Livre blanc - Collectif Adoptés pour l`Enfance
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Livre blanc - Collectif Adoptés pour l`Enfance
Collectif Adoptés pour l’Enfance Livre blanc Les adoptés et leurs adoptants témoignent Avril 2013 Création du Collectif Adoptés pour l’Enfance Depuis l’annonce du projet de loi sur « le mariage et l’adoption par les couples de même sexe », la question de la place des enfants adoptés dans le débat s’est posée à nous. La très grande majorité ne faisant pas partie d’un collectif ou d’une association, la démarche fut hésitante, proposant discrètement sa réflexion et attendant une sollicitation. Les premières prises de parole des adoptés lors des manifestations régionales et nationales furent le déclic, précurseur d’un mouvement souhaitant s'inscrire dans la durée. L’ouverture des débats à l’Assemblée nationale, et la violence des propos de certains à l’encontre des adoptés et de l’adoption en général, fit sortir de leur réserve les plus discrets. Ainsi démarra le Collectif Adoptés pour l’Enfance, un collectif qui, à travers des témoignages, fait part de ses expériences personnelles d’abandon et d’adoption, de la valeur structurante et unique du cadre familial composé d’un homme et d’une femme pour tous les enfants. Et ultimement de l’importance de défendre les droits de l’enfant à avoir un père et une mère. Membres Fondateurs Marie DUFOURCQ Anne-Claude GIRARD Collectif Adoptés pour l’Enfance Marie DUFOURCQ Co-fondatrice Anne-Claude GIRARD Co-fondatrice 34 ans, née sous X et adoptée à l'âge de 3 mois par l'intermédiaire d'une OAA, La Famille Adoptive Française. 42 ans, mariée, mère de 4 enfants. Née sous X adoptée à l’âge de 18 mois. Juriste en droit de la santé bioéthique, signataire de l’appel des Juristes. Mariée, mère de 3 enfants, psychologue exerçant dans le domaine des ressources humaines. Membre fondateur du Collectif Adoptés pour l'Enfance. Responsable relations presse et LMPT [email protected] Je vis en Belgique où je n’oublie pas mon pays et la défense des plus fragiles. Passionnée par l’actualité et la politique, je retrouve ma jeunesse en m’engageant dans la fondation de ce collectif ou ma belle histoire d’adoption prend tout son sens. Responsable des relations avec les politiques et de la partie réseaux sociaux [email protected] Nathalie TALLEU Porte-parole famille adoptante Mariée, mère adoptive à temps plein de 6 enfants. Porte-parole adoptante du collectif Adoptés pour l’Enfance, en tant que maman de Benoît et Marie, mineurs, et comme adoptante. [email protected] INTRODUCTION Nous avons souhaité réaliser ce Livre blanc dans un souci de transparence et de communication, afin que la voix des adoptés et des adoptants soit entendue. Les commissions qui ont eu lieu au sein de l’Assemblée nationale et au Sénat, dans le cadre du Projet de Loi de la Garde des Sceaux, Mme Christiane TAUBIRA, n’ont pas tenu compte des paroles de ceux qui, comme nous, sont nés sous X, et peuvent témoigner de l’importance d’avoir un père et une mère. Cette filiation PME, Père-Mère-Enfant, est la fondation de nos reconstructions. Ce lien organique nous a permis de bâtir nos vies malgré la souffrance de l’abandon, faisant du père et de la mère adoptifs nos parents, et de nous leurs fils et leurs filles, nous réinscrivant ainsi dans une lignée, et nous donnant la chance de créer à notre tour une famille, entre ancêtres et descendants. Aujourd’hui, à travers les témoignages rassemblés dans ce Livre blanc, paroles d’adoptés et paroles d’adoptants, nous souhaitons transmettre aux Parlementaires, les voix des premiers concernés par ce Projet de loi « mariage et adoption pour tous ». Anne-Claude, 42 ans, née sous X et pupille de l’État, adoptée à l’âge de 18 mois Monsieur le Président de la République, Je m’adresse à vous en ultime recours puisque comme le dit Emma : « Vous êtes le Papa de toutes les pupilles de l’État. » Adoptée à l’âge de 18 mois, je peux dire que je suis une enfant de la République. Moi, AnneClaude, née sous X, je suis fière de ce pays qui a pris soin de moi, m’a nourrie, m’a logée, m’a habillée. Le législateur dans sa grande bienveillance et son immense intelligence m’a cherché une famille. Car c’est cela l’adoption : c’est donner une famille à un enfant, non l’inverse. Et puis j’ai grandi dans ma famille auprès de mon père et de ma mère. Je savais que j’étais adoptée mais ceux à qui on ne le disait pas ne le devinaient pas. Mes études supérieures de droit, ma découverte du Code civil, du droit européen et du droit international m’ont confortée dans l’idée que le législateur protégeait l’enfant, qu’il tenait compte de son intérêt supérieur et qu’au nombre de ses droits il incluait celui d’avoir un père et une mère. Aujourd’hui, cette même République est sur le point de voter une loi qui ouvre l’adoption aux couples de même sexe et qui fait disparaître le droit pour ceux qui lui sont confiés d’avoir un père et une mère. C’est vrai que nous, les adoptés, nous avons plus que d’autres encore besoin d’amour. Mais il faut éviter des conditions où cet amour, absolument essentiel, nous rappelle nos manques originels et par là accroisse nos difficultés. Parce que nous avons été privés d’un papa et d’une maman, nous ressentons plus que d’autres, justement, ce besoin de dire ces mots si simples : « C’est mon papa et c’est ma maman ». Pour m’aider à grandir, j’ai d’ailleurs eu besoin de mes deux parents, avec leurs différences. L’apport de chacun a été insubstituable, tout spécialement au moment de l’adolescence où les questionnements sont intenses. Je n’imagine pas un seul instant l’un sans l’autre car ils se sont complétés parfaitement. Si nous ne sommes pas élevés par ceux qui nous ont conçus, avec un père et une mère adoptifs nous nous construisons en comprenant que nous pourrions être l’enfant de leur amour. Notre filiation est vraisemblable et cette compréhension est essentielle dans notre construction. J’ai compris en devenant moi-même mère que cela avait été une étape fondamentale de mon développement. De nombreux professionnels vous ont dit combien la blessure de l’abandon entraînait chez certains adoptés une quête incessante des origines. Comment concevoir alors de donner un enfant abandonné à un couple de même sexe ? C’est condamner cet enfant à un double questionnement permanent : « Pourquoi moi ai-je été abandonné et pourquoi moi n’ai-je pas un papa et une maman ? » Monsieur le Président de le République, il y a des évolutions fantastiques dans notre société mais dans ce domaine si particulier le changement peut être source de douleur. Vous savez quand on était petit on n’aimait pas trop dire qu’on avait été adopté parce qu’on ne voulait pas se sentir différents des autres. Monsieur le Président, n'ajoutez pas à la souffrance de l'abandon le poids que représente pour un enfant le fait de devoir assumer la différence de parents adoptifs. Il y avait un homme et une femme à l’origine de notre venue. Remercions-les d’avoir eu la générosité, l’humilité et la sagesse de se rendre compte qu’ils n’étaient pas prêts pour cette aventure et donnons à toutes les pupilles de l’État cette immense chance d’avoir un père et une mère. Alors aujourd’hui, Monsieur Le Président de la République, je crie haut et fort pour ces tous ces enfants, je demande que la République les protège comme elle m’a protégée moi. Ce combat n’est ni de droite ni de gauche, ni religieux, ni athée : il est celui de ceux qui ont connu cette fragilité de l’abandon, qui sont différents et qui méritent de se construire dans une filiation père-mère-enfant. Monsieur le Président, par pitié, écoutez-nous ! ! ! Benoît, 17 ans, né sous X au Vietnam, adopté à 3 semaines Je m’appelle Benoît, j’ai 17 ans et je suis un enfant adopté comme mes 6 frères et sœurs. Je me positionne contre le droit d’adoption des couples de même sexe que le projet de loi voudrait permettre. Il est important de savoir ce que ce projet engage : priver définitivement un enfant d’un père ou d’une mère. Sachez qu’un deuxième père ne remplacera JAMAIS une mère, et réciproquement. Je tiens à vous apprendre, car à entendre les défenseurs du projet, ceux-ci semblent ignorer qu’en orphelinat nous n’avons rien, nous ne possédons rien dès notre naissance, jusqu’à un nom parfois ; la seule chose qui nous reste c’est l’espoir d’avoir un jour un père et une mère pour nous aimer. Et en vous engageant à faire appliquer cette loi vous vous engagez à détruire cet espoir, cet ultime espoir commun à tous les orphelins. Je ne vous crois pas assez insensible et aussi égoïste pour préférer le désir capricieux de personnes qui veulent des enfants au besoin de parents de ces mêmes enfants que vous réduisez à ce statut d’objet de caprice. Nos mères biologiques ont eu le courage de nous confier à l’orphelinat. Et c’est trahir ce courage que de donner ce droit. Elles sont souvent abandonnées, rejetées de tous. Elles ont fait ce choix dans le même espoir, que l’on puisse avoir un jour le père qu’elles ne pouvaient nous donner et la mère qu’elles ont dû renoncer à devenir. Encore une fois je ne vous crois pas