La gouvernance de l`internet en Afrique

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La gouvernance de l`internet en Afrique
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LA GOUVERNANCE DE
L'INTERNET EN AFRIQUE
Principes, état des lieux, diagnostic et idées d'amélioration
Dr Ahmedou OULD HAOUBA
M. Mohamed Vall OULD MOHAMED
Organisation islamique pour l’Education, les Sciences et la Culture -ISESCO1432H - 2011
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Dépôt légal : 2011MO 2248
ISBN : 978-9981-26-532-5
Photocomposition,
montage
et impression : ISESCO
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Sommaire
Préface
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Liste des Abréviations
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1. Introduction
11
2. La Gouvernance de l’internet
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2.1. Noms de domaine et nommage
15
2.2. Adressage IP
16
2.3. IDN et contenus
18
3. Etat et Diagnostic des TIC en Afrique
20
3.1. Connectivité
23
3.2. Cadre réglementaire
27
3.3. Education et recherche
28
3.4. Ressources humaines
30
3.5. Cyberculture, contenus et IDN
31
3.6. Ethique, sécurité et protection
33
3.7. Etude de cas de quatre pays
3.7.1. Cas de la Tunisie
3.7.2. Cas de la Mauritanie
3.7.3. Cas du Sénégal
3.7.4. Cas du Niger
37
4. Conclusion et Recommandations
45
37
38
40
44
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Préface
Partout dans le monde, l'internet se propage de manière croissante et son
influence ne cesse de grandir. En effet, cette nouvelle technologie suscite l'intérêt
de la grande majorité de la population, notamment les jeunes qui passent de plus
en plus de temps devant l'ordinateur.
Grâce au progrès technologique, les applications de l'internet se sont
diversifiées et se sont étendues à des domaines aussi divers que le commerce
électronique, les relations publiques, la presse et l'édition, l'enseignement et
l'éducation, la correspondance électronique et autres domaines en rapport avec la
vie quotidienne des individus et des groupes. Par ailleurs, la baisse des prix des
communications a permis à tout un chacun, quel que soit son niveau social,
intellectuel et culturel, non seulement d'accéder aisément à l'information, mais
aussi d'avoir la liberté, voire l'embarras du choix, grâce à la disponibilité d'une
multitude de sources d'information exposant différents point de vue et
perspectives.
L'Agenda de Tunis pour la société de l'information, issu du Sommet Mondial
sur la Société de l'Information (SMSI-2005), a souligné que l'Internet est devenu
une ressource publique mondiale et que sa gouvernance devrait constituer l'une
des priorités essentielles de la société de l'information. De même, la gestion
internationale de l'Internet devrait s'opérer de façon multilatérale, transparente et
démocratique, avec la pleine participation des Etats, du secteur privé, de la
société civile et des organisations internationales. Elle devrait assurer une
répartition équitable des ressources, faciliter l'accès de tous et garantir le
fonctionnement stable et sécurisé de l'Internet, dans le respect du multilinguisme.
Soucieuse de contribuer à l'activation des orientations de l'Agenda onusien, et
dans le cadre de la mise en œuvre de la Stratégie de Développement des
Technologies de l'Information et de la Communication dans le Monde islamique,
élaborée par l'ISESCO et adoptée par la 5ème Conférence islamique des ministres de
la culture, laquelle recommande l'encouragement des initiatives visant à développer
la bonne gouvernance de l'internet dans les Etats membres, notamment dans la
région africaine où les indicateurs de développement des TIC sont encore en deçà
du niveau requis, le taux de pénétration de l'internet ne dépassant pas en effet 8,7
%, l'ISESCO a décidé de mener une étude scientifique sur les exigences et les
mécanismes de développement de la bonne gouvernance de internet en Afrique.
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Cette étude se propose de faire l'état des lieux de la gouvernance de l'internet
en Afrique dans ses aspects technique, législatif, pédagogique, culturel et
éthique. Elle formule, en outre, une série de recommandations pour réduire le
fossé numérique entre les Etats africains et le reste du monde, d'une part, et
stimuler l'économie du savoir et le développement social et culturel en Afrique,
d'autre part.
L'étude est ventilée en deux chapitres. Le premier passe en revue les
principaux défis au développement de la gouvernance de l'internet dans le
continent noir. Quant au second, il expose les principaux problèmes techniques
en rapport avec l'infrastructure de connexion électronique avec le réseau mondial
de l'information, les législations sur la gestion de l'internet et le contenu du web
dans ses dimensions culturelle et éthique.
En publiant cette étude, l'Organisation islamique pour l'Education, les
Sciences et la Culture tient à saluer l'effort scientifique distingué, consenti par
l'expert Dr Ahmedou Ould Haouba en collaboration avec l’expert Dr Mohamed
Vall OuldMohamed dans son élaboration, en espérant qu'elle sera bénéfique et
utile aux chercheurs, enseignants, étudiants et professionnels des TIC dans les
Etats membres de la région africaine et autres.
Puisse Dieu nous inspirer succès et guider nos pas sur le droit chemin.
Dr Abdulaziz Othman Altwaijri
Directeur général
Organisation islamique
pour l’Education, les Sciences et la Culture
-ISESCO-
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Liste des Abréviations
ACALAN
Académie Africaine des Langues
ACBF
Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique
ADNPP
Arabic Domain Name Pilot Project
ADSL
Asymmetric Digital Subscriber Line
AfriNIC
Regional Registry for Internet Number Resources for Africa
AMCOST
African Ministerial Conference on Science and Technology
ASIWG
The Arabic Script Internationalized Domain Names Working Group
AUF
Agence Universitaire pour la Francophonie
BID
Banque Islamique de Développement
ccTLD
country code Top Level Domains
CEDEAO
Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest
CERT
Computer Emergency Response Team
DNS
Domain Name System
FAI
Fournisseurs d'Accès Internet
FMI
Fonds Monétaire International
GAC
Governmental Advisory Committee
gTLD
generic Top Level Domains
IANA
Internet Assigned Numbers Authority
ICANN
Internet Corporation for Assigned Names and Numbers
IDN
Internationalized Domain Name
FGI/IGF
Forum sur la Gouvernance de l'Internet/Internet Gouvernance Forum
INTERPOL International Criminal Police Organization
IP
Internet Protocol
ISESCO
Islamic Educational, Scientific and Cultural Organization
ISOC
Internet Society
LACNIC
Latin American and Caribbean Internet Addresses Registry
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NAT
Network Address Translation
NEPAD
Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique
OCCAID
Open Contributors Corporation for Advanced Internet Development
OCI
Organisation de la Conférence Islamique
OIT
Organisation Internationale du Travail
OMC
Organisation Mondiale du Commerce
REL
Ressources Educatives Libres
RIPE
Réseaux IP Européens
SMSI
Sommet Mondiale sur la Société de l'Information
STI
Sciences, Technologies et Innovations
sTLD
sponsorised Top Level Domain
TICE
Technologie d'Information et de Communication pour l'Education
TLD
Top Level Domain
UEMOA
Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
UIT
Union Internationale du Travail
UNESCO
United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization
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1. Introduction
Durant ces deux dernières décennies, Internet n'a cessé d'occuper une place
primordiale dans le développement économique et social de tous les pays ; il a
réellement participé à la dynamisation de l'innovation et de la croissance. Sa
gouvernance est devenue un enjeu majeur. Cette période a été marquée par :
- une forte augmentation du nombre d'internautes, de l'accès haut débit et du
nombre de terminaux mobiles avec accès Internet,
- l'élaboration de plusieurs stratégies et de cadres réglementaires, pour les
TIC, qui ont eu des impacts significatifs mais reste contrastée,
- l'organisation de plusieurs forums et conférences, sur la gouvernance de
l'Internet, avec la participation des organisations non gouvernementales de
gestion de l'Internet, des Nations Unies, des gouvernements, de la société
civile et du secteur privé,
- une plus grande participation des pays du sud aux instances de gouvernance
de l'Internet,
- une plus grande connectivité au niveau international,
- la diversification des internautes, des contenus et la création de quelques
IDN (Noms de Domaines Internationalisés, à caractères non latins).
Malgré ces importants résultats des inquiétudes persistent quant aux fractures
numériques à l'intérieur des pays africains, entre pays africains et entre l'Afrique
et le reste du monde.
En effet, l'Afrique reste le continent où les indicateurs de développement de
l'Internet sont les moins performants. Elle affiche le plus faible taux de
pénétration d'Internet dans le monde, avec une population d'un milliard,
représentant 15% de la population mondiale. Elle ne compte aujourd'hui qu'un
peu plus de 86 millions d'utilisateurs Internet, soit le taux de pénétration le plus
faible au monde, 8,7% et moins de 1% des abonnés à la connectivité large bande
de la planète.
Ce document présente la situation technique, économique, réglementaire,
éducative, culturelle et éthique de la gouvernance de l'Internet en Afrique. Il
donne, aussi, quelques recommandations qui pourraient permettre de réduire la
fracture numérique entre l'Afrique et le reste du monde et stimuler l'économie du
savoir et le développement socioculturel en Afrique.
