La danse 2006 - La Bibliothèque

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La danse 2006 - La Bibliothèque
La danse
Catalogue
des films
Collection Images de
la culture
Ce catalogue présente des films sur la danse déposés à La_Bibliothèque, ville de Saint-Herblain,
par le Centre national de la cinématographie - Images de la Culture.
Les films sont présentés par ordre alphabétique de titre. Un index à la fin du catalogue permet de
rechercher au nom des chorégraphes, avec renvoi au titre.
Vous pourrez trouver ces films dans l’Espace musique-danse de la médiathèque.
La consultation sur place, individuelle ou collective, est libre et gratuite aux heures d’ouverture de
la médiathèque, dans Le Club (grand écran – 84 places) : du lundi au samedi de 14 heures à 19
heures, ainsi que les mercredis et samedis matins, de 10 heures à 12 heures.
Le fonds danse de La_Bibliothèque dispose de nombreux autres films absents de ce catalogue
Images de la culture qui peuvent être consultés sur place, mais aussi empruntés par les adhérents
à la médiathèque.
Pour toutes informations complémentaires, le personnel de la médiathèque est à votre disposition.
Rendez-vous possible au 02 28 25 25 25.
Contact : Fanny Mérot
211 jours après le printemps
1990, 15', couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Nicole Corsino, Norbert Corsino
Chorégraphie : Nicole Corsino
Musique : Jacques Diennet
Interprétation : Nicole Corsino, Norbert Corsino, Lulu
Production : Danse 34 productions
Promenade en brèves séquences autour d'un plan fixe du Stromboli. C'est le 'mouvement' interne des lieux que recherchent les Corsino,
par une réflexion sur le cadre, l'intégration de paysages de synthèse et un montage nerveux. Une forme qui contraste avec des plans de
corps alanguis dansant 'ad libitum' de microscopiques variations pour bras, têtes ou jambes. Nicole et Norbert Corsino (N+N) résident à
Marseille et produisent depuis le début des années 80 des courts et moyens métrages, fictions chorégraphiques dont ils sont le plus souvent
les interprètes principaux. Leurs gestes, toujours pensés pour la caméra, s'inscrivent en contrepoints poétiques à l'architecture des villes et
des paysages maritimes. Ils sont fondateurs avec d'autres chorégraphes marseillais du collectif Marseille Objectif Danse.
Patrick Bossatti
Á corps pluriels
1994, 16', couleur, fiction, danse, U-matic
Conception : Jean-Marc Bordet
Réalisation : Jean-Marc Bordet
Chorégraphie : Anna Pietsch, Marie-Paule Perrin
Musique : Alexis Louis-Lucas, Robert Verguet
Production : UP vidéo Ville de Chenôve
Des adolescentes virginalement vêtues de tuniques blanches ondoient dans les prés tandis que des garçons improvisent une break-dance au
milieu d'un décor de tissus. Ces images croisent celles de fillettes jouant à une marelle invisible. Filmée derrière la grille d'un terrain de
basket, une centaine d'élèves répète mécaniquement un unique mouvement de bras...
Ces images apparemment disparates témoignent d'une de ces plongées de la danse contemporaine dans le système scolaire français. Après
une année passée avec différentes classes d'un établissement de Chenôve en Bourgogne, Anna Pietsch et Marie-Paule Perrin ont construit
une fable minimale. En préambule, le commentaire nous indique que "des jeunes de 9 à 16 ans ont vécu à cette occasion leur première
expérience de danse. Voici le reflet partiel de leurs explorations et de leurs découvertes." On sent que les deux chorégraphes se sont
attachées à travailler en douceur les préoccupations de jeunes adolescents sans, toutefois, tirer parti de l'énergie foudroyante liée à la
jeunesse.
Fabienne Arvers
Á la renverse
1990, 12', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Valérie Urréa
Chorégraphie : Mathilde Monnier
Musique : Louis Sclavis, Christophe Séchet
Interprétation : Claude Barichasse, Bertrand Davy, Herman Diephuis, Laurence Levasseur, Joël Luecht, Michèle Prélonge,
Catherine Savy, Christian Trouillas
Production : La Sept, Arcanal, CGP, Films 7e industrie
Adaptation pour l'image du spectacle A la renverse de Mathilde Monnier, composée selon le rythme originel de la pièce qui va crescendo. Le
film débute par la déambulation goguenarde d'un employé dans une bibliothèque fictive dont le sol est devenu plafond. Bientôt, une
population affolée court en tous sens entre les rayonnages.
Le cadrage subtil respecte sans démonstration le parti pris d'une écriture qui morcelle le geste. L'image glisse avec une autonomie
bienveillante sur le groupe turbulent qui, aussitôt dissous, forme ailleurs des tutti symétriques. Bousculades, empoignades, collisions sur la
clarinette virtuose de Louis Sclavis qui n'interrompt qu'à de brefs instants son débit saccadé. De singuliers soli se nichent alors dans ces
respirations silencieuses. Dès cette deuxième pièce chorégraphiée sans Jean-François Duroure, Mathilde Monnier affiche son goût pour
une écriture éruptive que temporisent des moments d'abandon.
Patrick Bossatti
A mossa
1992, 28', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Conception : Jacques Malaterre, Jacques Patarozzi
Réalisation : Jacques Malaterre
Chorégraphie : Jacques Patarozzi
Musique : Chants traditionnels corses
Interprétation : Christine Baxas, Gilberte Casabianca, Antoine Effroy, Jacques Filippi, Claire Haenni, Anne Holzer, Jean-Pierre
Lanfranchi, Jackie Micaelli, Jean-Paul Orsini, Antonia Pons Capo, Frédéric Seguette
Production : La Sept, Arcanal, Collectivité territoriale corse, Lieurac productions
Au son des voix polyphoniques, de petits refrains de danse sur des places de villages ou des promontoires dominant la mer promènent le
spectateur dans des paysages écrasés par le soleil de Corse. Douce connivence entre le chant et la chorégraphie ponctuant chaque moment
rituel de la vie rurale dans son imagerie traditionnelle : le banquet, les jeux d'hommes, la vendetta, la veillée du mort...
Ce film, au rythme suspendu, renforce l'osmose que Jacques Patarozzi avait établie entre les chants traditionnels et la danse contemporaine
lors de la création du spectacle sur scène. Un retour aux sources pour cet ancien danseur de Pina Bausch qui, depuis dix ans, explore les
relations humaines par des chorégraphies sensibles. Patrick Bossatti
AATTENENT!ONON
1997, 20', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Luc Riolon
Chorégraphie : Boris Charmatz
Interprétation : Boris Charmatz, Julia Cima, Vincent Druguet
Production : Videogram, compagnie Edna
... de ne pas tomber ! Ainsi pourrait-on clore ce titre énigmatique qui annonce l'imminence d'un danger. Celui peut-être mis en jeu par cette
chorégraphie de Boris Charmatz, danseur et chorégraphe très remarqué depuis son premier duo A bras le corps. Loin de toute
ornementation, sa danse se confronte à l'espace, à la résistance du corps, aux possibilités de contact avec l'autre.
Dans cette chorégraphie, une structure métallique verticale place les trois danseurs l'un au-dessus de l'autre : l'espace de la danse est très
limité, circonscrit par le vide et l'impossibilité pour chacun de voir ce que font les autres. L'autre aspect spectaculaire de la pièce, est la
nudité des danseurs qui ne gardent sur eux qu'un tee-shirt. Une danse abrupte, qui refuse le romantisme de l'envolée et s'astreint à la
pesanteur, à l'impact de la chute, à la dépense d'énergie provoquée par des mouvements dénués de toute joliesse. La caméra de Luc Riolon
joue le jeu de la chorégraphie : en fragmentant les corps et en concentrant la vision sur l'organisation spatiale de la chorégraphie, il évacue
tout voyeurisme.
Fabienne Arvers
Abracadabra
1998, 37', couleur, fiction, danse, VHS et DVD
Réalisation : Philippe Decouflé
Interprétation : Magali Caillet, Stéphane Chivot, Muriel Corbel, David Defever, Brad Denys, Sébastien Libolt, Eric Martin,
Alexandra Naudet, Lydie Nury, Irma Omerzo, Maxime Rigobert, Christophe Salengro, Olivier Simola
Production : Oïbo, François Roussillon & associés, La Sept-Arte, NVC Arts, France 3
C'est un "essai cinémato-numérique magique", tourné en Super-8, Super 16 et 35 mm, en noir et blanc et en couleur, dans la ligne de
Marguerite et Shazam !, les derniers spectacles en date de la Cie DCA de Philippe Decouflé. Un essai en désordre où les danseurs se font
lettres, loupiotes articulées et, comme sur scène, les angles de vision démultipliés jouent allègrement sur l'illusion.
Outre la danse, l'autre passion de Decouflé est l'image animée, truquée, avec des féeries à la Méliès. Son idée : faire un film déséquilibré sur
l'équilibre, pour "renverser les perspectives et tordre les lignes droites". Abracadabra développe l'idée de fantasmagorie déjà traitée dans
Shazam ! : "C'est une sorte de bloc-notes d'un an d'idées chorégraphiques liées au cinéma que j'ai décidé de réunir en un ensemble, qui n'a
pour seule cohérence que de sortir de ma tête, avertit le chorégraphe. Avec des inter-séquences qui sont un peu traitées à la façon d'un
journal intime, je capte des espèces de poèmes sans queue ni tête...". Les danses tournées au milieu des squelettes de dinosaures du musée
d'Histoire naturelle sont à ranger et déguster dans cette catégorie.
Fabienne Arvers
Adelita, Sevilla y flamenco
1995, 25', couleur, documentaire, musique, VHS
Réalisation : Magali Negroni
Production : DMVB films
En plein coeur de Séville, entre bars à tapas et filles de joie, se niche un petit palais aux murs couverts d'"azulejos". Depuis 50 ans,
Madame Adelita Domingo y a fondé une école de danse et de chant flamenco, à présent une des plus réputées du pays. Voyage au plus
profond de l'âme espagnole et de la générosité de l'acte de transmission.
Agée de 65 ans, Adelita partage depuis 20 ans sa vie avec son perroquet. Tous les jours à 17 heures, tous deux s'éclaircissent la voix et
vérifient le son du piano, jusqu'à l'arrivée des élèves. Ceux-ci sont sélectionnés très jeunes, pour une quinzaine d'années d'apprentissage.
Pour les familles, Adelita est une chance précieuse de réussite. Et tandis que les grands-mères attendent, picorant des graines de tournesol
ou murmurant des paroles qu'elles connaissent par coeur, les petits-enfants y vont de leur chant, danse ou castagnettes. Parfois, un ancien
élève devenu danseur professionnel vient offrir à Adelita l'occasion de danser encore, avec une belle maestria. A 22 heures, les élèves s'en
vont... non sans avoir salué le perroquet !
Marie Dunglas
Adolphe Appia, le visionnaire de l’invisible
1989, 40', couleur, documentaire, théâtre, VHS et DVD
Réalisation : Louis Mouchet
Production : CSS productions
Adolphe Appia (Suisse, 1862-1928) imagine une "poétique scénique", expression de sa recherche pour libérer le corps et épurer la scène
des lourds décors en toiles peintes. A travers ses dessins conçus pour le drame wagnérien (espaces lumineux, dispositifs rythmiques
influencés par Jaques-Dalcroze), l'itinéraire d'un scénographe étonnant qui continue de bouleverser l'espace théâtral moderne.
Louis Mouchet réalise un documentaire foisonnant qui met en écho les travaux scénographiques et les essais théoriques d'Adolphe Appia
(La Musique et la mise en scène, L'Oeuvre d'art vivant). Il restitue d'innombrables esquisses-camaïeux, des scénarios scéniques inventés pour les
opéras de Wagner (L'Or du Rhin, Parsifal, Tristan et Iseult), d'ingénieux décors lumineux et sonores qui s'appuient sur la découverte du
projecteur à arc voltaïque. Ces espaces rythmiques alternent à l'écran avec la reconstitution de ballets inspirés d'Emile Jaques-Dalcroze, le
maître de l'eurythmie. De larges séquences sont consacrées à leur collaboration au projet architectural d'Hellereau (1911-1918), exemplaire
laboratoire du futur conçu pour la mise en valeur optimale du corps humain.
Elisabeth Ramus
Aeros
1990, 27', couleur, adaptation, danse, DVD
Réalisation : Burt Barr
Chorégraphie : Trisha Brown
Musique : Richard Landry
Interprétation : Lance Gries, Nicole Juralewicz, Gregory Lara, Carolyn Lucas, Diane Madden, Lisa Schmidt, Shelley Senter, Wil
Swanson, David Thompson
Production : Burt Barr, Trisha Brown Company
Conçu comme un carnet de travail parsemé de souvenirs, d'anecdotes et d'images de voyage, le film de Burt Barr est basé sur le spectacle
Astral Convertible, créé en 1989 à Montpellier, lors d'une tournée de New York à Moscou. Ami fidèle et collaborateur de longue date, le
plasticien Robert Rauschenberg fait partie du voyage.
Avec une prédilection pour de larges zones d'ombre trouées d'éclairs éblouissants, Aeros ne délivre de la chorégraphie de Trisha Brown
que des fragments, des éclats de temps volés aux répétitions, à l'échauffement. Des extraits de Home made, un film de 1966 dans lequel
Trisha Brown danse avec une caméra accrochée dans le dos, alternent avec la vision de Trisha aujourd'hui, reprenant ce solo.
Fabienne Arvers
Akarova / Baugniet,
Baugniet, l'entrel'entre-deuxdeux-guerres
1991, 50', couleur, documentaire, danse, VHS
Réalisation : Jurgen Persijn, Ana Torfs
Evocation de la trajectoire de la danseuse et chorégraphe Akarova et de son ami designer Raymond Baugniet. Replaçant leurs aventures
dans le contexte des avant-gardes belges de l'entre-deux-guerres, le documentaire multiplie les témoignages et les points de vue historiques,
esthétiques et sociologiques. Le film montre aussi de rares images des Duncan et Sakharoff dont Akarova était très proche.
De nombreux extraits de films d'archives, notamment de l'école d'Hellereau de Rudolf von Laban où la danse expressionniste puisa sa
substance, des vues d'expositions et des témoignages d'anciennes danseuses d'Akarova, font de ce film une mine abondante et touffue de
renseignements. La réalisation sobre et le parti pris chronologique aident néanmoins le néophyte à s'orienter dans ce panorama très
complet d'une période foisonnante pour l'invention des formes en Belgique.
Patrick Bossatti
Alegria - L'univers
L'univers flamenco de Karine Saporta
1996, 51', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Marie-Hélène Rebois
Chorégraphie : Karine Saporta
Production : Daphnie production, Atelier de cinéma de Normandie, Centre chorégraphique national de Caen
Conçu à l'occasion de la création L'or ou le cirque de Marie de Karine Saporta au Manège de Reims, le film de Marie-Hélène Rebois trace un
portrait de la chorégraphe et de son oeuvre résolument placé sous le signe de la démesure et du baroque. Ses origines espagnole et russe
sont d'abord évoquées avant de laisser directement la parole à la chorégraphe et ses interprètes.
Le fil conducteur d'Alegria tient dans un constant rapprochement entre l'esthétique contemporaine d'une chorégraphe imprégnée par ses
origines et les caractéristiques du flamenco. De fait, plusieurs de ses précédents spectacles s'inspiraient déjà de la corrida, du monde des
gitans ou des processions religieuses. Cet univers flamboyant est alimenté ici par une pratique précise du flamenco, qui, selon Karine
Saporta, peut nous réapprendre l'art de l'excès : pour ce spectacle, les danseurs de la compagnie ont appris la gestuelle à Séville, avec
Raphaël Amargo et Elena Gabezas-Gallego qui dansent aussi dans la création. Tandis que la chorégraphe règle musiciens et danseurs dans
le somptueux décor du Manège, démonstration est faite des influences mutuelles entre danses contemporaine et traditionnelle.
Fabienne Arvers
AllersAllers-retours
2000, 38', couleur, documentaire, danse, DVD
Réalisation : Christian Zarifian
Production : les Films Seine-Océan, TV10 Angers
Au Havre, dont la population est composée pour moitié d'immigrés, l'atelier de danse africaine de Cécile Raynal-Diarra trouve un écho
particulier. Française, la jeune femme a longtemps vécu en Afrique et, dès son retour, a décidé de transmettre ce qu'elle y avait appris.
Conçu en quatre temps, le film de Christian Zarifian témoigne de l'attrait des échanges culturels qui s'expriment à travers cette expérience
du mouvement.
Allers-Retours est filmé dans un lieu unique : le studio de danse. Chaque mercredi, des élèves de différentes origines s'initient à la danse
africaine, accompagnées par le rythme des percussions jouées sur place. Ce cours est, comme souvent, exclusivement fréquenté par des
femmes. Chaque étape du documentaire correspond à un moment particulier de l'atelier filmé en cours d'année. Au fil du temps, la caméra
se fait oublier et laisse la parole aux élèves, qui font part de leurs propres motivations à suivre cet enseignement. Chacune livre ses
impressions : rechercher un autre état, perdre le contrôle de son corps, être dans la musique ou danser pour les autres font partie des
découvertes de la danse. Mais cet apprentissage montre aussi l'intérêt que chacun éprouve à questionner ses propres racines en se
confrontant à une culture différente ou en cherchant à retrouver la sienne propre.
Irène Filiberti
L’amour sans les mots
1985, 45', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Conception : André Ligeon Ligeonnet
Réalisation : Raoul Sangla
Chorégraphie : Anne-Marie Reynaud
Musique : Gabriel Yared
Interprétation : Odile Azagury, Emmanuelle Baudry, Chantal Doudeau, Ivan Merat, Joao Ramos, Catherine Richet, Andréa Sitter,
Toméo Vergès
Production : FR3 Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Lieurac productions
Des extraits du spectacle Trompe-coeur d'Anne-Marie Reynaud, qui s'inspire de la gestuelle des personnages du peintre Balthus, sont associés
à des fonds mouvants d'images de synthèse et des prises de vue de décors naturels retravaillées par ordinateur. Un film coloré qui joue sur
le contraste entre une danse lente, posée, et des expérimentations vidéo énergiques et mouvementées.
Patrick Bossatti
An atomica
1991, 18', couleur, adaptation, danse, VHS
Réalisation : Tamara Laï
Chorégraphie : Juan Bernardo Pineda
Musique : Jean Furst
Interprétation : Marianne Henry, Juan Bernardo Pineda
Production : Archipel Sud, Asbl Namur-Liège
Roulades, chutes groupées, collisions, rapport très physique avec le sol, toute la panoplie gestuelle de la jeune danse belge est condensée
dans ce duo où deux danseurs nus, lourdement chaussés, évoluent dans des sous-bois, sur les berges d'un lac. Ces scènes alternent avec des
plans réalisés pendant le spectacle. Les images de cygnes glissant sur l'eau apparaissent parfois en surimpression.
Patrick Bossatti
Anna de la côte
1986, 12', couleur, fiction, danse, VHS
Réalisation : Nicole Alix, Marielle Gros
Chorégraphie : Nicole Corsino, Norbert Corsino
Musique : Jacques Diennet
Interprétation : Nicole Corsino, Norbert Corsino
Production : Airelles vidéo, N+N Corsino, ORC Paca
Un couple impeccablement mis danse dans des paysages marseillais : alternance de plans subaquatiques, d'extérieurs sur les voies ferrées de
l'Estaque, les jetées et les plages du Prado et de séquences tournées en studio.
Dès cette première fiction chorégraphique, une nostalgie mêlée d'ironie sous-tend la recherche des Corsino. Les corps semblent en attente
d'expression, livrés à la calligraphie mystérieuse et muette des architectures qui s'inscrivent dans le cadre.
Patrick Bossatti
L’anoure
1998, 60', couleur, adaptation, danse, VHS et DVD
Réalisation : Jean-Michel Plouchard
Chorégraphie : Angelin Preljocaj
Interprétation : José-Maria Alvès, Jean-Vincent Boudic, Julie Bour, Claire Burnet, Emilio Calcagno, Nadine Comminges, Sébastien
Durand, Sylvain Groud, Karine Mommessin, Loïc Noisette, Claudia de Smet
Production : Injam production, La Sept-Arte
Pour L'anoure, pièce pour onze danseurs créée en 1996, Angelin Preljocaj a fait appel à un librettiste de grand renom, Pascal Quignard.
Conte sombre et onirique, L'anoure - batracien plus connu sous le nom de "grenouille" -, flotte dans un état second, sur une bande son qui
mêle une musique aquatique de Bernard Cavanna, quelques emprunts à Rameau et la voix masculine d'un narrateur.
A la suite d'un accident de voiture dans lequel meurent ses parents, Jean, le héros, accède à un monde étrange. Entre rêve et réalité, perte
de conscience ou prise de conscience aiguë, rituels de passage (sortie de l'enfance, découverte de l'amour, mort), cette histoire simple utilise
aussi les arcanes classiques de la fable : quand un crapaud ne cache pas un prince, ce sont les anoures qui camouflent des princesses. Pour
figurer le passage du monde réel à celui du songe, de l'espèce humaine au règne animal, un cube sombre, au centre du plateau, s'ouvre, se
déplie et se referme, faisant office de seuil, de porte dérobée. A moins que, pour Jean, ce ne soit tout simplement la boîte de Pandore, celle
qu'il n'aurait jamais dû entrouvrir...
Fabienne Arvers
L’ascète de San Clemente et la Vierge Marie
1990, 27', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Conception : Jean Gaudin, Marc Guérini
Réalisation : Marc Guérini
Chorégraphie : Jean Gaudin
Interprétation : Jean Gaudin, Sophie Lessard
Production : La Sept, Senso
Dans un grand appartement vide, un homme étrange, aux habits lacérés, déambule à croupetons, l'air préoccupé. Soudain, une vierge au
rictus cynique lui apparaît. Elle a le corps luisant, le mollet agile et le geste leste. Chassés-croisés entre les deux personnages, duos et
situations cocasses. Après des ébats effrénés, la vierge bondissante sort par la fenêtre et laisse l'ascète à sa solitude.
Mise en images d'un des premiers duos de Jean Gaudin qui le fit apprécier comme un chorégraphe volontiers porté sur l'humour et la
dérision. Les pièces suivantes confirmèrent son attirance pour le loufoque et le comique de situation. Tourné dans les espaces immaculés
de la villa turque de Le Corbusier à la Chaux-de-Fonds, le duo lutte contre le dessin très présent de l'architecture, mais la réalisation de
Marc Guérini recentre l'attention sur les personnages.
Patrick Bossatti
AuAu-delà
1992, 15', couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Lionel Boncompagnie
Chorégraphie : Elsa Wolliaston
Musique : Steve Lacy
Interprétation : Steve Lacy, Elsa Wolliaston
Production : La Sept, Ina, Sacem, Lieurac productions
Jeux d'improvisations entre les notes acides et percutantes de Steve Lacy et le mouvement ample, puissant mais saccadé d'Elsa Wolliaston.
La performance est ponctuée par de courtes séquences où l'image de la danseuse hante le saxophoniste.
Venue des pulsions de la danse africaine traditionnelle, la danse d'Elsa Wolliaston s'est peu à peu modifiée au contact de l'Europe et se
laisse volontiers porter, depuis quelques années, par les accents gutturaux et syncopés du free jazz de Steve Lacy. Filmés dans un espace si
vaste que les murs sont invisibles, les deux solistes semblent flotter au-dessus du sol bleu pâle et lumineux.
Patrick Bossatti
Aunis
1994, 13', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Luc Riolon
Chorégraphie : Jacques Garnier
Musique : Maurice Pacher
Interprétation : Gérard Baraton, Kader Belarbi, Jean-Claude Ciappara, Maurice Pacher, Wilfried Romoli
Production : France 2, Vidéogram Paris
Deux accordéonistes et trois danseurs sur une dune de sable, surplombant la mer. Le ciel est couvert, le vent souffle et gonfle leurs
chemises tandis que le mouvement des vagues fournit un fond visuel à cette danse résolument gaie et faussement folklorique. Comme un
clin d'oeil aux origines occultées de la danse classique.
Aunis, un solo à l'origine, fut créé en 1979 par Jacques Garnier. A cette époque, lui et Brigitte Lefèvre avaient pris leur distance avec
l'Opéra Garnier et fondé leur compagnie, le Théâtre du Silence. Un nom qui en dit long sur le désir de retrouver une danse pure, libérée du
carcan de la narration et du livret. Aunis est un hymne à la joie retrouvée de livrer le corps au mouvement, au rythme et à la musique. En
1980, Jacques Garnier réécrit Aunis pour trois interprètes et lors de la biennale de Lyon 1988, Kader Belarbi, Wilfried Romoli et JeanClaude Ciappara, de l'Opéra de Paris, reprennent les rôles. Nous les retrouvons ici, dans ce film qui débute par un hommage à Jacques
Garnier, aujourd'hui disparu : "Sourire à la vie, et dans un éclat de rire, aimer."
Fabienne Arvers
Les avalanches
1997, 90', couleur, adaptation, danse, VHS
Conception : Claude Brumachon, François Roussillon
Réalisation : François Pinon
Chorégraphie : Claude Brumachon
Musique : Christophe Zurfluh
Interprétation : Ester Aumatell, Christian Bakalov, Marc Barret, Claude Brumachon, Oriana Cifras, Benjamin Lamarche, Nathalie
Licastro, Hervé Maigret, Ernest Mandat, Véronique Redoux, Claire Richard, Valérie Soulard, Isabelle Téruel
Production : François Roussillon & associés, CCNN (Claude Brumachon-Benjamin Lamarche), Paris première
François Pinon signe cette adaptation du spectacle de Claude Brumachon avec des insertions de séances de maquillage, accompagnées de
voix off égrenant des extraits des Liaisons dangereuses, confessions et aveux où l'exigeant plaisir épuise le désir. Benjamin Lamarche ouvre le
bal : "Ah! n'en doutez pas madame, ces mots de vice et de vertu ne nous donnent que des idées purement locales."
Ces Avalanches sont, elles aussi, très localisées : en plein coeur de l'attachement du chorégraphe à grossir le trait des attitudes et des
affrontements entre les sexes au moyen d'une danse parfois proche de la lutte. Les constructions du désir se traduisent scéniquement par
une enfilade de séquences où la séduction ne fait pas le détail dans le choix des armes ; des "Avalanches" sadiennes tour à tour noyées de
lumière et plongées dans l'ombre, car il arrive que le désir soit nu aussi, enceint de désespoir. Mais Claude Brumachon est optimiste. Les
violons de Haendel, Vivaldi et Mozart ont vite absorbé les échos métalliques de la musique de Christophe Zurfluh et les corps se délient
dans une belle sarabande. Avant d'être un calcul, séduire peut être un jeu.... Fabienne Arvers
Un avion presque au milieu du lac
1989, 28', couleur, fiction, danse, U-matic
Réalisation : Norbert Corsino
Chorégraphie : Nicole Corsino
Musique : Jacques Diennet
Interprétation : Cesare Baj, Nicole Corsino, Norbert Corsino, Lyz Schlegel
Production : Arcanal, TNDI, Danse 34 productions, ISTAR
Quelque chose se trame autour d'un mystérieux hydravion qui plane de paysage de synthèse en lagune bleutée de lac bien réel. Sur des
pontons, des jetées et des rives, un couple de citadins chics exécute quelques figures sémaphoriques comme pour circonscrire ce vol
énigmatique. Une femme, bouche rouge et visage fardé, des poissons plein les mains se joint parfois au couple dansant.
Un film au climat étrange dû en grande partie à l'utilisation du silence et de bourdons musicaux qui provoquent une tension dramatique sur
des images d'apparence paisible. Cadres et prises de vue sont aussi impeccables que les costumes chez ces vidéo-chorégraphes marseillais
qui se sont fait une spécialité de ces étranges et séduisants courts métrages où la danse est un des meilleurs ressorts de la fiction.
Patrick Bossatti
Aziliz
1999, 6', couleur, fiction, danse, DVD
Réalisation : Thierry Salvert.
Chorégraphie : Cécile Borne
Production : Vivement lundi !, Muzzik
Au milieu des bois retentissent les sons de la bombarde et du biniou. Un étrange personnage surgit. Doté d’une tête géante, il danse sur le
rythme, alternant gestuelle de pantin souple et danse codifiée. L’origine du travail de Cécile Borne, chorégraphe installée en Bretagne, se
fonde sur un patrimoine : les danses populaires bretonnes. Un travail de mémoire qui prend ici la forme d’un conte.
Matières naturelles, couleurs tendres ou vives, Aziliz s’inspire des mythes bretons. Le spectacle, qui fait l’objet de cette courte adaptation
filmée en forêt, est doté d’un charme énigmatique. La démarche de Cécile Borne réfléchit un alliage inédit entre tradition et langage
contemporain. La chorégraphe est aussi plasticienne et s’intéresse au cirque comme au théâtre. Masques, objets et tissus usés par le travail,
le temps, le sel, la mer, contribuent à forger son univers. Des petits pas sautillés, des mouvements saccadés, donnent à ses personnages
l’allure festive et inquiétante des figures de carnaval. Ce travail sur le masque est pour la chorégraphe un espace de découverte et
d’interrogation sur la pratique de la danse.
Irène Filiberti
Babilée 91
1992, 60', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : William Klein
Interprétation : Jean Babilée
Production : La Sept, Arcanal, Lieurac productions
Ce document sur la vie quotidienne du célèbre danseur est le plus bel hommage que l'on pouvait lui rendre. Babilée a basé toute sa carrière
sur l'intelligence du présent. On le suit chez lui et dans les répétitions de Life, écrit pour lui par Béjart (1979), qu'il reprend ici en 1991 avec
Marie-Claude Pietragalla. Un plan final le montre sur sa moto, fonçant dans les rues de Paris.
Le film débute sur les propos de Mikhail Baryshnikov. Peu d'images d'archives : un film amateur de son enfance, un extrait du Jeune homme
et la mort (1946) et quelques plans de Life en 1979, aperçus à la télévision dans son petit appartement parisien. Devant les caméras de
William Klein, Babilée remonte ce ballet pour un gala au théâtre des Champs-Elysées. Beaucoup de moments silencieux, de mouvements
discrets du cadre, de respirations entre les séquences, dans cette réalisation qui a su capter le calme intérieur de cet homme d'apparence
bouillonnante. Ecouter son corps, c'est, pour Babilée, le contraire du narcissisme, c'est écouter le monde et ne jamais se refuser à lui. Un
film noir et blanc qui évite les pièges de l'hagiographie en une suite de séquences fluides et intimistes.
Patrick Bossatti
Ballet
1995, 164', couleur, documentaire, danse, DVD
Réalisation : Frederick Wiseman
Production : F. Wiseman, La Sept, BBC
Délaissant portraits et interviews, Frederick Wiseman filme cette véritable institution américaine qu'est l'American Ballet Theatre, fondé
par Balanchine, sans se soucier de hiérarchiser les dimensions artistiques ou pédagogiques (le travail des chorégraphes et maîtres de ballet
avec les solistes ou le corps de ballet), administratives ou économiques. La parole est ici à l'image, captivante !
La caméra s'installe posément dans les studios de répétition (les premières images sont consacrées aux danseurs en train de s'échauffer),
dans le bureau de la directrice toujours filmée au téléphone (à la recherche de partenaires financiers ou en colère avec le Metropolitan qui
programme le ballet du Kirov en même temps que l'American Ballet), dans les rues de New York, en tournée en Europe (sur scène et dans
les moments de détente des danseurs)... Elle s'attarde lorsqu'un événement lui semble de nature à illustrer la nature et la singularité du lieu.
Certaines séquences sont ainsi révélatrices de l'esprit "maison" : une vieille femme transmet à un jeune interprète un ballet qu'elle a jadis
dansé ; la palette émotionnelle se découvre à travers le vocabulaire gestuel, resté intact dans sa mémoire.
Fabienne Arvers
Belep
1990, 53', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Conception : Anne Baudry, Jean-Louis Comolli, Alain Tarta
Réalisation : Jean-Louis Comolli, Alain Tarta
Musique : Centre culture de Belemas
Production : La Sept, Meli Mélo productions
Sur fond de revendication canaque, danses et chants de la petite île de Belep en Nouvelle-Calédonie ritualisent chaque action quotidienne.
La pêche, la confection des filets, la préparation des plats, le travail de la terre sont ainsi transcendés par la danse qui sert d'élément de
transmission des savoirs et de la culture.
Dans l'esprit de tous les habitants, le souvenir de la lutte sanglante pour l'indépendance reste vivant. Chacun évoque les morts et les faits
d'armes des résistants en retournant sur les lieux où sont tombés les membres de leur famille. Un documentaire sobre qui, par excès de
discrétion, ne fait qu'effleurer le caractère animiste et fantastique des mythes et des rites calédonniens.
Patrick Bossatti
La belle au bois dormant
1991, 90', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : José Montes-Baquer
Chorégraphie : Roland Petit
Interprétation : Ballet national de Marseille, Zizi Jeanmaire, Dominique Khalfouni, Cyril Pierre
Production : A2, Telmondis, WK productions
Adaptation pour le petit écran du ballet de Roland Petit d'après Charles Perrault, Marius Petipa et Winsor Mac Cay. La présence
savoureuse de Zizi en sorcière tonifie les tableaux de pantomime et les passages de facture classique, que Roland Petit a entremêlé avec des
extraits de la version dansée originale de Marius Petipa. Un divertissement richement costumé destiné à un très large public.
Patrick Bossatti
Bill T. Jones - Arnie Zane and company
1991, 60', couleur, documentaire, danse, VHS
Réalisation : Mischa Scorer
Production : BBC, Thirteen WNet, Amaya
Grande fresque de trois heures, la pièce The Last Supper at The Uncle Tom's Cabin, qui fit grand bruit lors de son passage au festival
Montpellier Danse 1991, sert de fil conducteur à ce portrait, juste et remarquable, de l'un des plus attachants chorégraphes d'aujourd'hui.
L'un des plus engagés aussi.
Lorsqu'à l'orée des années 80, Paris découvre Bill T. Jones, enfant terrible de la danse noire américaine, il forme avec Arnie Zane, juif
lituano-américain, "un fameux couple interracial homosexuel". Une photo d'eux signée Mapplethorpe sera censurée. En 1986, Arnie Zane
meurt du sida. Depuis, les spectacles de Bill T. Jones, séropositif, sont autant de coups de poing balancés à la face du puritanisme
américain. The Last Supper... évoque l'esclavage bien sûr, mais plus largement, les comportements de suspicion et d'exclusion à l'égard des
minorités ethniques, sexuelles, sociales. Un patchwork chorégraphique haut en couleur qui mêle comédie musicale, danse contemporaine
et débat en direct avec un membre du clergé sur la pertinence du 'safer sex' ici-bas.
Fabienne Arvers
Bill T. Jones, été 95
1995, 54', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Ludwig Trovato
Chorégraphie : Bill T. Jones
Production : Noctiluques production, CGP, La Sept-Arte
Tourné au couvent Notre-Dame-de-la-Tourette et à Montpellier, ce film s'attache à cerner la dimension spirituelle de l'oeuvre du
chorégraphe Bill T. Jones. Le dialogue avec un dominicain à qui il confie les enjeux de son travail est entrecoupé de séquences dansées :
improvisations avec le musicien Max Roach, travail avec Trisha Brown, extraits de Still Here, dernière création présentée en France.
Créée à New York, cette pièce provoqua une belle polémique, certains critiques dénonçant ce 'victim art' dégradant pour l'artiste comme
pour son public. Pour Bill T. Jones, cette pièce traite des émotions, de l'expérience de la vie devant la mort, et les ateliers de survie qu'il
anima dans un premier temps, avec des malades en phase terminale furent pour lui un moyen de conjurer la peur. Pour cet artiste
américain noir, homosexuel et séropositif, la disparition de son amant Arnie Zane, mort du sida en 1988, fut déterminante : "Je pense que
ma tâche est de venir au monde, de voir ce qui s'y passe et de l'arranger", estime-t-il aujourd'hui.
Fabienne Arvers
La botanique
1991, 6', couleur, fiction, danse, DVD
Conception : Harold Vasselin.
Réalisation : Harold Vasselin.
Chorégraphie et interprétation : Fabienne Abramovitch
Production : Harold Vasselin, Fabienne Abramovich.
Plan noir et blanc rapproché sur les plis sculpturaux d'une robe. Le point de vue s'élargit sur Fabienne Abramovich. Sa danse est coulée,
fluide, telle une respiration végétale. La couleur apparaît dans un reflet au sol et grâce à un subtil montage, la robe apparaît tantôt noire,
tantôt blanche. D'un ton docte et détaché, une voix off récite une leçon de botanique sur la reproduction du chêne.
De la description morphologique des organes de reproduction du chêne émane une sensualité diffuse, exprimée par une approche très
physique de l'image et transcendée par la danse.
Patrick Bossatti
Boulevard Jourdan - L'Art en scène/Première
1995, 63', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Marie-Hélène Rebois
Production : Daphnie, Cie Larsen
En mai 1994 au théâtre de la Cité internationale, Stéphanie Aubin invitait cinq chorégraphes à des "Dédicaces" destinées à conjuguer l'art
du dialogue à la performance (Mark Tompkins), l'image vidéo (Groupe Dunes), le travail des costumes (Daniel Larrieu), les chassés-croisés
musique et langage (Georges Appaix) et la musicalité du mouvement (Odile Duboc).
Cette manifestation intitulée L'Art en scène/Première utilisait la danse comme une onde de choc, précipitant dans sa course compositeurs,
chorégraphes, amateurs d'images, oeuvres filmiques, bricoleurs de lumières, interprètes. Basé sur une envie aussi simple qu'essentielle, ce
projet de confronter les oeuvres chorégraphiques à l'histoire et aux démarches artistiques qui les ont fait naître, se pose pour Stéphanie
Aubin en terme de nécessité : "Je trouve dommage de ne toujours montrer que la surface visible de l'iceberg. J'aimerais pouvoir rendre
vivant et perceptible pour le public le processus de ce travail. La danse a toujours été pour moi un art qui s'alimente de son rapport avec
les autres disciplines artistiques."
Fabienne Arvers
Bruit blanc - Autour de MarieMarie-France
1998, 50', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Conception : Mathilde Monnier, Valérie Urréa
Réalisation : Valérie Urréa
Musique : Louis Sclavis
Production : Films Pénélope, CCNMLR, La Sept-Arte
Blanc comme l'oubli des couleurs, ce blanc que Mathilde Monnier avait déjà planté en lisière du regard dans L'Atelier en pièces, spectacle
magistral créé avec un participant aux rencontres du centre chorégraphique national de Montpellier en direction de personnes autistes.
Valérie Urréa s'attache ici à suivre la relation engagée entre la chorégraphe et Marie-France, jeune autiste de 26 ans.
Il y a les moments d'un spectacle donné par elles deux et Louis Sclavis pour la musique, et le travail dans le cadre des ateliers de
mouvement menés depuis quatre ans en collaboration avec l'association "Les murs d'Aurelle" à l'hôpital de La Colombière. La relation
entre Mathilde et Marie-France, évoquée par les pédo-psychiatres, médecins et kynésiologues, transite essentiellement par le corps : "C'est
au-delà de la parole, mais dans un langage propre." Propre à révéler "les capacités physiques étonnantes de Marie-France, extraordinaires,
lui permettant d'adopter des positions que même un danseur ne peut refaire." Une découverte fascinante pour cette danseuse dont le corps
recèle nombre de chemins oubliés.
Fabienne Arvers
La brûlure ou le sentiment de surveillance
1987, 25', couleur, adaptation, danse, U-matic
Réalisation : Raoul Sangla
Conception : Karine Saporta
Musique : Jean-Marc Zelwer
Chorégraphie : Karine Saporta
Interprétation : Karine Saporta, Marie-Jo Faggianelli, Dominique Auclert
Production : Arcanal, FR3, Imago Star, La Sept
Sur des chants de femmes bulgares, une jeune femme se dirige vers un centre de travail où elle est durement prise en main par deux
gardiennes en blouse, sbires muettes et intraitables. Après une séance de photos d'identité, les deux "amies métalliques" lui assignent son
casier d'effets personnels en la maltraitant. Toutes trois se réconcilient au cours d'une étrange partie de poker aux allumettes.
Les deux femmes en blouse sont des ouvrières du feu qui érotisent leur labeur en se passant sur le corps des flammes de chalumeau. La
jeune fille jouée par Karine Saporta, devenue folle et pyromane, s'inflige dans un solo final la douce brûlure de la flamme bleutée du gaz,
tandis qu'une voix off récite des textes sur la lumière. Une réalisation conventionnelle, aux cadrages classiques, pour ce jeu chorégraphique
sado-masochiste brûlant et incendiaire adapté de la chorégraphie Bal dans un couloir de fer, également intitulée les Amies métalliques.
Patrick Bossatti
Les cahiers retrouvés de Nina Vyroubova
1995, 90', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Dominique Delouche
Interprétation : Nina Vyroubova
Production : Films du Prieuré, France 2, France supervision
Elle fut la muse de Serge Lifar, des ballets du marquis de Cuevas, de Roland Petit. La petite Russe de Meudon devenue étoile de l'Opéra de
Paris note alors dans des cahiers d'écolière les dessins des chorégraphies créées pour elle. A partir de ces cahiers, Dominique Delouche
emmène Nina Vyroubova dans un voyage à travers ses rôles.
Tout au long du film, les images d'archives du Spectre de la danse ou de Giselle alternent avec celles de Nina Vyroubova aujourd'hui,
transmettant ses rôles à de jeunes danseuses. On la suit également à Saint-Pétersbourg, un voyage sentimental qui la mène de la datcha de
son grand-père à l'Académie du ballet russe où elle est acclamée. Ses souvenirs ponctuent les images d'anecdotes, notamment lorsqu'elle
évoque son arrivée à l'Opéra de Paris. Serge Lifar lui avait demandé de venir remplacer "l'irremplaçable" Yvette Chauviré et, du jour au
lendemain, Nina Vyroubova s'est retrouvée propulsée dans le tout Paris des années 40. Un conte de fées moderne qui fait encore briller les
yeux de la danseuse.
Fabienne Arvers
Les caméléons
1997, 50', couleur, adaptation, danse, VHS et DVD
Réalisation : Laurent Chevallier
Chorégraphie : Josef Nadj
Mise en scène : Josef Nadj
Interprétation : Etienne Arlettaz, Mathurin Bolze, Christian Bonnelle, Arnaud Clavet, Vincent Gomez, Laurent Letourneur, Michaïl
Mercadie, Bruno Michel, Jambenoix Mollet, Josef Nadj, Laurent Pareti, Thomas van Uden, Martin Zimmermann
Production : Le Poisson volant, La Sept-Arte, Anomalie, Meyer production
Tourné dans un bâtiment étonnant, avec tour, recoins, terrasses et loge de gardien, ce film est une variation du spectacle de Josef Nadj, Le
cri du caméléon, créé avec les élèves du Centre national des arts du cirque de Châlons-en-Champagne. Ce sont toujours les mêmes
interprètes, mais depuis, les élèves ont quitté l'école et se sont regroupés en Cirque Company et Anomalie.
Gardien vétilleux d'un immense domaine, Josef Nadj parcourt les méandres de son labyrinthe avec une raideur empruntée à la silhouette
de Buster Keaton. Il n'est pas seul : une troupe étrange, visages mangés par les costumes, franchit les seuils qui la séparent de la scène en
plein ciel où les attire le chorégraphe. Nuit noire, guirlandes de loupiotes : les arts du cirque à ciel ouvert disent leur amour de l'envol, de
l'élan, du rebond et se fondent dans le théâtre de geste si particulier de Josef Nadj. Des personnages énigmatiques trimballent des objets
hétéroclites au milieu d'acrobates, de jongleurs. Pas de coupure entre les deux univers, mais une porosité constante due à une même
préoccupation : faire émerger les personnages d'une proposition physique et concrète.
Fabienne Arvers
Canard pékinois
1987, 18', couleur, adaptation, danse, VHS
Réalisation : Luc Riolon
Chorégraphie : Josef Nadj
Interprétation : Thierry Bae, Gérard Gourdot, Laszlo Hudi, Marion Mortureux, Josef Nadj, Kathleen Reynolds, Gyork Szakonyi
Production : Cie Josef Nadj, Vidéogram Paris
Chez Josef Nadj, la danse apparaît comme l'issue possible d'une gestuelle théâtrale désireuse de poétiser la fiction à travers le mouvement.
Somme de souvenirs, réels ou imaginaires, vécus ou légendaires, Canard pékinois, créée à Paris en 1987, est la première pièce de ce
chorégraphe hungaro-yougoslave qui aborda la danse contemporaine auprès de Mark Tompkins, Sidonie Rochon ou François Verret.
L'univers de Canard pékinois est fantasque et onirique, des miroirs inattendus révèlent à tous moments d'autres mondes. C'est cette fêlure
du réel par où s'engouffre le merveilleux que le réalisateur Luc Riolon a choisi de rendre visible en s'appuyant sur la scénographie
impeccable de Goury Strelnikov.
Fabienne Arvers
Captives (2nd
(2nd mouvement)
1999, 13', couleur, fiction, DVD
Réalisation : N+N Corsino
Production : Danse 34 productions, CICV Pierre Schaeffer, Canal +
Créateurs d'images et d'installations liant la danse et l'ordinateur, Nicole et Norbert Corsino affinent leurs recherches sur les espaces
virtuels et les glissements narratifs. Fiction chorégraphique, "Captives" a été imaginée en deux parties indépendantes. Ce deuxième
mouvement est entièrement réalisé en 3D. Trois femmes aux trajectoires distinctes circulent dans des mondes imaginaires recréés par un
environnement virtuel.
Le scénario de "Captives" est construit autour de gestes de femmes animées par des comportements de refus. Les actions et l'imaginaire
qui découlent de cette attitude constituent la matière de ce court récit fantastique. Le mouvement des corps des danseuses (Nicole
Corsino, Ana Teixido et Carme Vidal), enregistré en "motion capture" est appliqué à leur clone. Comme dans un film d'animation, les
corps et les espaces subissent toutes sortes de déformations et la danse est plongée dans un monde de reflets. Ecran concave, brume et
forêt virtuelles, plage de cristaux géants, ville futuriste composée d'écrans, la scénographie propose des univers dissociés, parcourus par les
mouvements virtuels de la caméra. Des effets spéciaux qui dégagent un climat de totale étrangeté.
Irène Filiberti
Caramba
1986, 7'30, couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Philippe Decouflé
Chorégraphie : Philippe Decouflé
Musique : Hugues de Courson
Interprétation : Angélica Chaves, Philippe Chevalier, Philippe Decouflé, Herman Diephuis, Denis Giuliani, Janet Latimer, Samuel
Leborgne, Christophe Lidon, Michèle Prélonge, Monet Robier, Véronique Ros de la Grange, Christophe Salengro, Spot, Frédéric
Werle
Production : Gédéon, Cie DCA, Arcanal
Caramba, une troupe au nom d'opérette, se produit dans un vieux bâtiment désaffecté. Un reporter aux grandes oreilles est le seul
spectateur de cette revue éclectique. Un moustachu magicien à ressort se transforme en alligator, une poupée se trémousse sur les
trépidations d'une machine à laver... Eberlué, le reporter se carapate sur les dernières mesures d'un final zoulou, rigolo et rythmé.
Première fiction cinématographique réalisée par le futur chorégraphe de Codex, Triton et de la cérémonie des jeux olympiques d'hiver
d'Albertville. Drôlerie, poésie et acrobatie sont au rendez-vous de l'imagination débridée de ce faiseur d'images né. Un film coloré qui
cultive un genre difficile : l'humour et la fantaisie.
Patrick Bossatti
Carnets de traversée, quais ouest
1989, 23', couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Johanne Charlebois, Harold Vasselin
Chorégraphie : Johanne Charlebois
Musique : Jean-Jacques Palix
Interprétation : Eric Affergan, Laurence Bertagnol, Nathalie Clouet, Véronique Favarel, Rodrigue Jean, Henri Leroi, Patricia Lopez
Production : Sirius films, Arcanal, MC Le Havre, Taxidermie
Dans une salle d'embarquement désaffectée du port autonome du Havre, un charleston résonne. Un petit groupe de personnages
dégingandés en costumes 1900 s'agite puis se disperse, pour envahir et contaminer par la danse les espaces déserts du port industriel à
l'abandon. Un personnage, mi-ange mi-démon, perché sur les plus hautes grues, tient lieu de vigie.
L'image contrastée, charbonneuse et piquée, fait référence au film réaliste et s'attarde sur les actions disséminées d'une chorégraphie qui
rejoue des images de départ et d'exil. Le son, conçu par Jean-Jacques Palix, insiste sur des textures acoustiques, mixe une profusion de
rumeurs et dote ce court métrage d'une riche dramaturgie sonore.
Patrick Bossatti
Carolyn Carlson solo
1984, 53', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : André S. Labarthe
Chorégraphie : Carolyn Carlson
Production : A2, RM Arts, BRT
Journal de création de l'ultime semaine de répétitions de Blue Lady, solo magnétique et légendaire, créé en 1983 au théâtre de la Fenice à
Venise par celle qui fut nommée étoile de l'Opéra de Paris en 1974 par Rolf Lieberman. Visage lisse, soucieux, Carolyn Carlson se livre,
improvise et réfléchit devant la caméra d'André S. Labarthe.
Avec un sens savant du plan et de la mise en scène, le réalisateur approche l'artiste par effractions mesurées. Il entrouve les portes du
studio d'enregistrement de René Aubry, compositeur et mari de la danseuse. Il s'attarde en coulisse, s'impose en salle de répétitions. Il tisse
des correspondances poétiques et visuelles entre la vie mystérieuse de la cité des doges et le processus artistique de la dame en bleu. Entre
documentaire et fiction, des images rares au montage coulé.
Patrick Bossatti
Carolyn Carlson, a Woman of Many Faces
1996, 29', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Réalisation : Charles Picq
Chorégraphie : Carolyn Carlson
Production : Agat films & cie, La Sept-Arte, Maison de la danse (Lyon)
Charles Picq a rêvé son film comme une aubade, courte et vive. Carolyn Carlson, "femme aux multiples facettes", plonge dans son
histoire, évoque son maître Alwin Nikolais, sa nomination à l'Opéra de Paris comme chorégraphe résidente dans les années 1980 et la mise
en place, à l'Opéra, du Groupe de recherche chorégraphique qu'elle appelle son "laboratoire de création".
On la suit à Venise où Blue Lady verra le jour avant de faire le tour du monde. Puis, retour au Théâtre de la Ville à Paris où son univers se
fait nettement plus théâtral, imprégné de spiritualité. Celles et ceux qui ont été ses complices et ses proches confirment l'évolution de son
parcours : la danseuse Marie-Claude Pietragalla, le danseur Lario Ekson et le compositeur René Aubry qui partagea sa vie pendant quinze
ans. Le compositeur Michel Portal, complice privilégié de ce qui fonde la geste carlsonienne, témoigne sur l'improvisation et une certaine
sauvagerie. "Je viens du mouvement hippie, mais offrir des fleurs ne suffit plus. Il faut les déchirer et les offrir d'une autre façon," dit
Carlson.
Fabienne Arvers
La chambre
1988, 7'30, noir et blanc, fiction, danse, DVD
Réalisation : Joëlle Bouvier, Régis Obadia.
Production : Ina, La Sept, MC Le Havre, Cie l'Esquisse
Une femme dans un fauteuil. La caméra danse autour d'elle et dévoile dans son dos l'image comme diffractée de huit danseuses, piquées
telles des insectes sur un mur oblique. Dans un espace clos au sol terreux, tandis que des mots de Marguerite Duras sont murmurés en
voix off, les neuf danseuses résistent par des gestes d'évitement et de fermeture du corps aux intempéries qui les visitent.
Joëlle Bouvier et Régis Obadia signent là un film d'une beauté plastique évidente et se révèlent en tant que metteurs en scène de leur
propre univers chorégraphique. Utilisant pleinement les ressources du cinéma, ils traduisent par l'image l'urgence de leur écriture gestuelle
qu'ils proposent ici comme un contrepoint au style littéraire étiré de Marguerite Duras. Ce film a obtenu de nombreux prix dont le Toucan
d'or aux rencontres de programmes audiovisuels de Rio de Janeiro, le FIPA d'argent 1989 (courts métrages) à Cannes et une mention
spéciale du jury au FIFA en 1990.
Patrick Bossatti
La chambre des passions
1993, 15', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Conception : François Gahier, François Gauducheau, Agnès Izrine
Réalisation : François Gahier, François Gauducheau, Agnès Izrine
Chorégraphie : Claude Brumachon
Mise en scène : Benjamin Lamarche
Musique : Christophe Zurfluh
Interprétation : Claude Brumachon, Roxana del Castillo, Pascal Guillermie, Benjamin Lamarche, Guillaume Lemasson, Anne
Minetti, Véronique Redoux, Fabienne Saint-Patrice, Valérie Soulard, Sophie Torrion
Production : GF production Nantes, France 3 Ouest, CCNN
Adapté librement du spectacle de Claude Brumachon, ce film condense parfaitement l'enjeu de la pièce, une ode au libertinage et aux
plaisirs charnels largement inspirée des Liaisons dangereuses. Nus, la peau humide et le visage parfois caché sous un voile, les danseurs
s'adonnent à de brusques étreintes. Inlassablement, les corps se heurtent.
De Palais des vents à Lame de fond, les passions, il est vrai, ont toujours préoccupé ce chorégraphe même si, chez lui, les gestes de l'amour
ressemblent à s'y méprendre à ceux de la lutte. Les bras se referment sur les corps comme un étau, les couleurs sont chaudes,
voluptueuses, les tissus moirés, et l'eau ruisselle généreusement. Hachée, syncopée, contractée, segmentée, convulsive, cette gestuelle
donne une étrange vision du corps et du désir qui l'anime : comme une mécanique affolée qui tourne à vide, elle renvoie finalement à
l'angoisse et à la solitude.
Fabienne Arvers
Chansons
1991, 26', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Jean Delsaux, Marlène Puccini, Geneviève Sorin
Chorégraphie : Geneviève Sorin
Musique : Raymond Boni
Interprétation : Jean-Paul Bourel, Isabelle Cavoit, Pascale Degli-Esposti, Pascale Degli-Esposti, André Jaume, Didier Silhol,
Geneviève Sorin
Production : Arcanal, Krystal production, TNDI, Cie MEAARI G.Sorin-R.Boni
Illustration vidéo-chorégraphique du spectacle de Geneviève Sorin, Chansons, hommage sentimental à Mac Orlan, dans une succession de
courtes séquences. Le saxophone laconique d'André Jaume annote, sur une composition de Raymond Boni, cette évocation sentimentale
et désinvolte de l'univers réaliste de Mac Orlan, construite comme à tâtons et possédant la saveur entêtante d'un rêve éveillé.
La voix de la danseuse et chanteuse Pascale Degli-Esposti égrène nonchalamment des refrains écrits par chaque interprète en relation avec
l'imaginaire littéraire de l'écrivain dédicataire du spectacle. L'image cisèle les duos et les ensembles sur le mode du murmure visuel : les
atmosphères et les situations sont à peine effleurées. Cette réalisation souligne l'art de l'ellipse de la chorégraphe marseillaise.
Patrick Bossatti
Un chant presque
presque éteint
1986, 28', couleur, adaptation, danse, DVD
Réalisation : Claude Mouriéras
Chorégraphie : Jean-Claude Gallotta
Interprétation : Mathilde Altaraz, Christophe Delachaux, Jean-Claude Gallotta, Viviane Serry
Production : Groupe Emile Dubois, Ina, MC Grenoble
Mangeurs de sandwichs, habitants des gares, dans leur habits râpés ils hantent les voies, les salles d'attente, les halls. Avant de se fondre
dans la ville, de disparaître dans la masse anonyme qui peuple les grandes cités, ils rejouent une dernière fois l'attachement à leur pays
d'origine d'où les trains les arrachèrent.