assez indifférent pour mépriser et trahir leur courage. Alors je vous le demande, réfléchissez : qui des couples de même sexe ou des enfants d’orphelinats est le plus en détresse ? Et je supplie nos législateurs de ne plus manipuler les enfants au nom d’une idéologie ou d’une fausse idée égalitaire qui masquerait une injustice totale. François-Xavier, 47 ans, né sous X et adopté à 3 mois François, Je suis venu vous parler de ce que nous avons de commun, de nos parents, de leur couple, composé d’un père et d’une mère. Peut-être avez-vous toujours trouvé cela normal, mais moi, né sous X et adopté par les miens à trois mois, je n’ai jamais cessé de m’en étonner et d’y trouver une grande valeur. Permettez deux secondes que je vous présente quelle fut ma vie d’enfant ; un enfant abandonné a toujours à lutter contre la pensée que ce qui lui est arrivé est de sa faute. Mon père a lutté contre moi à ma place, m’a résisté, avec force et ténacité ; ma mère m’a donné sa présence pleine de tendresse afin que je goûte autre chose que le lait de l’amertume. L’altérité sexuelle, vous voyez où je veux en venir, hein. Par l’article de loi programmée par vos soins donnant l’adoption plénière aux couples homosexuels, vous avez réussi à toucher la blessure de l’enfant que je fus. Nous savons par ailleurs que des enfants avec une histoire comme la mienne, reçus par les couples comme nos pères et mères, il n’y en aura pas beaucoup. En effet, les nouveaux mariés inféconds devront acquérir des enfants par des façons que la civilisation du progrès et de la consommation encourage, pour répondre à leurs désirs d’enfants : ces techniques modernes permettent que le mot « avoir » prenne un sens tout particulier, en ce qui concerne les enfants. Des enfants à qui n’est pas reconnu le droit d’avoir un père et une mère. Pour ce qui est de la GPA, vous validez même, François, que la Nation reconnaisse comme normal de fabriquer de l’abandon automatique ; permettez que je me sente lié à ces enfants dont vous allez handicaper la vie. Vous avez blessé ma dignité et mon identité, vous relativisez la valeur de l’altérité qui m’a construit. Je suis solidaire de ces enfants à qui nul législateur ne demande son avis. La légalité de ce texte est issue d’un éphémère rapport de force, mais la violence faite à ces enfants désirés ou repoussés, fabriqués ou détruits, achetés ou vendus ne donnera jamais de légitimité à des lois acquises à la majorité. Je ne pensais pas qu’une décision politique me touchât directement, mais je découvre que vous avez réveillé, vous, dans votre sphère lointaine, la colère de se sentir bafoué. Vous avez entretenu l’ambiguïté de vos bonnes intentions d’égalité pour tous, avec le détournement d’une institution à laquelle vous même vous n’avez jamais adhéré. Je sens que mon devoir reste de servir le pays que j’ai par mes parents reçu, en participant à la vie de la Nation, en écrivant mes mots comme d’autres des doléances. L’égalité que vous dites servir, se fera contre la liberté et la fraternité. Jean, 64 ans, père adoptif de 2 enfants nés sous X Monsieur le Président de la République, Messieurs les députés de la majorité, législateurs d’un moment de notre histoire, Je vous écris cette lettre de mise en garde à un double titre, celui d’un citoyen soucieux des institutions dont vous êtes, Monsieur Hollande, d’après la constitution, le garant et celui d’un père adoptif très préoccupé de l’évolution envisagée de l’adoption sous la pression militante d’une minorité d’une société dont vous êtes l’arbitre suprême. Monsieur le Président, vous portez personnellement aujourd’hui la grave responsabilité devant l’histoire d’avoir voulu ouvrir le mariage aux couples de personnes de même sexe. La société française en pâtira lourdement, je le crains, et vous serez accusé à juste raison d’avoir failli au bon sens commun et manqué à votre devoir de protéger les plus faibles. Messieurs les députés, ce n’est pas une avancée historique que vous conduisez. Il ne s’agit pas de l’octroi du droit de vote pour les femmes, de la dépénalisation de l’adultère, de la loi Veil sur la contraception ou de l’abolition de la peine de mort. Ce que vous faites aujourd’hui au nom de l’égalité devant le mariage est une régression historique de la protection due à la femme et à l’enfant. C’est d’autant plus une régression que votre vote est dû collectivement à votre majorité parlementaire. Où est la liberté de conscience ? Tout d’abord, sachez que le citoyen que je suis n’admet pas le détournement de la fonction de la loi pour satisfaire une revendication que chacun sait ultra-minoritaire dans notre pays. La loi organise la vie sociale des citoyens, et notamment la filiation, pour le compte de familles qui sont dans une majorité écrasante des familles PME, Père/Mère/Enfant, conformément à la biologie humaine et à la sociologie de notre pays depuis des siècles. Ces facteurs sont la base de notre société aujourd’hui et encore pour longtemps, vous le savez. Dans notre démocratie ensuite, la loi n’est pas le fait du Prince mais l’affaire de toute la société qui envoie ses représentants au Parlement pour en débattre et l’édicter au bénéfice du plus grand nombre. Les engagements électoraux que vous avez pris sont à rapporter désormais à l’ensemble des Français dont vous êtes le Président légitime et les députés élus et non plus à la poignée de militants dont vous avez cherché le soutien pendant la campagne électorale. Aujourd’hui l’application sans débat de ce programme est un déni de démocratie. Nous étions nombreux, vos électeurs et vos adversaires, pour vous le dire « haut et fort » dans des rassemblements de rue consistants ces dernières semaines. Monsieur le Président, soyez le garant de la France, de ses institutions et de son peuple qui ne veut pas d’un projet grotesque et partisan qui nous déconsidère dans le monde entier. Demandez à nos voisins africains ce qu’ils en pensent ; ce projet les glace et les révulse. La loi n’est pas faite pour inquiéter mais rassurer et conforter. Votre volonté collective de changer la société pour une société meilleure car plus égalitaire m’inquiète. Les militantismes et idéologies qui ont sous-tendu les volontés d’imposer une forme de société à des citoyens indifférents ou réticents ont été la plaie du XXe siècle, vous le savez. Elles portent un vrai mépris de la démocratie et signent une inquiétante prétention à construire une prétendue modernité en épurant la société des derniers témoins d’un ordre vu comme archaïque. Un dernier point que le citoyen voudrait déplorer, c’est la mascarade de ce débat parlementaire confus et procédural, précédé de consultations pour le moins expéditives et sectaires en commission. Ces étapes ont affaibli notre démocratie dont la transparence permet désormais à tous de mesurer la fragilité et le décalage. Cette pratique parlementaire médiocre et indigne est la cause profonde de la désaffection continue du peuple français pour la politique et explique une légitimité élective de plus en plus contestée. Mais le père adoptif que je suis n’est pas plus indulgent que le citoyen qui condamne ces pratiques législatives. Ce qui est l’honneur de la loi française depuis longtemps, c’est la protection des plus faibles. La femme et l’enfant sont notre premier devoir, le plus impératif car c’est celui de la survie de l’espèce, comme les anthropologues ne cessent de le rappeler. Le « mariage pour tous » contient de fait comme une logique implacable, l’adoption pour tous et la gestation assistée pour tous. C’est ainsi, c’est imparable et c’est ce qui est en route. Et là vous le savez bien, en agissant ainsi, vous mettez en danger de mort l’adoption, vous condamnez l’accouchement sous X, vous tarissez l’adoption internationale. C’est ainsi que vous rayez d’un seul trait toute une structure d’accueil de mères en détresse et toute une forme d’espoir pour des familles étrangères de pouvoir placer leurs enfants dans le besoin à l’abri en France, dans un pays dont la capacité d’accueil affectif a été la source de tant de réussites humaines. L’enfant n’est plus le centre de l’adoption que vous transformez sans débats et sans analyse préalable (conseil national d’éthique, CESE, conseil de l’adoption). Ces mères, ces enfants vous le reprocheront demain, tout comme ceux qui, comme moi, ont bénéficié de ces dispositions fécondes et profondément humaines qui font honneur à nos lois que d’autres législateurs plus avisés et plus respectueux avaient votées. Nous a-t-on consultés, écoutés. A-t-on écouté les adoptés ? Vous savez bien que non. Beaucoup plus grave sera demain la situation des enfants fabriqués par convenance dans des formules à base de technique génétique dont la commercialisation sera un critère discriminant. Ces enfants qui viendront concrétiser un amour entre personnes d’un même sexe n’auront pas une filiation naturelle, Père Mère Enfant, comme les autres enfants qu’ils côtoieront majoritairement. Ils devront chercher dans leur environnement les personnages supplétifs et les repères indispensables qui contiendront l’altérité qui est à la base de l’espèce