Très brève histoire des
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Très brève histoire des
5 / La fin des châteaux-forts (1450-1520) T rè s br èv e hi st oir e de s A partir de 1450, l’usage de la poudre se répand très rapidement en Occident, entraînant de rapides progrès de l’artillerie. Le pouvoir royal, qui se structure en France, a sous sa férule un territoire de plus en plus vaste; il s’enrichit grâce aux impôts et devient rapidement le seul à pouvoir entretenir une armée et faire construire des châteaux. La féodalité connait ses dernières heures, rendant inutiles les château-forts. Caponnière, château de Lot et Garonne Bonaguil, Les châteaux vont dans un premier temps tenter de s’adapter aux progrès de l’artillerie : de nouveaux ouvrages de défense, comme la caponnière, voient le jour, des embrasures de tir apparaissent sur les ouvrages plus anciens; la silhouette des châteaux se transforme radicalement : les murailles gagnent en épaisseur ce qu’elles perdent en hauteur, pour résister aux tirs d’artillerie et autoriser la riposte. Châteaux-Forts 1 / Les châteaux-motte A la fin 9e siècle apparaissent les premières enceintes en terre et en bois ; elles vont persister jusqu’à la fin du 12e siècle. Ces enceintes castrales sont composées d’une palissade entourant un talus bordé d’un fossé. L’accès à l’intérieur de l’enceinte se fait par une passerelle escamotable. Il n’y a alors pas de séparation entre constructions seigneuriales et domestiques. Mais ces tentatives d’adaptation resteront vaines et les forteresses perdent leur importance militaire, sauf pour celles appartenant au pouvoir royal. Forteresse de Salses, Pyrénées-Orientales Les autres forteresses vont être progressivement transformées en châteaux de plaisance et subiront de profondes transformations architecturales : percement de larges ouvertures, ouverture sur une cour, une esplanade ou encore un jardin... Des éléments d’aspect défensif demeurent mais sont davantage utilisés à titre esthétique que militaire. En 1519, le début de la construction du château de Chambord signe l’arrêt de mort des châteaux-forts. Château de Chambord, Loir et Cher Il faut attendre l’an mil pour voire l’habitation seigneuriale se détacher des autres constructions. Elle prend la forme d’une tour dominant le reste de l’enceinte. Elle est édifiée sur un terre-plein naturel ou artificiel appelé « motte ». La tour est généralement de forme carrée, et contient les appartements seigneuriaux, les réserves et la chapelle : il s’agit de la forme primitive du donjon roman. Ce premier château-fort est dès lors clairement divisé en deux parties : la motte féodale, lieu de pouvoir et habitation seigneuriale, et la basse-cour, aux fonctions utilitaires. A cette époque, le système défensif des châteaux, très rudimentaire, est constitué d’une accumulation d’obstacles. Le logis seigneurial et les bâtiments annexes sont désormais plaqués contre l’enceinte pour éviter la multiplication des obstacles qui se retourne souvent contre l’assiégé. Le donjon joue alors un rôle exclusivement militaire : il peut-être situé au centre de l’enceinte, comme au Louvre ou bien intégré à l’enceinte et possède désormais des proportions imposantes (par exemple 54m de hauteur et 31m de diamètre pour le donjon de Coucy). 2 / Les premiers châteaux-forts en pierre (10e-12e siècles). Dès la fin du 10e siècle apparaissent les premiers donjons en pierre : de plan généralement rectangulaire, ils sont composés d’un rez-de-chaussé voûté et aveugle qui consolide l’ouvrage puis de plusieurs niveaux sur plancher desservis par un escalier ou une échelle. Au sommet se trouve le système défensif composé de hourds, que complètent, au sol, des palissades et des fossés. Le donjon se compose de trois parties principales : l’aula ou grande salle, la capella ou chapelle et la camera ou appartements seigneuriaux. Au 12e siècle, les défenses évoluent : l’enceinte est désormais le plus souvent en pierre, flanquée de tours. Une deuxième enceinte protège parfois la base du donjon. Il s’agit principalement de mieux protéger le donjon et de décourager l’adversaire en multipliant les obstacles. Donjon de Loches, Indre et loire 3 / Le 13e siècle C’est Philippe-Auguste qui va institutionnaliser l’emploi des innovations défensives découvertes en Orient pendant les croisades et introduites en France par Richard Cœur de Lion à Château-Gaillard. Château-Gaillard, Les Andelys, Normandie Le nombre et la forme des archères se multiplient, les mâchicoulis remplacent les hourds, les premiers ponts-levis font leur apparition, les tours sont désormais rondes, les enceintes talutées, et les fossés beaucoup plus larges. Cette rationalisation découle de l’amélioration des techniques d’attaque et du fait que ces édifices sont désormais principalement des constrctions royales. On passe d’une défense passive à une défense active. Donjon de Coucy, Aisne, gravure de Viollet-le-Duc 4 / La guerre de Cent ans Les châteaux et places fortes reconstruits pendant la guerre de Cent Ans (13371453) tirent les leçons de ce conflit : les barbacanes sont remplacées par des châtelets, le pont-levis à bascule ou à chaînes est remplacé par un pont-levis à flèches et contrepoids, la forme de l’archère se modifie jusqu’à devenir une archère-canonnière. Les courtines prennent de la hauteur et sont couronnées de mâchicoulis et de chemins de ronde couverts. A l’intérieur de l’enceinte, la recherche du confort et du luxe supplante pour la première fois les nécessités de la défense. La forme quadrangulaire, mieux adaptée au logement, fait son retour, les ouvertures s’agrandissent , ainsi que les pièces et dépendances. Les escaliers à vis, rares jusqu’à lors, fleurissent. Le plan du château se simplifie, se resserre et s’élève. Château de Pierrefonds, Oise, restauré au XIXe siècle par Viollet-le-Duc