Fantastique, science-fiction et autre fantasy
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Fantastique, science-fiction et autre fantasy
Fantastique Science-fiction Et autre fantasy La bibliothèque de Fuveau, dans le cadre des Lundis littéraires, vous propose un rendez-vous autour des littératures de l’Imaginaire. Classées –avec dédain bien souvent- sous l’étiquette « littératures de genre » ou amalgamées dans une seule catégorie abrégée S-F, la littérature fantastique, la science-fiction et la fantasy recouvrent en réalité trois grands ensembles littéraires aux origines, aux modes et aux courants divers, romancés ou dessinés et surtout partagés de plus en plus avec d’autres media tels que le cinéma et les jeux vidéo. En trente ans leurs publics se sont largement ouverts et démultipliés. Sans entrer dans les polémiques de puristes, ce petit dépliant se donne pour but d’éclairer, ne serait-ce que grossièrement, les lecteurs -non avertis- sur la richesse de ces domaines littéraires. Pour cela les contours de chaque « genre » seront esquissés. Leur point commun principal est d’imaginer une autre réalité. La littérature fantastique1 se caractérise par l’intrusion du surnaturel dans un monde dépeint avec un certain réalisme. Cette intrusion2 est perçue comme une violation des lois universelles sur lesquelles reposent la société, la nature, le monde. Cette intrusion crée une tension, et c’est dans cette tension, cette hésitation que, selon le théoricien de la littérature Tzvetan Todorov3, se loge le fantastique. Les protagonistes sont décrits comme des personnages lambda que le lecteur aurait pu croiser dans son quotidien, les auteurs recherchent l’effet de vraisemblance. Le fantastique est très souvent lié à une atmosphère particulière, une sorte de crispation due à la rencontre de l’impossible. La peur est souvent présente, que ce soit chez le héros ou dans une volonté de l’auteur de provoquer l’angoisse chez le lecteur ; néanmoins la peur n’est pas une condition sine qua non du fantastique. Ainsi la littérature fantastique apparaît en Europe à la fin du XVIIIe – au début du XIXe siècle, seule « époque sans croyance » selon Charles Nodier4. Le roman gothique anglais semble précurseur puis ce sont les œuvres de E.T.A. Hoffmann qui apportent une influence nouvelle notamment pour la littérature française, dont le premier roman reconnu comme fantastique serait , Le Diable amoureux (1772) de Jacques Cazotte. C’est aussi le XIXe siècle qui voit arriver avec la notion de progrès, d’évolution des sciences et techniques et le développement des industries, l’essor d’une nouvelle littérature : la science-fiction5. La SF est structurée par des hypothèses sur ce que pourrait être le futur et/ou les univers inconnus (planètes éloignées, mondes parallèles, etc.), en partant des connaissances actuelles scientifiques, technologiques, ethnologiques, etc. Dans le monde francophone, le terme de science-fiction s'impose à partir des années 1950 avec pour synonyme et concurrent direct le mot anticipation. Précédemment, on parlait plutôt de « merveilleux scientifique » ou de voyages « extraordinaires ». Le genre science-fiction regroupe une grande diversité de sous-genres (hard SF, space opera, planet opera, cyberpunk, speculative fiction, policier/sf, space fantasy) ; le définir est extrêmement complexe6. On peut néanmoins repérer des mécanismes narratifs caractéristiques7, dont l’absence tend à exclure de cet ensemble littéraire et imaginaire : - - L'expérience de pensée : le récit de SF est toujours un « que se passe-t-il si... ? » C'est une fiction spéculative qui place les idées au même plan que les personnages. La distanciation cognitive : le lecteur doit être embarqué dans un monde inhabituel. L'activité de compréhension du lecteur : il doit reconstruire un monde imaginaire à partir de connaissances qui ne relèvent ni du 5 Un bon article permet de distinguer fantastique et merveilleux : www.la-litterature.com/dsp/dsp_display.asp?NomPage=5_19s_013_fantastique Le terme français « science-fiction » a pour origine le terme anglais «science fiction» qui est apparu pour la première fois en 1853 sous la plume de William Wilson dans un essai intitulé : A Little Earnest Book Upon A Great Old Subject. Cf http://fr.wikipedia.org/wiki/Science-fiction 3 6 1 De plus amples informations, sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Littérature_fantastique 2 Comme toute théorie celle de T. Todorov, décrite dans son Introduction à la littérature fantastique, a fait l’objet de nombreuses controverses tout en restant une définition largement acceptée. 