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Dans la première partie, les enjeux de la gouvernance de l'Internet, les
instances de cette gouvernance et les grands sujets et débats d'actualité sur la
gestion de l'Internet sont abordés.
La seconde partie décrit la situation en Afrique, avec les problèmes de
connectivité, de politiques et cadres réglementaires relatifs au développement de
l'Internet, et de Technologie d'Information et de Communication pour
l'Education (TICE). Des questions culturelles et de société sont aussi abordées.
Le cas de quatre pays (Tunisie, Mauritanie, Sénégal et Niger) est exposé.
Pour réduire la fracture numérique et stimuler le développement de
l'économie de l'Internet, des recommandations sont proposées dans la dernière
partie. Elles concernent principalement : une réactualisation des politiques et
cadres réglementaires devenus inadéquats à cause du développement rapide des
TIC, l'amélioration des infrastructures dont dépend ce développement et la
nécessité de renforcer et d'étendre les réseaux haut débit, ainsi que des mesures
concernant les aspects techniques, éducatifs, d'éthique, de recherche et
d'innovation.
2. La Gouvernance de l’Internet
L'Internet est une importante ressource mondiale, sa gouvernance est devenue
un enjeu majeur. Cette gouvernance comporte des aspects techniques,
organisationnels, économiques, juridiques, éthiques, sociaux et culturels. Elle
devrait être accompagnée d'une conscience culturelle, morale et politique à la
hauteur des enjeux. Le monde en a besoin pour absorber cette question majeure
de gouvernance de l'Internet à laquelle tous les pays de la planète sont
maintenant confrontés, directement ou indirectement.
Elle nécessite de larges concertations entre les états, les secteurs privés et la
société civile, et la mise en place des règles, des normes et des procédures
juridiques et techniques pour la gestion de l'Internet.
Cette question de gouvernance a fait l'objet de plusieurs débats et
concertations entre les organisations gouvernementales, les états, les instances
non gouvernementales de gestion de l'Internet, la société civile et le secteur privé.
Depuis le dernier sommet mondial sur la société de l'information, les
différents acteurs de l'Internet ont préconisé que sa gestion soit «multilatérale,
transparente et démocratique, avec la pleine participation des états, du secteur
privé, de la société civile et des organisations internationales. Elle devrait assurer
une répartition équitable des ressources, faciliter l'accès de tous, protéger les
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utilisateurs et garantir le fonctionnement stable et sécurisé de l'Internet, dans le
respect du multilinguisme».
L'ICANN (The Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) a
joué et continue de jouer un rôle majeur dans la gouvernance de l'Internet. Elle
assure :
1. la régulation et la coordination générale;
2. la régulation de la fonction IANA (TLD et blocs IP) ;
3. l'encadrement de la publication de la racine des noms de domaine;
4. l'introduction de nouveaux gTLD ;
5. l'internationalisation et la promotion du multilinguisme;
6. l'implication des ccTLD dans le processus d'internationalisation, avec le
souci de parvenir à une stabilisation de l'Internet ;
7. L'évolution du nommage et des services qui lui sont associés (IDN Internationalised Domain Name-, etc.) ;
8. Les relations intergouvernementales (Governmental Advisory CommitteeGAC-).
L'ICANN est une organisation non gouvernementale de droit californien,
créée en novembre 1998 à l'initiative du gouvernement américain, pour répondre
aux nombreuses demandes de plus grande internationalisation dans la gestion de
l'Internet. Une délégation de compétences a été formalisée dans un accord publié
par le Département du Commerce américain.
A partir de 2001, différents acteurs de l'Internet ont critiqué la gestion
unilatérale de la toile par l'ICANN. A cet effet, plusieurs groupes et sommets ont
été organisés sous l'égide des Nations Unies : Groupe de Travail sur la
Gouvernance de l'Internet, Sommet Mondial sur la Société de l'Information de
Genève 2003, Sommet Mondial sur la Société de l'Information de Tunis 2005 et
Forums sur la Gouvernance de l'Internet organisés une fois l'an depuis 2006.
Le Sommet Mondial sur la Société de l'Information, SMSI, de Tunis, en
2005, a préconisé une gouvernance de l'Internet coordonnée. Le Groupe de
travail sur la gouvernance de l'Internet a conseillé une gestion «dans le cadre d'un
processus ouvert et inclusif prévoyant un mécanisme qui garantira la
participation pleine et active des représentants des états, du secteur privé et de la
société civile tant des pays développés que des pays en développement et qui
fera intervenir les organisations intergouvernementales et internationales et
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forums intéressés pour étudier la gouvernance de l'Internet et éventuellement
proposer des mesures à prendre».
Suite au SMSI de Tunis, le Forum sur la Gouvernance de l'Internet, IGF, a été
mis en place, avec pour but d'engager les multiples parties prenantes dans un
dialogue sur la gouvernance de l'Internet. La première réunion du Forum a été
organisée à Athènes du 30 octobre au 2 novembre 2006. La quatrième réunion
annuelle s'est tenue à Sharm-el-Sheikh, en Egypte, du 15 au 18 Novembre 2009,
autour du thème «Gouvernance de l'Internet - Créer des opportunités pour tous».
Durant ce forum d'importantes questions liées à la gouvernance de l'Internet ont
été discutées par les représentants des différentes parties prenantes :
1. les droits de l'homme et le respect de la vie privée dans le contexte de
l'Internet,
2. les problèmes d'accès dans les pays en développement,
3. l'internationalisation des noms de domaine, IDN,
4. la neutralité du Net,
5. l'Internet du futur et IPv6,
6. les réseaux sociaux et le droit.
Les trois principales réflexions du Forum sur la Gouvernance de l'Internet,
FGI ou IGF ont tourné autour de :
a) La politique publique globale au niveau local et intergouvernemental en
relation avec la gouvernance de l'Internet et la neutralité des réseaux,
b) L'utilisation des compétences des parties universitaires, scientifiques et
techniques,
c) La réduction de la fracture numérique et l'élargissement des possibilités
d'accès à l'Internet dans les pays en développement.
Une importante question a été abordée à Sharm-el-Sheikh, à savoir l'avenir du
Forum : son mandat fixé à Tunis était de 5 ans et la question de son
renouvellement après FGI ou IGF 2010 qui s'est tenu à Vilnius, en Lituanie fut
posée.
Si l'on doit tenir compte des conclusions du FGI 2009, le Forum sur la
Gouvernance de l'Internet devrait obtenir en 2010 un renouvellement de son
mandat pour cinq années supplémentaires.
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Nous présentons, dans cette première partie, des questions essentielles dans
la gestion de l'Internet : les noms de domaines, le nommage, l'adressage IP, les
noms de domaines internationalisés (IDN) et les contenus.
2.1. Noms de domaine et nommage
Le système qui crée le lien entre les noms et les adresses numériques porte le
nom de DNS (Domain Name System). Celui-ci s'appuie sur un ensemble de
serveurs, organisé selon une arborescence hiérarchique à partir d'un groupe de
serveurs de référence répartis en plusieurs points du réseau mondial mais dont
les données sont gérées en un point central.
Le système de noms de domaines possède un système hiérarchique allant de
la racine aux branches de l'arborescence. L'ICANN gère la racine à travers 13
serveurs root : 10 aux USA, 2 en Europe et 1 au Japon.
Les TLD (Top Level Domain) ou domaines de premier niveau sont répartis en
trois grandes catégories : les ccTLD (country code Top Level Domain), les gTLD
(generic Top Level Domain) et les sTLD (sponsorised Top Level Domain).
Les ccTLD sont des extensions géographiques représentant un pays ou une
zone géographique. Ils sont environ 260 et comptent prés de 79 millions de
domaines déposés, soit 41% des 192 millions existants. Les plus importants sont :
(1)
http://www.orange.com/fr_FR/innovation/actus/thematique/tous_les_dossiers/att00006850/dd
m_200611fr.pdf
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.de (Allemagne, 13 millions), .cn (Chine, 12.5 millions) et pour le reste de
(l'Europe, 3 millions).
Les gTLD ouverts à l'enregistrement pour tous les internautes du monde sont
environ 20 et comptent plus de la moitié des domaines enregistrés. Les plus
importants sont : .com (82 millions), .net (12 millions), .org (8 millions) et .info
(5 millions).
Les sTLD sont une variante particulière des gTLD, créés à la demande
d'entités publiques ou privées pour des intérêts économiques ou culturels, après
avoir rempli des conditions drastiques suivant une charte de l'ICANN. Ils
constituent le plus petit nombre de domaines enregistrés.
2.2. Adressage IP
Le cœur de l'Internet repose sur le protocole IP (Internet Protocol) qui est
conçu pour rendre indépendantes la conception des applications et l'infrastructure
qui supporte la communication.
De grands progrès technologiques ont été accomplis, durant ces trois dernières
décennies, dans les domaines des télécommunications et de l'informatique ainsi
que dans le développement et le déploiement accélérés des standards qui
définissent l'Internet et ses applications.
