Lignes directrices – Collège Médecins/OPQ – 2006

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Lignes directrices – Collège Médecins/OPQ – 2006
LE TROUBLE DÉFICIT DE L’ATTENTION
AVEC OU SANS HYPERACTIVITÉ
TRAITEMENT PHARMACOLOGIQUE (MISE À JOUR)
Lignes directrices
du Collège des médecins du Québec
JUIN 2006
Table des matières
Les nouveautés dans le traitement
pharmacologique du TDAH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Les diverses classes de médicaments utilisées . . . . . . . . 4
Le choix de la médication
dans le traitement du TDAH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
L’importance du suivi
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Annexe : Traitement pharmacologique du TDAH . . . . . . 12
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
Les nouveautés dans le traitement pharmacologique du TDAH
Le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) et son
traitement pharmacologique suscitent un intérêt sans précédent depuis plusieurs
années. Afin de fournir un cadre de référence relatif à l’approche du TDAH chez
l’enfant et l’adolescent, le Collège des médecins du Québec publiait, en 2001, de
pair avec l’Ordre des psychologues du Québec, les lignes directrices Le trouble
déficit de l’attention/hyperactivité et l’usage de stimulants du système nerveux central.
Au cours des dernières années, la mise en marché de nouveaux médicaments a élargi
l’arsenal thérapeutique lié au traitement du TDAH. Elle a par conséquent généré de
nombreuses publications, ce qui a enrichi les connaissances scientifiques sur le
traitement et le suivi des patients présentant un TDAH. Il est donc devenu nécessaire
de mettre à jour le volet pharmacologique des lignes directrices publiées en 2001.
Les diverses classes de médicaments utilisées
Classe des psychostimulants
Les psychostimulants sont à ce jour les médicaments les plus utilisés dans le traitement
du TDAH. Ils se regroupent en deux grandes familles de stimulants: le méthylphénidate
et les dérivés de l’amphétamine. Ces molécules ont été reformulées, au cours des
dernières années, pour permettre notamment une administration uniquotidienne.
Chaque famille comprend des préparations dont la durée d’action peut varier : on
parlera alors de médicaments à courte durée d’action (3 à 6 heures), à durée d’action
intermédiaire (6 à 8 heures), ou encore, à longue durée d’action (10 à 12 heures).
Ainsi, selon leur durée d’action, chaque famille est répartie en diverses catégories.
Médicaments à courte durée d’action
Famille des méthylphénidates
Méthylphénidate (RitalinMD)
Méthylphénidate (Apo-MethylphenidateMD)
Méthylphénidate (PHL-MethylphenidateMD)
Méthylphénidate (PMS-MethylphenidateMD)
Méthylphénidate (Ratio-MethylphenidateMD)
Famille des amphétamines
Dexamphétamine (DexedrineMD sous forme de comprimés)
Médicaments à durée d’action intermédiaire
Famille des méthylphénidates
Méthylphénidate (Ritalin SRMD)
Famille des amphétamines
Dexamphétamine (DexedrineMD sous forme de capsules spansules)
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COLLÈGE DES MÉDECINS DU QUÉBEC
Médicaments à longue durée d’action
Famille des méthylphénidates HCl
Méthylphénidate (ConcertaMD)
Famille des amphétamines
Sels mixtes d’amphétamine (Adderall XRMD)
Depuis leur introduction, les préparations psychostimulantes à longue durée d’action
suscitent un vif intérêt, étant donné leur facilité d’administration et leur biodisponibilité
permettant une meilleure régulation, et méritent qu’on s’y attarde.
Le méthylphénidate HCl, ou OROS (ConcertaMD)
Le méthylphénidate HCl (ConcertaMD) est disponible au Canada depuis 2003. Ce
médicament possède une technologie unique, qui permet une biodisponibilité de la
médication sur une période de 12 heures. Ainsi, le méthylphénidate contenu dans
l’enrobage (22 % de la dose initiale) est d’abord libéré pour une action rapide, puis
le reste du médicament se libère par un minuscule orifice sur une période pouvant
s’étendre jusqu’à 12 heures. Les taux sériques augmentent graduellement durant les
premières heures grâce à la libération immédiate du médicament.
