Une plante tropicale aux racines exigeantes
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Une plante tropicale aux racines exigeantes
N°1 du 27 mars 2014 Les Chambres d’agriculture des Pays de la Loire inscrivent leurs actions dans la pérennisation d’une agriculture de production viable, vivable et durable au profit de toutes les agricultrices et de tous les agriculteurs. Dans cette perspective, dans le domaine des productions végétales, leur volonté est de promouvoir des pratiques culturales et des systèmes d’exploitation prenant en compte l’agronomie et valorisant les potentiels des sols. Globalement, les Chambres d’agriculture des Pays de la Loire ont la volonté de développer des actions qui prennent en compte le sol et préservent l’environnement, la biodiversité et la santé. Les Chambres d’agriculture des Pays de la Loire positionnent l’agronomie au centre de leurs préoccupations pour le pilotage des systèmes de culture et inscrivent leurs actions dans le cadre d’une Agriculture Ecologiquement Intensive. L’ensemble des travaux conduits s’inscrit dans cette perspective et prend en compte les aspects économiques, environnementaux et sociaux. L’ambition des Chambres d’agriculture est de construire avec les agriculteurs les innovations, les références et les outils nécessaires à leur prise de décision en toute indépendance. C’est dans cet esprit que nous vous proposons un nouveau bulletin consacré au sol et à l’agronomie, baptisé SOLAG. Il est réalisé par les experts agronomes des Chambres d’agriculture des Pays de la Loire et vous sera proposé chaque mois en complément de votre bulletin productions végétales. Je vous en souhaite une bonne lecture. Jean-Loïc Landrein Président de la Commission Régionale d’Orientation Végétale Maïs Une plante tropicale aux racines exigeantes Des conditions de semis spécifiques Les données génétiques du maïs imposent des conditions de semis bien spécifiques. Le sol doit être suffisamment réchauffé (10 à 12°C de moyenne est un minimum) et bien ressuyé. Les racines du maïs sont sensibles aux moindres obstacles structuraux qu’elles rencontrent. Elles n’apprécient guère mieux les zones creuses. Leur développement est alors contrarié ou réduit ce qui engendre de graves problèmes d’alimentation hydrique et minérale pour la plante. La production est de ce fait diminuée. Par exemple, s’il existe, dans le profil, une zone compactée ou lissée (photo ci-dessous), le manque d’eau va entraîner son durcissement que les racines du maïs peineront à franchir. Si une telle zone existe, il est nécessaire d’en connaître la profondeur et l’épaisseur pour la fissurer avec un outil. Cette opération est d’autant plus nécessaire en cas de non irrigation. Une zone compactée se caractérise par la présence de grosses mottes anguleuses, par l’absence de porosité visible à l’œil nu, avec parfois la présence de résidus organiques mal décomposés. Bien ouvrir le sol, déposer la graine à la bonne profondeur, et refermer correctement, telles sont les bases de travail d'un semoir performant. Il est également nécessaire de déposer la graine en contact intime avec la terre. Maïs en strip till : vigilance sur le ressuyage (photo : T. Gain) Dent de strip till passée en condition trop humide : le maïs se retrouve enraciné dans un « pot de fleur » et sèche très rapidement En labour et TCS (à 10 cm ou plus) En cas d’implantation avec labour ou travail profond, les conditions favorables sont faciles à réunir à condition de toujours travailler en sols bien ressuyés. Il faut quand même être vigilant sur les sols fragiles de limon car les compactions peuvent être importantes. En semis direct : la vigilance s’impose Ce qui change au niveau du sol Moins on travaille le sol, plus la connaissance du comportement du sol est impérative. Il est alors nécessaire de faire une expertise préalable pour en connaître l’état. En règle générale, plus le sol est structuré verticalement, plus le travail du sol peut être réduit. De plus, le sol se réchauffe moins vite et la minéralisation de la matière organique se met en place plus lentement. Concernant le semoir, moins on travaille le sol plus la qualité de ses composants est primordiale pour réaliser un semis régulier. En cas de léger travail du sol, la graine doit être placée au contact de la zone non travaillée pour qu’elle bénéficie, dès sa germination, de conditions d’humidité