Les questions médicales de la SEP
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Les questions médicales de la SEP
Collection Les Cahiers Pratisep livret Q.MEDICALES 8/01/04 9:57 Page 1 Les questions médicales de la SEP D r Marc Coustans clinique de la sep de rennes D r Jérôme de Seze service de neurologie, chu de lille P r Thibault Moreau service de neurologie, chu de dijon livret Q.MEDICALES 8/01/04 9:58 Page 2 Epidémiologie p.2 à 3 Diagnostic p.4 à 7 Evolution de la maladie p.8 à 9 Vivre avec la maladie p.10 à 11 Certains symptômes dont on parle moins • La fatigue • Les troubles sphinctériens • Les troubles sexuels (homme / femme / symptômes / traitement) • Troubles psychologiques et dépression p.12 à 16 Traitements p.17 à 21 Ce livret est destiné aux patients et à leur entourage. Il a été élaboré sur la base de questions posées par les malades et leur entourage lors de réunions d’informations sur la Sclérose en Plaques avec des Professionnels de Santé impliqués dans la prise en charge de la maladie. C’est sur la base de la pratique courante de la Neurologie que nous avons élaboré des réponses les plus claires possibles à ces questions. Pr Thibault Moreau Dr Marc Coustans Dr Jérôme de Seze livret Q.MEDICALES 8/01/04 9:58 Page 3 EPIDEMIOLOGIE 1 Qu’est-ce que la sclérose en plaques (SEP) ? 2 Quelle est la fréquence de la maladie ? La SEP est une maladie qui provoque de l’inflammation au niveau du cerveau ou du nerf optique. Elle survient le plus souvent entre 20 et 40 ans et provoque un ralentissement de la conduction de l'influx nerveux. La fréquence de la SEP est variable selon les pays et les continents. Elle est fréquente en Europe, en Amérique du Nord, par contre elle est très rare en Afrique. Elle touche environ 50 000 personnes en France. C’est la gaine des faisceaux nerveux qui est atteinte. Dans la plupart des cas la maladie évolue par poussées, avec un signe neurologique (manque de force, fourmillements, baisse de la vue…) qui apparaît et disparaît complètement ou partiellement en quelques semaines. A la radiographie IRM, cette atteinte se visualise par des "plaques ". 3 La SEP est-elle une maladie transmissible ? ait de gène précis d'incriminé. Des études sont en cours afin de mieux préciser les facteurs génétiques en cause dans le déclenchement de la maladie. 4 Pourquoi dit-on que la SEP est " multifactorielle " ? Ce terme est utilisé pour expliquer qu’il n’y a probablement pas qu’une cause qui provoque la SEP. Il y a plusieurs facteurs responsables (multifactorielle). La cause de la maladie reste encore inconnue. On pense que chez certaines personnes à risque, un dérèglement des systèmes de défense de l’organisme (système immunitaire) va être favorisé par certains facteurs de l’environnement (virus, climat, toxique…). Cependant, on ne peut pas à l’heure actuelle préciser quelles sont ces personnes à La SEP ne se transmet pas à ses enfants comme la myopathie, la mucoviscidose ou les yeux bleus. Cependant il arrive que dans une même famille il y ait un ou plusieurs autres cas. La SEP n’est donc pas une maladie transmissible au sens génétique du terme. Elle n’est pas non plus contagieuse. Il existe un terrain génétique prédisposant sans qu'il n'y 2 3 risques ni quels sont les facteurs environnementaux éventuellement incriminés. livret Q.MEDICALES 8/01/04 9:58 Page 5 DIAGNOSTIC 1 Pourquoi le diagnostic est-il parfois si long à être établi ? Il n’y a aucun examen qui permet d’affirmer à 100 % l’existence d’une SEP même si l’IRM et la ponction lombaire permettent d’avoir une quasi certitude dans la plupart des cas. Il n’y a pas de marqueurs spécifiques de la maladie. Le neurologue peut donc avoir du mal à poser le diagnostic au début de la maladie. 2 Quels sont les signes qui font évoquer la maladie ? Par exemple s’il s’agit du nerf optique les patients présenteront une névrite optique caractérisée par une baisse de l'acuité visuelle, des douleurs à la mobilisation du globe oculaire. Il peut s'agir de troubles de la marche (instabilité), d'une baisse de la force d'un membre, de sensation anormale d'un membre. Ces troubles s'installent sur plusieurs jours, rarement de façon brutale. Ce mode d'installation chez un sujet jeune fait évoquer le diagnostic et amène la réalisation d'examens complémentaires afin de le confirmer. 