La prise uniquotidienne de méthylphénidate HCl (ConcertaMD) à longue durée d’action
représente, comparativement à la prise du méthylphénidate à courte durée d’action, un
avantage non négligeable, car elle permet une meilleure régulation et ne nécessite pas
l’intervention du personnel scolaire dans l’administration du médicament. De plus,
son effet prolongé permet une stabilité continue des taux sériques thérapeutiques,
notamment chez les patients pour qui le méthylphénidate à courte durée d’action
n’agissait que partiellement. Par conséquent, la médication reste efficace tout au
long de la journée et permet d’éviter, chez la majorité des enfants, l’ajout d’une dose
d’appoint en fin d’après-midi.
L’ingrédient actif de ce médicament étant aussi celui trouvé dans les préparations
de méthylphénidate à courte durée d’action, on rencontre des effets secondaires
comparables, les plus fréquents étant l’insomnie vespérale et la perte d’appétit.
Des céphalées, des nausées et des douleurs abdominales peuvent parfois se manifester,
mais elles sont habituellement transitoires. La perte de poids, un ralentissement de la
croissance et l’apparition de tics font partie des effets indésirables possibles.
Le méthylphénidate HCl (ConcertaMD) est disponible en différentes concentrations
(annexe). Il faut rappeler que les capsules doivent être avalées et ne doivent pas être
mâchées ni saupoudrées.
Le tableau présenté à la page suivante permet de faciliter la transition du méthylphénidate
à courte durée d’action ou à action intermédiaire vers le méthylphénidate à longue
durée d’action (tableau I).
LE TDAH — TRAITEMENT PHARMACOLOGIQUE (MISE À JOUR)
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Tableau I
Équivalences pour la transition du méthylphénidate à courte
durée d’action ou à action intermédiaire vers le ConcertaMD
POSOLOGIE
DU MÉTHYLPHÉNIDATE
POSOLOGIE ÉQUIVALENTE
DU CONCERTAMD
Méthylphénidate (RitalinMD) (5 mg) bid/tid
ou
Méthylphénidate (Ritalin SRMD) (20 mg)
18 mg
une fois par jour
Méthylphénidate (RitalinMD) (10 mg) bid/tid
ou
Méthylphénidate (Ritalin SRMD) (40 mg)
36 mg
une fois par jour
Méthylphénidate (RitalinMD) (15 mg) bid/tid
ou
Méthylphénidate (Ritalin SRMD) (60 mg)
54 mg
une fois par jour
Les sels d’amphétamine (Adderall XRMD)
Bien que les sels mixtes d’amphétamine (Adderall XRMD) soient commercialisés
depuis quelque temps aux États-Unis, ils ne sont disponibles au Canada que depuis
janvier 2004, date à laquelle ils ont été autorisés par Santé Canada. Ce médicament se
présente sous forme de capsules, qui contiennent des granules composées de sels
d’amphétamine à libération immédiate et, en parts égales, d’autres granules à libération
lente. Cette technologie permet une libération biphasique, amenant ainsi une
biodisponibilité de la médication sur une période de 12 heures.
Ce médicament offre aussi les avantages d’une libération prolongée : une prise
uniquotidienne, une meilleure régulation des taux sériques et une meilleure adhésion
au traitement.
La littérature sur le sujet confirme que les sels d’amphétamine (Adderall XRMD) sont
efficaces pour améliorer les paramètres associés au TDAH (impulsivité, inattention,
agitation, agressivité). Cependant, aucune étude ne permet de comparer son efficacité
par rapport à celle obtenue avec d’autres médicaments appartenant à la classe des
méthylphénidates ou des dextroamphétamines.