Quelques gestes de la chorégraphie de Mammame de Jean-Claude Gallotta sont disséminés et intégrés au décor naturel de la gare de l'Est à
Paris. Mouriéras filme les danseurs au milieu des voyageurs et peu à peu la danse se dissout dans la vie quotidienne. Chaque posture fait
écho à un regard anonyme et le moindre événement est alors perçu chorégraphiquement. Collaborateur régulier du groupe Emile Dubois,
Claude Mouriéras a construit des fictions inspirées de spectacles où il prolonge de manière personnelle l'univers du Jean-Claude Gallotta.
Patrick Bossatti
Le chat botté
1986, 90', couleur, spectacle filmé, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Dirk Sanders
Chorégraphie : Roland Petit, Marius Petipa
Musique : Piotr Illich Tchaïkovsky
Interprétation : Jean-Pierre Aviotte, Ballet national de Marseille, Patrick Dupont, Dominique Khalfouni, Jean-Charles Uerchère
Production : A2, Telmondis, WK-productions
Un ballet féerie rassemblant, selon Roland Petit qui présente lui-même son ballet, la quintessence des contes de Perrault. Pantomimes
chorégraphiques, ponctuées d'emprunts à la version de Marius Petipa. Pour une plus grande lisibilité, des inter-titres situent régulièrement
l'action du ballet. Patrick Dupont en matou griffu et cabot fait merveille dans un rôle sur mesure.
Patrick Bossatti
La chevelure de Bérénice
1993, 25', couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Ann Marchi
Chorégraphie : Caroline Marcadé, Gabriella Carrizo
Musique : Jean Cohen-Solal
Interprétation : Delphine Baey, Raphaëlle Delaunay-Belleville, Thierry Trussardi
Production : La Sept-Arte, Jardin public
Cette fiction chorégraphique s'intéresse à l'une des Bérénice de la famille des Ptolémée, qui inspira les poètes Callimaque et Catulle à
quelques siècles de distance. Princesse d'Egypte, elle sacrifia une boucle de ses cheveux à Aphrodite pour obtenir que son mari revienne
sain et sauf d'une expédition en Syrie...
Ces cheveux ayant disparu du temple où ils étaient placés, l'astronome Conon de Samos affirma qu'ils avaient été changés en astre et
donna à une constellation le nom de Chevelure de Bérénice. Le scénario de Ann et Alain Marchi et la chorégraphie de Caroline Marcadé sont
situés à la fois dans cette constellation et dans le gouffre de l'Apocalypse, figuré par un décor en ruines où les images du monde actuel
viennent se refléter fugitivement. La rencontre amoureuse de Bérénice et du jeune homme qui coupera ses cheveux, leurs jeux sur la
marelle du ciel et le grand lit couleur de nuit font sombrer corps et biens le poème de Callimaque dans le trou noir de l'anecdote.
Fabienne Arvers
Chinoiseries
1998, 34', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Réalisation : Valérie Urréa
Chorégraphie : Mathilde Monnier
Musique : Louis Sclavis
Production : Artline films, La Sept-Arte, CCNMLR (Mathilde Monnier), CGP
Créé il y a sept ans, le duo entre la chorégraphe Mathilde Monnier et le clarinettiste Louis Sclavis a ceci de particulier que son écriture
évolue sans cesse. Ce n'est donc pas une pièce de répertoire, revendiquent-ils tous deux en insistant sur la règle du jeu : partager des
rapports d'intensité en privilégiant les renvois, la variété des énergies.
On l'a abordé sans psychologie, c'est un travail sur le travail, disent-ils tous deux. Valérie Urréa capte ce dialogue fait de gestes et de sons,
de regards et d'écoute. Une danse extrêmement élaborée, "impossible à interpréter totalement sans erreur tant elle fonctionne sur des
oppositions entre tension et relâchement, directions et énergies. J'essaye que chaque mouvement ait plusieurs sens : au dialogue avec Louis
Sclavis se superpose un dialogue interne à ma danse où toutes les couches d'un mouvement, sa fragmentation, sont données à voir.
Finalement, cette pièce suit mon travail : elle est témoin d'un état d'être, d'un état de recherche", constate Mathilde Monnier. Louis Sclavis
ne la contredit pas : cela fait toute la beauté de ce duo, frémissant et en devenir perpétuel.
Fabienne Arvers
La chute d'Icare
1991, 49', couleur, spectacle filmé, danse, VHS
Réalisation : Jacques Bourton, Thomas de Norre
Mise en scène : Frédéric Flamand
Musique : Michael Nyman
Interprétation : Tobias Bausch, Bud Blumenthal, Hayo David, Wang Kuo-Chuan, Peter Maschke, Gilles Monnart, Ralph Nonn,
Gabriella de Pascalis, Sam Usher, Ida de Vos
Production : Plan K, RTBF
Sur le mythe d'Icare, Frédéric Flamand imagine une mise en scène purement visuelle, une suite de tableaux tirés au cordeau sur la musique
soutenue de Nyman. La gestuelle narrative des comédiens-danseurs étroitement liée à la scénographie de Plessi provoque des images
esthétiques fortes : ange marchant avec des moniteurs vidéo aux pieds, manipulation d'une grande roue de flammes vidéographiques...
Le théâtre de mouvement de Frédéric Flamand est particulièrement photogénique et les séquences retenues pour cette adaptation
confirment son souci plastique de la composition et de la dramaturgie. La collaboration de Nyman, compositeur des musiques des films de
Peter Greeneway, et celle du plasticien italien Plessi, qui produit habituellement des installations vidéo monumentales, contribuent
efficacement au passage du spectacle à l'écran.
Patrick Bossatti
Cidade capoeira
2002, 24', couleur, documentaire, danse, DVD
Conception : Laurence Méhaignerie, Jalil Naciri, Driss el Haddaoui
Réalisation : Laurence Méhaignerie
Production : Kerala films, Sagunto films
Devenue une danse de la rue, une fête expiatrice et populaire, la capoeira est née en même temps que le Brésil. Alors appelée "N’Golo", la
danse prend sa source dans le camouflage d’une lutte de libération des esclaves, un exercice destiné à tromper l’oppresseur. Laurence
Méhaignerie visite les villes emblématiques et rencontre les maîtres d’académies de la capoeira.
Paysages pluvieux, nocturnes ou ensoleillés de Santa Lucia, Salvador de Bahia, ou Rio de Janeiro, chaque ville du pays semble dotée de son
académie de capoeira. Les maîtres y enseignent l’art de la ruse, la "malandragem", et la vivacité des mouvements d’une danse à la fois
combattive et réconciliatrice. "Tu dois rentrer dans la ronde le cœur ouvert," dit maître Rafaël, professeur à Rio. Maître Marrón, Maître Jao
Pequeno ou Maître Nestor, ancien ministre de la guerre, capoeriste depuis les années 1960, expliquent la philosophie pacifiste et l’art de
vivre de leur pratique. Sur la piste circulaire, hommes, femmes et enfants se livrent à la grâce des disputes inoffensives, "sans trophées ni
médailles". Ils offrent des duos magistralement dansés. Les prouesses physiques oscillent entre assauts et embrassades. "C’est comme le jeu
de l’amour" dit un danseur au fil de ce reportage à travers l’histoire, les coutumes et l’actualité de cette discipline ancestrale.
Pierre Notte
Circumnavigation
1994, 60', couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Réalisation : N+N Corsino
Chorégraphie : N + N Corsino
Musique : Jacques Diennet
Interprétation : Jacques Boyer, Nicole Corsino, Norbert Corsino, Ana Teixido
Production : Danse 34 productions, Arcanal
Voyage vidéo-chorégraphique à travers les cités portuaires de Marseille, Trieste, Rotterdam, Riga, Vigo, Lisbonne, Vancouver. Une errance
ponctuée de danses pour passerelles, bastingages, tables de bar et couloirs d'autobus : toutes les villes s'apparentent et le mouvement tisse
entre elles des correspondances inédites.
Qui mieux que le chemin connaît le voyageur ? dit le proverbe. La voie est ici celle du regard que portent les Corsino sur le monde
alentour, chemin du regard et de l'esprit. Mises en distance par un traitement esthétique convaincant, les villes accostées par les N+N et
leurs danseurs deviennent des lieux improbables, imaginaires, qu'ils lisent comme autant de paysages à déchiffrer par l'écriture gestuelle et
le cadrage vidéo.
Patrick Bossatti
Codex
1987, 26', couleur, adaptation, danse, VHS et DVD
Réalisation : Philippe Decouflé
Chorégraphie : Philippe Decouflé
Musique : Hugues de Courson
Interprétation : Pascale Henrot, Samuel Leborgne, Pascale Luce, Christophe Salengro, Catherine Savy
Production : Gédéon, Cie DCA
Adaptées du spectacle Codex, ces quelques séquences farfelues et bienvenues sont dynamisées par la réalisation de Philippe Decouflé. Des
microbes ficelles, virgules noires et palmées, disputent la vedette au duo d'un géant et d'une poupée. Deux hommes en robe se plient en
quatre sur une mélodie mélancolique chantée par un homme entonnoir... Un festival hétéroclite d'humour et de poésie.
On croyait le jeune homme branché et, comme tout ce qui doit à l'air du temps, on rangeait volontiers son savoir-faire au rayon des
fantaisies éphémères et des gadgets. Pourtant, l'exubérance passée, il reste dans ce film un sens poétique ineffable, une science de l'image et
de la concision qui font défaut à nombre de productions de l'époque. C'est un manifeste doux dingue, un 'ethno reportage' sur des peuples
imaginaires et des us et coutumes chorégraphiques échappés d'un esprit prolixe et sidérant. Philippe Decouflé est sans doute le grand
héritier d'Alwin Nicolaïs, dont il fut l'élève au centre national de danse contemporaine d'Angers.
Patrick Bossatti
Cortex
1992, 32', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Luc Riolon
Chorégraphie : Maguy Marin
Musique : Denis Mariotte
Interprétation : Ulises Alvarez, Teresa Cunha, Christiane Glik, Athanassios Koutsoyannis, Jean-Marc Lamena, Mychel Lecoq, Cathy
Polo, Isabelle Saulle
Production : Cie Maguy Marin, Vidéogram Paris
Le sol est rouge, les chaises en plastique jaune citron, les hommes en costume sombre et les femmes, chignon banane et robe droite,
semblent tout droit sorties d'une série télé des années 60. Tout ce petit monde aime à nommer les choses : objets usuels, habits, sousvêtements, et jusqu'aux particularismes physiques et sexuels.
Cette étrange alchimie entre le corps, la parole, et leur 'transfiguration' dans la danse et le théâtre, Maguy Marin ne cesse de la fouiller.
Depuis May B, la chorégraphe observe avec l'acharnement d'une entomologiste ces drôles d'humains aux signes particuliers marqués par le
désir tenace d'être vus et entendus. Cortex est un inventaire et une démonstration de tout ce qui constitue un être humain, accessoires
compris, et fonde ses relations avec autrui. La petite histoire de Raoul Campion et d'Hélène Bertin, natifs de Clermont-Ferrand, et celle de
leur descendance, conclue avec humour ce 'cortex des habitus de l'homo sapiens'. Et la danse ? Mais c'est l'un des moyens de se déplacer
les plus spectaculaires et l'un des moyens de rencontre les plus drôles... Fabienne Arvers
Cross Channel
1991, 26', couleur, fiction, danse, VHS
Réalisation : Margaret Williams
Chorégraphie : Lea Anderson
Musique : Steve Blake
Interprétation : Lea Anderson, Teresa Barker, Frank Bock, Gaynor Coward, Emma Gladstone, Stephen Kirkham, Elizabeth Lauren,
Mark Lorimer, Dan O'Neill, Alexandra Reynolds, Carl Smith, Marisa Zanotti
Production : MJW production for BBC, Amaya distribution
Un groupe de jeunes anglaises très 'cup of tea', coiffées de capelines beurre frais, traversent la Manche en ferry. De l'autre côté, en France,
une bande de cyclistes campe au bord d'une falaise. Ils finiront par se rencontrer dans une cabine de plage où ils organisent une surboum
renversante.
Un film coloré et plein d'humour, aux images soignées, où la danse pointe discrètement le bout de son nez.
Patrick Bossatti
La dance
dance hiphip-hop, une technique maîtrisée
2000, 88', couleur, documentaire, danse, DVD
Réalisation : Mohamed Athamna.
Production : Videotel international, Hypnose
En préambule, une conversation dans un café pour situer les premières expériences. Tout se passe ensuite à la Ménagerie de verre à Paris
où Junior Almeïda, Gabin Nuissier et d'autres membres d'Aktuel Force ou des Boogies Cockers montrent en quelques chapitres
l’évolution et la maturité d’un style de danse qui a su s’imposer et se renouveler. Une définition minutieuse d’un langage gestuel, avec ses
codes, son vocabulaire, ses influences musicales.
Mohamed Athamna et ses complices, aidé de Bernard Kech, formateur en analyse du mouvement, réalisent un périple à vocation
pédagogique, qui tient de l’initiation comme de la recherche. A la façon d’un ralenti, ce film se présente sous forme de démonstrations qui
s’attachent au détail et à la qualité du mouvement, tout en en décrivant les origines. Le top-rock, le hop-rock et son passe-passe à 3 ou 6
pas, le top-dance et son tétris, le smurf, le locking, qui a digéré les danses des années 1970 telles que le jerk, le funky chicken ou le bus
stop, le break et ses figures animales telles que le scorpion, l'araignée, la chenille ou le canard boîteux et qui s'origine dans les arts
martiaux... Tous ces termes désignant des styles de danse ou des figures particulières ont pour maîtres mots d'exécution la vitesse et la
précision, précédées d'un long échauffement. Conçu par l'association Hypnose pour la transmission du hip-hop, ce film en démontre toute
la richesse et la diversité.
Irène Filiberti
La danse de l'épervier
1984, 12', couleur, adaptation, danse, VHS et DVD
Réalisation : Robert Cahen
Chorégraphie : Hideyuki Yano
Musique : Michel Chion
Interprétation : Yves Aubert, Lila Greene, Janine Grillon, Colin Harris, Paolo Malvarosa, Claudio Pantoja, Hideyuki Yano
Production : Ina, Ministère de la culture
Conte chorégraphique du Ma Danse Rituel Théâtre, d'après le spectacle Le puits de l'épervier de Hideyuki Yano. Des personnages de légende
aux costumes moyenâgeux et orientaux ont rendez-vous près d'un puits. Lent rituel ponctué de courses que la prise de vue métamorphose
et dilate par des ralentis.
Le traitement de l'image fait écho au caractère presque sacré de certaines figures chorégraphiques. Les danseurs sont baignés dans des
fumerolles synthétiques moirées et autour d'eux se tisse un réseau d'auras diaprées qui traduit l'atmosphère mystique de l'univers de Yano.
Les effets spéciaux deviennent la traduction visuelle de la recherche spirituelle d'un chorégraphe qui, à la fin des années 70, influença
discrètement de nombreuses personnalités de la danse contemporaine française.
Patrick Bossatti
La danse
danse et Degas
2003, 54', couleur, documentaire ; arts plastiques et beaux-arts, DVD
Réalisation : Mischa Scorer.
Production : Idéale audience, Arte France, Thirteen WNET, BBC, NHK, Opéra de Paris, musée d'Orsay.
À l'occasion de l'exposition éponyme du Detroit Institut of Arts, Mischa Scorer, qui a lui-même beaucoup filmé la danse, explore le
rapport privilégié que Degas a entretenu avec cet art. La vie du peintre défile au gré de ses toiles, de moments à l'Opéra aujourd'hui et de
scènes de fiction de l'artiste dans son atelier. Aidés d'un commentaire off documenté, Richard Kendall et Jill DeVonyar, commissaires de
l'exposition, nous servent de guide.
"Rien en art ne doit ressembler à un accident, même le mouvement", note Degas(1834-1917), qui a consacré plus de la moitié de son
œuvre à la danse. Ses audaces de composition, ses points de vue, la variété de ses techniques ont étonné ses contemporains. À propos de
son regard, Brigitte Lefèvre, directrice de la danse à l'Opéra, évoque celui d’un photographe de presse ; Anne Pingeot, conservatrice du
musée d'Orsay, narre le scandale créé par la sculpture de la petite danseuse. Les cours et les coulisses ont intéressé Degas plus que le faste
des spectacles. Certains détails de ses toiles permettent de repérer tel abonné ou tel Pygmalion surveillant "sa" danseuse, une
documentation précieuse pour reconstituer la vie de l'Opéra à cette époque. Martine Kahane, directrice du service culturel, nous emmène à
travers les couloirs et les salles de répétition ; le va-et-vient entre les peintures et les danseuses, filmées en plein exercice ou au repos,
souligne le souci de réalisme du peintre. Boris France
Danse sur image
L’adieu
1990, 5', couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Chorégraphie : Thierry Guedj
Musique : Pierre Carrasco
Interprétation : Thierry Guedj
Production : SF3, Arcanal, Canal +, CGP, Femis, Grec, Ina, MC Saint-Etienne
Réalisation : Jean-Marie Gigon
Thierry Guedj rend hommage aux joueurs de cesta pointa, variante de la pelote basque. Un solo onirique au cours duquel il exécute des
passes stylisées avec une balle luminescente. Son costume immaculé fait signe dans un espace abstrait au sol bleuté.
Patrick Bossatti
Danse sur image
Boqueria
1990, 5', couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Johanne Charlebois
Chorégraphie : Angels Margarit
Musique : Xavier Maristany, Joan Saura
Interprétation : Angels Margarit
Production : SF3, Arcanal, Canal +, CGP, Femis, Grec, Ina, MC Saint-Etienne
Une jeune femme investit dans une course nerveuse et rythmée les allées du marché couvert de la Boqueria à Barcelone. Filmée dans le site
en activité, puis le soir après la fermeture, la danse fait le lien entre les deux états du lieu.
Le montage insère des plans de nourritures à l'étal : contraste entre les monceaux de marchandises offertes à la consommation et l'activité
d'une danse vive, mais qui sans cesse s'esquive.
Patrick Bossatti
Danse sur image
Nuit d'été
1990, 6', couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Pascal Notoli
Chorégraphie : Véronique Ros de la Grange
Musique : Thierry Fournier
Interprétation : Cassandre Jackson, Véronique Ros de la Grange
Production : SF3, Arcanal, Canal +, CGP, Femis, Grec, Ina, MC Saint-Etienne
Un village de midi qui poudroie sous la poussière des chemins écrasés de soleil, la fraîcheur ambrée d’un intérieur. Une femme dort et rêve
une sœur qui danse pour elle dans son salon. Au crépuscule, elles se retrouvent au bord d’une digue. Dans les reflets mordorés renvoyés
par des vidéo-vagues de synthèse, elles entament une petite danse de nuit.
Patrick Bossatti
Danse sur image
Pour toi
1990, 5', couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Gilles Moisset
Chorégraphie : Elsa Wolliaston
Musique : Jacques Bruyère
Interprétation : Jacques Bruyère, Elsa Wolliaston
Production : SF3, Arcanal, Canal +, CGP, Femis, Grec, Ina, MC Saint-Etienne
Une femme traverse lentement un jardin pour atteindre une maison où elle retrouve un percussionniste qui l'attend. Commence alors un
rituel dansé empreint de mélancolie. Si le montage est nerveux, épousant le rythme des percussions, le cadre, lui, prend de la distance avec
la physicalité du mouvement. Un solo inspiré de la gestuelle et des rythmes africains.
Patrick Bossatti
Danse sur image
VolteVolte-face
1990, 6', couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Bertrand Van Effenterre
Chorégraphie : Jean-Christophe Bleton
Musique : Henri Gendrot
Interprétation : Jean-Christophe Bleton
Production : SF3, Arcanal, Canal +, CGP, Femis, Grec, Ina, MC Saint-Etienne
Toute une nuit, un oiseleur danse pour sa compagne la cane, au milieu des caravanes d'un camp gitan. Une réalisation sobre, des images
soignées et chaudes pour ce petit conte chorégraphique astucieux pour homme et oiseau. Patrick Bossatti
Une danse, le temps d’une chanson
fiction
Conception : Patrice Nezan
Est-ce le fameux P’tit Bal de Philippe Découflé sur la chanson de Bourvil qui a inspiré cette collection ? L’idée, en tous cas, a tout pour
plaire : avec la complicité d’un réalisateur, les chorégraphes choisis ont joué le jeu en mettant en danse avec talent un air puisé dans le
répertoire de la chanson française, où le plus souvent, poésie rime avec drôlerie et tendresse. Aucune de ces danses ne s’apparente à un clip
censé illustrer la chanson, mais elles constituent toujours une proposition chorégraphique originale. Chansons de geste version
contemporaine, elles permettent d’accéder en quelques minutes aux univers fort diversifiés des chorégraphes. Prenez une chanson, ses
couplets et son refrain, le timbre de la voix de l’interprète, le sujet ou l’ambiance évoqués, et voyez quelles images, quelles couleurs, quelles
figures et quels rythmes, la danse pourrait leur donner.
Fabienne Arvers
Une danse, le temps d’une chanson
Les amants d'un jour
1997, 4', couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Réalisation : William Lubtchansky
Chorégraphie : Anne-Marie Reynaud
Interprétation : Yanno Iatrides, Antonin Lambert, Céline Praden-Kanagasabai
Production : Heure d'été productions, Qwazi Qwazi film, Arte
Une femme fait briller des verres, tandis qu'au loin, un couple enlacé danse avec langueur. Etreintes, roulades au sol, et puis soudain, un lit
suspendu les accueille. Nous sommes loin du tempo intérieur proposé par Edith Piaf, que l'on imagine facilement, robe noire et mains
tendues, contant l'histoire d'amour au dénouement tragique de ce couple qui se donne la mort dans une chambre d'hôtel.
Fabienne Arvers
Une danse, le temps d’une chanson
Barbara
1997, 5', couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Claude Mouriéras
Chorégraphie : Nathalie Pernette, Andreas Schmid
Interprétation : Nathalie Pernette, Andreas Schmid
Production : Heure d'été productions, Qwazi Qwazi film, Arte
La chanson des Frères Jacques raconte les amours d'une fille dont l'homme meurt à la guerre. L'image est noir et blanc. Le couple roule
dans un champ, ignorant du temps qui passe et des amours en sursis. Ludiques, leurs étreintes ont l'éclat du soleil qui adoucit un horizon
trop sombre pour être vraiment vu.
On sait depuis leurs débuts l'attraction exercée par l'élément terre sur le couple Andreas Schmid et Nathalie Pernette. Friable, boueuse, elle
accueille leurs chutes et recouvre les corps. Quand, plus tard, l'homme allongé a l'air de dormir, on doute de ce filet rouge sang qui s'écoule
de sa bouche. On est comme Barbara, dans un temps bousculé. On songe au dormeur du Val. Et l'on comprend la terre, présente du
premier au dernier plan, non comme un paysage, mais bien comme un refuge.
Fabienne Arvers
Une danse, le temps d’une chanson
La chanson des vieux amants
1997, 6', 1997, couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Pascal Magnin
Chorégraphie : Madira Sardancourt
Interprétation : Madira Sardancourt
Production : Heure d'été productions, Qwazi Qwazi film, Arte
Filmée en plan large dans un décor minimum - des flammes, qui donnent aussi le seul éclairage à la scène -, Madira Sardancourt se jette
dans le flot lyrique des paroles de Jacques Brel et toute sa danse irradie cette offrande d'amour que rien, semble-t-il ne saurait consumer.
Voilà bien une chanson à laquelle il n'était pas évident de se frotter. L'univers de Brel a tant pénétré notre imaginaire, si bien coloré et
sublimé les expériences de chacun, qu'il n'était sans doute pas simple d'en proposer une image. Ce qui explique peut-être le parti pris
simple et sans prétention de la chorégraphe et interprète, et du réalisateur. Comme son prénom d'emprunt l'indique, cette danseuse
française pratique la danse indienne. Elle utilise le langage gestuel fortement codifié d'un art traditionnel pour exprimer, ici, les mots
d'amour éternels.
Fabienne Arvers
Une danse, le temps d’une chanson
La complainte du progrès
1997, 5', couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Conception : ALIS, Pierre Fourny, Dominique Soria
Réalisation : Claudio Pazienza
Chorégraphie : ALIS
Interprétation : Monique Cremer, Serge Cremer
Production : Heure d'été productions, Qwazi Qwazi film, Arte
Ironie douce et implacable, La Complainte du progrès de Boris Vian, vue par ALIS, nous plonge dans un univers loufoque, où le réel dérape
sans cesse dans l'incongru, l'absurde, voire l'inquiétante étrangeté. Un couple méticuleusement occupé à diverses activités (se servir un café,
se raser, s'habiller, préparer le repas, laver le linge) voit son univers envahi par les assauts répétés du progrès.
Le film de Claudio Pazienza est soigné et enlevé : les pirouettes visuelles qui marquent les méfaits du progrès, ses conséquences fâcheuses
et drôles, entraînent tout doucement vers la déliquescence finale. Tout se déglingue. Les lavabos débordent, les corps se blessent et les
gestes les plus anodins retiennent toute notre attention. Et quand d'un simple coup de rouleau à pâtisserie, surgissent des lettres de
couleur, on se dit que la magie fait peu de cas des machines sophistiquées qui domestiquent notre réel.
Fabienne Arvers
Une danse, le temps d’une chanson
Jolie Môme
1997, 4', couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Vincent Bal
Chorégraphie : Daniel Larrieu
Interprétation : Laurence Rondoni
Production : Heure d'été productions, Qwazi Qwazi film, Arte
Replacée dans son contexte, les années 60 et l'essor des loisirs, la chanson de Léo Ferré met en scène une fille qui accroche les regards et
fait rêver les blousons noirs, les crooners en goguette dans une fête foraine. Interprétée par Laurence Rondoni, elle a des yeux de
magicienne... Un petit moment de bonheur !
Partout où se porte son regard, le décor change à vue et s'anime. Jeux de reflets, incrustations d'images et gags visuels entraînent la
chanson dans un rythme accéléré qui retombe toujours sur ses pieds. Facétieuses, les lumières donnent le tempo de la mélodie et
clignotent joliment dans les yeux de la fille. C'est brillant et coloré comme un bijou de pacotille.
Fabienne Arvers
Une danse, le temps d’une chanson
Ta Katie t'a quitté
1997, 4', couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Eric Legay
Chorégraphie : Cie Paul les Oiseaux, Valérie Rivière
Interprétation : Caroline Bretons, Valérie Rivière
Production : Heure d'été productions, Qwazi Qwazi film, Arte
Dans un décor de sable surplombé d'un ciel assombri par les nuages, deux jeunes femmes dansent en regardant crânement la caméra,
fredonnent le refrain et s'appliquent à former des figures enfantines. Il y a de l'haïku visuel dans ce duo où quelques objets résument la
chanson de Bobby Lapointe et où le corps, dans un lent mouvement pendulaire, se fond finalement dans la rythmique des mots.
Des paroles découpées en rondelles de syllabes, des sons mis bout à bout qui se répètent et s'égrènent. L'art du chanteur, entre comptine
et fable, est ici servi au mieux par celui de la chorégraphe Valérie Rivière : son art du tempo, intérieur et souverain, fait merveille. Filmée
par Eric Legay, la danse selon la compagnie Paul les Oiseaux est en somme un jeu d'enfant.
Fabienne Arvers
Une danse, le temps d’une chanson
Tout morose
1997, 4', couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Olivier Mégaton
Chorégraphie : Dominique Hervieu, José Montalvo
Interprétation : Delphine Caron, Dominique Hervieu, Geneviève Kolinski, Henri Mahé, Merlin Nyakam, Bobo Pani
Production : Heure d'été productions, Qwazi Qwazi film, Arte
Le même effet anime tout le film : de l'eau coule derrière une vitre, donne du flou aux visages et aux corps qui se contorsionnent derrière,
jette des gargouillis dans les voix et teinte de bleu les différentes scènes. Réalisateur et chorégraphes proposent ici un contrepoint coloré et
amusé à la morosité de ce jour terne, chanté par la voix claire de Jeanne Moreau.
Il y a un côté cirque dans cet univers qui fait la nique aux grises mines, avant de s'abstraire dans un espace entièrement blanc piqueté de
danseurs colorés comme des papillons épinglés dans un cadre. On l'aura compris, Olivier Mégaton, José Montalvo et Dominique Hervieu
ont oublié les mots de la chanson pour magnifier le tempérament de son interprète.
Fabienne Arvers
Le danseur rouge - Jean Weidt
1989, 54', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Klaus-Peter Schmitt, Jean-Louis Sonzogni, Petra Weisen Burger
Chorégraphie : Jean Weidt
Musique : Christian Otto Engelhardt
Production : La Sept, Lieurac productions
A Hambourg, en 1927, alors que l'Allemagne compte quelques six millions de chômeurs, Jean Weidt renonce à son travail de jardinier
pour se consacrer à la danse. Dans un pays sans tradition chorégraphique spécifique, il rejoint de jeunes artistes passionnés qui veulent
libérer la danse et se libérer par elle des codes du ballet classique. La danse expressionniste va naître.
Un documentaire tourné à Berlin en 1988, année de la mort de ce danseur expressionniste autodidacte. Le vieil homme évoque des
souvenirs au fil des questions posées par ses élèves dans le conservatoire où il enseignait encore. Sa danse, précise-t-il, a toujours été
attentive aux messages sociaux. Ses personnages sont des ouvriers, des soldats, des exclus. Proche du parti communiste, Weidt a, peu ou
prou, toujours milité pour une vie meilleure et un changement de société. Son existence rude, souvent miséreuse et ballotée par les
événements, ne l'ont jamais empêché de danser, comme cette nuit d'été algérienne où, pendant la deuxième guerre mondiale, il créa devant
cinq mille soldats anglais en permission un faune céleste et vigoureux sur la musique de Debussy.
Patrick Bossatti
De la rue à la scène
1991, 52', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Louis-Marie Maudet
Chorégraphie : Traction avant compagnie
Production : Octogone, Soft
Avec le spectacle Un break à Tokyo, la Traction Avant Compagnie mêle la danse butô à la break dance. La rencontre de deux styles qui, en
apparence, n'ont rien à voir traduit un héritage commun : la mémoire culturelle d'une communauté. Les danseurs de la troupe sont allés
partager leur expérience au Québec et ont visité le Bronx, quartier populaire de New York.
La gestuelle à l'énergie urbaine de la break dance et l'esthétisme du butô (courant de danse contemporaine japonais) ont, comme autre trait
d'union, le rejet des codes. Avec cette création, les jeunes danseurs ont voulu travailler dans une dimension multi-ethnique et s'unir plutôt
que de se diviser. La break dance est héritée, au même titre que le rap et le graffiti art, de la culture hip hop. Cette dernière, née dans les
faubourgs new-yorkais dans les années 70, n'est pas, selon eux, un phénomène de mode mais une véritable lame de fond. "Le rap traite de
violence, de racisme et d'amour. C'est un moyen de se parler. Il restera." La caméra zappe sur les réalités du Bronx : amas d'ordures,
sirènes stridentes des voitures de police... Un jeune insiste sur le message de paix.
Fara C.
Dead Dreams of monochrome Men
1990, 52', noir et blanc, adaptation, danse, VHS
Réalisation : David Hinton
Chorégraphie : Lloyd Newson
Musique : Sally Herbert
Interprétation : Nigel Charnock, Russell Maliphant, Lloyd Newson, Douglas Wright
Production : LWT, Millenium productions, DV8 physical theatre
Un hangar, boîte de nuit gay sado-maso. Musiques à plein volume, lumières blafardes et contrastées. Quatre corps explorent les jeux du
désir masculin, le théâtre de la violence sexuelle, de la domination et de la soumission volontaire. Ensemble, ils vont jusqu'au bout d'une
nuit où le désir passe par la violence que procurent l'anéantissement et l'assujettissement du partenaire.
La caméra colle à la peau des quatre acteurs-danseurs, les happe. Le travail des lumières et le découpage des séquences retranscrivent, sans
morbidité, l'émotion et l'atmosphère brute et parfois lancinante de ces jeux de sexe et de mort. Le spectacle du même nom fut créé en
France au Festival d'Avignon 1989, dans le cadre d'une carte blanche chorégraphique à Daniel Larrieu.
Patrick Bossatti
Découverte d’une œuvre
L’angélus
1988, 6', couleur, fiction, danse, DVD
Réalisation : Gérard Frot-Coutaz
Chorégraphie : Odile Duboc
Production : musée d'Orsay, La Sept, Opus 10-19
Autour du tableau de Millet, dans le sanctuaire endormi du musée d'Orsay, les danseuses d'Odile Duboc dessinent quelques phrases
gestuelles douces et virevoltantes. L'empressement retenu de ces statues vivantes voletant sur le marbre, contraste avec la présence
hiératique de Didier Chauvin, lutteur nu aux mouvements coulés.Tous incarnent avec gravité la présence des personnages de "L'Angélus".
Sans accroc, dans une grande fluidité, la caméra de Gérard Frot-Coutaz se fraye lentement un chemin dans l'espace dansé qui ponctue
l'architecture. Fait unique dans cette série, le tableau est filmé dans son cadre muséal. Un haïku d'images et de danse qui met en scène
l'oeuvre et le regard qu'on lui porte.
Patrick Bossatti
Découverte d’une œuvre
Le balcon
1986, 4'32, couleur, fiction, danse, VHS et DVD
Réalisation : Virginie Roux, Anne Soalhat
Chorégraphie : Jean-Claude Ramseyer
Musique : Stanislas Noël
Interprétation : Christine Burgos, Christophe Daum, Nouchka Ovdtchinnikoff, Jean-Claude Ramseyer
Production : Musée d'Orsay
Jean-Claude Ramseyer a imaginé l'envers du décor du Balcon de Manet : deux élégantes qui se détestent, une collation d'après-midi, l'ennui
qui rôde dans les maisons cossues des beaux quartiers parisiens, une langueur de dimanche. Le tableau, à la fois instantané de la vie
bourgeoise et voyage immobile dans l'époque, semble effectivement détenir une énigme que le film prolonge sans la dévoiler.
Patrick Bossatti
Découverte d’une œuvre
Le cirque
1986, 6', couleur, fiction, danse, VHS et DVD
Réalisation : Jean Rabaté
Chorégraphie : Karine Saporta
Musique : Marc Monnet
Interprétation : Anne-Marie Brun, Daniel Kientzy, Hervé Robbe, Nathalie Ruiz, Stefan Schneider
Production : Musée d'Orsay
Saynètes chorégraphiques évoquant Le cirque du peintre Seurat. Sur une partition musicale de Marc Monnet, des personnages de cirque
paradent, incrustés par le biais d'effets vidéo, dans des motifs de la toile pointilliste. Les gestes mécaniques et répétitifs, dictés par la
chorégraphie de Karine Saporta, leur donnent des allures d'automates.
Patrick Bossatti
Découverte d’une œuvre
œuvre
La femme à la cafetière
1989, 7', couleur, fiction, danse, VHS et DVD
Conception : Robert Wilson
Réalisation : Robert Wilson
Musique : Hans Peter Kuhn
Interprétation : Consuelo De Haviland, Suzushi Hanayagi
Production : Musée d'Orsay, Ina, La Sept
Par d'imperceptibles transformations de son visage et de son corps, Suzuhi Hanayagi, grande danseuse de kabuki, donne vie au tableau de
Paul Cézanne La femme à la cafetière. Tandis qu'elle croque des bonbons avec force bruits, des objets s'animent d'eux-mêmes et d'étranges
apparitions surgissent d'un placard : souris géante, faux éclair et pin-up en fourreau pailleté.
A bien y regarder, la peinture de Cézanne ne dégage-t-elle pas tout autant d'étrangeté que la relecture qu'en propose le créateur et metteur
en scène Robert Wilson ? Placée dans un espace sans perspective, la femme à la cafetière, muée en apparition grandiose, est-elle assise ou
debout ? Et pourquoi la cafetière et la tasse sont-elles peintes de côté, alors que la table sur laquelle elles sont posées est vue du dessus ?
Agnès Rotchi
Découverte d’une œuvre
Gustave
1987, 7', couleur, fiction, danse, VHS et DVD
Réalisation : Régine Chopinot
Chorégraphie : Régine Chopinot
Musique : Gérard Grisey
Interprétation : Régine Chopinot, Rita Quaglia, Frédéric Werle
Production : Cie Chopinot, Musée d'Orsay, La Sept, MC 93 Bobigny
De la tour de Gustave Eiffel, Chopinot n'a retenu que les pieds. Un étrange personnage au pantalon carré et riveté, chaussé de godillots,
fait crisser un sol de gravier charbonneux, puis il plane et tourbillonne sur un Paris de carton pâte. Gustave lui-même, un moment agrippé
à sa créature, s'envole dans la nuit étoilée.
Un film onirique et audacieux à l'atmosphère mystérieuse, sombre et bleutée.
Patrick Bossatti
Découverte d’une œuvre
Quai Bourbon
1986, 6', couleur, fiction, danse, VHS et DVD
Réalisation : Luc Riolon
Chorégraphie : Daniel Larrieu
Musique : Hugues Dufourt
Interprétation : Jeanne Bertoux, Louise Bertoux, Dominique Brunet, Didier Chauvin, Camille Nahassia, Eliot Reilhac, Laurence
Rondoni
Production : Musée d'Orsay, Vidéogram
Ce sont les photographies de Charles Nègre qui ont retenu l'attention de Daniel Larrieu dans la proposition de relecture d'oeuvres du
musée d'Orsay : le réalisme grave, le contraste charbonneux et argenté, la mélancolie des compositions. Enfants puis adultes, les
ramoneurs des quais, saisis au bord de l'immobilité, deviennent alors les emblèmes inattendus du temps qui passe.
Patrick Bossatti
Découverte d’une œuvre
Les raboteurs
raboteurs
1988, 8', couleur, fiction, danse, VHS et DVD
Réalisation : Cyril Collard
Chorégraphie : Angelin Preljocaj
Musique : Thierry Lancino
Interprétation : Florence Darel, Aïssa Djabri, Christophe Haleb, Alvaro Morell, Angelin Preljocaj
Production : Musée d'Orsay, La Sept, Opus 10-19
Autour des Raboteurs de Gustave Caillebotte, Angelin Preljocaj invente une chorégraphie d'hommes qui développe les attitudes de ces
artisans dans une gestuelle faite de reptations, de chutes et de temps d'arrêt. Cyril Collard, lui, imagine une intrigue amoureuse
mouvementée tissée par-delà la danse muette et physique des hommes au sol.
La caméra plonge entre les corps, au coeur de la danse. Le regard de Cyril Collard n'est pas indifférent à la plastique nerveuse des danseurs.
Le montage pratique des allers-retours entre la danse, des bribes de dispute entre un homme et une femme qui se séparent et des détails du
tableau. Un plan-séquence final virtuose dévoile l'envers du décor et le studio de tournage.
Patrick Bossatti
La dernière fuite
1989, 27', couleur, spectacle filmé, danse, U-matic et DVD
Conception : Daniel Emilfork, Anne Koren, Frédéric Leidgens, François Verret
Réalisation : Yves Turquier, François Verret
Musique : Talahoum Gessese, Getachew Mekuria, Ghédalia Tazartès
Interprétation : Daniel Emilfork, Anne Koren, Frédéric Leidgens, François Verret
Production : La Sept, Arcanal, CGP, Lieurac productions
Anne Koren danse ; Frédéric Leidgens écrit ; Daniel Emilfork sommeille et délire à haute voix, prostré dans un fauteuil ; François Verret
joue à se laisser fasciner par une poupée de bois qu'il manipule avec circonspection. Le temps est à l'exode. Tous se préparent à fuir devant
un péril imaginaire et remplissent une carriole d'objets et de couvertures.
Malgré la puissance d'évocation des images, l'exode, ici, est intérieur et la carriole ne dépassera jamais les murs lépreux du hangar. Tiré de
Quel est le secret ?, spectacle que François Verret qualifie de 'résistance', le film se termine sur une mascarade cynique évoquant le théâtre
burlesque berlinois d'avant-guerre. Une pièce sombre et prophétique sur l'impuissance et la solitude que le film adapte de la seule manière
possible : avec sécheresse et distance. Le spectacle fut donné à Orléans, Aix-en-Provence et Montpellier en 1987. Comme toutes les
oeuvres de François Verret à ce jour, ce spectacle est une création collective cosignée par tous les partenaires du projet.
Patrick Bossatti
Derrière le mur
1989, 67', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Raoul Ruiz
Chorégraphie : Joëlle Bouvier, Régis Obadia
Musique : Nicolas Frize
Interprétation : Eric Affergan, Jérôme Bell, Catherine Berbessou, Peter Alexandre Bohlmeijer, Joëlle Bouvier, Christine Burgos,
Patricia Marie, Régis Obadia
Production : MC Le Havre, La Sept, Cie l'Esquisse
Scènes étranges de la vie quotidienne d'une tribu de danseurs troglodytes qui conversent par gestes. Ils se déplacent, de grottes noircies par
la fumée de grands feux, en ruines souterraines, pour réapparaître quelquefois en surface, guettant alors un invisible ennemi. Chaque danse
est comme l'expiation, l'exorcisme, d'une existence rude et enterrée.
La mise en scène de Raoul Ruiz pour cette adaptation du spectacle Derrière le mur créé au festival d'Avignon en 1987, accentue le caractère
parfois tribal et rituel de l'écriture répétitive des Bouvier-Obadia. Quelques scènes de genre adjointes par le réalisateur tissent une fiction
dans l'oeuvre chorégraphique. Deux teintes dominent : l'ocre pour les plans réalisés dans une chartreuse marocaine de Casablanca, le bleu
froid pour les séquences en studio, envahies de fumée ou de poussière blanche qui diffractent la lumière.
Patrick Bossatti
Des œufs debout par curiosité
1986, 98', couleur, adaptation, danse, U-matic
Réalisation : Joël Farges
Chorégraphie : Ushio Amagatsu
Musique : Yasukazu Sato, Yoichiro Yoshikawa
Interprétation : Ushio Amagatsu, Toru Iwashita, Keiji Morita, Goro Namerikawa, Atsushi Ogata
Production : Centre audiovisuel de Paris, Duran, Arcanal
Au bord d'une étendue d'eau rectangulaire, quatre danseurs de butô au corps d'albâtre emmailloté dans de la soie exécutent un sabbat
immobile et précieux. Magiciens d'un autre monde, ils vénèrent de gros oeufs en suspension qui renvoient aux formes lisses et oblongues
de leurs crânes. Un long poème visuel sur la notion d'origine tandis que tombent des cintres des filets d'eau et de sable.
Le butô (danse des ténèbres) est un mouvement fondé par Kazuo Ohno et Tatsumi Hijikata au début des années 60 en réaction aux
formes séculaires de la danse japonaise. Dans une esthétique 'post-nucléaire', nourrie de littérature européenne (Bataille, Michaux, Artaud),
il produisit des spectacles provoquants et torturés où le corps des danseurs, comme tordu par la mémoire collective traumatisée, stigmatise
le cataclysme. Plusieurs groupes naquirent et le butô connut un rayonnement dans le monde entier, alors même qu'au Japon il restait une
discipline peu appréciée. Le groupe Sankaï Juku, fondé en 1976, fait partie d'une branche plus esthétisante de ce mouvement, associant des
techniques scénographiques de pointe aux thèmes mystiques de l'orient ancestral.
Patrick Bossatti
Desa Kela Patra
1992, 51', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Jean-Louis Berdot, Jacques Brunet
Production : FR3, Jardin des poiriers, Titane spectacles
Rythmée par les rituels religieux et une organisation sociale stricte, l'activité du petit village balinais de Sebatu est entièrement consacrée
aux arts. Nous partageons quelques instants de la vie d'une famille de danseurs, compositeurs et sculpteurs, détenteurs d'une tradition riche
et souple, qu'ils transmettent dans un souci extrême de pureté et de perfection.
Document exemplaire qui, par petites touches, décline tous les aspects de la pratique des danses et de la musique balinaises. Leçons et
démonstrations chorégraphiques par un vieux maître facétieux, répétitions d'une nouvelle composition du directeur de l'orchestre associé
aux groupes de danseurs, fabrication des lames de métal pour les xylophones, que les forgerons liment et polissent jusqu'à obtenir d'elles la
r”sonance juste : autant de séquences sans commentaire qui permettent de pénétrer avec simplicité et discrétion les arcanes complexes
d'un art ancestral mais vivant.
Patrick Bossatti
Désir d'étreintes
1999, 54', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Réalisation : Benoît Sourty
Production : Productions de la Lanterne, C9 télévision
Benoît Sourty a réalisé plusieurs reportages sur les lieux culturels du nord de la France. C'est dans ce cadre qu'il prend contact avec Cyril
Viallon, chorégraphe installé dans la région Nord-Pas de Calais, qui prépare alors sur sa prochaine pièce intitulée Un toit sur des pleurs.
Durant trois semaines, l'équipe a suivi la compagnie des Caryatides jusqu'à la création, en janvier 1999.
Dans un train de banlieue, des jeunes gens se regardent, s'évitent, se frôlent. Dans un théâtre, des danseurs en training répètent. Souvent
proche des corps, la caméra suit les mouvements des interprètes, glisse sur leurs gestes et place le spectateur au coeur du processus de
travail. De quoi est fait le désir ? En collaboration avec Nathalie Cornille, Cyril Viallon étudie les situations amoureuses selon les étapes
d'une vie : coup de foudre, premier amour, rencontres charnelles, état amoureux nourrissent la recherche d'un mouvement fougueux non
acrobatique. La caméra rend surtout compte des moments clos et intimes du travail en studio, des instants de doute et de la vie de la
compagnie durant le temps de la création.
Irène Filiberti
Le diable amoureux
1991, 58', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : José Montès-Baquer
Chorégraphie : Roland Petit
Musique : Gabriel Yared
Interprétation : Ballet national de Marseille, Luigi Bonino, Jean Broeckx, Alessandra Ferri, Yannick Stéphant, Jean-Charles
Verchere, Carlotta Zamparo
Production : La Sept, A2, Telmondis, WK productions
Le diable tombe amoureux d'un jeune homme et prend l'apparence d'une jeune fille androgyne pour le séduire. Cette dernière arme la
main du jeune homme afin de faire périr le diable. Un ballet féerie de Roland Petit, sur une idée de Jean Anouilh d'après l'oeuvre de
Jacques Cazotte.
La chorégraphie s'articule essentiellement sur une suite de duos masculins, lascifs et puissants, dans une gestuelle très suggestive.
Enlacements, attouchements, mouvements du bassin, baisers, une écriture qui cultive la trivialité imposée avec élégance, en d'autres temps,
par Zizi Jeanmaire.
Patrick Bossatti
Dix anges, portraits
1988, 33', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Dominique Bagouet, Charles Picq
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Musique : Pascal Dusapin
Interprétation : Jean-Pierre Alvarez, Christian Bourigault, Claire Chance, Sarah Charrier, Bernard Glandier, Catherine Legrand,
Orazio Massaro, Dominique Noël, Sonia Onckelinx, Michèle Rust
Production : Paris Occitanie productions, Cie Bagouet (CCN Montpellier-Languedoc-Roussillon), La Sept, MC La Rochelle
Dix brefs portraits dansés des interprètes du Saut de l'ange de Dominique Bagouet et Christian Boltanski, créé au festival de Montpellier en
1988. Une place de village, une lumière dorée qui décline et d'étranges habitants qui, jusqu'à la nuit tombée, accrochent quelques gestes
ciselés dans l'air immobile. Tous se retrouvent à la fin de chaque séquence pour un galop dru et sonore.
Ces miniatures, extraites du spectacle et réécrites pour l'image, respectent le temps étiré de la pièce originale composée comme un
crépuscule. La prise de vue sobre et le parti pris linéaire font la part belle à chaque personnage, permettant de comprendre l'importance
que Bagouet accordait dans son oeuvre à la personnalité de chacun des danseurs. Les guirlandes d'ampoules et les costumes subtilement
démodés du plasticien Christian Boltanski dégagent une poésie mélancolique à l'unisson de l'écriture chorégraphique. Une esthétique
volontairement désuète, filmée avec calme et sentiment.
Patrick Bossatti
Dix mois d’école et d’opéra
1997, 52', couleur, documentaire, musique, VHS
Réalisation : Maurice Tanant
Production : Fit production, La Cinquième, Opéra national de Paris
Dans le cadre d'un projet pédagogique mené par l'Opéra de Paris, en collaboration avec le Ministère de l'éducation nationale, 500 élèves
d'écoles, collèges et lycées professionnels de la région parisienne ont pu découvrir les métiers de l'opéra par de multiples visites et
rencontres avec des professionnels. Pour la plupart de ces enfants et adolescents, c'est un monde nouveau s'ouvre
Martine Kahane, directrice du service culturel de l'Opéra de Paris, définit le projet comme une aventure visant à former de jeunes citoyens.
Après avoir compris le rôle de chacun des métiers et leur coordination dans l'élaboration d'un spectacle, les élèves sont devenus plus
sensibles à la notion de responsabilité collective. Les professeurs constatent leur changement d'attitude en classe : moins d'agressivité, plus
d'attention, moins de problèmes pour s'exprimer devant le groupe. A la fin de l'année scolaire, ces élèves qui considéraient que l'opéra
"c'était pour les vieux, ou les riches", sont émerveillés par un ballet ou une oeuvre lyrique, et ils ont canalisé leur énergie pour monter un
Roméo et Juliette dans l'amphithéâtre de l'opéra Bastille.
Mario Fanfani
Djai
1994, 43', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Conception : Daniel Larrieu, Patrice Nezan
Chorégraphie : Daniel Larrieu
Réalisation : Patrice Nezan
Production : Lieurac productions, Arcanal, Astrakan
Revêtus de salopettes, les danseurs du Jeune Ballet de France et ceux de l'école de danse traditionnelle thaïlandaise interprètent Mimi, une
chorégraphie de Daniel Larrieu, sur Ménilmontant et Revoir Paris chantées par Trenet. Créé à Bangkok, le spectacle mêle les figures fluides et
les portés enthousiastes propres au chorégraphe, à la retenue et à la complexité de la danse thaï.
Un point commun entre ces deux cultures, le coeur - Djai en thaï - qui donne son titre à ce documentaire et livre l'enjeu de la danse pour
Daniel Larrieu : tisser d'infinis réseaux partant de l'intérieur du corps, de l'intimité du ressenti, vers l'espace ouvert, extérieur et chargé de
symboles. Ce projet artistique a su prendre en compte les interdits (pas de danses mixtes) et conventions de la danse thaï traditionnelle (la
verticalité, seule position autorisée), et créer un type de transmission à double sens entre danseurs français et asiatiques. Il est vrai que le
parcours de Daniel Larrieu se singularise par son désir de rencontres. Entrecoupé de séquences dansées par le chorégraphe dans divers
lieux de Bangkok, Djai garde la trace d'une belle aventure.
Fabienne Arvers
Dominique Bagouet, vol. 1
Chansons de nuit - Ribatz, Ribatz ! - Suites pour violes - Conférence - Danses blanches
1979, 60', couleur, spectacle filmé, danse, DVD
Réalisation : Anonyme
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Interprétation « Chansons de nuit » : Bénédicte Billiet, Douchka Langhofer, Yvonne Staedler
Interprétation « Suites pour violes » : Dominique Bagouet, Sylvie Giron, Bernard Glandier, Monet Robier
Interprétation et chorégraphie « Conférence » : Philippe Cohen, Yveline Lesueur, Monet Robier, Michèle Rust
Interprétation « Danses blanches » : Frédéric Bentkowski, Philippe Cohen, Sylvie Giron, Bernard Glandier, Yveline Lesueur, Monet
Robier, Michèle Rust
Production : Les Carnets Bagouet
Ce premier volume présente cinq des nombreuses pièces brèves que Dominique Bagouet créa durant ses débuts de chorégraphe (19771979), avant son installation au Centre chorégraphique de Montpellier. Ce petit échantillon des premières pièces frappe autant par
l’impression de jeunesse, que par une certaine gravité. On peut penser à ces premières années comme à une période d’école.
Dominique Bagouet a 26 ans en 1977. Il expérimente dans toutes les directions et creuse sans relâche le matériau du mouvement, le livrant
aux influences passagères que croise la jeune troupe, mais aussi travaillant à s’en libérer. Car la question du geste et du travail du
mouvement ne sera jamais abandonnée à un statut d’évidence ; de la gestuelle Bagouet, si caractéristique et pourtant si changeante, on
trouvera là des états précoces et cependant déjà si reconnaissables ! Mais ces courtes pièces ne sont pas seulement des exercices d’écriture.
On y reconnaîtra aussi en germe les grandes questions esthétiques qui traversent toute son œuvre et particulièrement ses grandes pièces
plus tardives : une écriture chorégraphique à la composition rigoureuse et complexe, et ses rapports avec l’expressivité ; l’exploration des
relations de la danse avec la musique, le théâtre, le récit, l’image et les arts plastiques.
Isabelle Ginot
Dominique Bagouet,
Bagouet, vol. 2
Sous la blafarde - Pleure - Une Danse blanche avec
avec Eliane (2 versions)
1980, 46', couleur, spectacle filmé, danse, DVD
Réalisation : Anonyme
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Interprétation « Sous la blafarde »: Philippe Cohen, Sylvie Giron, Bernard Glandier, Yveline Lesueur, Monet Robier, Michèle Rust
Interprétation « Pleure » : Dominique Bagouet, Isabelle Cavoit, Priscilla Danton, Sylvie Giron, Eric Goiset, Zéline Zonzon
Interprétation « Une danse blanche avec Eliane » : Dominique Bagouet
Production : Les Carnets Bagouet
Sous la blafarde : Créée à l’époque où la compagnie vivait des tournées des Jeunesses musicales de France, cette pièce a toujours été
considérée comme ludique, théâtrale et délibérément charmeuse. La captation restitue, certes un univers badin, voire un peu farce, peuplé
de pierrots lunaires en collerette de satin, usant volontiers de la pantomime, mais elle révèle une hardiesse qui sera la marque de tout le
parcours artistique du chorégraphe.
Hardiesse de l’univers sonore, qu’il fabrique avec les voix de ses danseurs, plutôt des cris, des vocalises dont l’incongruité impose d’emblée
une atmosphère étrange, ou par le recours au phrasé nostalgique d’un accordéon, alors nettement à contre-courant.
Pleure : Extraite de Sous la blafarde, la séquence dite du tango a été remontée dans le cadre d’une courte résidence de la compagnie, au cours
de l’été 1987, au Centre de rencontres de Châteauvallon. Ce sont les stagiaires et les nouveaux danseurs de la compagnie, parmi lesquels
Priscilla Danton, qui interprètent ce défilé espiègle qui s’achève en fresque.
Une Danse blanche avec Eliane : Créé à l’occasion de l’inauguration de la Maison de la danse de Lyon en janvier 1980, ce solo de Bagouet
accompagné sur scène par Eliane Lencot à l’accordéon est présenté ici en deux captations différentes : celle de la toute première
représentation à Lyon et celle, plus informelle, d’une lecture démonstration à Paris.
Chantal Aubry
Dominique Bagouet,
Bagouet, vol. 3
Grand Corridor
Corridor
1980, 54', couleur, spectacle filmé, danse, DVD
Réalisation : Charles Picq
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Interprétation : Frédéric Bentkowski, Philippe Cohen, Catherine Diverrès, Sylvie Giron, Bernard Glandier, Yveline Lesueur,
Bernardo Montet, Monet Robier
Production : Les Carnets Bagouet
Grand Corridor est l’une des toutes premières pièces longues de Dominique Bagouet. La qualité de l’image a quelque peu souffert du
passage du temps, mais cette captation simple, monocaméra, rend bien compte de la totalité de la pièce. Malgré certains aspects un peu
scolaires, la pièce marque aussi une étape importante dans l’étude de la composition chez Bagouet.
Le travail des groupes et le dessin dans l’espace, clarifié par des costumes sobres et blancs, font de la chorégraphie une forme en constante
transformation, rappelant parfois les vols d’oiseaux avec leurs directions communes et leurs échappées individuelles. Si la danse demeure
d’une grande liberté, déliant les corps et l’espace, la précision des parcours et des formations de groupe commence à lui donner la nature
ciselée qui ne tardera plus à faire la marque de Bagouet. Comme dans beaucoup des pièces de la même période, les matériaux gestuels et
chorégraphiques sont hétéroclites : à une première partie d’une stricte abstraction vient faire contrepoint l’entrée de curieux personnages
sans bras ni jambes, emballés et encagoulés dans de vastes voilages blancs, puis de brefs moments proches de la pantomime.