«Chaque développeur d'applications n'a pas à connaître les éléments de
l'infrastructure qui permettront d'acheminer les informations. Les développeurs
de l'infrastructure n'ont pas à connaître les applications qui seront mises en
œuvre. Ce choix d'architecture explique le nombre et la richesse des applications
et usages de l'Internet. Il explique également la grande variété des supports sur
lesquels l'Internet se déploie2.»
Deux types d'adresse IP sont actuellement en usage : IP version 4 (IPv4) et IP
version 6 (IPv6). IPv4, conçu dans
les années 70 et mis en service
depuis 1983, c'est la version la plus
largement utilisée. Il est codé sur 32
bits, ce qui ne propose que 4,3
milliards d'adresses, une quantité
jugée largement suffisante à une
époque où Internet se limitait à quelques universités. Le déploiement du
(2) Rapport INRIA «DÉVELOPPEMENT TECHNIQUE DE L'INTERNET» http://missiondti.inria.fr/index.html
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protocole IPv6 a été lancé en 1999 ; codé sur 128 bits, il offre un énorme
réservoir de 3,4x1038 adresses IP ainsi que plusieurs avancées techniques.
L'évolution des technologies de communication (réseaux hertziens, câbles
sous-marins, satellites, fibre optique) et des composants matériels (processeurs
et mémoires) a donné un coup d'accélération à l'usage de l'Internet. Ce qui a
permis d'énormes capacités d'échanges d'information et des innovations comme
la connexion à Internet des téléphones mobiles, des automobiles et de divers
appareils.
Des besoins énormes en adresses IP, ont été ainsi occasionnés et les
ressources IPv4 arriveront à épuisement avant la fin 2012. L'ICANN,
l'organisme chargé de réglementer les noms de domaine sur Internet, a lancé un
appel à la communauté internationale pour accélérer la transition à IPv6. Cette
transition permettra l'accès à Internet d'un très grand nombre de nouveaux
appareils, avec de nouvelles applications. Dans le cours de l'année 2011 les
grands acteurs de l'Internet (Google, Face book,…) feront des tests d'ajout
d'adresses IPv6 au sein de leurs systèmes.
Selon l'Union Internationale des Télécommunications3, la transition vers
l'IPv6 globalement et en particulier dans les pays en voie de développement
s'effectue lentement.
Les principales raisons selon elle « sont la difficulté de la compatibilité4 d'un
côté et la mesure des moyens et intérêts nationaux ». En 20045, la distribution de
l'IPv6 dans la région Europe (RIPE) était de 53% tandis que celle de l'Amérique
latine et des Caraïbes (LACNIC) et celle d'Afrique (AFRINIC) n'atteignaient
pas 4%. «En Afrique, les véritables problèmes d'adaptation de l'IPv6 reposent sur
le manque d'application, de formation, et d'approche commerciale, la fébrilité à
changer ce qui marche, le manque d'information, d'intérêt des ISP, et le coût
financier du changement».
Par contre, plusieurs fortes initiatives pour la promotion du déploiement de
l'IPv6 sont en cours dans plusieurs pays en développement. On peut citer la
Tunisie qui a lancé en 2004 le déploiement d'IPv6 auprès des abonnés faisant
d'elle une pionnière en Afrique et dans le monde arabe. On peut, aussi, citer
plusieurs ateliers de formations sur IPv6 et son déploiement, organisés pour les
pays africains par l'ICANN, l'AFNIC (Association Française pour le Nommage
(3) Workshop on IPv6 background, Geneva 2008 http://www.itu.int/ITU-T/worksem/ipv6/
200809/index.html
(4) http://www.buddeblog.com.au/ipv6-how-it-works-and-will-it-ever-be-widely-adopted/
(5) Source AfriNIC http://www.afrinic.net/training/materials/Introduction_IPv6.pdf.
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Internet en Coopération), l'AFRINIC ainsi que la mise sur pied, par la Malaisie,
du Centre National Avancé sur l'IPv6 (NAv6). Ce centre se propose d'agir
comme institution régulatrice aussi bien pour améliorer le suivi et l'audit, ainsi
pour ambition de faire de la Malaisie une nation IPv6 d'ici 20126.
2.3. IDN et contenus
Les IDN (Internationalized Domain Names), sont en réalité des noms de
domaines localisés dans des graphies particulières, ils permettent l'ajout de
caractères non définis par le standard ASCII, c'est-à-dire les accents que l'on
retrouve dans de nombreuses langues, mais également les caractères cyrilliques,
arabes, chinois, etc7.
Déjà plusieurs extensions autorisent ces caractères dans les noms de domaines
(.ac, .com.ar, .as, .at, .bg, .biz, .com.br, .bv, .bz, .cat, .cc, .ch, .cl, .cn, .co, .com, .cv,
.de, .dk, .es, .eu, .fi, .gr, .hk, .hu, .co.il, .in, .info, .io, .ir, .is, .jp, .kr, .li, .lt, .lu, .lv,
.md, .museum, .net, .ni, .no, .nu, .nz, .org, .pe, .pl, .pr, .pt, .ru, .sa, .se, .sh, .su, .th,
.tm, .tr, .tv, .tw, .com, .ve, .vn).
Les IDN se justifient d'autant plus que sur les 1 802 330 457 d'utilisateurs
d'Internet seulement 495 843 462 ont l'Anglais comme langue officielle ou
maternelle.
(6) Source: diplomacy.edu forum des élèves infrastructure 2008.
(7) Voir : http://www.ietf.org/rfc/rfc3743.txt.
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Top 10 Langues Utilisées dans le We b
(Nombre d'utilisateurs Internet par Langue)
TOP 10
langues
Internet
Utilisateurs
Internet par langue
Internet
Pénétration
par langue
Croissance
Internet
(2000-2009)
Anglais
495 843 462
39.4 %
251.7 %
27.5 %
1 259 173 434
Chinois
407 650 713
29.7 %
1,162.0 %
22.6 %
1 373 859 774
Espagnol
139 849 651
34.0 %
669.2 %
7.8 %
411 631 985
Japonais
95 979 000
75.5 %
103.9 %
5.3 %
127 078 679
Portugais
77 569 900
31.4 %
923.9 %
4.3 %
247 223 493
75.0 %
160.9 %
4.0 %
95 664 733
Allemand 71 782 234
Utilisateurs
Population Monde
Internet% du Total pour cette Langue
(2009 Estimat)
Arabe
60 252 100
17.5 %
2,297.7 %
3.3 %
344 139 242
Français
57 017 099
16.9 %
375.2 %
3.2 %
337 046 097
Russe
45 250 000
32.3 %
1,359.7 %
2.5 %
140 041 247
Koréen
37 475 800
52.7 %
96.8 %
2.1 %
71 174 317
Top 10
Langues
1 488 669 959
33.8 %
379.2 %
82.6 %
4 407 033 001
Reste des
langues
313 660 498
13.3 %
516.0 %
17.4 %
2 360 772 207
Total Monde
1 802 330 45
26.6 %
399.3 %
100.0 %
6 767 805 208
Source : Internet World Stats. Copyright © 2010, Miniwatts Marketing Group. All rights reserved worldwide
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Au plan linguistique, la situation actuelle, caractérisée par le monopôle de
l'anglais, crée une fracture importante au niveau du taux de pénétration et du
développement des contenus. Le taux de pénétration et le pourcentage de contenus
Internet sont relativement faibles au niveau des pays africains à cause du non
respect du multilinguisme.
Il y a un réel déséquilibre : sur les milliers de langues que comptent le monde,
dix seulement représentent 82,6% des internautes et plus de 90% des contenus sur
Internet.
Les IDN permettent de favoriser une meilleure appropriation de l'Internet,
l'accès à tous dans le respect du multilinguisme. Ce sera un Internet plus ouvert,
plus global, plus accessible à des peuples qui n'auront plus à s'adapter à un alphabet
qui n'est pas le leur.
Jusqu'à présent l'ICANN a reçu 19 candidatures couvrant 11 langues, dont une
seule langue africaine (l'arabe). 12 se sont qualifiées pour l'étape finale technique.
Les premières extensions seront commercialisées dans le courant du deuxième
semestre 2011. Ces extensions concernent l'Egypte, la Tunisie, l'Arabie saoudite,
les Emirats arabes unis, le Qatar, l'Etat de Palestine, la Russie, la Chine, Hong
Kong, Taïwan, la Thaïlande et le Sri Lanka.
3. Etat et Diagnostic des TIC en Afrique
Malgré d'importants progrès réalisés dans le domaine des TIC, durant ces
deux dernières décennies, l'Afrique reste le continent où les indicateurs de
développement de l'Internet sont les moins performants. Il existe non seulement
une grande fracture numérique entre l'Afrique et le reste du monde mais aussi
une fracture numérique interne, entre quatre régions : l'Afrique du Nord,
l'Afrique du Sud, les pays côtiers et les autres pays.
L'Afrique affiche le plus faible taux de pénétration d'Internet dans le monde:
avec une population d'un milliard, représentant 15% de la population mondiale,
l'Afrique ne compte aujourd'hui qu'un peu plus de 86 millions d'utilisateurs
Internet, soit le taux de pénétration le plus faible au monde 8,7% et moins de 1%
des abonnés à la connectivité large bande du monde.