4 Charles Nodier est l’un des premiers a s’essayer aux contes fantastiques, s’ensuivront Balzac, Gautier, Mérimée, Maupassant,etc. 7 De plus chaque auteur ou presque a livré sa propre définition du genre… The Cambridge Companion to Science Fiction* propose-t-il une synthèse de ces caractéristiques par la formulation de plusieurs réquisits dont l'absence semblerait interdire de parler de science-fiction.* ouvrage écrit par James & Mendlesohn et alii, 2003, ISBN 0-521-01657-6. - merveilleux ni du religieux, mais de théories ou de spéculations scientifiques, même s'il s'agit de connaissances qui transgressent et dépassent les principes théoriques du monde réel. Pour comprendre ce nouvel univers, il faut se servir d'éléments fournis par l'auteur : objets techniques spécifiques, indices de structures sociales particulières, etc.). Les références à un bagage culturel commun : le vocabulaire et les thèmes de la science-fiction font partie d'une culture familière au lecteur qui lui permet de s'y reconnaître. La fantasy, issue de l’anglais signifiant « imagination », ou fantasie8 est un genre littéraire présentant un ou plusieurs éléments irrationnels qui relèvent généralement d'un aspect mythique et qui sont souvent incarnés par l’irruption ou l’utilisation de la magie. Contrairement au fantastique ou à la science-fiction, dans la fantasy, le surnaturel est accepté, voire utilisé pour définir les règles d'un monde imaginaire, il n'est donc pas nécessairement objet de doute ou de peur. Selon la chercheuse Anne Besson9, la fantasy est une incarnation moderne et un prolongement du genre littéraire du merveilleux. Cet ensemble littéraire est lui aussi très vaste regroupant de nombreux sous-genres dont les définitions, en évolution constante, varient et font l'objet de débats entre critiques littéraires, chercheurs, fans, libraires et éditeurs. Une première distinction est éclairante : la high fantasy, qui se déroule exclusivement dans un monde imaginaire (avec des romans comme Le Seigneur des Anneaux de Tolkien), et la low fantasy, dans laquelle un monde imaginaire communique avec le monde « normal » (comme Harry Potter de J. K. Rowling). dont les univers s'inspirent librement du Moyen Âge ; la fantasy historique, qui réinvente des époques précises en y mêlant des éléments de fantasy ; la fantasy urbaine, caractérisée par son cadre contemporain et souvent urbain ; la fantasy orientale, dont les univers exotiques évoquent l'Orient ou l'Asie ; la fantasy animalière, où les personnages principaux sont des animaux anthropomorphisés ; la fantasy mythique, particulièrement proche des mythes et des contes ; etc. Enfin, il est possible d’affiner encore selon la tonalité adoptée, plus ou moins sombre ou légère : la light fantasy, ou fantasy humoristique, qui parodie les thèmes des autres sous-genre et a recours à l'absurde ; la dark fantasy, sombre et pessimiste ; l’heroic fantasy, qui se concentre sur des héros solitaires, etc. Ces littératures de l’Imaginaire10 comportent, d’un point de vue théorique, des différences essentielles et sont chacune particulièrement riche en variantes, courants, modes, thématiques, catégories… mais leurs point commun, à savoir imaginer une autre réalité, permet des phénomènes de rencontres, de mixité, de jeux sur les limites, d’intrusion dans des genres plus stéréotypés, laissant ainsi libre cours à la créativité des auteurs, pour une littérature vivante, pour le plaisir des lecteurs. Ensuite se sont les univers ou grands thèmes évoqués qui permettent la classification en sous-catégories, telles que le médiéval-fantastique, 10 8 9 Acception française entérinée par le journal officiel le 23/12/2007. La fantasy, A. Besson, Klincksieck, coll. En 50 questions, 9782252036389. Disponible à la bibliothèque de Fuveau. Pour réaliser ce document outre les pages Internet de wikipedia et le site de « lalittérature.com », le site spécialisé et particulièrement bien documenté qui a été consulté et contacté est www.elbakin.net; l’ouvrage d’Anne Besson a été également très précieux, tout comme la conférence de S. Manfredo en avril 2008 à la Cité du livre ou les conseils des collègues spécialisées telles que L. Bertrand ainsi que des libraires passionnés.