Classe de 1ère S3 SEQUENCE 4 : LA6, Chatterton, (III, 7), Vigny
Transcription
Classe de 1ère S3 SEQUENCE 4 : LA6, Chatterton, (III, 7), Vigny
Classe de 1ère S3 SEQUENCE 4 : LA6, Chatterton, (III, 7), Vigny, 1835 Introduction : - auteur + contexte : - auteur + contexte : utilisez ce que vous avez imprimé en salle informatique + site http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/alfred-de-vigny Eléments à ne pas oublier : après avoir présenté l’auteur, faire une courte présentation de la pièce [piocher quelques éléments dans ce qui suit : Pièce écrite pour sa maîtresse et actrice Marie Dorval, qui joua le rôle de Kitty … // Chatterton est un plaidoyer pour le poète, une mise en demeure à l'adresse de la société indifférente. // Chatterton est un drame de la pensée par lequel Vigny demande que la société prenne en charge un petit nombre de poètes qui donnent des preuves de leur génie. // Chatterton est également un drame d'amour qui repose dans le mystérieux amour de Chatterton pour Kitty, un amour qui se devine toujours mais qui ne se dit jamais vraiment ...] ; ancrage dans le contexte littéraire du Romantisme + courte définition (voir le cours, notamment séances 6 et 8 pour la définition du drame romantique) - situation de l’extrait : II, 5 + éléments du paratexte … + La liberté du héros romantique ne se manifeste jamais aussi totalement que dans le choix de mourir. Dans Chatterton, ce moment ultime est précédé d’un monologue et de plusieurs coups de théâtre rapprochés. - annonce de la problématique : Nous nous demanderons (ainsi) quelle image du héros romantique est donnée à travers ce monologue. (Autres problématiques possibles avec adaptation du plan : de quelles conceptions du héros romantique et de l’art ce monologue témoigne-t-il ? Quels éléments jouent un rôle important dans la dramaturgie de cet extrait ?…) - annonce du plan : Nous analyserons tout d’abord ce qui constitue l’ultime monologue de Chatterton pour montrer ensuite que le jeune poète est un personnage exalté à la merci de ses émotions. ATTENTION : ce plan détaillé est à compléter absolument avec vos propres notes ! I) L’ultime monologue de Chatterton a) La structure Ce monologue est composé de quatre mouvements différents : -> le premier, l.604 à 613, fait état des récents bouleversements dans la vie de Chatterton ; il s’étonne que « sa destinée change tout à coup » l.605 et évoque des perspectives d’avenir plutôt réjouissantes puisqu’il s’est vu proposer un emploi de commis. Grâce à ce poste, il pourrait se consacrer à la poésie et non plus à « écrire les choses communes qui font vivre » -> le deuxième, l.613à 618, évoque Kitty Bell et la résolution prise par Chatterton de ne plus la voir « Cela vaut mieux et je ne la verrai plus » -> le troisième, l.618 à 631, montre Chatterton tombant sur un article de journal dans lequel il qualifié d’imposteur, accusé de ne pas être « l’auteur de ses œuvres » -> le dernier mouvement, l.631 à la fin, nous apprend en même temps que Chatterton que la place qu’on lui réserve est celle de valet de chambre. Transition Le texte apparait comme très structuré ; chaque mouvement faisant état d’une émotion différente éprouvée par le poète. Nous allons voir que les objets ont un rôle important dans la dramaturgie. b) Le rôle des objets Plusieurs objets jouent un rôle important dans ce monologue, mentionnés au moyen de didascalies marquant également l’action du personnage. Il faut mentionner : - d’abord le journal (l.623 « Il lit le journal ») qui révèle à Chatterton que son nom est désormais lié à l’imposture - ensuite la lettre (l.632 « Il décachète la lettre, lit … et s’écrie avec indignation ») qui bouleverse ses espérances en lui apprenant le piètre poste de subalterne qu’on lui propose - vient encore la fiole d’opium (l.636 « Prenant la fiole d’opium », l.636 « Il boit l’opium ») qui lui sert de remède contre ses tourments - enfin, les poèmes qu’il jette au feu (l.650 « Il jette au feu tous ses papiers ») Tous ces objets jouent un rôle capital dans la dramaturgie de cet extrait et permettent de provoquer ou d’accompagner les divers sentiments et émotions de Chatterton. Transition : Chatterton semble être un jeune homme au caractère instable et tourmenté. Il se laisse tomber dans un désespoir vertigineux dont la seule issue est, selon lui, la mort. II) Un personnage exalté à la merci de ses émotions a) L’exaltation des sentiments Le jeune Chatterton s’exprime tout en « se promenant » comme l’indique la didascalie initiale. C’est principalement au spectateur qu’il livre le récit de ses états d’âme : - il l’apostrophe dans ses lamentations, comme par exemple dans ces tournures exclamatives « Ah ! pays damné ! terre du dédain ! sois maudite à jamais ! » l.634-635 - il l’interpelle dans ses questionnements : « Dois-je le croire ? » l.615 et le lie indéfectiblement à son destin, notamment dans