3 Quel est l'intérêt des examens complémentaires (prise de sang, ponction lombaire, examen visuel, scanner, IRM) Il n'existe pas d'examens qui confirment avec certitude le diagnostic. Les prises de sang sont normales dans la SEP, il n'y a pas d'inflammation dans le sang. La ponction lombaire permet de confirmer s'il existe une inflammation du système nerveux central. C’est un geste simple, comme une péridurale. Une nouvelle technique d’analyse disponible dans presque tous les hôpitaux permet de poser le diagnostic avec une fiabilité de 90%. La ponction lombaire est réalisée au moment de l'enquête diagnostique, il n'y a généralement pas d’intérêt à la répéter. Les examens visuels (fond œil, poten- Il n'y pas de signes spécifiques de la maladie. Les signes cliniques sont variés et en relation avec la partie du système nerveux qui est touchée par l'inflammation. 4 5 tiels évoqués) recherchent une atteinte du nerf optique. L'IRM encéphalique ou médullaire permet de mettre en évidence les lésions (plaques) inflammatoires. L'injection d'un produit de contraste (gadolinium) est souvent réalisée afin de rechercher une inflammation active. 4 Peut on avoir une SEP et une IRM normale ? L’IRM est, avec la ponction lombaire, l’examen le plus fiable pour le diagnostic. Cependant dans quelques cas elle peut être normale notamment au début de la maladie. Dans ce cas, le suivi clinique avec parfois de nouvelles IRM est important. On peut également réaliser une IRM de la moelle épinière en complément et un examen ophtal- livret Q.MEDICALES 8/01/04 9:58 Page 7 mologique car les nerfs optiques peuvent subir une inflammation même si le patient ne se plaint d’aucun problème visuel. 5 Qu’est-ce qu’une poussée ? Une poussée est la traduction de l’inflammation. Elle est définie par un ou plusieurs signes neurologiques (fourmillement, manque de force, vertiges, déséquilibre, baisse de vue, vision double, difficultés pour uriner…) qui apparaît ou réapparaît pendant plus de 24 heures en absence de fièvre ou de problème infectieux associé (rhume, grippe, infection urinaire…). En effet, un épisode de fièvre peut entraîner des signes ressemblant à une poussée. La récupération peut être partielle ou complète, selon les cas, après la poussée. 6 Peut-on faire le diagnostic de SEP après une seule poussée ? 7 Pourquoi existe t-il une telle difficulté à l’annonce du diagnostic ? 8 Comment parler de sa maladie à son entourage, à ses enfants ? Par définition une seule poussée ne suffit pas à porter le diagnostic. Dans les critères de la maladie il faut une dissémination dans le temps et dans l'espace : caractérisé par une atteinte de différentes régions du système nerveux à des moments différents. En effet, certains patients ne présenteront qu'un seul épisode neurologique dans leur vie. Cependant l'apport de l'IRM et de la ponction lombaire, ces dernières années, a modifié cette position. Après une première manifestation neurologique qui peut être évocatrice de SEP, ces examens apportent des éléments pronostiques dans le risque de survenue d'une 2e poussée qui confirmerait le diagnostic de SEP. Il est toujours difficile pour le médecin d’annoncer le diagnostic car la réaction des patients est imprévisible et la SEP est considérée par les malades comme une maladie grave. Ils ne voient à la télévision que les cas sévères et ont cette image dans la tête. Actuellement le diagnostic est annoncé aux patients de plus en plus tôt notamment grâce aux progrès des examens complémentaires. L’entourage à besoin d’être au courant pour pouvoir comprendre les différents problèmes : fatigue, hospitalisation, difficultés motrices. Les enfants sont les premiers exposés et ne comprennent pas toujours pourquoi leur maman ou leur papa ne peut pas tout faire comme tout le monde. Il existe des livres expliquant aux enfants de façon illustrée la maladie et ses conséquences. Il semble donc important que l’entourage sache, mais les explications doivent être adaptées à l’âge de chaque enfant. 