Place du diagnostic biologique de l`herpès virose B (cehv1) chez le
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Place du diagnostic biologique de l`herpès virose B (cehv1) chez le
Place du diagnostic biologique de l’herpès virose B (cehv1) chez le macaque dans la gestion du risque de transmission à l’homme E. COUTROT1, M. BLANCHER-SARDOU2, B. MARCHOU3, P-A. APOIL1, J. DUCOS DE LAHITTE4, A. BLANCHER1* 1 Laboratoire d’Immunogénétique Moléculaire, Faculté de Médecine de Rangueil, Bâtiment A2, 133 Route de Narbonne, 31062, Toulouse cedex 4, FRANCE. Laboratoire d’analyse médicale, 16 Boulevard de Strasbourg, 31000, Toulouse, FRANCE 3 Service des Maladies Infectieuses, CHU de Toulouse Hôpital Purpan, Place du Docteur Baylac, TSA 40031, 31059 Toulouse cedex 9, FRANCE 4 Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse, 23, Chemin des Capelles, 31076 Toulouse cedex, FRANCE 2 Auteur chargé de la correspondance : E-mail : [email protected] - Tél : 05 61 32 34 32 RÉSUMÉ SUMMARY Le virus de l’herpès virose B du macaque (Cercopithecine Herpes Virus 1, CeHV1) du genre Simplexvirus (famille des Herpesviridae et sous-famille Alphaherpesvirinae), endémique chez tous les macaques asiatiques, est le seul herpès virus de primate pathogène pour l’homme. Bien que peu de cas d’infection humaine ait été rapportés, la sévérité de la maladie, une méningoencéphalite mortelle en l’absence de traitement, oblige à prendre en compte le risque que représente cette zoonose. Le portage viral étant le plus souvent asymptomatique chez les macaques, le diagnostic biologique de cette infection joue un rôle prédominant dans la gestion du risque. Nous confrontons aux données de la littérature notre expérience pratique de la sérologie anti-herpétique chez les macaques. Par ailleurs nous présentons les résultats de diverses techniques de PCR destinées à mettre en évidence chez les macaques le génome du CeHV1 dans divers prélèvements muqueux et de tissus nerveux. Le diagnostic biologique de l’infection chez le macaque participe à la conduite à tenir lors d’accident d’exposition à un macaque. Place of biological diagnostic of macaque B virus (CeHV1) infection in handling of the transmission risk to humans. Mots-clés : Cercopithecine herpes virus 1, zoonose, macaque, herpès virose b, sérologie, pcr. The macaque herpes B virus (Cercopithecine Herpes Virus 1, CeHV1) of the Simplexvirus gender (Herpesviridae family and Alphaherpesvirinae subfamily), endemic in all Asiatic macaques is the only primate Simplexvirus pathogenic for humans. Although few cases of human infection have been reported, the severity of the human disease, a meningo-encephalitis lethal without treatment, leads to take into account the risk of this zoonosis. Because the virus carriage in macaques is most of the time asymptomatic, the biological diagnostic of the infection plays a predominant role in the risk handling. We confront here the literature data to our own experience of herpes serology in macaques. Moreover, we present our results of various PCR techniques aimed to evidence the CeHV1 genome in various samples of mucosa and nervous tissues. Examples of practical handlings are detailed in annexes. The biological diagnostic of this infection in the macaque participates to the practical handling in the case of accidental exposition to a macaque. Keywords : Cercopithecine herpes virus 1, zoonosis, macaque, b virus, serology, pcr. Introduction Le virus de l’herpès virose B du macaque (ou Cercopithecine Herpes Virus 1, CeHV1) appartient à la famille Herpesviridae, plus précisément à la sous-famille Alphaherpesvirinae et au genre Simplexvirus [1]. Ce virus est endémique chez tous les macaques asiatiques à l’état sauvage [2]. Parmi toutes les populations de macaques asiatiques seule celle des macaques crabiers (Macaca fascicularis) de l’île Maurice est réputée exempte du virus. Cette population est en fait un isolat génétique constitué à partir d’animaux juvéniles originaires de Java importés par les bateaux marchands portugais au début du 17ème siècle [3]. Par ailleurs tous les individus de la seule espèce de macaque africaine (le magot ou Macaca sylvanus) testés jusqu’à présent sont indemnes du virus CeHV1 [résultats non publiés]. Il est très probable que cette espèce africaine, y compris la colonie du rocher de Gibraltar, soit indemne du virus. Le CeHV1 est phylogénétiquement très proche d’autres virus du genre Simplexvirus : les virus herpès simplex 1 et 2 humains (HSV1 et 2) et du chimpanzé (ChHV), le “Simian Revue Méd. Vét., 2007, 158, 7, 367-379 agent 8” (SA8) des singes verts africains et l’Herpes virus papio 2 (HVP2) des babouins. Les pathologies cutanéo-muqueuses chez les macaques sont similaires aux maladies humaines dues aux HSV1 et HSV2 [4]. Contrairement aux virus humains, le CeHV1 n’a pas de tropisme préférentiel pour la sphère buccale (HSV1) ou génitale (HSV2), les deux territoires étant le plus souvent touchés chez le même animal. Après une primo-infection souvent asymptomatique le CeHV1 persiste à vie dans les neurones des racines sensitives innervant les territoires cutanés et muqueux sièges de l’infection initiale : les ganglions trijumeaux pour la face et les ganglions des racines postérieures lombosacrés pour la sphère ano-génitale. Comme les HSV1 et 2, le CeHV1 est transporté de manière rétrograde dans les axones des neurones sensitifs où il se trouve à l’abri de l’action neutralisante des anticorps anti-CeHV1 [5]. Dans les neurones, le virus reste latent mais peut, dans certaines circonstances, reprendre des cycles de réplication aboutissant à la réinfection endogène des muqueuses buccales et génitales. Ces réinfections endogènes appelées herpès de sortie sont le plus souvent asymptomatiques. En dehors de certaines circonstances particulières (infection néo- 368 COUTROT (E.) ET COLLABORATEURS natale, immunodépression virale ou iatrogène) les formes cliniques graves disséminées sont rares. Ces formes disséminées sont les seules à s’accompagner d’une virémie qui est responsable de la diffusion de l’infection aux poumons, au foie et à la rate principalement [6]. Comme chez l’homme, les encéphalites herpétiques sont rares et l’on ignore quels sont les facteurs d’hôte ou du virus qui favorisent la dissémination cérébrale par voie neuronale du virus. En dehors des macaques asiatiques, de nombreuses espèces de primates sont sensibles à l’infection (tableau I). En captivité, il sera crucial de proscrire toute promiscuité entre les macaques asiatiques et les autres espèces de primates. Le CeHV1 est le seul herpès virus de primate pathogène pour l’homme [7]. Chez l’homme, contrairement à ce que l’on observe chez les macaques, le virus présente un neurotropisme marqué et est responsable d’une encéphalomyélite le plus fréquemment mortelle en l’absence de traitement. Pour cette raison, en Europe le CeHV-1 fait partie du groupe 3 de la classification des agents biologiques. Aux USA il est même classé dans le groupe 4 et inclus dans la liste des agents infectieux potentiellement dangereux dans le cadre du bioterrorisme. Type d’infection par le CeHV1 Espèce Infectés naturellement { macaques rhésus (Macaca mulatta) macaques crabiers (Macaca fascicularis) macaques bruns (Macaca arctoides) macaques à queue de cochon (Macaca nemestrina) macaques japonais (Macaca fuscata) macaques bonnet chinois (Macaca radiata) macaques de Formose (Macaca cyclopis) macaques du Tibet (Macaca thibetana) macaques à queue de lion (Macaca silenus) macaques de Tonkean (Macaca tonkeana) Sensibles en captivité { cercopithèques de Brazza (Cercopithecus neglectus) singes rouges (Erythrocebus patas) colobes à épaules blanches (Colobus abyssinicus) capucins sajou apelle (Cebus apella) ouistitis (Callithrix jacchus) TABLEAU 1 : liste non exhaustive des espèces de primates non humains naturellement infectées par le CeHV1 et celles pour lesquelles il a déjà été décrit des cas de contamination. Toute la difficulté de la gestion vétérinaire de cette maladie animale, bénigne pour son hôte naturel le macaque, réside dans la prévention du risque de transmission du virus à l’homme. La maladie induite par le CeHV1 chez le macaque étant le plus souvent pauci-symptomatique voire asymptomatique, le dépistage sérologique systématique chez les macaques de l’infection par ce virus revêt une importance majeure dans toutes les circonstances où les macaques porteurs du virus sont en contact étroit avec l’homme (c'est-àdire les professionnels travaillant dans des animaleries, zoos, élevages ou centres de quarantaine). On rappellera que la quarantaine de cas d’infections humaines rapportés jusqu’à présent ne concernent que des personnes impliquées professionnellement dans la manipulation des macaques. Aucun cas de contamination humaine n’a été rapporté dans les populations où les contacts avec les animaux sont pourtant fréquents (Inde, Japon, Vietnam, Chine…). Ce n’est que tout récemment que les autorités sanitaires se sont préoccupées du problème des magots à Gibraltar et des singes rhésus dans les temples Indiens [8]. Pour les non professionnels (par exemple les visiteurs de zoo) on ne peut qu’insister sur la nécessité dans le doute de s’abstenir de conduites dangereuses exposant les personnes aux risques de morsure ou griffure. Comme le suggère l’absence de cas déclarés dans les régions asiatiques où les populations sont en contact étroit avec les macaques infectés, le virus est certainement peu infectieux pour l’homme et sa transmission implique un contact étroit du fait de sa fragilité dans le milieu extérieur. On ignore si un facteur génétique prédispose certains hôtes humains à l’infection mais il a été évoqué, mais non démontré, que certaines souches virales pourraient être plus infectieuses que d’autres pour l’homme. Les traitements anti-herpès sont efficaces chez l’homme dans le traitement préventif et curatif de la maladie humaine (voir plus loin). Il n’existe pas de vaccin ni pour les animaux ni pour les hommes. La séropositivité chez l’homme vis à vis des HSV1 ou 2 n’est pas protectrice. La protection de l’homme passe par la gestion du risque infectieux. Les principaux modes de contamination lors de la manipulation des animaux sont : les morsures, les griffures, la contamination d'une plaie par de la salive de macaque, les blessures avec une aiguille ayant servi à prélever un macaque contaminé, les éraflures cutanées sur la cage d'un animal contaminé et la contamination par voie oculaire (salive, fèces) ; et lors de manipulations au laboratoire : la contamination par le milieu de culture et les cellules infectées par le CeHV1. Il faut considérer comme potentiellement infectieux les prélèvements biologiques comme les fèces, la salive, les prélèvements génitaux. La prévention du risque passe par la limitation de la manipulation d’animaux porteurs du virus au strict nécessaire avec application de mesures de précaution particulières (voir tableau II). Revue Méd. Vét., 2007, 158, 7, 367-379 HERPÈS B DES MACAQUES : DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE 369 En raison de la bénignité de la maladie animale, tant dans sa forme primaire que dans ses formes de sortie, et l’existence de porteurs sains, la détection clinique des animaux porteurs de virus est peu ou pas efficace. Le dépistage du portage viral passe donc principalement par le diagnostic biologique. Chez l’animal, on peut alors soit rechercher directement la présence du virus, soit rechercher la présence d’anticorps dirigés contre ce même virus. Nous envisagerons à la lumière de notre expérience personnelle les méthodes utilisées et leurs limites. Précautions à prendre Eviter les morsures et les griffures Stériliser avant destruction tout matériel souillé Eviter l’introduction d’animaux infectés dans une colonie exempte d'infection par le CeHV1 Surveillance permanente du statut sérologique des animaux d’une colonie Moyens à mettre en œuvre { Contention physique voire chimique si cela est possible des animaux lors de manipulations Port de gants anti-morsure (Kevlar) et d’un masque adéquat, de même que de vêtements de travail régulièrement changés et stérilisés. Les avant-bras devront être spécialement protégés. { { Virus sensible aux ultraviolets, aux acides et aux bases, à l'hypochlorite de sodium 1% (eau de Javel diluée au 1/10), à l'éthanol à 70%, au glutaraldéhyde à 2%, au formaldéhyde et inactivation par la chaleur (50-60°C pendant 30 minutes) { Surveillance du statut sérologique des animaux avant leur introduction dans la colonie La surveillance sérologique des animaux d’une colonie permet l’éviction de tout animal suspect pour limiter les risques de diffusion du virus au sein de la colonie TABLEAU 2 : Mesures de prévention contre le risque de contamination humaine par le CeHV1. Détection directe du virus CeHV1 La mise en évidence du virus repose soit sur l’isolement viral soit sur la détection de l’ADN viral par PCR. LE PRÉLÈVEMENT Les animaux infectés par le CeHV1 sont porteurs à vie du virus, mais la détection directe de ce virus n’est pas pour autant aisée car en dehors de l’infection primaire, le virus reste tapi dans les ganglions des racines sensitives (latence) en dehors des périodes de réinfections endogènes (herpès de sortie) favorisées par certains facteurs tels que : l’œstrus, le stress, la gravidité ou l’immunodépression sévère. Sur l’animal vivant, on prélèvera des échantillons de muqueuse puisque le virus se multiplie de manière efficace dans les cellules épithéliales des muqueuses. Sur l’animal mort on pourra aussi prélever les ganglions trigéminés ou bien les ganglions sacrés. Lors de la manipulation de l’animal et de l’écouvillon, il sera de rigueur d’observer toutes les précautions possibles afin d’éviter une éventuelle contamination humaine par le CeHV1. Le port d’une blouse, de gants, d’un masque et de lunettes de protection est requis. En cas d’accident lors de la manipulation voir l’annexe 2 pour la conduite à tenir. Revue Méd. Vét., 2007, 158, 7, 367-379 Pour prélever des échantillons de cellules muqueuses, on utilise des écouvillons stériles en coton ou en Dacron. Le prélèvement est réalisé en frottant l’écouvillon sur la muqueuse apparemment saine à prélever (buccale, vaginale, anale ou du prépuce) ou sur les lésions (ulcères ou vésicules muqueux ou conjonctivaux) si elles existent. Une biopsie de peau est aussi possible en cas de lésions patentes. Dans le but d’un isolement viral, l’écouvillon doit être immédiatement placé dans un tube contenant 1 à 3 ml de milieu de transport de virus. Dans le cas d’un échantillon issu d’une biopsie de peau par exemple, le tissu collecté doit être également placé dans un milieu de transport de virus adéquat permettant la survie du virus (par exemple la solution de Earle complétée de 50 µg/ml de gentamycine et 2% de sérum de veau fœtal) [9]. Par mesure de précaution il vaudra mieux