humaine. Je ne pense vraiment pas que c’est la meilleure façon de les protéger des troubles identitaires et des questionnements sur les origines. Je ne crois vraiment pas non plus que c’est respecter et protéger les femmes que de leur permettre de louer leur ventre et d’abandonner les enfants qu’elles auront portés. Ces perspectives que vous ouvrez vont être la cause de multiples tensions hommefemme-enfant et l’origine de nombreux drames prévisibles. Quel pédopsychiatre dira le contraire. Où est le principe de précaution ? Où sont les analyses faites par les pays qui ont emprunté cette voie ? Pourquoi cette précipitation, alors qu’il y a si peu de requêtes et tant d’autres choses urgentes à faire pour notre pays ? Monsieur le Président de la République, Messieurs les législateurs, le citoyen et le père adoptif que je suis sont surpris par votre entêtement à passer en force, comme si vous exécutiez une mission sacrée, alors que vous désorganisez et déshumanisez la société française au nom d’une égalité dont l’enfant est exclu et qui falsifiera la maternité. L’histoire se prépare à juger sévèrement cette loi et ceux qui l’ont voulue. Marie, 34 ans, née sous X et adoptée à l’âge de 3 mois. Monsieur Le Président, Je vous écris aujourd’hui parce que face au projet de loi sur le mariage et l’adoption pour tous que votre Gouvernement et vous-même souhaitez faire voter à l’Assemblée nationale, je ne peux plus me taire. Moi, Marie, 34 ans, née sous X et adoptée grâce à un organisme agréé d’adoption (la Famille Adoptive Française), je me dois de prendre la parole pour tous ces enfants à venir à qui vous allez supprimer le droit d’avoir un papa et une maman. Ma mère biologique, une jeune fille de 16 ans, a vécu une histoire d’amour avec un lycéen, et de cet amour est née une petite fille qu’elle a eu le courage, l’humilité et la force de confier à l’adoption. Cet acte d’abandon, elle l’a fait par amour pour son enfant, moi, avec le souhait profond qu’il puisse grandir au sein d’une famille qu’elle voulait à l’image de la sienne. Grâce à elle, et grâce à la législation de notre République, j’ai pu grandir au côté d’un père et d’une mère qui m’ont tout donné : leur nom pour m’inscrire dans leur filiation, leur amour et surtout l’image d’un couple qui aurait pu être celui par lequel j’étais venue au monde. Monsieur le Président, aujourd’hui, votre projet de loi va brutalement retirer ce droit merveilleux auquel un enfant abandonné peut prétendre : grandir avec un père et une mère. Je peux dire que l’adoption est à l’origine une souffrance. Oui Monsieur Le Président, avant d’avoir la chance d’être accueillie au sein d’une famille, j’ai été abandonnée. Cette souffrance s’est transformée en bonheur parce que j’ai pu au cours de mes 34 années de vie, combler le manque de mes parents biologiques par la présence de mes parents adoptifs. Ils ont su remplacer mes parents géniteurs, sans jamais nier leur existence, me permettant de comprendre qu’ils étaient les seuls et uniques parents que j’avais. Cette famille que j’ai eu la chance d’avoir, c’est une chose que je souhaite pour tous les enfants nés sous X. Alors Monsieur Le Président, je vous en supplie, ne laissez pas le droit à l’enfant prendre le dessus sur le droit de l’enfant. En cherchant à mettre de l’égalité entre les couples de même sexe et les couples hétérosexuels, vous créez une inégalité entre les enfants adoptés : ceux qui auront droit à un père et une mère et les autres. Vous ne pouvez pas supprimer le droit de ces enfants à grandir entre un père et une mère. Les inscrire d’office dans la différence, et accentuer la souffrance qu’ils ne pourront jamais oublier : celle d’avoir été abandonné. Monsieur Hollande, en tant que Président de la République Française, écoutez-nous ! Tenez compte de nos voix et de celles de tous ces enfants qui attendent de la République qu’elle les protège et protège leur droit principal et fondamental : grandir entre un papa et une maman. Témoignage de Tito, directeur d’orphelinat au Brésil "Si vous vous taisez, ce sont les pierres qui crieront" Ce sont les termes même de "Tito" directeur de l'orphelinat de MACEIO, capitale de l'État d’Alagoas, dans le Nord-Est du Brésil : pour l’Alagoas, petit État pauvre, à 2 000 km au nord de Rio, le mariage des couples de même sexe est autorisé depuis janvier 2012, alors que de fait, l'adoption et la procréation médicalement assistée sont autorisées depuis 2004. Or notre débat franco-français est suivi de très près là-bas pour les deux raisons suivantes : l'exemple de la France reste une référence, et les Brésiliens savent que l'hexagone est une destination possible pour leurs orphelins. Voici donc ce que dit "Tito", dans son message du 22 janvier 2013 dernier : Je vois bien combien le sujet de l'adoption par des couples de même sexe est polémique, mais malgré toutes les résistances, il est nécessaire d'aborder cette question. Pour ma part, je suis mobilisé par le dicton : si vous vous taisez, ce sont les pierres qui crieront ; je rajouterais "si vous vous taisez, ce sont les enfants qui crieront !" J'ai peur d'être confondu avec ces personnes remplies d'idées préconçues, mais au nom de ce que je crois, je dois donner mon opinion illustrée par 2 exemples récents : Je connais et j'accompagne depuis un moment une jeune fille qui a été adoptée par deux mères qui habitent en couple. Je suis personnellement témoin des bons traitements que ces 2 femmes dispensent à leur fille adoptée, mais je suis aussi témoin de l'angoisse que cette pauvre enfant traîne avec elle, cette angoisse de ne pas avoir le droit d’appeler quelqu'un "papa". Un jour, ces 2 mères sont venues me voir pour me demander d'accompagner la jeune pré-ado, me disant qu'il se passait quelque chose de très étrange dans son comportement… Tito, souhaite rester discret sur l'agressivité et les angoisses vécues par cette jeune fille. Mais il ajoute : Ce dimanche 20 janvier dernier, je lui ai demandé si je pouvais parler de son cas. Elle m'a répondu : vous pouvez le raconter, parce que j'ai appris à vivre avec ma situation grâce à votre aide ; et je sais que tous les enfants adoptés par des couples de même sexe n'ont pas la chance que j'ai eue d'avoir une telle aide. " En plus de ce cas, dans l’institution que je dirige, il m'est arrivé récemment qu’un couple de gays ayant monté un dossier de demande d'adoption soit confronté à la résistance totale de l'enfant qui y était destiné : "Je préfère vivre ma vie entière seul que d'être adopté par 2 hommes. Je veux un papa et une maman, je veux une vraie famille avec des enfants". Devant ces témoignages, la plupart du temps vous aurez l'objection suivante : les orphelins qui refusent d'être adoptés par des gays ou qui souffrent de cette situation sont victimes des idées préconçues d'une société judéo-chrétienne homophobe ; faux : je peux témoigner par mes expériences dans les orphelinats de Roumanie depuis 1992, puis en Russie depuis 2002 , que les enfants de ces pays comme dans tous les autres pays du monde, rêvent d'avoir un papa et une maman qui s'aiment. Or, en Russie comme en Roumanie, toutes références judéo-chrétiennes ont été totalement effacées par le régime en place depuis plus de 50 ans. Donc si un enfant demande un papa et une maman, ce n'est pas par conditionnement idéologique, c'est par besoin vital d'écologie humaine. Être abandonné, c'est déjà un drame : être adopté par 2 papas ou par 2 mamans est vécu comme une trahison par la société qui devrait les protéger. L’enfant est le bien le plus précieux, le plus fragile, et le plus rare de notre société vieillissante, nous avons à défendre les intérêts supérieurs de l’enfant. Marie, 15 ans, née sous X au Liban, adoptée à l’âge de 3 semaines. Je m’appelle, Marie, j’ai 15 ans et je veux faire part de mon témoignage d’adoptée. Je suis née sous X, et j’ai été adoptée à l’âge de 3 semaines au Liban. Nous les adoptés, nous sommes déjà très différents, on nous pose souvent des questions du type : « Mais ce ne sont pas tes vrais parents ? », « Ça te fait quoi d’être adoptée ? » Nous n’avons pas besoin d’être marginalisés : nous avons besoin d’être le plus possible « normalisés », « banalisés », et croyez-vous que donner deux papas ou deux mamans à des orphelins, les normalisera ? Nous sommes venus au monde dans une grosse déchirure, donnez-nous le meilleur comme parents pour guérir de cette blessure. Ce qu’il faut pour un enfant, c’est un papa et une maman. Je ne dis pas que les homosexuels ne sont pas capables d’aimer, je dis que là n’est pas la question. Non, notre mouvement n’est pas homophobe. Je suis juste pour la filiation PME : père, mère, enfant ! Il n’y a pas de droit à l’enfant, mais il y a les droits de l’enfant. Savez-vous ce que réclame un enfant dans un orphelinat ? Vous êtes-vous déjà penché sur la question ? Un enfant, rêve d’un père et d’une mère et non d’un parent 1 et 2. Un enfant a le DROIT, d’avoir un père et une mère. Auriez-vous, Monsieur Hollande, la cruauté de priver un enfant de ce qu’il désire, et de ce dont il a le plus besoin, pour satisfaire un désir égoïste d’adulte