6 7 livret Q.MEDICALES 8/01/04 9:58 Page 9 EVOLUTION DE LA MALADIE 1 Quelles sont les différentes formes de la maladie et l’évolution habituelle ? On distingue habituellement les formes évoluant par poussées et les formes évoluant progressivement sans poussées qui débutent généralement plus tardivement. Dans les formes rémittentes (évoluant par poussées) les poussées sont espacées de façon variables dans le temps. Certains patients ayant au début des poussées évoluent dans un second temps progressivement. L’évolution est extrêmement imprévisible. Il existe des formes dites bénignes pour lesquelles les patients n’ont aucune difficulté physique après 10 ou 20 ans de maladie. D’autres formes peuvent être plus invalidantes. maladie et l’efficacité des traitements. Ces échelles permettent un langage commun entre les neurologues. Une de ces échelles regroupe les différents systèmes qui peuvent être atteints (visuel, sensitif, moteur, trouble de l'équilibre, troubles de l'humeur, urinaires) qui sont cotés selon l'importance de l'atteinte. La difficulté à la marche est aussi évaluée. Un score global (appelé EDSS) regroupe ces données et reflète le niveau de handicap du malade. Il existe d'autres échelles permettant de mesurer l’importance des différents symptômes, la fatigue, l’agilité des mains, la rapidité de la marche ou les difficultés éventuelles de mémoire ou de concentration. Il existe également des échelles pour mesurer la qualité de vie. 2 Comment évoluent les troubles visuels ? Ils sont le plus souvent totalement ou partiellement régressifs. Les cas de perte complète de la vue notamment des 2 côtés sont exceptionnels. 3 Faut-il faire une nouvelle IRM à chaque aggravation ? L’IRM a pour but d’aider à faire le diagnostic au début de la maladie. Parfois on est amené à refaire une IRM pour décider d’un changement de traitement notamment lorsque celui-ci ne semble pas suffisamment efficace. 4 Qu’appelle t-on échelle de handicap ? On utilise des échelles pour évaluer le degré de handicap des patients. Ceci a pour but de suivre la progression de la 8 9 5 Peut-on rester valide à vie, peut-on espérer une guérison ? Il n'existe pas de traitement qui guérisse la maladie. L'évolution, la réponse au traitement est variable selon les malades. Certains patients n'ont pas de handicap après 15 à 20 ans d'évolution. La sclérose en plaques est alors qualifiée de bénigne. Ce pourcentage de patients varie selon les études de 20 à 30 %. livret Q.MEDICALES 8/01/04 9:58 Page 11 VIVRE AVEC LA MALADIE 1 Peut on mener une vie normale et comment prévenir les rechutes ? Il n’y a aucun moyen de prévenir la survenue d’une poussée, même en se reposant toute la journée. Il n’y a donc aucune prévention particulière à prendre et il faut essayer de mener une vie la plus normale possible. L’alimentation et l’activité physique peuvent être la même que tout le monde. Aucun régime alimentaire particulier n’a montré une quelconque efficacité sur la maladie. Les voyages à l’étranger sont possibles. 2 Faut-il faire retirer les plombages des dents ? La possibilité de l’intervention des plombages dans la maladie avait été évoquée, il y a quelques années. risque particulier. On peut faire une péridurale, accoucher normalement et allaiter le bébé. S’il y a une poussée pendant la grossesse on peut traiter par corticoïdes. Dans certains cas on décide de faire un bolus sur une journée quelques jours après l’accouchement puis dans les mois qui suivent (1 bolus par mois pendant 6 mois). Cette donnée n’a pas été confirmée. Il n’y a donc aucune raison de retirer les plombages. 3 Peut on envisager une grossesse quand on a une SEP ? Il n’y a aucun problème pour envisager une grossesse. On évite cependant si possible de débuter une grossesse durant les périodes où il y a beaucoup de poussées car cela risque de fatiguer la maman. Les traitements de fond de la maladie ne peuvent pas être pris pendant la grossesse. Le risque de faire une poussée est de moins en moins important au fur et à mesure que la grossesse avance mais ce risque est plus élevé dans les 6 mois qui suivent l’accouchement. Globalement la maladie n’est pas influencée par la grossesse et le bébé ne court pas de 10 4 Peut on prendre la pilule ou un traitement hormonal ? Il n’y pas de contre-indication à une contraception. Des traitements hormonaux peuvent également être prescrits. 