se mettre en rapport avec le biologiste qui assurera la recherche du virus pour s’assurer auprès de lui des procédures de prélèvement et de transport. Les écouvillons peuvent être conservés et transportés au laboratoire entre 2°C et 6°C durant une semaine. Pour des délais de conservation ou d’acheminement supérieurs, on recommandera de congeler les échantillons à -80°C, ils sont alors stables pendant au moins six mois. Dans le cas d’une recherche de l’ADN viral par PCR, l’écouvillon sera déshydraté à l’air libre pendant 10 à 15 minutes puis placé dans un emballage stérile et étanche. L’ADN 370 COUTROT (E.) ET COLLABORATEURS sur l’écouvillon est ainsi stable jusqu’à un mois à température ambiante et jusqu’à 6 mois à -20°C. Une alternative consiste à placer l’écouvillon dans un tube contenant un tampon assurant la lyse des cellules, la stérilisation du prélèvement et la bonne conservation de l’ADN (se référer aux procédures du laboratoire qui pratiquera la PCR). L’ISOLEMENT VIRAL IN VITRO Bien que cette méthode ait joué un rôle déterminant dans la caractérisation du virus, son application reste limitée à la définition de nouvelles souches variantes du virus. Seuls trois laboratoires proposent encore cette méthode (cf. annexe 1). Le CeHV1 se réplique de manière efficace sur des lignées cellulaires (lignée Vero de singe vert, lignée HeLa humaine) ou sur cultures primaires de cellules de rein de singe vert ou de rein de lapin. L’effet cytopathogène observé est typique des herpès virus mais l’identification de l’espèce virale, par un test de séro-neutralisation virale par des anticorps spécifiques ou une réaction de PCR spécifique de CeHV1, est indispensable. Avant la banalisation de la PCR et des méthodes d’étude des séquences nucléotidiques, le test de séro-neutralisation du virus par des anticorps est demeuré longtemps l’unique outil permettant l’identification virale. Cependant la spécificité de la méthode était limitée par la réactivité croisée des anticorps anti-CeHV1 de macaques avec les virus phylogénétiquement proches et antigéniquement voisins (HSV1 et 2, SA8 et HVP2). Désormais, seule l’identification du génome du virus par PCR spécifique suivie de l’étude de la séquence des fragments amplifiés, permet l’identification de l’espèce virale. LA PCR Elle peut être réalisée soit sur l’ADN extrait des prélèvements muqueux soit, comme indiqué dans le paragraphe précédent, après mise en culture du virus contenu dans ces Laboratoire Tests disponibles Dr. Julia Hilliard B Virus Research and Resource Laboratory Georgia State University PO Box 4118 Atlanta, GA 30302-4118 - USA Tel : (404) 651-0808 E-mail: [email protected] Dr. David Brown Enteric, Respiratory, and Neurological Virus Laboratory Central Public Health Laboratory 61 Colindale Ave. London NW9 5HT - England Tel : (44) 208-200-4400 E-mail: [email protected] VRL Laboratories 7540 Louis Pasteur Drive San Antonio, Texas 78229 - USA Tel : (877) 615-7275 - Fax : (877) 615-7771 Site Web : http://www.vrllabs.com/ Culture virale et PCR sur échantillons simiens et humains Tests sérologiques (dépistage sur CeHV1) sur sérum simien et humain Culture et PCR sur échantillons simiens et humains Tests sérologiques (dépistage sur CeHV1) sur sérum simien et humain Culture et PCR sur échantillons simiens uniquement Tests sérologiques (dépistage sur CeHV1) sur sérum simien et humain BioReliance Simian Diagnostic Laboratory 14920 Broschart Road Rockville, MD 20850 - USA Tel : (301) 610-2227 - Fax : (301) 610-2587 E-mail: [email protected] Site Web : http://www.bioreliance.com/simian.html Tests sérologiques (dépistage sur CeHV1) sur sérum simien uniquement Vet Diagnostics Tests sérologiques sur échantillons simiens uniquement Primate Viral Diagnostic Biomedical Primate Research Centre Lange Kleiweg 139 2288 GJ Rijswijk The Netherlands Phone : +31 (0) 15.284.2855 - Fax : +31 (0) 15.284.3986 email : [email protected] Tests sérologiques (antigènes extrait de culture de HSV1) sur échantillons simiens uniquement Shin Nakamura Department of Cellular and Molecular Biology Primate Research Institute - Kyoto University Inuyama, Aichi 484-8506 - Japan Tests sérologiques (antigènes de Herpes papio 2) sur échantillons simiens uniquement et pour l’Asie uniquement ANNEXE 1 : Laboratoires de référence Revue Méd. Vét., 2007, 158, 7, 367-379 HERPÈS B DES MACAQUES : DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE 371 prélèvements. La proche parenté phylogénique du CeHV1 avec les autres Simplexvirus comme le SA8, l’HVP2, mais aussi les HSV1 et HSV2, a amené les chercheurs à proposer différentes méthodes de PCR permettant d’amplifier spécifiquement l’ADN du CeHV1. Les séquences des amorces que nous avons nous même étudiées sont regroupées dans le tableau III. paires de bases (voir figure 1) et de 148 paires de bases (voir figure 2), a pu être détecté dans le produit de PCR après électrophorèse sur gel d’agarose 1% et négatives en son absence. Comme attendu, toutes les réactions de PCR se sont révélées négatives avec l’ADN extrait des échantillons de Mauriciens (cette population est indemne du CeVH1) (tableau IVa). Ces échantillons nous ont servi de contrôles négatifs dans toutes nos manipulations. En ce qui concerne les écouvillons prélevés chez des animaux séropositifs, on observe que la quasi Les réactions de PCR “gGS4” et “gC” ont été déclarées positives lorsqu’un fragment amplifié, respectivement de 209 Type de PCR Amorce Séquence Réf. PCR conventionnelle gGS4 gGS4 gGAS4 CCGCGTACGACTACGAGATCC GTTCGCGGCCACGATCCA [10] [10] PCR nichée gC gC_1352_F gC_1646_R gC_1410_F gC_1558_R CGAGATGGAGTTCGGGAGCGGCGA GGTCACCTGCTGGCCCACGGGGTC GTGGAGCTGCAGTGGCTGCT AGCCGGCAGGTGTACTCGCT [11] [11] [11] [11] PCR quantitative gB RhBVgB_F RhBVgB_P RhBVgB_R GGTGATCGACAAGATCAACGC TCTGCCGCTCGACGGCAAAGTAC GCCGTGCTCTCCATGTTGTT [12] [12] [12] TABLEAU 3 : Séquences des amorces pour la détection spécifique de l’ADN du CeHV1. La liste que nous présentons n’est pas exhaustive. Parmi les différentes réactions de PCR décrites, nous n’avons retenu que les plus sensibles et les plus spécifiques. Nous les avons testées sur différents prélèvements d’origine simienne prélevés par des vétérinaires. totalité (23 sur 24) donne un résultat positif par PCR quantitative “gB” (tableau IVa). Sur ces vingt-quatre échantillons, douze ont été donnés positifs avec les deux techniques de PCR, PCR conventionnelle “gGS4” et PCR quantitative “gB” (tableau IVa). Dans tous les cas on observe que le nombre de copies trouvées dans l’ADN extrait de ces écouvillons (de 0 à 400 copies) est très faible en comparaison avec l’ADN extrait des ganglions trijumeaux du macaque “A” (40000 copies) (tableau IVb). Il est à noter qu’aucune des réactions de PCR nichée “gC” réalisées sur l’ADN extraits des différents écouvillons n’a donné de résultat positif, seul l’ADN extrait des ganglions trijumeaux du macaque “A” a permis l’amplification du fragment d’ADN attendu. Afin de nous assurer de la spécificité des réactions, les réactions de PCR conventionnelle “gGS4”, de PCR nichée “gC” et de PCR quantitative “gB” ont été testées sur de l’ADN viral extrait de cultures de HSV1 et HSV2. Les deux PCR, l’une conventionnelle et l’autre nichée, n’ont pas permis d’amplification sur l’ADN de HSV1 ou HSV2. La PCR quantitative s’est révélée négative avec l’ADN de HSV1 ou HSV2. Dans le cas de HSV2, les amorces ne permettent pas l’amplification de la séquence cible, et dans le cas