cette énumération: « Adieu humiliations, haines, sarcasmes, travaux dégradants, incertitudes, angoisses, misères, tortures du cœur, adieu ! » l.639-641 On observe enfin que ses sentiments évoluent au fur et à mesure que progresse son monologue : - au début il semble assez joyeux ainsi que le montre le champ lexical : « Je tiens là ma fortune » l.606-607, « Tant mieux, cela est honorable » l.611-612, « paix de son âme » l.613 - ensuite, son humeur change radicalement après la lecture du journal et de la lettre : deux mauvaises nouvelles successives provoquent l’abattement du personnage -> son nom est sali, gradation suivant un rythme ternaire, « mon nom est étouffé, ma gloire éteinte, mon honneur perdu ! l.630-631 - enfin, alors qu’il se sait voué à devenir valet de chambre, les phrases exclamatives se multiplient marquant son désespoir : « Libre de tous ! égal à tous, à présent ! … » l.637 Notons que l’effet dramatique de la situation se trouve renforcé par les didascalies qui accompagnent la détresse du personnage en jouant un rôle d’emphase (« s’écrie avec indignation », l.632 , « attitude grave et exaltée » dans la didascalie finale l.654) Transition : Chatterton n’est cependant dépourvu ni de noblesse ni de grandeur d’âme. C’est surtout un personnage intransigeant, qui place l’œuvre artistique au-dessus de tout. b) Un poète incompris - Chatterton se désigne comme un poète talentueux mais malmené et incompris. Bale, l’auteur de l’article blessant, est qualifié de « serpent » sortant d’un égout (l.629 ; symboliques négatives associées au serpent, cf. Bible). Ce faisant, Chatterton marque une opposition claire entre : -> son art noble qu’est la poésie (dont il est empêché faute de moyens) ; il parle de ses poèmes dans les termes suivants : « nobles pensées écrites pour tous ces ingrats dédaigneux » l.651. Cette définition appelle l’image d’une œuvre littéraire quasiment sacrée -> et le reste de la société avec laquelle il est en rupture car elle n’a pas su apprécier la valeur de son art ; l’œuvre d’art devient un idéal ne pouvant s’offrir aux incultes ou en tout cas inaccessible à une foule de profanes. Chatterton incarne ainsi la figure du héros romantique en proie à l’iniquité du sort comme à l’hostilité de ses contemporains : - le suicide de Chatterton est d’abord un suicide littéraire. En effet, il se consume de l’intérieur en brûlant ce qu’il a de plus intime, ses poèmes. Il s’agit pour lui du plus noble et du plus difficile des sacrifices. Paradoxalement, cet acte douloureux est aussi libérateur. Cela lui permet d’atteindre le « bonheur » l.642, la « délivrance » l.646, de « conquérir » la mort tant adorée l.647-648 et finalement de « purifier » son âme. On retrouve cette antithèse avec le champ lexical de la mort : « dernière heure de ma vie» l.638 (versus « première heure de repos»), « adieu » l.639 , « Ange sévère » l.649 Conclusion : - réponse à la problématique : L’image du héros romantique révélée dans ce monologue reste celle d’un être à la merci de ses émotions. En proie à une vive exaltation, il peut se retrouver en quelques minutes dans un état de détresse intense, proche du suicide. Le héros romantique est un homme entier et exalté qui ne connaît pas la demi-mesure. Son art est son bien le plus précieux mais également la cause de ses éternelles turpitudes. - ouverture : Dans la lignée des drames romantiques du XIXème, la pièce Chatterton fut créée cinq ans après Hernani (1830) de Victor Hugo [chef de file incontesté des Romantiques] ; toutes deux mettent en scène des personnages passionnés, révoltés et entraînés vers une mort inéluctable. Autre ouverture possible : le monologue méditatif de Ruy Blas V,1 (pièce du même nom) où il envisage le suicide. [Rappel : il tuera Don Salluste et se suicidera sous les yeux de la reine dans la scène suivante, l’ultime scène de la pièce] ENTRETIEN QUESTIONS POSSIBLES Envisagez des questions et leurs réponses sur votre fiche ! Par exemple : - définition et fonctions du monologue ? (voir cours/synthèse séance 8) Connaissez-vous d’autres monologues célèbres ? (citer le monologue méditatif de Ruy Blas V,1 où il envisage le suicide ; celui de Rodrigue (délibératif), dans Le Cid, I,6 dans lequel il se demande s’il doit venger son père et perdre Chimène …) - définition du romantisme ? du drame romantique ? Ex de drames romantiques ? (Hugo, Ruy Blas ; Hernani ; Musset, Lorenzaccio …) - définition de termes propres au théâtre : didascalie, double énonciation, différents types de répliques … ? - savoir attribuer un siècle à un dramaturge, sans se tromper ! … - questions sur les études d’ensemble : martyres et bourreaux, l’art et l’argent, critique de la société, le décor … (voir cours + LC de la séance 6 + pages 118 à 132 de Chatterton, éd° Hatier) … - questions sur les deux représentations auxquelles vous avez assisté et sur celle vue en DVD (voir dossiers …)