11 5 Quel suivi médical doit être réalisé ? Une fois le diagnostic évoqué ou porté, une surveillance neurologique clinique est instituée avec le médecin généraliste et le neurologue. En cas de troubles neurologiques une consultation permettra de confirmer ou non une poussée. Au niveau médical général, il faut mentionner que la fièvre est souvent mal tolérée et doit amener à consulter afin de déterminer son origine et la traiter. Les interventions chirurgicales ne sont pas contre-indiquées, ainsi que les anesthésies locales ou générales. Des consultations auprès des médecins rééducateurs, des ophtalmologues ou des psychiatres sont souvent nécessaires pour la prise en charge diagnostique ou thérapeutique selon l'atteinte déficitaire, pour une prise en charge globale de la maladie. livret Q.MEDICALES 8/01/04 9:58 Page 13 CERTAINS SYMPTOMES DONT ON PARLE MOINS… 3 Comment réduire la fatigue ? pousser ou de percuter la vessie pour uriner. Il peuvent également avoir des difficultés pour se retenir. Parfois ces troubles sont surtout présents à l’effort (toux etc.) et peuvent être plus important chez les femmes ayant eu plusieurs grossesses. Ces symptômes sont également aggravés par les infections urinaires d’où la nécessité de traiter sérieusement ces infections. Les douleurs La Fatigue 1 Les douleurs sont elles fréquentes dans la SEP ? 1 La fatigue est elle fréquente dans la SEP ? Les douleurs constituent l’un des symptômes possibles de la SEP. Elles peuvent ressembler à des crampes et être dues à la raideur des jambes (spasticité). Il existe des traitements pour diminuer cette raideur. La kinésithérapie est également fondamentale pour éviter l’enraidissement. Les douleurs peuvent également correspondre à des fourmillements, des brûlures ou des décharges électriques. Si la gène est importante certains traitements peuvent les atténuer. La fatigue est un des symptômes les plus fréquents de la SEP et peut survenir sans qu’il y ait d’autre gênes physiques. Elle est souvent difficile à exprimer par le patient et difficile à comprendre par l’entourage. Il faut tout d’abord adapter sa vie quotidienne par rapport à cette fatigue (travail à temps partiel, aide à domicile…). On peut effectuer des cures de vitamine C. Il existe également des traitements plus spécifiques de la fatigue chronique dont certains d’entre eux sont encore en cours d’évaluation. 2 La fatigue correspond-elle à une poussée ? Les Troubles sphinctériens 2 Quels sont les symptômes intestinaux de la SEP ? 1 Quels sont les symptômes urinaires de la SEP ? Ils sont plus rares que les symptômes urinaires. Il s’agit le plus souvent d’une constipation et dans de rares cas de difficultés pour retenir les selles. La fatigue peut précéder ou survenir durant une poussée mais le plus souvent elle est indépendante. Il est rare que la fatigue soit le seul symptôme d’une poussée. La fatigue est le plus souvent chronique. 12 Ils peuvent toucher les hommes comme les femmes. Il existe deux types de symptômes. Les patients peuvent avoir des difficultés pour bien vider leur vessie et être obligés de 13 livret Q.MEDICALES 8/01/04 9:58 Page 15 3 Quels sont les médicaments que l’on peut utiliser pour traiter ces symptômes urinaires ? 4 Quels sont les autres moyens thérapeutiques pour les troubles urinaires ? Il existe différents traitements médicamenteux. Certains visent à augmenter la force musculaire de la vessie, d’autres visent à resserrer le sphincter de la vessie pour éviter les fuites. Il est souvent nécessaire de demander à un urologue ou à un rééducateur de faire un bilan pour évaluer la nécessité de tel ou tel traitement. Parfois on peut proposer de prendre ces traitements en fonction de l’organisation de la journée, notamment pour les longs déplacements en voiture ou pour les personnes qui ont des réunions prolongées. En dehors des médicaments, il existe différents moyens de rééducation et la possibilité des auto-sondages. Les auto-sondages font peur au début et beaucoup de patients hésitent à utiliser cette technique mais celle-ci améliore souvent beaucoup la qualité de vie des patients. Les auto-sondages doivent être effectués avec beaucoup de soin pour éviter les infections urinaires. Une rééducation périnéale peut également apporter un grand bénéfice. Les différentes indications sont discutées par les urologues et les rééducateurs. Les mesures chirurgicales (agrandissement de la vessie… etc.) sont très rarement utilisées. 