ayant envie d’un enfant ? Monsieur Hollande, considérez d’abord les besoins des enfants, vos enfants, les pupilles de l’État, plutôt que des désirs de grandes personnes. Réfléchissez aux enfants dont vous avez la protection, vos enfants, les pupilles de l’État, pensez à eux, pensez à nous. Agnès et Olivier, parents adoptifs de 3 enfants nés sous X, à la Manif Pour Tous du 2 février 2013. Bonjour Agnès et Olivier, pouvez-vous vous présenter rapidement ? Bonjour à tous, nous sommes d’anciens Chartrains, Nous avons habité sur Chartres de 2003 à 2007, et c’est une ville à laquelle nous sommes très attachés, tant par les attaches amicales très fortes que nous y avons créées, que par des attaches familiales. Et c’est aussi un peu le berceau de notre famille car les agréments requis pour l’adoption de nos trois enfants ont été obtenus au Conseil général de Chartres, que nous remercions vivement ici au passage C’est le fait d’avoir adopté qui vous pousse aujourd’hui dans la rue ? Non, c’est d’abord le bon sens. La situation actuelle nous donne l’impression de vivre dans un monde d’adultes égoïstes et irresponsables ! Qui peut confirmer que l’apport d’un père et l'apport d’une mère sont de même nature ? En quarante ans, nous n’étions jamais descendus dans la rue, mais sur un sujet si important il ne nous est pas permis de nous taire : nous sommes responsables de la France que nous laisserons à nos enfants ! Vos enfants, qu’en pensent-ils ? Nos trois enfants sont en âges de comprendre ce qui se passe, et sont donc partie prenante depuis le début dans le combat que nous menons pour le retrait de cette loi absurde et destructrice ! Les enfants ne sont pas des marchandises ! Ce ne sont pas des biens que l’on achète, nos enfants aujourd’hui, du fait de leur âge, sont pleinement conscients de leur différence : elle est physique, inscrite sur leur visage ! Ils vivent cette différence dans la vie de tous les jours, par les questions qui leur sont posées, par une histoire douloureuse avec laquelle ils doivent vivre. Est-il responsable de penser en rajouter ? De plus, quelle image ce débat donne-t-il de ces enfants adoptables ? Est-ce que ce sont des biens de consommations ? Ces enfants qui ont déjà souffert, n’ont-ils pas le droit d’avoir une famille ordinaire composée d’un père et d’une mère ? De plus, n’est-ce pas trahir la confiance des parents biologiques qui leur ont donné le cadeau de la vie, mais qui n’ont pas eu les moyens de les élever de les remplacer par deux parents du même sexe ? Comment répondre à ceux qui souffrent de ne pas avoir d’enfant ? Nous aussi nous avons beaucoup souffert au début de notre mariage, mais la souffrance ne donne pas tous les droits : il ne faut pas confondre le droit à l’enfant et le droit des enfants ! Nous comprenons donc cette souffrance que nous avons vécue, mais elle ne doit en aucun cas devenir une justification ! On parle souvent des orphelinats qui regorgent d’enfant en quête de parents, est-ce vrai ? Non, c’est totalement faux. Le nombre de parents adoptants est bien supérieur au nombre d’enfants adoptables ! Face à cette situation il devient de plus en plus difficile pour les pays ayant des enfants adoptables de choisir à quel pays il confie leurs enfants. Si cette loi passe en France, un certain nombre de ces pays pourrait décider de fermer leurs frontières à nos familles adoptantes. Maintenant pour en revenir aux chiffres, nous allons vous en donner quelques-uns facilement vérifiables car ils sont émis par le gouvernement, sur l’évolution du nombre d’adoption par an (vérifiable sur le site de l’AFA). • 4 136 en 2005 • 3 508 en 2010 • 1 995 en 2011 Soit une baisse de plus de 50 % en moins de six ans ! Enfin, sur le site http://www. adoption.gouv.fr vous pourrez lire les chiffres suivants : • 9 000 demandes d’agrément par an en France, • 24 702 dossiers en attente début 2011. Soit environ 12 ans d’attente ! Donc il y a clairement le moyen d’offrir à chaque enfant la joie d’avoir un jour un papa et une maman. Nathalie, mère adoptive de 7 enfants nés sous X en France et à l’étranger. Je m’appelle Nathalie, j’ai 42 ans, et je suis mariée depuis 20 ans. Mon mari Franck et moi avons adopté 7 enfants, en France et à l’étranger, dans trois pays différents. Parmi eux, trois handicapés. C’est de notre expérience dans l’adoption que je témoigne. Notre aîné est un garçon. Il est né au Viêt Nam (aujourd’hui il a 17 ans). Nous avons ensuite une fille née au Liban (15 ans) mais qui est d’origine sri-lankaise, puis une fille et deux garçons français porteurs de la trisomie 21 (l’un d’eux est décédé à l’âge de deux ans, les autres ont maintenant 12 et 11 ans) ; puis nous avons adopté à Djibouti un petit garçon qui a déjà 6 ans et une petite fille de 4 ans bientôt. Nous nous sommes engagés dans le combat contre le projet de loi « mariage et adoption pour tous » parce qu’un jour, quand les médias commençaient à parler de mariage et de droit à l’adoption pour les couples homosexuels, nous avons vu un masque de stupeur et d’inquiétude apparaître sur le visage de nos enfants, les deux plus grands. Nous en avons discuté, et nous avons décidé de témoigner pour rétablir la vérité sur l’adoption. Pour beaucoup, en France, quand on dit « adoption », on pense « des gens qui ne peuvent pas avoir d’enfant, c’est triste, ils ont tellement d’amour à donner ». La souffrance de ne pas pouvoir avoir d’enfant est réelle, j’en sais quelque chose. J’ai beaucoup pleuré de ne pas pouvoir donner la vie, de ne pas pouvoir remplir le livret de famille qu’on m’a donné à notre mariage civil. Oui, cette souffrance, je l’ai connue ; mais moi, j’étais adulte ; et je n’étais pas seule, on était deux ; on avait une maison, un travail, de l’argent, on avait nos familles, pour nous soutenir, on avait des amis, des activités… je n’avais pas quatre ans, je n’étais pas seule au milieu de 70 bébés dans une chambre ou les lits étaient collés les uns aux autres sur plusieurs rangées, sans doudous ni tétines pour éviter les contagions , sans câlins (ça, c’est ce qu’a vécu mon fils Louis, mon 6e) ; je ne partageais pas mon lit avec trois autres bébés, comme Benoît dans son orphelinat ; je ne vivais pas dans les ruines d’un pays en guerre, comme Marie, ma fille du Liban… L’adoption, c’est : il y a des enfants qui sont seuls, ils ont besoin de parents. Ces enfants sont blessés dès leur entrée dans la vie, ils sont fragilisés pour toujours, d’avoir été séparé du ventre qui les a portés. Ces enfants ont donc besoin d’une famille saine, équilibrée, stable, ORDINAIRE. Ils ont besoin d’une maman, et d’un papa. D’ailleurs, le divorce des parents est plus grave pour des adoptés, parce qu’ils revivent une déchirure, cela rouvre la blessure. Adopter, c’est panser une blessure dont la cicatrice ne disparaîtra jamais totalement. C’est une greffe délicate. C’est offrir une famille à un enfant. Adopter, c’est s’offrir comme parents à un enfant qui en a besoin. La maman adoptive se substitue très exactement à la maman de chair, et le papa adoptif se substitue très exactement au papa de chair. Lorsque mon mari et moi faisions les démarches de notre premier agrément, le psychiatre chargé de nous évaluer nous a expliqué qu’il était fréquent qu’un enfant adopté ait le désir, sous forme de jeu, de mimer l’accouchement. Imaginez-vous un adopté jouer à l’accouchement avec l’un de ses deux papas ? C’est arrivé très récemment, chez moi : notre petite Jeanne, 3 ans, jouait à mettre sa tête sous mon pull en disant : « Je suis dans ton ventre ! » ; elle sort et dit : « Ça y est ! Je suis née ! ». Ce n’est pas qu’un jeu innocent. L’enfant adopté a besoin de rendre sa filiation crédible, pour y croire lui-même. Être stérile n’est pas une condition pour adopter ; la stérilité d’un couple, qu’elle soit naturelle ou accidentelle, ne donne pas un ticket pour l’adoption. Les services sociaux chargés de délivrer l’agrément le savent bien : ils s’assurent que la stérilité est acceptée, digérée, et que l’adoption est vécue pour elle-même. Si le couple n’a pas accepté la stérilité, s’il adopte par dépit, la pression est trop forte sur l’enfant : le bonheur du couple dépend de lui ! Le risque d’échec est plus grand. L’adoption n’est pas un palliatif à la souffrance de la stérilité, qu’elle soit accidentelle ou par la nature du couple. Par ailleurs, avoir déjà des enfants n’est pas un obstacle pour en adopter un autre : cela peut être une chance de "tomber" dans une grande famille ! Avoir des frères et sœurs peut même être mieux pour certains enfants. C’était le cas de notre Louis, pour lequel la sœur cherchait une famille, avec des parents expérimentés, pour prendre en mains l’éducation d’un petit bonhomme déjà grand ! « Il a besoin d’un papa, celui-là ! » disait-elle. Louis, adopté à 4 ans, a eu le temps de nous rêver, de désirer ses parents… Il imaginait un papa et une maman, il rêvait de bricolage et de foot avec papa et de pâtisserie avec maman ; comme ses copains d’école. Quand on parle d’adoption, il y a une catégorie de personnes qu’on oublie toujours. Ce sont les mamans de ces enfants, leurs mamans de