Les effets secondaires les plus fréquents de ce médicament sont la perte d’appétit,
l’insomnie, les douleurs abdominales et la labilité émotionnelle. Quant aux effets
indésirables, la commercialisation des sels d’amphétamine (Adderall XRMD) a été
suspendue au pays par Santé Canada en 2005, en raison de préoccupations concernant
l’association possible de ce médicament à un risque accru de mort subite, de décès lié
à des troubles cardiaques ainsi que d’accident vasculaire cérébral chez des enfants et
des adultes prenant les doses recommandées.
Divers examens exhaustifs ont montré qu’en théorie tous les médicaments indiqués
dans le traitement du TDAH ont un potentiel pharmacologique pouvant accroître
ces complications, mais ce risque n’est toutefois pas prouvé. De fait, on ne dispose
pas de suffisamment de preuves selon lesquelles la prise de sels d’amphétamine
(Adderall XRMD) puisse être responsable de ces manifestations. Au terme de cette
analyse, ce médicament a été réintroduit sur le marché canadien pour le traitement
du TDAH. Cependant, des mises en garde récentes viennent baliser l’utilisation de
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COLLÈGE DES MÉDECINS DU QUÉBEC
tous les médicaments liés au traitement du TDAH quant au risque cardiovasculaire.
Dans son approche thérapeutique du TDAH chez l’enfant, le clinicien doit donc
s’assurer d’éviter de prescrire ces médicaments aux patients atteints d’anomalies
cardiaques structurelles et doit rechercher les facteurs de risque, notamment des
antécédents de syncopes à l’effort, de trouble du rythme ou des antécédents familiaux
de mort subite.
Les sels d’amphétamine (Adderall XRMD) sont disponibles en plusieurs concentrations
(annexe). Rappelons que l’objectif thérapeutique est de viser la dose optimale,
c’est-à-dire celle qui améliore les symptômes associés au TDAH, tout en causant le
moins d’effets secondaires possible : il est donc important d’amorcer le traitement
avec une faible dose pour ensuite l’ajuster en fonction de la réponse thérapeutique
et des effets secondaires observés. Afin de faciliter l’administration du médicament,
il est possible de scinder la capsule pour saupoudrer les granules sur un aliment aimé
des enfants (compote de fruits), ou de l’absorber avec un repas, et ce, sans que la
biodisponibilité en soit affectée.
Classe des non-stimulants
Les non-stimulants constituent une toute nouvelle classe de médicament, qui comporte
jusqu’à ce jour un seul médicament commercialisé.
L’atomoxétine (StratteraMD)
L’atomoxétine (StratteraMD) est le tout dernier des médicaments à longue durée d’action
mis en marché pour le traitement du TDAH. Bien qu’il soit utilisé depuis quelques
années aux États-Unis, il n’est disponible au Canada que depuis le printemps 2005. Ce
médicament suscite un grand intérêt, car il s’agit d’un agent non stimulant, efficace dans
le traitement du TDAH chez l’enfant, l’adolescent et l’adulte.
L’atomoxétine, qui agit en inhibant le recaptage synaptique de la noradrénaline, est
bien absorbée par voie orale et est métabolisée par le foie via le cytochrome hépatique
P450 2D6 (CY2D60). Environ 7 % à 10 % de la population est considérée comme
« métaboliseur lent », c’est-à-dire ayant une capacité de transformation plus lente de
la médication. La demi-vie de l’atomoxétine est alors variable, soit environ 5 heures
chez le métaboliseur rapide ou 20 heures chez le métaboliseur lent. Toutefois, cette
variation ne semble pas avoir un impact clinique significatif.