Isabelle Ginot
Dominique Bagouet,
Bagouet, vol. 4
Scène rouge (2 versions) - Voyage organisé
1980, 60', couleur, spectacle filmé, danse, DVD
Réalisation : Charles Picq
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Interprétation Scène rouge : Dominique Bagouet, Bernardo Montet, Monet Robier, Bernard Glandier
Interprétation Voyage organisé : Frédéric Bentkowski, Philippe Cohen, Catherine Diverrès, Sylvie Giron, Bernard Glandier,
Yveline Lesueur, Bernardo Montet, Renate Pook, Monet Robier
Production : Les Carnets Bagouet
Scène rouge : Ce bref quatuor à vocation comique met en scène une femme, toro léger et insaisissable, qui gambade gaiement au nez et à la
barbe de trois hommes, toreros empotés, échouant lamentablement dans leurs tentatives de s’en saisir. Créée au théâtre municipal de
Montpellier pour l'inauguration du Centre chorégraphique régional, Scène rouge était encadrée de deux pièces longues, Grand Corridor et
Voyage organisé.
Voyage organisé est une nouvelle version d’une pièce créée en 1977. Inspirée de L’Atalante de Jean Vigo (la musique est aussi empruntée au
film), mêlant les thèmes du voyage organisé et de la noce, elle forme une sorte de tableau de famille aux personnages typiques (les mariés,
les grands-parents, le petit garçon et la petite fille, la soubrette, etc.). Ici encore, Bagouet tente de combiner récit et écriture chorégraphique
abstraite. Voyage organisé est pourtant l’une de ses rares pièces à être totalement structurée par le récit ; du coup, les passages abstraits, belles
danses de groupes pouvant figurer des moments oniriques dans l’histoire des mariés, évoquent les rapports entre ballet d’action et ballet
blanc au sein du répertoire classique.
Isabelle Ginot
Dominique Bagouet,
Bagouet, vol. 5
Insaisies
1983, 69', couleur, spectacle filmé, danse, DVD
Réalisation : Charles Picq
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Interprétation : Dominique Bagouet, Sylvie Giron, Bernard Glandier, Nuch Grenet, Catherine Legrand, Yveline Lesueurs, Angelin
Preljocaj
Production : Maison de la danse/Lyon, Les Carnets Bagouet.
Cette captation, dont la qualité est marquée par le temps, est la seule trace d’Insaisies, créée en 1982. Les personnages semblent sortis d’un
cinéma précoce, comme dans les meilleures des pièces plus connues du chorégraphe : lutins, soubrettes, princesses échouées, romantiques
décadents, tous paraissent découpés au rasoir, dans l’extrême précision de la silhouette et du geste.
Comme dans les univers du cinéma expressionniste que Bagouet affectionnait, des forces qui les dépassent manipulent ces personnages
tour à tour somnambules ou machiavéliques. La danse est faite de gestes minuscules, de regards de travers, multipliant les arrêts sur image,
qui donnent parfois une impression mécanique. Des grands motifs de Bagouet, tout est là : une scénographie insistant sur la frontalité (une
vaste toile de fond percée de sept portes d’entrées) ; des couloirs chorégraphiques tracés du fond à l’avant-scène qui font souvent
ressembler la scène à une exposition de pantins, tous face public ; un bouleversement de cette frontalité évidente par le retour incessant
des diagonales, dans les corps et dans l’espace ; une dérision, qui oppose une danse finement ciselée à des matériaux grossiers frôlant la
caricature... Insaisies porte en elle toute l’ironie, l’inquiétude, la gravité ombrée qui ont donné à la danse de Bagouet son incroyable
profondeur.
Isabelle Ginot
Dominique Bagouet,
Bagouet, vol. 6
F. et Stein
1983, 72', couleur, spectacle filmé, danse, DVD
Réalisation : Charles Picq
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Production : Les Carnets Bagouet
L’un des moments clés de F. et Stein, autoportrait unique dans l’œuvre de Dominique Bagouet est celui où, placé de profil, il déforme
progressivement son visage jusqu’à la monstruosité. Difforme, méconnaissable, il revient peu à peu à lui, évoquant ces visages clos sur euxmêmes des grands malades hystériques après l’accalmie, tels que Charcot les montra jadis. Moment d’anthologie dans une performance qui
en compte beaucoup d’autres...
F. et Stein reste inscrite au répertoire de Bagouet à la fois comme exorcisme et comme pièce charnière, juste avant Déserts d’amour. On
considère généralement qu’elle lui a permis de se libérer de ses démons, d’exprimer son ambivalence et d’accéder ainsi à la maîtrise de son
style et de son inspiration. Au-delà de la déréliction à laquelle, plusieurs années plus tard, Jours étranges fera écho, au-delà de la complicité
bouffonne avec le jeune guitariste rock Sven Lava Pohlhammer, ce manifeste reste une curiosité passionnante. Par une gestuelle
bondissante ou délicatement articulée, virtuose ou constamment menacée par la perte d’équilibre, il fait éclater ici un esprit de subversion
jamais démenti, encore qu’exprimé de façon plus souterraine dans l’ensemble de son œuvre. Travestissements, grandes plages de silence,
décor déliquescent, tout dans cet hommage à la Fiancée de Frankenstein et au héros du dédoublement pathétique est à la fois déchirant et
jubilatoire.
Chantal Aubry
Dominique Bagouet, vol. 7
Tant mieux, tant mieux !
1983, 49', couleur, fiction, danse, VHS et DVD
Réalisation : Dominique Bagouet, Charles Picq
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Musique : Sven Lava
Interprétation : Nuch Grenet, Sylvie Giron, Bernard Glandier, Catherine Legrand, Angelin Preljocaj, Michèle Rusi
Production : Compagnie D. Bagouet, CCR Montpellier, Festival international Montpellier-danse
1983 fut pour Bagouet l'année de la métamorphose, du rituel d'exorcisme : la création du spectacle F. et Stein, adouci et prolongé par le film
Tant mieux, tant mieux ! Dans l'écho halluciné des riffs électriques du guitariste Sven Lava Polhammer, on perçoit, aujourd'hui, tout ce que
ce film semble inventorier d'acquis et de promesses, de développements dynamiques et d'influences discrètes.
Dominique Bagouet a pour le mouvement un tel amour que chaque geste, aussi ténu soit-il, est porté à ce que James Joyce appelle
l'"épiphanie" de son expression. Au début du film, les danseurs en cercle effleurent de leurs doigts leur visage et exécutent avec application
des gestes minuscules, à peine perceptibles. La caméra les suit avec insistance et joue aussi à les faire disparaître et réapparaître avec
désinvolture ; elle s'attarde à observer leurs jeux, leurs désirs et leurs attentes. La variété des décors, des actions et des costumes s'imprime
en touches légères. Aucune insistance, pas la moindre narration ou le plus petit développement chorégraphique, mais l'exploration
gourmande d'un champ immense, infini : tout est possible, semble dire Bagouet, tout reste à faire. Et c'est tant mieux !
Fabienne Arvers
Dominique Bagouet,
Bagouet, vol. 8
Valse des
des fleurs - Divertissement
Divertissement 138
1985, 40', couleur, spectacle filmé, danse, DVD
Réalisation : Charles Picq
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Interprétation : Sylvie Giron, Bernard Glandier, Nuch Grenet, Catherine Legrand, Angelin Preljocaj, Bernard Glandier, Michèle
Rust
Production : Les Carnets Bagouet
Valse des fleurs : En 1983, pour l’ouverture du 3e festival Montpellier Danse, Dominique Bagouet lâche d’imposants personnages emballés
dans des crinolines aux couleurs fluos, sur la longue esplanade qui part du théâtre municipal. Ces fleurs, mi-baroques mi-romantiques,
accompagnées par la musique de La Belle au bois dormant, ont renoncé aux arabesques pour se contenter des mines délicates et ennuyées qui
conviennent à leur encombrement.
Puis, tandis que les fleurs s’installent en bordure, Catherine Legrand émerge de sa crinoline en une combinaison d’un rouge et d’une
modernité parfaitement hors de propos, et entame un grand solo décidé, occupant à elle seule les centaines de mètres carrés laissés libres
de la pelouse...
Divertissement 138 : Cet événement avait pour mission d’inaugurer dignement la place du Nombre d’or, cœur de l’ensemble architectural
fraîchement construit par Ricardo Bofil et fleuron des investissements de prestige de la Ville de Montpellier. À l’aide de longs bâtons, les
danseurs manipulent d’immenses marionnettes juchées sur leurs épaules, élégantes créatures emplumées aux figures de plâtre. Encadrées
par une partition de percussions interprétée par certains des danseurs, trois petites musiques de Mozart animent cette étrange cérémonie,
où les créatures esquissent quelques figures baroques avec la lenteur imposée par leur haute taille...
Isabelle Ginot
Dominique Bagouet,
Bagouet, vol. 9
Grande Maison
1984, 86', couleur, spectacle filmé, danse, DVD
Réalisation : Charles Picq
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Musique : Lydia Domancich, Sven Lava-Pohlhmammer
Interprétation : Jean-Pierre Alvarez, Claire Chancé, Sarah Charrier, Nuch Grenet, Michel Kelemenis, Catherine Legrand, Angelin
Preljocaj, Michèle Rust
Production : Les Carnets Bagouet
Composée fin 1983, entre le solo ravageur de F. et Stein et Déserts d’amour, premier manifeste stylistique, Grande Maison n’est pas l’œuvre la
plus mémorable de Dominique Bagouet. Elle n’est pas pour autant négligeable, si l’on met de côté une narrativité quelque peu bavarde.
Bavardage auquel le point de départ de la pièce, l’hommage narquois rendu à l’Opéra de Montpellier, n’est peut-être pas étranger.
Dans cette Grande Maison, temple du lyrique, la danse semble en effet à la fois flottante et confinée, elle héberge d’aimables figurines,
comme cette "Reine qui a eu des malheurs", au demeurant fort joliment interprétée par Michèle Rust, dont l’imprégnation bagouetienne
est d’ores et déjà évidente et elle-même porteuse de style. De fait, ce qui retient dans cette pièce un peu longue mais très méthodiquement
composée, c’est la qualité remarquable des danseurs de la compagnie, auxquels le chorégraphe adjoint Maïtreyi, danseuse de Baratha
Natyam, qui contamine de sa grâce une danse toujours délicate, d’où émergent soli, trios et quatuors finement ciselés. Le tout baignant
dans une ambiance sonore atypique, mélange de lyrisme ruisselant dû au piano de Lydia Domancich, percuté par les dissonances débridées
du guitariste Sven Lava Pohlhammer.
Chantal Aubry
Dominique Bagouet,
Bagouet, vol. 10
Déserts d'amour
1984, 75', couleur, spectacle filmé, danse, DVD
Réalisation : Charles Picq
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Interprétation : Jean-Pierre Alvarez, Dominique Bagouet, Claire Chancé, Sarah Charrier, Michel Kelemenis, Catherine Legrand,
Nuch Grenet, Angelin Preljocaj, Michèle Rust
Musique : Wolfgang Amadeus Mozart, Tristan Murail
Production : Les Carnets Bagouet
Déserts d’amour fait date. Costumes lointainement baroques, couleur glacier, longues plages de silence, scène nue, les corps s’incurvent
finement, dessinant des hiéroglyphes énigmatiques dans un espace aux géométries impeccables. Imperturbables, concentrés, les danseurs
semblent s’être absentés de tout, sauf de leur geste.
Tout comme le charme des musiques de Mozart rend plus grinçantes encore les dissonances des partitions contemporaines de Tristan
Murail, la délicatesse presque ornementale des danses – qu’on a qualifiées de baroques contemporaines – accuse l’incessante, quoique
discrète, dissonance des corps. Se débarrassant ici de toute volonté de signification superflue, Dominique Bagouet fait du corps même le
théâtre, un théâtre où se jouent les conflits multiples du désir et de l’absence, de la rigueur et de la liberté, du silence et du sens. Par
l’incroyable complexité et la radicale nouveauté de cette écriture, la pièce aura désarçonné non seulement son public, mais aussi ses
danseurs, qui la voient aujourd’hui comme l’alphabet de la danse Bagouet. La captation (par moments endommagée) de cette première
représentation témoigne du moment où ils se plient à cette discipline implacable. Moins impeccable peut-être que quelques années plus
tard, leur interprétation n’en est que plus touchante.
Isabelle Ginot
Dominique Bagouet,
Bagouet, vol. 11
Le crawl
crawl de Lucien (1ère version)
1985, 60', couleur, spectacle filmé, danse, DVD
Réalisation : Charles Picq
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Musique : Gilles Grand
Interprétation : Jean-Pierre Alvarez, Dominique Bagouet, Christian Bourigault, Claire Chancé, Sarah Charrier, Bernard Glandier,
Michel Kelemenis, Catherine Legrand, Dominique Noël, Sonia Onckelinx, Michèle Rust
Production : Les Carnets Bagouet
Cette captation brute de la première représentation du Crawl de Lucien est un précieux complément à la belle adaptation que Charles Picq a
également consacré à la pièce (cf. 2e version). La qualité de l’image est ici moins bonne (lumières de scène insuffisantes et plans larges),
mais ce film rend mieux compte des rapports singuliers entre solos, duos, trios et le reste des onze danseurs, formant un espace mobile aux
équilibres savants.
De Déserts d’amour, qui la précède, la pièce a la rigueur et l’aspect miniature ; mais le geste y est peut-être à la fois plus déglingué et plus sec.
Privé de tout soutien rythmique ou mélodique par la musique électroacoustique de Gilles Grand, le phrasé de la danse y est
particulièrement travaillé. En 1985, au moment de sa création, Le Crawl de Lucien et son abstraction rigoureuse avaient semblé très austères.
Pourtant, la pièce, habillée d’un rose époustouflant, n’est pas dépourvue d’humour. Et elle compte parmi les grandes pièces de Bagouet,
sans aucun doute.
Isabelle Ginot
Dominique Bagouet, vol. 12
Le crawl de Lucien (2e version)
1986, 62', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Charles Picq
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Musique : Gilles Grand
Interprétation : Jean-Pierre Alvarez, Dominique Bagouet, Christian Bourigault, Claire Chance, Sarah Charrier, Bernard Glandier,
Michel Kéléménis, Philippe Le Goff, Catherine Legrand, Emmanuelle Miton, Dominique Noël, Sonia Onckelinx, Michèle Rust
Production : Vidéothèque de Paris, Arcanal, Centre audiovisuel de Paris, Duran
Un peu penchée, fixant le public, une femme lentement ouvre un bras, puis l'autre, répète son geste avant que la lumière ne l'emporte vers
d'austères et drus massifs en fond de scène. Bientôt, sur les grignotis sonores et les amorces mélodiques du compositeur Gilles Grand,
onze personnages en tenues légères conversent avec l'espace physique en se glissant dans la gestuelle souveraine de Bagouet.
Le chorégraphe et danseur, directeur du centre chorégraphique national de Montpellier depuis 1981, mort du sida en décembre 1992,
signait avec Le crawl de Lucien une de ses plus radicales avancées dans l'abstraction et l'épure. Le solo central exécuté par Catherine Legrand
en est l'emblème. Douce chimie entre l'humanité des corps et la tenue des lignes, ce grand moment de la danse contemporaine française
est filmé avec simplicité par la caméra attentive de Charles Picq. Images d'une compagnie d'un niveau rare, au tracé stellaire, d'où sortiront
plusieurs chorégraphes dont Michel Kelemenis et Christian Bourigault, et des danseurs qui rejoindront d'autres grandes compagnies.
Patrick Bossatti
Dominique Bagouet,
Bagouet, vol. 13
Assaï
1987, 63', couleur, spectacle filmé, danse, DVD
Réalisation : Charles Picq
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Musique : Pascal Dusapin
Interprétation : Jean-Pierre Alvarez, Christian Bourigault, Claire Chancé, Sarah Charrier, Bernard Glandier, Michel Kelemenis,
Catherine Legrand, Dominique Noel, Sonia Onckelinx, Michèle Rust
Production : Les Carnets Bagouet
Assaï marque la première rencontre de Dominique Bagouet avec le compositeur Pascal Dusapin. Étape esthétique importante dans la
trajectoire du chorégraphe, la pièce pourrait aussi bien s’appeler "concert de danse" ; un "concert" qui se caractérise, autant que la relation
à la musique contemporaine, par l’omniprésence du silence, paradoxe d’une œuvre qui en compte d’ailleurs beaucoup d’autres.
D’un usage fréquent chez Bagouet, le silence est ici doublement signifiant. Il débarrasse la danse – et le regard sur la danse – de toute
ornementation inutile et contribue, dans le même temps, à installer une théâtralité singulière. Un climat que Bagouet qualifia lui-même
d’expressionniste, et qu’il accentua encore par son travail, en collaboration avec Christian Halkin, sur les lumières et les décors. Les
références au cinéma expressionniste et, plus généralement au cinéma muet, abondent : docteurs inspirés de Caligari, créatures à la
Musidora, jeunes filles en chemise façon Lilian Gish dans Les Deux Orphelines, etc. Elles se mêlent à d’autres évocations puisées dans
l’histoire de la danse (Nijinski et Le Spectre de la rose) et dans celle de l’art. Mais ces références sont sciemment contrariées. Ainsi du bal
romantique, qui se déroule sur fond de musique spectrale et finit par s’exécuter à reculons. Métaphore d’une pièce insolite et d’un bout à
l’autre impeccablement composée.
Chantal Aubry
Dominique Bagouet
Bagouet,
agouet, vol. 14
Entretiens sur Assaï - Courts métrages
métrages à partir d'Assaï
1986, 32', couleur, documentaire, danse, DVD
Réalisation : Charles Picq
Production : Les Carnets Bagouet
Entretiens sur Assaï (1) : Le lendemain de la création d’Assaï à l’Opéra de Lyon, Dominique Bagouet et Pascal Dusapin répondent aux
questions de Charles Picq. Ce court entretien donne l’occasion au chorégraphe de s’exprimer sur des thèmes qui lui sont chers : la
formation du danseur, la collaboration avec un compositeur contemporain, Bagouet considérant la danse comme une "version poétique"
des sensations nées de la musique.
Entretiens sur Assaï (2) : Octobre 1986, loges de la Maison des arts de Créteil. Quelques instants avant l’entrée en scène pour une
représentation d’Assaï, tandis que les danseurs sont au maquillage, Dominique Bagouet répond à une courte interview. On retiendra la
formule à propos de l’interprète : "une présence réelle, c’est-à-dire non démonstrative, non forcée musculairement."
Courts métrages à partir d'Assaï : Au cours de l’été 1987 au Centre de rencontres de Châteauvallon, des étudiants de La Fémis filment sous la
direction de Charles Picq des moments d’Assaï, dans le décor naturel du théâtre antique (cf. vol. 2). Cette intéressante recréation pour
l’image fait ressortir par instants le caractère expressionniste de l’œuvre : l’ombre portée des docteurs violemment éclairés par le soleil
intense, la qualité graphique de la gestuelle, enfin, l’étrangeté des créatures, comme surgies d’un incunable du cinéma muet.
Chantal Aubry
Dominique Bagouet,
Bagouet, vol. 15
Le saut de l’ange
1987, 80', couleur, spectacle filmé, danse, DVD
Réalisation : Charles Picq
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Musique : Ludwig van Beethoven, Pascal Dusapin
Interprétation : Jean-Pierre Alvarez, Christian Bourigault, Claire Chancé, Sarah Charrier, Bernard Glandier, Catherine Legrand,
Orzio Massaro, Dominique Noël, Sonia Onckelinx, Michèle Rust
Production : Les Carnets Bagouet
Lors de sa création en 1987, Le Saut de l’ange dérangea. Née de la collaboration avec le plasticien Christian Boltanski, artiste de la mémoire
et du matériau impalpable, la pièce bousculait tous les codes établis, à commencer par ceux du chorégraphe. La captation restitue l’audace
et l’ingénuité des interprètes, la fragilité du don ainsi offert au public, et, surtout, l’inventivité d’une œuvre décapante qui n’a pas pris une
ride.
Sur leur tréteau enjuponné de rouge, sous l’ange qui les visite un instant, délicatement projeté sur les murs de la Cour Jacques Cœur à
Montpellier, ils dansent, ils dérisionnent sur eux-mêmes, tous ces petits personnages colorés qui sont aussi des "hommes et des femmes
qui dansent", comme se plaisait à le dire Bagouet. Athlète de foire, Vénus de barrière en tutu jaune citron, rat d’hôtel ou danseuse
flamenco, dans leurs falbalas et leurs diadèmes de pacotille, ils trépignent, galopent, sautillent, pieds flex et poignets cassés, appuyant leurs
apparentes pitreries sur une impeccable technique. Comagicien de ce chef-d’œuvre pas comme il faut, Pascal Dusapin tisse de ses cuivres
puissants le grand silence bagouetien.
Chantal Aubry
Dominique Bagouet,
Bagouet, vol. 16
Dix anges, portraits
1988, 33', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Dominique Bagouet, Charles Picq
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Musique : Pascal Dusapin
Interprétation : Jean-Pierre Alvarez, Christian Bourigault, Claire Chance, Sarah Charrier, Bernard Glandier, Catherine Legrand,
Orazio Massaro, Dominique Noël, Sonia Onckelinx, Michèle Rust
Production : Paris Occitanie productions, Cie Bagouet (CCN Montpellier-Languedoc-Roussillon), La Sept, MC La Rochelle
Dix brefs portraits dansés des interprètes du Saut de l'ange de Dominique Bagouet et Christian Boltanski, créé au festival de Montpellier en
1988. Une place de village, une lumière dorée qui décline et d'étranges habitants qui, jusqu'à la nuit tombée, accrochent quelques gestes
ciselés dans l'air immobile. Tous se retrouvent à la fin de chaque séquence pour un galop dru et sonore.
Ces miniatures, extraites du spectacle et réécrites pour l'image, respectent le temps étiré de la pièce originale composée comme un
crépuscule. La prise de vue sobre et le parti pris linéaire font la part belle à chaque personnage, permettant de comprendre l'importance
que Bagouet accordait dans son oeuvre à la personnalité de chacun des danseurs. Les guirlandes d'ampoules et les costumes subtilement
démodés du plasticien Christian Boltanski dégagent une poésie mélancolique à l'unisson de l'écriture chorégraphique. Une esthétique
volontairement désuète, filmée avec calme et sentiment.
Patrick Bossatti
Dominique Bagouet,
Bagouet, vol. 16
Montpellier,
Montpellier, le saut de l'ange
1993, 30', couleur, documentaire, danse, DVD
Réalisation : Charles Picq
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Musique : Pascal Dusapin
Interprétation : Jean-Pierre Alvarez, Sarah Charrier, Rita Cioffi, Bernard Glandier, Catherine Legrand, Dominique Noël, Sonia
Onckelinx, Fabrice Ramalingom, Michèle Rust, Juan Manuel Vicente
Production : Les Carnets Bagouet, La Sept-Arte, Arcanal, CGP, Agat films & cie
Le festival international Montpellier Danse 1993 fut tout entier sous le signe d'un hommage rendu à Dominique Bagouet, directeur du
premier Centre chorégraphique national ouvert en France, qui venait de décéder en décembre 1992. En 1987, Dominique Bagouet avait
ouvert ce festival par la création du Saut de l'ange, conçu avec le plasticien Christian Boltanski. L'édition 1993 du festival présenta à nouveau
la pièce.
Fondés quelques mois après la disparition du chorégraphe, les Carnets Bagouet décidèrent de transmettre son œuvre. Régine Chopinot a
ainsi fait entrer Le saut de l'ange dans son répertoire en 1994. Mais le premier remontage du spectacle eu lieu l'été 1993, avec presque tous
les danseurs d'origine. Au fil des répétitions, Charles Picq interroge les danseurs sur la mémoire du corps et les difficultés qu'ils rencontrent
lorsque cette mémoire achoppe. En contrepoint de ce travail de fidélité à l'oeuvre, Christian Boltanski parle du répertoire comme d'une
partition que tout un chacun peut rejouer à sa façon : "Une forme, valide à un certain moment de son histoire et sa création, mais qui, si
elle veut suivre le fil du temps, doit rester ouverte."
Fabienne Arvers
Dominique Bagouet,
Bagouet, vol. 17
Les petites
petites Pièces de Berlin
1988, 85', couleur, spectacle filmé, danse, DVD
Réalisation : Charles Picq
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Interprétation : Dominique Bagouet, Christian Bourigault, Claire Chancé, Sarah Charrier, Bernard Glandier, Catherine Legrand,
Orazio Massaro, Dominique Noël, Sonia Onckelinx, Fabrice Ramalingom
Musique : Gilles Grand
Production : Les Carnets Bagouet
Dès leur reprise en septembre 1988 au TNP de Villeurbanne, Les petites Pièces de Berlin, créées en juin à Berlin, ont été augmentées d’une
série d’intermèdes dansés par Dominique Bagouet, ajout qui se révéla capital pour l’équilibre de l’œuvre. C’est cette version qui devint
définitive. Après l’aventure passionnante du Saut de l’ange, liberté avait été donnée aux danseurs de la compagnie d’élaborer une pièce à
partir de leurs propositions.
Duos, trios, quatuors, quintettes, neuvaines, courts moments de solo, toutes les configurations étaient explorées et se succédaient dans une
accumulation joyeuse, mais quelque peu décousue ; impression encore augmentée par un dispositif scénique assez complexe, dont le
maniement, entre chacune des pièces, se trouva heureusement gommé par les interventions du chorégraphe. Ces solos à la façon Bagouet
se révèlent à la fois comme un catalogue du style délicatement ciselé et comme de purs moments d’autodérision souriante, le tout construit
sur le principe de l’accumulation. Un peu comme les "knee plays" du théâtre de Bob Wilson, ce sont de vrais joyaux enchâssés dans une
œuvre, tout au long soyeuse et solaire. Parmi nombre de morceaux de bravoure, dans lesquels brillent tous les danseurs de la compagnie,
on retiendra le duo final de Catherine Legrand et Christian Bourigault, et sa conclusion, si élégamment elliptique.
Chantal Aubry
Dominique Bagouet,
Bagouet, vol. 18
Meublé sommairement
1989, 83', couleur, spectacle filmé, danse, DVD
Réalisation : Charles Picq
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Production : Les Carnets Bagouet
Emmanuel Bove (1898-1945) est considéré par certains comme un précurseur du Nouveau Roman. Dominique Bagouet sera l’un des
premiers à redécouvrir cet auteur méconnu, dont l’écriture lapidaire convenait à merveille à son propre tempérament. Après Mes amis (cf.
vol. 27), il revient vers son écrivain fétiche dont il adapte en 1989 Aftalion, Alexandre sous le titre de Meublé sommairement.
Se lançant dans une entreprise qui ne ressemble à aucune autre, il va enlacer au pur travail chorégraphique le récit intégral de cette longue
nouvelle, lue en scène par la comédienne Nelly Borgeaud. La captation rend bien compte de ce tissage de texte et de danse, sorte de fusion
douce, un peu à la Cage-Cunningham, où parfois la danse percute le récit, parfois elle l’ignore, parfois elle l’illustre, les déplacements de la
comédienne se mêlant naturellement à ceux des danseurs. De ces courts-circuits, toniques ou mélancoliques, naissent, comme toujours
chez Bagouet, un climat étrangement attachant. Un équilibre parfait, juste effleuré par la musique complice de Raymond Boni, dont les
mélodies nostalgiques ou saugrenues ajoutent à la qualité poétique de l’ensemble. Les danseurs parcourent la vie d’Alexandre Aftalion avec
la précision d’un haïku. Délicats, véloces ou gagnés par le désordre, sans une once de pathos, ils frisent tous, jusqu’à la fin très elliptique, la
perfection.
Chantal Aubry
Dominique Bagouet,
Bagouet, vol.
vol. 19
Jours étranges
1993, 42', couleur, spectacle filmé, danse, DVD
Réalisation : Charles Picq
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Musique : The Doors
Interprétation : Hélène Baldini, Hélène Cathala, Jean-Charles Di Zazzo, Bernard Glandier, Olivia Grandville, Fabrice Ramalingom
Production : Les Carnets Bagouet
Dans sa stridence et son énergie brute, Jours étranges se rapproche de F. et Stein (cf. vol. 6). Lors de sa création au festival Montpellier
Danse 1990, certains professionnels ont pu dire qu’elle n’était pas "digne" d’un directeur de Centre chorégraphique national. Sur la
musique des Doors, la pièce évoque les approches – premiers émois, jeux, désespoirs passagers, passages à vide – des états adolescents.
Composée à partir d’improvisations des danseurs, sur des textes littéraires aussi bien que sur des bandes dessinées, Jours étranges n’est
informe qu’en apparence. Bagouet y renonce aux effets brillants des compositions savantes qui le caractérisent, brisant ainsi sa propre
image médiatique. Il fait reposer la pièce sur la seule force d’interprétation de ses danseurs aux formidables personnalités. On se souvient
souvent de Jours étranges comme d’une pièce rock, explosive et déjantée ; pourtant, la pièce est aussi pleine de vides, de flottements, ce que
le temps du spectacle autorise rarement. À l’été 1993, date de la captation, le chorégraphe est mort depuis six mois et nombre de danseurs
sont revenus dans la compagnie pour ces ultimes reprises. La puissance de leur jeu, le débridement du rire comme de la rage, de l’errance
comme de l’ivresse, donnent à cette pièce parfois regardée comme mineure, la force d’un chef-d’œuvre arraché, plutôt que sculpté, à
l’énergie et au mouvement.
Isabelle Ginot
Dominique Bagouet,
Bagouet, vol. 20
So schnell (1ère version)
1990, 47', couleur, spectacle filmé, danse, DVD
Réalisation : Brigitte Alvarez
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Musique : Jean-Sébastien Bach
Interprétation : Hélène Baldini, Ama Belouettar, Séverine Bost, Isabelle Boutrois, Hélène Cathala, Mary-Anne Chebbah, Philippe
Combeau, Olivia Granville, Dominique Grimonprez, Nicolas Héritier, Sylvain Prunenec, Annabelle Pulcini, Fabrice Ramalingom,
Corinne Rochet
Production : Les Carnets Bagouet
Composée pour la compagnie Bagouet, élargie aux interprètes en formation professionnelle qu’elle accueillait alors, So Schnell est une pièce
de commande pour l’inauguration du vaste Corum de Montpellier. Si cette version de 1990 est moins aboutie que celle de 1992, et la
captation moins savante que l’adaptation qu’en a fait Charles Picq (cf. vol. 21), ces images rendent mieux compte des dimensions
gigantesques de l’écriture chorégraphique.
Impressionnante, jamais monumentale, jetant à grands coups de pinceaux des couleurs vives à travers l’espace, n’hésitant pas à livrer au
plateau nu et silencieux une danseuse seule, voilà, telle qu'elle nous apparaît, l'écriture de So Schnell. Plus fragile, et d’une certaine façon plus
à plat – comme les décors de Christine Le Moigne, inspirés de Roy Lichtenstein – que la deuxième version, ce premier So Schnell en porte
pourtant déjà toute l’ambition : créer une danse immense où chaque interprète aurait cependant sa place ; permettre que "l’espace soit
envahi de forces qui laissent quelques traces" (D. Bagouet), tout en ciselant cette grande construction de détails profonds, dignes d’un
grand orfèvre.
Isabelle Ginot
Dominique Bagouet,
Bagouet, vol. 21
So schnell (2e version)
1993, 58', couleur, adaptation, danse, DVD
Réalisation : Charles Picq
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Musique : Jean-Sébastien Bach
Interprétation : Rita Cioffi, Priscilla Danton, Matthieu Doze, Olivia Granville, Nicolas Héritier, Dominique Jegou, Myriam Lebreton,
Catherine Legrand, Sylvain Prunenec, Annabelle Pulcini, Fabrice Ramalingom, Juan Manuel Vicente
Production : Agat films & cie, Les Carnets Bagouet, La Coursive, CGP.
Pièce maîtresse dans l’œuvre de Dominique Bagouet, ce So Schnell est une seconde version de la pièce de 1990, remontée et resserrée, à
laquelle il a choisi d’ajouter, en ouverture, le fameux duo de Déserts d’amour, interprété cette fois par deux danseuses : Catherine Legrand et
Olivia Grandville. Tournée en été 1993, quelques mois après la mort du chorégraphe, cette adaptation réunit la compagnie au complet,
avant qu'elle ne soit dissoute.
Ce film rend fidèlement compte de l’esprit de la pièce : délicatesse d’une danse ciselée dans le moindre détail, profusion d’un mouvement
irrésistible, dont on voit ici de près la savante complexité, prédilection enfin pour les basculements d’atmosphère, entre mystère, vitalité
débridée, accès d’humour, autodérision et gravité. On voit ici à l’œuvre cette dualité propre à Bagouet, qui propulse chaque élément du
spectacle de l’affirmation éclatante à son contraire. Ainsi du son industriel des machines à tricoter, chères à son enfance, à la vibrante
énergie de la Cantate BWV 26 de Jean-Sébastien Bach. Ainsi du silence à la stridence, celle, aussi bien, des couleurs électriques
littéralement véhiculées par les danseurs. Ainsi, enfin, des arrêts sur incongruités comiques aux immenses traversées d’un plateau, dont les
limites sont comme infiniment repoussées.
Chantal Aubry
Dominique Bagouet,
Bagouet, vol. 22
Moderato Cantabile - Chaîne et trame, quelques pistes pour l'étude de So Schnell
1997, 45', couleur, documentaire, danse, DVD
Réalisation : Anne Abeille
Production : Les Carnets Bagouet
"Moderato Cantabile" (1997, 15') : Anne Abeille, longtemps assistante chorégraphique de Dominique Bagouet et, aujourd’hui,
coordinatrice des Carnets Bagouet, promène un regard délicat sur l’intérieur des danses. Dans de brefs extraits de pièces sont insérés des
documents qui ne leur sont étrangers qu’en apparence : éléments utilisés lors des processus de création, mais aussi moments de vie de la
compagnie.
Chaîne et trame, quelques pistes pour l’étude de So Schnell (2001, 30') : Document sur une pièce majeure – et ultime – de Dominique Bagouet, ce
film emprunte aussi son titre à l’une des thématiques de So Schnell : le travail mécanisé du tricot dans l’usine de jacquards de la famille
Bagouet. Remontant l’histoire des deux versions de la pièce (1990 et 1992), Anne Abeille tisse extraits filmés, images des partitions du
chorégraphe, entretiens avec celui-ci et avec ses nombreux collaborateurs (interprètes, costumière, codirectrice de la compagnie,
techniciens, critiques). Elle donne ainsi accès à de nombreux éléments du fonds d’archives des Carnets Bagouet. Organisé en chapitres
(Auto-citations, Style ou technique ?, Les Musiques, La Question du sens, etc.), Chaîne et Trame constitue un regard sensible et structuré sur
une chorégraphie hautement complexe, et une étude qui pourra ouvrir des pistes nouvelles pour la lecture de la pièce.
Isabelle Ginot
Dominique Bagouet, vol. 23
Necesito - Pièce pour Grenade
Extraits de Necessito
1994, 66', couleur, adaptation, danse, DVD
Réalisation : Charles Picq
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Musique : Gas Gas Gas
Interprétation : Rita Cioffi, Priscilla Danton, Matthieu Doze, Olivia Grandville, Dominique Jegou, Catherine Legrand, Sylvain
Prunenec, Fabrice Ramalingom, Juan Manuel Vicente
Production : Agat films & cie, Carnets Bagouet, La Coursive, CGP
Doux clapotis des fontaines dans les patios, gravité et sensualité des chants arabo-andalous, humanité frondeuse du groupe Gas Gas Gas
dont le guitariste, Sven Lava Polhammer, était déjà aux côtés de Bagouet pour F. et Stein au début des années 80. Filmé à l'initiative des
Carnets Bagouet après la mort du chorégraphe, Necesito fut la dernière création de Dominique Bagouet.
Inspirée par l'histoire de Grenade, la pièce renvoie aux premiers émois de Dominique, petit garçon, regardant émerveillé un spectacle de
flamenco sur les ramblas de Barcelone. Les danseurs s'amusent et grimacent comme dans Jours étranges, et déploient leur danse avec toute la
sérénité de l'enfant qui s'applique et découvre l'univers des possibles. Si Necesito est l'un des plus beaux films de danse qui soit, c'est sans
doute que Charles Picq a utilisé sa caméra comme s'il s'agissait de son propre regard, s'attardant, s'éloignant, s'approchant de la scène et,
dialoguant pour finir, avec la chorégraphie, les danseurs et les musiciens. Restituant, autrement dit, le plaisir du spectacle vivant. En
complément du film « Necessito, pièce pour Grenade », deux fragments documentent l’histoire de la pièce créée en 1991.
Fabienne Arvers
Dominique Bagouet, vol. 24
Planète Bagouet
1994, 90', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Charles Picq
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Production : Agat films & cie, Carnets Bagouet, CGP
Classique dans la forme, ce documentaire est à la hauteur de son ambition : questionner la danse contemporaine, son présent et sa
mémoire, dans le sillage d'un homme qui cherchait à trouver "l'âme du mouvement et la grandeur du petit geste". Plus qu'un portrait, ce
film tente de saisir la portée de l'oeuvre de Dominique Bagouet.
Il le fait en évoquant le travail du chorégraphe, ses rapports avec les interprètes et son installation au début des années 80 au centre
chorégraphique de Montpellier qui fut le premier à s'ouvrir en France. L'enseignement qu'il y dispensa ne fut pas la moindre de ses actions.
Tourné lors du festival de Montpellier 1993, quelques mois après la mort du chorégraphe et quelques semaines avant la dissolution de sa
compagnie, le film donne la parole aux danseurs et aux fidèles de son équipe (Christine Lemoigne, Alain Neddam, Sven Lava
Polhammer...) dans un ultime hommage qui fut le fil conducteur de l'ensemble du festival.
Fabienne Arvers
Dominique Bagouet, vol. 25
Histoire d'une transmission : 'So Schnell' à l'Opéra
l'Opéra
1999, 54', couleur, documentaire, danse, DVD
Réalisation : Marie-Hélène Rebois
Production : Daphnie production, CGP, La Sept-Arte, Opéra national de Paris, Mezzo, Carnets Bagouet
A la demande de Brigitte Lefèvre qui souhaitait inscrire So Schnell, l'une des dernières chorégraphies de Dominique Bagouet, au répertoire
de l'Opéra Garnier, l'équipe des Carnets Bagouet se met au travail avec les danseurs de l'Opéra. Marie-Hélène Rebois filme deux logiques
qui s'affrontent dans cette histoire de transmission guidée par les interprètes d'origine.
Comment communiquer l'expérience nécessaire pour faire advenir chaque geste dans la justesse de son rapport à soi, aux autres, à l'espace
et aux sons ? Comment transmettre sans se sentir dépossédé et sans craindre que l'essentiel ne soit perdu ? Les paroles d'Olivia Grandville
qui fut danseuse à l'Opéra avant de rejoindre la compagnie Bagouet, de Matthieu Doze, d'Annabelle Pulcini ou d'Hélène Cathala
témoignent de cette difficulté majeure. Habitués à intégrer techniques et chorégraphies en un temps record, les danseurs de l'Opéra savent
copier rapidement ce qu'on leur enseigne. Faire coïncider ce qui est à la fois un défaut et une qualité avec l'exigence d'interprétation qui est
au coeur de la danse contemporaine est un défi auquel les Carnets Bagouet ont répondu ici avec une grande générosité.
Fabienne Arvers
Dominique Bagouet,
Bagouet, vol. 26
Ribatz, Ribatz ! ou le grain du temps
2003, 83', couleur, documentaire, danse, DVD
Réalisation : Marie-Hélène Rebois
Interprétation : Bénédicte Billiet, Philippe Cohen, Sylvie Giron, Marc Leclerc, Yvelyne Lesueur, Monet Robier, Jean Rochereau,
Geneviève Sorin
Production : Daphnie production, Idéale audience, Mezzo, les Carnets Bagouet.
En 2001, les Carnets Bagouet se lancent dans une entreprise éminemment problématique : retrouver une chorégraphie de Dominique
Bagouet de 1976, car il n’en subsiste que quelques minutes en vidéo, quelques photographies et la mémoire lointaine des danseurs de
l’époque. Le projet a pour but, certes, de retrouver la danse, mais aussi d’explorer ce champ mystérieux et insaisissable de la mémoire des
corps.
Après avoir collecté tous les documents disponibles, tous ceux qui ont été en contact avec la pièce se réunissent. Le film témoigne
délicatement de ces retrouvailles. Certains se rencontrent pour la première fois – Ribatz, Ribatz ! a connu plusieurs distributions successives
– et pourtant tous partagent une expérience commune. Flots de chorégraphie déferlant tout d’un coup ou gestes péniblement reconstruits
un par un, autismes et bavardages du souvenir, bouffées d’émotion s’échappant avec les gestes libérés ; paroles, aussi, sur les
cheminements mystérieux du retour du geste. Marie-Hélène Rebois tient son regard à la lisière de la pièce – on n’en verra jamais la totalité
– enregistre les gestes de la danse et les autres, les mots, et les regards. Elle lit le travail en cours et laisse se présenter, au plus loin de tout
sentimentalisme, les moments les plus poignants de cette étrange aventure humaine.
Isabelle Ginot
Dominique Bagouet,
Bagouet, vol. 27
Mes amis
1985,14', couleur, adaptation, danse, DVD
Réalisation : Charles Picq
Production : Les Carnets Bagouet
L’homme est vêtu d’une chemise blanche, d’un pantalon à bretelles et chaussé d’espadrilles. Il se tient immobile, assis sur une chaise,
contre la matière brute d’un mur. Peu à peu, il se redresse, et, lentement, frotte sa main le long de la cuisse. Enfin, il prend la parole.
"Quand je m’éveille..." Suivent quelques moments des douze séquences de Mes amis d’Emmanuel Bove, que Dominique Bagouet a mis en
scène en 1985 au TNP à Villeurbanne.
Point de départ de ce travail : la rencontre du chorégraphe avec l’écriture limpide et triste de cet écrivain méconnu de l’entre-deux-guerres,
puis celle avec le comédien Gérard Guillaumat, qui a un goût particulier pour les monologues. Une collaboration subtile, où le mouvement
de la danse imprègne la parole, où le détail d’un geste révèle la limite ténue entre rêve et réalité. Assisté d’Alain Neddam, ancien assistant
de Claude Régy, Bagouet trouve ici sa voie propre, là où l’hallucination naît de la suspension du temps, de la dilatation de l’espace et d’une
infinie minutie dans le rapport au mouvement, au texte, à la voix et au son – en l’occurrence celui de l’électroacousticien Gilles Grand. Le
corps un peu lourd du comédien en est comme transcendé, et son interprétation est à la hauteur du défi. Bagouet poursuivra son
exploration de l’œuvre de Bove avec Meublé sommairement en 1989.
Chantal Aubry
Dominique Bagouet
Bagouet,
et, vol. 27
Suitte
Suitte d'un goût étranger
1985, 85', couleur, spectacle filmé, danse, DVD
Réalisation : Charles Picq
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Production : Les Carnets Bagouet, Maison de la danse/Lyon
L’intérêt de Bagouet pour la danse baroque se confirma en 1985, par sa participation à une entreprise hors norme lancée par François
Raffinot, codirecteur avec Francine Lancelot de la compagnie Ris & Danceries. Suitte d’un goût étranger se posait en effet comme un défi :
une approche collective et résolument contemporaine de l’esprit du baroque, sur la musique de Marin Marais, chorégraphiée par D.
Bagouet, A. de Groat, R. Kovich et F. Raffinot.
Une mise en scène ambitieuse, toute en clair-obscur, dont la captation ne rend malheureusement pas compte. Dans la pénombre, on
distingue mal les tresses véloces inventées par Bagouet, déjà familier de Marin Marais dont il avait utilisé l’œuvre pour Les Voyageurs, pièce
composée en 1981 pour les danseurs du Groupe de recherche chorégraphique de l’Opéra de Paris. La danse se devine plutôt qu’elle ne se
voit dans cette captation, qui ne peut servir qu’à des fins de recherche.
Chantal Aubry
Dominique Bagouet,
Bagouet, vol. 28
Les voyageurs
1981, 22', couleur, spectacle filmé, danse, DVD
Réalisation : Jacques Bernard
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Musique : Marin Marais
Production : Opéra national de Paris
En 1981, Jacques Garnier, ancien danseur de l’Opéra et créateur du Théâtre du Silence avec Brigitte Lefèvre, revenait à l’Opéra pour y
fonder le Groupe de recherche chorégraphique (GRCOP), composé d’une douzaine de danseurs du ballet, plus particulièrement
sensibilisés à la danse contemporaine. Dominique Bagouet sera l’un des premiers chorégraphes invités, et Les Voyageurs, l’une des
premières pièces inscrites au répertoire du groupe.
Courte pièce à redécouvrir, elle présente la plupart des qualités qui seront plus tard reconnues au chorégraphe : netteté de la composition,
clarté des lignes, habile tricotage de la danse et de la musique (Marin Marais). Du long silence qui accompagne la première séquence,
jusqu’à la pirouette finale, marquée par l’apparition de costumes grand siècle, jabots et robes à panier, qui se substituent aux impeccables
tee-shirts et pantalons blancs portés jusque-là par les danseurs, il y a dans cette pièce comme une métaphore à la Stanley Kubrick dans
2001 : l’Odyssée de l’espace : Bagouet précipite ses personnages dans une sorte de cul-de-sac de l’espace-temps et laisse aussi, fort
élégamment, planer le doute sur le statut de ce court-circuit temporel ; il clôt la pièce sur une fin énigmatique, impasse, cycle ou simple
reflet du réel, une danse elle-même renvoyée à l’infini par le grand miroir qui fait office de fond de scène. Belle métaphore, en tout cas, du
ballet et de ses origines.
Chantal Aubry
Dominique Bagouet,
Bagouet, vol. 28
Fantasia semplice
1986, 37', couleur, spectacle filmé, danse, DVD
Réalisation : Jacques Bernard
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Production : Opéra national de Paris
Comme pour Les Voyageurs, c’est le grand miroir du foyer de l’Opéra qui fournit la base du décor imaginé par Roberto Platé pour Fantasia
semplice. En 1986, invité par Rudolf Noureev, Dominique Bagouet va se mesurer à la machine-opéra. Le jeu en valait la chandelle : dans
l’écrin d’un décor de papier marbré, le langage Bagouet, pieds flex, genoux flex, coudes flex, mains flex, bras-rubans, impose doucement sa
loi.
Malgré les mauvaises conditions de la captation, on redécouvre, là encore, une pièce singulière, portée par quelques danseurs
particulièrement impliqués, parmi lesquels Olivia Grandville, qui bientôt nouera son destin à celui de la compagnie Bagouet. Dès
l’ouverture de la pièce, le travail au sol en signe l’originalité. Dans les maillots taillés au plus près des corps par Dominique Fabrègue, les
danses de groupe se succèdent, vives et proliférantes, laissant peu à peu la place à quelques discrètes merveilles, tel duo de Jean Guizerix
avec Marie-Claude Pietragalla, tel solo fondé sur des déséquilibres maîtrisés (encore Jean Guizerix), telle géométrie improbable de bras et
de jambes, tel mélange incessant d’austérité et de raffinement, avec, lové au creux du mystère, un solo magnifique de Pierre Darde. Entre
incongruités et vélocité, la danse de Bagouet se montre là comme elle est, à la fois insolite et toujours maîtrisée, foisonnante et
magnifiquement ordonnée.
Chantal Aubry
Dominique Bagouet,
Bagouet, vol. 29
Déserts et Crawl
Crawl
1988, 71', couleur, spectacle filmé, danse, DVD
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Musique : Gilles Grand
Interprétation : Olivier Ageorges, Jean-Claude Ciappara, Marie-Eve Edelstein, Pascale Ferrari, Katia Grey, André Lafonta, Florence
Lambert, Muriel Naceri
Production : Opéra national de Paris
Une danse imperceptible, des avancées microbiennes, d’amples diagonales, des tournoiements troublants, des fins en point d’orgue : on
retrouve l’élégance retenue et parfaitement mozartienne de Déserts d’amour, dans ces extraits transmis, en même temps que ceux du Crawl de
Lucien, aux danseurs du GRCOP (Groupe de recherche chorégraphique de l'Opéra de Paris), en 1988.
À l’époque, Bagouet – l’un des premiers parmi les chorégraphes de sa génération – commence à se poser la question du répertoire. Cette
alliance de deux œuvres proches l’une de l’autre et transmises à une compagnie autre que la sienne, constitue une première réponse. Dans
le décor d’ifs taillés au cordeau du Crawl, la danse de soie pâle de Déserts côtoie avec grâce l’impeccable géométrie du Crawl, une géométrie
au reste très ludique, joliment parée de satin rose. Deux pièces différentes et semblables à la fois, le fond transperçant la forme, l’être-là des
danseurs émergeant peu à peu au fil d’une danse quasi virgilienne. Ce qui n’excluait jamais, autre singularité de poète, une animalité
intrigante qui transcendait la différence des sexes. Témoin, le fameux duo de Déserts, créé à l’origine par Catherine Legrand et Michel
Kelemenis, temps fort et duo culte, à jamais inscrit au panthéon des grands moments de la danse française.
Chantal Aubry
Droits de cité
1992, 16', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Christophe Jouret
Chorégraphie : Pierre Doussaint
Interprétation : Guitta Barthel, Frédéric Bentkowski, Valérie Castan, Antoine Effroy, Les Enfants des Mureaux, Jean Fortuné de
Souza, Florence Perrin, Nathalie Tissot
Production : Neva, Cie Pierre Doussaint
Pour interpeller les adolescents du quartier des Musiciens aux Mureaux, près de Paris, Pierre Doussaint a fait appel aux techniques de
l'aïkido et de la danse africaine. "Quand il danse, le jeune danseur dévoile à la communauté sa force, sa souplesse, son envie et son désir."
Le reportage montre comment les enfants partent à la conquête de leur identité déchirée, au moyen de la danse.
Pierre Doussaint a travaillé trois ans avec ces enfants de la grande banlieue parisienne dans le cadre d'un projet DSU (développement
social urbain). Tous les membres de sa compagnie ont participé à cette sensibilisation à la danse contemporaine. A la suite de cette patiente
et remarquable plongée dans la vie quotidienne difficile des adolescents et des familles, un spectacle fut réalisé et tourné dans les salles de
la région. Le film effleure ce que furent les difficultés et les joies d'une telle expérience.
Patrick Bossatti
E pour eux
1999, 27', couleur, fiction, danse, DVD
Conception : Karim Zeriahen, Annie Tolleter, Mathilde Monnier
Réalisation : Karim Zeriahen
Production : les Films Pénélope, France 3 Sud, CCN-Montpellier-Languedoc-Roussillon
Structuré sur le mode de l'alphabet de Gilles Deleuze, E pour eux propose une image différente de la banlieue en témoignant de l'aventure
menée avec un groupe de quartier à la périphérie de Montpellier. Durant des ateliers autour du langage et de la danse, neuf jeunes de 18 à
22 ans se confrontent à différentes pratiques artistiques. Cette expérience est racontée avec la verve des "tchatcheurs".
Le film de Karim Zeriahen est tout d'abord un travail sur la générosité. Il laisse agir les gestes et les mots en situations cadrées ou
improvisées. Il en surgit une forme d'expression qui parvient peu à peu à construire un monde à partir des histoires de chacun. F pour
"Fils de", B pour "Bled", ou bien encore M pour "Mère", dans cet abécédaire vivement décliné apparaîssent des visages, des personnalités,
des modes de vie. Pour ces jeunes gens des quartiers de La Paillade, il est à la fois simple et complexe de rencontrer et de partager une
aventure artistique en découvrant de nouveaux espaces et des façons d'être différentes. Les visages en témoignent devant la caméra, où
chacun livre quelques impressions intimes et exprime désir et implication dans la vie comme dans cet exercice ludique.
Irène Filiberti
Eclipse
1998, 59', couleur, adaptation, théâtre, VHS
Réalisation : Bartabas
Production : MK2 TV, Théâtre Zingaro, La Sept-Arte
Dans ce spectacle de Bartabas filmé par lui-même, tout est noir et blanc comme l'ombre et la lumière, et le parti pris est à ce point abouti
que la moindre touche d'une autre couleur aurait constitué une effraction vulgaire, une indiscrétion. Dans le long voyage entrepris par le
Théâtre Zingaro, ce spectacle donne à voir tout le chemin déjà parcouru, vers davantage d'ascèse et d'harmonie.
Une nouvelle rencontre a inspiré ce spectacle : celle des mélodies du shinawi et des "voix sanglantes" du chant pansori, nourris de la force
intérieure ancestrale du pays "du matin calme", la Corée. Au son de ces chants primitifs et puissants, danseurs, comédiens, cavaliers,
acrobates, chevaux et lumières composent en symbiose des tableaux successifs d'une beauté parfaite. Le maître de cérémonies démontre là
encore sa maîtrise absolue de l'art équestre. Dans chaque geste de l'homme et chaque pas du cheval, il y a cette connivence qui génère
l'émotion. L'atmosphère est de l'autre bout du monde, poétique, érotique, grave ou facétieuse. Chacun peut y puiser ce qui fera écho à sa
fantasmagorie, dans le plaisir et l'émerveillement de l'ouverture au monde.
Marie Dunglas
Eden
1997, 16', couleur, adaptation, danse, VHS et DVD
Réalisation : Luc Riolon
Chorégraphie : Maguy Marin
Interprétation : Cathy Polo, Wilfried Romoli
Production : Bel air media, France 2
D'inspiration biblique, le duo de Maguy Marin saisit Eve tout juste sortie d'une côte d'Adam. Dans un paysage désertique minéral, un
homme avance à pas lents. Il porte une femme sur son épaule. Wilfried Romoli, premier danseur à l'Opéra national de Paris, pénètre dans
une cellule de temps où la seule figure qu'il devra assumer s'absorbe et se concentre sur un porté.
Une performance physique de même nature se révèle dans la danse de Cathy Polo, danseuse fidèle de Maguy Marin, dans une série
d'enrobements, de déroulés et d'abandon à la gravité. Luc Riolon suit le corps à corps lent et coulé où se rêve en douceur l'étreinte,
l'indissociable, suggérés par le Livre. Par un long plan-séquence et un cadrage large, la scène est tenue légèrement à distance du regard et
garde ainsi le lointain d'images primitives. Dès qu'Eve touche le sol, la caméra ose enfin s'approcher. Scindé, le couple aborde alors la
rupture, le départ... comme un zoom qui nous prend de vitesse.
Fabienne Arvers
L’effet Casimir - Regard sur Angelin Preljocaj
1999, 55', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Réalisation : Valérie Müller
Production : Noodles production, France 3, Ballet Preljocaj, Areva
En préambule, la phrase de Joseph Conrad : "Un homme qui naît tombe dans un rêve comme on tombe à la mer" : et le plongeon du
chorégraphe nu dans les eaux bleues. Pour cette mise à nu du travail d'Angelin Preljocaj, Valérie Müller fait alterner interviews, moments
de répétition en studio et sur la scène du Palais des papes à Avignon et extraits de spectacles (Paysage après la bataille, L'Anoure et Personne
n'épouse les méduses). Si l’on place deux plaques de métal à côté l’une de l’autre dans le vide absolu, elles s’attirent : c’est l’effet Casimir. Dans
les créations d’Angelin Preljocaj, l’effet Casimir peut être produit lors de la réception d’un spectacle par le spectateur (Marcel Duchamp,
très présent dans Paysage après la bataille, disait que le tableau est fait autant par le peintre que par celui qui le regarde), ou par la conjonction
geste-voix qu’il développe de plus en plus. "Etre chorégraphe, c’est chasser les fantômes, les faire revenir sur les lieux de leur forfait."
Alors, une histoire peut s’engager au travers d’un travail formel, peut naître de ce vide d'entre deux plaques qu'il essaye d'appréhender, où
la gestuelle du danseur compte tout autant que sa voix. "L’hypertrophie chorale se développe comme une excroissance chorégraphique. Le
texte dansé est une prolongation phonique du mouvement..."