de HSV1, il y a bel et bien amplification mais la sonde spécifique du CeHV1 n’hybride pas les fragments amplifiés à partir de HSV1 (2 mutations ponctuelles au niveau de la séquence cible de la sonde) (voir figure 3). FIGURE 1 : Résultats de PCR conventionnelle “gGS4”. Les réactions de PCR ont été réalisées à partir d’échantillons d’ADN extraits d’un écouvillonnage buccal chez un macaque d’origine mauricienne (A) et du ganglion trijumeau du macaque “A” (B). PM : marqueur de poids moléculaire. Un fragment amplifié de 209 paires de bases a pu être détecté dans le produit de PCR réalisée à partir d’un échantillon d’ADN extrait du ganglion trijumeau du macaque “A” après électrophorèse sur gel d’agarose à 1%. FIGURE 2 : Résultats de PCR nichée “gC”. Les réactions de PCR ont été réalisées à partir d’échantillons d’ADN extraits du ganglion trijumeau du macaque “A” (A) et d’un écouvillonnage buccal chez un macaque d’origine mauricienne (B). PM : marqueur de poids moléculaire. Un fragment amplifié de 148 paires de bases a pu être détecté dans le produit de PCR réalisée à partir d’un échantillon d’ADN extrait du ganglion trijumeau du macaque “A” après électrophorèse sur gel d’agarose à 1%. Revue Méd. Vét., 2007, 158, 7, 367-379 372 COUTROT (E.) ET COLLABORATEURS Espèce Type de prélèvement Nombre PCR “gGS4” PCR quantitative “gB” Sérologie M.fascicularis Ecouvillon muqueux 20 0/20 0/20 - M.fascicularis Ecouvillon muqueux 4 3/4 4/4 + M. tonkeana Ecouvillon muqueux 20 9/20 19/20 + PCR quantitative “gB” Nombre de copies par échantillon Sérologie Animal Type de prélèvement PCR “gGS4” Macaque A Ganglions trijumeaux + 40000 + Macaque B Ganglions trijumeaux - 23 + Macaque B Ganglions sacrés - 40 + TABLEAU 4 : Résultats de PCR réalisées sur des prélèvements muqueux et de tissus nerveux. (a) Des écouvillons buccaux et génitaux ont été prélevés sur dix macaques de Tonkean (Macaca tonkeana) séropositifs pour le CeHV1, quatorze macaques crabiers (Macaca fascicularis) dont dix séronégatifs d’origine mauricienne et trois originaires des Philippines et séropositifs pour le CeHV1. (b) Lors de l’autopsie de deux macaques crabiers séropositifs pour le CeHV1 (le macaque “A” originaire des Philippines et le macaque “B” originaire du Vietnam) nous avons prélevé les ganglions trijumeaux et dans un cas les ganglions des racines sacrées. La positivité de la réaction PCR conventionnelle “gGS4” a été déclarée devant la présence d’une bande de poids moléculaire attendu (voir figure 1). Les résultats de la PCR quantitative “gB” sont exprimés en nombre de copies du génome viral présentes dans les échantillons en rapportant les résultats à une courbe de calibration obtenue avec un plasmide contenant la séquence cible. La limite de détection de la méthode est d’environ deux copies (de plasmide) par réaction. FIGURE 3 : Résultats de PCR quantitative “gB”. Les réactions de PCR ont été réalisées à partir du plasmide contenant le fragment d’ADN amplifié par la PCR quantitative (A : 1000 copies par réaction, B : 100 copies par réaction) et à partir d’échantillons d’ADN extraits de culture virale de HSV2 (C) et HSV1 (D). PM : marqueur de poids moléculaire. Il apparaît donc que les réactions de PCR que nous avons testées sont très spécifiques du CeHV1 et ne donnent aucune réaction avec le génome des deux HSV humains. Cela permet d’exclure toute possibilité de réaction de PCR faussement positive par contamination de l’échantillon par les HSV humains que ce soit lors du prélèvement par écouvillonnage sur l’animal ou lors de la manipulation de l’échantillon au laboratoire d’analyse. D’après les résultats obtenus sur les écouvillons prélevés chez les animaux séropositifs, nous avons pu classé les différentes réactions de PCR par ordre de sensibilité en fonction des résultats obtenus sur les écouvillons prélevés chez des animaux séropositifs : la PCR quantitative “gB” est la réaction la plus sensible avec 23 positifs sur 24, suit la PCR conventionnelle “gGS4” avec 12 positifs sur 24 et enfin la PCR nichée “gC” est la réaction la moins sensible car aucune des réactions réalisée avec les écouvillons prélevés chez des animaux séropositifs ne s’est révélée positive. La spécificité de la PCR quantitative est meilleure de part l’emploi de deux amorces de PCR et d’une sonde contraire- ment à la PCR conventionnelle dont la spécificité ne repose que sur celle des deux amorces. Cependant, on peut toujours conforter l’identification virale par l’étude de la séquence des fragments amplifiés par PCR conventionnelle. Nous avons réalisé cette vérification au laboratoire ce qui nous a permis d’affirmer la nature du virus mis en évidence. Les produits de PCR obtenus lors des réactions de PCR conventionnelles gGS4 / gGAS4 et nichée gC_1410_F / gC_1558_ R ont été séquencés, les séquences ainsi obtenues étaient respectivement identiques à 96% et 100% avec les séquences publiées dans Genbank. Détection indirecte du virus CeHV1 Comme tous les virus, le CeHV1 provoque chez le macaque l’apparition d’une réponse immunitaire humorale caractérisée par l’apparition d’anticorps qui persisteront à des titres variables chez l’animal et d’une réponse cellulaire (lymphocytes T CD4) qui contiendra l’infection et maintiendra la latence du virus. Le diagnostic sérologique est basé sur la mise en évidence des anticorps dans le sérum (ou le plasma) des macaques. Il a été démontré que les anticorps suscités par le CeHV1 réagissent de façon croisée avec des virus phylogénétiquement proches si bien que les tests de détection utilisent soit le CeHV1 lui même soit des virus moins dangereux à cultiver mais suffisamment proches pour ne pas nuire à la sensibilité du dépistage. La recherche des anticorps antiCeHV1 par réactivité croisée ne nuit en rien à la spécificité du test car les virus utilisés pour la recherche des anticorps, Revue Méd. Vét., 2007, 158, 7, 367-379 HERPÈS B DES MACAQUES : DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE 373 que ce soient le SA8, le HVP2 ou les HSV humains, n’ont jamais été observés chez les macaques. Dans la suite de cet article, la spécificité et la sensibilité des tests seront définies par rapport aux résultats rendus par des laboratoires de références (voir annexe 1). Trois notions sont essentielles pour juger de l’efficacité diagnostique d’un test biologique : le seuil de positivité, la sensibilité et la spécificité. Le seuil de positivité est la valeur au dessus de laquelle le biologiste affirme la présence d’anticorps. La spécificité et la sensibilité du test sont définies par comparaison des résultats avec ceux obtenus avec une technique diagnostique réputée de référence. Dans le cas du CeHV1, la seule vraie référence est l’état porteur ou non du virus par l’animal. Seule la recherche du virus dans le tissu nerveux des animaux permet ce diagnostic de certitude. Dans la pratique, cependant, on ne peut se référer qu’à une autre technique sérologique. On doit alors parler de comparaison de performance de deux tests. Cette performance dépend des caractéristiques techniques du test et du seuil de positivité que le biologiste fixe dans son laboratoire. En effet, sensibilité et spécificité varient de façon inverse en fonction du seuil ce qui conduit le biologiste à trouver le meilleur compromis (voir figure 4). Enfin la reproductibilité du test utilisé conditionne l’invariance du seuil au cours du temps et donc la qualité des conclusions du biologiste. En effet il