Les études confirment que l’atomoxétine (StratteraMD) est efficace pour améliorer des
paramètres du TDAH, et cet effet est comparable au méthylphénidate. L’intérêt particulier
de cette nouvelle molécule réside dans sa longue durée d’action (24 heures) et par un
profil différent de celui des psychostimulants. Ainsi, l’atomoxétine (StratteraMD) s’avère
un bon choix lorsque la médication stimulante est inefficace ou qu’on trouve des
comorbidités susceptibles d’être exacerbées par les psychostimulants. À ce titre,
l’atomoxétine s’avère un médicament particulièrement intéressant dans le plan de
traitement des patients avec un TDAH ayant des tics chroniques ou le syndrome de
Gilles de la Tourette, ou encore, avec des symptômes anxieux et dans les situations
à risque d’utilisation illicite de médicaments.
LE TDAH — TRAITEMENT PHARMACOLOGIQUE (MISE À JOUR)
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Somnolence, dyspepsie, nausées, vomissements, perte d’appétit sont les effets
secondaires le plus fréquemment rencontrés lors de la prise de l’atomoxétine
(StratteraMD). Parmi les effets indésirables, de récentes analyses montrent de très rares
cas de pensées suicidaires, de dépression suicidaire, de tentative de suicide et de suicide
chez les enfants, les adolescents et les adultes sous cette médication. On recommande
donc aux professionnels de la santé et aux proches de surveiller étroitement, chez les
patients de tout âge, l’apparition de sentiments inhabituels (agressivité, hostilité,
anxiété, impulsivité) ou de tout autre indicateur de risque de comportement suicidaire,
plus particulièrement dans les premières semaines de traitement ou après un ajustement
de la dose. De plus, des indices ou des antécédents familiaux de maladie bipolaire
doivent inciter à la prudence dans le choix de l’atomoxétine (StatteraMD), des virages
bipolaires ayant été décrits chez ces patients. De rares cas d’atteinte hépatique
réversible ont aussi été rapportés.
L’atomoxétine (StratteraMD) est disponible sous forme de capsules en différentes
concentrations (annexe). Comme cette molécule peut prendre près de quatre
semaines avant d’être efficace, il faut qu’elle soit administrée sans répit et tous les
jours pour que les niveaux sériques voulus soient obtenus. Le tableau II permet de
faciliter le titrage de l’atomoxétine (StratteraMD).
Le traitement au StratteraMD peut être amorcé au moment où le patient est sous
psychostimulant ; son introduction se fait alors en croisé. De rares patients devront
prendre une combinaison des deux molécules, mais la combinaison prolongée de
ces deux classes de médicaments est très peu documentée.
Tableau II Posologie et ajustement des doses lors de l’utilisation
de l’atomoxétine (StratteraMD)
POIDS
DOSE INITIALE
(0,5 mg/kg/j)
DOSE INTERMÉDIAIRE
(0,8 mg/kg/j)
DOSE ÉLEVÉE
(1,2 mg/kg/j)
20-29 Kg
10 mg
18 mg
25 mg
30-44 Kg
18 mg
25 mg
40 mg
45-64 Kg
25 mg
40 mg
60 mg
65-70 Kg
40 mg
60 mg
80 mg
• Dose maximale de 100 mg ou de 1,4 mg/kg/jour.
• Comprimés de 10, de 18, de 25, de 40 et de 60 mg.
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COLLÈGE DES MÉDECINS DU QUÉBEC
Le choix de la médication dans le traitement du TDAH
Devant un plus large choix de médicaments, le médecin se doit de procéder à une
évaluation globale et rigoureuse afin de mieux orienter le plan de traitement et la
pharmacothérapie. Les discussions relatives à la décision de prescrire un médicament
doivent se faire avec l’enfant ou l’adolescent, avec le soutien et la participation des
parents. Ils doivent recevoir toute l’information pertinente sur le TDAH, sur les divers
modes d’intervention possibles, les effets bénéfiques recherchés par la médication et
ses effets secondaires.
