Regard sur la femme roumaine-la lutte contre la discrimination
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Regard sur la femme roumaine-la lutte contre la discrimination
Regard sur la femme roumaine-la lutte contre la discrimination Par Beatrice Pahontu À cause de la pauvreté, la société roumaine traverse une période de crise, de doute, de fragilisation, ce qui génère des comportements discriminatoires. Quelle est ainsi la situation actuelle des femmes en Roumanie? A cet égard, on est loin de retrouver une attitude digne d’une société moderne. Il semble que l’intégration dans la démocratie occidentale soit un processus durable, qui se produira aussitôt que les réalités sociales, politiques et économiques seront équivalentes à celles de l'Europe. Un des sujets de la contemporanéité porte sur la discrimination contre les femmes, et notre pays ne fait pas exception à cet abus. La Roumanie est un pays largement rural, caractérisé par l’esprit conservateur des relations. Il est difficile de changer les mentalités patriarcales, qui désignent la femme seulement par son statut d’épouse et de mère. La tradition gouverne la vie de gens qui, ayant un niveau d’éducation réduit, minimalise le rôle de la femme, en l’enfermant dans ce micro-univers. La problématique de l’égalité des genres est une exigence à laquelle notre pays doit se conformer en qualité d’état membre de l’Union Européenne. Les droits humains internationaux interdisent la discrimination fondée sur les sexes et prévoient des garanties pour les hommes et les femmes afin que les hommes et les femmes bénéficient dans une même mesure de leurs droits civils, culturels, économiques, politiques et sociaux. Si l’on fait un bref parcours parmi les époques historiques de la Roumanie, on peut constater que chaque régime politique a pris en compte, d’une manière ou d’une autre, le statut de la femme. Au fil des siècles, les femmes ont toujours été considérées comme inférieures aux hommes et elles ne participaient pas à la vie politique. Leur droit de vote est acquis au XXe siècle. C’est par la Constitution de l’année 1938 que les femmes reçoivent le droit de vote, mais elles n’ont pas pu jouir de cette liberté. Une autre époque historique - un changement d’instruments! Le socialisme propose l’idée de l’émancipation de la femme. Bien qu’il eût été un régime totalitaire, on accorde l’égalité des hommes et des femmes devant la loi. Du point de vue politique, la discrimination n’existait pas, mais la femme n’était qu’un objet, un préfabriqué masculin. La théorie socialiste porte seulement sur la femme prolétaire. On demandait à la femme à s’éduquer en travaillant comme les hommes et en revanche elle était rémunérée comme ces derniers. Il s’agissait donc d’un féminisme limité, artificiel. Les répercussions de ces perceptions se ressentent dans le contexte actuel de notre pays. La femme est perçue comme un être faible, inférieur à l’homme. On assiste à un phénomène de discrimination pernicieux pour notre pays. La société roumaine étouffe la liberté des femmes. La mentalité d’aujourd’hui demeure centrée sur l’image féminine traditionnelle, représentée par la femme au foyer, surtout dans le milieu rural. Même si on pouvait faire une distinction entre une Roumanie rurale et une Roumanie urbaine, la femme est, premièrement, vouée au bonheur de son foyer, dans la plupart des situations au détriment de son parcours professionnel. Le Code de la famille contient lui-même une discrimination envers les femmes : un homme ne peut fonder une famille qu’en attendant sa majorité, tandis qu’une femme peut le faire à partir de l’âge de 16 ans. Apparemment, les femmes et les hommes ont des droits égaux dans le mariage, mais la réalité montre que le seuil de l’injustice n’est pas franchi. Le défi des années à venir est celui de stopper la violence conjugale, parce qu’elle a un grand impact sur le développement des enfants. Quant à la participation des femmes à la vie politique, elles en sont quasiment absentes. En dépit de leur droit de participer en toute égalité au niveau législatif, le Parlement roumain est encore moins ouvert aux femmes. Donc, l’éducation civique manque en Roumanie, en empêchant l’autonomisation des femmes. Dans le secteur économique il y a toute une série des discriminations envers les femmes. On assiste à un phénomène de ségrégation des femmes sur le marché du travail. Il est certain que les femmes n’ont pas accès aux mêmes professions que les hommes. Les domaines féminisés sont la santé, l’éducation, le commerce, tandis que les professions de plus grand prestige sont réservées aux hommes. Ils travaillent dans les branches de l’industrie et des télécommunications. Une faible valorisation en terme de salaire produit la frustration des femmes. Il est souhaitable qu’on améliore ces écarts sur le marché du travail et qu’on adopte les programmes des pays européens pour instaurer une équité salariale en Roumanie. En ce qui concerne le taux du chômage, les pourcentages montrent que les femmes se confrontent à des difficultés à l’embauche, l’insertion sur le marché du travail attirant souvent des engagements. On demande à la femme de déclarer qu’elle n’a pas l’intention de tomber enceinte pendant qu’elle occupe tel poste ou telle fonction. Une autre forme de discrimination est fondée sur la maternité, comme mission fondamentale des femmes. Les employeurs ne leur offrent pas la garantie de retrouver leur poste après le congé de maternité. Accusées de ne pas assumer le devoir d’avoir des enfants durant ces dernières années, les femmes roumaines ont réclamé leurs droits, mais elles continuent d’être soumises à beaucoup de discriminations au lieu de travail. De plus en plus de femmes roumaines se confrontent à un dilemme: choisir une carrière ou avoir un enfant ? Une autre question s’impose: l’image de la femme roumaine promue par les médias correspond-elle à la réalité ? Les stéréotypes féminins tel que la femme fatale s'oppose à celui de la femme au foyer. Dans le contexte social actuel le profil de la femme roumaine dressée par la publicité est un emballage trompeur. Les moyens de communication partagent des étiquettes, mais ce sont des modèles négatifs pour la jeune génération. Les pratiques sexistes discriminatoires limitent la participation des femmes à la vie sociale. Bien qu’en Roumanie les femmes ne s’identifient pas avec cette image superficielle, elles mènent une lutte acharnée pour se dissocier de la publicité qui manipule leur image. Les émissions de divertissement dégradent l’image de la femme, symbole de la sexualité et signe de la faiblesse humaine par rapport aux hommes, placés dans la posture des séducteurs. La femme est une fille d’Eve ennuyée par la vie au foyer, mais cela est une construction médiatique. Donc, la discrimination des femmes apparaît comme une attitude répréhensible qui doit disparaître. En reprenant l’idée d’Anatole France, qui faisait une analogie entre la langue française et la femme, essayons de valoriser la femme roumaine! Une femme est « si belle, si fière, si modeste, si hardie, si touchante, si voluptueuse, si chaste, si noble, si familière, si folle, si sage qu’on l’aime de toute son âme et qu’on n’est jamais tentés de lui être infidèle ».