n’est pas possible d’établir un seuil lors de chaque manipulation. La standardisation des résultats au cours du temps est donc cruciale pour la validité du test. Bien que la technique de Western blot soit la technique de référence pour l’identification des anticorps, elle est peu pratiquée en première intention. Le Western Blot est la première technique qui a permis de distinguer avec certitude les sérums contenant des anticorps spécifiques du CeHV1 de ceux contenant des anticorps spécifiques d’autres Simplexvirus proches de ce dernier. Ce problème de spécificité se pose cependant rarement pour les sérums de macaque. Dans le Western blot, des antigènes provenant de cellules infectées et non infectées par le CeHV1 sont soumis à une migration par électrophorèse en conditions dénaturantes sur gel de polyacrylamide avant d’être transférés sur membrane de nitrocellulose. Chaque membrane est mise en contact avec les sérums à tester et révélés par des anticorps anti-immunoglobulines humaines marquées. Cette technique est relativement lourde à mettre en œuvre, ne permet pas une automatisation importante de la technique et n’est pas la technique la plus sensible. LES TESTS ELISA La méthode ELISA est à l’heure actuelle la méthode la plus rapide et la plus utilisée pour le diagnostic sérologique du FIGURE 4 : Diagrammes de ROC du test ELISA Cobas Core II. Les valeurs de la sensibilité et de la spécificité du test Cobas Core II sont représentées simultanément pour toutes les valeurs possibles du seuil de positivité entre 0 et 100 en prenant pour référence le statut sérologique des 328 animaux délivré par un laboratoire de référence. En considérant comme variable la valeur seuil (S) on peut calculer les valeurs Se et Sp en fonction de (S). La représentation des valeurs Se et Sp en fonction de (S) (diagramme de ROC) permet de déterminer la valeur seuil donnant le meilleur compromis entre la sensibilité et la spécificité. Au regard de la figure 4, il apparaît qu’il existe deux valeurs seuil singulières : la première qui donne 100% de sensibilité, la seconde qui donne 100% de spécificité. La zone grisée correspond à une zone d’incertitude de diagnostic sérologique entre le 100% de sensibilité et 100% de spécificité. Revue Méd. Vét., 2007, 158, 7, 367-379 374 CeHV1. Cette méthode est également facile à mettre en œuvre et très sensible. D'une manière générale, la méthode ELISA pour le diagnostic sérologique du CeHV1 suit le principe suivant : - adsorption sur une plaque ou une bille des antigènes viraux, incubation des sérums de macaque à tester et fixation des anticorps spécifiques du CeHV1 sur les antigènes présents. - les anticorps de macaque fixés sur les antigènes viraux sont ensuite détectés par un immuno-conjugué ou de la protéine A couplée à un enzyme. Les immunoglobulines (Ig) de macaque étant très proches sur le plan de leur structure des Ig humaines, il n’y a pas d’inconvénient à utiliser comme immuno-conjugué des anti-immunoglobulines humaines couplées à une enzyme. - révélation de la fixation des anticorps de macaque sur les antigènes par adjonction du substrat de l'enzyme puis quantification de la réaction enzymatique. Le test ELISA est la méthode la plus sensible mais ne permet pas de différencier les sérums contenant des anticorps spécifiques du CeHV1 de ceux contenant des anticorps spécifiques d’autres Simplexvirus. Ce test n’est donc pas très adapté au diagnostic sérologique chez l’homme qui possèdent le plus souvent des anticorps anti-HSV1 (incidence sérologique chez l’adulte 80%) et moins fréquemment des anticorps anti-HSV2 (incidence sérologique chez l’adulte 20%), mais convient parfaitement au diagnostic sérologique chez le macaque qui est réfractaire à l’infection par les virus humains HSV1 et HSV2. De ce point de vue l’utilisation de tests ELISA basés sur des antigènes extraits de virus herpès proches de CeHV1 (SA8, Herpes papio virus 2 et HSV) pour tester les sérums de macaques se sont avérés tout à fait satisfaisants pourvu que le test donne des performances égales à celle de l’ELISA basé sur l’utilisation d’antigènes du virus CeHV1 [13,14]. LES ANTIGÈNES UTILISABLES POUR LA RECHERCHE DES ANTICORPS ANTI-CEHV1 CHEZ LES MACAQUES. La production d’extraits antigéniques issus de cultures cellulaires du CeHV1 pour leur utilisation dans le Western Blot ou l’ELISA est bien entendu la meilleure solution afin de préparer un test de qualité. Cependant les risques sanitaires et la nécessité d’utiliser un laboratoire P3, qui accompagnent la culture de ce virus ont amené de nombreux virologistes à tester des extraits antigéniques provenant d’autres Simplexvirus proches du CeHV1. L’utilisation d’un test ELISA basé sur le SA8 a été testée comme alternative à l’utilisation du CeHV1. Lors de cette étude 100 sérums de macaques crabiers ont été testés par deux tests ELISA vis-à-vis de l'herpès virose B. Un test ELISA fut produit à partir d’extraits antigéniques issus de culture de CeHV1 et un second à partir d’extraits antigéniques issus de culture de SA8. En comparant les résultats obtenus dans ces deux tests ELISA, les auteurs ont obtenus une sensibilité de 100% et une spécificité de 89% [13]. Ces données indiquent donc que la détection des anticorps dirigés contre le CeHV1 COUTROT (E.) ET COLLABORATEURS pourrait être détectés de manière efficace par un test ELISA basé sur des antigènes issus de SA8. L’utilisation de SA8 serait bien entendu moins risquée d’un point de vue sanitaire. OHSAWA et al [14], ont mené une étude sérologique sur 349 animaux de sept espèces de macaques différentes. Les sérums de ces animaux ont été testés par trois tests ELISA visà-vis de l'herpès virose B. Un premier test ELISA fut produit à partir d’extraits antigéniques issus de culture de CeHV1, un deuxième à partir d’extraits antigéniques issus de culture de HSV1 et un troisième à partir d’extraits antigéniques issus de culture de HVP2 (Herpes papio virus 2). Les auteurs prirent comme référence les résultats obtenus avec le test ELISA basé sur des antigènes de CeHV1 et classèrent les résultats des animaux comme positifs, négatifs ou douteux. Les auteurs ont ainsi pu déterminer que la sensibilité du test HSV1 était de 96% et celle du test HVP2 de 98% par rapport au test ELISA basé sur le CeHV-1. La spécificité de ces deux tests était respectivement de 93% et 96% [14]. On peut donc voir ici que les tests ELISA basés sur les antigènes de SA8, de HSV1 ou de HVP2 permettent d’obtenir d’excellentes performances en comparaison avec un test ELISA basé sur le CeHV1. Ces résultats sont d’autant plus intéressants que le SA8, les HSV et le HVP2 sont des virus présentant une sécurité de manipulation beaucoup plus grande que le CeHV1. S’il n’apparaît pas d’inconvénient à l’utilisation des HSV pour le dépistage des anticorps anti-CeHV1 chez le macaque, il existe par contre que des avantages à utiliser des trousses commercialisées pour le diagnostic humain. Ces kits ELISA présentent en effet l’avantage d’être validés, certifiés et extrêmement reproductibles par rapport aux trousses produites à façon dans les laboratoires de biologie. Ils permettent enfin de s’affranchir totalement de toute manipulation de virus pour la préparation d’extraits antigéniques. Nous avons testé les performances d’une trousse commercialisée pour le dépistage et la quantification des IgG humaines anti-HSV1 et anti-HSV2 : le kit COBAS CORE Anti-HSV-I/II EIA® de Roche Diagnostic GmbH (D-68298 Mannheim). Ce test est un dosage d’anticorps immunoenzymatique indirect en phase solide sur bille de polystyrène revêtue d'antigènes. Le test est pris en charge par un automate (Cobas Core II) qui assure le pipetage des échantillons et toutes les étapes d’incubation, de lavage de la bille et de lecture de la réaction. Ce test révèle la fixation des anticorps par des anti-IgG humaines produits chez la chèvre. Ces réactifs donnent d’excellents résultats avec les IgG de macaque. La sensibilité et la spécificité du test ont été évaluées par rapport aux résultats sérologiques obtenus sur les mêmes sérums par différents laboratoires de référence. Au total, nous avons ainsi étudié dans ce test la réactivité de 328 sérums de macaque de statut sérologique connu. L’analyse des résultats des tests sérologiques herpès réalisés chez le macaque démontre que le test ELISA Cobas Core II commercialisé pour le dépistage des anticorps anti-HSV chez l’homme, permet une détection efficace des anticorps anti-CeHV1 dans les sérums de macaque. Nous avons déterminé la sensibilité et la spécificité de ce en se référant aux résultats sérologiques rendus par différents laboratoires de référence (Figure 4 et tableau V). Nous avons retenu deux vaRevue Méd. Vét., 2007, 158, 7, 367-379 HERPÈS B DES MACAQUES : DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE 375 leurs seuil l’une basse (6,7) correspondant à la plus haute valeur seuil donnant 100% de sensibilité et l’une haute (12,9) correspondant à la plus basse valeur seuil donnant 100% de spécificité. La zone comprise entre ces deux valeurs correspond à la zone d’incertitude dans laquelle on ne peut pas déterminer avec certitude le statut sérologique de l’animal. Tous les résultats situés dans cet intervalle sont rendus douteux. Au dessus du seuil haut (12,9) les résultats sont rendus positifs, au dessous du seuil bas (6,7) les résultats sont rendus négatifs. Il est important de noter que la zone d’incertitude est réduite. De ce fait la fréquence des résultats rendus douteux ne dépasse pas 2% sur les 1728 sérums que nous avons testés au total. le seuil du test réalisé avec le virus SA8 n’a pas été optimisé par étude du diagramme de ROC. Les auteurs ont privilégié la sensibilité aux dépens de la spécificité. Si l’on compare avec le test Cobas core II, il faudrait prendre le seuil le plus haut qui donne 100% de sensibilité. Pour cette valeur seuil, la spécificité du test Cobas core II est de 97,2%. Les performances du test Cobas core II sont donc nettement supérieures à celles du test SA8. En théorie, les résultats obtenus avec les virus HVP 2 ou SA8 pourraient être meilleurs que les résultats obtenus avec les virus humains HSV1 et HSV2. En effet ces virus animaux sont plus proches du CeHV1 que les virus herpès simplex humains. Cependant notre expérience avec cette trousse commerciale utilisant des extraits antigéniques totaux de HSV1 et 2 démontre que ces tests ont des performances comparables voire supérieures. La sensibilité de ce test est proche de celles rapportées par différents auteurs qui ont mis au point des tests ELISA non commerciaux utilisant des antigènes issus des virus HSV1 (~95%), HVP2 (~98%) ou SA8 (~100%) [13, 14]. La spécificité de ce test est par contre bien supérieure à celles rapportées par ces mêmes auteurs : respectivement 93%, 96% et 89% pour les tests HSV1, HVP2 et SA8 [13, 14]. Il est à noter que Par rapport aux tests préparés par les laboratoires de référence, les trousses commerciales présentent de nombreux avantages. Elles répondent aux normes en vigueur en terme de sécurité pour leurs utilisateurs et chaque nouveau lot produit par le fabricant de ces trousses est validé par ses soins et ca- Seuil Sensibilité Spécificité Faux positif Faux négatif Bas=6,7 100% 97,2% 17% 0% Haut=12,9 97,4% 100% 0% 0,3% TABLEAU 5 : Performances du test Cobas Core II pour la sérologie herpès chez le macaque pour les deux valeurs seuils. libré par rapport aux lots précédents ce qui assure une très grande reproductibilité au cours du temps comme nous avons pu le démontrer dans notre expérience. Toujours pour des raisons de sécurité, il a été produit des glycoprotéines recombinantes du CeHV1 et testé leur potentiel diagnostic. Les glycoprotéines B, C, E et G ont ainsi été produites par des cellules d’insecte (Sf-9) grâce à système d'expression utilisant un baculovirus et la glycoprotéine D a été produite par des cellules de hamster (CHO). L’efficacité diagnostic des tests utilisant ces protéines recombinantes a été réalisée sur 40 sérums de macaques décrétés négatifs et 75 sérums de macaques décrétés séropositifs pour le CeHV1 par identification par un test ELISA utilisant des extraits antigéniques complets de CeHV1 et par Western Blot. La sensibilité des tests utilisant comme antigènes cibles des protéines recombinantes gB, gC, gD et gG étaient respectivement de 100%, 97%, 88% et 80% par rapport à la méthode référence précédemment citée. La spécificité des tests utilisant des protéines recombinantes gB, gC et gD était de 100% et celle du test utilisant la glycoprotéine recombinante gG était de 97%. En revanche la spécificité et la sensibilité du test utilisant la glycoprotéine recombinante gE étaient faibles. Des sérums humains HSV1 et HSV2 positifs ont réagit avec les glycoprotéines recombinantes gB et gD mais pas avec la gG. Cela indique donc que les tests utilisant les glycoprotéines B, C, D, et G ont un potentiel diagnostique élevé pour le sérodiagnostic de l’infection par le CeHV1 chez les macaques, tandis que la glycoprotéine G peut être un antigène valable Revue Méd. Vét., 2007, 158, 7, 367-379 pour la discrimination entre les anticorps induits par le CeHV1 et ceux induits par d’autres alphaherpèsvirus étroitement liés comme HSV1 et 2 chez l’homme [15]. PROBLÈMES POSÉS PAR LA SÉROLOGIE : Le diagnostic de l’infection par le CeHV1 chez les macaques par l’intermédiaire d’un test sérologique peut parfois poser problème. Quelle que soit la méthode mise en œuvre pour la recherche des anticorps, le résultat ne reflète pas directement la présence du virus chez un animal. Il existe des résultats faussement positifs ou faussement négatifs. LES SÉROLOGIES FAUSSEMENT NÉGATIVES. Plusieurs cas de résultats sérologiques faussement négatifs ont été rapportés. Cas 1 : il a été rapporté le cas d’une femelle macaque crabier qui a développé, à la suite d’une césarienne, une infection disséminée sévère à CeHV1. Le sérum de cet animal prélevé le jour de sa mort et 3 ans avant sa mort était négatif pour les anticorps dirigés contre le CeHV1 (tests sérologiques réalisés au VRL “Virus Reference Laboratory” à San Antonio, Texas, USA). Le CeHV1 a pourtant pu être isolé dans le sérum du singe récolté le jour de sa mort [6]. Cas 2 : un macaque à queue de cochon (Macaca nemestrina) nouveau-né a présenté sept jours après sa naissance une conjonctivite de l’œil droit et des lésions périorbitaires. Ces lé- 376 sions se sont aggravées en l’espace de trois jours et sont accompagnées de multiples lésions vésiculo-ulcératives sévères de la face et de la tête. L’animal présenta également une méningo-encéphalomyélite focale. Le CeHV1 a été isolé à partir d’écouvillonnages réalisés au niveau des lésions cutanées, du foie et de la rate. Le sérum obtenu au moment de la mort de l’animal était négatif pour les anticorps anti-CeHV1 et la mère présenta une sérologie faiblement positive et constante au cours du