Plusieurs facteurs pourront orienter le choix de la médication, notamment :
La pharmacologie
L’administration uniquotidienne d’une médication est souvent moins problématique
chez l’enfant, et surtout chez l’adolescent. Elle devrait être préconisée dans la
mesure du possible.
L’administration sous forme de comprimés ou de capsules, comme c’est le cas
pour le méthylphénidate HCl (ConcertaMD) et l’atomoxétine (StratteraMD), suppose
que l’enfant est capable d’avaler le médicament sans le mâcher ou le croquer.
L’innocuité de la médication utilisée dans le TDAH n’a pas été établie chez les
patients âgés de moins de six ans.
La nécessité d’une administration continue
Compte tenu de l’impact des symptômes du TDAH, il est fortement recommandé
d’envisager l’administration de la médication continue chez la majorité des
patients alors que, pour quelques autres, notamment l’enfant présentant un déficit
d’attention sans hyperactivité, les parents pourront opter pour une médication
limitée dans le temps, soit les jours scolaires.
L’adhésion au traitement
Une médication uniquotidienne favorise l’adhésion thérapeutique, diminue la
stigmatisation associée à la prise de ces médicaments et assure la confidentialité.
L’importance de la rapidité d’action de l’effet thérapeutique
Les médicaments du TDAH ont un effet thérapeutique rapide, mais il faut se
rappeler que l’action de l’atomoxétine (StratteraMD) peut prendre jusqu’à trois à
quatre semaines à dose thérapeutique pour se manifester.
La présence d’effets secondaires significatifs
Le médecin devra rechercher les effets secondaires rapportés avec un médicament
déjà administré et considérer ces données dans son choix thérapeutique.
LE TDAH — TRAITEMENT PHARMACOLOGIQUE (MISE À JOUR)
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La présence d’antécédents ou de facteurs de risque de maladie cardiovasculaire
En théorie, tous les médicaments pour le TDAH sont des sympathomimétiques
et ont un potentiel pharmacologique pouvant accroître les complications cardiovasculaires. Il est donc important de rechercher, avant d’instaurer un traitement,
les antécédents personnels et familiaux de même que les facteurs de risque de
maladie cardiovasculaire, notamment: des antécédents personnels de syncope à
l’effort ou de trouble du rythme cardiaque ; des signes de maladie cardiaque
symptomatique et d’hypertension artérielle modérée à sévère ; la présence
d’anomalies cardiaques structurelles; des antécédents familiaux de mort subite ou
de décès lié à des troubles cardiaques.
En présence de ces facteurs de risque et selon le jugement du clinicien, il semble
prudent de considérer une évaluation cardiovasculaire plus approfondie auprès
d’un spécialiste cardiologue avant d’entreprendre le traitement.
La présence de comorbidités associées
En présence de comorbidités telles que les tics chroniques, le syndrome de Gilles
de la Tourette et les troubles anxieux, l’atomoxétine (StratteraMD) constitue un
bon choix.
D’autres problèmes de santé doivent être recherchés, notamment : la présence de
problèmes psychotiques et d’indicateurs de risque suicidaire. Tous ces facteurs
doivent être considérés dans le choix du médicament.
En présence de troubles de conduite laissant suspecter un potentiel d’abus ou de
vente de substances, particulièrement chez l’adolescent, les nouvelles molécules
présentées peuvent s’avérer un choix intéressant. À ce titre, le potentiel d’abus de
l’atomoxétine (StratteraMD) est inexistant, alors que celui des psychostimulants à
longue durée d’action est moindre que les médicaments à courte durée d’action.
L’accessibilité financière
À l’heure actuelle, les nouveaux médicaments pour le traitement du TDAH ne sont
pas inscrits sur la liste de médicaments courants de la Régie de l’assurance maladie
du Québec. Le méthylphénidate HCl (ConcertaMD) et l’atomoxétine (StratteraMD)
sont inscrits comme des médicaments d’exception dont le coût est admissible à
un remboursement selon certaines conditions. La majorité des assureurs privés
remboursent le coût de la prescription des nouvelles molécules.