14 5 Comment traiter les problèmes intestinaux ? La constipation se traite comme toutes les constipations sans spécificité liée à la SEP. Le régime alimentaire peut aider considérablement (fibre, boisson abondantes, pruneau, etc…) Les troubles sexuels 1 Quelles sont les éventuelles conséquences de la SEP sur la vie sexuelle ? La SEP peut entraîner des troubles sexuels qui sont souvent cachés par les patients ou non évoqués par les médecins en raison du tabou qu’ils représentent. Cependant il est important d’oser en parler car un certain nombre de ces troubles peuvent être améliorés 15 par des traitements. Chez la femme il s’agit essentiellement de problèmes de sensibilité. Chez l’homme, il s’agit d’impuissance ou de problèmes d’éjaculation. Cependant tous ces problèmes peuvent être également liés à la fatigue et à l’anxiété secondaires à la maladie. Il est donc important de l’évoquer avec le neurologue pour qu’il puisse orienter les patients vers les personnes compétentes (urologues, sexologues, psychologues). 2 La SEP peut-elle être cause de stérilité ? Non, la SEP n’est pas cause de stérilité. Avec certains traitements immunosuppresseurs on observe parfois des troubles des règles voire une ménopause précoce. Dans la plupart des cas ces symptômes sont régressifs. livret Q.MEDICALES 8/01/04 9:58 Page 17 TRAITEMENTS Chez les personnes jeunes on peut être amené à prendre certaines précautions avant ce type de traitement (conservation de sperme…). Dans tous les autres cas il n’y a pas d’influence de la SEP sur la fertilité et sur d’éventuelles grossesses. Troubles Psychologiques et dépression 1 Existe t-il des troubles de la mémoire et comment y remédier ? Des troubles de mémoire peuvent se voir dans la SEP. Il s’agit surtout de problèmes d’attention, de concentration. Il est important de le savoir notamment pour les personnes qui travaillent et qui ont des responsabilités. Il n’y a pas de traitement spécifique mais il est probable que certains traitements de fond diminuent la progression de ces difficultés. On peut également adapter son comportement à ces troubles en prenant des notes, en organisant son travail. Les psychologues peuvent aider les patients dans ce sens. 1 Comment et quand traiter une poussée ? Par définition une poussée est un symptôme neurologique nouveau ou l’aggravation d’un ancien symptôme pendant au moins 24 heures. Si un symptôme est gênant et persiste quelques jours, il peut être intéressant d’effectuer des bolus de corticoïdes par perfusion. Ces perfusions auront comme intérêt principal de diminuer l’intensité et la durée de la poussée, mais n’influenceront pas, contrairement aux traitements de fond, l’évolution de la maladie et la survenue éventuelle de séquelles après la poussée. Certaines équipes proposent un relais par des comprimés pendant 10 jours après les perfusions. En revanche, il faut éviter la prise prolongée de corticoïde en comprimés sans bolus car 2 Comment prendre en charge la dépression ou les troubles psychologiques liés à la maladie ? Ces difficultés sont fréquentes dans la SEP et sont souvent la conséquence de la maladie ou de l’annonce du diagnostic. Elles peuvent être prises en charge soit par des psychologues, soit par des psychiatres, avec des traitements médicamenteux ou un suivi psychologique sans traitement. Parler de ces problèmes, les évoquer, représente déjà un début de traitement. Parfois il peut être utile d’effectuer un suivi du couple lorsque le con joint a du mal à comprendre les problèmes. 