo-romain Léocade, dont on reparlera plus tard . En 917, il fait élever une première abbaye dédiée à Notre-Dame, placée directement sous l’autorité du pape. Des inscriptions attestent la venue dans ses murs d’au moins deux papes. Quelques années plus tard, il fonde l’abbaye SaintGildas qui, contrairement à sa voisine, relève de l’archevêché de Bourges. Au XIe siècle, une nouvelle église succède à la première et, à la fin du XIe s. début XIIe , l’abbatiale romane NotreDame, qui a déjà des proportions gigantesques, occupe avec ses dépendances une immense surface. Bien que sa superficie soit un peu difficile à évaluer, on s’accorde à dire que l’ensemble des bâtiments, avec les jardins, couvrait environ 4 hectares à l’intérieur d’une enceinte (dont il ne reste plus rien aujourd’hui) entourée d’eau sur (presque) trois côtés. Cet enclos isolait l’abbaye de la rivière voisine. D’autres mesures avaient d’ailleurs été prises pour lutter contre ses débordements et les agressions de l’eau : la crypte, aujourd’hui située sous la route d’Issoudun (et non ouverte au public car d’être abandonnée dès le début du XIIIe s. et progressivement comblée. Une centaine de moines vivait alors ici, eux-mêmes entourés d’une bonne centaine de personnes. En 1187, alors que Déols était aux mains des Anglais, Philippe Auguste assiégea la ville, et l’abbaye fut le lieu d’un événement prodigieux : un mercenaire britannique qui jouait aux dés rendit responsable de sa malchance la Vierge, dont une représentation se trouvait sur la façade au-dessus de lui. Dans sa colère, il lança une pierre sur la statue, lui brisant un bras, qui tomba au sol en saignant. Le miracle suscita entre les belligérants une trêve de deux ans (que Philippe Auguste s’empressa de violer l’année suivante) et donna lieu à un pèlerinage qui dura jusqu’au XIXe siècle. On raconte aussi que Jean sans Terre, après avoir recueilli le bras ensanglanté de la statue, l’emporta en Angleterre où il fit élever une église en son honneur tandis qu’on construisait dans l’abbaye une chapelle pour abriter la statue miraculeuse. Dans l’église Saint Etienne, une suite de quatre tableaux du XVIIe siècle rappelle encore ce prodige (dans une version très personnelle). Cette Chapelle du Miracle, reconstruite au XVe siècle, subsista jusqu’en 1830. En 1567, durant les guerres de religion, l’abbaye, incendiée, subit de graves destructions. A la fin du XVIe siècle, elle n’abritait plus qu’une quinzaine de moines. Un dessin de 1612 (une vue cavalière) d’un voyageur flamand, Joachim du Viert, montre, dans sa partie haute, la ville de Châteauroux et, dans sa partie basse, AMOPA'lien-36 n°1 - Page 8 destructions. A cette même date, Henri II de Condé achète les terres et, en 1622, il obtient la sécularisation des abbayes de Déols. C’est ainsi que, devenue carrière de pierres, l’abbaye Notre-Dame va subir près de trois siècles de destruction, jusqu’à l’intervention, au XIXe siècle, de Mérimée, alors Inspecteur Général des Monuments de France. Un plan de Monsieur Crochet, géomètre, montre qu’en 1783, il restait encore la Chapelle du Miracle, celle des abbés et les bâtiments périphériques qui dataient pour la plupart du XVIIe siècle. Avec le déclin de l’abbaye, la ville de Déols s’enfonce dans la somnolence. Au XXe siècle, le lieu protégé est fouillé et les vestiges exhumés sont offerts aux regards des visiteurs curieux. De l’abbaye Saint-Gildas en revanche il ne subsiste rien. Suivons le guide Le voyageur qui traverse Déols, s’imagine, en voyant de loin un