Fabienne Arvers
Effort public
1992, 23', couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Stefan Schneider
Chorégraphie : Stefan Schneider
Musique : Christophe Zurfluh
Interprétation : Sylvain Espagnol, Isidoro Fernandez, Philippe Madala, Stefan Schneider, Patrice Usseglio
Production : Arcanal, CGP, Kanal 4 TV, Gernot Steinweg, Ex picturis France
D'abord, le gris : celui monocorde d'une friche industrielle, celui plombé des vêtements et celui plus transparent des grillages autour des
corps. Puis, le blanc : celui des chemises immaculées d'un groupe mystérieux qui s'attable et celui, saturé, d'une lumière qui joue avec
l'architecture. Enfin, la danse, lente et physique, absorbée par les teintes et bouleversant imperceptiblement nos repères.
Un film qui joue sur l'esthétique des matières pauvres à mi-chemin entre les arts plastiques (Fischli et Weiss pour la séquence de
téléscopage d'objets), la performance (happenings allemands) et la danse (l'énergie du contact-improvisation maté par une écriture
soucieuse des formes). Une atmosphère kafkaïenne de désolation et d'absurdité. Stefan Schneider, interprète de la compagnie Sidonie
Rochon, donne le sentiment avec cette deuxième réalisation, d'entamer l'exploration d'un univers cohérent, fragile bien que très affirmé.
Patrick Bossatti
Ellis Island
1981, 28', couleur, fiction, danse, DVD
Conception : Meredith Monk
Réalisation : Meredith Monk, Bob Rosen
Musique : Meredith Monk
Production : WGBH, Greenwich film associates, ZDF
Meredith Monk, artiste mêlant chant, théâtre et danse, propose un voyage-mémoire sur le lieu d'origine commun à nombre d'Américains,
Ellis Island, îlot grand comme un mouchoir de poche, à une encablure de New York. Chaque candidat à l'immigration devait y prouver sa
bonne santé et son identité avant de toucher terre.
D'origine indienne et juive, Meredith Monk s'intéresse ici au choc des rencontres entre différentes cultures et à leur capacité de résistance à
l'assimilation, symbolisée par l'américanisation systématique des noms. Capacité qui trouve ici son expression la plus directe à travers la
danse. La reconstitution en noir et blanc des photographies d'identité ainsi que les visites touristiques organisées de nos jours à Ellis Island,
tournées ici en dérision, sont comme une mise en accusation de la négation que chaque immigrant subissait en débarquant en Amérique.
Fabienne Arvers
Emmy
1995, 11', couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Conception : Daniel Larrieu
Réalisation : Daniel Larrieu
Chorégraphie : Daniel Larrieu
Musique : Henryk Gorecki
Interprétation : Matthieu Doze, Daniel Larrieu
Production : Heure d'été productions
Tantôt seul, tantôt accompagné de Matthieu Doze, Daniel Larrieu danse sur une partition de Gorecki, propice au regard intérieur. Lente
gestuelle déroulant ses harmoniques, jeu d'équilibre sur le qui-vive, simplicité des formes : le vocabulaire de Daniel Larrieu se fond dans
l'articulation générale de la chorégraphie.
Quand le regard enregistre un mouvement, de quelle part d'illusion se charge-t-il pour que la composition de l'image continue de
fonctionner ? Histoire de perspective, sans doute, bien connue des peintres et que le cinéma ne cesse d'interroger. Dans ce qu'il intitule
son "chorégra-film", Daniel Larrieu semble être passé de l'autre côté du miroir. Les illusions, reflets, mises en abymes et duplications de
l'image du corps sont très exactement constitutives du déroulement filmique. Les tonalités bleutées ou dorées des lumières transforment
sans cesse le décor, un trompe-l'oeil éclairant sur la gamme infinie des illusions : surfaces et profondeur, disparitions et apparitions des
danseurs. De ce mouvement croisé entre la danse et le cinéma, naît Emmy, belle expérimentation proche de la méditation.
Fabienne Arvers
En quête de danse
1997, 55', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Marion Lary
Chorégraphie : Laura de Nercy, Bruno Dizien
Production : Jakaranda, Aqui TV
La sensibilisation du public à la danse contemporaine connaît de multiples variantes : répétitions publiques et stages intéressent aujourd'hui
les spectateurs désireux de s'initier à ses arcanes. Laura de Nercy et Bruno Dizien, fondateurs de la compagnie Roc in Lichen, ont eu à
coeur de sensibiliser les spectateurs de demain : des enfants et adolescents, de la maternelle au collège.
Avant d'entamer une année de travail avec des élèves de quatrième au Perreux, dans une maternelle à Fontenay, et au lycée de Rosny-sousBois, pendant deux ans, avec des élèves de seconde, ils ont commencé par montrer la pièce emblématique de leur démarche
chorégraphique, Le Creux poplité, axée sur la verticalité ; ce qu'on a appelé un peu trop rapidement la "danse-escalade". Le film de Marion
Lary suit les séances de travail jusqu'aux répétitions du spectacle donné par les lycéens de Rosny au grand théâtre du Centre des Bords de
Marne et donne la parole aux apprentis-danseurs. L'une dit : "Je ne me reconnais pas, je me laisse aller..." Une autre ajoute : "Ça ne
tiendrait qu'à moi, je plaquerais tout, je ne ferais que de la danse." A suivre, donc. Fabienne Arvers
Les enfants de la danse
1988, 4 x 56', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Dirk Sanders
Production : La Sept, A2, Telmondis
Une série de quatre émissions sur la nouvelle école de l'Opéra de Paris, prétexte pour Claude Bessy, sa directrice énergique, à dresser un
vaste panorama de la danse classique telle qu'elle entend l'enseigner aujourd'hui en France. La série mêle, sans développement, interviews
des chorégraphes proches de Claude Bessy et longs moments d'apprentissage filmés de façon clinique.
La première émission raconte le déménagement de l'ancienne école vers le nouveau bâtiment à Nanterre dont l'architecture est due à
Christian de Porzamparc. Les bienfaits des volumes aérés, l'espace et la modernité des lieux sont ici mis en valeur. Les émissions suivantes
sont consacrées à des aspects techniques du ballet classique (la rapidité du bas de jambe, le temps de saut chez le danseur, les critères de
sélection, etc...). Les professeurs donnent des cours mis en scène pour la caméra, tandis que Claude Bessy reçoit des artistes de l'Opéra et
des chorégraphes avec qui elle évoque des souvenirs et des moments de leur carrière.
Patrick Bossatti
Enter Achilles
1996, 48', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Clara Van Gool
Conception : Llyod Newson
Chorégraphie : Llyod Newson
Interprétation : Gabriel Castillo, Jordi Cortes Molina, Juan Kruz de Garaio Esnaola, David Emanuel, Ross Hounslow, Jeremy
James, Liam Steel, Robert Tannion
Production : DV8 Physical Theatre, BBC, RM arts, Tevel international communication Ltd, SBS TV Australia, NPS TV Netherlands
Loin de gommer les particularismes de chacun, les lieux publics sont, pour les Britanniques DV8, des espaces propices à l'affrontement, au
dérèglement ou à la provocation. Ici un bar sert de décor : des hommes s'y retrouvent pour boire, danser et sacrifier sur l'autel de la virilité,
les errances de ceux qui lui préfèrent les caresses homosexuelles ou les formes rebondies d'une poupée gonflable.
L'intrusion de personnages, tel Superman, ou d'objets connotés, comme ce ballon de football appelant son bataillon de supporters, ajoute
une dose de loufoquerie dans un scénario déjà improbable, au traitement onirique. Elle sert surtout à mettre en scène la juxtaposition
obstinée que le fantasme oppose au réel. Le chorégraphe Llyod Newson n'aime rien tant que le choc du singulier dans l'ordinaire,
l'intrusion de l'individu dans le groupe ou son éviction, et les redoutables agencements d'une sexualité pas toujours en phase avec les codes
dominants. La déviance sous toutes ses formes, comme le nom de la compagnie l'indique, y est toujours bien accueillie.
Fabienne Arvers
Entre cour et jardin - Petite Chronique du Conservatoire
2002, 4 x 26', couleur, documentaire, danse, DVD
Réalisation : Régine Dalnoky, Paule Mustelier
Production : QSP, France 5
Cette chronique en quatre parties se présente comme un feuilleton. Tout en retraçant le cursus du Conservatoire national de danse de
Paris, de la première à la cinquième année, les réalisatrices suivent les mêmes élèves sur un an, en groupe ou en particulier, captant
moments intimes et travail quotidien. Ils évoquent leurs joies et leurs soucis, et nous font partager l'évolution de leurs impressions.
Outre les deux formations d’interprètes en danse classique et contemporaine, l’une des missions essentielles du Conservatoire est de
s’attacher à l'insertion professionnelle des jeunes danseurs. Les équipes enseignantes multiplient donc, en plus des examens traditionnels de
fin d’année, les mises en situations publiques : tournées du Junior Ballet classique ou contemporain, spectacles pour des opération portes
ouvertes, etc. Espoirs et déceptions, rires et larmes, les moments de vie sont prélevés à vif dans les cours ou les couloirs, ou encore en
coulisses, avant et après les temps forts que sont les spectacles et les auditions. Ils montrent comment étudiants et enseignants se
rencontrent et travaillent ensemble, en vue d’une réalité professionnelle difficile et très concrète.
Irène Filiberti
Les entretiens de la danse : JeanJean-Paul Montanari
1994, 53', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Valérie Urréa
Conception : Mathilde Monnnier, Geneviève Vincent
Chorégraphie : Jena-Paul Montanari
Production : Centre chorégraphique national de Montpellier Languedoc Roussillon
De l'Algérie natale à la jeunesse lyonnaise : l'exploration de la vie artistique qui a conduit Jean-Paul Montanari à créer le festival
Montpellier-Danse en 1980 s'origine dans ce déplacement géographique qui a marqué son enfance. Dans ce film, il évalue et analyse son
cheminement artistique, de ses premières amours, la littérature et le théâtre, à sa rencontre avec la danse.
C'était après mai 1968 ; Maurice Béjart était au festival d'Avignon et la danse révélait alors plus qu'une prise de conscience du corps : la
conscience du désir. Alors qu'au théâtre le corps restait en retrait, distancé par la parole, la danse devenait seule porteuse de la modernité.
Avec le mouvement post-moderne américain, elle remet en question le discours politique et rejoint les préoccupations de Jean-Paul
Montanari. De ses premières approches de la danse avec Régine Chopinot à sa rencontre décisive avec Dominique Bagouet, qui lui
demande de le rejoindre à Montpellier et de créer un festival, il continue aujourd'hui de chercher dans la danse un écho à son
questionnement. Exigeant, ne supportant pas l'ennui et les "danses creuses", il attend de chaque spectacle la trace sensible d'une présence
au monde.
Fabienne Arvers
Les entretiens de la danse
Karine Saporta
1995, 53', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Valérie Urréa
Conception : Mathilde Monnier, Geneviève Vincent
Chorégraphie : Karine Saporta
Production : Centre chorégraphique national de Montpellier Languedoc Roussillon
La réalité me déplaît, alors, sur scène, je recrée un monde, revendique Karine Saporta, chorégraphe et directrice du centre chorégraphique
national de Caen. Avant la danse, elle a étudié la sociologie et la philosophie. Et depuis toujours, elle s'implique dans la photographie et le
cinéma. Dans cet entretien, elle nous décrit ses différentes façons de recomposer le monde.
Ses créations scéniques cherchent à faire le lien entre recherche artistique contemporaine et philosophie en mettant constamment en avant
le concept d'impureté. Point d'orgue de cette tentative, la création de L'impure en 1993, une chorégraphie violente posée contre la barbarie
du monde. L'univers concentrationnaire sert de décor à la nudité des danseurs. Non meurtris, ceux-ci "parlent d'une cicatrice que nous ne
portons pas". Les avis sur le spectacle furent et restent partagés, les représentations soulevant en creux une autre interrogation, celle de la
représentation banalisée des horreurs d'aujourd'hui. Ce qui permet à Karine Saporta de situer son travail hors de tout courant, le reliant
plutôt à la réalité politique.
Fabienne Arvers
Les entretiens de la danse
Viola Farber
1994, 40', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Conception : Mathilde Monnier, Geneviève Vincent
Production : Centre chorégraphique national de Montpellier Languedoc Roussillon
Interrogée par Geneviève Vincent et Mathilde Monnier qui fut son élève (quand elle succéda à Alwin Nikolaïs à la direction du CNDC
d'Angers de 1981 à 1983) et dansa, par la suite, dans plusieurs de ses spectacles, la danseuse et chorégraphe américaine Viola Farber
évoque longuement ce que fut son enseignement de la danse et sa façon de le transmettre aujourd'hui.
Née en Allemagne, Viola Farber émigre au Texas avec sa famille à l'âge de sept ans. Découvrant par hasard Merce Cunningham, elle
devient l'une de ses danseuses les plus remarquées et le quitte le jour où elle ne supporte plus le rapport classique public-interprète.
Parallèlement, elle suit les cours classiques de Margaret Craske, "d'une dureté efficace", et d'Enrico Cechetti, et se démarque d'emblée de
l'univers de Martha Graham, "de sa souffrance orgueilleuse". Si elle reconnaît que ce qui la touche le plus chez un danseur, c'est l'effort,
elle ajoute que, privé de grâce, cet effort sera réduit à néant. Bousculant le discours conventionnel qui veut qu'un bon danseur
s'accommode de tous les styles, elle rappelle que chaque technique muscle et modèle le corps d'une façon différente.
Fabienne Arvers
Entrons dans la danse
Daniel Larrieu - Centre chorégraphique national de Tours
1997, 26', couleur, documentaire, danse, U-matic
Réalisation : Christian Boustani
Conception : Christian Boustani, Patrice Nezan
Chorégraphie : Daniel Larrieu
Production : Heure d'été productions, La Cinquième, Thierry Gautier audiovisuel
Quelle est la mission d'un centre chorégraphique national aujourd'hui ? Daniel Larrieu, directeur du CCN de Tours, définit la sienne. Il a
rassemblé une équipe artistique avec laquelle il mène un travail de création et de pédagogie, tout en se donnant les moyens de développer
une stratégie de diffusion de la danse, notamment à travers le festival Le Choré-graphique.
Ce sont ces trois axes que développe le film, en intercalant des images de la ville, des écoles, des spectacles et un entretien approfondi avec
Daniel Larrieu. Partant du constat que la région est peu familiarisée avec la danse contemporaine, Daniel Larrieu a confié à Marie-Claude
Favel une mission de sensibilisation à la danse dans les écoles et les foyers éducatifs de la ville. Des enfants de 5 ans apprennent à écrire
avec leur corps : il ne s'agit pas seulement de compléter l'apprentissage de la lecture, mais de proposer un temps d'initiation dans une
société qui n'en offre plus guère. On sent le même souci de partager une expérience lorsque le chorégraphe et ses danseurs évoquent
l'écriture de la danse, à savoir le désir de "mettre dans un espace-temps un nombre de mouvements qu'on peut reproduire".
Fabienne Arvers
L’envol de Lilith
1992, 10', noir et blanc, fiction, danse, U-matic et DVD
Conception : Cécile Proust
Réalisation : Jacques Hoepffner
Chorégraphie : Cécile Proust
Interprétation : Vincent Druguet, Daniel Kenigsberg, Rachid Ouramdane, Cécile Proust
Production : Productions Bagheera, Arcanal
Le grand matador Pablo Enrique del Amor de la Madona vient, comme chaque soir, voir Lilith danser le flamenco. Un khalife qui s'ennuie
la fait enlever dans sa loge. Pablo consulte alors madame Irma pour savoir où elle se trouve. Tandis que Lilith, recouverte de pièces d'or,
danse pour le khalife, Pablo arrive pour la délivrer. Profitant du combat, Lilith s'envole sur un tapis volant.
Un film plein d'humour, qui reprend à son compte l'esthétique des films muets. Cécile Proust, qui étudie depuis dix ans le flamenco et les
danses orientales, a conçu avec Jacques Hoepffner cette fiction sur mesure afin de métisser deux expressions traditionnelles qui, en
apparence, n'ont rien en commun. Un film plaisant pour tout public.
Patrick Bossatti
L’espace qui crie en moi - Hommage à la danse expressionniste allemande
1991, 2 x 60', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Jean-Louis Sonzogni, Petra Weisenburger
Production : La Sept, BR WDR, Radiotelevisao Portuguesa, Lieurac productions
C'est lors de la dépression des années 30 en Allemagne que la danse expressionniste s'est développée, exprimant cette 'pulsion du
fondamental' que les nazis tenteront de faire disparaître dès leur arrivée au pouvoir, lui substituant un art de divertissement kitsch et
monolithique. Des danseuses et spectateurs de l'époque évoquent leur combat esthétique et social en ces temps troublés.
Documentaire franco-allemand en deux parties avec de nombreux témoignages d'artistes de l'époque, des documents filmés, dont certains
très rares, sur Mary Wigman, Jo Mihaly, les danses de chambre de Rudolf von Laban, Gret Palucca. Le premier programme court de la fin
des années 20 aux jeux olympiques de Berlin en 1936 et le deuxième porte sur les années d'après-guerre et la difficile transmission d'un art
largement étouffé par les nazis et les autorités soviétiques. Ces questions essentielles de la transmission et du répertoire sont, cependant, à
peine évoquées ; il manque à ce deuxième volet de faire le pont avec ces artistes internationalement reconnus comme les héritiers de
l'expressionnisme que sont Susanne Linke et Pina Bausch.
Patrick Bossatti
L’état des mouches
1985, 13', couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Richard Ugolini
Chorégraphie : Lila Greene
Musique : Gérard Chiron, Hervé Le Duc
Interprétation : Véronique Albert, Stéphanie Aubin, Paola Bucher, Lila Greene, Pascale Houbin, Martha Moore, Marcella
Morganti
Production : Ad Libitum télévision, CAC Montbéliard, CGP, MC Bourges, Arcanal, RGB broadcast
A la suite d'un plan vertigineux, nous quittons une chambre d'hôpital par la fenêtre pour nous élever jusqu'au toit, héliport transformé en
plateau de danse pour sept jeunes filles en baskets, qui remuent dans le vent parisien. La nuit venue, les mystérieuses habitantes de ces
hauteurs disparaissent entre les lampes de signalisation par un ascenseur surgi des profondeurs.
Un cadre très large s'attarde sur de vastes panoramas où se détache la silhouette embrumée du Sacré-Coeur, tandis qu'une voix off susurre
'ad libitum' des phrases comme : "Oublie-moi, c'est trop tard"... Dans le choix du lieu et la façon qu'a Lila Greene d'en prendre possession,
on ressent l'influence de la danse post-moderne américaine qui, dans les années 70, quitta les studios pour s'aventurer dans les lieux publics
: jardins, rues, terrasses, toits d'immeuble. Lila Greene, résidant depuis plus de vingt ans en France, collabore à présent avec des metteurs
en scène de théâtre (Jourdheuil, Perret).
Patrick Bossatti
L’étreinte
1988, 7', noir et blanc, fiction, danse, DVD
Réalisation : Joëlle Bouvier, Régis Obadia
Production : Ina, La Sept, MC Le Havre, Cie l'Esquisse
Sur un sofa, une femme se cambre et se jette dans les bras de son partenaire. Conçue pour être projetée lors des spectacles, cette étreinte,
filmée au ralenti, est certainement le meilleur emblème du travail de l'Esquisse. Un geste simple qui se répète, une conviction brutale dans
le mouvement et une image des rapports homme femme empreinte de violence sensuelle et destructrice. (Ce film a obtenu le grand prix du
festival de Grenoble en 1989).
Patrick Bossatti
Evidentia (évidence)
1995, 84', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Conception : Sylvie Guillem
Réalisation : Mats Ek, Thomas Lovell Balogh, Adam Roberts, Ha Van, Gunilla Wallin
Chorégraphie : William Forsythe, Mats Ek, Jonathan Burrows
Interprétation : Niklas Ek, William Forsythe, Sylvie Guillem, David Kern, Bénédicte Loyen, Brian Reeder
Production : France2, RD Studio productions, SVT1, BBC
Dans ce film expérimental concocté par Sylvie Guillem elle-même, les chorégraphes se font danseurs ou cinéastes : ainsi William Forsythe
se livre à un superbe solo et Mats Ek filme son frère et Sylvie Guillem dans Smoke, duo onirique et sensuel où l'illusion le dispute sans
cesse à l'émotion.
A l'évidence, Sylvie Guillem n'a pas mis tout son talent dans l'art d'enchaîner arabesques et grands jetés, même si son incroyable courbure
de pied s'inscrit régulièrement et malicieusement à l'écran. Dans ce film en effet, chaque artiste se propose de clarifier le paradoxe des films
de danse : "Pour l'écran, explique Mats Ek, il s'agit de produire une image qui soit une extension du mouvement. Sur scène, on travaille le
mouvement lui-même." Après Mouvement, montage de moments de danse et d'images diverses - extrait de film de Buster Keaton, courses
d'animaux au ralenti, courbure de statue grecque, etc. -, Sylvie Guillem livre la clé d' Evidentia : "On a toujours voulu filmer la danse, mais là
c'est le contraire : on laisse danser le film."
Fabienne Arvers
Faire kifer les anges
1996, 88', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Jean-Pierre Thorn
Production : Agat films & Cie, La Sept-Arte
Version longue de Génération hip-hop ou le Mouv' des ZUP, ce film opère un constant va-et-vient entre les banlieues qui ont vu naître le
mouvement hip-hop et son actuelle reconnaissance par l'institution culturelle. Ou comment fabriquer de l'intégration en favorisant
l'expression de ce qu'il est désormais convenu d'appeler les "cultures urbaines".
Laissant plus de place à la danse elle-même que dans Génération hip-hop, Jean-Pierre Thorn s'attache à montrer l'évolution d'une danse
apprivoisée sur le béton des cités, encline à la démonstration et au défi. Danseurs, chorégraphes et musiciens se préoccupent désormais de
tous les éléments constitutifs de la dramaturgie d'un spectacle vivant. Thème ou message, décors, personnages, passage de la virtuosité
solitaire aux mouvements de groupes, éclairage, utilisation de musiques parfois éloignées du hip-hop : tels sont les paramètres nouveaux
que doivent prendre en compte les compagnies Accrorap, Street Boy'z, Aktuel force, Traction avant, ABDT ou Azanie, qui sont désormais
à l'affiche des festivals de danse et des scènes nationales.
Fabienne Arvers
Les falaises d'Esnandes
1987, 9', couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Marc Guérini
Chorégraphie : Jean Gaudin
Interprétation : Paola Bucher, Jean Gaudin, Sophie Lessard, Lluis-Ayet Puigarnau, Claire Rousier
Production : Canal +, CGP, Ex nihilo, MC La Rochelle
Sur une plage à marée basse, une étrange troupe escalade un embarcadère de bois pour contempler la proue vivante d'un navire en cale
sèche qui s'ébroue. Les personnages la poursuivent, à mi-cuisses dans la boue, jusqu'à disparaître à l'horizon.
Un film court où l'absurdité des situations crée un humour très particulier sur de belles images aux couleurs de terre mouillée et de vase
séchée.
Patrick Bossatti
Faune Fomitch
1989, 11', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Charles Picq
Chorégraphie : Michel Kelemenis
Musique : Gilles Grand
Interprétation : Michel Kelemenis
Production : Plaisir d'offrir
Dans son costume jaune paille rappelant les costumes de bains du début du siècle, Michel Kelemenis tourne lentement sur lui-même. Ses
enchaînements évoquent irrésistiblement son passé de gymnaste : même concentration, même souci de rassembler son énergie pour la
libérer le moment venu, même maîtrise du rythme. Ce qui change, pourtant, c'est le parcours intérieur du danseur.
Ecrit en hommage à Vaslav Nijinski, ce solo est en effet remarquable par la désinvolture avec laquelle Michel Kelemenis prend possession
d'un mythe en le détachant de sa gangue historique, afin d'en mieux découvrir la candeur qui, à l'époque, avait subjugué et choqué le
public. La musique de Gilles Grand, qui induit vitesse et fréquents changements de direction, s'abstient de toute ligne mélodique pour
suggérer une atmosphère sensible aux moindres variations : tension, énergie, éparpillement des pensées et des gestes. De ce travail sur le
phrasé et de ce que le chorégraphe appelle "la spirale du geste" seront issues les pièces suivantes, des chorégraphies de groupe qui
développent les esquisses gestuelles de Faune Fomitch.
Fabienne Arvers
La fiancée aux yeux de bois
1989, 42', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Luc Alavoine
Chorégraphie : Karine Saporta
Musique : Jean-Marc Zelwer
Interprétation : Sophie Boulin, Marie Cool, Maurice Delaistier, Luc Favrou, Jacky Henser, Mario Lonardini, Anne Meteier, Nouchka
Ovdtchinnikoff
Production : La Sept, Atmosphère production
Suspendu au-dessus de petits bureaux d'écoliers, un groupe de danseurs se balance imperceptiblement. De courtes séquences,
tremblotantes, en noir et blanc, font allusion à une enfance paysanne dans un pays de froid et de neige et contrastent avec les images nettes
et découpées du plateau gris, où les interprètes s'enroulent à des cordes et exécutent des danses de mains sur des chants traditionnels
Evocation picturale, musicale et chorégraphique des origines russes de Karine Saporta. Captation fidèle du spectacle qui fut créé pour le
festival d'Avignon 1988. Après cette plongée esthétique dans ses racines, Karine Saporta s'intéressera aux figures féminines mythiques de
la littérature et de l'opéra : la Princesse de Milan, Carmen, la Senora, etc.
Patrick Bossatti
Flut
1992, 16', couleur, adaptation, danse, VHS et DVD
Réalisation : Charles Picq
Chorégraphie : Susanne Linke
Musique : Gabriel Fauré
Interprétation : Susanne Linke
Production : Agat films, La Sept, Ina
La bande son diffuse la séance d'enregistrement de Elégie pour cordes et orchestre de Fauré dirigée par Pablo Casals, tandis qu'une femme
oscille en déroulant un long drap bleu, île colorée sur le plateau noir. Elle s'en écarte comme on quitte un pays à jamais, mais y revient
toujours après de longues circonvolutions gestuelles.
Charles Picq, qui a consacré un documentaire à la chorégraphe (cf. Susanne Linke), reste ici à distance du corps convulsif de la danseuse aux
prises avec cette forme bleue qu'elle agite et qui pourrait bien être la manifestation plastique de son angoisse. Le cadre large et le
mouvement circulaire du point de vue révèlent une sorte d'impuissance et d'impossibilité d'intervention devant la chimère qui s'empare de
Suzanne Linke : elle paraît rejouer une scène primitive, une fantasmagorie personnelle. (cf. Im Bade Wannen, Wandlung)
Patrick Bossatti
Les forêts vierges
1998, 26', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Conception : François Raffinot
Réalisation : Marie-Hélène Rebois
Production : Puma, CCNHHN
Le titre donne le ton : dans le cadre des actions en direction des enfants menées par le centre chorégraphique national du Havre, François
Raffinot, chorégraphe et directeur, propose un travail sur la multiplicité engendrée aujourd'hui par le cosmopolitisme des métropoles
modernes et son avatar le plus sensible : la fracture sociale. Les forêts vierges s'inspirent du Livre de la jungle.
Marie-Hélène Rebois a suivi les séances de répétition d'élèves provenant de plusieurs quartiers "sensibles" du Havre, animées par un
groupe de danseurs et le metteur en scène Julien Bouffier. A ces enfants qui n'en avaient jamais entendu parler, François Antoine, Florence
Arnal, Valérie Crépin, Kalpana et Gilles Sautric ont enseigné des danses traditionnelles : le kathakali, le bharata natyam, la capoeira
brésilienne et des danses africaines. Ils avouent leur faible pour le langage des danses indiennes, les gestes de main des Mudra qui racontent
des histoires et les neuf expressions du visage du kathakali où se résument la palette des émotions. Un compte-rendu mené fidèlement sur
une expérience captivante.
Fabienne Arvers
Françoise Adret - 40 années de danse en France
France
1991, 53', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Conception : Francis de Coninck
Réalisation : Pascal Nottoli
Musique : Alain Chignier
Production : Agence Caméra, TLM, Lune TV
Formée à l'école des ballets Diaghilev, c'est à l'Opéra qu'elle est initiée par Lifar à la chorégraphie. Elle s'échappe de la 'maison' avec
Roland Petit, devient son assistante, fonde des compagnies aux quatre coins du monde et en 68, le ballet théâtre contemporain avec l'aide
de Jacques-Albert Cartier. Après un passage constructif au Ministère de la culture, elle dirige le Lyon opéra ballet.
Une certaine idée de la danse moderne et contemporaine se confond avec la biographie de ce personnage haut en couleurs, qui donne ses
cours la cigarette au bec et ne mâche ni ses mots ni sa générosité. Les quatre parties de ce documentaire correspondent à l'évolution du
ballet vers la danse contemporaine en France : "Les Années formation (1948-1958)" où elle rencontre Lifar, "Les Années free-land (19581968)" avec Béjart et Petit, "Les Années BTT (1968-1978)" du nom de la compagnie avec laquelle elle fait le tour du monde, "Les Années
danse (1978-1991)" avec Igor Eisner et Maurice Fleuret au Ministère, où elle aide à l'éclosion de toute la jeune danse des années 80, puis à
Lyon, où elle met sur pieds une des premières compagnies de répertoire contemporain.
Patrick Bossatti
Génération hip hop ou le Mouv' des ZUP
1995, 58', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Jean-Pierre Thorn
Production : Agat films & cie, France 3
Filmé dans des cités de la région Rhône-Alpes, ce documentaire fait le lien entre les compagnies de break dance (Ex-Wanes, Street Boy'z,
Traction Avant, Accrorap, B-Boys Breakers, Fradness, Azanie), désormais invitées dans les théâtres, et leur lieu d'origine. Pour chacun de
ces danseurs, la danse s'est révélée comme la seule ouverture possible pour palier à l'enfermement des cités.
La lucidité de leur propos, la sincérité de leur démarche et leur difficulté à prouver, d'abord à leur famille, ensuite à la société, qu'ils
refusent de se donner en sacrifice à la conjoncture sociale, font de ce film un modèle du genre. Les moments d'émotion saisis par la
caméra sont sans concession ni complaisance : lorsque Kader Attou (Cie Accrorap) évoque la nuit où sa mère a voulu s'assurer qu'il ne
prenait pas d'héroïne ; lorsque Samir Hachichi parle de son frère "buté" dans la rue parce qu'il était maghrébin, tous revendiquent le désir
d'aller plus loin que là où on a l'habitude de les mettre. Et tous le confirment : "La danse a été le moyen de donner forme à cette rage de
devenir quelqu'un." Du coup, les moments de danse peuvent se faire rares, la parole les fait exister avec beaucoup d'intensité.
Fabienne Arvers
Ghazeia, danseuses d'Egypte
1993, 50', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Safaa Fathy
Production : Gloria films production, Docstar, Selena audiovisuel
Ghazeia dresse le portrait de deux femmes égyptiennes, socialement éloignées, mais toutes deux victimes de l'opprobre et de l'hypocrisie
générales : Lucy est la plus célèbre danseuse du ventre du Caire, Sabah danse à la campagne et anime mariages et baptêmes en compagnie
de son mari.
La danse ou le dur apprentissage de la liberté et de l'affranchissement du regard des hommes. La danse ou le libre exercice de la séduction,
sans monnaie d'échange possible : ni conjugale, ni commerciale. La danse, enfin, ou l'expression sublimée de la féminité, sans entrave ni
retenue. Conscientes de la singularité de leur statut et de l'isolement qu'il leur vaut, Lucy et Sabah ne sont pourtant pas prêtes à renoncer à
leur unique allié : l'acte de danser. Comme si les rigueurs de l'islam et la rigidité des traditions nord-africaines avaient été inventées pour
que puisse se déployer, ondulante et provocante, cette danse du ventre autrefois réservée aux femmes de 'mauvaise vie'.
Fabienne Arvers
Giselle
1996, 115', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Alexandre Tarta
Chorégraphie : Patrice Bart
Mise en scène : Patrice Bart
Interprétation : Roberto Bolle, Matteo Buongiorno, Béatrice Carbonne, Marinella Carimati, Paul Connelly, Alexandra Ferri, Bryan
Hewison, Maurizia Luceri, Maximo Murru, Isabel Seabra, Maurizio Vanadia
Production : Bel air media, Teatro alla Scala, VTHR, La Sept-Arte
Alexandre Tarta restitue fidèlement la représentation donnée à Milan en 1996 de ce chef-d'oeuvre du ballet romantique, avec la jeune et
remarquable Alessandra Ferri dans le rôle titre. Auteur du livret, Théophile Gautier résume à merveille le drame d'amour de la belle
paysanne, éprise de danse et du seigneur Albrecht : "Chez les femmes, la raison est dans le cœur ; coeur blessé, tête malade."
Giselle fut écrite pour la danseuse Carlotta Grisi en 1841. Ce fut aussi son premier ballet à l'opéra de Paris. Fidèle à la chorégraphie
originelle de Jean Coralli et de Jules Perrot, Patrice Bart recrée avec charme l'atmosphère pittoresque d'un paysage de campagne, animé de
danses et de rires, de sentiments naissants et de douce pâmoison, mais où la mort est aussi au rendez-vous et, avec elle, son cortège de
fantastique et d'apparitions. Alessandra Ferri donne à Giselle une incroyable aisance, une fougue enjouée qui se transforme bientôt en
déchaînement de l'âme. Au deuxième acte, Albrecht et le fantôme de Giselle se rejoignent dans la nuit : blanches arabesques, lenteur d'un
pas de deux arraché au monde des vivants comme à celui des spectres... le romantisme à son apogée !
Fabienne Arvers
Le globe
1988, 32', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Luc Riolon
Chorégraphie : Josette Baïz
Musique : Jean-Marie Sénia
Interprétation : Geneviève Boteilla, François Bouteau, Giovanni Cédolin, Chantal Dayot, Vincent Druguet, Anne-Sophie Fayolle,
Dominique Leconte, Ivan Lelay, Maryann Perrone, Cécile Proust, Jeanne Vallauri, Laurent Van Kote
Production : Vidéogram Paris, Arcanal, La Sept, CNDC Angers
Deux hommes rejoignent précipitamment le Globe, un night-club installé dans un château désaffecté. La situation est prétexte à toutes
formes de danse : ensembles effrénés, solos ou duos applaudis par l'assemblée, numéro silencieux des petites fées jumelles, acrobaties. La
soirée avance. Les couples se font, se défont. Dehors l'orage gronde, électrise les corps. La foudre met le feu au dancing.
D'un scénario simple, Luc Riolon a tiré des images énergiques et atypiques. Plus l'action s'intensifie, plus la caméra se rapproche des corps
et virevolte autour d'eux.
Patrick Bossatti
Goldberg Variations 11-15 - Golberg Variations 1616-30
1992, 54', couleur, adaptation, danse, VHS
Réalisation : Walter Verdin
Chorégraphie : Steve Paxton
Musique : Jean-Sébastien Bach
Interprétation : Steve Paxton
Production : Kaaitheater
Dans une salle immense et circulaire aux allures de cathédrale, bordée de fenêtres hautes retenant une clarté de grand soleil, Walter Verdin
a filmé les improvisations de Steve Paxton sur la célèbre interprétation par Glenn Gould des Variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach.
Comme à l'accoutumée, Walter Verdin utilise le langage filmique pour faire danser l'image : à mille lieux d'une simple captation, son film se
fond à l'improvisation dansée de Steve Paxton, chef de file de la contact-dance américaine. Jouant sur la mobilité de la caméra,
l'accélération ou le ralenti des images, multipliant les angles de vue, il accroît la complexité des mouvements qu'il nous fait percevoir, pour
ainsi dire, de l'intérieur. Enfin, il signale les développements de la danse et de la musique en transformant radicalement les modalités de
l'image : la dramatisation finale des Variations est filmée en noir et blanc, la caméra flottant au-dessus de la tête du danseur qui tourne sur
lui-même de plus en plus lentement. Une belle rencontre entre deux artistes.
Fabienne Arvers
Grand Ecart - A propos de la danse contemporaine française
2000, 94, ' couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Réalisation : Charles Picq
Production : Les films Pénélope, La Sept-Arte, Maison de la danse (Lyon)
Charles Picq a concocté un panorama chorégraphique des vingt dernières années, survolant le travail de Maguy Marin, Bouvier-Obadia,
Régine Chopinot, Jean-Claude Gallotta, Dominique Bagouet, Mathilde Monnier, Michel Kéléménis, etc. On comprend sa démarche, d'un
point de vue historique, mais le choix des artistes, la parole donnée ou non à ceux qui sont filmés et le vide concernant la nouvelle
génération d'artistes laisse perplexe. Heureusement, les paroles de Mathilde Monnier ou de Maguy Marin sont suffisamment généreuses et
passionnées pour nous donner envie de découvrir à quoi ressemble la danse de l'an 2000. Cependant, quand Charles Picq nous montre un
court extrait d'un spectacle de Käfig, il passe sous silence son point de vue sur la danse hip hop, préférant laisser Karine Saporta nous
donner son avis. Boris Charmatz, représentant unique de sa génération, a le bon goût de ne pas se poser en chantre de la relève ; bien au
contraire : "Nous n'avons pas besoin d'être rebelle pour proposer de vraies ruptures, de nouvelles propositions." Un contre-point
intéressant à l'avis de Régine Chopinot, à propos de la difficulté des jeunes à créer aujourd'hui : "Ce n'est pas facile d'être repéré comme
nous l'étions à notre époque où le terrain était vierge. C'est ça le désastre : tout a été fait." Et l'on sent que Charles Picq n'est pas loin de
partager cet avis.
Fabienne Arvers
Hallali Romée
1987, 16', couleur, adaptation, danse, VHS et DVD
Réalisation : Luc Riolon
Chorégraphie : Angelin Preljocaj
Musique : Michel Decoust
Interprétation : Catherine Bezeix, Dominique Brunet, Sara Denizot, Hélène Desplat, Katia Médici, Laurence Rondoni, Catherine
Savy
Production : Vidéogram, Cie Angelin Preljocaj
Sept filles en costume sombre décomposent des phrases sur le sentiment d'impuissance ou la grâce : quelques adages d'une chorégraphie
grave, lente et énigmatique sur la pucelle d'Orléans. La gestuelle anguleuse et un goût pour la géométrie expressionniste du mouvement
(inspirés par la gestuelle de Bagouet chez qui Preljocaj a débuté) sont exploités ici, de façon formelle.
Cette deuxième pièce importante du chorégraphe fut donnée dans le cloître des Célestins lors du festival d'Avignon 1986. On y retrouve la
fine fleur de l'interprétation féminine française du moment (Brunet, Denisot, Desplat, Médici, Rondoni, Savy...). Comme à son habitude, la
caméra de Luc Riolon tutoie les corps et choisit avec beaucoup de finesse ce qui fait mouvement dans cette danse presque mécanique et
très statique.
Patrick Bossatti
Hommage à Diaghilev
1990, 116', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Conception : Brigitte Hernandez, Charles Picq
Chorégraphie : Sergueï Pavlovitch Diaghilev
Réalisation : Colin Nears
Production : NVC, La Sept
Le pygmalion le plus célèbre du monde, qui découvrit les plus grands chorégraphes et danseurs et associa à ses projets Picasso, Stravinski,
Satie, Debussy, Poulenc, Chanel, pour ne citer qu'eux, présente quatre des plus illustres chorégraphies des ballets russes qu'il anima
pendant près de vingt ans : Petrouchka, Le spectre de la rose, Prélude à l'après-midi d'un faune et Noces.
Pour ce documentaire réalisé à l'occasion de la reprise par l'Opéra de Paris de pièces du répertoire des ballets russes, Brigitte Hernandez et
Charles Picq ont prêté leur voix à Diaghilev pour qu'il présente lui-même les chefs-d'oeuvre qu'il commanda à Fokine, Nijinski et Nijinska.
Entre les ballets, filmés dans leur intégralité, des documents d'époque et des dialogues font revivre le contexte de leur création.
Patrick Bossatti
Hoppla !
1988, 53', couleur, adaptation, danse, U-matic
Réalisation : Wolfgang Kolb
Chorégraphie : Anne Teresa de Keersmaeker
Musique : Bela Bartok
Interprétation : Jean-Luc Ducourt, Nadine Ganase, Roxane Huilmand, Walter Hus, Fumiyo Ikeda, Anne Teresa de Keersmaeker,
Mondriaankwartet, Stefan Poelmans, Johanne Saunier
Production : AO productions, Kaaitheater, La Sept, Arcanal, RTBF
Impossible cohabitation sur les Mikrokosmos de Bartok : lui, tel un Giacometti vivant, elle, virevoltante, fluide, un rien rebelle dans l'austère
bibliothèque de Gand. Dans une deuxième partie, quatre filles bondissent sur le Quatuor n°4. Tours, sauts caprins, pas chassés, des
mouvements simples qui épousent ou bousculent la rigueur du compositeur hongrois et de l'architecte Van de Velde.
La danse contemporaine belge a construit son univers autour de la lecture des grandes partitions classiques ou modernes. Ce rapport entre
immédiateté du geste et rythmique est récurrent dans toute l'oeuvre de Keersmaeker. Le film de Wolfgang Kolb, adaptation pour l'image
de la pièce Rosas Bartok (1987), témoigne de cette adéquation que la jeune chorégraphe belge a su porter à son régime maximum, sans
toutefois faire du mouvement un pléonasme de la mesure.
Patrick Bossatti
Im Bade Wannen - La Baignoire
1992, 14', couleur, adaptation, danse, VHS et DVD
Réalisation : Charles Picq
Chorégraphie : Susanne Linke
Musique : Eric Satie
Interprétation : Susanne Linke
Production : Agat films, La Sept, Ina
C'est la pièce la plus célèbre de la chorégraphe, qui la fit reconnaître et apprécier du public comme l'héritière de Mary Wigman et Dore
Hoyer. Susanne Linke danse autour d'une baignoire, s'y glisse, s'en éloigne pour y revenir. Extrême simplicité de l'écriture, expressivité de
l'intention gestuelle : le climat grave qui se dégage de l'interprétation en fait une oeuvre clef de notre époque.
Charles Picq a réalisé un documentaire (cf. Susanne Linke) et deux autres solos (cf. Flut et Wandlung) avec la chorégraphe. Le parti pris d'un
cadre très serré qui occulte certains mouvements peut être parfois contesté, mais il règne entre la caméra et la danseuse une indéniable
complicité. La tension et l'extrême concentration de Susanne Linke se lisent sur les plans rapprochés de son visage et de ses yeux abîmés
dans la danse, tout à la fois sereins et sans jeu dramatique.
Patrick Bossatti
Insurrection
1989, 43', couleur, adaptation, danse, U-matic
Réalisation : Georges Bessonnet
Chorégraphie : Odile Duboc
Production : GB productions
Extrait de la captation du spectacle Insurrection dont Violences civiles est la récréation.
Jaillissements, Isadora Duncan et Auguste Rodin
1990, 30', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Conception : Elisabeth Schwartz
Réalisation : Raoul Sangla
Chorégraphie : Elisabeth Schwartz, Isadora Duncan
Musique : Patrick Marcland
Interprétation : Dominique Petit, Elisabeth Schwartz
Production : Arcanal, La Sept, Ina, Lieurac Productions
Elisabeth Schwartz évoque Isadora Duncan, la danseuse aux pieds nus, dans un jeu de correspondances entre la danse et l'oeuvre de
Rodin. En de longs plans-séquences, la caméra capte les solos successifs de la danseuse qui rencontre parfois des moniteurs vidéo intégrés
au décor. Ils diffusent des images de la Porte de l'enfer et d'autres oeuvres du sculpteur.
Le cadre est large, à distance du corps, et permet d'apprécier la gigantesque toile de fond peinte qui dramatise la chorégraphie et souligne
son lyrisme de façon abstraite. Elisabeth Schwartz a reconstitué de nombreux solos d'Isadora Duncan. Elle mêle à cet hommage des
compositions plus personnelles et un duo final avec le danseur et chorégraphe Dominique Petit.
Patrick Bossatti
J'aurais voulu vous voir danser Madame Akarova
1991, 56', couleur, documentaire, danse, VHS
Conception : Thierry Génicot
Réalisation : Michel Jakar
Musique : Thierry Génicot
Production : Musique Danse, RTBF
Sept artistes d'aujourd'hui, danseuses, danseurs, chorégraphes, rendent hommage par la parole et par la danse à Akarova, artiste d'avantgarde de l'entre-deux-guerres. Même contrat pour chacun : un entretien avec l'artiste et quelques mètres carrés de la salle Akarova, le petit
théâtre construit par le célèbre designer belge Raymond Baugniet, fermé en 1957 pour trouble de voisinage.
Comment dansait Akarova ? C'est la question récurrente d'un film où réalisateur et chorégraphes n'ont de cesse de vouloir percer le secret
d'une artiste qui ne désire pas transmettre d'indications sur les aspects formels de sa danse. La réalisation mixe entretiens et parties dansées
dans une nuée d'effets vidéographiques. Il s'en dégage des relations étranges entre la détentrice d'un passé avant-gardiste qui a échappé à
l'enregistrement filmé et les auteurs d'une modernité qui se cherche des racines. Le film renseigne peu sur l'histoire de la danseuse, ni sur
ses interlocuteurs contemporains. Reste l'image pathétique d'une vieille dame qui esquisse quelques gestes de la danse qu'elle composa sur
Pacific 231 d'Honegger.
Patrick Bossatti
Jérome Andrews, forwards and backwards
1992, 55', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : N+N Corsino
Production : Danse 34, Films du Tambour de soie, Musée d'art moderne et d'art contemporain de Nice, Imerec
Tourné quelques mois avant sa mort, ce portrait du danseur, chorégraphe et pédagogue américain Jérome Andrews est réalisé par les
duettistes N+N Corsino, plus connus pour leurs activités de danseurs-vidéastes. Un portrait d'une belle sobriété, que n'illustrent ni photos
ni extraits de spectacles.
Quelques phrases s'intercalent parfois entre les images dont celle-ci en ouverture : "C'est l'esprit qui fait la forme. Le lieu de la danse est
dans le mouvement qu'il soit juste ou faux." La vocation de danseur de Jérome Andrews lui apparut en rêve, à l'âge de 12 ans : "l'extase de
l'animal", ainsi définit-il cette expérience. Trois ans plus tard, il obtient une bourse pour entrer à la Cornish School Dance de Seattle. A 17
ans, il danse avec Ruth Saint-Denis, puis avec Martha Graham et Doris Humphrey. Plus tard, il rencontre la danse expressionniste
allemande et travaille avec Kurt Joos, puis Mary Wigman qu'il admire profondément. Enfin, il s'installe en France dans les années 50 et
danse alors avec Olga Stein, Karin Waehner, Jacqueline Robinson, les Dupuy. Une vie pleine de mouvements...
Fabienne Arvers
La Jeune Fille et la Mort
1980, 42', couleur, adaptation, danse, VHS
Réalisation : Mirto Storni
Chorégraphie : Maguy Marin
Interprétation : Daniel Ambach, Corinne Barbara, Christiane Glik, Marguerite Marin, Marie Isabelle Rius, Sylvia Sadaoui
Production : RTSI
Dans une cuisine emplie de réfrigérateurs, casseroles et légumes variés, des personnages débraillés sont enfermés. Ils ont l'air tendus,
épuisés et le débit de leurs paroles les rend incompréhensibles. La modernité de ce drame de Schubert permet à Maguy Marin d'aborder le
thème ô combien contemporain des solitudes douloureuses et des communautés désolidarisées.
Plusieurs fois, la jeune fille (Christiane Glik) tentera de leur échapper. Le groupe fera mine de l'accompagner, mais la pression est trop
forte : le départ ne se fera pas. De la pénombre à la lumière aveuglante, de la surcharge de vêtements à la nudité complète et de la révolte à
l'attendrissement, le parcours de la jeune fille prend toutes les couleurs du désespoir à l'approche de la mort. Créé en 1979, ce ballet
annonce May B à propos duquel Maguy Marin disait, deux ans plus tard, chercher le point de rencontre entre la gestuelle rétrécie du théâtre
et le langage chorégraphique.
Fabienne Arvers
John Cage - Je n’ai rien à dire et je le dis
1990, 54’, couleur, documentaire, musique, VHS
Réalisation : Allan Miller
Production : Music project for television Inc, American masters, WNET-New York, Lola films
John Cage est l'un des hommes qui ont le plus contribué à remodeler la pensée esthétique de ce siècle. Plusieurs artistes, écrivains et
critiques en témoignent dans ce film consacré à la vie et l'oeuvre du compositeur. Des entretiens et des extraits de concerts complètent ce
portrait d'un musicien, philosophe, peintre, écrivain, qui n'a jamais cessé d'être au coeur de l'avant-garde.
John Cage est l'un de ceux qui cultivent le mieux ce mélange d'ironie, de provocation et de réflexion philosophique et artistique qui
caractérise une partie de la pensée de ce siècle. Les divers entretiens récents et anciens qu'Allan Miller nous montre ici permettent donc à la
fois de retracer et de comprendre le parcours du compositeur, et de rencontrer un personnage hors du commun qui met la séduction et
l'humour au service de sa pensée : "Je n'ai rien à dire et je le dis !" Fidèle collaborateur de Merce Cunningham, influencé par Marcel
Duchamp, Cage fut un des premiers à considérer que tout son, quel qu'il soit, a sa place dans la musique. Il chercha à se "libérer de ses
idées sur l'ordre et de ses goûts" et fut un des pionniers de l'introduction du hasard dans l'art.
Guillaume Courtier
Jump - Hystérique bourrée
1984, 15', couleur, adaptation, danse, VHS et DVD
Réalisation : Charles Atlas
Chorégraphie : Philippe Decouflé
Musique : Joseph Biscuit, The Résidents
Interprétation : Marcia Arrantes Barcellos, Karl Biscuit, Dominique Boivin, Philippe Chevalier, Thierry Fournier, Christine Graz,
Françoise Grolet, Pascale Henrot, Daniel Larrieu, Eric Larrondo, Joseph Lennon, Michèle Prélonge, Nathalie Richard, Monet
Robier, Véronique Ros de la Grange
Production : Ministère de la culture, Octet, Network
Petites séquences nerveuses de danse-gag sur le mode d'un programme de cabaret, où danseurs et spectateurs sont métamorphosés en
créatures colorées par des costumes délirants et des maquillages outrés. Festival d'images éclectiques pour une danse de haut voltage.
Il fallait toute la souplesse du réalisateur Charles Atlas pour capter le formidable tohu-bohu mis en place par Philippe Decouflé. Dans la
dernière partie, un plan-séquence de plusieurs minutes montre avec quelle facilité déconcertante ce chorégraphe, qui n'a pas vingt-cinq ans
alors, développe une vision spatiale de l'écriture chorégraphique parfaitement adaptée à l'image. Toute une génération d'interprètes et de
chorégraphes des années 80 (on reconnaît pêle-mêle Daniel Larrieu, Michèle Prélonge, Véronique Ros de la Grange, etc.) semble s'être
donnée rendez-vous pour ce boeuf électrique à la Bellevilloise, cette ancienne salle des fêtes qui fut un des hauts lieux de répétitions de la
danse contemporaine parisienne.
Patrick Bossatti
Karin Waehner, l'empreinte du sensible
2002, 73', couleur, documentaire, danse, DVD
Réalisation : Sylvia Ghibado, Marc Lawton.
Production : Aladin, Antéa, Muzzik.
Consacré à l’une des pionnières de la danse moderne en France, ce film sur Karin Waehner, danseuse, chorégraphe et remarquable
pédagogue, est étoffé de multiples témoignages émouvants. Chorégraphes, critiques et danseurs de plusieurs générations, dont Angelin
Preljocaj, évoquent son enseignement, tandis que de rares documents d’archives montrent son parcours artistique et le situent dans
l'Histoire.
Une bonne part du travail de la danse contemporaine se déroule dans le secret de la transmission, fruit de la grande qualité pédagogique de
danseurs et chorégraphes qui œuvrent souvent dans l’ombre. Cette "empreinte du sensible" découvre tout un pan de l’histoire de la danse.
Née en 1926, Karin Waehner a étudié et dansé chez Mary Wigman, puis séjourné à Buenos Aires, avant de s’installer en France en 1953 où
elle a créé et enseigné jusqu’à la fin de ses jours en 1999. Défrichage à mains nues, travail sur le ressenti, mise en état, nécessité intérieure,
le travail de la chorégraphe allemande porte sur la sensation. Celle d’un corps lentement modelé mais aussi partagé par l’histoire. Un corps
critique qui assume et reconduit le geste dont il est le médiateur. Cette délicate et rigoureuse démarche d’appréhension de la mémoire est
aussi largement évoquée et commentée par elle-même.
Irène Filiberti
Kathakali
1991, 28', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Renuka George
Production : Io production, La Sept, Pixel vidéo
L'école de Kathakali PSV Natya Sangham, Kottacal, dans le sud de l'Inde. Les élèves y entrent dès l'âge de 12 ans et l'apprentissage dure au
moins huit ans. Novices et confirmés répètent inlassablement, sous l'oeil vigilant et le bâton menaçant du maître, les exercices complexes
qui feront d'eux les dieux vivants de la légende de Rama qu'ils danseront bientôt dans de lourds costumes.
Un documentaire sans commentaire, qui pénètre discrètement et avec pudeur dans l'univers dur et martial de l'une des plus grandes écoles
de cet art national indien. La caméra filme sans complaisance, mais avec le souci du réalisme, les leçons et les coups reçus par les novices.
Elle n'évite pas non plus ce qu'il peut y avoir parfois d'ambigu dans la promiscuité de ces centaines de corps d'hommes jeunes soumis aux
massages huilés et à une discipline de fer. Quelques témoignages sobres achèvent de donner au programme une authenticité et une
sincérité rares.
Patrick Bossatti
Kissy Suzuki
Suzuki Suck
1992, 18', couleur, fiction, danse, VHS
Réalisation : Alison Murray
Chorégraphie : Alison Murray
Interprétation : Alison Murray, Jennifer Potter
Production : Alison Murray
Images troublantes de deux blondes plutôt 'trash', dans une voiture garée la nuit au bord d'un trottoir. Sur un ralenti syncopé de l'image et
le rythme de la musique, la chorégraphie s'articule autour du jeu entre l'espace privé de l'auto et celui, ouvert, de la nuit.
Chorégraphe et réalisatrice fortement ancrée dans une certaine réalité sociale où l'art cède généralement le pas à la culture populaire, Alison
Murray ne s'embarrasse pas de convenances. L'esthétique clip du début laisse bientôt la place à la revendication d'une sexualité provocante
portée par des apostrophes salaces, débitées d'une voix grondante sur Pomp & Circumstance, l'une des musiques du film Orange mécanique
connue pour le message d'agressivité qu'elle véhicule. La bestialité latente des deux filles se propage peu à peu aux images et, surtout, au
son : le hurlement est traité au ralenti, la voix se transforme en grognements, en feulements, en rugissements. Le résultat est
impressionnant. Fabienne Arvers
The kitchen presents II
Sotto voce
1988, 7', couleur, adaptation, danse, U-matic
Réalisation : Jean-Louis Le Tacon
Production : Ex nihilo, Arcanal, Alive from off Center, The Kitchen, KTCA
La caméra se rapproche d'un groupe de statues vivantes et s'engouffre dans la bouche de l'une d'entre elles. Suit un solo désarticulé de
Stephen Petronio, transfuge de la compagnie Trisha Brown. Jeu sur l'image dédoublée et nue du soliste, sur fond de photographies
médicales de l'intérieur du corps.
Ce solo a été repris en ouverture du spectacle An amnesia, créé en 1988 au festival de Montpellier. Le film est réalisé dans le cadre d'une
série regroupant artistes français et américains de la Kitchen à New York, destinée à rendre compte de travaux innovants en vidéo,
musique contemporaine, danse et performance.