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COLLÈGE DES MÉDECINS DU QUÉBEC
L’importance du suivi
Les enfants et les adolescents chez qui l’on diagnostique un TDAH requièrent un
suivi régulier. Ils devraient être revus mensuellement durant la période d’ajustement
de la médication.
Le médecin doit s’assurer que la posologie de la médication permet d’atteindre les
objectifs thérapeutiques et que les effets secondaires ou indésirables sont recherchés.
Il doit aussi s’assurer de la réponse thérapeutique afin de procéder à l’ajustement
et au titrage de la médication : pour mesurer objectivement cette réponse, il est
souhaitable de recourir à une échelle qui devrait être remplie par les parents, les
enseignants et le patient lui-même, si possible.
Lorsque la situation est stable, le suivi régulier demeure important : outre l’évaluation
de la réponse thérapeutique et la recherche d’effets secondaires, l’évaluation clinique
devrait comprendre le suivi de certains paramètres, dont le poids, la taille, le rythme
cardiaque et la tension artérielle.
Conclusion
Le médecin dispose maintenant de plusieurs médicaments dans l’approche thérapeutique
du TDAH. L’intérêt des nouvelles molécules réside dans leur efficacité, une meilleure
régulation des taux sériques et une meilleure adhésion au traitement, facilitée par une
prise uniquotidienne. Outre la médication, l’enfant ou l’adolescent et sa famille
doivent pouvoir bénéficier de mesures thérapeutiques psychosociales. Ils doivent de
plus participer activement aux décisions relatives au choix de la médication et être
informés des effets thérapeutiques visés de même que des effets secondaires et
indésirables pouvant survenir en cours de traitement. Le choix d’un médicament et
l’ajustement de la posologie doivent être individualisés et nécessitent une évaluation
complète, notamment en ce qui a trait au risque cardiovasculaire. Ceci ne saurait se faire
sans un suivi régulier et une solide alliance thérapeutique.
LE TDAH — TRAITEMENT PHARMACOLOGIQUE (MISE À JOUR)
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Annexe – Traitement pharmacologique du TDAH
TITRAGE
DOSE
QUOTIDIENNE
MAXIMALE
Enfants : 2,5 mg
matin et midi
• Augmenter de 2,5 à 5,0 mg par
60 mg
Ados et adultes :
10 mg
matin et midi
• Augmenter de 2,5 à 5,0 mg par
Enfants : 2,5 mg
matin et midi
Ados et adultes :
5 mg
matin et midi
• Augmenter de 2,5 à 5,0 mg
20 mg
matin
• Augmenter à 40 mg le matin
10 mg
matin
ou
10 mg
matin et midi
• Augmenter jusqu’à l’atteinte
18 mg
matin
• Augmenter de 18 mg tous les
Famille des amphétamines
12 heures
Sels d’amphétamine (Adderall XRMD)
(capsules de 5, 10, 15, 20, 25
et 30 mg)
10 mg
matin
• Augmenter de 5 mg tous les
Classe des non-stimulants
Atomoxétine (StratteraMD)
(capsules de 10, 18, 25, 40, 60 mg)
0,5 mg/kg
• Augmenter à 0,8 mg/kg et, si
matin
non-atteinte de l’objectif ciblé
pendant 10 jours
après un délai de 10 jours,
augmenter à 1,2 mg/kg, au besoin.