temps vis-à-vis du CeHV1 [16]. Cas 3 : en janvier 1993, une femelle macaque rhésus (Macaca mulatta) de 8 mois est isolée du reste de sa colonie en raison d’une conjonctivite bilatérale avec atteinte cornéenne. Des ulcères ont été détectés sur la jonction cutanéo-muqueuse de la lèvre inférieure et la langue. Il est découvert une méningo-encéphalomyélite similaire au précédent cas. Le CeHV1 a été isolé à partir de la conjonctive, de la langue et de la rate. Le sérum obtenu au moment de la mort de l’animal était négatif pour les anticorps anti-CeHV1 [16]. Il apparaît donc à la lumière de ces cas que des macaques peuvent être infectés par le CeHV1 bien que l’on soit incapable de détecter des anticorps sériques chez ces animaux. La sérologie ne permet donc pas, y compris grâce aux méthodes les plus sensibles comme l’ELISA, de détecter l’ensemble des animaux infectés par le CeHV1. La séroprévalence dans une population de macaques est donc différente de la prévalence de l’infection réelle par le CeHV1. En dehors de ces cas, l’immunodépression peut diminuer l’efficacité de la réponse humorale et donner lieu à des faux négatifs. Les animaux immunodéprimés peuvent parfois devenir négatifs à la sérologie alors qu’ils étaient séropositifs avant l’immunodépression tout en demeurant infectés par le virus, mais surtout des animaux séronégatifs immunodéprimés peuvent développer une infection par le CeHV1 sans produire aucun anticorps vis-à-vis du virus et ainsi rester séronégatifs malgré l’infection. Cas 4 : Au cours d’une étude sur une drogue immunosuppressive, trois macaques crabiers recevant une forte dose ont développé des ulcères oraux et/ou linguaux plus ou moins marqués, des vésicules dans la cavité orale, sur la langue et/ou les lèvres après 12 à 13 semaines de traitement. Un de ces animaux développa un jetage nasal et des difficultés respiratoires. Le CeHV1 a pu être isolé des lésions par culture virale. Les analyses sérologiques par méthodes ELISA menées chez les trois animaux atteints donnèrent des résultats négatifs deux semaines avant le début de l’étude ; puis après l’apparition des lésions deux animaux restèrent encore séronégatifs et un présenta une légère séroconversion vis-à-vis du CeHV1 [17]. Cas 5 : Au cours d’une étude rétrospective sur les résultats sérologiques de macaques rhésus utilisés pour des essais d’allogreffe rénale, six animaux ayant subit une irradiation totale lymphoïde qui étaient séropositifs au début de l’étude sont devenus séronégatifs vis-à-vis du CeHV1. Ces animaux étaient bien entendu toujours porteurs du virus [18]. LES SÉROLOGIES FAUSSEMENT POSITIVES Faux positifs par réactivité croisée Il peut également se poser le problème de résultats fausse- COUTROT (E.) ET COLLABORATEURS ment positifs. De tels résultats peuvent apparaître en raison de réactivité croisée qu’il existe entre les anticorps produits en réponse à des virus antigéniquement proches. Toutefois cette remarque ne s’applique pas à l’exemple des macaques d’origine asiatique car ces animaux ne peuvent être infectés par le SA8 ou le HVP2 en l’absence de contact avec des animaux d’origine africaine. Par ailleurs il a souvent été évoqué la possibilité d’une infection des macaques par les HSV humains. Une recherche bibliographie exhaustive ne nous a pas permis de retrouver de preuve que les macaques puissent être infectés par les virus humains. Au contraire le macaque est le plus souvent défini comme une espèce naturellement résistante à l’infection par ces virus. Il apparaît donc qu’un résultat séropositif pour le CeHV1 chez une espèce autre que le macaque doit être pris avec précaution, éventuellement vérifié par Western Blot, mais surtout confirmé par la recherche du CeHV1 chez cet animal, soit par isolement viral, soit par recherche du génome du virus par PCR. Par contre un résultat positif chez un macaque d’origine asiatique a très probablement pour origine une infection par le CeHV1 et non par un autre virus phylogénétiquement proche. La fausse positivité par réactivité vis à vis d’antigènes cellulaires Les tests sérologiques nécessitent l’emploi d’antigènes viraux. Or ces antigènes viraux ne peuvent être produits qu’à partir de culture cellulaire. Pour utiliser ces antigènes viraux, il est nécessaire de les extraire. Les antigènes viraux ainsi obtenus sont donc généralement contaminés par des antigènes provenant des cellules utilisées pour la culture. Il peut arriver que les animaux, essentiellement dans le cas de maladies autoimmunes, présentent des anticorps capables de reconnaître les antigènes contaminants d’origine cellulaire. Dans ce cas le test sérologique pourra être faussement positif. Une méthode permettant de s’affranchir de ce problème a été mise au point par NAKAMURA [communication personnelle]. Elle consiste à diluer les sérums à tester dans un extrait antigénique des cellules identiques à celles utilisées pour préparer l’antigène viral mais indemnes de toute infection virale. De cette manière la fixation des auto-anticorps naturels ou des anticorps naturels anti-espèces (dans le cas de la méthode employée, il s’agit d’anticorps naturels anti-cellule Vero) sur les antigènes cellulaires adsorbés sur la plaque est inhibée par compétition avec les antigènes cellulaires solubles apportés en excès. Dans notre expérience nous avons été confrontés à de multiples cas de discordance entre experts pour un même sérum, ainsi nous avons eu à déplorer de fortes discordances pour six sérums sur les vingt-deux testés par au moins deux laboratoires de référence différents (voir tableau VI). On peut alors déplorer le manque de transparence de certains de ces laboratoires de référence comme VetDiagnostics et l’absence de validation officielle des tests réalisés dans ces laboratoires de référence. En particulier une validation des différents laboratoires entre eux à partir d’une banque commune de sérums de macaque serait par exemple souhaitable et limiterait sans doute les discordances entre les résultats rendus par les experts. Cela serait bénéfique pour la qualité des résultats renRevue Méd. Vét., 2007, 158, 7, 367-379 HERPÈS B DES MACAQUES : DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE 377 dus par les laboratoires de référence qu’une telle standardisation soit mise en place un jour. de la maladie humaine est de deux jours à cinq semaines [1]. En raison du tropisme du virus pour les cellules épithéliales de l’épiderme et des muqueuses, c’est à ce niveau que le virus se développera en premier lieu chez l’homme où il peut être responsable d’une maladie locale pouvant évoluer vers l’apparition des vésicules herpétiques. Il faut éviter que la personne présentant des vésicules ne diffuse le virus à son entourage. La dangerosité du virus repose sur son tropisme pour le système nerveux central. Par transport axonal rétrograde au niveau des voies sensitives innervant le chancre d’inoculation, le virus gagne le système nerveux central où il induit une méningoencéphalite spontanément mortelle chez l’homme. La symptomatologie de la maladie humaine s’accompagne d’un syndrome pseudogrippal, et sur le plan neurologique débute par des paresthésies et fourmillements locaux parfois associés Conduite à tenir en cas de suspicion de transmission d’un macaque à l’homme (voir tableau VII). L’homme peut accidentellement se contaminer au contact des macaques porteurs du virus. L’homme se contamine principalement par griffure ou morsure, même