Patrick Bossatti
Kitsou Dubois, une danseuse en apesanteur
1994, 24', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Kitsou Dubois, Jérome de Missolz
Production : Blue film, Ki production, Vidéogram Paris
Que peuvent bien avoir en commun un astronaute et un danseur ? L'art et la manière de défier les lois de la gravité. Les premiers par
necessité, les seconds par goût... Lorsque le hasard fit se rencontrer la chorégraphe Kitsou Dubois et un astronaute, ce dernier évoqua les
conflits sensoriels provoqués en apesanteur, entraînant des problèmes d'orientation, de déplacement et de gestuelle.
L'idée a germé naturellement : l'entraînement des astronautes à partir des techniques de danse pourrait-il être efficace ? Intéressé, le CNES
invite Kitsou Dubois à bord de cet avion singulier qui permet des séquences d'apesanteur de 25 secondes en opérant des séries de
paraboles. Deux autres vols se dérouleront en présence de plusieurs danseurs : les exercices s'inspirent alors d'autres pratiques sportives
(natation, escalade à main nue) et d'expériences menées avec le CNRS au laboratoire de neurophysiologie sensorielle. De cette rencontre
entre l'art et la science, Kitsou Dubois a trouvé la matière d'une danse qui ne cesse d'explorer de nouveaux espaces.
Fabienne Arvers
Kizingu, l'Afrique en vie
1995, 28', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Gilles Nivet
Production : La Huit, Gaïa vidéo, CTV
A l'image du parcours artistique de Michel Rafa, fondateur du ballet-théâtre Lemba (BTL), le film de Gilles Nivet repose sur deux données
: l'Afrique intérieure et traditionnelle, et l'Afrique colonisée, privée de ses repères. Pour retrouver sa culture, Michel Rafa a dû quitter le
Congo pour la France. On le suit ici lors d'un voyage chez lui.
Michel Rafa expose les enjeux de son travail : "On nous a fait croire que notre culture n'avait pas de valeur. La mission du BTL est de
retrouver le sens du patrimoine culturel africain. Car il faut être à l'aise dans sa propre culture si on veut être à l'aise dans celle des autres."
Michel Rafa rend visite aux griots de son pays, au fétichiste qui tisse les pagnes de ses danseurs et à l'artisan qui fabrique ses tam-tam et qui
travaille dans la forêt dans le plus grand secret. La mise en perspective d'une culture populaire souvent occultée quand elle ne fut pas
interdite par les missionnaires, avec les troubles politiques du Congo sert de fil conducteur au réalisateur. L'ambition du BTL apparaît
clairement comme la réconciliation de la tradition et de la modernité.
Fabienne Arvers
K.O.K
1989, 44', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Conception : Régine Chopinot
Réalisation : Régine Chopinot
Chorégraphie : Régine Chopinot
Interprétation : Lee Black, Régine Chopinot, Poonie Dodson, Jean-Hugues Laleu, Joseph Lennon
Production : ARP, Cie Chopinot (CC Poitou-Charentes)
Conçu comme un tournoi de boxe, avec round, arbitre, ring, K.O.K est une tentative d'approche chorégraphique de ce sport considéré
parfois comme une violence gratuite. De véritables échanges de coups de poing alternent avec des sections dansées inspirées des jeux de
jambes et de bras des athlètes. Beaucoup de sueur et d'efforts pour les quatre champions qui finiront tous au tapis.
Créé le 4 novembre 1988 à la maison de la culture de la Rochelle, ce spectacle au décor imposant, un ring tournant conçu par Marc Caro,
fut repris à la grande halle de la Villette en 1989. Il bénéficia d'un lancement médiatique parfaitement orchestré et permit ainsi à un public
jeune et enthousiaste de découvrir celle qui, depuis Le défilé (avec Jean-Paul Gaultier), est devenue une des figures de proue de la danse
contemporaine française.
Patrick Bossatti
La lampe
1990, 8', couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Joëlle Bouvier, Régis Obadia
Musique : Armand Frydman
Production : Arcanal, MC Le Havre, Ina, CR Haute-Normandie, Films Angle d'ailes
Une femme haletante, un peu groggy, dans un hammam désaffecté. A chaque mouvement sa tête part en arrière et de sa bouche s'échappe
un cri. Un homme arrive, une vitre les sépare. Sur les stridulations d'un orchestre à cordes, ils se poursuivent sans pouvoir se toucher. Puis,
brusque raptus chorégraphique, changement de décor, étreintes dans des lés de plastique noir ; enfin, ils dansent ensemble.
L'image des femmes dans les chorégraphies et les films des Bouvier-Obadia se construit souvent à partir d'une énergie contradictoire qui
les fait hésiter entre la totale soumission et le rejet brutal de leur partenaire. Seules, quelque chose leur manque, mais quand l'autre est là, il
devient très vite insupportable. La lampe est la mise en scène magistrale de ce sentiment paradoxal qui constitue l'articulation essentielle de
l'écriture des deux chorégraphes. Le film a obtenu quatre prix en 1991 dont celui du jury au festival international du jeune cinéma de
Montréal et le grand prix de la qualité de l'image au FIFA.
Patrick Bossatti
La légende de Roméo et Juliette
1992, 72', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Jean-Claude Gallotta
Chorégraphie : Jean-Claude Gallotta
Musique : Serge Houppin, Henri Torgue
Interprétation : Eric Alfieri, Mathilde Altaraz, Jean-Pierre Costanziello, Christophe Delachaux, Pascal Gravat, Kiki, Philippe
Normand, Annie Perret, Geneviève Reynaud, Deborah Salmirs, Robert Seyfried
Production : Agat films, La Sept, Groupe Emile Dubois, CCN Grenoble
En réalisant la captation de son spectacle, Gallotta a centré son attention sur les personnages : plans rapprochés sur les rôles titres,
montage orienté dans le sens de la narration. Le film élude, dans un souci de concision visuelle, la scénographie de Cassagne qui joue un
rôle important dans la pièce. Il s'oblige à rester proche des caractères brossés par le livret de Claude-Henri Buffard.
Sous le label DTM (danse, théâtre, musique), cette revisite iconoclaste des grands mythes a ouvert une nouvelle ère pour la compagnie de
Gallotta. Celle-ci s'est dotée d'un corps de ballet qui assure désormais les ensembles dansés et les mouvements de foule. Mais elle s'est
également orientée vers une forme de spectacle total où Jean-Claude Gallotta propose une vision globale du plateau, mêlant textes, sons et
mouvements dans une forme d'opéra populaire contemporain.
Patrick Bossatti
Lilies
1990, 6', noir et blanc, adaptation, danse, VHS
Réalisation : Nancy Hyland, John O'Malley
Chorégraphie : John O'Malley
Interprétation : Michaël McGrath, John O'Malley, Wesley Robinson
Production : Néo Labos
Le corps d'un danseur blanc, diaphane, aux articulations fines. Celui d'un danseur noir, musculeux et sensuel. Une danse faite d'étreintes,
de prises et de portés, d'enlacements et de baisers sur le fond sonore d'un grésillement radio brouillant un air de Verdi. L'image est
volontairement 'sale', bougée ; le cadre est sans cesse en mouvement.
Esthétique warholienne pour ce petit film qui fleure bon l'impertinence, par sa forme désinvolte, sa facture inachevée et son sujet : un duo
d'hommes provoquant et poseur.
Patrick Bossatti
La Loïe Fuller
1999, 9', couleur, fiction, danse, VHS et DVD
Réalisation : Arnaud Esterez
Musique : Philippe Latron
Interprétation : Claire Duport
Production : A capella productions, France 2, TV 10 Angers
Interprétée par Claire Duport, la Loïe Fuller d'Arnaud Esterez dispose de quelques minutes pour irradier de sa présence l'espace du rêve,
l'image d'une enfant qui dévale un escalier, traverse une usine, puis atterrit sur un plateau de théâtre dont le décor se prolonge en coulisses.
C'est une rêverie, brutalement happée par la réalité, un songe fatalement interrompu.
La fascination provoquée par l'ondulation des voiles qui firent d'elle "la" Loïe Fuller habite chaque composante de ce court métrage aux
faux airs de fable, tant la caméra reste captivée par le ressort invisible qui actionne chaque mouvement de corps, de tissu et de lumière.
Illusion et transformation permanente du paraître colorisent de rose, blanc, jaune, bleu ou mauve, les envolées de Claire Duport. La fiction
est rattrapée au vol par des saisies d'images - un oiseau, un papillon - qui préfigurent la hantise de la chute finale, lorsque la danseuse
s'écroule au sol. Icare, institué en double de Loïe Fuller, donne à cette évocation un tour tragique. Un contrepoint volontaire à l'image
évaporée des voiles tournoyants associée à la danseuse ?
Fabienne Arvers
Loïs Greenfield, portrait d'une photographe
1996, 26', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Sylvie Fleurot
Photographie : Loïs Greenfield
Production : Lumen productions, Abax communication, Esplanade St Etienne vidéo
Ses photographies de danse sont internationalement connues et immédiatement reconnaissables par leur format carré. Loïs Greenfield
circonscrit l'espace de la danse pour mieux saisir l'envol et l'apesanteur que chaque danseur apprivoise quotidiennement. Mieux qu'un
portrait, le film de Sylvie Fleurot propose une démonstration de la photographe au travail.
Le projet de Loïs Greenfield : "libérer le danseur de la gravité et opposer à cette dernière la matière de l'air." Ses photographies éliminent la
notion de haut et de bas pour saisir le mouvement dansé dans ce qu'il a de plus éphémère : sa traversée de l'espace. Une recherche qui
s'accommode mal de la situation de représentation et nécessite un travail en studio qui s'apparente fort à une mise en scène, même si les
mouvements interprétés sont extraits d'un spectacle. Quatre danseurs et/ou chorégraphes se prêtent ici au jeu : Mark Tompkins, Stéphanie
Aubin, Emmanuelle Huynh et Didier Silhol. La caméra filme leur travail et juxtapose les clichés de la photographe, soulignant avec justesse
l'éphémère du mouvement et sa captation dans le cadre photographique.
Fabienne Arvers
LourdesLourdes-Las Vegas
1999, 64', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Réalisation : Giovanni Cioni
Chorégraphie : Alain Platel
Production : Heure d'été productions, Qwazi Qwazi film, Victoria theaterproductiehuis, RTBF, CANVAS (VRT), France 3
Considérer un spectacle comme une scène ouverte au monde qui l'a suscité : tel est l'enjeu du film de Giovanni Cioni. Centré sur Bernadetje,
la création du chorégraphe belge Alain Platel, il opère un juste retournement des choses. Le choix du décor, une piste d'autotamponneuses, et de ses interprètes - enfants, amateurs et professionnels - affirment d'emblée une prise sur le réel. Fragmentée, déchirée,
violente ou apaisée, la narration obéit moins aux règles habituelles du spectacle vivant qu'à l'impact du vécu sur les corps et les âmes. En
alternant des extraits de Bernadetje avec des entretiens de danseurs chargés de se décrire l'un l'autre, Giovanni Cioni rend sensible la
singularité du travail d'Alain Platel. La force de ses spectacles tient en effet à l'ouverture que pratique le chorégraphe à l'égard d'individus
généralement absents des scènes culturelles, aux côtés de danseurs professionnels. La représentation des tensions qui distordent le
quotidien n'a que faire ici du spectaculaire : aucune récupération, aucune instrumentalisation ne vient entacher ces expressions intimes qui
trouvent enfin, au sein d'un groupe, à se relier à d'autres. Des moments de grâce, un album-souvenir passionnant !
Patrick Bossatti
Lueur d'étoile
1991, 58', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Dominique Delouche
Interprétation : Monique Loudières
Production : Films du Prieuré, La Sept
Monique Loudières, ombre blanche et fantomatique, court, bras tendus, dans les couloirs labyrinthiques du palais Garnier. En mettant en
scène les fantasmes de pureté et de légèreté liés à la pratique de la danse à l'opéra, le film inscrit dans la tradition de la maison centenaire
celle qui fut nommée étoile en 1982.
Différentes séquences montrent Monique Loudières au travail. En voix off, Violette Verdy, ancienne danseuse de l'Opéra, la conseille et la
félicite de son trajet. On assiste à des répétitions de Mirages avec Yvette Chauviré et Cyril Atanassof, de In the night de Jérome Robbins qui
demande à l'interprète de danser non pas 'sur' mais 'dans' la musique. On croise ses amis et partenaires, Patrick Dupond, Manuel Legris, et
enfin on la retrouve prête à s'envoler sur les toits de l'Opéra dans le nuage blanc de son costume sculpté par le vent de Paris.
Patrick Bossatti
Les lumières de musicmusic-hall
Jospéhine Baker
1996, 26', couleur, documentaire, musique, VHS
Conception : Jacques Pessis
Réalisation : Jacques Pessis
Production : P6 productions, La Cinquième
Joséphine Baker occupe une place à part dans l'histoire du music-hall. Cette célèbre meneuse de revue qui a parcouru les scènes
internationales sa vie durant, était aussi une femme de conviction. Agent d'espionnage pour les forces de la France libre en 1939, elle fut
aussi un farouche défenseur de la cause antiraciste.
Joséphine Baker est née en 1906 dans le quartier noir de Saint-Louis aux Etats-Unis. Ses prédispositions pour la danse se révèlent très tôt.
A Broadway, on remarque sa façon si personnelle de bouger et on l'engage pour être la vedette d'une "revue nègre" à Paris. Au théâtre des
Champs-Elysées, c'est le triomphe immédiat : elle apparaît nue, couverte de plumes, et déclenche un véritable scandale. Elle restera la
meneuse de revue vedette des grands cabarets européens jusqu'en 1939. Après la guerre, tout en continuant à chanter aux quatre coins du
monde, elle crée un centre d'accueil pour orphelins de toutes origines et adopte douze enfants. Joséphine Baker est morte ruinée à 69 ans,
riche d'une existence d'artiste mise au service de son idée de la justice sociale.
Mario Fanfani
Maïa
1999, 85', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Réalisation : Dominique Delouche
Production : Les Films du Prieuré, Muzzik
Est-ce le livre remarquable, paru récemment, sur la vie de cette danseuse d’exception qui a donné envie à Dominique Delouche de
consacrer un film à Maïa Plissetskaïa ? Construit sur de fréquents allers-retours entre Paris et Moscou, ce document retrace l’extraordinaire
carrière d’une danseuse au fort tempérament qui fut longtemps assignée à résidence par le KGB, et ses rencontres avec Maurice Béjart et
Roland Petit.
Dominique Delouche tisse interviews d'aujourd'hui et images d'archives pour comprendre ce qui a forgé le caractère d’acier de Maïa
Plissetskaïa. Des drames de son enfance - l’arrestation de son père déclaré ennemi du peuple et fusillé en 1937, puis celle de sa mère -,
jusqu'à son interprétation, unique et maintes fois copiée de par le monde, du Lac des cygnes où l’émotion se fond à sa gestuelle, ce portrait
met en évidence toutes les nuances d’une personnalité fort attachante, y compris dans ses excès ou ses coquetteries ! En vrac, elle évoque
son amour pour le Bolchoï où elle a dansé pendant 56 ans, la poésie russe... et son mari Chédrine, compositeur au Bolchoï. On la voit,
enfin, transmettre son rôle du Lac des cygnes en talons aiguilles, répétant chaque pas sans l’ombre d’une hésitation. Un phénomène !
Fabienne Arvers
Maître Cube
1985, 5', noir et blanc, fiction, danse, VHS
Réalisation : Marc Caro
Interprétation : Christophe Salengro
Production : Network, Octet
Maître Cube, à la recherche d'un appartement, visite un immeuble dont tous les locataires sont des variations de lui-même. La grande
carcasse repliée et les oreilles plaquées de Christophe Salengro s'adapte vaille que vaille aux dimensions rétrécies d'un cube qui flotte dans
l'espace, dévale des escaliers, se démultiplie...
Fabienne Arvers
Mama Africa
1994, 55', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Charles Picq
Production : France 3 Lyon, Maison de la danse (Lyon), Agat films & cie
Depuis dix ans, chaque biennale internationale de danse de Lyon offre l'occasion de plonger dans le foisonnement musical et
chorégraphique d'un continent. Pour "apporter son grain de sable à la lutte contre le racisme", Guy Darmet a réuni lors de l'édition 1994
Mama Africa, des artistes travaillant pour la plupart hors d'Afrique : Bill T. Jones, Elsa Wolliaston, Irène Tassembedo, Fred Bendongue.
Moins d'un siècle et demi après l'abolition de l'esclavage, qu'en est-il de la diaspora africaine disséminée des Caraïbes à l'Amérique ? Dans
ce documentaire, toutes les questions posées par la négritude sont abordées, mais aussi celles qui tentent de départager les danses à
vocation sacrée et les recherches formelles nées de la confrontation à la modernité. Si les interventions fréquentes des chorégraphes
africains et américains marquent clairement le souci de ne pas mettre de côté la question de l'esclavage, les Africains francophones, Elsa
Wolliaston notamment, apparaissent moins souvent dans le film. La colonisation reste peut-être encore un sujet vaguement tabou.
Fabienne Arvers
Mammame
1986, 65', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Raoul Ruiz
Chorégraphie : Jean-Claude Gallotta
Musique : Serge Houppin, Henry Torgue
Interprétation : Eric Alfieri, Mathilde Altaraz, Muriel Boulay, Christophe Delachaux, Jean-Claude Gallotta, Pascal Gravat, Priscilla
Newell, Viviane Serry, Robert Seyfried
Production : MC Le Havre, Groupe Emile Dubois, MC Grenoble, Arcanal, Cinémathèque de la danse, Théâtre de la Ville (Paris)
Une troupe volubile, le corps bruni comme sous l'effet d'une grande chaleur, danse en s'invectivant dans un dédale de parois mobiles
bleutées et festoie dans le vent au bord d'une falaise. Puis, la nuit approchant, la tribu s'effiloche, des couples s'étreignent, les pieds léchés
par le ressac d'une mer couleur d'acier. Une grande épopée conçue par Gallotta et librement adaptée par Ruiz.
Plus le cinéaste prend de liberté avec la danse, plus il semble s'en rapprocher. Installant au coin de son cadre, ici un téléphone, là un
réfrigérateur, ailleurs encore quelques champignons, il met en situation la danse de Jean-Claude Gallotta sans la rendre narrative. Les
'mammames' du groupe Emile Dubois s'adonnent à leurs rites gestuels et vocaux favoris. Ils se palpent, se mordent et se caressent.
Dernière pièce sur le thème du groupe et de la tribu inventée par le directeur du centre chorégraphique national de Grenoble avant qu'il
n'entraîne son équipe dans la relecture des mythes chorégraphiques, Pandore et Apollon Musagète, ou littéraires avec Roméo et Juliette
puis Don Juan.
Patrick Bossatti
Mansouria
1991, 33', couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Luc Riolon
Chorégraphie : Josette Baïz
Musique : Jean-Claude Camors, Ibrahim Petliensese, Ghédalia Tazartès
Interprétation : Les Enfants de la Bricarde, Yves Tournoux
Production : Vidéogram Paris, Arcanal, Alhambra ciné palace, Cie la Place blanche
Dans un quartier de Marseille, un enfant court de place en place, de cour d'école en salle de classe, en passant par un terrain vague occupé
par des gitans. Dans chacun de ces lieux, il rencontre des groupes d'enfants qui chantent et dansent sur des tubes du top 50 ou des
musiques rappelant leurs origines. Chaque rencontre est le prétexte au commencement d'une histoire ou d'un rêve.
Document réalisé lors d'une résidence chorégraphique dans le quartier de la Bricarde à Marseille, à l'instigation du Ministère de la culture,
dans le cadre du développement social urbain (DSU). Par la danse et la musique, Luc Riolon et Josette Baïz, qui travaillent depuis
longtemps avec des enfants, ont dressé la cartographie sensible du mélange ethnique composant la cité. Les rêves et les espoirs des enfants
ont été scénarisés et mis en scène avec leur participation. Solitude, incommunicabilité entre filles et garçons, envie de rencontre et de fête,
fantasme du mariage et de la reconnaissance sociale sont autant de thèmes abordés avec humour ou gravité dans une succession de
séquences jouées, dansées et filmées avec pudeur ou avec un exhibitionnisme assumé.
Patrick Bossatti
Mariage d'amour ou de raison
1987, 14', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Bernard Bats, Jean-Yves Croizé
Chorégraphie : Kilina Crémona
Musique : Lubomyr Melnyk
Interprétation : Gérardo Chavez, Catherine Lanoir, Roger Méguin, Nadine Pinet, Sylvain Prunenec, Anne Quéquiner, Virginie
Souguet, Claudine Vuitton, Michaela Werback, Patricia Zaretti, Jean-Claude Zizin
Production : Arcanal, Kilina Crémona, Dune vidéo
Réalisé d'après le spectacle Copernic Opéra F6 de Kilina Crémona. Des corps évoluent méticuleusement dans une scénographie tirée au
cordeau d'Yves Cassagne et se laissent piéger dans un maelström d'effets spéciaux. L'écran se transforme en photographie sensible des
trajectoires et des évolutions de chaque interprète.
Des images travaillées qui laissent entrevoir, sous l'épure de l'écriture chorégraphique, l'extrême tension d'une plastique aride et sans
concession. Les camaïeux de bleu, les luisances argentées, les superpositions, les diffractions visuelles, les effets de rémanences
cathodiques, livrent une approche abstraite mais sensuelle de l'univers rigoureux de cette disciple intègre de Merce Cunningham. Certaines
images évoquent parfois insensiblement les cartes stellaires tracées par l'astrophysicien polonais Nicolas Copernic.
Patrick Bossatti
May B
1983,90', couleur, adaptation, danse, DVD
Réalisation : Paul-Robin Benhaïoun
Chorégraphie : Maguy Marin
Interprétation : Héléna Berthelius, Luna Bloomfield, Raymond Brisson, Yann Gerbron de Graval, Christiane Glik, Mychel Lecoq,
Jean-Marie Rase, Anna Rodriguez, Adolfo Vargas, Karin Vyncke
Production : Maison des arts André Malraux - Créteil, cie ballet théâtre de l'Arche, Occav
Maguy Marin a imaginé ce qui se passerait si les personnages de Samuel Beckett se mettaient à bouger et à danser : mouvements brusques
et bestiaux où le bas-ventre est le moteur essentiel du mouvement, élans grégaires chez des êtres que tout semble avoir abandonnés sinon
l'atavisme impérieux de se fondre en tribu.
Une réalisation classique et soignée pour cette pièce qui fit le tour du monde, dans laquelle la chorégraphe tentait, sans recours au texte, de
réconcilier univers théâtral et chorégraphique. "May B" a eu un impact considérable tant au niveau du public que des professionnels du
spectacle. Cette oeuvre permit à la danse contemporaine française d'élargir considérablement son audience et de rendre plus confiants
certains programmateurs vis-à-vis des recherches chorégraphiques d'alors.
Patrick Bossatti
Mille et une danses orientales
1999, 57', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Réalisation : Moktar Ladjimi
Production : Lark productions, La Sept-Arte
Il n'est pas sûr qu'il faille se réjouir de l'actuel engouement de l'Occident pour la danse orientale, estime Moktar Ladjimi, réalisateur de ce
film. Si cette danse (dont l'âge d'or, particulièrement en Egypte, appartient au passé) ne se signale plus guère désormais que sous la forme
de shows dénudés à destination de la clientèle internationale des hôtels de luxe, son origine remonte à la nuit des temps...
Entouré d'érudits, de critiques et de danseuses créatives et lucides (Leïla Haddad, Fifi Abdou, Nagwa Foved), Moktar Ladjimi retrace cette
histoire et l'illustre de nombreux extraits de films. Sacrée dans l'ancienne Egypte, cette danse dont Salomé est la figure centrale, inspira
fortement Hollywood durant les années 1920 et 1930 : de Ruth Saint-Denis, Marlène Dietrich, Rita Hayworth, à Loïe Fuller dont l'usage
intensif des voiles deviendra la marque de fabrique hollywoodienne de la danse orientale. Dans les années 1950, retour à l'Egypte avec le
succès des comédies musicales et l'art somptueux de Samia Ghamal aux bras interminables. Un demi-siècle plus tard, il semble bien que
l'avenir de la danse orientale passe par le retour à ses sources. Fabienne Arvers
Miroirs et contemplation
1994, 17', couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Marie-Hélène Rebois
Chorégraphie : Catherine Golovine
Interprétation : Catherine Golovine
Production : Association Claire aujourd'hui, Arkadin, M.H. Rebois
Seule dans le verger d'un monastère ou dans une chapelle aux fresques fantastiques, Catherine Golovine, transcendée par la foi, imagine
une gestuelle toute entière dédiée à Dieu. L'exercice de la contemplation, geste-prière tout à la fois simple et subtil, circule ainsi d'un lieu à
l'autre avec la fluidité du mouvement où l'esprit rejoint effectivement le corps.
Si, dès le moyen âge, les danses sacrées ont peu à peu déserté les églises, le lien vivant entre la prière et le geste n'en continue pas moins
d'exister. Pour le huit centième anniversaire de Sainte-Claire, fondatrice de l'ordre des Clarisses, ces dernières ont choisi la danse comme
expression de la plénitude de leur vie contemplative. Séduite par le projet, Marie-Hélène Rebois filme Catherine Golovine dans les
monastères de Voreppe et d'Assise. Ancienne danseuse classique, Catherine Golovine est une croyante fervente dont l'une des activités
consiste à visiter les Clarisses dans leurs couvents et à les faire danser. Considérés par l'archevêché d'Avignon comme des prêtres laïques,
Catherine Golovine et son mari ne se lassent pas de réintroduire le corps et la danse au coeur de la vie spirituelle.
Fabienne Arvers
Mlle Bessy, la force d'un destin
2002, 53', couleur, documentaire, danse, DVD
Réalisation : Nicolas Ribowski.
Production : Ciné développement, Mezzo, Odyssée.
Unique et fastueux décor de ce portrait, l’opéra de Paris ouvre ses portes, des coulisses aux cintres en passant par les toits, pour l’une de
ses plus éminentes figures, Claude Bessy. Ancienne danseuse étoile, directrice de l’école de danse depuis 1972, la dame retrace quelque
soixante ans dévoués à son art. Nicolas Ribowski la suit avec révérence dans ce temple où elle semble régner en maîtresse des lieux.
Elle a neuf ans dans les années 1940 quand elle foule pour la première fois le plateau de l’Opéra. Elle deviendra, sous l’égide de Serge Lifar
et de Georges Balanchine, l’une de ses plus grandes étoiles. Exceptée une escapade à l’American Ballet, elle n’a jamais quitté Garnier.
Danseuse et chorégraphe, elle a révolutionné le répertoire en y faisant entrer le jazz, avec la complicité de Gene Kelly. Saison 2002, "Mlle
Bessy" remonte sur scène pour Le concours, signé par Maurice Béjart, son complice de longue date. Manuel Legris et Laetitia Pujol, ses
anciens élèves dont elle est aujourd'hui la partenaire, racontent cette insolite aventure. Dans l’atelier des costumes, elle retrouve celui de
Phèdre, dessiné pour elle par Cocteau. Sur les toits interdits, elle crapahute en compagnie de Marie-Claude Pietragalla et chacune se
remémore quelques anecdoctes en petit rat.
Pierre Notte
Moines danseurs du Tibet
2001, 58', couleur, documentaire, danse, DVD
Conception : Franck Cuvelier
Réalisation : Jean-Pierre Devorsine
Production : Atlantic télévision, Via découvertes, TV10 Angers
En février 2001, à la veille du nouvel an tibétain, Ariane Mnouchkine et sa troupe accueillent pour une quinzaine de jours les moines
danseurs du monastère de Shéchen, fondé il y a vingt ans sur une terre d’exil au Népal. La rencontre des aspirations, des connaissances ou
des langues des religieux et des acteurs du Théâtre du Soleil compose l’essentiel de ce documentaire riche en couleurs et en émotions.
Le bus qui amène les moines à la Cartoucherie de Vincennes arrive sous les acclamations et les battements de tambours de la troupe de
Mnouchkine, qui présentait peu avant Et soudain des nuits d’éveil, spectacle inspiré de l’histoire tibétaine. Jean-Pierre Devorsine filme la vie
communautaire ordinaire du Théâtre du Soleil où les habitudes se mélangent à la discipline des Tibétains invités. Les entretiens avec la
maîtresse des lieux, les comédiens ou les moines alternent avec la captation, sur scène, des danses sacrées (Tcham), et des images
somptueuses rapportées du Népal. Par ses mouvements cérémoniels, l’art sacré des danses "libère par la simple vue", explique Matthieu
Ricard, l'accompagnateur français bouddhiste. Ariane Mnouchkine, confortée dans ses aspirations généreuses et humanistes, conclut que
tout spectacle perd sa raison d’être s’il n’offre pas "une élévation à celui qui le joue et à celui qui le regarde".
Pierre Notte
La montagne de la vérité
1996, 52', couleur, documentaire, sciences humaines & faits de société, VHS et DVD
Réalisation : Henry Colomer
Production : AMIP, La Sept-Arte, Pathé télévision, Périplus Ltd
En lançant une vaste enquête sur la naissance du Mouvement pour la réforme de la vie dans l'Allemagne de la fin du XIXe, épisode
occulté par les événements historiques qui suivirent, Henry Colomer retisse patiemment la toile socio-politique d'une époque. Il en dégage
les motifs qui, sourdement, préparèrent l'avènement du nazisme et dont nous retrouvons des traits insistants dans la vague du "new age".
L'efflorescence d'associations prônant le retour à la vie naturelle, marquées par des penchants libertaires et anarchistes, révèle des parcours
d'irréductibles (Otto Kraus, Greizer, le prophète aux pieds nus, Musham, éditeur et écrivain) et séduit des personnalités comme Herman
Hesse, tombé sous le charme de Greizer dont il s'inspire pour écrire Damian, lors de sa découverte de la Montagne de la Vérité. Dans cette
communauté fondée en Suisse italienne, Laban ouvrira son école... avant d'être nommé, plus tard, par Gœbbels, maître du ballet du IIIe
Reich. L'ambiguïté de ce terreau idéologique d'où émerge pourtant l'art contemporain, et notamment la danse, est patiemment mis à nu.
Montage serré, archives remarquables (Mary Wigman dans La danse de la sorcière) et commentaire incisif font de ce film un document
majeur. Fabienne Arvers
Montalvo et l'enfant
1988, 74', noir et blanc, fiction, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Claude Mouriéras
Chorégraphie : Jean-Claude Gallotta
Musique : Arvo Pärt
Interprétation : Mathilde Altaraz, Marceline Bertolot, Christophe Delachaux, Michel Ducret, Jean-Claude Gallotta, Robert Seyfried
Production : La Sept, CDN productions, FR3, Groupe Emile Dubois, Cargo-MC Grenoble, SGGC, TNDI, Théâtre de la Ville (Paris),
Ina
L'amitié tumultueuse entre l'enfant Valerio et Montalvo qui vit au bord d'une voie ferrée. Pandora, la plus jolie fille du quartier aime
Roberto et Montalvo. Lors d'un repas pascal où tous se retrouvent en famille, un agneau élevé par l'enfant est tué par Montalvo. Le drame
se confond avec celui du trio d'adultes se déchirant dans la nuit lourde d'une banlieue ferroviaire.
Ce long métrage sans aucun dialogue est l'adaptation qu'a faite Claude Mouriéras du spectacle Pandora de Jean-Claude Gallotta. Le
traitement de l'image et de la narration fait précisément référence au film néo-réaliste italien. La dynamique et l'esthétisme de chaque scène
créent parfois un décalage entre la conception sophistiquée de la réalisation et la naïveté assumée, la simplicité apparente, de certains partis
pris chorégraphiques.
Patrick Bossatti
Montpellier, le saut de l'ange
1993, 30', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Charles Picq
Production : Carnets Bagouet, La Sept-Arte, Arcanal, CGP, Agat films & cie
Le festival international Montpellier-Danse 93 fut tout entier sous le signe d'un hommage rendu à Dominique Bagouet, pendant dix ans,
jusqu'à sa mort en décembre 1992, directeur du premier centre chorégraphique national, ouvert à Montpellier. En 1987, Dominique
Bagouet avait ouvert ce festival par une création conçue avec le plasticien Christian Boltanski : Le saut de l'ange.
Fondés quelques mois après sa disparition, les Carnets Bagouet ont décidé de transmettre l'oeuvre du chorégraphe. Régine Chopinot a
ainsi fait entrer Le saut de l'ange dans son répertoire en 1994. Mais le premier remontage du spectacle eu lieu l'été 93, avec presque tous les
danseurs d'origine. Au fil des répétitions, Charles Picq interroge les danseurs sur la mémoire du corps et les difficultés qu'ils rencontrent
lorsque cette mémoire achoppe. En contrepoint de ce travail de fidélité à l'oeuvre, Christian Boltanski parle du répertoire comme d'une
partition que tout un chacun peut rejouer à sa façon : "Une forme, valide à un certain moment de son histoire et sa création, mais qui, si
elle veut suivre le fil du temps, doit rester ouverte."
Fabienne Arvers
La mort de l'Empereur
1990, 48,' couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : François Porcile
Chorégraphie : Josef Nadj
Musique : György Szabados
Interprétation : Denes Debpei, Laszlo Hudi, Frédéric Lescure, Marion Mortureux, Josef Nadj, Kathleen Reynolds, York Sakony,
Jozsef Saryari, Cécile Thieblemont
Production : Productions Cercle bleu, FR3, La Sept, Arcanal
Les esprits maléfiques des contes de l'ancienne Chine reprennent vie dans le rituel théâtral d'un imposteur, où tout est illusion,
mystification, dédoublement, simulacre. Autour du faux empereur, un fou, une sainte, un médecin, un magicien tissent avec les courtisans
la trame d'une chronique imaginaire hors du temps. A l'écran, l'univers de Nadj conserve son caractère vivant et pittoresque.
Il n'existera jamais d'identité complète entre les idées et leurs éventuelles réalisations, l'homme n'étant capable de concevoir et de lutter que
dans les limites de son esprit. Tandis que Dieu crée. Cette phrase, le chorégraphe la révèle par bribes dans de brèves mises en scène qui
composent cet opéra gestuel pour neuf danseurs et onze musiciens, filmé en conditions de représentation et en son direct. Depuis Canard
pékinois (1987), ce chorégraphe hongrois, qui fut danseur chez Mark Tompkins et Catherine Diverrès, invente des spectacles où se mêlent
fables et souvenirs d'enfance. Une théâtralité de la résurgence, une mise en mouvement de la mémoire, empruntées aux maîtres de
l'Europe centrale Kantor et Grotowski.
Patrick Bossatti
Mr. Bojangles’memory ; Og son of fire
1991, 2 x 8', couleur, fiction, théâtre, VHS et DVD
Conception : Robert Wilson
Réalisation : Robert Wilson
Production : studio Erevan, Artavazd Pelechian
Deux versions d'une même évocation : le célèbre danseur de claquettes Mr. Bojangle, au Cotton Club de New York dans les années vingt.
Elles ont été réalisées pour l'exposition Mr. Bojangles'memory, Og son of fire au Centre Georges Pompidou en 1991 dans cadre du festival
d'Automne à Paris.
Ce voyage dans les souvenirs de Mr. Bojangles met en relation des éléments hétérogènes qui forment un univers où l'on croise un aviateur,
un enfant, une grosse femme qui joue à un drôle de base ball, une autre qui dérive dans l'espace, une autre encore qui fait des cauchemars.
Un volcan crache son feu. Les échelles humaines sont détraquées. De minuscules comédiens dansent sur le chapeau de Mr. Bojangle.
Robert Wilson joue sur divers registres. La musique, différente dans chacune des versions, sert de liant à l'ensemble.
Elisabeth Ramus
Musiques au cœur
Maguy Marin, le pari de la rencontre
1999, 85', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Conception : Eve Ruggieri
Réalisation : Luc Riolon
Production : 24 Images, France 2
Un long et passionnant entretien avec Maguy Marin sert de fil conducteur à ce film séparé en chapitres distincts. Le titre sonne juste : il
suffit d'écouter les paroles de la chorégraphe en conclusion de ce portrait pour s'en convaincre. "Je suis contente d'être fille d'émigrés. La
perte d'appartenance, c'est important. Ce n'est qu'en perdant ses racines qu'on arrive à communiquer."
Itinéraire d'une chorégraphe : l'apprentissage d'une danseuse classique, l'école Mudra de Béjart, la création du Ballet Théâtre avec Daniel
Ambash en 1978 et celle de May B en 1981, l'installation au centre chorégraphique national de Créteil, l'apport de la musique et de la voix
dans la composition chorégraphique avec l'arrivée de Denis Mariotte en 1990 et l'ouverture en 1999 d'un autre CCN, le premier du genre,
dans une tour désaffectée de la banlieue lyonnaise, à Rilleux-la-Pape. "A la différence de Créteil, ici je m'associe au projet politique du
maire, Jackie Darme, parce qu'il m'a semblé que le moment d'agir ensemble était arrivé." On attend, bien sûr, la suite de l'histoire, celle qui
s'écrit en ce moment, à l'écart de toute publicité...
Fabienne Arvers
Musiques au cœur
Suresnes cités danse
1999, 75', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Conception : Eve Ruggieri
Réalisation : Luc Riolon
Production : 24 Images, F2, Théâtre J. Vilar de Suresnes
Olivier Meyer, directeur du théâtre Jean Vilar à Suresnes, a invité pendant trois mois (deux mois de répétitions et un mois de
représentations triomphales), cinq chorégraphes pour cinq créations autour du hip hop. Interviews, moments de travail et de spectacles
retracent ces rencontres où chacun a trouvé de quoi enrichir sa propre création.
Après avoir auditionné plus de deux cents jeunes, les chorégraphes Blanca Li, Régis Obadia, Farid Berki, Laura Scozzi et Karine Saporta
ont composé leurs équipes. Ils ont puisé dans cette matière vivante que représente l'expression hip hop et l'ont étroitement mêlée à leur
poésie, leur dramaturgie. "On prend les codes, on les retourne, on les transforme," dit Farid Berki. "On a fait un spectacle comme une
robe découpée à leur mesure," dit encore Blanca Li. Et Karine Saporta affirme en souriant : "J'ai l'impression d'avoir toujours fait du hip
hop !" Si les danseurs ont eu parfois du mal à confronter leur énergie à une gestuelle précise, calée sur une musique et dans l'espace
scénique, chacun semble ravi de l'expérience : "Elle a gardé notre authenticité," dit l'un d'eux.
Marc Guiga
Muurwerk
1987, 27', noir et blanc, fiction, danse, VHS
Réalisation : Wolfgang Kolb
Musique : Walter Hus
Interprétation : Roxane Huilmand
Production : Continental vidéo, Stichting Shaffytheater, VZW Schaamte
Dans une gestuelle et une écriture proches de celle d'Anne Teresa de Keersmaeker, Roxane Huilmand, ancienne danseuse de la compagnie
Rosas, danse seule, dans une impasse sombre de Bruxelles. Piétinements, sauts, voltes, projections contre les murs lépreux : ses talents
d'interprète transcendent toute la panoplie stylistique de la jeune danse belge des années 80.
Patrick Bossatti
Le mystère Babilée
2000, 2 x 60', couleur, documentaire, danse, DVD
Réalisation : Patrick Bensard.
Production : Lieurac productions, Cinémathèque de la danse, Muzzik, Videogram Paris, La Cinquième.
Le film débute par des images rares, tournées juste avant la première d'une pièce qui deviendra une œuvre majeure du répertoire du XXe
siècle, "Le Jeune Homme et la Mort". Le ballet de Roland Petit d'après le livret de Jean Cocteau révèle alors un interprète sidérant de 23
ans : Jean Babilée. Ainsi naquit la légende de ce remarquable danseur, auquel Patrick Bensard consacre un portrait fouillé, avec de
nombreux entretiens et documents d'archives.
"C'est un chat, il a le charme, la souplesse, l'indépendance des félins", dit de lui Yvette Chauviré, l'une des nombreuses personnalités
interviewées. Conçu en deux parties, "Le Mystère Babilée" porte tout d'abord sur la création du "Jeune Homme et la Mort". Les
documents d'archives, les commentaires de Jean Cocteau et de Leslie Caron contribuent à la reconstitution de cette période de l'immédiat
après guerre et témoignent des innovations de la pièce et de l'accueil remarquable qu'elle reçut dès son origine. Dans la deuxième partie,
Jean Babilée lui-même prend le relais. Formidable conteur, le danseur transmet sa passion pour les aventures artistiques, évocant avec
pudeur certains souvenirs plus intimes. Ces entretiens, entrelacés de témoignages et d'extraits de chorégraphies, recomposent le parcours
atypique d'un artiste qualifié dès ses débuts d'"enfant terrible de la danse".
Irène Filiberti
Necesito - Pièce pour Grenade
1994, 58', couleur, adaptation, danse, U-matic
Réalisation : Charles Picq
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Musique : Gas Gas Gas
Interprétation : Rita Cioffi, Priscilla Danton, Matthieu Doze, Olivia Grandville, Dominique Jegou, Catherine Legrand, Sylvain
Prunenec, Fabrice Ramalingom, Juan Manuel Vicente
Production : Agat films & cie, Carnets Bagouet, La Coursive, CGP
Doux clapotis des fontaines dans les patios, gravité et sensualité des chants arabo-andalous, humanité frondeuse du groupe Gas Gas Gas
dont le guitariste, Sven Lava Polhammer, était déjà aux côtés de Bagouet pour "F. et Stein" au début des années 80. Filmé à l'initiative des
Carnets Bagouet après la mort du chorégraphe, "Necesito" fut la dernière création de Dominique Bagouet.
Inspirée par l'histoire de Grenade, la pièce renvoie aux premiers émois de Dominique, petit garçon, regardant émerveillé un spectacle de
flamenco sur les ramblas de Barcelone. Les danseurs s'amusent et grimacent comme dans "Jours étranges", et déploient leur danse avec
toute la sérénité de l'enfant qui s'applique et découvre l'univers des possibles. Si "Necesito" est l'un des plus beaux films de danse qui soit,
c'est sans doute que Charles Picq a utilisé sa caméra comme s'il s'agissait de son propre regard, s'attardant, s'éloignant, s'approchant de la
scène et, dialoguant pour finir, avec la chorégraphie, les danseurs et les musiciens. Restituant, autrement dit, le plaisir du spectacle vivant.
Fabienne Anvers
Le nerf du temps - Hommage à Valeska Gert
1991, 16', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Marc Guérini
Chorégraphie : Renate Pook
Musique : René Bastian
Interprétation : Renate Pook
Production : Apa, CGP
Coiffée d'un bonnet requin et ceinte d'un tutu gonflable, Renate Pook chante, danse et crie dans un lieu industriel désaffecté savamment
éclairé. Ce long solo désarticulé, qui se veut provoquant et absurde, est conçu comme un hommage à Valeska Gert, excentrique danseuse
allemande des années 20.
Patrick Bossatti
Never again
1989, 26', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Conception : Lloyd Newson
Réalisation : Bob Bentley
Chorégraphie : DV8
Musique : Dave Sinclair
Interprétation : Nigel Charnock, Ann Dewey, Wendy Houston, Russell Maliphant, Lloyd Newson, Michelle Richecoeur
Production : Songbird production, Holmes associates, Arts Council Films
La compagnie britannique DV8 a fondé sa démarche sur l'alliage de la danse et de la vidéo. Chaque spectacle est adapté pour la caméra, ce
qui permet de modifier l'approche narrative, le déploiement du mouvement dans l'espace et le jeu des interprètes. Never again joue sur
l'alternance entre les relations duelles, marquées par le conflit et l'attirance, et le groupe qui absorbe les individus.
Le contact reste la plus belle obsession de DV8. Se toucher, se porter, se caresser, se laisser tomber, se faire mal, amortir les coups : la
déclinaison est infinie. Le film débute sur un gros plan : le grain d'une peau emplit l'écran, puis une articulation, enfin une portion de corps
privée de tête, privée de sexe. Ce pourrait être la peau d'un bébé, c'est celle d'un homme. Viendra une femme, puis un autre homme. Des
couples, enfin, qui s'étreignent et se séparent. Motif récurrent : le verre brisé, coupant, symbolise la rupture, le désaccord. Filmé dans un
environnement froid et désolé, un vaste immeuble abandonné, Never again donne au désespoir comme à l'amour une énergie fabuleuse.
Pourtant l'équilibre n'est jamais convié : aussi harmonieux soit-il, le cristal se brise facilement.
Fabienne Arvers
Nicolas Le Riche, danseur étoile
1997, 94', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Réalisation : Jérôme Laperrousaz
Production : Amor line, La Sept-Arte, Opéra national de Paris
A l'âge où les élèves de l'école de danse de l'Opéra de Paris sont le plus souvent sujets dans le choeur de ballet, Nicolas Le Riche fut
nommé danseur étoile par Patrick Dupond, et Noureev l'avait déjà choisi à 18 ans pour danser Roméo dans son ballet Roméo et Juliette. Le
portrait esquissé par Jérôme Laperrousaz témoigne constamment de cette jeunesse extrême, fait plutôt rare parmi les étoiles.
Immense, le visage lunaire et le sourire permanent, Nicolas le Riche évoque en vrac son amour de la danse et des artistes, sa peur devant
les accidents successifs (double fracture d'une vertèbre, opération du genou) et la mise en danger de son avenir professionnel, le
surmenage dû à un travail en continu et la difficulté de s'en protéger. Pour Roland Petit, Le Riche, c'est le nouveau Babilée, celui pour qui
il avait créé le ballet de Cocteau, Le jeune homme et la Mort. Lorsqu'il le découvre, il recrée entièrement pour lui le rôle du Jeune Homme.
Une rencontre phare pour le danseur étoile qui cite encore, parmi ses "maîtres", John Neumeier et Mats Ek... Enfin, en cerise sur le gâteau,
nous découvrons madame Masaka Aya, l'amie excentrique et fortunée de Rudolf Noureev et Nicolas Le Riche...
Fabienne Arvers
La Noce
1991, 8', couleur, fiction, danse, VHS et DVD
Réalisation : Joëlle Bouvier, Régis Obadia
Chorégraphie : Joëlle Bouvier, Régis Obadia
Musique : Armand Frydman
Interprétation : Lex Bohlmeijer, Fabrice Dasse, Bernadette Doneux, Eric Lamoureux, Xavier Lot, Elena Majnoni, Lidia Martin,
Isabella Roncaglio
Production : La Sept, Arcanal, Ina, CR Haute-Normandie, Films Angle d'Ailes
Quatre jeunes femmes, bouche rouge et robe blanche, s'offrent à leur promis autour d'une longue table couverte d'un linceul écru. Leurs
gestes s'accompagnent d'un halètement qui dramatise et colore le plaisir des étreintes d'une tonalité douloureuse. Des flammes s'élèvent,
puis dans un silence mat et un clair-obscur théâtral, les mariées alanguies chutent en cascade dans les bras de leur époux.
A peine plus long qu'un clip, ce film, construit sur l'opposition de moments emportés puis coulés et silencieux, est la troisième réalisation
cinématographique de Joëlle Bouvier et Régis Obadia. Leur écriture, faite de séquences gestuelles répétitives, se prête parfaitement au
format du film court et au montage serré qu'ils utilisent le plus souvent. Parmi de nombreuses récompenses, La noce, qui a été retenue dans
la sélection officielle du festival de Cannes en 1991, a obtenu le grand prix de la mise en scène au FIFA en 1993 et le prix de la SACEM au
festival de Villeurbanne.
Patrick Bossatti
Noces
1990, 27', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Patricia Desmortiers, Angelin Preljocaj
Chorégraphie : Angelin Preljocaj
Musique : Igor Stravinsky
Interprétation : Sylvia Bidegain, Magali Caillet, Choeur contemporain d'Aix en Provence, Hélène Desplat, Christophe Haleb,
Philippe Madala, Roser Montello, Alvaro Morell, Xavier Nickler, Percussions de Strasbourg, Angelin Preljocaj, Florence Vitrac
Production : La Sept, KS visions, Cie Preljocaj, CGP
Danses de couples, toniques et mécaniques, réagissant aux accents de la partition de Stravinsky. Une version dynamique qui, si elle ne
donne pas une lecture originale de l'oeuvre, rend ce classique du ballet accessible à tous les publics. Noces a été créé avec le choeur
contemporain d'Aix-en-Provence et les Percussions de Strasbourg sous la direction de Roland Hayrabédian.
Ce film, tout en plans larges, favorise les ensembles et met l'accent sur l'atout majeur de l'écriture d'Angelin Preljocaj : les canons et la
virtuosité dans la rapidité d'exécution. Le ballet propose une vision critique des rapports entre hommes et femmes. Chaque danseuse
possède son double en mariée de chiffon que les hommes manipulent sans circonspection.
Patrick Bossatti
Noé
1987, 28', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Jean Rabaté
Chorégraphie : Quentin Rouillier
Musique : René Aubry
Interprétation : Annie Carpenter, Florence-Ariane d'Hellier, Julien Le Hoangan, Thierry Massin, Jean-Claude Pellaton, Catherine
Renouf, Quentin Rouillier, Florence Vitrac
Production : Com-média
Recréation pour l'écran d'un ballet sur le mythe de l'arche de Noé. Des plans tournés en extérieur sur les plages de Blainville sont
juxtaposés à des extraits du spectacle dans le décor d'origine. De doux unissons sont ponctués de solos ou de duos. La gestuelle fait
souvent appel à une énergie très conduite, dans un souci majeur de plasticité des corps.
Après avoir dansé au théâtre du Silence avec Jacques Garnier et Brigitte Lefèvre à La Rochelle, Quentin Rouillier fut directeur du centre
chorégraphique national de Caen, puis inspecteur général au Ministère de la culture (DMD). Depuis 1990, il dirige l'enseignement de la
danse contemporaine au conservatoire national de musique et de danse de Paris à La Villette.
Patrick Bossatti
Noëlla Pontois, portrait d'une femme
1996, 49', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Chantal Malenfant, Gilles Sandoz
Interprétation : Noëlla Pontois
Production : Agat films & Cie, Paris première
Noëlla Pontois, la danseuse classique par excellence : cet adage est décliné sur tous les tons par les amis, professeurs et chorégraphes qui se
livrent au difficile exercice de l'hommage admiratif. Les informations concernant la carrière de cette danseuse étoile, sans doute la plus
grande de ce siècle, proviennent de Noëlla Pontois elle-même et de sa fille Miteki Kodo, également danseuse.
La danse a été mon moteur et ma raison de vivre, annonce d'emblée Noëlla Pontois, qui se consacre maintenant à l'enseignement de la
danse classique. Comme pour confier un secret, elle ajoute que la danse l'occupant à 80%, elle a consacré le reste de son temps à la
découverte de la littérature et la peinture. Dans son atelier, le peintre Paul Collomb évoque les années 50 au milieu des nombreux tableaux
qu'il a fait d'elle. Le film témoigne également des relations privilégiées qu'eut Noëlla Pontois avec Rudolf Noureev de 1968 à 1992. Il vous
amenait à "sortir de vous", rappelle-t-elle, et imposa à toute une nouvelle génération, sa façon de danser fondée sur la qualité de
l'interprétation et non plus sur la virtuosité. Fabienne Arvers
NotreNotre-Dame de Paris
1996, 86', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : André Flédérick
Chorégraphie : Roland Petit
Musique : Maurice Jarre
Interprétation : David Garforth, Isabelle Guérin, Laurent Hillaire, Nicolas Le Riche, Manuel Legris
Production : Telmondis, Opéra national de Paris, France 2
Il est évidemment fort tentant de chorégraphier l'oeuvre de Victor Hugo, opposant la beauté plastique d'Esméralda et de Phoebus à la
déformation physique de Quasimodo et morale de Frollo. De là à en faire une parabole sur l'évolution du ballet classique à la danse
moderne, il n'y avait qu'un pas, franchi allègrement par Roland Petit avec les danseurs de l'Opéra national de Paris.
Les mouvements du choeur ne sont pas sans rappeler la gestuelle, jugée scandaleuse à l'époque, de Nijinski : saccadés et rapides, ils font
écho aux déplacements dissymétriques de Quasimodo (Nicolas Le Riche), et contrastent avec l'écriture classique des autres figures de
Notre-Dame de Paris : la grâce d'Esméralda (Isabelle Guérin) et de Phoebus (Manuel Legris) et la suffisance de Frollo (Laurent Hilaire). Le
décor, conçu d'après René Allio, joue sur le gigantisme du lieu et son écrasante autorité sur le peuple. Aucune intimité ne peut y naître ;
aussi, André Flédérick privilégie les plans larges et ne s'autorise que quelques gros plans lors des duos ou des solos des danseurs étoiles.
Une captation de ballet dans l'acception la plus simple et la plus fidèle du terme.
Fabienne Arvers
Nuit de Chine
1987, 30', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Claude Mouriéras
Chorégraphie : Mathilde Monnier, Jean-François Duroure
Interprétation : Fabrice Dasse, Herman Diephuis, Jean-François Duroure, Joël Luecht, Elena Majnoni, Mathilde Monnier, Mme
Pham Tai Tasteyre Cham, Loïc Touzé, Mme Tran Thi Chang
Production : CNDC Angers, La Sept, Arcanal, De Hexe production, le Cargo-MC Grenoble, CDN productions
Etranges allées et venues dans une pension tenue par deux vieilles asiatiques bouddhistes : le cuisinier récalcitrant drague la chambrière
désoeuvrée en allant chercher des crabes dans le grenier ; un homme traqué, après de sensuels échanges avec un garçon torse nu, échoue à
l'étage et meurt ; une cliente immobile dérange, par son silence, les habitudes de la maisonnée qui danse devant elle...
Claude Mouriéras aime prendre des libertés avec les spectacles qu'il adapte pour l'écran. De Mort de rire, la pièce loufoque et cynique du
couple Monnier-Duroure, il ne reste que quelques danses au sol chaloupées, des portés burlesques et une ambiance étirée où l'ennui fait
figure de style. Pourtant, aussi éloigné du spectacle que puisse paraître le film, chaque image est un embryon d'histoire ; une narration
virtuelle se glisse entre chaque plan et le court métrage, tout comme la pièce, avance par associations d'idées gestuelles. Mort de rire est la
dernière chorégraphie que Mathilde Monnier et Jean-François Duroure composèrent ensemble. Depuis, ils ont chacun leur compagnie.
Patrick Bossatti
La nuit partagée
1994, 68', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Philippe Larue
Chorégraphie : Jean-François Duroure
Réalisation : Philippe Larue
Production : Injam production
Lors du festival d'Avignon 1993, Jean-François Duroure créait un diptyque composé de L'éphémère, un trio de danse contemporaine, et de
La nuit partagée, une comédie musicale de break-dance et de rap. Le film de Philippe Larue se présente comme le carnet de bord de cette
aventure vécue avec de jeunes danseurs non professionnels venus des banlieues proches de Paris.
Ça commence par une bonne engueulade, une incompréhension réciproque manifeste : "Vous n'êtes pas un groupe, que des individus",
grogne Duroure. "Au début, on ne l'aimait pas, on se foutait de sa gueule, admet plus tard l'un des danseurs. Maintenant, on le respecte.
Dans ce qu'il fait, il touche." Tout est là, effectivement. Duroure a du faire ses preuves, comme danseur et comme meneur de groupe. Et
ces jeunes danseurs amateurs ont dû apprendre à compter, à rester dans un rythme, à incarner un personnage et à le tenir, à exister dans le
groupe et non pas contre lui. Plusieurs mois ont été nécessaires à cette transformation qui leur a permis d'élaborer de bout en bout (texte
et chorégraphie) leur spectacle et au-delà, d'animer des stages de break-dance dans certains quartiers d'Avignon.
Fabienne Arvers
Les ombr
ombres
mbres du péché
1991, 13', couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Camille Guichard
Chorégraphie : Christine Bastin
Musique : Jean-Claude Wolff
Interprétation : Pascal Allio, Christine Bastin, Quatuor Razumowsky de Paris, Marie-Claude Vallin
Production : Terra luna films, Arcanal, Cie Christine Bastin, ARP
Dans une salle de bain stylisée, un homme et une femme semblent prendre beaucoup de plaisir à se déchirer et à rejouer à l'envi des scènes
d'étreinte ou de répulsion dans lesquelles un rasoir-couteau tient une place symbolique importante.
