météores le jeune public sur un petit nuage

Transcription

météores le jeune public sur un petit nuage
Météores
le jeune
public sur
un petit
nuage
FR | Parce qu’il n’a lieu que tous
les trois ans, parce qu’il programme des spectacles jeune
public de France, d’Espagne ou
d’Italie pour les frotter à nos
meilleurs artistes belges, et
parce qu’aller voir un spectacle
en compagnie de ses (petits)
enfants, c’est la plus merveilleuse expérience qui soit, vous
ne pouvez tout simplement pas
louper le festival Météores.
Entre le Théâtre Marni et le
Varia, la danse y sera particulièrement à l’honneur. La preuve
par trois. catherine makereel
NL | Het kindertheater- en dansfestival Météores vindt om de drie jaar
plaats en plaatst een hele maand lang stukken van Franse, Spaanse
en Italiaanse regisseurs en choreografen tegenover Belgische makers.
EN | The children’s theatre and dance festival Météores takes place every
three years and lets pieces by French, Spanish, Italian, and Belgian directors and choreographers steal the show for a whole month.
météores - festival international jeunes publics
16 > 28/11, Théâtre Marni & Théâtre Varia, www.theatremarni.com,
www.varia.be
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agendamagazine.be
© gilles destexhe
S
’adressant aux petits dès 3 ans, la compagnie Nyash les
captive avec deux danseurs et une dizaine de chaises,
de toutes les tailles et de toutes les couleurs. Épurée, la
pièce Stoel (« chaise » en néerlandais) n’en est pas moins
ludique. « Depuis longtemps, je suis préoccupée par la notion
de territoire, d’espace à conquérir, à traverser, partager, prolonger, ouvrir », explique la chorégraphe Caroline Cornélis.
« L’idée de travailler avec la chaise est partie entre autres du
travail de l’artiste japonais Tadashi Kawamata. Avec la chaise,
on est dans quelque chose de très quotidien, et en un tour de
main, on voyage dans tout autre chose. Quand on part d’un
élément très simple, qui correspond à l’environnement direct de
l’enfant, on se rend compte que ça les touche très fort ». Dans
Stoel, les sièges deviennent des farandoles, des montagnes, des
passerelles, des salles de classe ou des bancs de spectateurs.
Les pieds de chaise grincent en écho aux cordes d’un violoncelle, deviennent des marionnettes dans un cabaret déjanté,
rythment des jeux de pouvoir, des déséquilibres savants, des
amitiés espiègles. Et surtout, ces chaises propulsent de vrais
duos de danse, des mouvements d’une grâce toute simple, et
même quelques tours de magie. « Au départ, je suis danseuse
et je dansais surtout pour les adultes. Je suis tombée dans la
danse jeune public au détour d’une proposition de la compagnie
Iota et depuis, je n’en ai plus décollé. Faire de la danse avec les
enfants est une évidence tant c’est un langage universel, que les
enfants, souvent, comprennent mieux, plus naturellement, que
les adultes. J’aime le regard que porte l’enfant sur la danse, sa
transparence, son côté brut et honnête ».
Stoel
18/11, 15.00, 3+, Petit Varia, www.varia.be
Jeune public
lumières dans la nuit
© roland jalkh
C
réé en juin dernier au Marni dans le cadre du D Festival,
Swietlika (qui veut dire « luciole » en polonais) est une
immersion dans un univers d’images et de personnages
invoquant les endroits rêvés, les refuges de l’imagination enfantine, des espaces intimes d’évasion et de salut, de
métamorphose et de liberté. Dans le noir, le scintillement de la
luciole apporte magie et poésie aux nuits étoilées et à ses trois
danseuses.
« L’idée était de faire voyager les enfants avec un visuel très fort :
des vidéos, une scénographie mouvante, etc. », précise la chorégraphe de double nationalité italienne et brésilienne Raffaella
Pollastrini. « Par ces images, je voulais évoquer un voyage
intérieur, une dimension onirique qui ne fixe pas de narration
claire. L’aventure se fait par tableaux, par images. Je veux que
l’enfant puisse se recréer son spectacle à lui, à partir du rêve,
du noir, de quelques moments sombres ». Pour un public dès
8 ans, Swietlika est une ode à la capacité de l’enfant de voyager
dans son intériorité tout en découvrant le monde extérieur.
« Avant cela, je n’avais jamais créé de spectacle pour le jeune
public mais je travaille déjà depuis plusieurs années avec Pierre
de Lune comme artiste intervenante dans les écoles. En travaillant avec les enfants, j’ai eu envie de cette rencontre-là mais via
la scène cette fois, pas en atelier. Danser pour les enfants est
une expérience incroyable parce que c’est un public très réactif,
très vrai. Ça m’a fait grandir dans ma manière d’être sur scène.
Il faut se dévoiler, sans filtre, sans masque, on ne peut pas se
cacher derrière une attitude comme il est possible de le faire
avec les adultes ».
Swietlika
18/11, 17.00, 8+, Théâtre Marni, www.theatremarni.com
© valérie burton
A
près la délicatesse de Yosh, élégant comme un cerisier du
Japon, le Théâtre de l’E.V.N.I. poursuit son exploration
d’une danse zen pour les enfants mais dans un univers
qui, cette fois, tend plutôt vers la fragilité du coquelicot.
Dans Alibi (dès 6 ans), un homme d’affaires, costard ajusté et
regard pressé, va se faire rattraper par son ombre, qui l’invite à
respirer, s’aérer, rêver. Sa mallette se mue en volière, avec des
mains en guise d’oiseaux. Un ballet d’escarpins rouges vient
chatouiller ses chaussures noires. Des origamis convoquent
l’océan et des tableaux à la Magritte finissent de nous embarquer dans un périple poétique, minimaliste. Derrière cette
pépite, on retrouve Fujio Ishimaru, Japonais formé au mime
à Paris puis venu en Belgique pour collaborer avec de grands
noms du théâtre jeune public comme la Galafronie. Du mime,
Fujio est passé au théâtre visuel puis à la danse depuis plusieurs années. « Dans notre société si cadrée, la danse amène
une autre sensibilité aux enfants », nous explique-t-il alors qu’il
travaille déjà à une prochaine création. « Cette fois, on crée sur
un plateau qui bouge dans tous les sens. Un peu comme si on
était sur un bateau. Il faut trouver son équilibre, comme dans
la vie. Comme dans toutes nos créations, nous essayons des
tas de choses sans vraiment savoir où nous allons ». Le résultat est pourtant toujours d’une précision et d’une délicatesse
phénoménales. À l’image de ce spectacle présenté au festival
Météores, qui devrait être l’« alibi » parfait de ceux qui veulent
initier les plus jeunes à la danse contemporaine. Car c’est ce
théâtre-là que l’on a envie de défendre pour les enfants : rien de
didactique, mais du beau et du tendre, du plaisir à l’état pur.
alibi
21/11, 18.00, 6+, Petit Varia, www.varia.be
agendamagazine.be
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