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Régions Monde
Population
(2009 Estim)
Utilisateurs
Internet
Déc. 31, 2000
Utilisateurs
Dernières
Données
Pénétration
(% Population)
Croissance
2000-2009
Utilisateurs
%
Tableau
Afrique
991 002 342
4 514 400
86 217 900
8.7%
1809.8%
4.8%
Asie
3 808 070 503
114 304 000
764 435 900
20.1%
568.8 %
42.4 %
Europe
803 850 858
105 096 093
425 773 571
53.0 %
305.1 %
23.6 %
Moyen Orient
202 687 005
3 284 800
58 309 546
28.8 %
1,675.1 %
3.2 %
Amérique
du Nord
340 831 831
108 096 800
259 561 000
76.2 %
140.1 %
14.4 %
Amérique latine
et Caraïbes
586 662 468
18 068 919
186 922 050
31.9 %
934.5 %
10.4 %
Océanie /
Australie
34 700 201
7 620 480
21 110 490
60.8 %
177.0 %
1.2 %
Total Monde
6 767 805 208
360 985 492
1 802 330 457
26.6 %
399.3 %
100.0 %
Statistiques mondiales Internet.
Sources: www.internetworldstats.com. Copyright © 2001-2010, Miniwatts Marketing Group. All rights reserved worldwide
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L'Afrique a aussi les tarifs de l'accès à Internet les plus élevés au monde,
compris entre 250 et 300 dollars par mois. 70% de l'ensemble du trafic Internet en
Afrique est réacheminé à l'extérieur du continent, d'où un surcoût pour les usagers.
Le Mbit/s se paye plusieurs centaines d'euros par mois dans la plupart des
pays d'Afrique alors qu'il ne coûte que quelques euros pour un particulier abonné
à l'ADSL en Europe et est presque gratuit aux Etats-Unis.
3.1. Connectivité
L'accès à une large bande passante est essentiel pour le développement
économique et culturel, il pourrait permettre à un pays de libérer ses potentialités.
En termes d'accès haut débit, les infrastructures de télécommunication africaines
sont caractérisées par l'absence de liaison entre les États sans littoral et les pays
ayant accès aux câbles sous-marins. En outre, elles sont encore insuffisantes et mal
exploitées, du fait de la rareté de liaisons terrestres transfrontalières.
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En 2010, les pays de l'Afrique ne disposent pas encore d'une bonne connectivité,
en dehors de l'Afrique du Nord, seuls deux câbles sous-marins relient le continent
au reste du monde : le câble sous-marin SAT3/WASC/SAFE qui part de Lisbonne et
court jusqu'en Malaisie, longeant la côte atlantique pour se jeter dans l'océan indien
par l'Afrique du Sud, et le câble Seacom qui relie les zones sud et celles de l'Afrique
à l'Asie.
L'Afrique du Nord dispose de centaines de Gigabits/s, les pays côtiers de
quelques Gigabits/s contre quelques centaines de Mbits/s, pour le reste de l'Afrique,
desservi par des liaisons satellites.
Cette situation est inquiétante et compromet le développement de l'Afrique. Les
infrastructures de télécommunication à large bande deviennent à la fois un moteur
économique et un outil au service des populations. Plusieurs initiatives ont été prises
par les organisations africaines et les partenaires pour une meilleure connectivité de
l'Afrique, dont l'une des plus importantes est «Connecter l'Afrique».
A l'issue d'un important sommet «Connecter l'Afrique», tenue en 2007 à Kigali,
Rwanda, des engagements ont été pris afin de connecter les capitales africaines et
les villes les plus importantes avec une infrastructure de bande passante large
(broadband) et de renforcer la connectivité avec le reste du monde à l'horizon 2012.
Et d'ici 2015, le haut débit et les services de TIC devraient être étendus à tous les
villages africains. Il a été, aussi, décidé d'adopter des mesures réglementaires
fondamentales qui «contribueront à promouvoir un accès abordable et généralisé à
toute une gamme de services TIC large bande». Un accent particulier a été mis sur
l'appui «au développement de compétences TIC en nombre suffisant pour répondre
aux besoins de l'économie du savoir, en particulier par la création d'un réseau de
centres d'excellence TIC dans chaque sous région du continent africain et par la
création de centres de renforcement des capacités TIC et de formation aux TIC».
L'UIT estime que pour pallier les carences de connectivités nationales, régionales
et internationales il ne faut pas moins de 95 000 km de liaisons par fibre optique dont
plus de 20 000 km de câbles sous-marins internationaux. Ce qui représente plus de
3 milliards de dollars d'investissement.
A ce jour, il existe plusieurs liaisons et projets de liaison aussi bien par câbles
sous-marins entre l'Afrique et le reste du monde, que par fibre optique terrestre entre
les pays enclavés et les câbles sous-marins :
- SAT3/SAFE, avec une capacité de 340 gigabits, a été mis en œuvre en 2002
et relie l'Europe (Portugal et Espagne) à l'Asie (Inde et Malaisie) en passant
par dix pays africains (Sénégal, Côte d'Ivoire, Ghana, Bénin, Nigéria,
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Cameroun, Gabon, Angola, Afrique du Sud, Ile Maurice) et la Réunion.
Grâce à des liaisons en fibre optique, une autre dizaine de pays sont
connectés à ce câble sous-marin international.
- TEAMs, avec une capacité de 1200 gigabits et une longueur de 4500 km, il
relie le Kenya aux Emirats Arabes Unies. Il prévoit de renforcer les
capacités de 6 autres pays est africains (Rwanda, Soudan, Ouganda,
Ethiopie, Tanzanie et Burundi).
- Seacom, avec une capacité de 1200 gigabits, relie cinq pays africains
(Afrique du Sud, Tanzanie, Mozambique, Kenya, Madagascar) à l'Asie. Il
est opérationnel et permet de renforcer la bande passante des régions sud et
est de l'Afrique.
- Atlas Offshore, est un câble sous-marin opérationnel, long de 1 630 km et
d'une capacité de 320 gigabits. Il relie la ville d'Asilah au Maroc à Marseille
en France et développe l'interconnexion directe de Maroc Telecom avec les
différents opérateurs européens présents à Marseille. Il soutient la croissance
et la convergence des services fixes et mobiles de Maroc Télécom, sécurise
ses liens internationaux existants et renforce la capacité de son réseau lui
permettant de distribuer des services haut débit tels que l'Internet à haut
débit, la télévision sur ADSL, des services de transmission de données
mobiles, ou encore des activités d'off-shoring.
- SEA-ME-WE 4, est un câble sous-marin opérationnel qui relie Singapour,
la Malaisie, la Thaïlande, le Bengladesh, l'Inde, le Sri Lanka, le Pakistan, les
Emirats arabes unis, l'Arabie saoudite, l'Egypte, l'Italie, le Tunisie, l'Algérie
et la France. Il est long de plus de 18 800 km et sa capacité est de 1 200
gigabits.
- Lion, avec une longueur de 800 km et une bande passante de 1200 gigabits,
ce câble opérationnel fin 2009, relie Madagascar à SAFE par 2 nœuds (Ile
Maurice et la Réunion), renfonçant ainsi la connectivité de la Grande île.
- EASSy, est un important projet de câble fibre optique sous-marin de
nouvelle génération, long de 9 900 km et d'une capacité de 1 400 gigabits.
Il reliera l'Afrique du Sud au Soudan en passant par le Mozambique,
Madagascar, la Tanzanie, le Kenya, la Somalie, Djibouti. Il connectera aussi
le Botswana, les Comores, les Seychelles, l'île Maurice et l'Erythrée. Il sera
ainsi relié à d'autres câbles. Il devra être opérationnel en fin 2010.
- ACE, est un projet de câble sous-marin de dernière génération, long de 14
000 km, d'une capacité de 1 900 gigabits qui sera opérationnel en fin 2011.
Il fonctionnera en complémentarité avec SAT 3/WASC/SAFE, GLO-1,
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SEA-ME-WE.3, ATLANTIS 2 et offrira une excellente connectivité à
l'Afrique de l'Ouest. Il reliera la France à l'Afrique du Sud en passant par le
Portugal, le Maroc et presque tous les pays de la côte atlantique africaine.
- MAIN OnE, est un projet de câble sous-marin long de 14 000 km (phase 1
6 900 Km) d'une capacité de 1 200 gigabits, reliant le Portugal au Nigéria
dans sa première phase, et qui devrait être opérationnel en fin 2010. Il
permettra de réduire les coûts de communication internationale pour la zone
atlantique ouest africaine.
- GLO-1, est un projet de câble sous-marin qui part du Royaume-Uni et passe
par la Mauritanie, le Maroc et 16 pays d'Afrique de l'Ouest avec une
extension prévue sur New York. Il a une capacité de 2 200 gigabits et devrait
être opérationnel en 2011.