superficielles. Ont également été décrits des cas de contamination par voie muqueuse, oculaire (conjonctive) ou cutanée (plaies même superficielles) par des projections de fluides contaminants (urine, salive, larmes, menstrues...) ou de fèces. L’incubation Résultats des laboratoires de référence Notre étude Animal BioReliance Vet Diagnostics Virus Reference Laboratory B virus Resource Laboratory Cobas Core II PCR 1 Négatif Positif nt nt Négatif nt 2 Négatif Positif nt nt Négatif nt 3 Négatif Positif nt nt Douteux Positif 4 nt Positif Négatif nt Douteux nt 5 nt Négatif nt Positif (titre <1:5000) Positif nt 6 nt Négatif nt Positif (titre <1:5000) Positif nt TABLEAU 6 : Récapitulatif des résultats discordants rendus par les laboratoires de référence et comparaison avec les résultats obtenus avec les tests ELISA Cobas Core II. Les résultats rendus par le laboratoire “B virus Resource Laboratory” ont été confirmés par un Western Blot CeHV-1. Les résultats du test ELISA Cobas Core II sont rendus en fonction de deux valeurs seuils optimisées par le diagramme de ROC (négatif <6,7 ; douteux entre 6,7 et 12,9 ; positif >12,9). Pour l’animal 3 qui a été euthanasié, nous avons obtenu des prélèvements de muqueuse génitale par écouvillonnage à partir desquels nous avons extrait l’ADN. Les réactions de PCR “gGS4” et “gB” se sont avérées positives. (nt : non testé) à des parésies. Le syndrome méningo-encéphalitique d’évolution rapide, débute entre trois jours et trois semaines après les premiers signes cliniques, et évolue vers le décès du patient. Jusqu’à présent 30 cas mortels ont été rapportés. Le diagnostic de portage viral chez le macaque impliqué dans la suspicion de contamination humaine ne repose pas tant sur la clinique, étant donné la grande fréquence des porteurs sains, que sur la biologie. Dans ce contexte la sérologie, si elle est positive, ne permet pas d’affirmer que le macaque était contagieux au moment de l’exposition. En effet en période de latence virale, seuls les ganglions des racines sensitives sont infectés par le virus. La PCR, si elle positive au niveau des muqueuses de l’animal, permet d’affirmer que ce dernier était infectieux. Une séronégativité de l’animal ne garantit jamais l’absence de portage viral (période muette précédent la séroconversion, déficit immunitaire sévère). Malgré sa grande sensibilité, la PCR peut être prise en défaut du fait des difficultés l’échantillonnage biologique chez un macaque asymptomatique. Revue Méd. Vét., 2007, 158, 7, 367-379 Conclusion Quelque soit la méthode utilisée pour dépister les anticorps anti-CeHV1, il ne faudra jamais oublier que certains animaux porteur du virus peuvent demeurer séronégatif et faire courir un risque aux personnes qui entrent en contact avec eux [6, 16-18]. On retiendra donc que la séropositivité doit inciter à la prudence mais que la séronégativité ne doit en aucun cas être prise comme une garantie d’absence de risque. Lorsqu’un sérum donne un résultat compris dans la zone douteuse, il est inutile de tester à nouveau le même sérum, surtout si, comme dans le cas présent, le test utilisé est très reproductible, il conviendra plutôt de réaliser un second examen sur un autre échantillon de sérum prélevé au moins à quinze jours d’intervalle par rapport au précédent. Les résultats obtenus avec les deux sérums testés le même jour seront comparés afin de rechercher une éventuelle séroconversion chez cet animal. Jusqu’à ce jour, nous avons observé une fréquence d’environ 2% de résultats douteux. 378 La détection directe du virus par PCR à partir d’ADN extrait d’écouvillonnages muqueux est une méthode de dépistage envisageable chez le macaque. Cette méthode est cependant déconseillée en routine en raison de son manque de sensibilité évident quant on connaît la biologie du virus qui n’est excrété au niveau muqueux que de manière intermittente. COUTROT (E.) ET COLLABORATEURS La PCR peut parfois permettre d’obtenir un diagnostic de certitude quant à l’infection d’un animal par le CeHV1 en cas de sérologie douteuse (cf. animal dont est issu le sérum 3 du tableau VI). Toutefois le dépistage par PCR de l’infection par le CeHV1 chez le macaque n’est pas conseillé en routine car un résultat négatif par PCR à partir d’un écouvillon muqueux Revue Méd. Vét., 2007, 158, 7, 367-379 HERPÈS B DES MACAQUES : DIAGNOSTIC BIOLOGIQUE 379 ne permet d’aboutir à aucune conclusion. L’absence de virus dans un prélèvement muqueux ne garantit donc en aucun cas l’absence d’infection par le CeHV1 chez le macaque prélevé. Le seul diagnostic de quasi certitude en ce qui concerne l’absence d’infection d’un animal par le CeHV1 ne peut être obtenu que par PCR en employant de l’ADN extrait des ganglions trijumeaux et sacrés de l’animal. Ce résultat ne peut donc pas être obtenu du vivant de l’animal. 2. - WEIGLER B. J. : Biology of B virus in macaque and human hosts : a review. Clin. Infect. Dis., 1992, 14, 2, 555-567 Dans tous les cas il faudra retenir que la sérologie reste une méthode de choix pour le dépistage du portage viral du CeHV1. Cependant il s’agit d’une méthode indirecte de diagnostic. Cette méthode ne permet en aucun cas un diagnostic de certitude quant à l’infection ou non d’un animal par le CeHV1, quelque soit le laboratoire de référence qui a pratiqué le test. La seule méthode de diagnostic de certitude disponible actuellement reste l’euthanasie de l’animal en cause suivie de la recherche par PCR de la présence du génome du virus dans les ganglions trijumeaux et lombo-sacrés de l’animal. Remerciements Nous tenons à remercier tout particulièrement Eric André (société Bioprim®) pour son aide précieuse et son soutien sans faille. Nous tenons à manifester notre gratitude pour les nombreux vétérinaires qui nous ont confié des sérums et des prélèvements muqueux provenant de macaques dont le statut sérologique vis-à-vis du CeHV1 avait été établi par des laboratoires de référence. Nous remercions également le Docteur Catherine Mengelle (Laboratoire de Virologie du CHU de Toulouse), le Docteur Cheick Coulibaly (Paul Ehrlich Institute, Allemagne), le Docteur Shin Nakamura (Institut de primatologie de Inuyama, Japon), les Docteurs Friedrich Raulf et Marc Bigaud (Novartis Pharma AG, Transplantation Research, Bâle, Suisse) pour les précieux renseignements et matériels qu’ils nous ont offerts. Les travaux ont été réalisés avec les fonds recueillis par le Laboratoire d’Immunogénétique Moléculaire de l’Université Paul Sabatier (contrat du Ministère de la recherche EA3034). Nous tenons enfin à remercier pour leur précieux concours les techniciennes du Laboratoire d’immunogénétique Moléculaire et celles du Laboratoire du Docteur Blancher-Sardou. Bibliographie 1. - COUTROT E. : Herpes virose B : gestion du risque infectieux chez le macaque et l'homme, Thèse de doctorat vétérinaire, Université PaulSabatier, Toulouse, 2006, 193 pp.+annexes. Revue Méd. Vét., 2007, 158, 7, 367-379 3. - KONDO M, KAWAMOTO Y, NOZAWA K, MATSUBAYASHI K, WATANABE T, GRIFFITHS O, STANLEY MA Population genetics of crab-eating macaques (Macaca fascicularis) on the island of Mauritius. Am. J. Primatol., 1993, 29, 167-182. 4. - KEEBLE S. A. : B virus infection in monkeys. Ann. N. Y. Acad. Sci., 1960, 85, 960-969. 5. - GOSZTONYI G., FALKE D., LUDWIG H. : Axonal-transsynaptic spread as the basic pathogenetic mechanism in B virus infection of the nervous system. J. Med. 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