Les enlacements, les gestes qui forcent le corps de l'autre et le plient sous l'autorité du désir, donnent l'occasion au réalisateur de s'attarder
sur la plastique et la présence crue de Pascal Allio, blond énigmatique au regard transparent. L'orchestre, qui joue une partition originale de
Jean-Claude Wolff, est inclus dans le décor comme le témoin immobile et pétrifié du déchirement entre les deux personnages.
Patrick Bossatti
One dance, one song
song
Adesso basta !
2001, 6', couleur, fiction, danse, DVD
Conception : Christophe Haleb, Claude Mouriéras
Réalisation : Claude Mouriéras.
Chorégraphie : Christophe Haleb
Production : Heure d'été productions, Tarantula, Arte
Les images iconoclastes retenues par Claude Mouriéras décrivent avec lucidité et humour le cri d'exaspération du chorégraphe : Maintenant,
ça suffit ! Sur une musique de Thierry Robin, le scénario fait intervenir les acteurs-danseurs de la compagnie de Christophe Haleb, La
Zouze, qui se retrouvent en prise directe avec les petites aliénations de la vie quotidienne.
Que vit-on dans un appartement, au bureau, en couple ? Scènes de ménage, hystérie collective, intime solitude et nudités enchevêtrées
défilent en contrepoint de musiques douces aux ancrages traditionnels. La recherche de Christophe Haleb porte sur la nécessité d'agir et
d'inventer une alternative à la réalité. Dans ses pièces comme dans Adesso basta !, il oppose au stress des modes de vie urbains une sorte
d'écosystème imaginaire.
Irène Filiberti
One da
dance, one song
song
Besame mucho
2001, 6', couleur, fiction, danse, DVD
Réalisation : Alfredo Diaz Perez.
Chorégraphie et interprétation : Frédéric Gies, Frédéric de Carlo
Production : Heure d'été productions, Trantula, Arte
Des séquences agencées à la façon d'un kaléidoscope composent cet hommage au baiser : un homme nu danse puis s'allonge, entouré de
grappes de raisin, tel un Bacchus ; des images courent sur sa peau comme une caresse ; un corps chute et brise des miroirs ; un enfant tète
le sein maternel... Suivant le rythme de la célèbre chanson, un lent mouvement de caméra filme le monde onirique de Frédéric Gies et
Frédéric de Carlo.
De quoi sont faits les baisers ? Quelle mémoire, quels rêves abritent-ils ? semblent se demander les deux chorégraphes et interprètes. Au fil
des tabeaux qui façonnent cette fresque insolite, le film se détourne des mots simples de la chanson pour réfléchir en termes d'identité à
partir de la nudité, des sensations et des désirs les plus enfouis.
Irène Filiberti
One dance, one song
song
Daïté
2001, 6', couleur, fiction, danse, DVD
Réalisation : Catherine Maximoff
Chorégraphie : Yvann Alexandre
Production : Heure d'été productions, Tarantula, Arte
Daïté est un conte moderne réalisé avec une grande sobriété. Il évoque à la fois l'ère des nouvelles technologies et des rituels anciens liés à
la nature. La mythologie de fantaisie imaginée par le chorégraphe Yvann Alexandre prend corps sur une musique "africaine" de Martin
Kayo.
La ligne continue d'une route départementale, quelques brins d'herbe bucoliques, la danse d'une jeune femme. Un homme se couche, une
voiture passe, la métamorphose s'accomplit. Des bras dansent autour d'un arbre. Deux hommes, un jeune éphèbe et un vieux paysan au
visage buriné, se saluent. La caméra filme dans le détail leurs échanges : des regards, des sourires, des poignées de main qui symbolisent un
passage ou la transmission d'un savoir de génération en génération. De la sagesse, en somme.
Irène Filiberti
One dance, one song
song
Erè mèla mèla
2001, 6', couleur, fiction, danse, DVD
Conception : Lionel Hoche, Daniel Wiroth
Réalisation : Daniel Wiroth
Chorégraphie : Lionel Hoche
Production : Heure d'été productions, Tarantula, Arte
Chorégraphe, interprète pour le Nederlands Dans Theater, Lionel Hoche aime à mettre en scène des univers jumeaux, des parcours
doubles. Dans ce film, il imagine un scénario original, qui tient du pastiche, pour évoquer ces étranges sentiments qui font battre les cœurs.
L'histoire se déroule avec un bel entrain, ainsi que le laisse entendre la musique de Mahmoud Ahmed.
Malice et nombreux trucages habillent Erè mèla mèla, qui marie efficacement une esthétique moderne aux saveurs du conte oriental. Dans
un appartement de style "sixties", meublé d'objets de couleurs vives, deux hommes se font face. Tandis qu'une mélopée suave distille
syncopes et ondulations, les danseurs s'amusent à détourner les objets quotidiens de leur usage habituel. Ce climat rêveur, ludique et
amoureux entraîne toutes sortes de visions et d'enchantements. Jeux de corps, situations incongrues, disparitions et liaisons inattendues
traversent l'image avec une pétillante fraîcheur.
Irène Filiberti
One dance, one song
song
Garota de Ipanema
2001, 6', couleur, fiction, danse, DVD
Réalisation : Danièle Rivière
Chorégraphie : Serge Ricci
Production : Heure d'été productions, Tarantula, Arte
Garota de Ipanema met en scène une femme à sa fenêtre, puis un homme dans une rue déserte. Le mouvement n'est pas dans la danse, mais
dans les situations et la façon de les mettre en images. Regards, retrouvailles, disputes, ce que les deux interprètes donnent à voir en
priorité sont ces petits moments où la vie échappe. Multiples incidents qui provoquent le désordre des corps et alimentent la matière
chorégraphique de Serge Ricci. L'évocation de la célèbre chanson brésilienne donne ici lieu à une histoire de désir racontée sur le mode
furtif. Brièveté des élans, heurts des séparations, le chorégraphe de la compagnie Mi-Octobre joue avec l'attendu et l'imprévu, une forme
de composition souvent présente dans son travail.
Irène Filiberti
One dance, one song
La Habanera
2001, 6’, couleur, fiction, danse, DVD
Réalisation : Pascal Magnin
Chorégraphie : Mié Coquempot
One dance, one
one song
Ya Rayah
2001, 6', couleur, fiction, danse, DVD
Conception : Claudio Pazienza, ALIS, Dominique Soria, Pierre Fourny
Réalisation : Claudio Pazienza
Chorégraphie : ALIS
Production : Heure d'été productions, Tarantula, Arte
Discrètement loufoque, Ya Rayah procède à la récolte hétéroclite d'objets et d'images. Au fil de cette énumération se succèdent des
chaussures fumantes, une typographie en balade, des radiographies de pieds... L'assemblage de ces matériaux dessine un parcours ludique,
révélant le mouvement d'une écriture en train de s'écrire. Où l'on retrouve le geste poétique cher à l'imaginaire d'ALIS, dont le travail
s'inspire des méthodes de l'Oulipo.
La démarche d'ALIS, groupe fondé par Dominique Soria et Pierre Fourny, n'est pas dans les normes. Elle s'attache à la recherche d'une
nouvelle expression en utilisant différentes disciplines artistiques. D'ordinaire, leurs compositions s'affichent sur scène ou se déploient
dans les galeries d'art. Après La Complainte du progrès, ce film ouvre à nouveau, sur une musique de Dahmane el Harrachi, un riche terrain
d'investigation à leurs propos enjoués et savamment organisés.
Irène Filiberti
Orphée, mettezmettez-y du vôtre...
1992, 15', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Jean Rouzaud
Chorégraphie : Stéphanie Aubin
Musique : Nicolas Frize
Interprétation : Stéphanie Aubin, Dominique Brunet, Anne Collod, Mouss Iklil, Stéphanie Rapin, Stefan Singer
Production : Cie Larsen
Jeux de miroirs ouverts sur l'invisible. La caméra de Jean Rouzaud capte les silhouettes ondulant sur les murs, les petits carrés de lumière
qui fragmentent les corps et détaillent la danse. Ce film restitue en beauté la magie du spectacle Orphée, mettez-y du vôtre et sa dimension
métaphysique.
Initiée à la danse contemporaine par des artistes américains tels Trisha Brown, Yvonne Rainer ou John Cage, Stéphanie Aubin ne conçoit
son art que fondé sur une démarche expérimentale. Dans ce spectacle, la chorégraphe s'intéresse aux rapports entre images et cinéma, tout
en s'interrogeant sur la défiance qu'elle éprouve vis-à-vis de l'image notamment lors de l'épisode de Timisoara en Roumanie et la chute des
Ceaucescu. Stéphanie Aubin décida alors de travailler sur les images qui en disent le moins : "Je suis arrivée aux ombres, en jouant sur le
trouble et l'écart entre la représentation des choses et la réalité."
Fabienne Arvers
Outside in
1994, 14', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Margaret Williams
Chorégraphie : Victoria Marks
Musique : Steve Beresford
Interprétation : Helen Baggett, Celeste Dandeker, Jon French, Kuldip Singh-Barmi, Sue Smith, David Toole
Production : BBC, Arts council of England
Six visages d'hommes et de femmes, souriants, malicieux, s'échangent des baisers : le mouvement est continu, en boucle. Puis la caméra
s'éloigne, découvrant les bustes, les corps de six personnages forts différents.
L'un est amputé des deux jambes et se déplace sur ses mains avec une rapidité et une énergie déconcertantes ; deux autres sont en chaise
roulante : tous ensemble dansent et rayonnent d'un tel bonheur de bouger qu'il est inévitablement contagieux. Une histoire d'amour :
amour du mouvement, des autres, du rire, de l'herbe tendre dans le soleil matinal. Un film heureux et détonnant.
Fabienne Arvers
Le P'tit Bal
1993, 4', couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Philippe Decouflé
Interprétation : Philippe Decouflé, Pascale Houbin
Musicien : Annie Lacour
Production : Oïbo, Téléma, Arcanal
Dans un champ d'herbes folles, sous un ciel blanc-gris, Philippe Decouflé et Pascale Houbin, accompagnés à l'accordéon, signent (parlent
le langage des sourds) à leur façon C'était bien, la chanson de Bourvil. Au langage des sourds se superpose toute une série d'interventions
loufoques entre B.D. et rébus fantaisiste.
Des légumes variés tombent du ciel, d'autres chutes d'objets aux allures de hiéroglyphes sont censés illustrer les paroles de Bourvil. Un
subtil travail d'accélération de l'image au montage permet de caler le temps de la chanson sur celui de la chorégraphie... Au total, quatre
minutes de pur bonheur.
Fabienne Arvers
Parcelle de ciel
1987, 17', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Robert Cahen
Chorégraphie : Susan Buirge
Interprétation : Michel Barthome, Denis Detournay, Caroline Dudan, Gilles Estran, Sarah Llanas, Xavier Lot, Anne Nicol-Hypolite,
Christine Roillet
Production : MCR productions, Ina, La Sept, Arcanal
Des corps irisés vibrent et se dilatent ; fugitives fumées, ils traversent un espace qui semble suspendu dans le vide. Bras et jambes vibrent
comme des élytres, alors que les courses transforment chaque personnage en nuage lumineux. L'utilisation constante d'effets
oscilloscopiques donne à la chorégraphie un caractère éthéré et poétise l'écriture abstraite et minimale de Susan Buirge.
La caméra de Robert Cahen croise comme un lent météorite le groupe de danseurs réunis sur un plateau étroit. Une vision très personnelle
d'une chorégraphie qui fut créée en 1986 et remontée plus tard pour la compagnie Dominique Bagouet.
Patrick Bossatti
Paris musette
1993, 58', couleur, documentaire, musique, VHS et DVD
Réalisation : Jean-Pierre Beaurenaut
Production : films du Village, La Sept-Arte
Né sous le ciel de Paris qu'il fit danser pendant plus d'un demi-siècle, le musette est le mariage surprenant de la 'cabrette' ou musette des
Auvergnats qui arrivèrent en masse vers 1880 et ouvrirent les premiers bistrots de Paris dans le quartier de la Bastille, et de l'accordéon
autrichien que la vague d'immigration italienne du début du siècle apporta avec elle.
La rencontre était inéluctable, elle eut lieu chez Bousca, le plus fameux des bals musette. Les bals musette connurent leur heure de gloire
au moment du Front populaire, des seules grèves de l'histoire à se dérouler au son de l'accordéon, ce drôle d'instrument qui n'est jamais
qu'un "harmonica dans une boîte avec des trous et des soupapes". Avec les premiers loisirs et congés payés, les bords de Marne prirent des
allures de paradis perdu : les guinguettes étaient nées. Brève existence car le premier décret institué par la France occupée fut d'interdire les
bals populaires. Après la guerre, le charme était rompu. Seule consolation : la chanson populaire fera de l'accordéon son instrument
fétiche.
Fabienne Arvers
Paroles de danse
Angelin Preljocaj - Centre chorégraphique
chorégraphique national d'Aixd'Aix-enen-Provence
1996, 26', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Réalisation : Jean-Michel Plouchard
Production : Injam production, Paris première
Directeur du centre chorégraphique d'Aix-en-Provence depuis 96, Angelin Preljocaj développe un travail de répertoire qui mêle oeuvres
classiques et création contemporaine. C'est sans doute pourquoi il a été sollicité à plusieurs reprises par différentes compagnies de ballet et
notamment par l'Opéra de Paris. Ce processus a des répercussions dans sa gestuelle qui lie ces deux types de langage avec un style oscillant
entre fiction et abstraction.
Des décors dessinés par Enki Bilal, des miradors et des bandes armées, c'est dans cet univers sanglé, violent et glacial qu'Angelin Preljocaj
imagine Roméo et Juliette. Le chorégraphe explique comment il recourt indifféremment à la danse classique ou contemporaine qu'il travaille
selon la facture qu'il souhaite obtenir. Puis, il revient sur l'utilité de la transmission, ce devoir de mémoire qui tient à distance la barbarie.
Dynamique, architecture corporelle, lois physiques sont autant d'autres éléments présents dans sa réflexion. Pour Angelin Preljocaj, les
questions de rythme, d'énergie, de vitesse sont aussi une façon de transformer les émotions et les énergies afin de redéployer son propos
sur scène de la manière la plus directe possible.
Irène Filiberti
Paroles de danse
Catherine Diverrès - Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne
1996, 26', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Réalisation : Jean-Michel Plouchard
Production : Injam production, Paris première
Danseuse de l'ineffable, chorégraphe de l'intranquillité, Catherine Diverrès travaille sur les extrêmes et les contradictions. Chez elle, la
qualité de la danse tient à une rare conscience du temps. Gravité et tension font de ses pièces des oeuvres fortes et dérangeantes qui allient
abstraction et théâtralité.
Dès ses débuts avec Bernardo Montet, la directrice du centre chorégraphique de Rennes a créé sa "lande" : une écriture incisive faite
d'élans, de désirs et d'abandons, une conception du vide qui donne à sa danse une dimension tellurique. Ses pièces, souvent inspirées par
des textes philosophiques, littéraires ou poétiques, sont imprégnées d'un sentiment tragique de l'existence. Fruits s'inscrit dans cette
continuité. Pièce de guerre, elle se déroule sur un sol carbonisé, avec une immense grille barrant le plateau. Dans cet espace désertique,
comme marqué de traces de bombardements, la chorégraphe interroge la notion de territoire. Elle expose la danse à la cruauté du monde,
miroir où viennent se heurter les corps des interprètes lors de séquences chorégraphiques portées par un souffle lyrique.
Irène Filiberti
Paroles de danse
Charles CréCré-Ange, compagnie CréCré-Ange
1997, 26', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Réalisation : Jean-Michel Plouchard
Production : Injam production, Paris première
Scientifique de formation, Charles Cré-Ange, élabore son propos chorégraphique selon une réflexion sur les figures géométriques et la
scénographie. Depuis ses débuts dans les années 80, son travail mêle danse et théâtre et, progressivement, a favorisé l'abstraction.
Expression, intensité, plénitude du mouvement caractérisent sa danse faite d'élans et de déséquilibres. Une façon d'occuper l'espace sans
esprit de conquête.
"Movies" est une composition où solos, duos, ensembles viennent éclore en une floraison de gestes qui semblent découpés dans un décor
de glace. Espace neutre du cadre de scène essentiellement sculpté par les lumières. Pour cette création, Charles Cré-Ange a parié sur les
rencontres et, suivant son désir de se confronter à des univers différents, il a travaillé avec des danseurs du Ballet de l'Opéra national de
Finlande. "La forme révèle des choses qui nous révèlent," explique-t-il en fixant la caméra. Des phrases gestuelles courtes, des séquences
réécrites à l'envers et un langage musical sont les éléments constitutifs de son écriture. Triangles, carrés, lignes, le mouvement est étudié du
point de vue de la mobilité et de la rigueur afin de fixer des limites au délire et de travailler sur la matière : vitesse, accélération.
Irène Filiberti
Paroles de danse
Claude Brumachon - Centre chorégraphique national de Nantes
1998, 26', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Réalisation : Jean-Michel Plouchard
Production : Injam production, Paris première
Chorégraphe prolifique, Claude Brumachon a développé son travail en cherchant à révéler la profondeur de la danse, la justesse du
mouvement. Directeur du centre chorégraphique de Nantes depuis 1992, il a plus d'une trentaine de pièces à son actif. Avec une esthétique
très recherchée, il développe une danse fougueuse, sorte de dynamique du désir, très axée sur l'émotion du geste qui, pour lui, reste
irremplaçable.
Humain, dites-vous se déroule dans un univers baroque qui évoque à la fois Shakespeare et Greenaway. Dans cette pièce créée en 1998,
Claude Brumachon plonge les danseurs au coeur des passions humaines et de leurs intrigues. Scènes de groupe où les torses se cambrent
et dénoncent, bras et doigts tendus à l'unisson, où chacun est entraîné comme vers une sorte d'excès. Tumulte des désirs dont les corps
témoignent avec une énergie sans faille. En compagnie de Benjamin Lamarche, danseur avec qui il collabore depuis ses débuts, le
chorégraphe évoque sa façon de travailler, la relation mystérieuse entre la danse et le public, la matière organique qu'il structure mais aussi
l'impalpable, "ce propre de la danse qui est de suggérer". Irène Filiberti
Paroles de danse
François Raffinot
Raffinot - Centre chorégraphique national du Havre
1996, 26', couleur, documentaire, danse, VHS
Réalisation : Jean-Michel Plouchard
Production : Injam production, Paris première
François Raffinot a dirigé le centre chorégraphique du Havre pendant six ans, période où il a intensifié sa recherche autour de la musique
contemporaine et du corps. Depuis ce documentaire, il a ouvert en 1999 le département chorégraphique de l'Ircam, espace qu'il investit
avec l'intention d'explorer les enjeux de la création musicale et chorégraphique.
La création naît des moments d'écoute du monde et des oeuvres, explique François Raffinot, avant de décrire sa façon de procéder pour le
projet en deux volets Sin arrimo y con arrimo (1995). Quatre femmes vêtues de couleurs vives sont assises sur une toile peinte au sol. La
question "comment vient-on à la danse ?" permet au chorégraphe d'évoquer un parcours singulier qui est passé par la recherche des danses
anciennes et le répertoire baroque. Entretenant une forte relation à la musique, son travail très écrit laisse l'interprète donner une mobilité,
une vie à l'écriture. C'est dans cet esprit qu'il cherche à ouvrir une voie où la danse, confrontée au caractère de la musique, puisse se
radicaliser, prendre sens et relief.
Irène Filiberti
Paroles de danse
Jean--Claude Gallotta - Centre chorégraphique national de Grenoble
Jean
1996, 26', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Réalisation : Jean-Michel Plouchard
Production : Injam production, Paris première
Jean-Claude Gallotta a rencontré la danse un peu par hasard. Au fil du temps, réunissant danseurs, comédiens, compositeur et
scénographe, il a créé ses propres mythologies et développé un univers où la danse occupe une place prépondérante. Abstraite, elle reste
un jeu proche de l'enfance qui permet toutes les inventions.
A l'occasion de la reprise de Docteur Labus, ce "médecin de l'amour" imaginé en 1988, le chorégraphe revient sur la genèse de la pièce et
l'invention de son titre : le spectacle est composé de quatre duos qui décrivent l'état des corps amoureux, leur "musique" et leur vie
aventureuse. Gallotta expose sa conception de la danse et en situe les enjeux autour des secrets et des peurs du corps. Une fois ouvert ce
champ aux combinaisons infinies (l'intime, les émois, la passion, la solitude et le collectif), il lui faut trouver des comparses et agencer son
propos de manière à ce que chacune de ses pièces agisse comme un catalyseur de rêves. Ce qu'il tente aujourd'hui en travaillant avec de
nouveaux interprètes.
Irène Filiberti
Paroles
Paroles de danse
Joëlle Bouvier, Régis Obadia - Centre national de danse contemporaine d'Angers - L'Esquisse
1997, 26', couleur, documentaire, danse, VHS
Réalisation : Jean-Michel Plouchard
Production : Injam production, Paris première
Depuis leur premier duo, en 1980, jusqu'en 1999, Joëlle Bouvier et Régis Obadia ont travaillé en tandem. Leur recherche s'appuie sur une
exploration de l'intime et se déploie dans un monde onirique où les corps sont irradiés de forts états émotionnels. Flexions profondes,
chutes au ralenti, étreintes sont des figures récurrentes de leur danse.
Des danses charnelles, sensuelles, passionnées innervent la chorégraphie des Chiens. On y reconnaît d'emblée l'univers et le style que
Bouvier-Obadia ont développé depuis leurs débuts. Revenant sur leur parcours, les deux chorégraphes décrivent une démarche qui ne
procède d'aucune méthode particulière sinon d'une forme d'intimité et de curiosité envers d'autres disciplines artistiques comme le cinéma
ou la peinture. Ils racontent comment, au travers de chocs émotionnels ressentis au contact d'autres oeuvres artistiques comme les toiles
de Bacon ou les pièces de Pina Bausch, ils ont peu à peu élaboré leur langage chorégraphique, réalisant aussi des films, et comment,
désormais à la direction du centre national de danse contemporaine d'Angers, ils ont abordé la pédagogie.
Irène Filiberti
Paroles de danse
Josef Nadj - Centre chorégraphique national d'Orléans
1997, 26', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Réalisation : Jean-Michel Plouchard
Production : Injam production, Paris première
Plasticien, chorégraphe ou metteur en scène, Josef Nadj est avant tout un grand créateur d'images. Riche des fables de son village natal de
Voïvodine, aux confins de la Hongrie et de la Yougoslavie, il sait se faire conteur pour développer un monde poétique oscillant entre rêve
et cauchemar, avec une prédilection pour l'humour et les situations absurdes.
Depuis Canard pékinois, sa première pièce créée en 1987, Josef Nadj met en scène des hommes étranges, vêtus de costumes et chapeaux
noirs, et des femmes énigmatiques et évanescentes qui sont la proie de délires burlesques et de métamorphoses où les corps et les objets se
confondent. A la recherche d'un langage de signes, le chorégraphe place le mystère de l'homme au centre de ses préoccupations. Il
compare sa démarche à celle d'un artisan, vouée à la simplicité du geste et à l'ouvrage quotidien. Dans Les commentaires d'Habacuc, il
confronte son univers à l'écriture de Samuel Beckett. Sobriété des images et musicalité des gestes des interprètes qui glissent en silence sur
des palissades en bois, rendent hommage à l'auteur de Fin de partie.
Irène Filiberti
Paroles de danse
Karine Saporta - Centre chorégraphique national de Caen
1997, 26', couleur, documentaire, danse, VHS
Réalisation : Jean-Michel Plouchard
Production : Injam production, Paris première
Femme d'images, Karine Saporta participe à la nouvelle danse des années 80 avec des pièces fortes, voire violentes, qui sont autant de
tableaux baroques exaltant les corps et les états extrêmes. Au fil du temps, maniant vertige, répétition du mouvement avec des effets
hypnotiques, la chorégraphe a fait de sa gestuelle une mécanique légère, dissertant avec acuité sur l'art et le féminin.
Pour Les manèges du ciel, Karine Saporta imagine une représentation du ballet romantique afin de questionner le corps et la situation faite
aux femmes depuis le XIXe siècle jusqu'aux mouvements féministes. Sur scène, des tutus roses et un maître de ballet. Silhouettes
cambrées, les jeunes filles sont comme corsetées par la sévérité des codes. Elles ont aussi des rébellions enfantines : "Parce que les règles
vous dérangent, on se révolte", explique la chorégraphe. Une désobéissance dont elle fait l'un des éléments moteurs de son travail. Au
quotidien, elle préfère le merveilleux et décrit comment son désir de relier la danse au monde la porte à réaliser des pièces qui réinterrogent
des pans de l'histoire ou de l'art en Occident.
Irène Filiberti
Paroles de danse
Maguy Marin, chorégraphe
chorégraphe
1996, 26', couleur, documentaire, danse, VHS
Réalisation : Jean-Michel Plouchard
Production : Injam production, Paris première
Figure emblématique de la danse contemporaine des années 1980 depuis le célèbre May B créé en 81 d'après l'oeuvre de Samuel Beckett,
Maguy Marin s'est vite taillé une réputation internationale. En 89, elle devient directrice du centre chorégraphique de Créteil, qu'elle quitte
en 98 pour s'installer à Rilleux-la-Pape, dans la banlieue lyonnaise, avec le désir de développer son travail artistique en restant proche de ses
convictions sociales.
Pièce ludique et dynamique créée en 1996, Ramdam annonce ce changement de posture artistique. Des hommes en stricts costumes de ville
et des femmes en petits tailleurs Chanel se déplacent en saccades. Rencontres chaotiques d'individus anonymes dont les corps sont pressés,
disloqués par les cadences quotidiennes du monde du travail. Ici, la danse jaillit des convulsions de la vie urbaine, scandée par les mots de
tous les jours. Fidèle à ses engagements, Maguy Marin évoque son parcours de chorégraphe avec des propos simples et directs. La
précision chirurgicale des gestes, le travail sur le rythme et la voix sont associés à la mise en jeu de préoccupations relatives à l'exclusion et
à la possibilité de vivre ensemble.
Irène Filiberti
Paroles de danse
Maryse Delente - Centre chorégraphique national de Roubaix
1998, 26', couleur, documentaire, danse, VHS
Réalisation : Jean-Michel Plouchard
Production : Injam production, Paris première
Après avoir dirigé sa propre compagnie qui ne comportait alors que des danseuses, Maryse Delente devient, en 1995, directrice du Ballet
du Nord installé à Roubaix. Depuis, elle mène de front créations et œuvres de répertoire, modelant son travail avec une gestuelle ample et
vive qui marie langage classique et moderne.
Ses pièces racontent des histoires, mais sans narration. Les sentiments de la vie, ses thèmes de prédilection, s'expriment au travers des
corps et de l'image. Pour Nous n'irons plus au bois, pièce créée en 1998, Maryse Delente imagine un espace entièrement bleu. Comme dans
un rêve, un groupe de danseurs vêtus de longs manteaux et de bonnets, court, marche, s'arrête, se disloque. Puis, le mouvement emporte
trois femmes comme une vague dans la nuit. Sans cesse, elles se dégagent, retrouvent leur danse et à nouveau disparaissent. Ces images
oniriques sont inspirées par la musique. La chorégraphe les adapte ensuite à la scène, dans un espace vide qui laisse la place à l'imaginaire,
avec les lumières pour seule architecture. Pour elle, il n'y a rien de plus fort que l'humain et le sens primitif de la danse.
Irène Filiberti
Paroles de danse
Mathilde Monnier - Centre chorégraphique national de Montpellier
1998, 26', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Réalisation : Jean-Michel Plouchard
Production : Injam production, Paris première
Directrice du centre chorégraphique national de Montpellier, Mathilde Monnier développe des projets qui lient activement le politique et
l'artistique. Menant en parallèle à ses créations des ateliers destinés à des personnes autistes, développant des échanges avec l'Afrique, elle reste
avant tout une chorégraphe à l'écoute des questions de son temps, qui renouvelle sans cesse son langage et la forme de ses créations. Les lieux
de là ont été créés en trois étapes. Entre deux parois de carton, les danseurs roulent au sol avant de se rejoindre petit à petit pour d'autres
danses sur les musiques d'Heiner Goebbels. Mathilde Monnier a choisi de chorégraphier les masses, les rapports de groupe en fonction du
corps et des relations entre les danseurs. Evoquant son parcours, la chorégraphe revient sur une intuition qui la guide depuis ses débuts.
Détachée de ses premières œuvres et de la conception de pièces qui se développent dans l'image, comme c'était le cas dans les années 80, elle
explique être revenue à son sentiment premier : les corps parlent de notre époque. Pour elle, la danse contemporaine est une "vision du
monde" et, en même temps, un "fonctionnement en acte" dont les enjeux artistiques débordent le cadre de scène. Irène Filiberti
Paroles de danse
Odile Duboc - Centre chorégraphique national de FrancheFranche-Comté
1997, 26', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Réalisation : Jean-Michel Plouchard
Production : Injam production, Paris première
Une vingtaine d'années consacrées à la création ont fait d'Odile Duboc une figure incontournable de la danse française aujourd'hui.
Développant une gestuelle fondée sur la musicalité des corps, son propos chorégraphique est porté par le désir de stimuler l'imaginaire de
chaque spectateur.
Assise, suivant du regard les gestes de ses interprètes, Odile Duboc transmet sa conception d'une abstraction habitée, pleine d'humanité. A
la tête du centre chorégraphique national de Franche-Comté depuis 1990, elle continue à élaborer une écriture ciselée, toute en
suggestions. Son Trois boléros s'appuie sur la célèbre pièce de Ravel pour en proposer trois versions chorégraphiques : des danses apprises
comme des "brins d'histoire" en évolution ; un duo travaillé sur la mémoire d'une rencontre ; et enfin une composition pour une vingtaine
de danseurs qui dessine l'aventure d'une communauté. Odile Duboc se dit avant tout amoureuse du mouvement. Sentiment partagé avec
ses danseurs, que l'on retrouve en répétition.
Irène Filiberti
Paroles de danse
Philippe Decouflé, compagnie DCA
1998, 26', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Réalisation : Jean-Michel Plouchard
Production : Injam production, Paris première
Venu à la danse par hasard en passant par le cirque et le mime, Philippe Decouflé est passé maître dans l'art des mélanges. Chorégraphe
touche-à-tout, réalisateur, il dit aimer avant tout le travail d'équipe, les aventures artistiques, l'inachevé, la fragilité. Son langage s'affirme au
travers d'une écriture qui met en relation l'image et les corps. Il témoigne ici de son attachement au plaisir du jeu et de son goût pour les
formes populaires.
Installé dans une baraque de fête foraine, Philippe Decouflé raconte son parcours, sa passion pour le spectacle et l'image. De temps en
temps, la caméra abandonne le chorégraphe pour accompagner le public dans ses explorations : une installation d'objets ludiques et
poétiques comme seuls le chorégraphe et ses complices savent les inventer. Puis elle revient à la scène et suit le mouvement courbe des
équilibristes qui dansent au sol sur des fanfares de cirque, capte les ondulations de femmes avec de petites lumières sur la poitrine, qui
évoluent comme des ombres chinoises. Ce sont les danses de Triton, une pièce créée en 1986 que la compagnie DCA remonte avec
bonheur.
Irène Filiberti
Paroles de danse
Régine Chopinot - Centre chorégraphique national de La Rochelle/PoitouRochelle/Poitou-Charentes
1998, 26', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Réalisation : Jean-Michel Plouchard
Production : Injam production, Paris première
Excentrique à ses débuts, Régine Chopinot reste l'une des grandes figures de la danse des années 80. Directrice du Ballet Atlantique, la
chorégraphe a par la suite ouvert son travail à des voies plus nuancées. Désormais sereine, sa danse a de multiples visages dont elle décline
les facettes au travers du mouvement, entre extrême rigueur et accents de fantaisie.
Sous les lumières jaunes, blanches, roses ou vertes, les danseurs ont la tête fleurie et organisent les gestes en de multiples compositions.
Dans Les quatre saisons, la danse sert le sujet et le corps est son outil. Ouvrir le corps à un goût, une qualité encore ignorée, est l'une des
passions de la chorégraphe. Parlant beaucoup par images - qu'elle livre au spectateur comme aux danseurs -, Régine Chopinot exprime son
sentiment primordial de la nature associée au champ perceptif comme moyen de connaissance. "Dans la danse, explique-t-elle, il n'y a pas
à comprendre mais à ressentir." Evoquant nos sociétés au champ sensible de plus en plus réduit, elle insiste sur le véritable enjeu de la
danse contemporaine qui se révèle comme une nécessité grâce à l'accès qu'il ouvre aux mystères du corps et de son langage.
Irène Filiberti
Passeurs de danse
1998, 55', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Réalisation : Jean-Louis Sonzogni
Production : Local films, TNDI, Image plus, Grand Canal
De l'après-guerre aux années 60, de grands pédagogues et chorégraphes ont formé nombre de danseurs d'aujourd'hui. Christine Brunel,
Marilen Breuker et Luc Petton ont demandé respectivement à Karin Waehner, Jacqueline Robinson et Dominique Dupuy de leur
transmettre un de leurs solos. La transmission, le passage d'un corps à l'autre, sont filmés dans un entrelacement de dialogues, répétitions
et documents d'archives.
Ce film met en avant la signification et les enjeux de la transmission en danse, tout dessinant le portrait d'artistes. Fouillant dans leurs
souvenirs, recherchant les sensations corporelles d'alors, chacun des chorégraphes redonne vie à sa danse dans un autre corps, selon des
modalités différentes. Christine Brunel dans L'oiseau qui n'existe pas de Karine Waehner (1963), Marilen Breuker dans Stèle, un hommage à
Mary Wigman, de Jacqueline Robinson (1969), et Luc Petton dans En vol (1983) de Dominique Dupuy montrent à la fois la particularité du
travail de chaque chorégraphe et ses filiations, notamment avec la danse expressionniste allemande de Mary Wigman. Irène Filiberti
Patrick Dupond, le talent insolent
1996, 68', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Luc Riolon
Interprétation : Patrick Dupond
Production : Welcome, France 2
Ce portrait de Patrick Dupond, danseur étoile qui fut successivement directeur du ballet de Nancy et de l'Opéra de Paris, rend compte des
élans du danseur pour l'aventure contemporaine. Ponctué de nombreux témoignages, il met l'accent sur son talent ("le génie", dira
Noureev) ainsi que sur sa générosité, qualité qui ne va pas toujours de pair avec le succès.
A peine installé au Ballet de Nancy, Patrick Dupond chamboule les habitudes en invitant Daniel Larrieu et Thierry Malandain. Il n'hésitera
pas à faire de même à l'Opéra de Paris. L'influence de Bob Wilson qui le dirige dans Le martyre de Saint-Sébastien en 1988, n'est pas pour rien
dans cet état d'esprit ; le film s'ouvre et se clôt sur le metteur en scène américain qui lui a aussi appris que l'immobilité est déjà du
mouvement et que la virtuosité n'est pas plus méritante qu'un travail approfondi sur une posture simple telle la marche ou la station assise.
Le documentaire suit les nombreux déplacements de ce danseur infatigable, qui fut aussi aux côtés d'Alain Delon, en 1990, dans le film
Dancing machine.
Fabienne Arvers
Paysage après la bataille
1997, 72', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Denis Caïozzi
Chorégraphie : Angelin Preljocaj
Interprétation : José-Maria Alvès, Jean-Vincent Boudic, Julie Bour, Claire Burnet, Emilio Calcagno, Bérengère Chasseray, Célina
Chaulvin, Nadine Comminges, Craig Dawson, Sébastien Durand, Friedrich Gehrig, Vinciane Gombrowicz, Sylvain Groud, Soleil
Koster, Aurélie Lobin, Stéphane Loras, Nicolas Maye, Karine Mommessin, Loïc Noisette, Barbara Sarreau, Claudia de Smet,
Emmanuel Soulhat, Gilles Veriepe
Production : Puma, Ballet Preljocaj, France supervision, CCN région Paca
Créée au festival d'Avignon 97, cette chorégraphie d'Angelin Preljocaj a pour prétexte la transposition gestuelle d'un débat artistique
opposant deux approches de la création : le versant instinctif, représenté par l'écrivain Joseph Conrad, et le versant intellectuel, prôné par
Marcel Duchamp.
Le spectacle démarre sur une ambiance surchauffée de fête où les langueurs de l'amour vont céder la place, dans un va-et-vient incessant,
aux conflits et aux confrontations. D'énormes blocs recouverts de peluche rose ou orange accentuent le côté post-moderne de cette
proposition où les citations abondent - notamment la retransmission d'une interview de Marcel Duchamp à la radio -, et où l'on retrouve
atmosphères et gestes qui ont marqué la danse des années 80. Ce Paysage après la bataille, tout empreint d'une esthétique tapageuse, offre de
beaux moments de danse, les duos en particulier.
Fabienne Arvers
La peau
1993, 8', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Gilles Moisset
Chorégraphie : Christian Bourigault
Musique : Armand Frydman
Interprétation : Christian Bourigault
Production : Bagheera, Arcanal
Ce film est conçu à partir du spectacle de Christian Bourigault L'auto-portrait de 1917 d'Egon Schiele, solo sereinement torturé qui captait de
l'intérieur les tourments du peintre.
Sur scène, Christian Bourigault se retrouvait face à lui-même, inspiré par les poses déstructurées du peintre expressionniste viennois, qui
fut emprisonné pour pornographie et mourut de la grippe espagnole à l'âge de 28 ans. Gilles Moisset transpose le solo en multipliant les
effets de miroir, poussant le principe jusqu'à fondre par des effets vidéos ('morphing' notamment) le danseur et son double. Ce faisant, il
s'éloigne du caractère introspectif de la danse qui peine à quitter le corps pour habiter l'espace.
Fabienne Arvers
Petite mort
1996, 18', couleur, adaptation, danse, DVD
Réalisation : Hans Hulscher
Chorégraphie : Jiri Kylian
Musique : Wolfgang Amadeus Mozart
Interprétation : Lorraine Blouin, Jorma Elo, Nancy Euverinck, Johan Inger, Cora Kroese, Sol Leon, Paul Lightfoot, Fiona Lummis,
Martin Müller, Miguel Rodriguez, Elke Schepers, Stefan Zeromski
Production : NPS, NDT, RM Arts
Quand Eros provoque Thanatos... Avant que les concertos n°21 et 23 de Mozart viennent magnifier le pouvoir supérieur du plaisir, seul le
fil des épées manipulées par un groupe d'hommes déchire le silence. L'arrivée des femmes ne se limite pas à l'évocation du repos du
guerrier. La guerre des sexes s'en mêle, mais la symétrie de la chorégraphie de Jiri Kylian semble les traiter avec égalité.
Egalité d'enjeu, de comportement : seule la forme change et tente d'atténuer le spectre de la mort. Au groupe se substitue bientôt la
formation de couples qui se succèdent sur le plateau, menés, comme il se doit, par l'élément féminin. Des duos aux physionomies
changeantes qui doivent beaucoup aux interprètes de Jiri Kylian : souples, arrondies ou cassantes et anguleuses, les danseuses transfigurent
joliment les grimaces de mort en étreintes apaisées. Hans Huschler a opté pour une captation simple du ballet du Netherlands Dance
Theatre : un cadrage frontal où s'enchaînent des plans fixes dont la seule variation provient de l'éclairage. Violente d'abord, la lumière se
tamise à mesure que la danse l'emporte sur la lutte, aidée par la musique... car ne dit-on pas qu'elle adoucit les moeurs ?
Fabienne Arvers
Pina Bausch et ses deux cousines
1983, 64', couleur, documentaire, danse, DVD
Réalisation : Jo Excoffier, Pierre Biner, Jean-Pierre Garnier
Production : SSR-TV
Portraits de trois grandes figures de la chorégraphie allemande des années 70-80. De Pina Bausch pas de parole, mais des images de travail
qui "diront", d'après elle, mieux que les mots. Reinhild Hoffmann, elle, explique la prépondérance des thèmes dans sa recherche, tandis
que Susanne Linke, héritière directe de l'expressionnisme, insiste sur la dimension symbolique de sa danse.
Wuppertal, Brême, Essen, c'est le trajet entrepris par les réalisateurs pour évoquer celles qui ont repris le flambeau de l'expressionnisme
après le déferlement de la vague post-moderne abstraite américaine en Europe dans les années 60. On les voit travailler avec leur
compagnie, et l'on comprend, à les écouter, combien la dynamique de la danse expressionniste, puis de la danse-théâtre a été conservée et
entretenue dans les studios de la Folkwangschulen d'Essen, fondée en 1927. Hans Zullig, mort en 1992, fut le dernier grand maître de cette
école où Kurt Joos et Rudolf von Laban enseignèrent. Ayant choisi chacune une voie différente, Bausch révolutionne le spectacle vivant,
Hoffmann s'inscrit dans la tradition esthétique du ballet-théâtre tandis que Linke perpétue la tradition du solo expressionniste.
Patrick Bossatti
Plaisir d'offrir
1989, 22', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Charles Picq
Chorégraphie : Michel Kelemenis
Musique : Gilles Grand
Interprétation : Priscilla Danton, Michel Kelemenis
Production : Plaisir d'offrir
Pièce-manifeste, film témoin : dans Plaisir d'offrir, Michel Kelemenis ne craint pas de faire la synthèse entre l'influence manifeste de
Dominique Bagouet, dont il fut longtemps l'interprète et la mise à jour de ses propres sources d'inspiration.
Dansé par Priscilla Danton et Michel Kelemenis, filmé au plus près par Charles Picq, ce duo dévoile l'émergence d'une gestuelle propre au
chorégraphe, attiré par le goût de l'ornementation et du maniérisme. Tentation traduite visuellement par la découpe des corps à l'intérieur
de l'écran, qui s'attarde sur des motifs, des détails, et donne presque l'illusion d'une danse au pochoir.
Fabienne Arvers
La planète Decouflé
1998, 70', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Conception : Philippe Decouflé, François Roussillon
Réalisation : François Roussillon
Production : François Roussillon & associés, Oïbo, La Sept-Arte, France 3, NVC Arts
On saute dans cette Planète Decouflé de François Roussillon comme dans un tableau de Mary Poppins, avec la même confiance dans les
propositions saugrenues offertes à la dégustation. Derrière l'image débridée d'un artiste incroyablement populaire, notre chorégraphe ne
cesse de tenir à distance la désespérance du monde en bricolant des prototypes poétiques qui épuisent la tristesse.
Tout le film agit de cette manière, en contrepoints répétés à l'image qui lui colle à la peau depuis sa mise en scène des cérémonies
d'ouverture et de clôture des jeux olympiques d'Albertville en 1992. La danse de Decouflé doit beaucoup au cirque où il fit ses classes et à
l'enseignement d'Alwin Nikolaïs, dont il retient l'étendue de la composition visuelle et chorégraphique à tous les paramètres d'un spectacle.
Autre élément essentiel dans son univers : les costumes-objets de Guillotel qui détournent le corps de sa mobilité habituelle et en font le
support vivant de formes imaginaires. Ces illusions d'optique en chair et en os se fondent à merveille dans la créativité du chorégraphe,
Professeur Tournesol de la danse, qui débusque et met en scène les relations fantasques entre le mécanique et le vivant.
Fabienne Arvers
Pour Antigone, quatre portraits
1992, 25', couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Mathilde Monnier, Valérie Urréa
Chorégraphie : Mathilde Monnier
Musique : Christophe Séchet
Interprétation : Germana Civera, Christian Deric, Patrice Gasmi, Jean-Claude Laurenço, Daniel Marchodon, Mathilde Monnier,
Claude Porta, Félix Ruckert, Bruno de Saint-Chaffray, Marc Vincent
Production : Vidéo 13, De Hexe
Solo virevoltant du devin Tirésias devant une toile peinte de nuages. Dans une carrière lumineuse marquée par les cicatrices de la taille,
Antigone développe quelques phrases gestuelles anguleuses. Puis un Créon moderne mesure son corps devant une table miroitante. Enfin
un choeur d'hommes et de femmes scrute, avant de se mettre en marche, un événement invisible.
Cette variation autour d'Antigone repose sur quatre portraits distincts des principaux acteurs de la tragédie. La réalisatrice et la
chorégraphe se sont intéressées aux caractères des héros antiques, délaissant toutes actions. Ce sont les motivations intérieures qui sont
mises en scène en de courtes saynètes, tantôt poétiques, tantôt grinçantes, comme cette caricature de Créon en homme politique à
plusieurs visages. Ce film fait partie d'un vaste projet comprenant plusieurs volets (voyage, spectacle, texte et film), entrepris par Mathilde
Monnier et sa compagnie.
Patrick Bossatti
Pour saluer Etienne Decroux
1992, 58', couleur, documentaire, théâtre, VHS et DVD
Réalisation : Jean-Claude Bonfanti
Production : Atmosphère communication, France 3
C'est dans les années 20, à l'école de Jacques Copeau qui jouxtait le théâtre du Vieux-Colombier, que le jeune Etienne Decroux découvre le
mime alors enseigné par une jeune fille à la fois élève et maître d'art corporel, mademoiselle Copeau, désormais connue sous le nom de
Marie-Hélène Dasté. Le choc sera tel que Decroux consacrera sa vie au mime.
Ce portrait alterne des archives montrant Etienne Decroux enseigner son art avec une gravité et une passion qui en font tout le sel et des
interventions de ses élèves qui témoignent de ce qui fut son but : doter la pantomime d'une grammaire, à l'égal du langage et de la danse.
Marcel Marceau, Raymond Devos, Corinne Soum et Steven Watson (Cie le Théâtre de l'Ange fou) qui furent ses assistants, rappellent
l'influence qu'exerça sur lui la danse expressionniste allemande, de Mary Wigman à Kurt Joos, la danse américaine, Isadora Duncan en tête,
la sculpture antique et moderne, celle de Rodin particulièrement. N'est-ce pas lui qui disait : "C'est assez extraordinaire de penser qu'un
comédien qui se produit devant des milliers de personnes a travaillé sa voix, mais pas son corps. C'est une infirmité ! "
Fabienne Arvers
Le pré
pré de Mme Carle
1988, 21', couleur, fiction, danse, VHS et DVD
Réalisation : Norbert Corsino
Chorégraphie : Nicole Corsino
Musique : Jacques Diennet
Interprétation : Elise Argaud, Nicole Corsino, Norbert Corsino, Aurélie Corsino, Marion Delpierre, Fabienne Donati, Anaïs Lossi
Production : N+N Corsino, TNDI, Danse 34 productions
Pendant qu'un couple se croise de façon intermittente dans des lieux choisis pour leur gigantisme et leur caractère spectaculaire (saline,
carrière, aérodrome), quatre jeunes filles vêtues de tulle jouent avec des carrés de gazon synthétique. Ponctuant ces petites variations
chorégraphiques, un pré en image de synthèse ondule sous les couleurs d'un soleil couchant.
Tentative complexe de saisir dans un même court métrage les rapports du corps à l'environnement tout en les juxtaposant avec des univers
créés par les images de synthèse. Surgies de leurs lectures ou des rencontres qu'ils font au cours de leurs voyages, les fictions
chorégraphiques mises au point par les Corsino sont autant de lieux d'expérimentation entre la danse et l'image vidéographique où le corps
existe avant tout pour le cadre et le plan.
Patrick Bossatti
Le printemps
1989, 25', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Gilles Moisset
Chorégraphie : Catherine Diverrès
Musique : Eiji Nakazava
Interprétation : Luis Ayet Puigarnau, Thierry Bae, Fabienne Compet, Catherine Diverrès, Bernardo Montet, Rita Quaglia, Mitsuyo
Uesugi
Production : La Sept, Arcanal, Neva, Gédéon
Adaptation pour l'écran du spectacle Le printemps, qui débute sur le plan d'un galop de cheval filmé par Teo Hernandez. Les deux pattes
avant de l'animal, sous l'effet du cadrage et du ralenti prennent étrangement l'aspect de jambes humaines tendineuses. Dans un processus
inverse, c'est une sorte d'animalité féline mais brutale qui anime les danseurs. Une danse de l'inquiétante étrangeté.
Chaque personnage semble se mouvoir dans des songes différents que la caméra, après la chorégraphie de Catherine Diverrès, réunit une
nouvelle fois. Les scènes de nuit alternent avec celles de pleine lumière, les images rougies par les éclairages sépulcraux avec celles
éclaboussées par le soleil. Le film propose un choix de moments contrastés en écho aux danses parfois tumultueuses de la chorégraphe,
qui portent le corps des interprètes en leurs gouffres comme en leurs sommets. Patrick Bossatti
Les printemps
printemps du Sacre
1993, 61', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Conception : Brigitte Hernandez, Jacques Malaterre
Réalisation : Jacques Malaterre
Production : Telmondis, La Sept-Arte
Auréolée d'un parfum de scandale, la fulgurante et mythique création par Vaslav Nijinski du Sacre du printemps de Stravinski, au théâtre des
Champs-Elysées le 29 mai 1913, est sans doute devenu le symbole de la modernité. Le film propose un panorama des interprétations
successives de cette oeuvre au cours du XXe siècle.
Les différentes versions qu'en ont donné les cinq chorégraphes présentés ici - Mary Wigman, Martha Graham, Mats Ek, Maurice Béjart et
Pina Bausch -, après celle de Massine en 1920, interrogent toutes la perte du rituel dans le monde contemporain et ce que d'aucuns
désignent comme "la blessure de la modernité". Il est vrai que l'essence même de la danse, d'origine sacrificielle, sert d'argument à la pièce.
La traversée de ce siècle, singulièrement marqué par la barbarie humaine, explique sans doute l'attirance naturelle des chorégraphes pour
cette oeuvre-clé, au-delà de cette rupture entre le vocabulaire classique et l'invention d'un langage moderne qui la caractérise.
Fabienne Arvers
Questa pazzia e fantastica
fantastica - Paysages fabriens
1993, 46', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Herman Van Eyken
Chorégraphie : Jan Fabre
Production : Kaaïtheater, Alice in wonderland, Arcanal
Dans le château de Aldenbiesen, Jan Fabre prépare le premier volet de sa trilogie The Minds of Helena Troubleyn, un opéra créé en
collaboration avec Eugeniusz Knapik (compositeur). Herman Van Eyken observe le travail du metteur en scène-chorégraphe et donne à
son documentaire une forme originale, plus suggestive qu'explicative, plongeant directement le spectateur dans l'univers de Jan Fabre.
Herman Van Eycken montre comment Jan Fabre observe son équipe au cours des improvisations et des 'exercices', captant les forces
créatrices, les personnalités ; comment il rassemble ensuite le matériel ainsi créé, passant du rôle de récepteur à celui d'émetteur. A travers
les entretiens présentés en voix off, comme à travers les indications données en répétition, on saisit l'essence du travail de Jan Fabre, basé
sur "la musicalité, le rythme, les silences et les mouvements", d'une extrême exigence. L'atmosphère du film de Van Eycken s'imprègne de
celle du spectacle de Fabre, un univers étrange, parfois énigmatique, règne nocturne dominé par le regard du hibou, envahissement de
bleu, couleur des décors et des costumes, obtenue par un crayonnage en tous sens au stylo bic bleu !
Guillaume Courtier
Ramdam
1997, 74', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Luc Riolon
Chorégraphie : Maguy Marin
Musique : Denis Mariotte
Interprétation : Muriel Adri, Ulises Alvarez, Mychel Lecoq, Thierry Partaud, Caroline Picard, Cathy Polo, Ennio Sammarco, Isabelle
Saulle, Marcelo Sepulveda, Kerrie Szuch, Véronique Teindas, Dominique Uber, Adolfo Vargas
Production : 24 images-Videogram, France supervision, Cie Maguy Marin
Franchement ludique, Ramdam donne l'amorce d'un rythme, d'un passage possible entre les sons, les mots et les corps. En s'en prenant à la
tyrannie des informations et des statistiques, Maguy Marin dénonce en finesse et en douceur la vie bouffée par une déferlante de chiffres,
de pourcentages, comme autant de soustractions faites au silence devenu denrée rare.
Depuis Waterzoï, Maguy Marin s'est associée au compositeur Denis Mariotte. Ensemble, ils encouragent les danseurs à adjoindre à leur art
du mouvement, celui du chant et de la musique. Parler n'est alors qu'un instrument de plus et donne à Ramdam un écho assourdissant, mais
aussi une dynamique clairement lisible : les automatismes du corps épousent ceux de la pensée. Les convenances sociales sont épinglées à
travers les attitudes, les codes vestimentaires, la petite brochette de mots qui suffisent chaque jour à traverser les chemins balisés de
l'existence : "Bonjour", "Pardon", "Bon appétit"... En contrepoint de l'absurde suscité par ce débit sans fin, la chorégraphe aborde la
complexité des rapports humains, la possibilité pour chacun d'être à la fois victime et bourreau.
Fabienne Arvers
Reamker, danse avec les dieux
1993, 58', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Stéphane Lebon
Production : Equipage, Théâtre national du Cambodge, Festival international des francophonies en Limousin
Le film de Stéphane Lebon s'ouvre sur l'image du Mékong, immuable et tranquille, qui traverse le Cambodge. Si l'histoire récente de ce
pays est marquée par la violence des Khmers rouges, son passé est vieux d'un millénaire. Les ancêtres des Khmers se sont installés à
Angkor et ont construit des temples dont les fresques nous transmettent aujourd'hui l'histoire fondatrice de Rama.
Reamker est la version khmer du Ramayana, la 'bible' d'Asie, un long poème épique de 24 000 versets écrit en sanscrit entre 1500 et 600
avant notre ère. Elle met en scène cinq personnages hommes-dieux-animaux, dont les apsaras (danseuses classiques khmers) narrent les
aventures à l'aide d'une danse extrêmement codifiée où chaque geste a un sens. Une chorégraphie lexicale qui compte 4 500 gestes et dont
l'initiation demande plusieurs années d'apprentissage à l'intérieur du palais royal. "En 1975, les Khmers rouges ont aboli cette danse
comme le reste du patrimoine culturel cambodgien", explique Pich Tum Krand, l'actuel directeur du théâtre national. En 1979, à l'heure du
bilan, le Cambodge comptait 90% d'artistes massacrés. C'est dire l'importance du travail pour reconstruire ce qui a été détruit.
Fabienne Arvers
Récital
1999, 44', couleur, adaptation, danse, VHS et DVD
Réalisation : Valérie Urréa
Chorégraphie : Mourad Merzouki
Interprétation : Yann Abidi, Brahim Bouchelaguem, Najib Guerfi, Rachid Hamchaoui, Mourad Merzouki, Chaouki Saïd
Production : Ex Nihilo, La Sept-Arte, Cie Käfig
Récital et "hip hop" sont deux mots qui "a priori" ne vont pas ensemble. Mais Mourad Merzouki, fondateur de la compagnie Käfig, est l'as
du contrepoint. Le passage de la danse hip hop de la rue aux salles de théâtre a souvent perdu en force ce qu'elle ne gagnait pas forcément
en crédibilité. Avec Käfig, il se passe autre chose : la rivalité, comme déclencheur de danse, disparaît au profit d'un défi relevé
collectivement.
Mourad Merzouki, qui signe la direction artistique, accentue ce renversement de valeurs annoncé par le titre du spectacle, par le biais d'une
scénographie empruntée à celle d'un concert de musique classique : pupitres et violons accessoirisés sont disposés en un V surligné au sol,
face au public, et les danseurs revêtent des queues de pie pendant un court moment. La bande son, en décalage apparent avec le tempo
habituel du hip hop, est signée Frank II Louise, présent aussi sur scène ; elle suggère plus qu'elle n'impose, permettant une fluide
alternance entre le développement des figures individuelles des six chorégraphes danseurs et la mise en commun des talents pour les
mouvements de groupe.
