exemple de schéma directeur FTTH
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exemple de schéma directeur FTTH
01/03/10 Étude de piquetage du FTTH à l'échelle intercommunale L'objectif de la présente note est de montrer l'intérêt d'une démarche de schéma directeur FTTH à l'échelle de plusieurs communes, à partir de l'exemple de Manche Numérique sur la Communauté de communes de la Hague (Manche). Synthèse Une étude de piquetage FTTH, est une pré-étude technique et économique pour l'établissement d'un réseau FTTH sur un territoire donné. Ses objectifs sont d'évaluer le coût du déploiement d'un tel réseau pour les différentes poches d'habitat du territoire et de définir un chemin optimal pour couvrir l'ensemble du territoire, de façon progressive et à moindre coût. Sur la base d'une telle étude, la collectivité est en mesure de se doter d'une vision prospective de la couverture très haut débit de son territoire. L'étude de piquetage s'inscrit dans une logique de schéma directeur d'aménagement numérique, participant ainsi à l'établissement d'un dialogue entre les acteurs publics et privés, autour d'une même ligne directrice. En 2007 et 2008, le syndicat mixte Manche Numérique a fait réaliser plusieurs études de piquetage FTTH dans le département de la Manche. L'exemple de l'étude menée sur le territoire intercommunal de la Hague est détaillé ici. CETE de l'Ouest - Point d'appui national Aménagement Numérique des Territoires 2/7 1. Un exemple : la démarche menée par Manche Numérique 1.1. Aménagement numérique dans le département de la Manche L'action des collectivités en matière d'aménagement numérique du département de la Manche a commencé en 2000, avec la création d'un réseau de collecte, le "BUS" (backbone universel de services), par le Conseil général. En 2004, le syndicat mixte Manche Numérique est créé : il regroupe l'ensemble des communautés de communes et le Conseil général de la Manche et est compétent en matière d'infrastructures de communications électroniques. Une délégation de service public est attribuée par Manche Numérique à un groupement d'entreprises en février 2006. Le délégataire a pour mission d'étendre le BUS de 250km, de le mettre à disposition des opérateurs, de réaliser le dégroupage de tous les répartiteurs de la Manche et enfin d'assurer une couverture haut débit totale et durable du territoire. En décembre 2006, 99,6% de la population du département peut accéder au haut débit. 1.2. Vers le FTTH En 2007, un volet FTTH est ajouté aux objectifs du délégataire par avenant. Ce dernier s'engage à desservir en FTTH 26 000 logements sur les agglomérations de Cherbourg et Saint-Lo avant septembre 2009. Pour Manche Numérique, 20 à 35 % de la population manchoise seront desservis en FTTH sous 6 ans, soit plusieurs dizaines de milliers de foyers raccordés. Afin de préparer et négocier ce déploiement de réseaux FTTH sur le territoire, Manche Numérique a fait réaliser des "études de piquetage", sortes de schémas directeurs du FTTH, sur plusieurs territoires intercommunaux : sur toutes les agglomérations correspondant aux villes les plus importantes du département (plus de 5000 habitants, soit les agglomérations de Cherbourg, SaintLô, Coutances, Granville, Avranches, Carentan et Valognes) ainsi que sur sur la communauté de communes de La Hague. Les études ainsi réalisées sur Cherbourg et Saint-Lô ont servi de base à la définition du volet FTTH ajouté par avenant à la délégation de service public de Manche Numérique. Le principe d'une telle étude est d'analyser la faisabilité technique et financière d'un déploiement FTTH sur un territoire donné, au regard de la typologie de l'urbanisation et des infrastructures existantes sur le territoire (notamment, dans le cas de la Manche, la présence du BUS comme réseau optique structurant). Elle définit également des phases de déploiement progressif, qui correspondent à un échelonnage des coûts d'investissement à la prise. CETE de l'Ouest - Point d'appui national Aménagement Numérique des Territoires 1.3. 3/7 L'étude de piquetage FTTH sur le territoire intercommunal de La Hague Il s'agit d'une étude technique et économique préliminaire pour l’établissement d’un réseau fibres optiques jusqu’à l’abonné, couvrant 99% de la population du territoire des 19 communes de la Communauté de Communes de La Hague (voir le territoire concerné sur le Géoportail). 