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Laurie ANDERSON
Œuvres entrées dans la collection
en 1999 et 2001 :
The Handphone Table, 1978
Dimensions : 79 x 152,5 x 91 cm
Œuvre acquise en 1999, n° d’inventaire :
999.1.1
Windbook, 1974
Dimensions : 34 x 80 x 35 cm
Œuvre acquise par le FNAC, déposée au
Musée en 2001. Transfert de propriété en
2007, n° d’inventaire : 2007.12.14
Laurie Anderson, The Handphone Table, 1978 © Blaise Adilon
« Étudiante aux Beaux-Arts au début des années 70, je créais des sculptures avec du papier
journal et de la résine. Vers 1975, je me suis lancée dans les performances et, petit à petit,
dans la musique, je faisais partie d’un milieu de danseurs, d’écrivains, de sculpteurs et de peintres, on vivait tous dans le centre de New York. Il y avait Philip Glass, Trisha Brown, Jene
Highstein, Gordon Matta-Clark et plein d’autres. […] Ensuite, en 1980, j’ai écrit et enregistré
une chanson, “O Superman”, éditée à 1 000 exemplaires seulement chez un petit label newyorkais. J’en faisais la vente par correspondance depuis mon atelier. Un jour quelqu’un m’a
appelée de Londres pour commander 40 000 exemplaires pour le vendredi suivant et encore
40 000 pour le lundi d’après. Mon disque était en train de faire un tabac au Top 50 là-bas. […]
Dans la seconde partie des années 80, j’ai présenté plusieurs performances majeures, dont
Mister Heartbreak (“M. Crève-cœur”) et Empty Places (“Lieux déserts”). J’ai également collaboré avec des musiciens, cinéastes et chorégraphes, dont Peter Gabriel, Brian Eno et Wim Wenders. […]
© Musée d'art contemporain de Lyon - 2010
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Depuis trente ans, mon domaine d’élection, c’est la musique et les performances, mais je n’ai
jamais cessé de mélanger les genres artistiques. Une œuvre caractéristique de grande ampleur comprend film et vidéo, animations, traitements numériques, musique, procédés électro1
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niques et histoires. Mais le fil rouge, ce sont les histoires. »
Nous expérimentons pour la première fois The Handphone Table à l’occasion d’Attitudes,
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Concepts, Images, exposition organisée par le Stedelijk Museum d’Amsterdam . Sur le cartel
figure la mention « The Handphone Table, Installation, Museum of Modern Art, New York ».
C’est pourquoi très naturellement quelque vingt ans plus tard, alors que nous préparons une
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exposition d’installations sonores , nous adressons une demande au MoMA pour emprunter la
pièce. Non sans humour, le régisseur refuse le prêt pour la simple raison que l’œuvre ne figure
pas dans l’inventaire des collections. L’œuvre est en fait stockée depuis plusieurs années dans
la réserve de Sean Kelly, galeriste new-yorkais. Et c’est une conversation téléphonique
concernant Marina Abramović qui, par le plus grand des hasards, nous l’apprend. L’œuvre n’a
jamais été acquise par le MoMA, mais a été conçue pour y être exposée en 1978 dans le cadre
du « Project Gallery », ce que le cartel ne spécifiait pas. Cette œuvre étant disponible, nous
décidons de l’acquérir immédiatement. Cette anecdote nous conduit bientôt à l’organisation de
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The Record of the Time : rétrospective de l’œuvre sonore de Laurie Anderson.
The Handphone Table, 1977 :
« J’ai conçu cette table pour le Project Gallery du Museum of Modern Art en 1978. L’idée m’en
est venue quand j’étais en train d’écrire une histoire à l’aide d’une machine à écrire électrique :
ça n’avançait pas, ça me donnait le cafard, je me suis pris la tête dans les mains et c’est là que
je l’ai entendu, cette sorte de bourdonnement très fort émis par la machine, amplifié par la table
et qui montait par mes bras jusque dans ma tête. Un son très clair et très fort. Ainsi j’ai pris le
parti de fabriquer une table parlante, qui comporterait à l’intérieur des platines cassette et des
compresseurs de sons branchés sur des tiges en acier. Le bout de chaque tige rentre en
contact avec une sorte de capteur incrusté dans la surface de la table à la manière d’un nœud.