Fabienne Arvers
Regards croisés
1998, 57', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Réalisation : Luc Riolon
Production : Canal 8 Le Mans, 24 images-Vidéogram
Ce film de Luc Riolon retrace le projet de la chorégraphe Jackie Taffanel au centre culturel L'Espal du Mans, dans le cadre d'un contrat
mission danse. Ecoliers, collégiens et amateurs ont participé à la création du spectacle La peau de l'air : une rencontre ou un
approfondissement de la danse, dont témoignent les ateliers d'expérience sensorielle animés par Isabelle Richez et les répétitions de la
création.
Former les publics de demain à travers des actions de sensibilisation : cette dynamique essentielle de la danse contemporaine est prise en
charge par des chorégraphes ou des danseurs, sans passer nécessairement par des institutions telles que les centres chorégraphiques
nationaux, mais par des accords entre des lieux, des pouvoirs publics et des artistes désireux de transmettre leur art, leur savoir, leur
sensibilité. Au fil de ce projet, la révélation du malaise identitaire des participants est ce qui a le plus marqué Jackie Taffanel. "On réalise
leur souffrance, leur difficulté à décliner leur identité. Je pense qu'on a à renouer des liens ensemble, et la danse est alors ce lieu de
l'expression de soi."
Fabienne Arvers
Rei Dom - La Légende des Kreuls
Kreuls
1990, 90', couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Jean-Claude Gallotta
Chorégraphie : Jean-Claude Gallotta
Musique : Serge Houppin, Henri Torgue
Interprétation : Eric Alfieri, Mathilde Altaraz, Muriel Boulay, Christophe Delachaux, Pascal Gravat, Deborah Salmirs, Viviane Serry,
Robert Seyfried, Jan Zetterberg
Production : La Sept, Groupe Emile Dubois, le Cargo (MC Grenoble), CDN productions
Le peuple Kreul, adorateur du dieu Rei Dom, est persécuté par une tribu de chasseurs qui volent et tuent ses enfants. Un jour, le chef des
Fyls, une tribu amie, sauve un petit kreul du nom de Lékar dont la légende raconte qu'il sauvera les siens de l'extermination. Grande saga
imaginaire et film prophétique : une métaphore poétique et cruelle sur la situation politique et humaine du monde.
La référence de Jean-Claude Gallotta au cinéma est Andreï Tarkovski. Comme lui, il tente de filmer les matières, les états, la nature sous
tous ses aspects, des frondaisons majestueuses au pourrissement des sols, et enfin l'homme, sauvage, abject, animal, mais aussi croyant,
idéaliste, artisan et artiste. L'une des réussites du film est le dialecte inventé des tribus, élaboré comme une véritable langue (sous-titrée en
français), qui place la narration dans un ailleurs sans référence ethnique précise et pourtant familier. Si la danse est quantitativement peu
présente dans ce premier long métrage (elle intervient tout de même à trois moments clés du récit), c'est la matière même des
chorégraphies du groupe Emile Dubois qui se décline dans cette fable sur la vie et la mort.
Patrick Bossatti
La rencontre
rencontre
1999, 52', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Conception : Seydou Boro
Réalisation : Seydou Boro, Issa Traoré
Production : Les films Pénélope, Sahelis productions, Muzzik
En 1993, Mathilde Monnier avait créé Pour Antigone à Brest avec, entre autres, des danseurs traditionnels burkinabés. Six ans après, elle
revient au Burkina présenter pour la première fois le spectacle et organiser un stage, lieu d'échanges des conceptions des danses
traditionnelle africaine et contemporaine européenne. Cette deuxième "rencontre" est suivie par Seydou Boro, danseur et cofondateur de
la compagnie Salia Nï Seydou, et Issa Traoré.
L'enjeu est de rendre visible l'émergence, encore timide, d'une expression contemporaine sur un continent où la tradition pèse de tout son
poids. Mathilde Monnier parle de son besoin d'être déstabilisée et de travailler en partant, non pas d'une technique, mais d'un champ
d'infinis. Salia Sanon se rappelle avoir été fortement perturbé par les demandes d'improvisation en silence de la chorégraphe. A ces paroles
font écho les récits de Blandine Yaméogo, d'Issa Traoré, des danseuses de la compagnie Kongoba et à leur recherche, en pleine
effervescence, d'une expression qui saurait concilier des formes du passé avec des perspectives actuelles. Ces fascinations réciproques
évoquées par Mathilde Monnier donnent lieu à un film remarquable où, tel un geste hyper fluide, la parole circule portée par le désir de
rencontre.
Fabienne Arvers
Retour au baroque (1)
A la recherche du son perdu
1993, 52', couleur, documentaire, musique, VHS et DVD
Conception: René Longueville, Stéphane Loison
Réalisation: Stéphane Loison
Production: Caméras continentales, La Sept-Arte, NOS, BRTN, Amaya distribution
Au début du XIXe siècle, le répertoire baroque est redécouvert ; s'engage alors une querelle toujours persistante entre détracteurs et
défenseurs des instruments anciens. Dans des interviews entrecoupées de larges extraits musicaux, chefs d'orchestre et interprètes posent
une question importante : faut-il jouer le baroque sur des instruments d'époque pour lui donner tout son sens ?
Stéphane Loison indique d'emblée le fil conducteur de son documentaire en nous invitant à cette réflexion : l'évolution des instruments de
musique depuis trois siècles a-t-elle été un progrès ou une transformation ? Dans une promenade à travers l'Europe, Nikolaus
Harnoncourt, John Eliot Gardiner, Jordi Savall, Fabio Biondi affirment l'importance des instruments anciens pour retrouver le son perdu
de Rameau ou Monteverdi. Les interventions de Reinhart von Nagel et Willem Kroesbergen, facteurs de clavecins, tendent à prouver que
le clivage entre partisans du son d'origine et défenseurs de la modernité devrait être dépassé. On peut choisir aujourd'hui l'instrument le
mieux adapté aux pièces jouées.
Mario Fanfani
Retour au baroque (2)
Vers l’opéra
1993, 52', couleur, documentaire, musique, VHS et DVD
Conception: Stéphane Loison, René Longueville
Réalisation: Stéphane Loison
Production: Caméras continentales, La Sept-Arte, NOS, BRTN, Amaya distribution
Ce deuxième volet, toujours aussi documenté, est consacré au spectacle baroque. Chanteurs, metteurs en scène et chorégraphes insistent
sur l'importance du respect de conventions stylistiques rigoureuses pour recréer l'esprit du XVIIe siècle. D'autres artistes refusent toutefois
la reconstitution historique et déplorent le passéisme. Ce deuxième volet, toujours aussi documenté, est consacré au spectacle baroque.
Peut-on nier toutes références historiques et culturelles, ou doit-on faire un travail de recherche ? René Jacobs et James Bowman ont le
sentiment de faire revivre le répertoire pour castrats grâce à leur voix de contre-ténor. Francine Lancelot rappelle qu'au XVIIe siècle la
danse était incontournable dans l'opéra baroque. Cependant, Jean-Marie Villégier récuse l'idée de spectacle "archéologique" : la gestuelle de
ses spectacles est inspirée de l'époque mais ne la copie pas. Dans une vision plus contemporaine, Peter Sellars, metteur en scène, et Pascal
Dusapin, compositeur, pensent que le baroque doit avant tout interroger notre époque ; Les Indes galantes de Rameau dans la mise en scène
d'Alfredo Arias clôt le documentaire et en fait l'éclatante démonstration.
Mario Fanfani
Rêves d'étoiles : Raymonda
1999, 83', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Réalisation : François Roussillon
Production : François Roussillon & associés, France 3, Opéra national de Paris, U&A
En 1983, alors qu'il vient d’être nommé directeur de l’Opéra de Paris, Rudolf Noureev remonte le ballet Raymonda d'après la chorégraphie
de Marius Petipa, sur une musique d'Alexandre Glazounov. En 1998, en hommage à la danseuse étoile Yvette Chauviré, les danseurs qui
ont créé Raymonda quinze ans plus tôt le transmettent à la nouvelle génération d’étoiles et livrent leurs souvenirs, illustrés par de larges
extraits du spectacle.
On savait que Rudolf Noureev était un bourreau de travail, mais qu’il aimait donner sa chance à de jeunes interprètes : tous le confirment,
de Charles Jude à Elizabeth Platel en passant par Claude de Vulpian ou Manuel Legris, qui fut nommé étoile à New York en 1986 lors
d’une tournée de Raymonda. Ce qu’on savait moins, c’est l’importance que revêtait ce ballet pour Rudolf Noureev, sa volonté de donner
plus d’importance et de caractère aux rôles masculins et, en particulier, l’attachement qu’il portait au personnage d'Abderam, le prince
oriental rival de Jean de Briène promis à la princesse Raymonda. En transmettant son rôle à Wilfried Romoli, Jean Guizerix évoque à quel
point la gestuelle d’Abderam était liée à l’enfance de Rudolf Noureev dont les parents étaient danseurs de caractère. Son goût du mélange
des genres venait de loin !
Fabienne Arvers
Rêves d'étoiles : Roméo et Juliette
1999, 89', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Réalisation : François Roussillon
Production : François Roussillon et associés, U & A, Opéra national de Paris, France 3
En suivant pas à pas la reconstitution du ballet Roméo et Juliette qu’avait créé Rudolf Noureev à l'Opéra de Paris, François Roussillon
remonte le fil du temps jusqu'aux origines du couple immortalisé par Shakespeare. Images d’archives et extraits du spectacle, dont le
célèbre adage du balcon, ponctuent le récit des interprètes.
On suit l'histoire de Roméo et Juliette, écrit par Serge Prokofiev en 1935 alors qu'il n'avait composé pour Diaghilev que des formes courtes,
et son accueil difficile au Kirov aux débuts de l'Union Soviétique. Lorsque Noureev créa ce ballet à l'Opéra de Paris, il choisit de conserver
l'intégralité de la partition (deux heures et demi) et confia les rôles-titres aux danseurs étoiles Monique Loudières et Patrick Dupond. La
reprise de Roméo et Juliette après la mort de Noureev est un défi que relèvent Elizabeth Maurin et Manuel Legris. A 20 ans, ils l'avaient dansé
sous la direction de Noureev lui-même. Aujourd'hui, avec l'aide de la répétitrice Patricia Ruanne, ils tentent d'en retrouver l'énergie,
l'endurance, et cette passion qui sous-tend chaque mouvement.
Fabienne Arvers
Revoir Nijinsky danser
2000, 26', couleur, documentaire, danse, DVD
Réalisation : Hervé Nisic
Production : Artline films, musée d'Orsay, RMN
Partant de faits réels, tels que l'interdiction de Diaghilev de filmer les ballets, ou de l'énigmatique partition inventée par Nijinsky pour
transcrire ses compositions, Hervé Nisic mêle documents d'archives, fiction et entretiens avec des chercheurs pour évoquer, à travers
l'histoire de la notation, la modernité de la danse du célèbre chorégraphe jusqu'à la reprise de ses ballets, en l'an 2000.
Le destin de Nijinsky a suscité de nombreux écrits et fait l'objet de plusieurs films. La proposition du réalisateur se situe dans le cadre de la
recherche en danse. La notation du mouvement a sa propre histoire et les systèmes ont été différents selon les époques. Le film revient sur
les plus importants, dont la notation mise au point par Rudolf Laban au début du XXe siècle et, aujourd'hui, le logiciel Life Form. Le
travail de recherche dont témoigne Revoir Nijinsky danser évoque la vie singulière du danseur russe, mais s'attache surtout à la modernité de
ses chorégraphies, dont le fameux Après-midi d'un faune. Des extraits de répétitions à l'opéra de Bordeaux et des interviews de notateurs
retracent la façon dont il est remonté aujourd'hui, grâce aux nouvelles technologies et au long travail mené par Anne Hutchinson, qui a
patiemment déchiffré le système que Nijinsky avait imaginé, sans toutefois en léguer les clefs de lecture.
Irène Filiberti
La rime et la raison
1992, 55', couleur, documentaire, musique, VHS
Réalisation : Francis Guibert
Production : La Sept, films du Village
A travers une huitaine de cités françaises, sont présentés différents modes d'expression du mouvement hip hop (rap, raggamuffin, tag, graf,
squat). Dans les sound systems ou interviews, les jeunes - noirs, blancs et beurs - disent haut et fort leur inquiétude et leur révolte. Sont
notamment montrés les groupes connus de l'hexagone : Massilia Sound System et Iam.
A Saint-Denis, Strasbourg, Marseille ou Bordeaux, les rebelles de la rime fustigent la drogue, l'injustice, le racisme et la marginalisation à
laquelle le système les condamne. Ils réclament l'égalité des chances, une véritable éducation. "Dans le rap, l'agressivité est canalisée
artistiquement pour éviter des crimes", témoigne l'un d'eux. Des images de Vaulx-en-Velin rappellent la colère des laissés-pour-compte.
On voit des jeunes peindre un graf géant sur un mur. D'autres expliquent pourquoi ils squattent un appartement. Iam interprète la chanson
Non soumis à l'Etat au centre des jeunes détenus de Fleury-Mérogis. Pour Massilia Sound System, le 'posse' (groupe, famille) de Marseille
qui 'parla patois', le rap est "une façon d'utiliser les media pour s'adresser au monde."
Fara C.
Le roman du musicmusic-hall
1993, 2x60', couleur, documentaire, musique, VHS et DVD
Réalisation : Pierre Philippe
Production : Caméras continentales, Gaumont, La Sept-Arte
On repère les premiers signes du music-hall à l'approche du XXe siècle, dans les rues de Paris où fleurissent cafés-guinguettes et cabarets.
Venus de la rue et de la misère pour servir le rêve et l'imaginaire d'un pays, de la patrie et de ses régiments en temps de guerre, les artistes
du music-hall accèdent à la célébrité et leur vie privée se confond rapidement avec celles qu'ils interprètent.
C'est un roman avec ses nombreux chapitres et personnages ballottés entre les guerres, les suicides et les crimes, la fortune et ses revers, la
gloire et l'oubli. Mené rondement en deux parties (de 1895 à 1929 et de 1930 à 1993), Pierre Philippe déjoue sans relâche la nostalgie qu'un
tel sujet ne manque pas de susciter pour explorer avec délices l'évolution de ce métier (Madonna considérée comme la dernière à produire
une vraie 'revue'). Et si le music-hall appartient désormais à l'histoire, notre présent n'en reste pas moins imprégné des airs et des allures de
Mistinguett, Joséphine Baker, Chevalier, Damia, Mireille, Piaf, Trenet, Fréhel, Gréco, Aznavour, Gainsbourg, Montand, Barbara...
Fabienne Arvers
Roméo et Juliet
Juliette
1992, 85', couleur, adaptation, danse, DVD
Réalisation : Alexandre Tarta
Chorégraphie : Angelin Preljocaj
Production : Opéra de Lyon, RM Arts, SFP, La Sept
Angelin Preljocaj et Enki Bilal ont imaginé un "Roméo et Juliette" moderne. L'action se passe sur une place de banlieue industrielle cernée
par les réverbères et gardée par des maîtres-chiens inquiétants. Juliette appartient à une famille de rang élevé alors que Roméo est un paria
de la société qui traîne dans les rues avec sa bande et se fait régulièrement houspiller par les vigiles.
La danse pensée par le chorégraphe d'origine albanaise pour ce ballet 'relooké' hésite entre la technique néo-classique, que possèdent très
bien les interprètes du Lyon opéra ballet, et une dimension plus personnelle dans le mouvement et l'écriture. De nombreux ensembles et
une fidélité sans faille à la structure musicale de Prokofiev, rendent la chorégraphie extrêmement narrative et abordable pour le grand
public.
Patrick Bossatti
Roméo et Juliette
1997, 130’, couleur, adaptation, théâtre, U-matic et DVD
Réalisation : Hans Peter Cloos
Production : Caligari films, La Sept-Arte, théâtre du Gymnase-Marseille, Skarabaus production
Sans rien renier de ses préocupations et de son esthétique résolument contemporaines, Hans Peter Cloos a mis en scène la célèbre pièce de
Shakespeare. Il la restitue lui-même pour l'écran. Romane Bohringer et Denis Lavant incarnent avec conviction les deux protagonistes et
évoluent dans des décors et des costumes qui mélangent allègrement les époques, marquant l'intemporalité du drame.
Dans une sorte de no man's land, des jeunes gens organisés en bandes rivales au nom de leur patrimoine génétique, s'affrontent au
couteau. Côté vestimentaire, c'est la tendance cuir et tatouages chez les Montaigu, tweed chez les Capulet. Le coup de foudre entre Roméo
et Juliette a lieu lors d'une fête somptueusement délirante où "drag queens", bourgeois libidineux, suivantes en dessous affriolants et
voyous de bonne famille s'en donnent à coeur joie sur fond de musique rock. Et comme pour confirmer l'adage selon lequel l'habit ne fait
pas le moine, le franciscain qui les marie en secret a lui aussi un genre très "destroy". Dès lors est scellé le destin des amants de Vérone, et
"jamais histoire ne vit plus grand fléau que celle de Juliette et de son Roméo".
Marie Dunglas
Roseland
1990, 46', couleur, adaptation, danse, VHS
Conception : Thierry de Mey, Wim Vandekeybus
Réalisation : Octavio Iturbe, Wim Vandekeybus, Walter Verdin
Chorégraphie : Wim Vandekeybus
Interprétation : Assumpta Arques-Surinach, Jabi Bustamante, Charo Calvo, Nicolas Crow, Maria Grazia-Noce, Muriel Hérault,
Peter Kern, Shannon Mc Murchy, Lieve Meeussen, Simone Sandroni, Eduardo Torroja, Wim Vandekeybus
Production : Beeldhuis NV, Luc Dierickx, Leuven
Courses, sauts, roulades, jeux collectifs, la danse de Wim Vandekeybus est ainsi faite de constantes prises de risque qui amènent le corps
aux limites de l'épuisement et de la conscience. Des images d'objets virevoltant dans l'air, collisions corporelles, chutes, portés
acrobatiques... Un sentiment d'urgence qui envahit tout l'écran.
Le film pousse cette logique de l'extrême à son point critique par un montage très serré, où les séquences caracolent, avant de s'arrêter sur
des duos conflictuels entre hommes et femmes. Découpages et cadrages insolites donnent la sensation d'aborder l'univers du chorégraphe
comme en apnée constante. On passe d'une action à l'autre avec la rapidité de cette mèche d'allumage que l'on voit parfois crépiter entre
deux gestes. Une adaptation pour l'image d'extraits de What the body does not remember (1987), Les porteuses de mauvaises nouvelles (1989) et Le
poids de la main (1990).
Patrick Bossatti
Rosella Hightower
1991, 49', couleur, documentaire, danse, U-matic
Réalisation : François Verret
Chorégraphie : Rosella Hightower
Musique : Ghédalia Tazartès
Production : La Sept, Association 1B, TNDI, Lieurac productions
Portrait impressionniste de la danseuse et chorégraphe américaine installée depuis longtemps à Cannes où elle dirige une école de
renommée internationale. Etoile des ballets du marquis de Cuevas, elle étudia avec les plus grands, Fokine, Tudor, Dolin, Kay, Robbins.
Nijinska créa pour elle Rondo Capriccioso et John Taras Piège de lumière.
C'est lors de la création collective L et eux, la nuit que François Verret rencontra cette 'prima ballerina' au mouvement très libre, qui est
aussi une enseignante exigeante. Ensemble, ils se promènent dans des paysages du bord de mer, retournent à New York, au Jacob's Pillow,
lieux de ses premières rencontres artistiques, et dans les coulisses du ballet de Harlem où elle transmet la chorégraphie de Nijinska dont
elle fut la dédicataire. Conversations de crépuscule entre un chorégraphe-réalisateur fasciné et amoureux et une vieille dame têtue, obstinée
et heureuse. "La danse est une étrange complétude", dit-elle en visionnant les images d'un film d'archives qui la montre en Salomé
passionnée sur le toit d'un immeuble.
Patrick Bossatti
Rude raid
1984, 13', couleur, fiction, danse, VHS
Réalisation : Marc Caro
Chorégraphie : Régine Chopinot
Musique : Parazite
Interprétation : Philippe Decouflé, Daria Elies, Pascale Henrot, Eric Larrondo, Michèle Prélonge, Monet Robier, Frédéric Werle
Production : Octet, Network
A cent à l'heure, un commando du futur équipé par Jean-Paul Gaultier crapahute dans un univers de synthèse explosif. Duel accéléré à
l'épée, courses poursuites sur terrain miné, entre sentinelles hallucinées et terroristes rigolos : le parcours du combattant de ce raid futuriste
est teinté de violence et d'humour très noir.
L'écriture martiale aux accents sportifs de Régine Chopinot est dynamisée par le traitement vidéographique très personnel de Marc Caro
qui, depuis, a réalisé de nombreux courts et longs métrages (cf. Maître Cube, Le géomètre, Délicatessen). Les corps sont sectionnés, hachés,
l'image explose à tout instant et le générique de fin avec ses visages déformés et sanguinolents vaut à lui seul le détour.
Patrick Bossatti
Collection Regards sur le cinéma musical arabe
Samia forever
2004, 51', couleur, documentaire, cinéma, DVD
Réalisation : Saïda Boukhemal.
Production : Potlatch production.
Deuxième volet du triptyque "Regard sur le cinéma musical arabe", "Samia forever" rend un vibrant hommage à celle qui fut pendant plus
de vingt ans la "Marilyn Monroe" de la comédie musicale égyptienne. Entre extraits de films, archives et témoignages, le film retrace la vie
de Samia Gamal (1924-1994) qui, en entrant dans la légende du 7e art, s’imposa comme l’une des icônes de la danse orientale.
« Peut-être avais-je la danse en moi », disait-elle. Et il le fallait pour vouer sa vie à cet art : car, si la danse orientale ("raqs al-sharqui") est un
phénomène culturel aussi ancien qu’incontestable, la société égyptienne a toujours frappé d’opprobre ses danseuses. Née en Haute-Égypte,
Zainab Ibrahim Mahfuz arrive au Caire avec sa famille en 1932. Elle travaille dans un atelier de couture jusqu’à la mort de son père (elle a
alors 16 ans), puis rencontre Baadia Masabni, l’inventrice de la danse orientale moderne, qui sera son mentor. C’est dans la troupe de
Baadia où elle côtoie Tahia Carioca, sa plus proche rivale, que Samia Gamal développe son style. En 1944, elle fait la connaissance de
l’acteur play-boy Farid El-Attrache avec qui elle forme pendant cinq ans un duo de charme, à la ville comme sur l’écran. Son statut de star,
Samia Gamal le doit à sa beauté sensuelle et à la qualité de sa danse, mais aussi à ses déboires amoureux, à la convergence entre sa vie et
ses rôles.
Myriam Bloedé
Sarabande
1995, 20', couleur, adaptation, danse, DVD
Réalisation : Hans Hulscher
Chorégraphie : Jiri Kylian
Musique : Jean-Sébastien Bach
Interprétation : Urtzi Aranbura, Zane Booker, Patrick Delcroix, Jorma Elo, Johan Inger, Martin Müller
Production : NPS
Dans la pénombre, le passé se fige dans de grandes robes à ballons. Dans la lumière, la musique électronique de Dick Heuff plaque au sol,
bras en croix, les danseurs du Netherlands Dance Theatre. Bras et mains frappent le sol, des cris sortent des gorges et la gestuelle de Jiri
Kylian s'organise dans une sorte de pantomime où se lit le désir d'exprimer un certain mal-être de l'homme moderne.
Le climat de stress créé par la musique devient le contexte auquel s'affronte la danse en un dialogue convenu. La caméra de Hans Hulscher
passe du plan large au gros plan en fonction de la chorégraphie. La Sarabande de Bach, interprétée par Gidon Kremer, coupe court aux
tribulations de la troupe. Les figures se fluidifient et élargissent l'espace, en ignorent les limites, jusqu'au solo final, jeté au sol sous le regard
rieur d'une rangée de visages à demi éclairés. Fabienne Arvers
Scelsi suites
1990, 21', couleur, fiction, danse, VHS
Conception : Pascal Crochet, Nicole Mossoux
Réalisation : Dirk Gryspeirt
Chorégraphie : Nicole Mossoux
Mise en scène : Patrick Bonté
Musique : Giacinto Scelsi
Interprétation : Patrick Bonté, Nicole Mossoux
Production : BRT, Dienst Muziek
Dans un espace au délabrement savamment mis en scène, une femme vêtue de blanc et un homme en costume noir oscillent sur les
inflexions musicales des Suites pour piano de Giacinto Scelsi : déplacements glissés, jeux d'apparitions et de disparitions au seuil des portes,
effleurements d'objets quotidiens...
Depuis le début des années 80, Nicole Mossoux et Patrick Bonté créent, en Belgique, des spectacles où la danse s'intègre à un travail
méticuleux de mise en scène. Univers atypique aux multiples références littéraires, musicales ou picturales, comme par exemple pour leur
spectacle Les hallucinations de Cranach l'ancien, inspiré de l'oeuvre du peintre et graveur allemand.
Patrick Bossatti
Sensuelle solitude
1995, 7', couleur, fiction, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Nils Tavernier
Chorégraphie : Kader Belarbi
Musique : Marc Perrone
Production : Gaïa films
Au centre de l'image, noire, un point blanc semble bouger. Peu à peu, la silhouette de la danseuse devient plus précise et emplit tout
l'écran. Vive, la musique de Marc Perrone sert de fil conducteur aux enchaînements de danses qui se succèdent : des couples de danseurs
baroques, de mariés romantiques, des danseurs de flamenco...
Mais tout cela n'est qu'un songe : la caméra fixe l'image d'un dormeur allongé sur un divan rouge vif. Kader Belarbi, étoile de l'Opéra de
Paris, se lève et danse un bref solo avant de replonger dans le sommeil. Pour ce court film qui laisse rêveur le spectateur éveillé, il signe
ainsi une chorégraphie qui n'exprime ni son talent d'interprète classique, ni son goût pour les expériences contemporaines.
Fabienne Arvers
Serge Peretti, le dernier Italien
1997, 65', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Dominique Delouche
Interprétation : Serge Peretti
Production : les Films du Prieuré
On l'appelle "maître" et c'est aussi avec beaucoup de déférence que Dominique Delouche filme Serge Peretti, figure imposante de l'Opéra
de Paris depuis les années 30. Jusqu'à sa mort en 1997, il eut à coeur de transmettre son art aux petits rats comme aux danseurs étoiles de
l'Opéra.
Dominique Delouche construit son portrait en donnant longuement la parole à Serge Peretti, mais aussi à ceux qui l'ont connu : Yvette
Chauviré, Claude Bessy, Serge Atanassof. Films d'archives et photographies viennent illustrer le parcours d'un danseur d'exception
surnommé "le petit Vestris", dont le style fut unanimement célébré. Vieilli, la voix éraillée, on le voit également faire travailler Nicolas Le
Riche, Jean-Yves Lormeau : dans sa mémoire, chaque geste, chaque intention dramatique est restée gravée avec une précision stupéfiante.
De même, il se souvient comment durant l'Occupation, Lifar négocia avec la Kommandantur pour lui éviter d'aller se battre en Italie
contre la France, son pays d'adoption, en faisant valoir aux Allemands qu'ils gagneraient davantage à le voir danser !
Fabienne Arvers
Serial raver
1995, 54', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Yann Richet
Production : Io production, Images +
Interdites par les forces de l'ordre, les "raves" sont presque partout rentrées dans la clandestinité. Le film s'ouvre sur une définition :
"Raves, de l'anglais to rave, délirer, s'extasier, rassemblement, à l'origine clandestin, de passionnés de musique techno." Yann Richet se
propose d'aborder tous les tabous qui s'y rapportent : drogue, rébellion, refus de la société...
Faire la fête, tel est le premier leitmotiv des ravers, une fête qui ressemble à un rituel et implique l'appartenance à une tribu, le désir de
s'oublier dans la transe. Un musicien dit : "Je propose une musique pour décérébrer les gens." Une autre ajoute : "La techno, c'est bien, ça
tue le temps, ça tue l'espace." Certains n'hésitent pas à consacrer la techno comme un mouvement contestataire supérieur à celui des
beatniks ("qui accordaient trop de place aux mots") ou des punks et d'en vouloir pour preuve leurs rapports avec l'autorité, le pouvoir, la
politique, le travail. En témoignent, par exemple, les nombreux labels blancs qui produisent des disques sans noms sur les pochettes,
imprimés à l'étranger et qui échappent à la TVA, ne se déclarent pas à la Sacem, bref, "ne rapportent rien au gouvernement".
Fabienne Arvers
Un siècle de danse
Du romantisme au néonéo-classique (1)
1992, 50', couleur, documentaire, danse, VHS
Conception : Sonia Schoonejans
Réalisation : Sonia Schoonejans
Interprétation : Judith Magre
Production : La Sept, Pathé télévision, Duran, Gédéon
Au début du siècle, l'école russe de danse classique est un des fleurons culturels de la Russie des tsars. Petipa y règne en maître, avant que
Diaghilev ne s'en mêle. Avec Fokine, Massine, Nijinski, Nijinska, Balanchine et Lifar, il portera à sa quintessence le style russe dans le
monde. Marie Rambert en Angleterre et Béjart en France sont les héritiers de cette histoire légendaire du ballet.
Ce premier épisode suit l'évolution des Ballets russes et de leurs multiples influences esthétiques sur la danse classique du début du siècle à
nos jours et tente de décrire comment le ballet romantique s'est métamorphosé en ballet néo-classique au contact des arts plastiques et des
événements sociaux et culturels ; en Grande-Bretagne, Marie Rambert (qui danse Le sacre du printemps de Nijinski) imagine une danse plus en
phase avec les grands thèmes de son époque ; Ninette de Valois, une de ses comparses des Ballets russes, fonde le Royal Ballet de Londres
et crée dans la tradition de Diaghilev le ballet Façade, inspiré des poèmes d'Edith Sytwel à propos des excentriques anglais ; enfin, Béjart
témoigne de son angoisse et exhibe sa solitude dans Symphonie pour un homme seul.
Patrick Bossatti
Un siècle de danse
De l’académisme au classique abstrait (2)
1992, 54’, couleur, documentaire, danse, VHS
Conception : Sonia Schoonejans
Réalisation : Sonia Schoonejans
Interprétation : Judith Magre
Production : La Sept, Pathé télévision, Duran, Gédéon
Balanchine sert d'emblème à l'évolution de la danse classique vers l'abstraction. Le documentaire nous fait revivre ses premiers contacts
avec la chorégraphie à l'école impériale Marynski de Saint-Pétersbourg (1913), son passage dans les Ballets russes, son installation à New
York (1934) et son retour tardif en URSS (1962). Armitage et Forsythe sont nommés comme ses héritiers les plus probants.
En faisant la part belle à cette catégorie dite du 'ballet abstrait', Sonia Schoonejans rend hommage à une des formes les plus vivantes de la
danse classique qui poursuit désormais son évolution au-delà des codes académiques, tout en respectant une tradition et une technique
corporelle héritées de la fin du 18ème siècle. Au fil des documents d'archives, on perçoit comment Balanchine 'nettoya' le ballet de son
décorum pour ne garder que les lignes et l'énergie de la danse. La démarche d'un William Forsythe poursuit ce travail en s'inspirant de
l'architecture déconstructiviste, visant à rendre visible la structure même du mouvement. Karole Armitage semble un peu 'rapportée' dans
cette lignée, elle qui prône le retour au classicisme par réaction et provocation punk, plus que par tradition.
Patrick Bossatti
Un siècle de danse
De la danse libre
libre au tanztheater (3)
1992, 51', couleur, documentaire, danse, VHS
Conception : Sonia Schoonejans
Réalisation : Sonia Schoonejans
Interprétation : Judith Magre
Production : La Sept, Pathé télévision, Duran, Gédéon
En opposition au ballet classique, une danse d'expression naît au 19ème siècle en Allemagne. Les recherches de Laban font de la danse
expressionniste entre les deux guerres, une des disciplines prépondérantes des mouvements artistiques viennois et berlinois. Reconnue dès
son apparition, elle occupe les lieux officiels. Malgré son extinction au début des années 60, Pina Bausch en est l'héritière.
Le documentaire nous entraîne dans les existences croisées de Rudolf von Laban et de Mary Wigman, pionniers de la danse
expressionniste. Fondée sur une idée du mouvement généreuse et libre, cette danse, qui se propose d'exprimer les sentiments intérieurs de
l'être, se brûlera à la flamme tragique du nazisme. Courageusement et avec plus ou moins de clairvoyance, les émules du mouvement libre
dénonceront de façon métaphorique le théâtre des cruautés humaines par des danses courtes et percutantes ou de grands chorus
dramatiques, fresques enlevées aux charniers des deux guerres et aux faillites de la société moderne. On regrette qu'à côté de Pina Bausch,
ne soit pas évoquée, pour la période récente, la chorégraphe Susanne Linke qui fait le lien entre l'expressionnisme et le tanztheater.
Patrick Bossatti
Un siècle de danse
De la modern à la postpost-modern (4)
1992, 53', couleur, documentaire, danse, VHS
Conception : Sonia Schoonejans
Réalisation : Sonia Schoonejans
Interprétation : Judith Magre
Production : La Sept, Pathé télévision, Duran, Gédéon
Ted Shawn et Ruth Saint-Denis fondent la compagnie Denishawn (1915) et sont à l'origine de toute la danse moderne américaine. Martha
Graham, leur élève, élabore à partir des années 30 un style et une technique qui vont être enseignés partout dans le monde. Plus tard,
Cunningham d'un côté, Lucinda Child et Trisha Brown de l'autre ouvrent de nouvelles voies créatrices.
Faire l'histoire de la danse américaine, c'est raconter en filigrane l'histoire critique de son pays. D'origine métisse, la danse de Saint-Denis
regarde aussi vers l'Orient. Progressiste et anticonformiste, Ted Shawn invente la danse masculine où les danseurs ne sont plus réduits au
rôle de porteur. Témérité, recherche de l'absolu, efficacité : Martha Graham créé un système aussi complexe que la danse classique et
revisite les grands mythes féminins (Médée, Hérodiade, Clytemnestre...) ; elle égratigne le puritanisme et le racisme ambiants et tente de
saisir les tréfonds de l'âme humaine. Pionnier, novateur, chercheur, Cunningham opère une rupture totale avec le système de
représentation hérité de la danse de cour européenne et introduit l'aléatoire comme forme esthétique.
Patrick Bossatti
Un siècle de danse
La danse contemporaine, l'explosion (5)
1992, 54', couleur, documentaire, danse, VHS
Conception : Geneviève Vincent
Réalisation : Luc Riolon
Interprétation : Claude Villers
Production : La Sept, Pathé télévision, Duran, Gédéon
La danse contemporaine s'affirme comme un art à part entière, en prise directe avec le monde. Dans les années 70 et 80, les chorégraphes
français occuperont le devant des scènes internationales en dégageant une esthétique originale issue de trois courants essentiels : américain,
allemand et oriental. Cinquième et dernier volet de la série Un siècle de danse, consacré à la période 1968-1992.
Le rappel de la rupture avec les académismes, dans la tradition des avant-gardes, puis le choix d'une présentation non chronologique,
donnent au film un rythme moins conventionnel que les précédents. Le parti pris de ne pas commenter les images d'archives, mais de
procéder en revanche à une analyse des processus de création spécifiques aux chorégraphes et aux oeuvres, donne le sentiment d'un art
paradoxalement immature, parce qu'en pleine recherche, mais exigeant et responsable de par ses engagements et ses centres d'intérêt.
Patrick Bossatti
Six dances
1997, 14', couleur, adaptation, danse, DVD
Réalisation : Hans Hulscher
Chorégraphie : Jiri Kylian
Musique : Wolfgang Amadeus Mozart
Interprétation : Urtzi Aranbura, Caroline Armenta, Patrick Delcroix, Lisa Drake, Ivan Dubreuil, Nancy Euverink, Karine Guizzo,
Johan Inger, Paul Lightfoot, Fiona Lummis, Ken Ossola, Elke Schepers, Stefan Zeromski
Production : NPS, NDT, NHK, RM Arts
C'est un exercice de style, une variation joyeusement balancée dans les tours et détours de l'adage suggérés par les compositions de Mozart.
Hans Hulscher profite du silence, prélude à la musique, pour balayer avec sa caméra les danseurs alignés sur la scène, graves et immobiles un leitmotiv dans les chorégraphies de Jiri Kylian.
Premier clin d'oeil : une perruque s'envole dans les cintres et l'homme croque dans une pomme. Le signal de l'action est donné : le
mouvement s'emballe et, pour mieux s'élaborer ensuite en suivant les canons en vigueur dans le ballet classique, s'autorise, en toute
lucidité, une jolie parodie de pantomime. Entre chaque danse, les danseurs troquent leur mobilité contre un lent glissement derrière des
robes gonflées, noires et rigides - des soupirs et des pensées de l'ombre dans les interstices du bonheur. Le réalisateur ne se départit pas de
son habituelle neutralité : les mouvements de caméra sont plutôt rares et toujours justifiés par le souci de capter toutes les composantes
visuelles de la chorégraphie.
Fabienne Arvers
So schnell
1993, 58', couleur, adaptation, danse, U-matic
Réalisation : Charles Picq
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Musique : Jean-Sébastien Bach
Interprétation : Rita Cioffi, Priscilla Danton, Matthieu Doze, Olivia Granville, Nicolas Héritier, Dominique Jegou, Myriam Lebreton,
Catherine Legrand, Sylvain Prunenec, Annabelle Pulcini, Fabrice Ramalingom, Juan Manuel Vicente
Production : Agat films & cie, Carnets Bagouet, La Coursive, CGP
Petits sauts de cabri, changements vifs de direction, courbes des bras, angles marqués des coudes et des genoux entraînés par le dos :
l'alphabet gestuel de Dominique Bagouet paraît d'une imagination sans fin. Pièce magistralement élaborée pour les grands plateaux d'opéra,
So schnell, depuis sa création, s'est enrichie d'un prologue, duo dansé en silence alternant gravement harmonie et insolence
La construction musicale (la cantate BWV 26 de Jean-Sébastien Bach et un montage d'éléments sonores de Laurent Gachet), le décor et les
costumes expriment un certain primitivisme. Les grandes peintures évoquent le pop-art et la production industrielle d'images, impression
renforcée par le son des machines de l'entreprise familiale Bagouet qui emplit le silence. La danse n'en est que plus rigoureuse : les
déhanchements de twist, les poings fermés des boxeurs, la course folle d'un sprinteur, se conjuguent sans problème aux autres valeurs
chorégraphiques. La cohérence de l'ensemble réside dans la fantaisie assumée de tous les détails.
Fabienne Arvers
Solstice
1997, 11', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Christophe Bargues
Chorégraphie : Héla Fattoumi, Eric Lamoureux
Interprétation : Héla Fattoumi, Eric Lamoureux
Production : Lancelot films, Urvan Letroiga, CGP, Canal +
Extrait du spectacle que l'on pourrait qualifier de manifeste tant il opposait à la clameur du monde un silence fertile et bruissant, ce duo a
l'intensité d'une épigraphe. On y retrouve la quintessence de la pièce, rêvée dans un désert d'Afrique, élaborée patiemment, geste par geste,
regards tendus et nuques souples, par deux danseurs d'exception : Héla Fattoumi et Eric Lamoureux.
Marche lente, bras en hélices, valse inventée et parcours latéraux, la danse est intérieure avec de rares excès, tels ces portés incisifs qui
émaillent les figures ondoyantes, solitaires dans leur cheminement, en accord majeur avec la musique de Christophe Séchet et celle
d'Anouar Brahem, extraite de l'album Conte de l'indicible amour. En s'attardant sur chaque danseur, délaissant volontiers les plans d'ensemble
pour saisir la singularité de deux parcours croisés, Christophe Bargues exalte une danse non fusionnelle, débarrassée de tout excès.
Fabienne Arvers
Song
1986, 25', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Charles Picq
Chorégraphie : Carolyn Carlson
Musique : René Aubry
Interprétation : Carolyn Carlson
Production : CGP, Théâtre de la Ville, Arcanal
Du célèbre solo Blue lady (1983), le réalisateur et la chorégraphe ont décidé de ne garder que quelques images fortes : la femme au chapeau,
la mort fardée... Le film nous emmène dans une déambulation bucolique à travers les paysages de Finlande, terre d'élection de la danseuse.
Sur la musique, aimable et entraînante, de René Aubry, 'la' Carlson offre une ode gestuelle à la nature.
De graphique, presque minimale et avant tout abstraite, la danse de Carolyn Carlson est devenue théâtrale et narrative. Le solo Blue lady est
une des prémisses de cette transformation. Charles Picq est allé dans ce sens quand il a mis en images cet autoportrait dansé, trois ans
après la création du spectacle que Carlson a donné dans le monde entier. Superpositions poétiques d'images, arrêts, ralentis, accélérés
donnent à la matière dansée une densité onirique et créent un "réalisme fantastique" que la chorégraphe développera dans nombre de ses
productions par la suite.
Patrick Bossatti
Le sourire de Reims
1990, 13', couleur, fiction, danse, U-matic
Conception : Marilen Breuker, Luc Petton
Réalisation : Bernard Ferry
Chorégraphie : Marilen Breuker, Luc Petton
Interprétation : Miguel Bernigaud, Marilen Breuker, Luc Petton, Roland Van Loor
Production : La Sept, Dakota productions
Course poursuite chorégraphique entre un visiteur vêtu de bleu et un groupe de statues vivantes dans le dédale minéral des toits de la
cathédrale de Reims. La célèbre figure souriante d'un ange du porche tient lieu de fil rouge à cette escapade.
Le film met l'accent sur la symétrie et la complexité de l'architecture gothique par des cadrages audacieux. De nombreux plans
panoramiques rendent compte avec justesse de l'impression de 'ville de pierre' qu'est la toiture de la cathédrale.
Patrick Bossatti
Speaking in Tongues
1993, 56', couleur, adaptation, danse, VHS et DVD
Réalisation : Matthew Diamond
Chorégraphie : Paul Taylor
Musique : Matthew Patton
Interprétation : Rachel Berman Benz, Elie Chaib, Mary Cochran, Patrick Corbin, Hernando Cortez, Christopher Gillis, Francie
Huber, Joao Mauricio, Cathy McCann, Thomas Patrick, Denise Roberts, Sandra Stone, Jeff Wadlington, Karla Wolfangle
Production : Thirteen, WNT
Une petite communauté américaine vit sous l'influence d'un prêcheur fondamentaliste. Leurs passions inhibées par un rituel social
extrêmement puritain trouvent un exutoire dans des séances orgiaques où leur libido se déchaîne. L'arrivée d'un jeune homme perturbe le
clan lorsqu'il essaie de leur enseigner une vie plus simple, basée sur l'acceptation des différences et sur l'amour.
Salué par la critique internationale, ce ballet néo-classique, créé en 1989 à New York, est une des pièces maîtresses de la compagnie de Paul
Taylor. Le chorégraphe, d'abord soliste chez Martha Graham dans les années 50, développe une danse qui synthétise plusieurs influences,
de Tudor à Robbins, dans la lignée de l'expressionnisme abstrait. L'adaptation, réalisée deux ans plus tard dans les studios de Nashville,
témoigne du savoir-faire américain en la matière : découpage efficace, plans sans effets mais d'une grande efficacité. Un film et une danse
d'une grande qualité artistique destinés à un large public.
Patrick Bossatti
Le spectre de la danse
1961, 20', noir et blanc, documentaire, danse, VHS et DVD
Réalisation : Dominique Delouche
Production : Films du Prieuré
En 1961, Delouche filme la danse classique avec le regard de son époque. On suit Vyroubova dans une mise en images moderne, nous
dévoilant les multiples facettes d'une étoile au travail. Scènes prodigieuses d'un duo entre elle et Attilio Labis devant la façade de l'Opéra,
ou encore, de Lifar expliquant Giselle devant une projection du ballet interprété par la compagnie du marquis de Cuevas.
Delouche aime la danse classique et ses interprètes. Sa caméra et son sens de la mise en scène en donne la preuve esthétique. Il dit souvent
combien il fut difficile de faire accepter aux gens de l'Opéra que l'on entende la respiration des danseurs, combien il dut lutter pour
montrer le travail quotidien, la sueur, les scories et parfois les redites inhérentes à la pratique du ballet. Ce film, dont le titre fut repris
comme générique d'une série de sept courts métrages réalisés entre 1961 et 1986, fait figure de manifeste pour ce réalisateur qui s'attache à
montrer les étoiles sous un jour différent sans entacher leur aura et leur image désincarnée.
Patrick Bossatti
Le spectre de la danse
L’adage
1964, 14', noir et blanc, documentaire, danse, VHS et DVD
Réalisation : Dominique Delouche
Interprétation : Pascale de Boysson, Laurent Terzieff
Production : Films du Prieuré
"Une répétition de Giselle. L'action s'est arrêtée. On attend. Ils sont seuls en scène, immobiles. Lentement, la musique reprend et les lignes
de leur corps commencent à s'émouvoir, à se conjuguer. Les gestes de l'amour s'enchaînent alors selon le plus savant et le plus chaste des
rituels. C'est ce qu'on appelle l'adage."
On sent Delouche passionné par la scène et les danseurs. Par le cadre et la mise en scène, il magnifie cet exercice très délicat qui n'a été
enseigné à l'Opéra de Paris qu'à partir de la nomination de Lifar. L'image décompose le mouvement, insiste sur le travail de répétition et
donne une vision très contemporaine de l'art du ballet romantique.
Patrick Bossatti
Le spectre de la danse
Aurore
1982, 16', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Réalisation : Dominique Delouche
Production : Films du Prieuré
1982. Rosella Hightower, directrice de la danse à l'Opéra de Paris, enseigne le rôle d'Aurore (La belle au bois dormant) à Elisabeth Platel, alors
première danseuse étoile. Rosella n'a rien oublié : direction des yeux, sentiment, expressivité. Elle transmet avec une scrupuleuse précision
la joie et l'amour, d'autant mieux exprimés que les codes ancestraux parviennent à être transcendés.
Une magnifique leçon d'interprétation sous le regard discret de Dominique Delouche qui s'attarde parfois sur les pieds et les mains de la
jeune danseuse guidés et accompagnés par ceux de son maître de danse.
Patrick Bossatti
Le spectre de la danse
Autour de la Sylphide
Sylphide
1984, 9', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Réalisation : Dominique Delouche
Production : Films du Prieuré
Autour du trio célèbre de La Sylphide, le réalisateur saisit une leçon de danse et met en scène les danseurs dans un clair-obscur brumeux où
James, le héros du ballet, interprété ici par Michaël Denard, se laisse doucement enchaîner par les bras de ses partenaires, Yannick
Stéphant et Ghislaine Thesmar.
Patrick Bossatti
Le spectre de la danse
Le cygne
1983, 11', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Réalisation : Dominique Delouche
Production : Films du Prieuré, Cinémathèque française
Assise, la tête renversée, les bras frémissants, Yvette Chauviré revit La mort du cygne. Elle transmet ici à Dominique Khalfouni son savoir et
son interprétation d'un des rôles majeurs du ballet romantique. D'une étoile à l'autre...
Patrick Bossatti
Le spectre de la danse
Leçon de ténèbres
1985, 5', couleur, adaptation, danse, VHS et DVD
Réalisation : Dominique Delouche
Interprétation : Maïa Plissetskaïa
Production : Films du Prieuré
Sous les voûtes de l'église Saint-Roch à Paris, Maïa Plissetskaïa interprète un solo inspiré par les Trois leçons de ténèbres de Couperin. De la
danse à l'état pur sur la voix du haute-contre Alfred Deller.
Patrick Bossatti
Le spectre de la danse
Pas à pas
1982, 5', couleur, documentaire, danse, VHS et DVD
Réalisation : Dominique Delouche
Production : Films du Prieuré, Cinémathèque française
C'est la structure, il faut travailler maintenant sont les seuls mots qu'échangent Dupont et Neumeier en voix off après une danse à l'état
brut. Instantané filmé dans le processus d'élaboration du duo entre le maître et l'esclave de Petrouchka sur la musique de Stravinski. Ces
images crues, sans commentaire, permettent au spectateur de plonger en direct dans l'écriture du chorégraphe allemand.
Patrick Bossatti
Stamping ground
1986, 9', couleur, adaptation, danse, VHS et DVD
Réalisation : Luc Riolon
Chorégraphie : Mark Tompkins
Interprétation : Francisco Alvero, Lulla Card, Maryline Carton, Isnel Da Silveira, Anne Fournier, Gérard Gourdot, Hélène Lasalle,
Martha Moore, Gilles Mussard, Pierre Séraphin, Howard Sonenklar, Mark Tompkins
Production : Vidéogram, Cie IDA
Dans une carrière de pierres grises, un groupe d'hommes part à la rencontre d'un groupe de femmes en piétinant le sol crayeux. Une fois
face à face, les deux groupes entament des séries de passes rituelles, entre folklore et danse de salon, incongrues dans ce paysage minéral.
L'utilisation du ralenti stroboscopique, qui décale de quelques secondes l'action du son qu'elle produit, donne à l'ensemble un caractère
onirique qu'accentue la luminosité éblouissante de la carrière. Les personnages en costumes noirs s'en détachent comme autant de
silhouettes fugitives. Adaptation pour l'image de brèves séquences de Trahisons humen, troisième partie du tryptique Trahisons de Mark
Tompkins (cf. Trahisons women et Trahisons men).
Patrick Bossatti
StSt-Georges à Aulnay
1992, 27', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Régine Chopinot
Chorégraphie : Régine Chopinot
Musique : Anne-Marie Deschamps
Interprétation : John Bateman,Jeannette Carol Brooks, Boris Charmatz, Régine Chopinot, Philippe Combes, Ensemble Mora vocis,
Georgette Louison Kala-Lobe, Joseph Lennon, Samuel Letellier, Francis Mervyn, Marianne Rachmuhl, Lin-Guang Song, Eric
Ughetto
Production : Cie Chopinot, ARP
Sur un parterre de mosaïque à l'effigie du saint terrassant le dragon, des groupes de sculptures vivantes s'animent, incarnant
chorégraphiquement les frises de l'église St-Pierre d'Aulnay de Saintonge.
Régine Chopinot retourne aux sources d'inspiration de son spectacle St-Georges, créé en 1991, en juxtaposant aux extraits de sa
chorégraphie des images de bas-reliefs d'une église romane de Charente et des croquis de Jurgis Baltrusaïtis (historien d'art et poète) qui lui
ont servi de guide gestuel. Doux jeux de correspondances plastiques et rythmiques sur les chants a cappella de l'ensemble Ars Nova.
Patrick Bossatti
Strange fish
1993, 56', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : David Hinton
Conception : Llyod Newson
Chorégraphie : Lloyd Newson
Interprétation : Kate Champion, Nigel Chamock, Jordi Cortes Molina, Wendu Houston, Diana Payne-Myers, Lauren Potter, Dale
Tanner
Chanteurs : Melanie Pappenheim
Production : DV8 Physical Theatre, BBC, RM arts
A partir du proverbe bouddhique "Il n'est pas nécessaire de connaître ce que l'on va attraper pour lancer sa canne à pêche", la conquête de
l'autre est le thème central de Strange Fish de la compagnie britannique DV8, qui, comme son nom l'indique - D(ance) V(idéo) 8 - travaille
autant chorégraphie et recréation filmique.
En plans séquences qui explorent de fond en comble une drôle de demeure, Llyod Newson et David Hinton mettent en scène de jeunes
hommes et femmes, leur quête de croyance et leurs désirs, l'étrange similitude d'affects qu'ils engendrent. Deux autres personnages
partagent leur errance : une vieille femme effacée et comme invisible, et un Christ en croix interprété par une jeune femme. L'amour est
exploré dans ses dimensions physiques et métaphysiques, dans ses confrontations comme dans ses renoncements, dans ses tentatives
comme dans ses échecs. Un couloir, une salle de bar, un lieu de culte : chaque lieu se réduit à une proposition frontale, le mur restant
l'espace de prédilection d'une danse qui s'y déploie, s'y découpe et s'y heurte. Un film aussi perturbant et convaincant que l'avait été le
spectacle.
Fabienne Arvers
Stravinsky - Tango
1991, 3'09, couleur, documentaire, musique, VHS
Réalisation : Olivier Bernager
Interprétation : Nikita Magaloff
Production : Panda movies, Ludwigvan
Olivier Bernager a construit ce clip autour d'un document des années 20 : la démonstration d'un couple de danseurs de tango. Il y ajoute
des photos de Stravinsky au piano, des vues d'époque de Buenos-Aires, ainsi que les mains du pianiste (Nikita Magaloff) qui interprète
l'oeuvre.
Les photos viennent se superposer au document filmé au rythme de découpages colorés, en une danse visuelle qui rend hommage à
l'humour et au piquant du tango revisité par Stravinsky.
Guillaume Courtier
Striptiz
1986, 47', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Bertrand Merino
Chorégraphie : Alis, Georges Appaix, Pierre Droulers, Lila Greene, Lulu, Graziella Martin, Karine Saporta, Jean-Claude Wouters
Musique : Hector Zazou
Interprétation : Anne, Nelly Boisseau, Flore Buri, Hélène Desplat, Eric Fank, Paula Klein, Karine Saporta, Sophie
Production : Arcanal, Centre audiovisuel de Paris, Duran, Théâtre de la Bastille
Au milieu des années 80, des représentants de la jeune danse française flirtent avec la mode. Huit chorégraphes s'inspirent des créations de
stylistes (C. Thomas, J. Shimada...) pour dévêtir huit danseuses ou danseurs. Huit clips de quelques minutes où la nudité se décline avec
érotisme (Alis), sensualité (Droulers), drôlerie (Greene), exhibitionnisme (Martinez), douceur (Appaix), etc....
Un spectacle imaginé, mis en scène et en musique par le compositeur Hector Zazou, pour le théâtre de la Bastille qui était en 1986 un haut
lieu parisien de l'avant-garde en matière de spectacle vivant.
Patrick Bossatti
Suzanne Linke, enchaînements
1991, 58', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Charles Picq
Chorégraphie : Suzanne Linke
Production : Agat films, La Sept, Ina
Par petites touches sensibles, Charles Picq évoque l'enfance autiste de la chorégraphe et revient avec elle sur les lieux de son hospitalisation
et de son réapprentissage de la parole suite à une méningite. Susanne Linke raconte sa rencontre avec Dore Hoyer et Mary Wigman à
Berlin, et commente un long extrait de son solo Effekt qui met au jour le côté pulsionnel de son écriture du mouvement.
C'est de Mary Wigman, qui désirait que chacun "se découvre lui-même au travers de la conscience de son corps", que Susanne Linke a
hérité la force expressive qu'elle met en scène dans ses spectacles. La chorégraphe, qui désire "introduire du vent dans l'espace de la danse
afin de prendre conscience du monde extérieur par le mouvement", nous fait partager les processus qui l'ont lentement amenée à élaborer
des solos basés sur les aventures de sa perception et la reconstruction de sa personnalité. Le réalisateur nous entraîne dans le chemin de
cette conquête sur l'indicible et la folie, et dresse le portrait éclaté d'une femme qui ressemble à son pays : profondément redevable de ses
traditions et toujours en doute et en affirmation de son identité.
Patrick Bossatti
Swan Lake
1990, 103', couleur, adaptation, danse, VHS
Réalisation : Mans Reutersward
Chorégraphie : Mats Ek
Musique : Piotr Illich Tchaïkovsky
Interprétation : Yvan Auzely, Ballets Cullberg, Ana Laguna, Vanessa Mc Intosh, Monica Mengarelli
Production : Sveriges television
Cette version du Lac des cygnes a été créée en 1987 par le turbulent fils de Birgit Culberg qui dirigea avant lui les ballets du même nom. Si
elle ne prétend pas faire date dans l'histoire, elle a le mérite de 'décrasser' le mythe. Hommes et femmes ont le crâne lisse et un chignon de
chair sur la nuque, artifice qui ne parvient pas à enlaidir la sublime Odette/Odile qu'est Ana Laguna.
Dans les années 80, Mats Ek écrit pour sa compagnie de nombreux ballets qui tentent une relecture psychanalytique des grandes oeuvres
romantiques. (Sa Giselle, par exemple, reste un chef d'oeuvre d'invention. Ana Laguna y joue le rôle d'une folle de village parfaitement
crédible.) Ici, dans Le lac des cygnes, on sent l'intention volontairement provocatrice du chorégraphe ; sa gestuelle, toujours empreinte de
pantomime et de mouvements sexuellement allusifs, fait mouche plus d'une fois. La réalisation télévisuelle a pris le parti de respecter
l'intégralité du ballet, sans resserrer l'action, qui paraît parfois un peu longue à l'écran.