sang. Au cours de nos voyages pour adopter, nous avons vu ces femmes ; nous avons vu la misère, noire, sordide ; nous avons connu ces femmes victimes de viol, d’esclavage, de prostitution… (les mamans de mes enfants, je témoigne de ce que j’ai vu et vécu). Ces femmes font confiance aux personnes qui recueillent leur bébé dans les orphelinats, pour qu’elles trouvent des parents à leur bébé. Par « parents », elles entendent naturellement « un papa et une maman ». Nous n’avons pas le droit de trahir leur confiance. Elles n’abandonnent pas leurs enfants. Abandonner, c’est déposer un bébé et s’enfuir en courant, sans chercher à savoir ce qui se passera pour lui. C’est très rare. Par contre, ces mamans apportent leur bébé, en pleurant toutes les larmes de leur corps, elles le donnent pour lui sauver la vie. Sur leurs enfants, nous n’avons pas de droits, mais que des devoirs ! La maman de ma petite dernière, Jeanne, était une prostituée étrangère dans un pays appliquant la loi islamique. Une pauvre fille sans aucun droit, sans aucune considération. Elle était très jeune. Les sœurs qui dirigent l’orphelinat ont dû la garder deux jours, tellement elle pleurait. Elle pleurait sa misère, sa souffrance, sa honte… la seule source d’espoir, le seul réconfort pour elle, c’était la certitude de savoir que sa petite fille serait adoptée par une famille, une famille au sens où elle l’entend : un papa, une maman, des enfants. Qu’aurait-elle pensé si on lui avait dit que son bébé irait chez des homosexuels ? Qu’aurait-elle choisi, si on lui avait proposé le choix entre famille homoparentale et famille classique ? Elle aurait choisi le meilleur, et le meilleur, c’est UN PAPA, UNE MAMAN. Et ce n’est pas parce qu’il ne s’agit que du bébé d’une prostituée étrangère qu’on ne doit pas lui donner le meilleur ! Alors, on peut taxer ces femmes d’homophobie, mais notre devoir moral vis-à-vis d’elles, c’est de ne pas les trahir. Certains pays risquent de ne plus nous faire confiance et de stopper toutes les adoptions avec la France. C’est le cas d’une majorité de pays musulmans africains, parce qu’ils se sentent trahis dans la confiance qu’ils mettent en nous. Tous les efforts pour tisser des liens de confiance avec les responsables politiques de ces pays, comme le Congo, ou le Centrafrique, risquent d’être anéantis… Alors, on pourra taxer ces gens homophobie, c’est facile de juger depuis la France, c’est facile de porter un regard « supérieur ». Mais la condition OBLIGATOIRE pour adopter dans un pays étranger, c’est de le respecter, d’avoir de la considération pour son gouvernement, ses lois, ses habitants, et pas de débarquer avec nos idées coloniales ! Les traiter d’homophobes et exiger un droit sur leurs enfants, c’est du colonialisme ! On entend parfois qu’il vaut mieux pour un enfant sans famille vivre avec des parents homosexuels que de rester à l’orphelinat. Cette affirmation n’est pas fondée, parce que déconnectée de la réalité : il y a plusieurs dizaines de couples hétéros postulants par enfant adoptable (en France, il y a en permanence 25 000 couples avec agrément, pour 700 enfants adoptables chaque année). Pour les enfants en attente de parents dans les orphelinats étrangers, viennent s’ajouter tous les postulants des autres pays ! Et puis, moi, je trouve que c’est faire des couples homosexuels une sorte de « sous-catégorie de parents », dire que c’est « mieux que rien ». Dire « des homos c’est mieux que rien », ça, c’est homophobe ! C’est vrai qu’il y a des enfants qui sont plus difficilement adoptés, qui peinent à trouver des parents. Ce sont les enfants qu’on appelle « à particularité », c’est-à-dire qu’ils ont quelque chose qui rend plus difficile leur adoption : il s’agit d’enfants grands (> 6 ans), malades (sida), handicapés, ou les grandes fratries privées brutalement de leurs parents. On pourrait être tentés de penser qu’avec les homos, on aura plus de chances de leur trouver des familles. Mais, il n’y aura pas plus de postulant chez les couples de même sexe pour ces enfants ! Et quand bien même, est-il raisonnable, pour le bien de l’enfant, de rajouter à sa situation particulière d’orphelin malade, ou handicapé, ou grand, qui rend difficile son adoption, la particularité d’avoir 2 mamans mais pas de papa, ou 2 papas mais pas de maman ? Ces enfants n’ont pas besoin d’être d’avantage marginalisés, mais au contraire, ils ont besoin d’être « ordinarisés ». Le meilleur, pour un enfant, c’est d’avoir un papa et une maman. De ce point de vue, l’adoption par des célibataires n’est pas formidable, mais au moins, elle ne ferme pas la porte à la possibilité d’avoir un jour l’autre parent. Et n’oublions pas que l’adoption par des célibataires a été autorisée en France pour faire face à l’abondance d’orphelins après la guerre, et, dans le même temps, le grand nombre de femmes seules ou de jeunes veuves, car beaucoup d’hommes n’étaient pas revenus de la guerre… Il y a eu ensuite des enfants rapatriés du Viêt Nam, qui arrivaient par avions entiers, et à qui il fallait trouver très vite une maman, faute de trouver une famille. Les choses sont très différentes, aujourd’hui. Mais décider une fois pour toute qu’un petit orphelin qu’on adopte n’aura jamais de maman, c’est cruel, même si on lui donne deux papas ! Décider une fois pour toute qu’un petit orphelin qu’on adopte n’aura jamais de papa, même si on lui offre deux mamans, c’est cruel. Du point de vue de l’enfant, quel intérêt y a-t-il à avoir deux mamans mais pas de papa, ou deux papas mais pas de maman ? Absolument aucun. Cette promesse faite aux couples homosexuels de leur donner le droit d’adopter est en réalité une grosse hypocrisie. En effet, ces couples pourront demander l’agrément, et l’obtenir, mais, comme pour les personnes célibataires, ils ne pourront pas adopter en France. Chaque département français est chargé (par le biais des « conseils de famille ») de trouver une famille aux enfants pupilles de l’État dont ils ont la responsabilité. Actuellement, aucun ne confie d’enfant à des célibataires, puisqu’il y a beaucoup, beaucoup plus de couples (hommes-femmes) postulant qu’il n’y a d’enfant adoptable. Tant que les Conseils de Familles se soucieront avant tous de l’intérêt supérieur de l’enfant, ce qu’ils font très bien actuellement, ils donneront aux enfants un papa et une maman. Il restera comme solution la plainte contre les Conseils de Familles, et l’exigence de quotas d’enfants réservés aux couples homosexuels, ce que les associations militantes feront, soyons-en sûrs, mais ce sera long ; en attendant, ils se tourneront vers l’adoption internationale, et là, ça ne sera pas facile : l’immense majorité des pays où se font les adoptions refusent les candidatures des homosexuels ; beaucoup refusent même celles des célibataires car ils craignent qu’ils s’agissent en réalité d’homosexuels « déguisés ». Il s’agit généralement de pays de culture islamique. La filière restante pour que couples homosexuels adoptent sera celle des trafiquants. Beaucoup de ménages y ont hélas déjà recours, parce qu’ils ont été refusés par les OAA (organismes agréés pour l’adoption), ou parce qu’ils n’ont plus le temps d’attendre ; ils s’adressent donc à des intermédiaires, qui, selon les pays, sont des avocats ou des gynécologues-obstétriciens ; moyennant une somme assez importante (les tarifs varient selon les pays), ces personnes leur trouvent un bébé dans des délais imparables. C’est ainsi que, pendant un de mes séjours au Viêtnam, des bébés avaient été volés dans une maternité ; des jeunes filles sont violées sur ordre d’un membre de leur famille, pour avoir un bébé à vendre… Quand j’adoptais Benoît, la procédure normale me faisait rester trois mois au Viêtnam. Un jour, j’ai croisé une « adoptante » qui faisait un scandale parce qu’elle avait « demandé une fille de quatre ans, pas un garçon de six ! ». Elle hurlait dans un téléphone : « Trouvez-moi ce que je demande ou rendez-moi mon fric, je suis là depuis une semaine déjà, je n’ai pas que ça à faire ! » J’insiste sur le fait que ces gens ne se vantent pas de la manière dont ils ont eu leur adopté, et qu’une fois rentrés en France, ils redeviennent les gens charmants qu’ils étaient avant de partir… Certains d’entre eux n’ont même pas conscience d’avoir fait quelque chose de mal ! Depuis que nous témoignons en faveur de la famille PME (père, mère, enfants), mes enfants se voient expliquer par des partisans du « mariage pour tous » qu’un adopté doit être heureux d’être adopté, que ce soit par deux hommes ou par deux femmes, parce que c’est mieux que rien. Qu’est-ce que c’est que ce racisme ? « Tu as de la chance qu’on t’adopte, alors ferme la, avec tes besoins rétrogrades ! ». C’est ça la tolérance, l’ouverture aux autres ? Un petit africain doit se contenter de ce qu’on lui donne ? Est-il raisonnable pour satisfaire un désir d’adulte, de faire taire un besoin d’enfant ? Adopter un enfant, ce n’est pas un droit ; les seuls droits à défendre, ce sont ceux des enfants en attente de parents : avoir un papa, et une maman ! Enfin, nous nous faisons souvent traiter d’« homophobes » depuis que nous militons contre « le mariage pour tous ». Je voudrais rappeler que la dignité de la personne homosexuelle ne réside pas dans sa sexualité, pas plus que la mienne ! L’égalité de dignité n’implique pas l’uniformité des droits, le respect de la différence n’est pas la négation de la différence. À titre personnel, je considère comme une richesse mon amitié pour des personnes homosexuelles, je suis d’ailleurs très heureuse d’avoir fait la connaissance de Jean-Pier Delaume-Myard, ou de Philippe Arino. Grâce à eux, je sais que j’accepterais moins difficilement l'homosexualité d’un proche, parce qu’ils m’ont fait comprendre qu’homosexualité n’était pas gay, et que pas plus que moi, ils n’appréciaient la vulgarité de la gay-pride. Ces nouveaux amis m’ont fait grandir et je les en remercie ! Cyprien, 17 ans, né sous X en Inde, adopté à l’âge de 2 ans et demi. Bonjour, Je veux vous témoigner de ma vie d'enfant adopté car aujourd'hui à l'aube de la décision des parlementaires, il est important que tout le monde se recentre sur l'essentiel. C'est-à-dire l'équilibre de l'enfant dans sa famille. Je veux témoigner aujourd'hui pour tous les enfants du monde qui seront un jour adoptés. Pour qu'ils aient la même chance que moi d'être accueillis par un papa et une maman Je m'appelle Cyprien, j'ai 17 ans, je suis d'origine indienne. Il y a deux ans je suis retourné en Inde pour retrouver mes origines. La responsable de l'orphelinat dans lequel j'ai passé les premières années de ma vie en Inde, m’a transmis le vœu de ma maman biologique. Elle avait fait le vœu pour moi, que je sois heureux dans une famille avec un père et une mère. Je peux dire que dans n'importe quelle famille, les relations parents adolescents ne sont pas toujours évidentes. J'ai eu besoin à ce moment-là de repères à la fois masculins et féminins. Effectivement, par moment, je ressens plus le besoin d'aller vers mon père pour certains sujets et vers ma mère pour d'autres car leurs sensibilités sont différentes. Pour moi, mon père et ma mère sont des piliers dans ma vie. Je veux dire qu'à eux deux ils se complètent pour m'apporter l'équilibre dont j'ai besoin. Je suis persuadé et mesure l'importance de la complémentarité qu'offrent un père et une mère pour la construction d'un enfant. Dans quelques pays, des enfants vivent déjà dans des familles homoparentales. Cela n'empêche pas bien sûr de recevoir l'amour mais ils ne recevront certainement pas les repères fondamentaux d'un père et d'une mère. Ce qui me choque dans ce projet de loi, c'est qu'on donne trop d'importance au droit à l'enfant et non à l'équilibre de l'enfant. Moi-même adopté, je suis bien né d'un père et d'une mère. On ne m'enlèvera jamais cette filiation et ce n'est certainement pas une loi qui changera cela. Je critique en aucun cas l'amour que peuvent se donner deux personnes de même sexe. Mais ce que je veux dénoncer aujourd'hui c'est le fait que le mariage homosexuel à la mairie donnerait systématiquement en France du au code civil français le droit à l'adoption d'enfant. Aux parlementaires…, je veux leur dire : « Ayez du bon sens ! Pensez à l'équilibre des enfants avant l'intérêt des adultes. S'il vous plaît abandonnez ce projet. » Eddy, 30 ans, né sous X et adopté L'épanouissement d'un être paraît si naturel que l'on peut en oublier tant le chemin parcouru que le temps qu'il fallut pour y arriver... Être adopté, c'est avant tout, dans la plupart des cas, avoir été un jour abandonné. Mesdames et Messieurs les parlementaires, je vous en conjure, mesurez bien toute la portée de ce mot : "Abandon". Nous ne parlons pas (encore) ici du rejet d'un enfant par la société ni par ses pairs, mais bien par ses parents, censés alors représenter l'unique défense, l'ultime protection, de celui qui, encore naïf, aspire à une vie saine et tranquille. Mesurez bien le temps qu'il faudra à cet enfant pour comprendre la logique de ce geste, les décennies nécessaires pour pardonner ses géniteurs qui peut-être n'ont guère eu le choix mais dont le pardon est essentiel pour la suite du chemin. Imaginez-vous, un instant, le nombre de fois où cet enfant se sera posé la question sans réponse, "Pourquoi moi ?" À cela ajoutez une fréquente différence de couleur avec ses parents adoptifs, qui, bien que plein d'amour pour lui, ne peuvent ni cacher ce fait, ni protéger leur trésor des moqueries et autres méchancetés d'enfants qui n'ont pas encore conscience du mal qu'ils font. Nulle différence n'est insurmontable mais leur cumul n'en apporte que plus de confusion. Ajoutez à cela le temps qu'il faut parfois avant de connaître la chance de l'adoption, les années en orphelinat, les autres en famille d'accueil, puis même cette rencontre faite, le temps qu'il faut pour reprendre confiance en l'être humain, afin d'être enfin capable de les nommer non pas par leur prénom, mais par les mots magiques que sont "Papa-Maman". Lorsque cela arrive enfin, c'est une délivrance pour ses parents qui ont fait le choix de consacrer leur vie au bonheur d'un enfant, plus qu'au leur, mais le chemin est encore long. Car bien qu'avoir confiance en ses parents semble primordial, reprendre confiance en soi en est tout aussi difficile. Comment se sentir fort et capable lorsque le souvenir du premier rejet nous hante, comment se construire sereinement lorsque les questions ne trouvent réponses ? Ce que j'ai vécu, je ne le regrette pas, car j'ai eu une mère et un père formidables. Mais je ne souhaite à personne, oh non personne, de vivre la moindre différence supplémentaire, car je sais intérieurement que je n'y aurais moi-même pas survécu. Refus d'une autorité qui nous a trahis, sentiment perpétuel d'injustice, échec des relations sentimentales, fugues, envie de quitter ce monde, voila, Mesdames, Messieurs les parlementaires, voila ce par quoi tout comme beaucoup, je suis passé, avant de tout récemment trouver la paix intérieure que je peux, enfin, analyser comme étant la définition du bonheur. Trente ans après... Franck, père adoptif de 7 enfants nés sous X, en France et à l’étranger. Père de famille nombreuse, exclusivement adoptive pour des raisons médicales, nos six enfants sont arrivés dans notre famille à des âges différents, mais en respectant scrupuleusement l’ordre dans la fratrie. On entend peu les pères parler d’adoption. Pourtant, ils sont tout particulièrement concernés dans cet acte qui révèle fondamentalement leur rôle sociétal. Un enfant est toujours le fruit d’un homme et d’une femme. Je ne sais pas quel beau diable arrive à faire croire le contraire à certains. Je me suis lancé il y a quelques années dans la construction de mon arbre généalogique, et je peux vous l’assurer, à chaque étage, les parents de mes ancêtres étaient un homme et une femme. Je ne remonte qu’à 1580, mais il n’y a aucun doute possible : jusqu’aux premiers ancêtres je tomberai sur un homme et une femme. Ce qui me permet de remonter presque à l’ordonnance de Villers-Cotterêts (loi imposant la tenue des registres de baptême – autrement dit à cette époque, l’acte de naissance – en langue française en 1541), c’est que chacun des pères, presque tous laboureurs (comme 90 % des Français), ont assumé la paternité qui leur incombait. Peut-être l’un d’eux le fit-il, involontairement, par le principe de présomption que lui imposait le mariage, mais tous ont permis à l’enfant né de ce mariage de trouver son équilibre dans la double filiation père-mère nécessaire à son équilibre et sa reconnaissance. L’adoption est bien une affaire de père. Il y a quelque chose de cet ordre pour tout homme qui accueille un enfant comme le sien… Même lorsqu’il n’y a aucun doute sur la paternité biologique. Les raisons de l’abandon de chacun de mes six enfants sont différentes pour chacun d’eux. Nous leur avons toujours tout dit de ce que nous savions de leur vie avant de nous avoir pour père et mère, mais, en raison de leur histoire personnelle, des législations de leur pays d’origine, les informations ne sont évidemment pas égales pour chacun. Ils réagissent différemment selon leur personnalité dans l’interrogation que cela leur provoque. Ce qui est cependant commun à chacune de leurs histoires, c’est que dans tous les cas, chacune des mamans biologiques de mes enfants s’est trouvée contrainte de confier son enfant à l’adoption parce qu’elle-même avait été délaissée, abandonnée ou simplement ignorée par le père biologique. La première raison de l’adoption, à part quelques rares exceptions, c’est l’absence d’un père : c’est pourquoi le rôle du père adoptif est primordial, il se substitue dans la très grande majorité des cas au père biologique qui n’a pas assumé. Loin de moi de minimiser le rôle de la mère qui est d’égale nécessité et d’égale dignité dans une complémentarité inaliénable pour l’enfant, et qui dans l’adoption se substitue à la maman biologique, mais notre société est en tel manque de repère paternel, qu’il est nécessaire de rappeler cette réalité. Je suis d’ailleurs convaincu que c’est cette déliquescence du repère paternel, dans sa symbolique et sa réalité, qui trouble notre société au point d’en arriver