clocher roman, que l’abbaye est réduite à ce seul vestige remarquable. Il se trompe. La maquette nous montre en effet que l’édifice construit en pierre d’Ambrault était doté de cinq clochers et que celui qui reste n’est pas le clocher central situé à la croisée du transept (qui avait été reconstruit au XIIIe siècle après son effondrement), mais un clocher du côté sud. L’abbatiale, longue de plus d’une centaine de mètres, comprenait un chœur à déambulatoire, avec 7 chapelles rayonnantes, une nef de 8 travées et des bas-côtés précédés par un vaste narthex ou avant-nef . Outre le clocher de fière allure, il ne subsiste de cette église monumentale que le mur sud du narthex avec des beaux chapiteaux romans, dont celui de Daniel dans la fosse aux lions, une partie du mur sud de la nef et une travée. Sur les restes de l’édifice, la finesse de la décoration romane se voit à de multiples endroits. Le cloître, incendié, avait été reconstruit au XIIIe siècle, et, des bâtiments monastiques, on peut encore admirer les arcades gothiques. Au carrefour du dortoir des moines, subsistent les restes d’une salle très soignée, la Pension des Hôtes, où l’on découvre, avec un étonnement mêlé d’admiration, à la retombée des voûtes, des têtes d’une finesse stupéfiante dans un bel état de conservation (certaines, décorées de feuilles, nous font rêver de masques de carnaval à moins qu’elles n’évoquent les tableaux floraux et végétaux d’Archimboldo…) ; on y voit aussi les vestiges de la porte monumentale par laquelle on accédait au lieu. La prison des moines, relativement bien conservée, est une geôle étroite comme un couloir, froide, un peu humide, même si les murs sont plutôt sains ; elle prend la jour par une petite lucarne en hauteur. On est un peu comme dans une cave, mais sans le vin. On n’a pas très envie de s’y attarder et on a une pensée compatissante pour les pauvres moines pécheurs qui séjournaient là… Un peu plus loin, on admire l’arcature sculptée, de style mauresque, d’une porte qui donnait accès à l’église. d’une ancienne boutique médiévale. Les vieilles maisons qui bordent la rue ont une apparence plutôt modeste. Les ouvertures basses soulignent le réhaussement du sol depuis l’époque médiévale. Moyen-Age, se dessine l’image du bourg et de sa population, artisanale et agricole. Au bord de la rivière, non loin du nouveau pont construit en 1751, on voit encore les traces de l’ancien pont sur l’Indre situé dans le prolongement de la Porte du Pont Perrin, aujourd’hui encastrée entre des bâtiments du XXe siècle. Cette porte franchie, on découvre sur la droite une petite porte du XVe siècle. Un peu plus loin, à gauche, c’est un autre linteau joliment sculpté qui arrête notre course, puis, sur la droite, quelques restes minimes de l’Hospice saint Crépin, et, peu après, sur la gauche, la façade restaurée La Rue de l’Horloge, dans le prolongement de la précédente, aboutit à une autre porte de ville, la Porte de l’Horloge. Cette construction imposante, flanquée de deux tours rondes avec mâchicoulis, nous donne une idée de l’importance des remparts. Avant que nous n’atteignions l’église Saint Etienne, notre guide nous montre les vestiges de l’église Saint Germain, fondée au XVe siècle. Vendue comme bien national à la Révolution, elle fut partiellement détruite et se présente aujourd’hui comme un ensemble de remises avec des éléments d’architecture des XIIe et XIVe siècles. On distingue encore aisément la forme arrondie du chevet. L’église Saint Etienne A sa façade romane est accolé un