1.3.1. Étude de l'urbanisation L'urbanisation a tout d'abord été examinée, à partir de données statistiques et cartographiques (recensement INSEE, photographies aériennes, plans cadastraux) et de relevé terrain (visite des bourgs et hameaux). On constate ainsi que l'habitat est pavillonnaire à 95% et qu'il est peu dense, constitué principalement de hameaux distants les uns des autres, et de logements éloignés les uns des autres à l’intérieur du hameau. Le potentiel de clientèle du territoire est de l'ordre de 5000 à 5500 prises. Le coût de déploiement du réseau FTTH dépend directement de deux choses : la distance entre les logements à raccorder et les modalités techniques de pénétration dans les bâtiments. Le relevé réalisé dans pratiquement chaque hameau a permis d'identifier les logements en fonction de leur modalité actuelle de pénétration du réseau téléphonique. Dans 73% des cas, elle est souterraine, dans 20% elle est aérienne et dans 2% les câbles cheminent sur les façades ; par ailleurs, 5% des logements se trouvent en immeubles collectifs. Une première approche, qui reste à approfondir, a également permis d'identifier les infrastructures mobilisables, qui permettront de réduire le coût de déploiement ; ainsi, un certain nombre de collectivités disposent de fourreaux qu'elles pourront mettre à disposition. 1.3.2. Scénario de déploiement en 4 phases Une fois ce travail de recensement réalisé, un scénario de déploiement en plusieurs phases est établi. L'objectif est de définir une couverture du territoire progressive mais dimensionnée à l’origine pour pouvoir être complète. Chaque phase correspond à un niveau d'"éloignement" du BUS : * phase 1 : raccordement des logements des communes ou hameaux pouvant être reliés directement au BUS, avec très peu de travaux. Cette phase représente 42% de la couverture globale visée, soit 2200 prises. * phase 2 : raccordement des poches d'habitat importantes et pouvant être raccordées directement aux réseaux créés lors de la phase 1. *phase 3 : raccordement de poches moins importantes et/ou plus éloignées. * phase 4 : raccordement des logements les plus dispersés. Les espaces techniques (répartiteur et sous-répartiteur optiques, lieux stratégiques de la mutualisation) sont positionnés, en fonction des poches à desservir et de la longueur des lignes. CETE de l'Ouest - Point d'appui national Aménagement Numérique des Territoires 1.3.3. 4/7 Estimation du coût Pour estimer le coût de réalisation, deux niveaux du réseau sont distingués : - les liaisons inter-hameaux : travaux avec peu de ramification, en dehors des zones urbanisées. Ratio de coût utilisé : 37€/ml - l'irrigation à l'intérieur des hameaux, vers chaque logement : beaucoup de ramifications, travaux dans les parties urbanisées des communes. Ratio de coût utilisé : 81€/ml. Pour chacune des 4 phases, le linéaire sur chacun des 2 niveaux est calculé et les coûts associés en sont déduits. Les coûts totaux sont ensuite rapportés à la prise. On obtient ainsi des coûts par prise (hors coût de l'adduction du bâtiment, c'est-à-dire les derniers mètres nécessaires au raccordement depuis la limite de propriété jusqu'à la prise à l'intérieur du logement) variant de 2350€ à 8195€ par prise, avec une moyenne à 3250€ sur l'ensemble du territoire, couvert à 99%. Un scénario dans lequel on mobilise des infrastructures existantes, à raison de 30km de fourreaux et 30km de pose en aérien, est également proposé. Avec ces hypothèses, le coût moyen par prise tombe à 2500€. L'étude est d'ailleurs une occasion supplémentaire de rappeler qu'il est important que les collectivités qui réalisent (ou autorisent) des travaux sur leur voirie pensent à poser des fourreaux et chambres pour l'accueil ultérieur des câbles optiques. A titre de comparaison, les coûts moyens estimés sur les agglomérations de Cherbourg et Saint-Lô sont d'environ 450€ dans l'hypothèse où une part significative du réseau est mise en place dans du génie civil existant, et 650€ dans l'hypothèse où le génie civil est créé. 2. Le coût du FTTH en dehors des zones denses 2.1. Les déploiements FTTH aujourd'hui Le déploiement du très haut débit en France en est aujourd'hui à ses balbutiements : seuls quelques projets émergent dans les zones denses, par des opérateurs privés (Orange, SFR Neuf Cegetel, Free, Numericable), ou dans le cadre des projets des collectivités (Pau, Manche Numérique). Les projets de fibre jusqu'à l'abonné restent en tout cas à des échelles très locales (celle d'un quartier ou d'un centre-ville) et ne concernent que les zones urbaines denses car le coût de déploiement par abonné y est le plus faible : densité d'abonnés potentiels plus élevée, linéaires de réseaux plus courts, davantage de facilités en matière d'infrastructures mobilisables. Les opérateurs privés ne cherchent pas à étendre leurs projets à des territoires moins denses (donc moins rentables). Ces premiers déploiements du très haut débit créent de nouvelles disparités numériques territoriales, entre les zones qui ont accès à ces services très haut débit et les autres (le débit ADSL, dans des conditions optimales, est 5 à 20 fois plus faible qu'un débit obtenu par la fibre). La question se pose alors de savoir jusqu'où les opérateurs déploieront spontanément (c'est-à-dire sur leurs fonds propres) de tels réseaux. Ce questionnement renvoie à une question d'aménagement du territoire et d'action publique : quelle peut être l'économie d'un déploiement dans ces zones et quelles mesures prendre pour le rendre possible ? CETE de l'Ouest - Point d'appui national Aménagement Numérique des Territoires 2.2. 