à cette demande, presque pathétique, d’un doit au mariage pour des personnes de même sexe. Avec mon épouse, nous avons toujours voulu être ouverts à une famille nombreuse. Être ouvert, sans obsession, accueillant chacun des enfants nouveaux comme un don, ne voulant faire de notre couple que l’écrin naturel et culturel du développement naturel et culturel de ces Hommes en devenir. L’altérité homme-femme est le socle fondamental de cet écrin naturel et culturel. Je pourrai multiplier les exemples perçus dans nos relations familiales de la nécessaire altérité père-mère pour chacun des enfants qui nous ont été confiés. Je pourrai y ajouter autant d’autres exemples sur l’obligation de prendre d’abord et principalement en compte le besoin et le plus haut intérêt de l’enfant, et si besoin j’écrirai à nouveau sur le sujet, mais je n’en retiendrai pour ce témoignage que deux : Nous sommes allés chercher Louis, notre cinquième enfant, dans un orphelinat de Djibouti, alors qu’il avait quatre ans. C’est lui qui est arrivé le plus âgé dans notre foyer. Élevé dans un univers exclusivement féminin, sa revendication première était d’avoir un papa ! Trois de nos autres enfants ont été adoptés bébés, eux aussi dans un univers très féminin : ils se sont révélés braillards les premiers jours dans mes bras dès que ma voix (de basse) se faisait entendre, reconnaissant par contre dès les premières heures la voix de leur maman adoptive et réclamant aussi vite ses bras. Louis, petit gars déjà bien tonique qui ne nous connaissait qu’en photo, dès qu’il nous a vus, s’est précipité vers nous en criant, dans un ordre qui n’était probablement pas pour lui anodin : « Papa ! Maman ! Mais c’est bien dans mes bras qu’il s’est précipité. Nous voyons de jour en jour combien il s’épanouit depuis deux ans dans cette altérité retrouvée. Tout enfant à besoin de deux éducateurs pour grandir : un qui trouve son étymologie dans « educare », c'est-àdire accompagner, pousser, comme la maman qui porte l’enfant, et un autre qui trouve son sens dans « exducere », c'est-à-dire faire sortir de, comme le père aide à l’accouchement en tirant l’enfant « dehors » : il n’y a que cette réalité qui peut réconcilier les étymologistes en désaccord depuis très longtemps sur l’origine du mot éduquer. Naturellement, ce sont mes gestes et mes postures que Louis cherche à imiter, comme ses deux autres frères d’ailleurs, sans pour autant renier ce qu’ils reçoivent de leur maman. La balade en forêt avec son papa pour Augustin n’a jamais pu être échangée contre une balade avec maman, et je sais qu’une grande fierté de notre aîné est le jour où il a battu son père en ski, fierté beaucoup plus grande que lorsqu’il dépasse sa maman dans d’autres domaines. Je conserve encore le « leadership » en natation malgré ses 16 ans et je m’entraîne pour la conserver, car je sais que c’est bon pour lui de se confronter à quelqu’un qui a les mêmes hormones que lui… mais de manière réaliste je sais que je n’ai plus que quelques mois de sursis… Augustin, notre numéro 4, est arrivé lui dans notre foyer à 21 mois. Pupille de l’État, handicapé et ayant nécessité de lourdes opérations après sa naissance, l’œuvre française qui était chargée de son accueil n’a pu le confier à l’adoption qu’après sa dernière sortie d’hôpital. Nous avions l’agrément certes, mais Augustin arrivait bien vite après celui-ci. L’œuvre nous l’a proposé dès réception de la copie de notre agrément, et mon épouse, à son habitude, car elle est beaucoup plus réactive et prête à s’emballer que moi, avait déjà dit oui. Moi j’avais besoin de temps encore, je ne sais pas pourquoi. Nous avions longuement réfléchi pour un autre enfant handicapé (deux de nos enfants sont handicapés, Augustin étant le second), mais ces opérations post-natales m’inquiétaient. Après une longue conversation au téléphone sur la situation de la santé de l’enfant avec la présidente de l’œuvre, je n’ai été rassuré que par la réponse à cette dernière question : « Cet enfant, il a besoin de parents ? » « Cela fait 21 mois que cet enfant est seul dans les hôpitaux. Oui, il a besoin d’un papa et d’une maman. » À la réflexion, cette réponse de la présidente de l’œuvre ne m’a pas arraché un oui difficile à venir, il m’a rappelé cette évidence que tout homme sait au fond de lui : nous ne sommes père que parce que nous acceptons de reconnaître ceux qui ont besoin de nous. Je n’ai pas eu à répondre oui, j’étais devenu père à l’instant où ce besoin m’était exprimé. Augustin est le seul de mes enfants pour lequel j’ai ferraillé avec mon épouse pour imposer son prénom. L’enfant ne sera jamais un objet de désir ou de « commande ». L’enfant est un être libre qui ne peut être objet de désir. Les situations que les députés favorables à cette loi veulent régler sont bien souvent le fait de personnes qui ont fait passer leurs désirs ou leurs aspirations avant de considérer le bien de l’enfant. Cette loi n’est que la conséquence du fléau individualiste qui caractérise notre société que tout le monde dénonce mais que dont personne ne veut y voir engager sa responsabilité personnelle. On a trop peu entendu les pères dans ce débat sur le mariage pour tous. Devant cette société adolescente et capricieuse, la fonction du père est plus que jamais d’une urgente nécessité : Il est temps que les pères de famille se lèvent pour défendre le mariage tel que la république le définit depuis deux siècles. Ce sont nos pères à nous qui l’ont bâti, nous leur devons bien de nous lever pour défendre ce merveilleux héritage. Patricia, 60 ans, née sous X et adoptée à quelques semaines. Juillet 1953 : une petite fille voit le jour à Paris 16e par une mère qui ne la gardera pas (père inconnu). Adoptée peu de temps après par un homme et une femme, mariés sans enfants, elle peut témoigner que ce foyer, caractérisé par sa bonté, son abnégation et ses efforts pédagogiques, a fait le possible et l'impossible pour le bonheur et la réussite de cette enfant. Près de 60 ans plus tard, elle aime à souligner : Heureusement que j'ai été élevée par ce couple "super-top", car déjà j'ai laissé des plumes dans cette aventure. Mais si j'avais été élevée par deux mecs... alors j'aurais "pété toutes les durites" !!! Il me fallait bien une maman "femme" et un papa "homme", CAR : 1) l'adoption signifie qu'il y a d’abord eu un abandon ; or un enfant abandonné a un risque élevé d'avoir eu une vie intra-utérine perturbée. Je vous dirai "tout de go" que celle qui m'a attendue a tenté – sachez que je ne porte aucun jugement ! – de me faire sauter lorsque j'avais moins de 3 mois... D'où la nécessité de se retrouver ensuite sur les genoux d'une Maman pour se remettre... 2) l'abandon implique le phénomène de "la chute", période assez obscure allant du moment où le bébé quitte celle qui lui a donné le jour, jusqu’au moment où, enfin, l'adoption a lieu. Or, les cicatrices de cette période peuvent mettre un très long temps avant de se refermer, enfin guéries... et cette guérison est parfois aléatoire. 3) PLUS TARD, au moment de l'adolescence, l'ex-adopté risque de se retrouver un peu perdu : c’est là qu'il est très appréciable de pouvoir dialoguer avec un Papa-homme et une Mamanfemme, afin de bien pouvoir assumer ce qui arrive en nous-mêmes. 4) ET APRÈS, lorsque l'âge de fonder un foyer arrive, quel besoin profond de critères solides a-t-il afin que tout se passe du mieux possible, et le rôle complémentaire des parents hétérosexuels est indispensable pour que l'enfant ex-adopté blessé puisse dépasser, avec leur aide, les éventuels BLOCAGES affectifs dont les enfants abandonnés sont parfois la proie. Ce n'est pas la question la plus évidente, il sera nécessaire d'y revenir, car c'est un aspect capital à prendre en compte pour ne pas passer à côté du bonheur ET de la découverte, du choix du futur conjoint. Mes amis, "À VAILLANT CŒUR, RIEN D'IMPOSSIBLE" – transcription moderne – comme disait Jacques Cœur autrefois. Et "Qui veut la FIN prend les MOYENS" ! Nous garderons courage ! Avec une pensée très fraternelle à tous les adoptés, mes amis, dans la reconnaissance à ceux qui nous ont adoptés. Elisabeth, mère biologique de 2 enfants, et mère adoptive de 2 enfants nés sous X à l’international. 