suffisantes : la zone travaillée s’assèche très rapidement. Recommandations : Avoir un sol bien ressuyé : dès que le sol est humide, la réussite du semis devient délicate : levées irrégulières et risques de pertes de plantes, Protéger la semence : avoir un sol biologiquement riche est intéressant mais en contrepartie il peut exister davantage de taupins et de limaces. Un traitement de semence apporte souvent un plus, d’autant plus que la germination peut être un peu plus longue par un moindre réchauffement du sol. La protection contre les limaces dans la ligne de semis aura le même rôle de régulation. Etre scrupuleux sur le désherbage : sans le labour pour enfouir les végétaux et les graines, une surveillance stricte et régulière s’impose : elle permettra d’intervenir à bon escient et surtout au bon moment, Avoir recours si nécessaire à un engrais starter : il permet un passage plus aisé de la phase sevrage ; un engrais foliaire à base de magnésie est également profitable, Apporter de l’azote minéral : l’absence de travail du sol limite la minéralisation précoce de la matière organique : il faut gérer ce retard en apportant par exemple de l’ammonitrate (proche du semis) ou de l’urée (1 à 4 semaines avant le semis) dans la limite des besoins des cultures. Concernant l’utilisation de l’urée, il est aujourd’hui reconnu les pertes par volatilisation importantes lors de l’épandage de ce produit; si possible, on évitera donc son utilisation au profit d’autres formes azotées, Empêcher l’évaporation du sol par une rupture de la capillarité. Elle peut être obtenue en laissant sur le sol les débris végétaux du couvert, en apportant du fumier pailleux, voire en réalisant un très léger travail du sol, Si présence, déclencher précocement l’irrigation, en particulier si : o il y a un problème de structure compacte, o le précédent a asséché le profil (cas des dérobées ensilées), o il y a un manque de paillage en surface donc non coupure de la capillarité. Si l’implantation est bonne, l’irrigation peut être arrêtée plus tôt donc, au total, la quantité d’eau utilisée n’est pas augmentée. Ce qui change au niveau des variétés Les essais menés depuis 5 ans en Vendée montrent que le choix des variétés à implanter est encore plus important qu’en travail du sol : les plantes n’ont pas le même comportement et certaines variétés décrochent dès que le sol n’est pas travaillé. Vu le nombre de variétés existantes dans le catalogue français, il est impossible ici de lister l’aptitude de chacune au semis direct. Cependant, on peut retenir quelques caractéristiques issues des données des essais : Une bonne vigueur de départ : si une plante démarre bien, il est rare qu’elle soit décevante à la récolte ; cependant, une variété peut avoir une bonne vigueur en système labour et une mauvaise en semis direct : on ne peut donc pas se fier aux essais en conventionnel pour cette caractéristique, L’ensemble des variétés testées a également été soumise à un test de germination à froid : on observe la capacité des semences à germer à une température de 7°C. Une corrélation forte existe entre cette capacité à germer à froid et le rendement final obtenu. Cette germination est une donnée génétique qu’on ne peut estimer que par ce test. Prime aux tardifs : les variétés précoces s’arrêtent de pousser rapidement en cas de stress. Sans tomber dans l’excès, il vaut mieux privilégier des indices de 20 points supérieurs aux indices utilisés habituellement. Par exemple, en ensilage, et dans le bocage Vendéen, les indices 280 à 300 sont souvent utilisés. Le PMG n’apporte pas une plus-value sur le rendement même si on pensait qu’en ayant plus de réserves, leur développement en serait meilleur ; ceci n’est pas vérifié. En conclusion, essayer les variétés chez soi et renouveler sa gamme avec parcimonie est une sage précaution: le type de sol avec sa vitesse de réchauffement, sa réserve utile, son comportement général a une influence forte quand on ne travaille plus le sol. Maïs réussi en direct dans une prairie (photo : T. Gain) Rédaction : Thierry GAIN (Chambre d’agriculture de la Vendée) Comité de lecture : FRANCOIS Hervé, GAIN Thierry, GENDRY Marc, GUERIN Fabien, HOUBEN Vincent, LE GRAET Sylvain, LEMAIRE Philippe, MICHONNET Jean-Luc, MULLIEZ Pierre, RABEAU Vincent, RIOU Virginie, pour les Chambres d’agriculture des Pays de la Loire SOLAG n°1 le 27/03/2014