- WACS, est un projet de câble sous-marin à fibre optique d'une capacité de
128 longueurs d'onde à 10 Gbit/s/ (2,8 à 3,8 térabits), s'étendra sur 14 530
km en reliant l'Afrique du Sud, la Namibie, l'Angola, la République
Démocratique du Congo, la République du Congo, le Cameroun, le Nigeria,
le Togo, le Ghana, la Côte d'Ivoire, le Cap Vert, les Iles Canaries, le Portugal
et le Royaume Uni. Il devrait être opérationnel en 2011.
- I-ME-WE, est un projet dont l'achèvement est prévu en fin 2010, il aidera
à faire face à l'accroissement du trafic mondial, notamment généré par la
demande de services IP. Avec, à terme, une capacité de 3,84 Tbps - 128 x 10
Gbps sur trois paires de fibres, le réseau I-ME-WE sera composé de deux
segments de câble reliant l'Inde à la France via le Pakistan, les Émirats
Arabes Unis, l'Arabie Saoudite, l'Égypte, le Liban et l'Italie. Le long de son
parcours, il comptera dix points d'atterrage, à Mumbai (deux points
d'atterrage), Karachi, Fujaïrah, Djeddah, Suez, Alexandrie, Tripoli, Catane
et Marseille.
- EIG, est un projet de câble sous-marin à fibre optique, d'une longueur de 17
000 km et d'une capacité de 1 280 gigabits, il reliera Mumbai, en Inde, à
l'Europe occidentale (France, Gibraltar, Portugal et Grande-Bretagne) en
passant par Djibouti. Il devrait être opérationnel en fin 2010.
- Projet de Réseau de base de l'Afrique Centrale connectant les pays de
l'Afrique centrale au câble sous-marin ouest-africain SAT3 et à la liaison
fibre optique de l'oléoduc entre Kibri (Cameroun) et Doha (Tchad).
- Projet de Réseau à large bande passante de l'Afrique de l'Est, dont l'objectif
est la construction d'un réseau intégré d'infrastructure à haut débit pour
l'Afrique de l'Est, connectant cinq états partenaires de la CAE (Burundi,
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Kenya, Rwanda, Tanzanie, Ouganda) et la liaison avec les centres de transit
internationaux à travers les systèmes de câbles sous-marins à fibres
optiques.
- Projet sans fil pour le Lac Victoria, basé sur la technologie GSM, de
communication maritime pour les trois pays riverains.
- Projet de Réseau de base de l'Afrique Australe, dont l'objectif est
d'améliorer les liaisons transfrontières qui interconnectent les états membres
de la SADC et de les relier aux systèmes des câbles sous-marins.
- Projet de Réseau de fibres du Consortium d'électricité de la CEDEAO ayant
pour objectif de combler les déficits de connectivité de la CEDEAO.
Ces projets amélioreront la connectivité des pays côtiers africains. La
diversification des connexions internationales haut débit va faire disparaitre les
monopoles et entraîner une baisse des tarifs. Le problème essentiel résidera au
niveau des connectivités intérieures: entre les pays non côtiers et ces importants
câbles et entre les zones rurales et les capitales.
En plus de ces difficultés de connectivité, peu de pays africains disposent de
point d'échange (15 sur 51). Ces points d'échange permettent de réduire les temps de
latence et les coûts d'échange. Pour ce qui est de l'interconnexion, les pays africains
sont au niveau le plus bas de la hiérarchie, de ce fait, ils supportent les charges de
maintien des lignes internationales ascendantes et descendantes au détriment des
pays de haut niveau. Grâce aux points d'échange le trafic local reste local. On dit que
les points d'échange «améliorent la qualité, permettent d'économiser, créent de la
valeur ajoutée et ouvrent des perspectives de croissance et de développement.»
3.2. Cadre réglementaire
En Afrique, l'ouverture aux TIC s'est déroulée dans le cadre d'une
déréglementation et d'une libéralisation des télécommunications, de l'adoption de
stratégies de développement de l'Internet et de la création d'autorités de régulation.
Ces réformes ont été imposées ou conduites à marche forcée par des institutions
internationales (UIT, FMI, OMC). On a assisté à une ouverture à la concurrence de
ce secteur stratégique avec la participation de grands opérateurs internationaux. Les
prérogatives de régulation du marché ont été souvent transférées aux autorités de
régulation qui doivent être moins dépendantes des états. Le bilan de ces réformes a
eu des impacts significatifs pour le développement des TIC mais reste contrasté.
Le nombre d'opérateurs de mobiles a quadruplé en moins de 10 ans. Les prix du
mobile et de l'Internet ont baissé grâce à la concurrence entre les opérateurs.
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Fixe %
Mobile%
Internet%
Concurrence
49
80
75
Monopole
45
9
12
Absence de données
6
11
13
(Source UIT, 2008)
Une réglementation adéquate est un moyen indispensable d'incitation au
développement des TIC, elle permet de donner confiance aux investisseurs et
aux industriels, elle est un facteur d'amélioration de la qualité, d'ouverture des
marchés, de baisse des prix et d'accélération de l'innovation.
Les législations africaines sont disparates et ne tiennent pas toujours compte
des innovations technologiques croissantes, dont la convergence. Ce concept est
stratégique, il désigne, selon Le Livre Vert de la Commission Européenne, «la
capacité de différentes plates-formes à transporter des services essentiellement
similaires, soit le regroupement des équipements grand public comme le
téléphone, la télévision et les ordinateurs personnels».
Selon plusieurs institutions internationales partenaires, «il existe encore des
défis de taille en ce qui concerne le développement de régimes de délivrance de
licences d'exploitation de technologies neutres et convergentes, la promotion de
la concurrence, l'établissement de règlements et de tarifs d'interconnexion, la
gestion des ressources telles que les nombres et les spectres de fréquence
radioélectrique, l'élaboration et l'exécution des stratégies d'accès universel et
l'application des normes».
3.3. Education et recherche
Nous sommes rentrés dans une nouvelle phase où l'économie du savoir va jouer
un rôle prépondérant. L'économie sera plus basée sur la connaissance; la place
d'Internet et des TIC, dans le contexte mondialisé et d'économie de la connaissance,
sera omniprésente dans le triangle de la connaissance constitué par les relations entre
formation, recherche et innovation. Des changements profonds ont déjà commencé
dans les pratiques de communication, dans le secteur de l'éducation et de la
recherche. Cela va «installer un paysage nouveau quant aux relations qui lient les
détenteurs de connaissances aux pouvoirs publics et aux différentes strates de la
société».
En 2050, la population du continent africain représentera 22% de la population
mondiale qui est estimée à cette date à plus de 9,3 milliards de personnes. La part de
l'Afrique dans la population mondiale en âge de travailler passera de 13% en 2010
à plus de 20% en 2050.
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Pour assumer une telle croissance démographique et réussir son intégration dans
l'économie mondiale, l'Afrique devrait plus miser sur ses ressources humaines que
sur ses ressources naturelles.
Pour relever ces défis, le Continent devrait miser sur les technologies de
l'information et de la communication pour l'éducation (TICE).
Plusieurs projets dans le domaine des TICE ont déjà été initiés pour l'Afrique par
des partenaires au développement parmi lesquels on peut citer l'UNESCO, l'AUF,
l'Association des Universités africaines, l'Union de la Méditerranée, l'Union
européenne et la Coopération suisse.
Ces projets ont permis la mise en place :
l
de campus numériques,
l
de formations ouvertes à distance,
l
de formations de formateurs et d'experts en TICE,
l
de contenus en lignes,
l
de systèmes de recherche documentaire et de recherche d'information,
l
de collaboration à des veilles technologiques et d'échanges d'informations,
l
de réseaux d'experts africains pour concevoir et améliorer la formation de
formateurs,
l
de réseaux de ressources numériques multilingues partagées,
l
d'initiatives de création de réseaux nationaux et régionaux de connectivité.
PCes actions ont permis de créer dans certains pays une masse critique d'experts
en TICE et d'assurer des conditions minimales d'utilisation des ces technologies pour
soutenir les formations et la recherche.
Les gouvernements et les partenaires au développement doivent davantage
soutenir ces TICE afin de mettre en œuvre des politiques permettant de résorber le
fossé numérique, au niveau du système éducatif et recherche, entre l'Afrique et le
reste du monde. Pour cela les actions suivantes sont prioritaires :
l
construire des banques de données de ressources éducatives libres (REL)
multilingues, de formats modulaires et flexibles, disponibles et gratuites pour
les formateurs,
l
former les formateurs et les chercheurs aux TICE et faciliter l'accès Internet au
niveau de tous les systèmes éducatifs et de recherche africains,
l
mettre en place de nouvelles formes d'interaction ente les collectifs de
chercheurs et les collaborations entre chercheurs (Web 2.0, réseau social, Wiki,
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fils RSS, Syndication de données…) et diffuser des informations sur l'existence
et l'exploitation de ces moyens auprès des chercheurs,
l
permettre aux institutions de formation et de recherche de faire les bons choix
technologiques à long terme, ainsi il serait utile de les inciter à la veille
technologique et à la prospective. Dans ce sens, il faudra soutenir les groupes
de réflexion sur : i) les technologies médiatiques et communicationnelles, ii)
les ressources en ligne accessibles en langage naturel, iii) l'évolution des
plateformes, iv) les technologies émergentes, v) la virtualisation, vi) le cloud
computing, et vii) les nouveaux outils pédagogiques.