1. Notre parcours Dès que nous avons commencé à parler de notre mariage et de la famille que nous voulions fonder, nous avons pressenti que notre amour mutuel nous appelait à le partager avec nos enfants. Nous espérions en avoir beaucoup, notre amour serait l’appui nécessaire pour les élever. En fait nous pensions que nous aurions tous les enfants que nous désirerions. Nous avons conçu et mis au monde deux enfants longuement et ardemment désirés. Ensuite, malheureusement, nous sommes devenus infertiles. La vie de nos deux aînés nous a toujours remplis de joie et de fierté. Ce n’est pas parce qu’ils ne suffisaient pas à notre bonheur, ou que nous étions insatisfaits, que nous voulions d’autres enfants. Notre amour conjugal nous appelait simplement à donner encore la vie, l’amour est source de vie et nous ne comprenions pas pourquoi la source était bouchée ! Dans toute épreuve prolongée, comme pour tout traitement, il y a des effets secondaires, et notre couple en a pâti. Puis nous avons de nouveau cru en nous et avons désiré encore plus donner la vie. Cela nous a permis en 2003 de faire un choix décisif : refuser la Fécondation In Vitro Et Transplantation Embryonnaire et quitter le programme de PMA et de réfléchir sérieusement à cette idée de l’adoption. Nous avions déjà, à plusieurs reprises, au cours des années précédentes, envisagé puis écarté cette éventualité, nous pensions que « ce n’était pas pour nous » puisque nous n’avions pas eu un diagnostic définitif de stérilité. En quelques mois, du printemps à l’automne 2003, c’est devenu une évidence : ce serait de cette façon que nous pourrions à nouveau donner la vie. Nous avons franchi toutes les étapes entre février 2004 et juin 2005, sans difficultés. Nous n’avons jamais été mal à l’aise durant tout ce parcours, alors que la PMA nous avait laminés et humiliés. Cela n’a pas été un chemin semé de pétales de roses, mais pas non plus le parcours du combattant que d’aucuns se plaisent à décrire… N’exagérons rien… Pour l'enquête, par exemple, on s'attendait à pire. Après des années d'infertilité, d'examens +/_ humiliants, d'interrogatoires vexants, de pressions familiales ... - les entretiens avec l'éducatrice de l'ASE (elle devait aussi évaluer nos aînés) nous ont paru un rêve de délicatesse et de compréhension humaine. - la Psychiatre ; un peu froide, paraissait vouloir nous décourager, mais notre motivation était inoxydable ! Quand nous avons lu son rapport j'en suis restée baba tant il était positif ! l'agrément est arrivé dans les 9 mois après le début de la procédure (délais normaux dans notre département), il mentionnait "1 ou 2 enfants si fratrie", sans mention d'âge. (Nous demandions 3 enfants de 2 à 7 ans) Le 29 mars 2005, 2 petits garçons nous ont été attribués par l’Œuvre Agréée pour l’Adoption ERM. Le 2 juin, nous nous sommes envolés. Le 9 juin, nous sommes rentrés en France, avec nos deux benjamins. Le TGI a prononcé en janvier 2006 l'adoption plénière, le livret de famille est revenu de Nantes en avril 2. L’adaptation en famille Un homme et une femme qui choisissent d'accueillir un enfant peuvent et veulent véritablement devenir son papa et sa maman Nous ne sommes pas des éducateurs ni des sauveteurs : je me suis sentie mère dès l'attribution. Ils me considèrent tellement comme leur maman que le plus jeune (après avoir vu Kirikou la veille), est venu se coller sous mon pull, contre ma peau, et m'a dit "Maman, je veux venir dans ton ventre, tu vas m'enfanter". Nous avons "joué" sa naissance, cela m'a fait pleurer comme mes deux premiers accouchements, j'ai, à leur demande, donné la tétée à tous les deux pendant quelques semaines. Je suis totalement, de toutes mes fibres, leur mère, j'ai pour eux (que j'ai accueillis 60 et 78 mois après leur naissance) exactement les mêmes sentiments que pour leurs deux aînés (que j'ai accueillis depuis la conception). Nous sommes des parents à part entière, conscients de la chance que la vie nous a donnée en nous confiant ces deux merveilles de plus à aimer. Quant à mon époux, il a découvert véritablement la paternité. Quand les aînés sont nés il s'était peu investi, il était à fond dans le boulot. Et plus ou moins persuadé que les petits, c'était l'affaire de la maman. Avec nos cadets, c'est tout autre. Ils l'idolâtrent, l'applaudissent à la fin d'un long trajet en voiture, lui sautent dessus quand il rentre du travail et le couvrent de bisous. Il leur apporte la sécurité et la stabilité, la fermeté d’un papa qui donne des règles de vie. Nos aînés attendaient depuis longtemps des petits frères et sœurs, lorsque nous leur avons parlé de ce projet en janvier 2004, ils ont été enthousiastes, ils ont dit : « Vous ne pouviez pas y penser plus tôt ? » ! ! ! ! ! ! ! Beaucoup d'adolescents "biologiques" élevés dans leur famille de naissance connaissent aussi des crises graves... Aucun enfant n'est confié à ses parents (biologiques ou adoptifs) avec une garantie, une assurance de réussite infaillible, et nos "pauvres" enfants (biologiques ou adoptifs) ne reçoivent pas non plus des parents avec un certificat de parentalité parfaite ! Nous sommes des parents parce que, homme et femme, nous pouvons assumer le remplacement des parents biologiques et relier nos enfants à une filiation « pensable », « logique ». 3. Considérations sur l’acte d’adoption Certains, évoquent parfois la nécessité d’ajuster « l’offre d’adoption » (en clair le nombre d’enfants disponibles sur le « marché » de l’adoption) à la demande (la quantité croissante de candidats à l’adoption, taux de stérilité et âge élevé des futurs parents obligent…) S'agit-il de "répondre à une demande" dans un esprit marketing, ajuster l'offre à la demande ? Ce genre de formulation contribue gravement à entretenir dans l'esprit du public l'idée que l'adoption est un "service" auquel des parents pourraient avoir "droit". À aucun moment l'intérêt de l'enfant n'est évoqué. Je trouve ce point de vue consumériste sur l'adoption absolument détestable. Il n'est pas étonnant, si l'on considère que les parents adoptifs sont des "consommateurs" dans l'acte d'adoption, de voir ensuite des émissions, livres et articles divers sur les échecs et les difficultés rencontrées traitant ce sujet douloureux en osant parler "d'adoption ratée". Comment peut-on juger et quantifier les maladresses, les erreurs plus ou moins graves des parents adoptifs, sans essayer de mesurer les efforts, l'amour qu'ils ont consacré à leurs enfants ? (pourquoi ne pas demander des comptes aussi aux parents "de ventre" ?). Il paraît extrêmement difficile de faire valoir l'idée que l'adoption passe avant tout par un apparentement. Une mission délicate pour "accorder" tous les intérêts d'un enfant sans parents aux capacités de candidatsparents à remplir tous les besoins de cet enfant. On ne peut pas à la fois reprocher aux pays qui nous confient leurs enfants, aux OAA et aux agences qui réalisent ces apparentements leur très grande prudence et leurs critères qui nous défavorisent souvent (âge, mode de vie, revenus...), et en même temps critiquer les errements de familles qui ont adopté avec moins de critères, de préparation… que ce qu'on nous impose heureusement aujourd'hui. 4. Pourquoi donner un papa et une maman à tous les enfants ? Ce que veulent les enfants Un de mes neveux (environ 8 ans) me parlait de l'adoption. Selon lui, il valait mieux laisser les orphelins dans des orphelinats, dans leur pays, et donner des sous pour qu'ils aient nourriture, vêtements et enseignement... Je lui demandai alors à quoi servaient les papas et les mamans, si les enfants n'avaient besoin que de manger, se vêtir et apprendre. Il ajouta à sa liste des besoins des enfants une maison et la sécurité. C'est vrai que pour ça non plus, pas besoin de papa et maman, un bon orphelinat, bien tenu, bien géré, y pourvoit. Il me semblait très perplexe : "Ben oui, un orphelinat peut donner aux enfants tout ce qu'il faut..." Perplexe, moi aussi, je me demandais si un enfant pouvait réellement être aussi matérialiste. - "Oui, mais si toi, par malheur, tu venais un jour à perdre ton papa et ta maman, tu aimerais mieux vivre dans un orphelinat avec 50 autres enfants ? Imagines-tu ne rien avoir à toi tout seul, pas même les bras d'une maman pour un câlin le soir toute à toi ou les épaules d'un papa quand tu es fatigué à la fin d'une grande balade ? Tu ne crois pas que ce serait mieux d'avoir un nouveau papa et une nouvelle maman, qui prendrait du temps rien que pour toi, t'apprendre le nom des étoiles en été, te raconter TON histoire préférée, te chercher à l'école au lieu de rentrer en car ou seul à pieds, te faire TON dessert préféré rien que pour te faire plaisir à toi... " - "Mais je vous ai vous, ma tante, vous serez ma nouvelle maman" - "Je ne suis pas ta maman maintenant, alors, il faudrait une enquête, pour savoir si ton oncle et moi pourrions vous accueillir toi et tes frères et sœurs, car on ne doit pas séparer les fratries. Les services sociaux, après l'enquête, ne sont pas obligés d'être d'accord parce que nous avons déjà 4 enfants. Et de toute façon, en attendant tu irais dans un orphelinat." - "Ce n’est pas possible !" - "Pourtant c'est comme cela que ça se passe..." - "Mais ce n’est pas juste, puisque vous êtes là" - "Ce n'est juste non plus pour les autres enfants, mon chéri ; c'est même encore plus injuste pour les enfants qui n'ont plus personne pour veiller sur eux, pour ceux qui sont battus, maltraités et affamés, malades et effrayés... Ils ont encore plus besoin de l'amour d'un papa et d'une maman." - "Ah, oui, c'est comme à l'école, c'est les plus faibles qui ont besoin de plus d'aide" - " (vive la république !) C'est exactement ça ! Tu vois, tes cousins sont très heureux aujourd'hui, parce qu'ils ont une famille qui les aidera à grandir comme toi tu grandis, avec joie et insouciance, parce que tes parents t'aiment et te soutiennent. - Et puis s’ils n’étaient pas là, je n’aurais pas assez de cousins pour jouer, avant j'avais trop de cousines ! ! !