5/7 Approcher le coût en zone peu dense Le critère essentiel d'un projet de déploiement FTTH reste le coût d'investissement à la prise . Or, l'idée répandue est qu'en dehors des zones denses, le coût à la prise est "très cher", sans que, pour autant, des références de coût réellement fondées soient avancées. Une étude de piquetage, telle qu'elle est proposée ici, permet le calcul d'un chiffre plus précis, basé sur plusieurs facteurs de variation du coût et prenant en compte les spécificités locales (typologie de l'habitat, densité, infrastructures mobilisables...), et fonde ainsi la base d'une discussion possible. Les exemples de projets déployés en France (donc en zone dense) donnent grossièrement des chiffrages entre 500 et 1000 euros par prise raccordable (on entend par prise raccordable un accès FTTH possible, pour l'occupant d'un logement, dans un délai et à un coût raisonnable ; dans le cas d'un immeuble collectif, cela signifie que le câble optique vient au moins au niveau de chaque étage, même si les appartements eux-mêmes ne sont pas encore reliés ; dans le cas de maisons, cela signifie qu'un câble est présent dans la rue et qu'il existe un moyen de relier une prise dans le logement à ce câble, sans travaux lourds). Une estimation de l'ARCEP fin 2006 avait donné une moyenne du coût d'investissement de 2000€ par prise (moyenne sur le territoire français, mêlant donc zone dense et peu dense). Cette étude montre qu'en zone peu dense, sur un territoire où le pavillonnaire est largement dominant (donc où les réseaux sont les plus coûteux à déployer jusqu'à chaque foyer), on aboutit à une moyenne de 2500€ par prise (hors coût de l'adduction du bâtiment, qui représente a priori et en moyenne un surcoût de l'ordre de 100 à 150€), ce qui n'apparaît pas démesuré au regard des chiffres précédents, même si cela apparaît largement supérieur aux seuils actuels admis par les opérateurs : à raison de 10€ mobilisables par mois pour financer le projet (coût en 2008 de la location d'une paire de cuivre téléphonique), la réalisation est financée en 25 ans (à revenu par abonné constant, mais en supposant un basculement de 100% des lignes du cuivre à la fibre). Un facteur important est à prendre en compte ici : la disponibilité d'infrastructures mobilisables réduit fortement le coût à la prise. Ainsi, dans l'exemple de l'étude présentée, le coût moyen par prise baisse de 750€ avec la prise en compte de ces facilités (-25%). 3. Un schéma directeur FTTH à l'échelle d'un ensemble de communes L'étude réalisée par Manche Numérique s'inscrit dans une logique de schéma directeur des réseaux FTTH, à l'échelle du territoire intercommunal de La Hague. Un tel schéma directeur peut s'entendre comme un complément d'étude de schéma directeur territorial d'aménagement numérique qui lui, conformément à la loi visant à lutter contre la fracture numérique, doit être établi au minimum à l'échelle d'un département. Il part du scénario idéal cible dans lequel chaque logement est raccordé en FTTH. Les études vont permettre de chiffrer la réalisation de ce scénario ; les estimations de coût permettront alors de fixer des échéances pour atteindre l'objectif, en fonction des moyens mobilisables, par la collectivité comme par les opérateurs. Le schéma peut s'appuyer sur un diagnostic réalisé préalablement, visant à identifier les éventuels réseaux optiques de desserte existants (il peut y en avoir dans les zones d'activités en particulier) et à quantifier et localiser les besoins, qui peuvent être plus ou moins importants suivant les endroits. A partir de ces données de départ et de l'objectif de couvrir tout le territoire en FTTH, et suivant les principes généraux évoqués précédemment, le schéma directeur FTTH consiste en la définition d'une architecture de réseau et en l'estimation de son coût, avec un découpage par phases de réalisation. CETE de l'Ouest - Point d'appui national Aménagement Numérique des Territoires 6/7 4. Public et privé : établir un dialogue autour d'une même ligne directrice Une telle étude permet également de rassembler acteurs publics et privés autour d'une référence commune (que sont les résultats apportés par l'étude), pour qu'ils échangent et débattent de son intérêt, de ses limites, et qu'ils puissent s'accorder autour d'un projet partagé dans lequel chacun trouverait son intérêt. L'établissement d'un schéma directeur vise ainsi à mettre en place des synergies entre action publique et investissements privés sur le territoire. 