3.4. Ressources humaines
Les ressources humaines africaines en informatique et Télécommunications
souffrent du manque de politiques globales et d'actions concrètes adaptées en vue
de conjuguer les efforts entrepris par les institutions nationales, continentales,
intergouvernementales, non-gouvernementales et internationales. On assiste à
l'émergence d'offres de diplômes en matière d'administration de réseaux et de
développements de contenus aux universités nationales, privées ou aux antennes
des universités des pays du nord ou des pays émergeants.
L'Union Africaine, à travers l'AMCOST8 (African Ministerial Conference on
Science and Technology) a lancé un programme pour renforcer les capacités de
l'Afrique à développer et utiliser des indicateurs STI : Science, Technologie et
Innovation. Quelques projets et activités ont été lancés (i) élaboration et
l'adoption des indicateurs STI communs pour l'Afrique et (ii) mise en place d'un
Observatoire africain des indicateurs STI.
AfricanEconomicOutlook.org9 annonce que «le développement des compétences
techniques et professionnelles (DCTP) est un puissant moteur de réforme.
L'expression recouvre l'acquisition des connaissances, des compétences pratiques,
du savoir-faire et du comportement nécessaires pour exercer un métier ou une
profession donnée sur le marché du travail. Pour les besoins de ces Perspectives, le
DCTP correspondra à la définition élargie que l'Unesco et l'Organisation
internationale du travail (OIT) donnent de l'enseignement technique et de la
formation professionnelle.»
Malgré les stratégies de réformes engagées par la majorité des pays africains,
en matière de DCTP, les systèmes africains d'enseignements technique et
(8)
Voir
:
http://ritechsolutions.com/amcostkenya/index.php?option=com_frontpage&Itemid=1.
(9) Initiative qui combine l'expertise de la Banque africaine de développement, du Centre de
développement de l'OCDE, de la Commission économique des Nations Unies pour
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professionnel sont la proie de multiples contraintes qui gênent leur
développement et limitent leur impact. Les programmes ne sont en général pas
adaptés aux besoins de l'économie et les responsabilités pour la formation sont
dispersées entre plusieurs organismes. Les expérimentations et les réformes du
DCTP restent en général avec une portée limitée.
3.5. Cyberculture, contenus et IDN
La révolution de l'Internet n'est pas une simple révolution technologique mais
une révolution beaucoup plus profonde : une révolution culturelle que certain
compare à l'invention de l'imprimerie. Elle «s'accompagne d'une modification
radicale de notre regard sur le monde, de notre manière d'envisager les
problèmes et de les résoudre» Philippe Quéau. Internet pourrait être utile pour
résoudre les problèmes de plus en plus complexes et de plus en plus globaux.
Tous les internautes du monde doivent pouvoir diffuser et consulter des
contenus rédigés dans leurs propres langues.
Durant sa première phase, Internet était considéré comme une menace à la
diversité culturelle, contribuant à la prédominance de l'anglais. Mais depuis
l'adoption de protocoles permettant l'utilisation de divers caractères et
l'avènement des IDN, il est devenu un outil pouvant contribuer à la richesse et à
la diversité culturelle mondiale. Il pourrait contribuer à trouver des
dénominateurs communs des «génies propres des peuples et de leurs communes
aspirations».
Le cyberespace doit favoriser l'égalité, la liberté et la dignité humaine, mais
aussi, l'accès à l'information qui est un facteur clé dans la lutte contre la pauvreté,
l'ignorance et l'exclusion sociale.
Le développement des contenus dans les langues africaines, rendu possible
grâce au nouveau protocole et aux IDN, va permettre de réduire le fossé
numérique et culturel entre l'Afrique et le reste du monde.
Malgré la faible participation du Continent au niveau du contenu, quelques
initiatives ont vu le jour pour encourager l'internationalisation de nom de
domaines :
- Le Réseau AFRILANG : une initiative émergente de la société civile
africaine soutenue par l'Agence intergouvernementale de la Francophonie
pour (i) servir de cadre d'échanges et de concertation à la société civile
africaine pour les problématiques des langues africaines et Internet, (ii)
susciter, encourager et lancer des initiatives en vue de résoudre ces
problématiques, (iii) contribuer à faire entendre la voix de l'Afrique dans les
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forums où se traitent ces problématiques, (iv) sensibiliser et mobiliser le
public et les décideurs sur les enjeux stratégiques liés aux langues africaines
et leur présence sur l'internet et (v) appuyer et travailler étroitement avec
l'Union Africaine et ses institutions spécialisées comme l'ACALAN
(Académie Africaine des Langues)10. Le Réseau AFRILANG a lancé un
projet pour créer un Unicode-IDN pour l'Afrique11.
- ASIWG (The Arabic Script Internationalized Domain Names Working
Group) : un groupe qui s'est composé depuis 2008 de parties intéressées
dans la mise en œuvre de noms de domaine internationalisés et
particulièrement en arabe. Lors du dernier meeting à Amman en 2009, il a
proposé des remarques importantes concernant les tables IDN de l'ICANN.
ASIWG appuie la recommandation de l'ICANN pour la collaboration entre
les communautés de langue partageant la même langue/script pour le
développement de tables IDN. Il recommande de définir un processus clair
pour la présentation de ces tableaux à l'ICANN. Il se réjouit de la possibilité
de coopérer avec l'ICANN, les organisations internationales et la langue et
l'alphabet des communautés dans le monde entier vers la création sûre et
ordonnée de noms de domaine en utilisant les scripts de la langue arabe.12
- ADNPP (Arabic Domain Name Pilot Project)13: est un projet non
commercial ayant été engagé depuis 2005 par une organisation à but non
lucratif pour (i) mettre en place un banc d'essai pour les noms de domaine
dans le monde arabe, (ii) permettre à tous les pays arabes de profiter de
l'expérience de l'utilisation de noms de domaine en arabe en vue d'identifier
leurs besoins, de s'entendre sur des normes, de localiser d'éventuels
problèmes et de développer les outils nécessaires et les politiques. Tous les
membres de la Ligue arabe ont été invités à participer à ce projet pilote. Ce
projet a préparé et maintenu le site : http://arabic-domains.org/ qui contient
des informations importantes sur les IDN en arabe et le chemin parcouru
dans ce sens. Le projet se poursuivra comme banc d'essai jusqu'à la
reconnaissance des TLD arabes (gTLD et ccTLD) par les organismes
internationaux concernés.
(10) www.acalan.org .
(11) http://www.icann.org/presentations/diop-african-idn-27jun06.pdf.
(12) www.asiwg.org .
(13) http://xn--ghb5rwd.com/docs/Resources/DubaiMarch30-31-2008.pdf.
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Signalons en fin, que l'ACALAN a entamé depuis fin 2009, l'organisation
d'ateliers opérationnels régionaux de mise en place des 12 premières langues
retenues Commissions de Langues Transfrontalières Véhiculaires (Structures de
travail de l'ACALAN).Il s'agit de : l'Arabe standard moderne et le Berbère pour
l'Afrique du Nord ; le Haussa, le Mandenkan et le Fulfulde pour l'Afrique de
l'Ouest ; le Kiswahili, le Somali et le Malagasy pour l'Afrique Orientale ; le
Chichewa/chinyanja et le Setswana pour l'Afrique Australe et le Lingala et le Betifang pour l'Afrique Centrale.
L'ACALAN prépare actuellement les ateliers opérationnels régionaux pour le
lancement des sept autres Commissions de Langues Transfrontalières Véhiculaires.
3.6. Ethique, sécurité et protection
Dans le cyberespace la liberté d'expression et d'information est fondamentale.
Mais elle doit prendre en compte le respect de la personne humaine, le droit à la
dignité, au respect de la vie privée, à la confidentialité. Il s'agit là de problèmes
fondamentaux. Ces droits doivent être bien définis.
L'utilisation des nouvelles technologies présente des dangers pour la vie
privée et les libertés de chacun. L'information qui y circule se rapporte le plus
souvent à des personnes physiques. Elle est liée à des actions de la vie courante
(surfer sur Internet) ou à l'utilisation des bases de données professionnelles. Ces
informations personnelles peuvent être constituées, utilisées, communiquées ou
vendues, parfois à leur insu. De ce fait, les risques d'abus ne cessent de grandir :
la cybercriminalité.
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La cybercriminalité est le terme employé pour désigner «l'ensemble des
infractions pénales qui sont commises via les réseaux informatiques, notamment,
sur le réseau Internet. Elle constitue un prolongement naturel de la criminalité
traditionnelle». Ce terme désigne à la fois :
- Les atteintes aux biens: fraude à la carte bleue sur Internet sans le
consentement de son titulaire ; vente par petites annonces ou aux enchères
d'objets volés ou contrefaits ; encaissement d'un paiement sans livraison de
la marchandise ou autres escroqueries en tout genre ; piratage d'ordinateur;
gravure pour soi ou pour autrui de musiques, films ou logiciels.