clocher du début du XVIe siècle. A l’opposé, le mur extérieur, avec son alternance de pierres et de briques (ou de tuiles), rappelle les constructions de l’époque gallo-romaine, celles des temples notamment, ce que semble confirmer la sculpture de réemploi insérée dans la maçonnerie. Cette thèse a ses détracteurs qui soutiennent qu’on a là une construction de l’époque carolingienne. A l’intérieur de l’édifice, deux cryptes voûtées abritent deux sarcophages : A travers la ville Située en dehors de l’abbaye, la ville de Déols s’étirait le long de la Rue du Pont Perrin, qui était aussi la route royale reliant Paris à Toulouse. Grâce à cette rue, qui conserve encore de nombreux vestiges du AMOPA'lien-36 n°1 - Page 9 - L’un, plus antique, est une sobre cuve en calcaire, avec, sur le couvercle, une frise de volutes. C’est celui du sénateur Léocade. - L’autre, en marbre blanc, daté du IIIe – début IVe siècle, est celui de son fils, Ludre. Mentionné par Grégoire de Tours au VIe siècle, il est remarquable par son excellent état de conservation et parce qu’il est une pièce unique dans notre région. On attribue son origine aux ateliers du Midi (Arles, peut-être). On y voit des scènes de chasse au sanglier, au lion, à l’ours et au cerf. Sur le couvercle, on a représenté deux scènes séparées par un petit cartouche tenu par deux génies ailés : un banquet et un départ pour la chasse. Saint Ludre a fait l’objet d’un culte très populaire au Moyen-Age et longtemps après. Un office funèbre dans l’église nous empêche de voir le sarcophage in situ. Nous n’avons accès qu’au moulage exposé à l’Office de Tourisme. Le collège Rosa Parks, dans le quartier Saint-Jean. La pluie a cessé. Le soleil nous gratifie même de quelques rayons. Tout le groupe se retrouve à L’Escale pour un moment de convivialité et, après la tenue de l’A.G., ceux qui disposent d’un peu de temps sont invités à découvrir le Collège Rosa Parks, construit récemment. C’est Monsieur Niémec, le sympathique Principal qui guide les visiteurs que nous sommes dans son établissement classé ECLAIR (on disait ZEP, il n’y a pas si longtemps) propre, clair, aéré, spacieux, fonctionnel et remarquablement équipé. C’est un lieu vivant où il se passe beaucoup de choses, et où élèves et professeurs, jusqu’à l’ensemble du personnel, ne manquent ni d’inventivité ni d’esprit d’initiative, ni tout simplement d’esprit d’équipe, comme en témoigne le e-journal d’informations du collège. (Mais ça, le Principal ne l’a pas dit…) En dépit de son implantation dans un quartier réputé difficile, la vie de ce collège de 367 élèves, doté d’une SEGPA performante dans le domaine culinaire, est plutôt sereine et le chef d’établissement se dit, à juste titre, semble-t-il, heureux et satisfait. Qu’il soit ici remercié de son accueil chaleureux et de sa disponibilité. Béatrice Billard, présidente de l’AMOPA 36 Oubli... Dans la liste des nommés et promus du 14 juillet parue dans le n°O d’AMOPA’lien-36, nous avons oublié un nom, celui de Mme Chantal RICOT, Directrice de l’Ecole élémentaire Jacques Prévert du Pêchereau, nommée chevalier dans l’ordre des Palmes Académiques et décorée le 14 décembre 2012. Nous lui présentons nos excuses pour cet oubli. ASSOCIATION DES MEMBRES DE l’ORDRE DES PALMES ACADEMIQUES COMPOSITION DU BUREAU DE LA SECTION DE L’INDRE 2013 Présidente Vice-Président Béatrice BILLARD François VANHEEGHE 36100 ISSOUDUN 36700 ST CYRAN DU JAMBOT Christian THOREAU Jean-Pierre BERNERON 36800 CHASSENEUIL EN BERRY [email protected] 36000 CHATEAUROUX [email protected] Suzanne FERRAGU 36000 CHATEAUROUX [email protected] Vice-Présidente déléguée à la Communication Roselyne RAUNIER 36000 CHATEAUROUX [email protected] Vice-Président délégué au Secteur Culturel Bernard JOUVE 36400 LA CHATRE [email protected] Secteur Châteauroux : Jean-Pierre BERNERON Danièle DESPAX Ibéria RANZ Roselyne RAUNIER 36000 CHATEAUROUX 36000 CHATEAUROUX 36000 CHATEAUROUX 36000 CHATEAUROUX [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] Secteur Argenton/Le Blanc Christian THOREAU 36800 CHASSENEUIL EN BERRY [email protected] Secteur La Châtre : Bernard JOUVE Jeanne WISSOCQ 36400 LA CHATRE 36400 LA CHATRE Secrétaire Secrétaire Adjoint Trésorier : [email protected] [email protected] Vices-Présidents délégués de Secteurs : Secteur Issoudun/ Chatillon sur Indre/ Valençay François VANHEEGHE 36700 ST CYRAN DU JAMBOT Béatrice BILLARD 36100 ISSOUDUN Membres : Danièle DESPAX Pierre LAUMANT André PLAT 36000 CHATEAUROUX 36000 CHATEAUROUX 36330 LE POINCONNET AMOPA'lien-36 n°1 - Page 10 [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] PALMES ACADÉMIQUES LISTE DES PERSONNES NOMMÉES OU PROMUES Promotion du 1er janvier 2013 Au grade d’Officier Jean-Pierre Berneron, CPE retraité, Châteauroux Michel Vénuat, principal de collège retraité, Châteauroux Au grade de Chevalier Sylvie Arzaud Barbaran, Maire Adjoint, Déléguée à l’enfance, à la jeunesse et à la scolarité, Déols Jean-Pierre Deruelle, Documentaliste, Ardentes Marie-Jeanne Duhem, Professeur de lettres classiques, Neuillay les Bois Laurent Herbreteau, Proviseur du LEGTA, Châteauroux Philippe Niémec, Principal de Collège, Châteauroux Christian Paul Directeur retraité de l’école St Pierre, Châteauroux Promotion du 14 juillet 2013 Au grade d’Officier Catherine Azéma, Principal de collège, Châteauroux Mireille Boulot, Conseillère pédagogique, Issoudun Catherine Gonin, Directrice d'école maternelle, Rivarennes Hervé Hémery, Coordonnateur de dispositif relais, Châteauroux Lucien Lacour, Professeur de lettres classiques, Châteauroux Guylaine Mauduit, Secrétaire départementale de l'IUT de l'Indre, Déols Thierry Meunier, Principal de collège, Châteauroux Maryse Pelé, Principal de collège, Condé. Au grade de Chevalier Patrice Arnaud, Principal de collège, Saint‐Benoit‐du‐Sault Alain Lacoffrette, Chef de travaux, Reuilly Rémi Audier, Proviseur de lycée, Issoudun Patrick Lepas, Directeur d'école élémentaire, Châteauroux Stéphane Begot, Directeur adjoint de l'IUT de l'Indre, Châteauroux Sylvie Mandard, Conseillère pédagogique, Châteauroux Sébastien Brigand, Responsable du pôle vie scolaire EREA, Châteauroux Michel-de-Dieu Okala Proviseur La Châtre Patricia Chaussadas, Directrice d'école maternelle, Déols Didier Prepin, Professeur de collège, Ségry Village Dominique Courtault-Deslandes, Professeur de lycée, Saint-Marcel Dominique Principaud, Directeur d'école élémentaire, Déols Colette Fernique, Directrice d'école maternelle, Argenton Marianne Puech, Principale de collège, Saint-Chartier Sylvie Gaugris, Enseignante spécialisée Segpa , Buzançais Sylvie Rancy, Secrétaire de direction, Diou Isabelle Gille-Caillé, Professeur d'éducation musicale, Déols Jean-Christophe Texereau, Principal de collège, Aigurande Isabelle Groussin, Infirmière conseillère du DASEN, Le Poinçonnet Marie-Christine Tournier Principale de collège Varennes AMOPA'lien-36 n°1 - Page 11 Les couvertures des trois derniers numéros de la revue nationale... et la page d’accueil du site. http://www.amopa.asso.fr/ AMOPA'lien-36 n°1 - Page 12