4.1. Un document partagé qui stimule les projets Dans le cas présenté ici, l'étude sur la communauté de communes fixe une situation à atteindre à terme (le très haut débit sur l'ensemble du territoire), présentée par phases progressives d'investissement. Mise à disposition de tous, cette étude, comme document partagé, permet à tout acteur de s'y référer pour planifier ses propres projets. Elle constitue également, pour l'acteur public qui n'a pas forcément une connaissance approfondie du domaine des communications électroniques, un document de référence pour analyser d'éventuelles propositions d'opérateurs. Enfin, avoir à disposition une telle étude permet d'objectiver la problématique du très haut débit sur un territoire : considérée comme un projet "ambitieux" par nature, l'idée d'un déploiement très haut débit est généralement rapidement écartée par les collectivités comme les opérateurs dès que l'on s'éloigne des zones les plus denses. Une planification chiffrée d'un déploiement Très haut débit sur le territoire permet d'ouvrir la discussion sur sa réalisation. Elle permet également de faciliter le déclenchement d'actions préparatoires visant à réduire le coût par abonné, comme par exemple la mise en place d'infrastructures mobilisables (fourreaux, chambres) par les gestionnaires de voirie lors de travaux routiers. 4.2. Un espace de discussion public/privé En proposant un phasage par niveau de "coût à la prise", l'étude de piquetage permet d'ouvrir des perspectives plus larges que ne le ferait une démarche d'opérateur privé, centrée sur la rentabilité financière stricte du projet, prise par prise. Si dans l'exemple manchois, un opérateur décide qu'il n'engagera pas plus de 2000 euros par prise, il arrêtera spontanément son projet à la phase 1 (zone où le coût revient à 1750 €/prise). En revanche, la collectivité, en se référant à cette étude et en encadrant la démarche de l'opérateur, peut l'inviter à aller jusqu'à la phase 3 : en effet, étudiées séparément, les phases 2 et 3 correspondent à des coûts à la prise de 2200 et 2400€. Mais si l'on considère la moyenne sur l'ensemble des 3 premières phases, on obtient un coût de 2000 €/prise, ce qui reste dans le cadre des conditions financières acceptables pour l'opérateur. CETE de l'Ouest - Point d'appui national Aménagement Numérique des Territoires 7/7 Les acteurs publics peuvent ainsi orienter les projets des opérateurs pour qu'ils usent des mécanismes de péréquation au profit d'une plus grande diffusion des services très haut débit sur leur territoire. En contrepartie, les collectivités peuvent par exemple accorder des facilités en matière de mise à disposition d'infrastructures. La Ville de Montpellier propose ainsi par exemple aux opérateurs privés d'accéder à ses fourreaux mis en place à l'occasion de l'aménagement de certaines zones (situées en périphérie de la ville), en contrepartie de quoi ceux-ci s'engagent à déployer sur leurs fonds propres des prises FTTH dans des quartiers historiques du centre-ville, où la collectivité ne Estimation des coûts Etude de piquetage FTTH - La possède pas de fourreaux (pour plus de Hague précisions sur la démarche de la ville de Montpellier, voir le guide publié par le CRIP, p. 57). 4.3. L'étude de piquetage comme base d'un plan d'actions cohérent et d'une implication de l'action publique L'étude de piquetage peut servir de base à la définition d'un plan d'actions associant les différents acteurs, en se basant sur un compromis public-privé où les intérêts de chacun (objectifs de rentabilité pour l'opérateur, et d'aménagement pour l'acteur public) sont pris en compte. Le schéma directeur ainsi constitué invite également les élus à intégrer cette problématique de l'aménagement numérique au sein de politiques plus larges : en voyant en quoi un projet de déploiement FTTH peut servir d'appui à d'autres actions publiques (apport de services à la population, soutien au développement économique et à l'innovation par la mise à disposition de connexions très performantes, ...), mais aussi en comparant le coût d'un tel projet à d'autres chantiers envisagés (aménagement routier par exemple). Enfin, la ligne directrice donnée par le schéma, basée sur un déploiement progressif, permet d'assurer une cohérence aux initiatives de déploiement de réseaux optiques, et aide à une meilleure structuration de l'investissement sur le territoire. 5. Ressources complémentaires • L'intervention des collectivités territoriales dans les communications électroniques – Points de repère sur le déploiement du très haut débit (FTTH – fibre optique jusqu'à l'abonné) (CRIP, mai 2008) • TRIP 2008 AVICCA - Montée en débits : objectifs et moyens de couverture du territoire : intervention de Philippe Le Grand, directeur du syndicat Manche Numérique