inde : une croissance spectaculaire, un système
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inde : une croissance spectaculaire, un système
actu-Inde 4/01/06 16:23 Page 2 38 a c t u a l i t é s INDE : UNE CROISSANCE SPECTACULAIRE, UN SYSTÈME À CONSTRUIRE Ce pays a encore beaucoup d’efforts à faire pour parvenir à une répartition homogène de la distribution des soins et des médicaments. Acteur très important sur le marché du générique, l’Inde souhaite également le devenir dans le secteur de la recherche et du développement de molécules princeps. Bilan. —————— industrie pharmaceutique indienne occupe le 14ème rang mondial du marché pharmaceutique en valeur et le 4ème rang en volume. Sa croissance est spectaculaire : son chiffre d’affaires devrait passer de 7,3 milliards d’euros en 2005 à 22,7 milliards en 2010. D’ores et déjà, l’Inde est un Plusieurs plans gouvernementaux acteur très important sur le marché se sont succédés du générique ; et elle souhaite égalepour améliorer les ment le devenir prochainement dans conditions sanitaires et le secteur de la recherche et du dé- L’ © CORBIS la santé de la population. PHARMACEUTIQUES _ JANVIER 2006 veloppement de molécules princeps. « Nous avons les mêmes préoccupations scientifiques que l’Europe et il n’y a pas beaucoup de différences entre nos deux pays pour le développement et l’enregistrement des médicaments » a estimé Ashwini Kumar (contrôleur général des médicaments en Inde). « Nous disposons d’une batterie de règlements qui fixent le cadre éthique et les procédures de bonnes pratiques. Nous avons maintenant le même souci de transparence et de qualité que les pays occidentaux ». Des atouts réels en matière d’essais cliniques. « Les bonnes pratiques cliniques et celles de fabrication des médicaments en cours aux EtatsUnis sont appliquées chez nous ; avec la visite d’inspecteurs étrangers qui viennent contrôler nos procédures » renchérit le Dr S.D. Sheth (pharmacologie clinique ICMR Inde) ». « Nous fournissons un grand nombre de médicaments au reste du monde, ajoute le Dr Sheth, et l’Inde a de réels atouts en matière d’essais cliniques, avec notamment, un gros potentiel de patients naïfs de tout traitement, prêts à entrer dans des études contrôlées, mais aussi des scientifiques de haut niveau, des coûts de main-d’œuvre bas et une bonne connaissance des actifs végétaux utilisés traditionnellement dans le pays ». Cette volonté forte d’occuper une place importante dans le développement de nouveaux médicaments se matérialise par la mise en place d’importantes incitations fiscales de la part du gouvernement indien pour encourager les entreprises s’investissant dans la recherche. Telle est, depuis les années 93, la stratégie du laboratoire indien Ranbaxy, leader sur le marché du actu-Inde 4/01/06 16:24 Page 3 39 médicament générique qui s’engage désormais dans la recherche et le développement de molécules princeps. Ses domaines d’intérêts tournent autour des maladies infectieuses (un antipaludéen est en cours de développement), des maladies respiratoires, des désordres métaboliques et de l’urologie. Ranbaxy offre également un véritable savoir-faire dans le domaine de la formulation et des formes galéniques. Pour être à la hauteur de ses ambitions, il développe des partenariats de recherche avec les « grands de la pharmacie » comme GSK ou Bayer. Comme l’a souligné Thierry Hoffmann (président de Ranbaxy Pharmacie Génériques France), l’engagement des laboratoires Ranbaxy dans le secteur de la recherche et développement est rendu possible par le dynamisme de son activité générique qui continue de progresser. Des pourparlers sont en cours avec le laboratoire Roche pour une éventuelle production du Tamiflu® par ce laboratoire indien. Au programme de ces « journées France-Inde » figuraient également une confrontation des expertises sur les systèmes de protection sociale, les stratégies de prise en charge de problèmes de santé publique comme l’infection VIH et le tabagisme, les pratiques pharmaceutiques