16 17 les doses que l’on peut utiliser sont beaucoup plus faibles qu’avec les bolus et les effets secondaires plus importants. Certaines poussées qui n’entraînent pas de gêne importante peuvent être traitées par le repos sans perfusion de corticoïdes. 2 Quels types de médicaments sont utilisés comme traitement de fond de la maladie ? Ces médicaments sont des traitements pris de façon continue par les patients pour diminuer la fréquence des poussées et ralentir la progression du handicap. Deux types de traitement sont proposés, les immunomodulateurs (interférons) et les immunosuppresseurs. Leur mode d'action est proche, ils ont pour but de contrebalancer les effets immunologiques de la SEP. livret Q.MEDICALES 8/01/04 9:58 Page 19 3 Quels sont les évolutions envisageables sous traitement par Interféron ? Cela dépend des cas. En moyenne l’Interféron diminue le nombre de poussées et ralentit la progression de la maladie, mais il faut surtout retenir qu’il y a de très bons répondeurs au traitement et d’autres qui ont une moins bonne réponse. 4 Combien de temps peut-on utiliser les traitements ? Les immunomodulateurs (Interféron) peuvent a priori être utilisés au long cours sur décision du neurologue traitant. Il n’y a pas non plus de limite d’âge pour ce type de traitement. Les immunosuppresseurs sont eux limités en durée, en raison d’une dose cumulée à ne pas dépasser, propre à chaque traitement immunosuppresseur. 6 Quels sont les effets des traitements sur la grossesse ? On essaie d’éviter les corticoïdes durant les trois premiers mois mais s’il y a une poussée sévère on fera tout de même des bolus. Par la suite il n’y a pas de problème avec les corticoïdes. Concernant les traitements de fond, ils sont contre indiqués (faute de données les concernant) pendant la grossesse. 5 Quels patients peuvent bénéficier de traitements immunosuppresseurs ? Il s’agit surtout de deux types de patients. Tout d’abord ceux qui ont une SEP très active avec des poussées fréquentes et éventuellement beaucoup d’inflammation à l’IRM. On est amené à interrompre ces traitements pendant la grossesse et à le recommencer environ 1 mois après l’accouchement On considère qu’une grossesse peut être débutée 1 mois environ après l’arrêt du traitement de fond par interféron. Le deuxième groupe est celui des patients qui étaient en forme évoluant par poussées puis qui secondairement évoluent de façon progressive. 18 19 7 Quels sont les principaux effets secondaires des traitements par interférons ? Au début du traitement, un certain nombre de patients peuvent présenter dans les suites de l'injection un phénomène dit "pseudo-grippal " (fièvre, frissons, douleurs musculaires, maux de tête). Ces phénomènes non systématiques peuvent durer 1 à 3 mois au début du traitement. La prise de paracétamol dans les suites immédiates de l'injection entraîne une atténuation des ces effets secondaires. Des inflammations cutanées peuvent parfois survenir au point d'injection. Une diminution des globules blancs, une élévation des enzymes du foie livret Q.MEDICALES 8/01/04 9:58 Page 21 nécessite la réalisation d'une prise de sang mensuelle au début du traitement. Des réactions dépressives ont été rapportées. Un syndrome dépressif non stabilisé avant le traitement peut donc être une contre-indication au traitement, l'apparition de troubles de l'humeur pouvant amener à suspendre le traitement. 8 Existe t-il des traitements pour les formes évoluées de SEP ? Les traitements de fond de la maladie par interférons ont montré une faible efficacité pour les SEP présentant un handicap important. Le processus inflammatoire n'apparaît plus être au premier plan dans ces formes évoluées. Il semble qu'un processus dégénératif touche l'axone qui était entouré par la gaine de myéline. Il n'y a pas actuellement de thérapeutiques de fond pour les patients présentant une forme évoluée de SEP (patients ne pouvant plus marcher sans aide). La place de la rééducation apparaît ici importante pour améliorer le confort et l'autonomie des patients. Les traitements symptomatiques contre la fatigue, la spasticité, les douleurs et les troubles urinaires doivent être proposés. 20