Patrick Bossatti
Tant mieux, tant mieux
mieux !
1983, 49', couleur, fiction, danse, DVD
Réalisation : Dominique Bagouet, Charles Picq
Chorégraphie : Dominique Bagouet
Musique : Sven Lava
Interprétation : Nuch Grenet, Sylvie Giron, Bernard Glandier, Catherine Legrand, Angelin Preljocaj, Michèle Rusi
Production : Compagnie D. Bagouet, CCR Montpellier, Festival international Montpellier-danse
1983 fut pour Bagouet l'année de la métamorphose, du rituel d'exorcisme : la création du spectacle F. et Stein, adouci et prolongé par le film
Tant mieux, tant mieux ! Dans l'écho halluciné des riffs électriques du guitariste Sven Lava Polhammer, on perçoit, aujourd'hui, tout ce que
ce film semble inventorier d'acquis et de promesses, de développements dynamiques et d'influences discrètes.
Dominique Bagouet a pour le mouvement un tel amour que chaque geste, aussi ténu soit-il, est porté à ce que James Joyce appelle
l'"épiphanie" de son expression. Au début du film, les danseurs en cercle effleurent de leurs doigts leur visage et exécutent avec application
des gestes minuscules, à peine perceptibles. La caméra les suit avec insistance et joue aussi à les faire disparaître et réapparaître avec
désinvolture ; elle s'attarde à observer leurs jeux, leurs désirs et leurs attentes. La variété des décors, des actions et des costumes s'imprime
en touches légères. Aucune insistance, pas la moindre narration ou le plus petit développement chorégraphique, mais l'exploration
gourmande d'un champ immense, infini : tout est possible, semble dire Bagouet, tout reste à faire. Et c'est tant mieux !
Fabienne Arvers
Tauride
1992, 26', couleur, adaptation, danse, VHS
Réalisation : Teo Hernandez
Chorégraphie : Catherine Diverrès
Interprétation : Lluis Ayet Puigarnau, Thierry Bae, Fabrice Dasse, Katja Fleig, Olivier Gelpe, Anne Koren, Vera Mantero, Bernardo
Montet, Marie-Hélène Mortureux, Rita Quaglia, Giuseppe Scaramella
Production : Studio DM
La caméra de Teo Hernandez est au coeur de la danse et, à l'image de ce nouveau-né qui tète le sein maternel, elle s'attarde avec
gourmandise sur un corps, une phrase gestuelle ou une lumière, sans se soucier de livrer une restitution homogène de la pièce de Catherine
Diverrès créée en 1992. Le contraste entre les mouvements de groupe et les solos, entre les pleurs, la mise à mort et les scènes d'amour, est
souligné par les constantes variations de vitesse de l'image - fixe, accélérée, ralentie - et le passage du noir et blanc à la couleur. Tauride est
le dernier film réalisé par Teo Hernandez, décédé en août 1992, complice de longue date du duo Catherine Diverrès et Bernardo Montet.
Fabienne Arvers
Tirtha
1985, 25', couleur, fiction, danse, VHS et DVD
Réalisation : Daniel Ambash
Chorégraphie : Maguy Marin
Musique : Arturo Rayon
Interprétation : Héléna Berthelius, Luna Bloomfield, Raymond Brisson, Frédéric Cornet, Yann Gerbron de Graval, Christiane Glik,
Mychel Lecoq, Françoise Leick , Sylvie Péron, Cathy Polo, Jean-Marie Rase, Anna Rodriguez, Adolfo Vargas, Karin Vyncke
Production : Arcanal, Starcam, Cie Maguy Marin
Travaillée depuis l'origine des temps, la roche, devenue sable et boue, laisse apparaître des êtres mi-reptiles, mi-humains. Dans des
anfractuosités rocheuses balayées par les vagues, mâles et femelles s'accouplent et se manipulent selon des rituels primitifs oubliés, une
gestuelle composée de reptations et d'attouchements, essentiellement organique et animale.
Maguy Marin a retrouvé sur les plages de Calabre le paradis qu'elle semble souvent chercher avec ses danseurs (Babel Babel, Eden, etc.). Les
scènes subaquatiques, les plans d'écume et de ressac, les images colorées de luisances minérales sont autant de métaphores du coït originel.
Le film invente cet endroit mythique où les éléments ne sont pas encore tout à fait dissociés, où l'humain sort à peine de sa gangue.
Patrick Bossatti
Totempol
1994, 8', noir et blanc, fiction, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Nicole Corsino, Norbert Corsino
Chorégraphie : Nicole Corsino, Norbert Corsino
Musique : Jacques Diennet
Interprétation : Jacques Boyer, Nicole Corsino, Norbert Corsino, Ana Texido
Production : Danse 34 productions
Dans cette fiction chorégraphique, la lumière tient sans conteste le rôle principal. Elle ramasse et déroule le grain de l'image, gonfle le noir
et épaissit le blanc. Des danseurs émergent de ce décor virtuel et sont bientôt remplacés par des silhouettes obtenues grâce au logiciel Life
Forms déjà utilisé par Merce Cunningham.
Ce va et vient entre des images du réel et la déconstruction systématique d'environnements virtuels unit dans une perception commune le
mouvement et la lumière. Depuis près de 15 ans, Nicole et Norbert Corsino tentent des aventures chorégraphiques hors du champ du réel
et font sortir le corps de son espace traditionnel de représentation pour le confronter à la vidéo en employant des techniques d'écriture
empruntées à la littérature. "Ce sont les procédés d'écriture qui nous intéressent : leur aspect combinatoire avec des séquences, des
fragments d'histoires qui sont à agencer dans un esprit de libre circulation de la part des spectateurs. On retrouve cela dans les
mathématiques." Totempol... presque un manifeste scientifique...
Fabienne Arvers
Les tournesols
1991, 22', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Dominique Petit, Claude Val
Chorégraphie : Dominique Petit
Interprétation : Rodolfo Araya, Giovanni Cédolin, Frédéric Lescure, Nasser Martin, Yann Marussich, Dominique Petit, Sabby
Saadaoui, Kader Zeghari
Production : Arcanal, CR Ile-de-France (Iles de danses), FR3 Limousin-Poitou-Charentes, Cie Dominique Petit, Lieurac productions
Lumière d'aurore. Un homme marche dans un paysage de Provence endormi. Il monte vers un village. Sur le muret d'une place qui
surplombe la vallée, il découvre un autre homme assoupi. D'autres hommes attendent dans les rues désertes. Bientôt, tous se retrouvent
sur la place et enchaînent des danses de groupe et des solos, tour à tour nonchalants et nerveux.
Ces danses d'hommes, rudes, provenant d'une chorégraphie de Dominique Petit inspirée de la vie de Vincent Van Gogh, semblent s'être
revivifiées pour l'image. Le film insiste sur l'aspect rituel de l'écriture gestuelle. L'atmosphère y est délibérément méditerranéenne. Une
réalisation subtile, loin des clichés qu'inspire souvent la vie du peintre amoureux de la lumière du midi de la France.
Patrick Bossatti
Tout près des étoiles – Les danseurs de l’Opéra de Paris
2000, 95', couleur, documentaire, danse, DVD
Réalisation : Nils Tavernier
Production : Little Bear, Gaïa films, Canal +
En 1999, Nils Tavernier a partagé pendant plusieurs mois la vie du corps de ballet de l’Opéra de Paris. Extraits de spectacles et
échauffements en coulisse, enseignement et répétitions, la caméra pénètre peu à peu dans l’intimité de ce monde particulier. Le réalisateur
interroge les danseurs et des thèmes essentiels surgissent : le choix de ce métier, la discipline, l’effort physique, le miroir, la solitude, la
retraite...
Le titre de ce premier long-métrage réalisé dans les coulisses de l’opéra Garnier en annonce les images : le corps de l’Opéra de Paris est
filmé au plus près sur un rythme souvent haletant, rendant compte en cela du travail incessant des interprètes. Le projet de Nils Tavernier
était de montrer ce mouvement perpétuel, la façon dont s’exprime l’émotion des corps. Tournées, répétitions, représentations de différents
ballets qui s'enchaînent, séances d’habillage et de maquillage, ces scènes de la vie quotidienne rendent hommage au rêve des danseurs et à
leur engagement dans cette discipline exigeante. Grâce aux nombreux témoignages, le monde difficile et très hiérarchisé du ballet devient
ici un espace de rencontre avec des personnalités fortes et attachantes. Un film qui, selon le réalisateur, cherche à comprendre
l’inexplicable : la grâce. Irène Filiberti
Trahisons men
1985, 12', couleur, adaptation, danse, VHS
Réalisation : Luc Riolon
Chorégraphie : Mark Tompkins
Musique : Hélène Sage
Interprétation : Gérard Gourdot, Gilles Mussard, Josef Nadj, Pierre Séraphin, Howard Sonenklar, Mark Tompkins
Production : Vidéogram, Cie IDA
Torse nu, des hommes s'avancent en file indienne, en rang d'oignons, s'enlacent, tombent selon un répertoire de gestes inspirés des
décompositions photographiques du mouvement du major Muybridge au début du siècle. Une étrange 'virée' sur les bricolages bruitistes
d'Hélène Sage et les savantes lumières de Françoise Michel. Une pièce tantôt comique, tantôt tragique.
Une version courte du spectacle Trahisons men fut primée au concours de Bagnolet en 1984. La version longue, filmée un an plus tard au
théâtre de la Bastille à Paris, est la première partie du tryptique Trahisons (Trahisons men, Trahisons women, Trahisons humen). D'origine
américaine, Mark Tompkins, arrivé à Paris à la fin des années 70, s'illustra dans de nombreux one man shows proches de la performance
dansée. Il fut interprète de Hideyuki Yano et un des pionniers de la jeune danse française des années 80.
Patrick Bossati
Trahisons women (version courte)
1986, 12', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Luc Riolon
Chorégraphie : Mark Tompkins
Mise en scène : Mark Tompkins
Musique : Hélène Sage
Interprétation : Lulla Card, Maryline Carton, Isnel Da Silveira, Anne Fournier, Hélène Lasalle, Martha Moore
Production : Centre audiovisuel de Paris, Duran, Arcanal
Morceaux choisis du deuxième volet du tryptique Trahisons. Six femmes déclinent en jouant un répertoire de pauses, jeux et actions
gestuelles élémentaires, répétés en canon dans un espace scénique exigu en forme de triangle ouvert vers le public. Une femme se balance
vertigineusement, frôlant ses partenaires au son grinçant et amplifié des câbles qui soutiennent l'escarpolette.
L'image contrastée, noire et blanche, joue avec les ombres des danseuses que l'architecture lumineuse de Françoise Michel projette sur la
scénographie angulaire de Félix Perrotin. Ralentie ou accélérée, aucune situation n'est filmée en temps réel : un parti pris qui accentue
l'atmosphère onirique du spectacle.
Patrick Bossatti
Trahisons women (version longue)
1986, 58', couleur, adaptation, danse, U-matic
Réalisation : Luc Riolon
Chorégraphie : Mark Tompkins
Mise en scène : Mark Tompkins
Musique : Hélène Sage
Interprétation : Lulla Card, Maryline Carton, Isnel Da Silveira, Anne Fournier, Hélène Lasalle, Martha Moore
Production : Centre audiovisuel de Paris, Duran, Arcanal
Une femme, juchée sur un moniteur vidéo suspendu, telle un oracle moderne. A ses côtés, deux autres femmes dont les ombres sont
projetées sur les murs blancs du décor, tournoient sur des balançoires. Premiers instants d'une chorégraphie composée d'actions simples,
de marches, de manipulations issues de la danse-contact : un répertoire de gestuelles élémentaires, décliné en canons ou deux à deux.
L'image suit ce ballet pour six danseuses, baigné d'ombres et de clairs-obscurs imaginés par Françoise Michel. Le montage respecte la
construction par nappes du spectacle où chaque séquence recouvre la suivante sans que l'on puisse véritablement repérer de parties
distinctes. Trahisons women, créé en avril 1986 au théâtre de la Bastille, est la deuxième partie du tryptique Trahisons (men, women, humen)
de Mark Tompkins.
Patrick Bossatti
Trapp (l'escalier)
1990, 11', couleur, fiction, danse, VHS
Conception : Dominique Brunet, Henrik Moseid
Réalisation : Dominique Brunet, Henrik Moseid
Chorégraphie : Dominique Brunet
Musique : Jean-Jacques Palix
Interprétation : Dominique Brunet
Production : De zèbre, Production Debris, AIA, Esec
C'est une danse écrite sur un banc de montage mêlant des photos noir et blanc et des séquences vidéo. A l'origine de ce film, la rencontre
entre Henrik Moseid, jeune réalisateur norvégien, et la danseuse Dominique Brunet, interprète de Stéphanie Aubin et co-fondatrice de la
compagnie d'interprètes La Ronde.
La danse et l'image peuvent-elles se rencontrer à travers le mouvement sans que l'une prenne le pouvoir sur l'autre ? L'écriture de chacune
des composantes de ce film constitue un début de réponse. "J'ai écrit une danse de 4 minutes pour l'escalier du théâtre de Chaillot, raconte
Dominique Brunet. Neuf photographes étaient disposés en cercle et devaient utiliser les neuf vitesses de prises de vue. C'était écrit comme
une partition musicale. Il y avait aussi trois vidéastes. Nous avons vraiment écrit la chorégraphie en salle de montage, en alternant des
photos nettes, d'autres qui gardent la trace d'un mouvement, et des passages vidéos qui introduisent la couleur." Une expérimentation
réussie et inclassable. Fabienne Arvers
TriptyqueTriptyque-danse
1986, 14', couleur, adaptation, danse, U-matic
Réalisation : Michel Bastian
Chorégraphie : Didier Deschamps, Pierre Doussaint, Isabelle Dubouloz, Angelin Preljocaj
Musique : P.-Louis Garcia, Marc Khann
Interprétation : Jérôme Bell, Frédéric Bentkowski, Catherine Bezeix, Didier Deschamps, Pierre Doussaint, Isabelle Dubouloz, JeanPascal Gilly, Céline Gruyer, Bertrand Lombard, Nuch Grenet, Jarmo Pantilla, Angelin Preljocaj, Claire Verlet, Dominique Verpraet
Production : Arcanal, CAC Angoulême, Maximum vidéo
La valeur de ce film est avant tout documentaire : il permet de voir de jeunes danseurs et chorégraphes qui ont fait beaucoup de chemin
depuis le concours de Bagnolet auquel ils participaient en 1985. C'est malgré tout un aperçu très bref de la production foisonnante et de
l'invention des formes survenues au milieu des années 80.
Le centre d'action culturelle d'Angoulême a choisi quatre chorégraphes parmi les concurrents du concours : Didier Deschamps pour
Cavalcade (non récompensé), Angelin Preljocaj pour Marché noir (2e prix) et Isabelle Dubouloz et Pierre Doussaint qui obtinrent le premier
prix pour Sang d'encre.
Patrick Bossatti
Trisha and Carmen
1987, 13', couleur, adaptation, danse, DVD
Réalisation : Burt Barr
Chorégraphie : Trisha Brown
Interprétation : Trisha Brown, Lance Gries, Diane Madden
Production : Burt Barr, New Television, WGBH WNet
Installée dans sa loge du théâtre San Carlo de Naples, Trisha Brown se prépare à entrer en scène. Une alternance de scènes de maquillage
et de répétitions de l'ouverture de Carmen sert de fil conducteur au film de Burt Barr.
Diane Madden avance les bras levés, martelant le sol de pas menus et cadencés, bute sur Lance Gries et se laisse porter au sol sans cesser
de remuer les jambes en suivant la musique. Piétinement qui prend valeur de trait de caractère, transcription rythmée de la musique de
Bizet, la danseuse nous prévient que rien ne peut stopper la marche de la passion, fut-elle funeste. Cette scène se répète jusqu'au lever de
rideau, découvrant les danseurs costumés qui avancent l'un vers l'autre, jusqu'à l'inéluctable choc de la rencontre, en présence de Trisha,
dans une apparition quasi fantomatique, sombre et immobile.
Fabienne Arvers
Triton
1991, 25,' couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Conception : Philippe Decouflé
Réalisation : Vincent Hachet
Chorégraphie : Philippe Decouflé
Musique : Parazite, Joseph Racaille
Interprétation : Marion Ballester, Murielle Corbel, Herman Diephuis, Véronique de Franoux, Eric Martin-Gousset, Michèle
Prélonge, Christophe Salengro
Production : Gédéon, DCA, Arcanal, Canal +, CGP
Oyez, oyez ! Retrouvez dans ce film tout ce que vous avez aimé sous le grand chapiteau Decouflé : l'homme moulinette aux bras
girouettes, le couple acariâtre aux disputes volantes, le mystérieux dresseur de puces. Retrouvez Christophe Salengro, le géant
sympathique, roi du tango gymnastique. Appréciez encore une fois le solo électrique de la fée Michèle Prélonge et les malicieux
contorsionnistes.
Filmé au plus près des corps, le spectacle de Decouflé devient mystérieux et presque abstrait. Beauté des cadres qui ne révèlent qu'après
coup ce qu'ils contiennent. Touches d'images impressionnistes sélectionnant quelques numéros mais n'omettant pas l'étrange reptation
finale qui clôt ce spectacle tonique et enlevé sur un moment statique et mélancolique. Triton, créé au festival d'Avignon en 1990, est la
pièce qui amena Philippe Decouflé au grand public. De nombreux éléments chorégraphiques de ce spectacle ont été repris et développés
par quelques-uns des interprètes de la compagnie pour la cérémonie d'ouverture des jeux olympiques d'Albertville.
Patrick Bossatti
Trois minutes d'antenne
1988, 3', couleur, adaptation, danse, VHS
Réalisation : Luc Riolon
Chorégraphie : Odile Duboc
Interprétation : Odile Duboc
Production : Vidéogram
Trois minutes d'improvisation d'Odile Duboc dans l'ancienne fabrique aux allumettes d'Aix-en-Provence. Simplicité et épure, quelques
virevoltes d'une femme perdue dans ses pensées sur un sol jonché de feuilles mortes. Ce film peut servir d'emblème à toute la démarche de
la chorégraphe : prédilection pour l'extérieur, danse linéaire et décentrée, sens de l'espace, attention soutenue aux matières.
Patrick Bossatti
Trois regards intérieurs
1993, 21', couleur, adaptation, danse, U-matic
Réalisation : Harold Vasselin
Chorégraphie : Odile Duboc
Interprétation : Brigitte Asselineau, Chloé Ban, Laure Bonicel, Boris Charmatz, Anne Digout, Vincent Druguet, Anne Dubet,
Martin Freundenstein, Frédéric Gies, Dominique Grimonprez, Françoise Grolet, Stéphane Imbert, Valérie Lamielle, Anne-Karine
Lescop, Eric Lutz, Monk, Pedro Pauwels, Marie-Anne Thil
Production : Taxidermie, CICV, Contre-jour, Arcanal
Trois plans fixes. Trois lieux - un carrefour de Sochaux, un parc de Besançon, une rue piétonne à Montbéliard - traversés par la circulation
automobile, les promeneurs et les passants. Parfois, insensiblement, la population se fige, des gestes quotidiens se font doucement écho,
des attitudes riment et se répondent en canon. Un ordre sous-jacent aux choses prend forme et se défait aussitôt.
Adaptant pour l'image Sept jours, sept villes, une intervention in situ d'Odile Duboc dans les villes du l'est de la France, Harold Vasselin pose
sa caméra devant le spectacle de la rue délicatement transformé par la chorégraphe. Le cadre immobile devient le recueil d'actions infimes
que la chorégraphe tente de déposer dans le paysage urbain avec la subtilité du hasard. Partis pris cinématographique et chorégraphique se
répondent et définissent ensemble une sorte de nouvelle objectivité. Un document essentiel pour appréhender la démarche d'Odile Duboc
et les savantes compositions dansées qu'elle déploie ensuite sur scène. Un retour aux origines de son trajet chorégraphique, qui débuta à la
fin des années 70 dans les rues d'Aix-en-Provence.
Patrick Bossatti
Tumulte
1988, 8', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Camille Guichard
Chorégraphie : Anne Dreyfus
Musique : Johannes Brahms
Interprétation : Christophe Haleb, Laura Perez Cabrero
Production : Cie Anne Dreyfus, Arcanal, Salto productions
Adaptation d'un duo chorégraphié par Anne Dreyfus. Plan furtif et silencieux d'une femme qui court, happée par un rai de lumière. Puis,
sur les accords du Trio n°1 en si bémol majeur de Johannes Brahms, le couple se jette dans le mouvement entêtant d'une valse. Elle en rouge,
lui en bleu, virevoltent dans le noir profond d'un plateau nu qu'un mur de lumière éclabousse.
Une réalisation épurée qui joue sur les contrastes lumineux par d'audacieux contre-jours. La caméra discrète qui, cependant, ne lâche
jamais les danseurs et multiplie les points de vue, souligne la tension qui s'installe entre les partenaires. Le rythme du montage apporte un
souffle en contrepoint à une danse en osmose parfaite avec la partition musicale.
Patrick Bossatti
Ulysse
1994, 67', couleur, adaptation, danse, U-matic
Conception : Jean-Claude Gallotta, Peter Missotten
Réalisation : Jean-Claude Gallotta, Peter Missotten
Chorégraphie : Jean-Claude Gallotta
Musique : Serge Houppin, Henri Torgue
Interprétation : Mathilde Altaraz, Anna Ariatta, Julia Barker, Caroline Boureau, Darrel Davies, Massimo Giorgi, Prisa Harsch,
Samuel Mathieu, William Patinot, Genes Reynard, Thierry Verger
Production : CCN Grenoble, Groupe Emile Dubois, La Sept-Arte, Agat films & cie
En reprenant Ulysse l'été 1993 avec Mathilde Altaraz, seule des interprètes d'origine, Jean-Claude Gallotta travaillait à son propre répertoire.
Dans cette sorte de traité chorégraphique impertinent, Gallotta rappelle qu'il fut un temps où il jouait au chorégraphe comme d'autres
jouent à l'épicier ou au docteur.
Cet Ulysse, rayonnant de blancheur, séduit par sa verve chorégraphique et l'énergie décapante des danseurs. Le jeu purement formel de la
pièce (l'enchaînement des séquences, les mouvements de groupes et les solos ou duos apparentés à des champs/contrechamps) est relayé
efficacement par un système de correspondances visuelles, auditives et imaginaires avec Homère et Joyce. Ainsi, l'équilibre dynamique
animant le plateau, l'étirant jusque dans les coulisses, prend souvent des allures de songe éveillé ponctué de petits gestes chuchotés et de
commentaires intégrés à la matière de la danse.
Fabienne Arvers
Universal techno
1996, 63', couleur, documentaire, musique, VHS
Production : films à Lou, La Sept-Arte
Voyage historique et géographique dans l'univers de la musique techno, le film de Dominique Deluze fait l'inventaire des aspects
artistiques, sociaux et économiques qui en déterminent les formes actuelles. Née à Détroit, première ville "technologique" des Etats-Unis,
la techno s'inspire aussi de la musique électronique des années 70, celle du groupe allemand Kraftwerk en particulier.
Rien d'étonnant donc à ce que l'Allemagne soit aujourd'hui au coeur du phénomène techno ; la Love parade annuelle à Berlin, qui réunit
dans la rue plus d'un million de personnes, est là pour témoigner de son ampleur. Tout au long du film, compositeurs américains,
allemands, anglais et japonais évoquent la révolution musicale qu'ils estiment avoir provoquée en utilisant/détournant le déferlement de
l'industrie technologique. En 1973, selon le compositeur Karl Hyde, la "musique de machines" de Kraftwerk fut vite avalée par le
"marketing, démon de la société". Aujourd'hui, le principe des influences croisées (musique tribale, jazz, flamenco, etc.) est devenu
essentiel à la techno, musique multiple, dont les grands maîtres sont souvent les DJ qui officient en direct.. Fabienne Arvers
Ushio Amagatsu, éléments de doctrine
1993, 65', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Conception : Alain Plagne, André S. Labarthe
Chorégraphie : Ushio Amagatsu
Réalisation : André S. Labarthe
Interprétation : Jean-Claude Dauphin
Production : Art production, Arcanal, CGP
Au Japon, le blanc est la couleur du deuil. Les danseurs de butô s'enduisent le corps de poudre blanche et la poétisation de l'espace qui
caractérise les pièces de la compagnie Sankai Juku est comme un cadavre exquis, au sens littéral du terme. Pour Amagatsu, fondateur de la
compagnie, la danse butô est à la fois vie et mort.
Juin 1993 : Ushio Amagatsu et ses danseurs répètent Graine de cumquat, pièce-fétiche de la compagnie, créée en 1978, qui relate l'initiation
au monde d'un petit garçon japonais. André S. Labarthe et Alain Plagne ont suivi ces répétitions et interrogé le chorégraphe. L'oeuvre
d'Amagatsu, axée sur la mort, la souffrance et la cruauté humaine, s'inscrit dans le prolongement des origines du butô, aux lendemains
d'Hiroshima. Et même s'il estime sa compagnie moins morbide que celle d'Hijikata, fondateur du butô, ses exigences esthétiques
requièrent de la part de ses danseurs une vraie capacité de concentration et d'équilibre. Un film très esthétique sur une compagnie qui ne
l'est pas moins.
Fabienne Arvers
Le vif du sujet (1)
1999, 60', couleur, adaptation, danse, DVD
Réalisation : Luc Riolon
Production : les films Pénélope, Mezzo, TV10 Angers, 24 images
Le Vif du sujet est une manifestation de danse contemporaine du Festival d'Avignon. Chaque année, un chorégraphe choisit quatre
danseurs, qui vont solliciter à leur tour chacun un chorégraphe pour créer une pièce d'environ 30 minutes. Filmés dans leur intégralité, ces
quatre spectacles (Mandragore, Pas de vague avant l'éclipse, Petit Psaume du matin et L'Incessante) sont présentés par Karine Saporta, responsable
de cette édition 1999.
Laurence Levasseur, pédagogue et interprète pour, notamment, Mathilde Monnier et François Verret, a souhaité rencontrer l'univers du
chorégraphe Jorma Uotinen, directeur du Ballet national de Finlande. Dans Mandragore, vêtue de noir, elle développe d'amples
mouvements chargés d'une émotion violente et dramatique. Avec un fort ancrage au sol, ce solo met en valeur l'éloquence de l'interprète et
la puissance du corps féminin. Danseur étoile de l'opéra de Paris, Kader Belarbi s'est frotté au hip hop avec le chorégraphe Farid Berki.
Dans Pas de vague avant l'éclipse, il explore l'espace et les matériaux bruts. Au sol avec un sac de papier ou accomplissant des figures
acrobatiques, il réinvente des danses rituelles de bâtons avec du bois de chantier et revisite le jonglage musical ou les pas des derviches
tourneurs. Une chorégraphie originale sur fond de traditions lointaines et d'objets urbains dérisoires.
Irène Filiberti
Le vi
vif du sujet (2)
1999, 60', couleur, adaptation, danse, DVD
Réalisation : Luc Riolon
Production : les films Pénélope, Mezzo, TV10 Angers, 24 images
Petit Psaume du matin développe une poésie douce et grotesque qui témoigne d'une rencontre inédite, celle du chorégraphe Josef Nadj avec
le célèbre interprète de Pina Bausch, Dominique Mercy. Vêtus à l'identique, les deux hommes se bâillonnent et se font boire mutuellement,
s'entrelacent en toutes sortes de combinaisons absurdes, se fardent, s'évaluent en une somme de mouvements insensés, avant de
disparaître tels deux marionnettes fragiles.
L'Incessante conclut cette édition 1999 du Vif du sujet présenté dans le jardin du lycée Saint-Joseph à Avignon. Cas particulier, la danseuse
Mathilde Altaraz n'a pas choisi de s'aventurer dans une autre histoire. Interprète inoubliable des pièces de Jean-Claude Gallotta, elle a
demandé ce solo à son complice de prédilection. Avec cette danse, elle retrouve l'essence de son travail, son propre parcours. Entre vagues
et murmures, ses gestes développent un mouvement nerveux et fluide à la fois. Ils traduisent la petite musique impertinente des corps,
toujours à l'œuve dans la danse du chorégraphe.
Irène Filiberti
La ville
ville danse côté jardin avec José Montalvo
Montalvo et Dominique Hervieu
1999, 26', couleur, documentaire, danse, DVD
Réalisation : Jean Rabaté
Production : Morgane production, Mezzo
De la vidéo à la danse, José Montalvo chorégraphie la ville. Des personnages loufoques et animés traversent ses pièces, à l’image des
populations urbaines, bigarrées et mélangées, qui font partie de ses sources d'inspiration et avec lesquelles il travaille. Ce film évoque son
travail en coulisse, montre des extraits de danse, interroge ses interprètes et présente Dominique Hervieu, sa complice de création.
Passé maître dans l’art du collage dadaïste et du divertissement surréaliste, le directeur du Centre chorégraphique national de Créteil
propose sur scène un monde ludique, baigné de lumières franches et colorées. Sur un grand écran en fond de scène, l’image danse aussi,
travaille sur le reflet, la magie de l’illusion. Ces mélanges visuels et dansés ont fait le succès de ses spectacles. Ces fables chorégraphiques
sont un brassage de cultures où se côtoient avec bonhomie tous les styles de danse. L'imaginaire de José Montalvo se développe en lien
avec ses interprètes, leur morphologie et leur spécificité, selon une suite de gags proches de la bande dessinée, sur des musiques variées,
aussi bien classiques que hip-hop.
Irène Filiberti
Violences civiles
1990, 26', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Jacques Renard
Chorégraphie : Odile Duboc
Musique : Cassiber, Eve Couturier, Jean-Jacques Palix
Interprétation : Mourad Beleskir, Nordine Benchorf, Nathalie Collantes, Murielle Corbel, Vincent Druguet, Jean-Pascal Gilly,
Laurence Giraud, Céline Gruyer, Emmanuelle Huynh, Stéphane Lemaire, Denis Loubaton, Pascale Luce, Nadège Macleay, Sonia
Onckelinx, Jarmo Pentilla, Cécile Proust, Sylvain Prunenec, Patrice Usseglio, Dominique Verpraet
Production : La Sept, Arcanal, le Poisson volant
Adaptation cinématographique de Insurrection d'Odile Duboc, créé en 1989. Le film est tourné de nuit dans l'architecture froide et spatiale
de la grande halle de La Villette. Une vague de vingt danseurs à l'unisson oscille imperturbablement sur un rythme hypnotique et
monocorde. Soudain, un corps s'affaisse. Ce grain de sable va enrayer la machine chorégraphique et faire naître la dissension.
Des photographies noir et blanc, dont certaines célèbres, de manifestations historiques ou de foules en marche viennent scander les étapes
de cette révolution dansée et accentuent le caractère politique de l'oeuvre. Les interprètes, filmés avec attention, fixent parfois gravement
l'objectif dans des moments de suspension et de silence. Insurrection, créé pour le bicentenaire de la Révolution française, est une pièce
phare dans la carrière d'Odile Duboc. Elle y exprimait ses interrogations sur l'individu face au groupe. Le film met l'accent sur un moment
de la chorégraphie : le réveil d'une population qui entre en résistance contre l'ordre établi. Il s'achève là où la deuxième partie du spectacle
débutait : vers la reconstruction d'un monde plus humain.
Patrick Bossatti
VireVire-volte
1988, 10 x 5', couleur, documentaire, danse, U-matic
Réalisation : Luc Boëls
Musique : Jean-Philippe Goude
Interprétation : Brigitte Vitudes
Production : FR3 Nancy, Imago star, La Sept
Petit lexique des rapports du corps et de l'espace en danse classique et moderne. Dix courtes séquences où l'on voit un couple de danseurs
en échauffement puis dans un travail d'enchaînement. Chacune d'elle comporte un thème (le travail, la spatialisation, la douleur...) que
souligne un commentaire graphique réalisé en surimpression sur les mouvements.
Une réalisation froide, clinique, sur des thèmes qui, s'ils ont le mérite d'être ici répertoriés, véhiculent néanmoins de nombreux clichés sur
le métier d'interprète. Le système des graphiques propose une sorte d'ordre architectural lié à une vision fantasmatique et quelque peu
simplificatrice de l'apprentissage et de la pratique du mouvement classique. D'autre part, la complexité des croquis proposés pour les
séquences modernes favorisent l'idée d'une discipline coupée du plaisir, intellectuelle et desséchée.
Patrick Bossatti
Vloof ! L'aigrette
1987, 5', couleur, fiction, danse, VHS
Réalisation : Teo Hernandez
Chorégraphie : Bernardo Montet
Interprétation : Bernardo Montet
Production : Studio DM
Filmé par Teo Hernandez, Vloof ! L'aigrette se présente comme une photo d'identité qui aurait l'avantage de révéler aussi son envers. En
noir et blanc, un visage au regard enfoui derrière des lunettes noires machouille un chewing-gum. Bernardo Montet prend la pose, expose
ses tics, s'ingénie à rentrer dans le cadre et à fixer l'oeil de la caméra.
Les flashs s'enchaînent. La musique de Nat King Cole introduit la deuxième séquence : couleurs et simulacre, le personnage se maquille, se
pare, ajuste sa robe. Cette séquence rappelle le premier solo de Bernardo Montet, Pain de singe, mélange détonnant entre une énergie brute
soulignée par le rock alternatif des Berruriers noirs et le travestissement du danseur dans une robe improbable. Enfin, les images
s'accélèrent et n'inscrivent plus sur la pellicule que des éclats de lumières : ces traces de mouvement désormais mènent la danse.
Fabienne Arvers
Vue imprenable
1984, 13', couleur, fiction, danse, VHS
Réalisation : Virginie Roux, Anne Soalhat
Chorégraphie : Daniel Larrieu
Musique : Stanislas Noël
Interprétation : Georges Appaix, Pascale Henrot, Daniel Larrieu
Production : Ina
Réalisé à Paris, dans un jardin, la cour d'un hôtel particulier, le toit d'une usine, ou un intérieur design, ce court métrage permet de saisir ce
qu'à ses débuts, l'écriture de Daniel Larrieu empruntait à l'air du temps : signes de main, sursauts, postures angulaires. Un petit symbole
électronique gravite autour de lui et pointe ce qui fait signature dans la gestuelle du chorégraphe. Des insertions de brefs plans fixes et
rapprochés sur le geste, ainsi que des incrustations vidéographiques donnent aux danses un aspect résolument frontal. Ce qui permet aux
réalisatrices de constituer un catalogue ludique du vocabulaire de Daniel Larrieu, entouré pour cette insolite déclinaison de Pascale Henrot
et Georges Appaix. La première image à travers une vitre embuée que le mouvement balafre en douceur et la dernière séquence, où le
chorégraphe répète à l'infini un adage dans l'espace ouvert d'une clairière luxuriante, apportent au film une gravité mélancolique qui fait
désormais l'ordinaire des pièces du chorégraphe. Patrick Bossatti
Wandlung
1992, 12', couleur, adaptation, danse, VHS et DVD
Réalisation : Charles Picq
Chorégraphie : Susanne Linke
Musique : Franz Schubert
Interprétation : Susanne Linke
Production : Agat films, La Sept, Ina
Danser, est-ce taire l'essence d'un cri ? Susanne Linke semble ici répondre à la question que se posait R. M. Rilke. Elle flotte sur l'espace
sombre du plateau, légère et pourtant habitée par la sourde puissance contenue dans La jeune fille et la mort de Schubert. Une écriture pure,
sans emphase : quelques mouvements de bras et déplacements au sol. Une sidérante intégrité gestuelle.
La plus réussie des trois réalisations de Charles Picq sur les solos de Susanne Linke. Le film s'efface sans fausse pudeur devant la présence
magnétique de celle qui interprète sa propre danse. Wandlung place la chorégraphe dans le panthéon des grandes solistes de la danse
expressionniste, au côté de Mary Wigman par exemple, dont elle fut l'élève à Berlin.
Patrick Bossatti
Wank Stallions
1993, 33', noir et blanc, fiction, danse, VHS et DVD
Réalisation : Alison Murray
Chorégraphie : Alison Murray
Interprétation : Bernice Fay, Dave Kelly, Danny Sapini, Marsha Smith, Stuart Taylor
Production : Spunk productions
Deux hommes errent la nuit au bord d'une plage et rencontrent d'autres individus. La cause de leur souffrance n'est pas nécessairement
connue, seuls les moyens mis en oeuvre par les deux personnages pour s'extirper de leur solitude et tenter de se rencontrer, c'est-à-dire ici
de s'entraider, semblent intéresser la réalisatrice.
Alcools et musique, drogues et rap participent de la dérive de cette nuit blanche. Le procédé stroboscopique et l'image traitée comme une
lumière renforcent la vision poétique de cette noirceur lunaire, quasi spectrale qui baigne l'ensemble du film. Fortement axé sur les
minorités (ethniques, sexuelles ou sociales), le regard que porte la Britannique Alison Murray sur le monde, ses personnages déclassés et la
misère environnante est à la fois d'une générosité absolue et d'une insolence radicale.
Fabienne Arvers
Waterproof
1986, 21', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Conception : Daniel Larrieu
Réalisation : Jean-Louis Le Tacon
Chorégraphie : Daniel Larrieu
Musique : Eve Couturier, Jean-Jacques Palix
Interprétation : Dominique Brunet, Alain Buffard, Didier Chauvin, Anne Frémy, Claude Frémy, Daniel Larrieu, Bertrand Lombard,
Michel Reilhac, Laurence Rondoni
Production : Arcanal, Cie Astrakan, Ex nihilo, Vidéogram, CNDC Angers, Swatch
La scène est devenue eau, les danseurs, amphibies. Les corps évoluent, comme en apesanteur, sur une chorégraphie composée de
manipulations subtiles et inspirée par les nouvelles sensations d'un espace modifié. L'alternance de moments calmes et violents contribue à
rendre tangible l'atmosphère hallucinée de ce spectacle.
La lente marche d'un homme en imperméable au fond de la piscine où flottent des corps en apnée, les scènes saccadées d'immersion
soudaine, le combat à la surface de l'eau de danseurs harnachés de bouées : certaines de ces images, réalisées pendant l'élaboration du
spectacle aquatique de Daniel Larrieu, en mars 1986, étaient projetées sur écran au bord de la piscine et servaient de transition entre les
scènes de cette pièce que la presse surnomma la 'Giselle de l'an 2000'.
Patrick Bossatti
What about Ida
1990, 27', couleur, adaptation, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Alain Longuet, Mark Tompkins
Chorégraphie : Mark Tompkins
Musique : Ghédalia Tazartès
Interprétation : Patricia Lopez, Martha Moore, Frans Poelstra, Pierre Séraphin, Mark Tompkins
Production : La Sept, Arcanal, Lieurac productions, CICV Montbéliard-Belfort, Cie IDA - Marc Tompkins, Ina
Ida est une femme qui rit, danse et soliloque à la recherche de sa soeur jumelle imaginaire. Elle regarde la télévision et confie la
télécommande à son chien Love qui zappe entre différentes séquences de danse. Finalement, sur l'écran s'inscrit l'image d'Ida qui raconte à
Ida qui la regarde une histoire de chien et de sucre alors que des danseurs en treillis envahissent la pièce.
Inspiré du spectacle Nouvelles de Mark Tompkins, lui-même élaboré d'après le roman Ida de Gertrude Stein, ce film reprend dans sa facture
et son montage quelques procédés narratifs de la romancière américaine : extrême simplicité des situations, boucles narratives et
associations d'idées. Mark Tompkins travaille depuis longtemps dans l'esprit de Stein : sa danse est fluide et simple, et souvent sans 'état'.
Et puis sa compagnie ne se nomme-t-elle pas International Dreams Association : IDA ?
Patrick Bossatti
Yvette Chauviré
1988, 62', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Conception : Dominique Frétard
Réalisation : Dominique Delouche
Interprétation : Yvette Chauviré
Production : Lieurac productions, La Sept, Ina
Evocation de la carrière d'une des plus grandes étoiles de l'Opéra de Paris. Nommée étoile le 31 décembre 1941, celle qui dansa trois cents
fois Giselle avec les partenaires les plus illustres (Lifar, Noureev, Atanassof) nous entraîne dans un florilège de souvenirs désuets et
nostalgiques. La 'Garbo' du ballet classique ouvre l'album de ses triomphes.
Si Dominique Delouche semble avoir renoncé un peu à cet esprit très authentique qui émaillait sa série Le spectre de la danse pour se
conformer à un standard plus télévisuel, il reste quelque chose de son sens de la mise en scène dans des séquences comme celle où Yvette
Chauviré rencontre Henri Sauguet : assise à côté du vieil homme, la danseuse évoque par quelques gestes de bras la chorégraphie Mirages
de Lifar, tandis que le compositeur pianote la musique lancinante qu'il créa sur mesure pour ce ballet qui fit le tour du monde.
Patrick Bossatti
Zizi au Zénith
1995, 61', couleur, adaptation, danse, U-matic
Réalisation : Jean-Christophe Averty
Interprétation : Ziz Jeanmaire
Mise en scène : Roland Petit
Production : Telmondis, RP productions
La captation du spectacle de Zizi Jeanmaire au Zénith à Paris en 1995 avec le Ballet national de Marseille. Paroles et musique : Serge
Gainsbourg.
Marc Guiga
Zizi Jeanmaire légendaire
1992, 59', couleur, documentaire, danse, U-matic et DVD
Réalisation : Pierre Fournier-Bidoz
Interprétation : Zizi Jeanmaire
Production : La Sept, Telmondis
Florilège d'extraits de films, comédies musicales françaises et américaines, retraçant la carrière de Zizi Jeanmaire, dont on oublie souvent
qu'elle fut une des rares artistes françaises à avoir connu un immense succès outre-Atlantique. C'est l'occasion de revoir le numéro du Truc
en plume, inventé par Roland Petit (son pygmalion de mari) et habillé par Yves Saint-Laurent.
Un programme chronologique, mais un peu avare de précisions historiques. Le film vaut surtout pour des images d'archives difficiles à
voir par ailleurs, comme celle de La Silla, un ballet sur la tauromachie que Zizi danse avec Félix Blaska dans des costumes très particuliers
de Yves Saint-Laurent, ou encore un clip tourné avec Gainsbourg sur la chanson Elisa saute-moi au cou. En revanche, le cadre convenu
des entretiens ne permet pas à la danseuse de donner toute la mesure d'une personnalité 'tellurique'.
Patrick Bossatti
Index des chorégraphes
(ou, le cas échéant, du sujet
sujet principal)
Fabienne Abramovitch
La botanique
Françoise Adret
Françoise Adret, 40 années de danse en France
Akarova
J’aurais voulu voir danser Mme Akarova
Yvann Alexandre
One Dance, one song—Daïté
ALIS
Une danse, le temps d’une chanson
One danse, one song—Ya rayah
Striptiz
Ushio Amagatsu
Des œufs debout par curisoité
Ushio Amagatsu, éléments de doctrine
Lea Anderson
Cross channel
Adolphe Appia
Adolphe Appia, le visionnaire de l’invisible
Georges Appaix
Striptiz
Stéphanie Aubin
Orphées, mettez-y du vôtre…
Jean Babilée
Babilée 91
Le mystère Babilée
Dominique Bagouet
Dominique Bagouet, vol. 1 : Chansons de nuit - Ribatz, Ribatz ! - Suites pour violes - Conférence - Danses blanches
Dominique Bagouet, vol. 2 : Sous la blafarde - Pleure - Une Danse blanche avec Eliane (2 versions)
Dominique Bagouet, vol. 3 : Grand Corridor
Dominique Bagouet, vol. 4 : Scène rouge (2 versions) - Voyage organisé
Dominique Bagouet, vol. 5 : Insaisies
Dominique Bagouet, vol. 6 : F. et Stein
Dominique Bagouet, vol. 7 : Tant mieux, tant mieux !
Dominique Bagouet, vol. 8 : Valse des fleurs - Divertissement 138
Dominique Bagouet, vol. 9 : Grande Maison
Dominique Bagouet, vol. 10 : Déserts d'amour
Dominique Bagouet, vol. 11 : Le crawl de Lucien (1ère version)
Dominique Bagouet, vol. 12 : Le crawl de Lucien (2e version)
Dominique Bagouet, vol. 13 : Assaï
Dominique Bagouet, vol. 14 : Entretiens sur Assaï - Courts métrages à partir d'Assaï
Dominique Bagouet, vol. 15 : Le saut de l’ange
Dominique Bagouet, vol. 16 : Dix anges, portraits
Dominique Bagouet, vol. 16 : Montpellier, le saut de l'ange
Dominique Bagouet, vol. 17 : Les petites Pièces de Berlin
Dominique Bagouet, vol. 18 : Meublé sommairement
Dominique Bagouet, vol. 19 : Jours étranges
Dominique Bagouet, vol. 20 : So schnell (1ère version)
Dominique Bagouet, vol. 21 : So schnell (2e version)
Dominique Bagouet, vol. 22 : Moderato Cantabile - Chaîne et trame, quelques pistes pour l'étude de So Schnell
Dominique Bagouet, vol. 23 : Necesito - Pièce pour Grenade - Extraits de Necessito
Dominique Bagouet, vol. 24 : Planète Bagouet
Dominique Bagouet, vol. 25 : Histoire d'une transmission : 'So Schnell' à l'Opéra
Dominique Bagouet, vol. 26 : Ribatz, Ribatz ! ou le grain du temps
Dominique Bagouet, vol. 27 : Mes amis
Dominique Bagouet, vol. 27 : Suitte d'un goût étranger
Dominique Bagouet, vol. 28 : Les voyageurs - Fantasia semplice
Dominique Bagouet, vol. 29 : Déserts et Crawl
Josette Baïz
Le globe
Mansouria
Joséphine Baker
Les lumières du music-hall
Patrice Bart
Giselle
Christine Bastin
Les ombres du péché
Pina Bausch
Pina Bausch et ses deux cousines
Les printemps du Sacre
Maurice Béjart
Les printemps du Sacre
Kader Belarbi
Sensuelle solitude
Claude Bessy
Mlle Bessy, la force d’un destin
Jean-Christophe Bleton
Danse sur image – Volte-face
Cécile Borne
Aziliz
Christian Bourigault
La peau
Joëlle Bouvier
La chambrep.
Derrière le mur
L’étreinte
La lampe
La noce
Paroles de danse – Joëlle Bouvier, Régis Obadia
Marilen Breuker
Le sourire de Reims
Trisha Brown
Aeros
Trisha and Carmen
Claude Brumachon
Les avalanches
La chambre des passions
Paroles de danse – Claude Brumachon
Dominique Brunet
Desa Kela Patra
Trapp (l’escalier)
Susan Buirge
Parcelle de ciel
Jonathan Burrows
Evidentia (évidence)
Carolyn Carlson
Carolyn Carlson, a woman of many faces
Carolyn Carlson solo
Songp.
Gabriella Carrizo
La chevelure de Bérénice
Johanne Charlebois
Carnets de traversée, quais Ouest.
Boris Charmatz
Aatt Enen Tionon
Yvette Chauviré
Yvette Chauviré.
Régine Chopinot
Découverte d’une œuvre – Gustave
K.O.K.
Paroles de danse – Régine Chopinot
Rude Raid
St-Georges à Aulnay
Jean-Louis Comolli
Belep
Nicole Corsino
211 jours après le printemps
Anna de la côte
Un avion presque au milieu du lac
Circumnavigation
Jérôme Andrews .
Le pré de Mme Carle
Totempol
Norbert Corsino
Anna de la côte
Circumnavigation
Jérome Andrews
Totempol
Charles Cré-Ange
Paroles de danse – Charles Cré-Ange
Kilina Crémona
Mariage d’amour ou de raison
Merce Cunningham
John Cage, je n’ai rien à dire et je le dis
Philippe Découflé
Abracadabra
Caramba
Codex
Jump - Hystérique bourrée
Le p’tit bal
Paroles de danse - Philippe Découflé
La planète Découflé
Triton
Maryse Delente
Paroles de danse - Maryse Delente
Didier Deschamps
Triptyque-danse
Sergueï Pavlovitch Diaghilev
Hommage à Diaghilev
Catherine Diverrès
Paroles de danse – Catherine Diverrès
Le printemps
Tauride
Pierre Doussaint
Droits de cité
Triptyque-danse
Anne Dreyfus
Tumulte
Pierre Droulers
Striptiz
Odile Duboc
Insurrection
Paroles de danse – Odile Duboc
Trois minutes d’antenne
Trois regards intérieurs
Violences civiles
Kitsou Dubois
Kitsou Dubois, une danseuse en apesanteur
Isabelle Dubouloz
Triptyque-danse
Isadora Duncan
Jaillissements, Isadora Duncan et Auguste Rodin
Patrick Dupond
Patrick Dupond, le talent insolent
Jean-François Duroure
Nuit de chine
La nuit partagée
DV8
Dead dreams of monochrome men
Enter Achilles
Never again
Strange fish
Mats Ek
Evidentia (évidence)
Les printemps du Sacre
Swan lake
Jan Fabre
Questa pazzia è fantastica
Viola Farber
Les entretiens de la danse – Viola Farber
Héla Fattoumi
Solstice
William Forsythe
Evidentia (évidence)
Loïe Fuller
La Loïe Fuller
Jean-Claude Gallotta
Un chant presque éteint
La légende de Roméo et Juliette.
Mammame.
Montalvo et l’enfant
Paroles de danse – Jean-Claude Gallotta
Rei Dom - La légende des Kreuls
Ulysse
Jacques Garnier
Aunis
Jean Gaudin
L’ascète de San Clemente et la Vierge Marie
Les falaises d’Esnandes
Catherine Golovine
Miroirs et contemplation
Martha Graham
Les printemps du Sacre
Lila Greene
L’état des mouches
Striptiz.
Thierry Guedj
Danse sur image – L’adieu
Sylvie Guillem
Evidentia (évidence)
Christophe Haleb
One Dance, one song—Adesso basta !
Dominique Hervieu
Une danse, le temps d’une chanson – Tout morose
La ville danse côté jardin
Rosella Hightower
Rosella Hightower
Lionel Hoche
One Dance, one song—Erè mèla mèla
Pascale Houbin
Le p’tit bal
Roxane Huilmand
Muurwerk
Zizi Jeanmaire
Zizi au Zénith
Zizi Jeanmaire légendaire
Bill T. Jones
Bill T. Jones – Arnie Zane company
Bill T. Jones, été 95
Käfig
Récital
Anne Teresa de Keersmaeker
Hoppla !
Michel Kelemenis
Faune Fomitch
Plaisir d’offrir
Jiri Kylian
Petite mort
Sarabande
Six dances
Attilio Labis
Le spectre de la danse
Eric Lamoureux
Solstice
Daniel Larrieu
Une danse, le temps d’une chanson – Jolie Môme
Découverte d’une œuvre – Quai Bourbon
Djai
Emmy
Entrons dans la danse – Daniel Larrieu.
Vue imprenable
Waterproof
Nicolas Le Riche
Nicolas Le Riche, danseur étoile.
Suzanne Linke
Flut
Im bade wannen – La baignoire
Suzanne Linke, enchaînements.
Wandlung
Monique Loudières
Lueur d’étoiles.
Lulu
Striptiz
Caroline Marcadé
La chevelure de Bérénice
Angels Margarit
Danse sur image - Boqueria
Maguy Marin
Cortex.
Eden
May B
Musiques au cœur – Maguy MarinParoles de danse – Maguy Marin
Ramdam
Tirtha
Victoria Marks
Outside in
Graziella Martin
Striptiz
Meredith Monk
Ellis Island
Mathilde Monnier
À la renverse
Bruit blanc – Autour de Marie-France
Chinoiseries
E pour eux
Nuit de chine
Paroles de danse – Mathilde Monnier
Pour Antigone, quatre portraits
La rencontre
José Montalvo
Une danse, le temps d’une chanson – Tout morose
La ville danse côté jardin.
Jean-Paul Montanari
Les entretiens de la danse – Jean-Paul Montanari
Bernardo Montet
Vloof ! L’aigrette
Nicole Moussoux
Scelsi suites
Alison Murray
Kissy Suzuki Suck
Wank Stallions.
Josef Nadj
Les caméléons
Canard Pékinois
La mort de l’empereur
Paroles de danse - Josef Nadj
Laura de Nercy
En quête de danse
Llyod Newson
Dead dreams of monochrome men
Enter Achilles
Never again
Strange fish
Vastlav Nijinsky
Revoir Nijinski danser
Régis Obadia
La chambre
Derrière le mur
L’étreinte
La lampe
La noce
Paroles de danse - Joëlle Bouvier, Régis Obadia
John O’Malley
Lilies
Jacques Patarozzi
A mossa
Steve Paxton
Golderg variations
Serge Peretti
Serge Peretti, le dernier italien
Nathalie Pernette
Une danse, le temps d’une chanson – Barbara
Marie-Paule Perrin
Á corps pluriel
Marius Petipa
Le chat botté
Dominique Petit
Les tournesols
Roland Petit
La belle au bois dormant
Le chat botté
Le diable amoureux
Notre-Dame de Paris
Luc Petton
Le sourire de Reims
Stephen Petronio
The kitchen presents II Sotto voce
Anna Pietsch
À corps pluriel
Juan Bernardo Pineda
An atomica
Maïa Plissetskaïa
Maïa
Le spectre de la danse, leçon de ténèbres.
Alain Platel
Lourdes-Las Vegas
Renate Pook
Le nerf du temps—Hommage à Valeska Gert
Noëlla Pontois
Noëlla Pontois, portrait d’une femme
Angelin Preljocaj
L’anoure
Découverte d’une œuvre – Les raboteurs
L’effet Casimir – Regard sur Angelin Preljocajp.
Hallali Romée
Noces
Paroles de danse - Angelin Preljocaj
Paysage après la bataille
Triptyque-danse
Cécile Proust
L’envol de Lilith.
François Raffinot
Les forêts vierges
Paroles de danse - François Raffinot
Jean-Claude Ramseyer
Découverte d’une œuvre - Le balcon
Anne-Marie Reynaud
L’amour sans les mots
Une danse, le temps d’une chanson – Les amants d’un jour
Serge Ricci
One Dance, one song—Garota de Ipanema
Valérie Rivière, Cie Paul les oiseaux
Une danse, le temps d’une chanson – Ta Katie t’a quitté
Véronique Ros de la Grange
Danse sur image – Nuit d’été
Quentin Rouillier
Noé
Christophe Salengro
Maître cube
Karine Saporta
Alegria, l’univers flamenco
La brûlure ou le sentiment de surveillance
Découverte d’une œuvre – Le cirque
Les entretiens de la danse – Karine Saporta.
La fiancée aux yeux de bois
Paroles de danse – Karine Saporta
Striptiz
Madira Sardancourt
Une danse, le temps d’une chanson – La chanson des vieux amantsp.
Andréas Schmid
Une danse, le temps d’une chanson – Barbara
Stefan Schneider
Effort public
Elisabeth Schwartz
Jaillissements, Isadora Duncan et Auguste Rodin
Geneviève Sorin
Chansons
Jackie Taffanel
Regards croisés
Paul Taylor
Speaking in tongues
Mark Tompkins
Stamping ground
Trahisons men
Trahisons women (version courte)
Trahisons women (version longue).
What about Ida
Traction avant compagnie
De la rue à la scène
Wim Vandekeybus
Roseland
François Verret
La dernière fuite
Nina Vyroubova
Les cahiers retrouvés de Nina Vyroubova
Le spectre de la danse
Jean Weidt
Le danseur rouge
Mary Wigman
Les printemps du Sacre
Elsa Wolliaston
Au-delà
Danse sur image – Pour toi
Jean-Claude Wouters
Striptiz
Hideyuki Yano
La danse de l’épervier
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Maire de Saint-Herblain
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Bertrand Affilé, maire-adjoint
délégué à la culture
Dessin : Janik Coat
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© CNC & Ville de Saint-Herblain, juillet 2006

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