CESAR CHAPPUIS, rue Bellecordière (... 1702 - 1712).

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CESAR CHAPPUIS, rue Bellecordière (... 1702 - 1712).
CESAR CHAPPUIS
... 1702 - 1712
CESAR CHAPPUIS, rue Bellecordière (... 1702 - 1712).
César Chappuis, de qui il m’a été impossible de retrouver l’origine, pas plus d’ailleurs que le
décès, avait marié sa fille à Jean Veyron, veuf de Marguerite Libéral (voir notice Veyron-Bailly).
Il dut travailler avant 1702, époque où je le rencontre pour la première fois. Il est alors
recherché, à la requête du libraire Dezallier de Paris, pour contrefaçon. En août,1 le
commissaire de police se rend rue Bellecordière pour y interroger Chappuis et perquisitionner
dans ses ateliers ; celui-ci travaille à un « Castro Palao », pour Anisson, dit-il, mais le
commissaire, malin, lui fait observer que le « Castro Paolo » est une édition latine, imprimée
dans le format in-folio, alors que le livre qui se trouve sous la presse est in-8° et composé en
langue française. Chappuis, alors, se ravise : en effet, dit-il, ce tirage est celui d’une feuille de
La Perfection chrestienne, de Rodriguez,2 qui m’a été « ordonnée par un Marchand de la ville
de Tournon, à qui cette feuille manquoit pour parfaire quelques exemplaires dud. livre ».
— Et quel est ce marchand ? réplique le commissaire.
— Je « ne sçais son nom, parce qu’il m’a payé comptant l’impression de lad. feuille » !
Peu après,3 le commissaire se transporte une fois de plus chez Chappuis, y trouve une
nouvelle « forme » de la Perfection sous la presse ; il « rompt » cette forme, s’empare des
caractères avec lesquels elle est composée et les porte au greffe de la police pour y être
vendus ; quant aux feuilles déjà tirées, elles sont transportées chez le cartonnier Antoine
Montagny, rue Paradis, pour y être mises « au pillon » en présence du commissaire.
Bien qu’il ait été, en janvier 1703, condamné à 150 livres d’amende et à fermer son atelier
pendant deux mois, Chappuis continue à faire travailler ses presses : « Je suis pauvre, dit-il,
chargé d’une grosse famille, il faut bien que je travaille pour la faire subsister ».4
Telles étaient les raisons que toujours les imprimeurs donnaient pour justifier les
contraventions dont ils se rendaient coupables.
En 1708, un arrêt du Conseil du roi « prive [Chappuis] de la maîtrise », ce qui, bien entendu,
ne l’empêche nullement de continuer à exercer son métier. Mais, le 18 juin de cette année
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1708, Louis Dugas, lieutenant général de police, accompagné du syndic et de ses adjoints, se
transporte dans l’« ouvroir » de la rue Bellecordière, « pour procéder à l’enlèvement des
presses et des caractères, et de tout ce qui peut servir au travail d’imprimerie » que Chappuis
exerce « au mespris des arrêts et des reglemens ». Ils trouvent là « un jeune garçon qui leur fait
ouverture de l’ouvroir », mais « les presses ne paroissent pas avoir été dérangées » ; les vis
sont « en place avec les platines », les caractères sont « dans les rangs » ; le « nommé Jean
Veron, maistre imprimeur de cette ville, gendre de Chappuis », étant survenu, a déclaré « avoir
fait transporter chez luy tous les caractères de l’imprimerie de son beau père, et qu’il ferait de
même transporter les presses » si cela était nécessaire, « pour pouvoir faire travailler en son
nom les Enfans dud. Chappuis, ses beaux frères, et les ayder à subsister ».
Nous retrouvons encore Chappuis en 1711 ; Il est condamné à 150 livres d’amende et il est
l’objet, de la part de la chambre syndicale, d’une demande de déchéance de sa maîtrise ; un
arrêt du Conseil du roi du 25 janvier 1712 l’en prive, en effet, définitivement et pour toujours.
Il quitta à ce moment notre ville et se réfugia en Ardèche, où il introduisit l’imprimerie à
Bourg-Saint-Andéol, en 1725.
Bibliographie
Arch. Lyon, HH Chappe VI, 563 - 48.
Arrêt du Conseil d’Etat du roi... du 25 janvier 1712, Lyon, 1712.
Henri Hein, « Notes pour servir à l’histoire de l’imprimerie à Bourg-Saint-Andéol », Le Bibliographe
moderne, 1910.
R. Labrelly, L’Imprimerie à Bourg Saint-Andéol au XVIIIe siècle, Aubenas, 1917.
G. Lepreux, dans le Bulletin des maîtres-imprimeurs de France, 1925, Noël, p. 44.
1. Arch. Lyon, HH 100, 30 août 1702. (JP)
2. Le P. Alonso Rodríguez, S.J. (JDM)
3. Arch. Lyon, HH 102, 14 septembre 1702. (JP)
4. Arch. Lyon, HH 102, 14 septembre 1702. (JP)
5. Arch. Lyon, HH 103, (2ème partie). (JP)