- Les atteintes aux personnes: diffusion d'images pédophiles, de méthodes
pour se suicider, de recettes d'explosifs ou d'injures à caractère racial ;
diffusion auprès des enfants de photographies à caractère pornographique
ou violent ; atteinte à la vie privée.
Tous ces faits sont punis d'une peine et/ou amende selon les législations en
vigueur.
Il faut se protéger contre ces cyber-crimes en trois niveaux :
- Protéger l'outil (ordinateur) : logiciel antivirus, barrière "fire wall" pour
empêcher les piratages (intrusions) dans l'ordinateur personnel ou sur un
réseau informatique.
- Protéger les enfants (et les adultes) : l'accès à certains contenus non
appropriés de sites Internet peut être verrouillé avec les navigateurs Internet
(listes noires).
- Protéger les achats sur Internet : les achats sur Internet sont de plus en plus
sécurisés. L'apparition de logos en bas du navigateur (cadenas et clé) est un
gage de cette sécurité.
Un forum international sur la cyber-sécurité vient d'être organisé à
Ouagadougou (juin 2010)14 par l'Union européenne et Microsoft Afrique. Les
350 participants étaient issus de 55 pays, dont 42 africains, y ont pris part, dont
des ministres et des représentants d'organisations internationales, notamment
l'Union européenne, l'Union africaine, la Commission économique des Nations
unies pour l'Afrique, l'Union internationale des télécommunications (UIT), le
NEPAD, la Banque mondiale, la SFI, la Banque africaine de développement, la
Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF), la CEDEAO
(14) Voir : http://www.ouestaf.com/.
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et l'UEMOA, INTERPOL, ainsi que des organisations du secteur privé
Burkinabé et international, du monde universitaire, et de la société civile.
Le thème central était «La cyber-sécurité pour promouvoir la confiance et la
sécurité dans l'utilisation des Technologies de l'Information et de la
Communication (TIC)».
A l'issue des travaux :
1. Le forum a reconnu (i) l'importance des TIC comme facteur d'accélération
de l'atteinte des objectifs de développement ; (ii) l'intégration croissante
des TIC dans la vie quotidienne et la dépendance des états, des entreprises
et des individus vis-à-vis des réseaux de communication ; (iii) la
cybercriminalité comme une menace susceptible de compromettre la
mobilisation du potentiel des TIC au profit de la mise en œuvre des
objectifs de développement et (iv) la pertinence de l'approche de la lutte
contre la cybercriminalité basée sur cinq piliers suivants :
a) La mise en place d'un cade légal,
b) La mise en place d'une structure technique,
c) L'adoption de mesures et de procédures d'investigation,
d) Le renforcement des capacités,
e) La coopération régionale et internationale.
2. Il rappelle : La déclaration des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union
africaine adoptée à Addis-Abeba en janvier 2010 reconnaissant le secteur
des TIC comme un secteur prioritaire de développement ; l'agenda de
Tunis sur la société de l'information, notamment la ligne portant sur
l'établissement de la confiance et de la sécurité dans l'utilisation des TIC.
Le Forum recommande : (i) l'implication politique au plus haut niveau dans
tous les états africains pour réussir la lutte contre la cybercriminalité ; (ii) la mise
en place de cadres législatif et réglementaire adaptés à la lutte contre la
cybercriminalité dans tous les pays africains ; (iii) la mise en place de CERT
(Computer Emergency Response Team), et invite, dans ce cadre, l'Union
africaine et les Communautés Economiques Régionales (CER) à apporter l'appui
nécessaire ; (iv) la réalisation de points d'échanges internet nationaux ou
régionaux pour faciliter la lutte contre la cybercriminalité ; (v) l'adhésion au
programme mondial de cybersécurité de l'UIT, et invite les pays à tirer profit des
initiatives internationales pertinentes telles que IMPACT pour s'insérer dans le
réseau mondial de lutte contre la cybercriminalité ; (vi) les partenariats public- 35 -
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privé dans les stratégies de promotion de la cybersécurité afin d'assurer la
mobilisation de ressources et d'expertise suffisantes ; (vii) la mise en place d'une
unité de cybersécurité au sein de l'Union africaine.
La Banque Islamique de Développement (BID), en collaboration avec
l'Agence Malaisienne de la Cyber sécurité (Cyber Security Malaysia) vient
d'organiser (juin 2010) un atelier inscrit dans le cadre de la promotion de la
coopération entre les pays de l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI),
membres du groupe de Computer Emergency Response Team (CERT).
L'atelier avait pour objectif de sensibiliser des pays membres de l'OCI
concernés à l'importance de la mise en place des Computer Emergency Response
Team (CERT), à travers notamment une gestion efficace et effective de ces
structures, un partage de l'information et une vulgarisation de la culture de cybersécurité dans les pays africains.
Plusieurs organisations régionales et internationales ont participé également
aux travaux de cet atelier, notamment l'OCI, la BID et la Communauté
Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). The Organization of
the Islamic Conference-Computer Emergency Response Team (OIC-CERT)15 est
un groupe qui a été formé dans le dessein d'apporter un soutien et de réagir aux
incidents liés à la sécurité informatique au niveau des états membres de l'OCI.
(15) V oir : http://www.oic-cert.org/.
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3.7. Etude de cas de quatre pays
3.7.1. Cas de la Tunisie
Drapeau
Carte
Population : 10,3 millions d'habitants
Superficie : 162 155 km2
Capitale : Tunis (2millions d'habitants)
Langue officielle : Arabe
Langue véhiculaire : Français, Anglais et Italien
Population urbaine : 65%
Taux d'alphabétisation : 79%
PNB/habitant : 3 700 $
Croissance PIB : 5%
Nombre d'utilisateurs Internet : 3,5 millions
Taux de pénétration : 34%
ccTLD : .tn (www.ati.tn)
Connectivité : Avec un taux de raccordement au réseau international de
27,5%, la Tunisie dispose d'une bonne connectivité. Elle sera raccordée
prochainement au réseau international par trois câbles sous-marins : le
premier actif depuis 1996 :"Keltra" relie Kélibia et Trapani dispose d'une
capacité de 3 000 gigabits/s, le second "SEA-MEA- WE 4", entré en activité
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en 2005 a une capacité de 1280 gigabits/s, et le prochain "Hannibal", à 100
pour cent tunisien, a une capacité initiale de 40 gigabits, extensible à 3200
Gbps. Il relie Kélibia à la ville italienne Mazara.
Cadre réglementaire : la Tunisie a rénové son cadre réglementaire afin de
soutenir l'investissement dans les TIC. Elle a promulgué plusieurs lois
relatives au commerce électronique, à la certification électronique, à la
sécurité informatique et à l'économie numérique. Elle a réactualisé le code
des télécommunications pour libéraliser et organiser le secteur.
Résumé : La Tunisie accorde une grande importance à l'économie Internet.
Le rapport mondial sur les TIC, 2009 2010, du forum économique mondial
de Davos place la Tunisie au 39ème rang mondial, première à l'échelle africaine
et 5ème dans le monde arabe. Le secteur des télécommunications contribue à
hauteur de 11% du PIB. La Tunisie est dotée d'un parc de plus 1 200 000
ordinateurs et compte plus de 40 000 étudiants dans les filières TIC, soit plus
de 12% du total des étudiants. La part du PNB pour la recherche est 1,25%.
Elle dispose d'un cadre réglementaire rénové et approprié à l'investissement
dans l'économie Internet et d'une bonne connectivité. Elle a abrité le dernier
Sommet Mondial de la Société de l'Information et fait partie des premiers
pays à mettre en place un IDN (Internationalized Domain Names).
3.7.2. Cas de la Mauritanie
Drapeau
Carte
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Population : 3 millions d'habitants
Superficie : 1 025 520 km2
Capitale : Nouakchott (600 000 habitants)
Langue officielle : Arabe
Langues de travail : Arabe et Français
Langues nationales : Arabe, Poular, Soninké et Wolof
Population urbaine : 44,0%
Taux d'alphabétisation : 56,8%
PNB/habitant : 1000 $
Croissance PIB : 5 %
Nombre d'utilisateurs Internet : 60 000
Taux de pénétration : 2%
ccTLD : .mr (www.nic.mr)
Connectivité : La bande passante offerte aux utilisateurs de l'Internet en
Mauritanie ne dépasse pas les 700Mbps. Cependant l'adhésion au projet ACE
qui sera opérationnel en fin 2011 est prometteuse. Les opérateurs locaux
proposent des services ADSL, mDSL, lignes spécialisées dont les prix restent
encore au-dessus du pouvoir d'achat de l'utilisateur moyen. Il est aussi prévu
un autre projet de connexion internationale par fibre optique de câble sousmarin GLO-1. Ces projets pourraient permettre atteindre le haut débit avec
des tarifs raisonnables.