Si l’on met ses coudes sur les prises, le son monte le long des os des bras, il suffit alors de
placer les mains sur ses oreilles en guise de casque. Quant aux sons, je voulais qu’ils relèvent
du souvenir plutôt que de l’immédiateté, enfin des sons qui vibraient dans les os, les faisaient
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chanter et… […] J’ai écrit trois morceaux pour The Handphone Table , dont le premier comporte un duo de basses. À gauche, j’ai placé les harmoniques résonnantes d’un piano acoustique, à droite, les basses d’un Fender Rhodes, les deux basculant progressivement d’une
oreille à l’autre. J’ai également composé un morceau pour violon, en forçant tellement sur le
basculement que l’auditeur a carrément l’impression d’avoir l’archet dans la tête. Pour les deux
morceaux, je me suis limitée aux graves. Étant donné que la parole se fait beaucoup dans les
aigus, j’avais beaucoup de mal à bien faire “parler” ma table. J’ai fini par trouver une solution
en filtrant les sons d’un vers mis en musique de George Herbert, poète métaphysique anglais
e
du XVII siècle : “Now I in you without a body move”. En opérant le basculement, le vers est
devenu : Now I (gauche) in you (droite) without (gauche) a body (droite) m… o… v… e… (de
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gauche à droite). »
Quelques mois plus tard, en février 2001, nous soumettons à la commission du FNAC, Windbook, 1974, un « livre à vent » ouvert accompagné d’un dispositif électronique. Laurie le décrit
ainsi : « Le Livre à vent est un journal intime d’histoires manuscrites et de photographies, le
tout sur papier pelure d’oignon. Il se trouve sous verre dans une boîte avec un ventilateur à
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Par exemple Dal Vivo ou Songs and Stories From Moby Dick.
The Record of the Time, catalogue Musée d’art contemporain de Lyon, 2002, voir note (4).
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Exposition du 9 avril au 11 juillet 1982.
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Exposition organisée par le Musée dans le cadre du festival Musiques en scène / GRAME, du 12 février
au 11 avril 1999.
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Musée d’art contemporain de Lyon, 6 mars-18 mais 2002. Exposition centrée sur son instrument fétiche
le violon. Catalogue, édition Musée d’art contemporain de Lyon, avec CD inclus, 2002 ; Le opere sonore, Milan, Mazzotta, PAC; 2003 ; Düsseldorf, Museum Kunstpalast, 2003 ; Sound in the Work of Laurie Anderson, Tokyo, ICC-NTT, intercommunication, 2005. Toutes les citations sont extraites du catalogue, traduction française : John Doherty, John Tittenson, Frédérique Gautier.
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On pourrait traduire le titre par : « La Table manophone ».
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Ibid. Catalogue Musée d’art contemporain de Lyon, notes (2) et (4).
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© Musée d'art contemporain de Lyon - 2010
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Laurie Anderson, Windbook, 1974. ©Blaise Adilon
chaque extrémité. Les ventilateurs fonctionnent en alternance, faisant tourner les pages au fur
et à mesure alternativement dans un sens ou dans un autre. »
À l’issue de l’exposition The Record of the Time, nous conservons un panneau mural manuscrit
improvisé quelques heures avant l’ouverture par Laurie Anderson. La « storyteller » et la
musicienne sont désormais associées en une seule « composition », à la manière d’un
ensemble de trois partitas. Comme dans le cas de Nam June Paik, à l’origine de l’introduction
de la télévision en art, nous procédons avec Laurie Anderson et Terry Riley à la constitution
d’un cheminement de moments musicaux uniques (voir Feldman, La Monte Young et Marian
Zazeela, Alvin Lucier, Stephen Vitiello, Fluxus).
Windbook fait l’objet d’un transfert de propriété au cours de l’année 2007. L’œuvre est désormais inscrite à l’inventaire du Musée d’art contemporain sous le numéro 2007.12.14.
Laurie ANDERSON
Née en 1947 à Chicago (États-Unis), vit et travaille à New York (États-Unis)
© Musée d'art contemporain de Lyon - 2010
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