et les méthodes de développement et d’enregistrement des nouveaux médicaments. « L’Inde a beaucoup à apprendre de la France, notamment en matière de qualité et de rigueur scientifiques, mais la France a aussi à apprendre de l’Inde dont la volonté de développement et les capacités de travail sont considérables » a déclaré Subodh Priolkar (président de l’IPA). Bien que souvent critiqué dans notre propre pays, le système français de protection sociale est tout à fait exemplaire. Comme l’a rappelé Jean-Marie Spaeth (président du groupement d’intérêt public santé-protection sociale internationale), ce système a été classé premier par l’OMS en 2000. INDE-FRANCE : JOURNÉES PHARMACEUTIQUES ET MÉDICALES A l’occasion de la Semaine nationale de la pharmacie indienne, la France et l’Inde ont toutes deux souhaité organiser pour la première fois des journées pharmaceutiques et médicales afin d’échanger des expériences nationales dans le domaine de la santé et du médicament. Ces premières journées Inde-France qui viennent de se tenir à New Delhi étaient placées sous le patronage du ministère français de la Santé et des Solidarités, celui des Affaires étrangères, de l’Indian Pharmaceutical Association (IPA), de l’Ordre national des pharmaciens français et de la Fédération internationale pharmaceutique (FIP). De nombreux représentants du gouvernement indien étaient présents, ainsi que Dominique Girard, ambassadeur de France en Inde. Une large part de ces premières journées franco-indiennes de pharmacie était consacrée aux méthodes de recherche et de développement de nouveaux médicaments en France et en Inde. © DR De gauche à droite : Dr Sheth, Dominique Girard, ambassadeur de France, Dr Ghosh, Daniel Vial, directeur de Pharmaceutiques et Subodh Pridlar, président de l’IPA, lors de la traditionnelle cérémonie de la lampe. C’est bien sûr ce thème qui a largement retenu l’attention des Indiens, mais la pauvreté et la taille considérable de leur pays rendent évidemment difficile la mise en place d’un système de protection universel. Ce qui n’empêche pas le développement d’expériences, certes intéressantes mais généralement éphémères. Pourtant, en matière de santé, d’énormes progrès ont déjà été accomplis. « Depuis l’indépendance du pays en 1947, l’espérance de vie a plus que doublé -elle est passée de 32 ans à 66 ans- ; le taux de mortalité infantile a diminué de 75% ; la lèpre et la poliomyélite sont en voie d’être éradiquées » a indiqué Rita Teaotia (gouvernement indien). « De gros efforts restent à faire dans d’autres domaines : la tuberculose, le VIH, les diarrhées, le tabagisme… ». Répartition des soins et des médicaments. Comme l’a souligné le Dr Ajay Khera (chargé de la question sida au gouvernement indien), il existe une grande disparité entre les pays concernant la progression de l’infection VIH. Dans six états, on peut considérer que l’épidémie est généralisée, alors que d’autres sont relativement protégés. « Nous travaillons à identifier les groupes à risque et les populations les plus vulnérables pour cibler nos actions. Les ONG nous aident ». Le gouvernement a mis en place depuis 2002 un programme ambitieux, visant notamment à améliorer le dépistage, la prise en charge mère-enfant et l’accès aux médicaments pour tous. L’Inde a encore beaucoup d’efforts à faire pour parvenir à une répartition plus homogène de la distribution des soins et des médicaments à l’ensemble du pays. En 2004, une mission nationale de la santé rurale a été créée pour réfléchir à ce problème. Depuis le début des années 80, plusieurs plans gouvernementaux se sont succédés pour améliorer les conditions sanitaires et la santé des populations. Principales mesures : une période obligatoire de travail en zone rurale pour les médecins, le recours massif aux génériques, la prise en charge par l’Etat d’une part des vaccins, et la mise en place de systèmes de surveillance des maladies infectieuses et le développement du secteur privé. ■ DR DENISE CARO S 2006 ? _ PHARMACEUTIQUES JA NM V IOEI R