• Dose maximale = 1,4 mg/kg
ou 100 mg
DURÉE
D’ACTION
DOSE
INITIALE
Famille des méthylphénidates
Méthylphénidate
(RitalinMD, Apo-MethylphenidateMD)
(comprimés de 10 et 20 mg)
3 à 5 heures
Famille des méthylphénidates
Méthylphénidate
(PHL-MethylphenidateMD,
PMS-MethylphenidateMD,
Ratio-MethylphenidateMD)
(comprimés de 5, 10 et 20 mg)
3 à 5 heures
Famille des amphétamines
Dexamphétamine (DexedrineMD)
(comprimés de 5 mg)
4 à 6 heures
MÉDICAMENT
À COURTE DURÉE D’ACTION
dose jusqu’à l’atteinte de l’objectif
ciblé ou l’apparition d’effets
secondaires
• Envisager 3e dose vers 16 h
60 mg
dose jusqu’à l’atteinte de l’objectif
ciblé ou l’apparition d’effets
secondaires
• Envisager 3e dose vers 16 h
40 mg
par dose jusqu’à l’atteinte de
l’objectif ciblé ou l’apparition
d’effets secondaires
• Envisager 3e dose vers 16 h
À DURÉE D’ACTION INTERMÉDIAIRE
Famille des méthylphénidates
Méthylphénidate (Ritalin SRMD)
(comprimés de 20 mg)
3 à 6 heures
Famille des amphétamines
Dexamphétamine (DexedrineMD)
(spansules de 10 et 15 mg)
6 à 8 heures
60 mg
ou 20 mg le matin et le midi
ou
• Ajouter, au besoin, une dose
de méthylphénidate à courte
durée action
40 mg
de l’objectif ciblé ou l’apparition
d’effets secondaires
• Envisager 3e dose d’un comprimé
de dexamphétamine (DexedrineMD)
à courte action vers 16 h
À LONGUE DURÉE D’ACTION
Famille des méthylphénidates
Méthylphénidate HCl (ConcertaMD)
(comprimés de 18, 27, 36 et 54 mg)
12 heures
24 heures
54 mg
5-7 jours jusqu’à l’atteinte de
l’objectif ciblé ou l’apparition
d’effets secondaires
30 mg
5-7 jours jusqu’à l’atteinte de
l’objectif ciblé ou l’apparition
d’effets secondaires
1,4 mg/kg/jour
mais ne pas
dépasser une
dose totale de
100 mg
N.B. Les doses maximales indiquées sont celles recommandées dans les monographies. Dans les cas où l’effet ciblé aux doses indiquées
n’est pas atteint et qu’il n’y a pas ou peu d’effets secondaires, certains cliniciens utilisent des doses plus élevées.
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COLLÈGE DES MÉDECINS DU QUÉBEC
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YATES, T. « Mini review: tomoxetine », Child and Adolescent Psychopharmacology News,
vol. 9, no 6, 2004, p. 1-5.
LE TDAH — TRAITEMENT PHARMACOLOGIQUE (MISE À JOUR)
13
Membres du groupe de travail
Dr Yves Lajoie
Pédopsychiatre
Dr Pierre-Claude Poulin
Pédiatre
Dr Marie Têtu
Omnipraticienne
Dr Pauline Gref
Inspecteur-enquêteur
Direction de l’amélioration de l’exercice
Collège des médecins du Québec
Coordonnatrice du groupe de travail
Secrétariat
Denise Huet
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COLLÈGE DES MÉDECINS DU QUÉBEC
Publication du
Collège des médecins du Québec
2170, boulevard René-Lévesque Ouest
Montréal (Québec) H3H 2T8
Téléphone : 514 933-4441 ou 1 888 MÉDECIN
Télécopieur : 514 933-3112
Courriel : [email protected]
collegedesmedecins.qc.ca
Coordination, révision linguistique et correction d’épreuves
Direction des affaires publiques et des communications
Graphisme
Bronx Communications
Illustration
Olivier Lasser
Impression
Integria
La reproduction est autorisée à condition
que la source soit mentionnée.
Dépôt légal : 2e trimestre 2006
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
ISBN 2-920548-42-5 (version imprimée)
ISBN 2-920548-43-3 (PDF)
© Collège des médecins du Québec, 2006