Cadre réglementaire : Depuis la loi de séparation de postes et
télécommunications et celle portant sur la régulation, la Mauritanie n'a cessé
d'avancer en matière de cadre réglementaire. Il y a eu la définition d'une
stratégie de développement des technologies de l'information et de la
communication (TIC) et la création d'un Secrétariat d'état pour s'en occuper.
Ce Secrétariat a évolué récemment vers un département ministériel qui
s'occupe des TIC et de la modernisation de l'Administration16. Ce département
a élaboré les projets de textes ci-après, en cours de validation avant leur
transmission au parlement :
(16) Voir : http://www.modernisation.gov.mr/.
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- projet de loi sur la cybercriminalité,
- projet de loi sur les données personnelles,
- projet de loi d'orientation,
- projet de loi sur les transactions électroniques,
- projet de loi sur la cryptologie,
En plus de certains projets de décrets en application de ces lois :
Résumé : Malgré ses retards en matière de connectivité, la Mauritanie se
prépare à une connexion haut-débit à travers le projet ACE et un cadre
réglementaire rénové et plus approprié dans un avenir proche.
3.7.3. Cas du Sénégal
Drapeau
Carte
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Population : 13 millions d'habitants
Superficie : 197 000 km2
Capitale : Dakar (1 075 582 habitants)
Langue officielle : Français
Langue de travail : Français
Langues nationales : Plusieurs dont le Wolof, le Poular, le Sérère
Population urbaine : 54,0%
Taux d'alphabétisation : 41,9%
PNB/habitant : 980$
Croissance PIB : 3,3%
Nombre d'utilisateurs Internet : 1 000 000
Taux de pénétration : 7,5%
ccTLD : .sn (www.nic.sn)
Connectivité : Internet s'est relativement bien développé au Sénégal ces
dernières années. Cela découle d'un ensemble de facteurs positifs, notamment
la diversification et l'innovation dans les offres (Cybercafés, ADSL) et la
baisse des frais d'accès et des tarifs. Le Sénégal est relié au réseau mondial
par une bande passante de 2,9 Gbps (par câbles sous marins à fibre optique et
par satellite). L'accès à Internet se fait principalement par le réseau RTC ou
par ADSL. Il faut noter qu'aujourd'hui, la capacité totale de la bande passante
Internet est l'une des plus importantes en Afrique subsaharienne17.
Cadre réglementaire : Le Sénégal s'est doté d'un ensemble de textes qui
constituent le cadre juridique et institutionnel à la mesure des enjeux sociaux,
industriels et économiques. La première étape a été la mise en place par la loi
n° 2001-15 du 27 décembre 2001, modifiée, portant code des
télécommunications, de l'Agence de Régulation des Télécommunications et
des Postes (ARTP) chargée de doter le secteur des télécommunications d'un
cadre règlementaire efficace et transparent, favorisant une concurrence
loyale. L'autre étape fondamentale dans ce processus a été la création de
l'Agence De l'Informatique de l'Etat (ADIE). Le décret n° 2004-1038 du 23
(17) http://www.artp-senegal.org /
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juillet 2004 lui donne la compétence d'impulser l'action publique en matière
de traitement et de diffusion de l'information en conformité avec les normes
juridiques et techniques internationales en matière de qualité, de
disponibilité, de sécurité et de performance. A cet effet, l'ADIE a lancé, en
2005, un processus qui a abouti à l'adoption de textes législatifs et
règlementaires appropriés. Les contenus des différents textes de lois peuvent
être résumés ainsi qu'il suit :
1. Loi n° 2008-10 du 25 janvier 2008 portant loi d'orientation sur la
société de l'information :
l
déterminant les bases juridiques et institutionnelles de ladite société ;
l
fixant le cadre de mise en cohérence de l'ensemble du dispositif juridique
sénégalais (national, régional, international) ;
l
identifiant les droits et responsabilités des divers acteurs ;
l
définissant les principes de financement de la société sénégalaise de
l'information ;
l
consacrant les principes fondamentaux qui constituent les bases éthiques
sur lesquelles repose la société sénégalaise de l'information.
2. Loi n° 2008-08 du 25 janvier 2008 sur les transactions électroniques :
Cette loi vise à assurer la sécurité des transactions électroniques au Sénégal,
notamment les opérations liées au commerce électronique, à la conclusion
d'un contrat électronique, à l'acceptation de la signature et la preuve
électroniques et, enfin, aux possibilités de transmission par voie électronique
des documents ou actes administratifs.
3. Loi n° 2008-11 du 25 janvier 2008 sur la cybercriminalité :
Cette loi met l'accent sur les réformes suivantes en matière de lutte contre la
cybercriminalité au Sénégal :
l
l'adoption d'incriminations nouvelles spécifiques aux TIC (la protection
pénale des systèmes, des données et des infractions informatiques ;
l
la protection contre la pornographie infantile ou des contenus de nature
raciste et xénophobe, les infractions liées aux activités des prestataires
techniques ;
l
les infractions liées au commerce électronique) ;
l
l'adaptation des incriminations traditionnelles à l'utilisation des TIC (la
consécration de la théorie du vol de l'information, de l'admission de
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l'escroquerie en ligne et du recel d'information, la reconnaissance des
infractions de presse sur les TIC) ;
l
la création de nouvelles sanctions pénales adaptées à la cybercriminalité
(l'érection de l'utilisation d'un système informatique en circonstance
aggravante d'infractions contre les biens ;
l
l'obligation de retirer des propos illicites d'un site incriminé ; le droit de
réponse en ligne ;
l
la responsabilité pénale des acteurs) ;
l
l'aménagement de la procédure pénale actuelle (la consécration de la
perquisition informatique ;
l
l'admission de la saisie informatique et de la preuve électronique ;
l
la conservation rapide des données archivées ; l'interception de données
informatisées, etc.).
4. loi n° 2008-12 du 25 janvier 2008 sur la protection des données à
caractère personnel :
Les piliers de cette règlementation mise en place tournent autour de la :
l
définition des principes fondamentaux de nature à prévenir les abus en
matière de collecte et de traitement des données à caractère personnel ;
l
fixation des droits reconnus aux personnes fichées et des obligations du
responsable du traitement ;
l
mise en place d'une autorité de protection dénommée Commission Des
données Personnelles (CDP).
5. Loi n° 2008-41 du 20 août 2008 sur la cryptologie au Sénégal
Cette loi vise à :
l
sécuriser l'accès aux sites confidentiels ;
l
sécuriser le transfert des documents confidentiels ;
l
sécuriser le travail à distance ;
l
crypter les fichiers sur les disques durs ;
l
signer les formulaires ;
l
instituer une Commission nationale de cryptologie.
Ce texte, dont le décret d'application est en cours d'adoption, assure donc la
sécurité publique et renforce les moyens de lutte contre la cybercriminalité.
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Résumé : Le Sénégal dispose de l'une des plus grandes bandes passantes de
l'Afrique de l'Ouest. Il a mis à jour ses textes réglementaires plusieurs fois.
L'installation du moteur de recherche (google.sn) témoigne de la place des TIC.
3.7.4 Cas du NIGER
Drapeau
Carte
Population : 15 millions d'habitants
Superficie : 1 267 00 km2
Capitale : Niamey (674 950 habitants)
Langue officielle : Français
Langue de travail : Français
Langues nationales : Haoussa, Djerma, Songhaïs, Kanouri, Touareg.
Population urbaine : 20%
Taux d'alphabétisation : 30%
PIB/habitant : 400 $
Croissance PIB : 9% (2008)
Nombre d'utilisateurs Internet : 80 000
Taux de pénétration : 0,5%
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Connectivité : Le Niger dispose d'une connectivité faible qui n'atteint pas
200 Mégabits. Il est raccordé au câble SAT3 via le Bénin. Les tarifs Internet
sont très élevés. 80% des communautés rurales au Niger n'ont toujours pas
accès à des services de communication de base comme le mobile ou la
téléphonie fixe, et donc encore moins à l'Internet. Il est à noter que des projets
ouest africains de connectivité des pays enclavés, comme le Niger, existent.
Cadre réglementaire : Le Niger a adopté plusieurs textes réglementaires et
politiques relatifs aux TIC, mais qui sont aujourd'hui dépassés à cause de
l'évolution de des télécommunications et de l'Internet.
Résumé : Le Niger est un pays enclavé, ses indicateurs de TIC sont parmi les
moins performants du monde : classé parmi les derniers par le forum
économique mondial de Davos, 2009. Le Niger doit rénover ses textes
réglementaires et sa politique relatifs aux TIC, il doit améliorer sa
connectivité et entreprendre une stratégie de formation d'experts dans le
domaine des TIC.
4. Conclusion et Recommandations
Des progrès notoires ont été accomplis, en Afrique, dans le domaine des TIC.
En effet, on a constaté : i) l'élaboration de plusieurs stratégies et cadres
réglementaires plus appropriés, ii) la réalisation de quelques projets importants
de connectivité pour l'Afrique, iii) la reconnaissance par tous les acteurs de
l'Internet que la gestion de l'Internet doit être «multilatérale,transparente et
démocratique, avec la pleine participation de tous les états, du secteur privé, de
la société civile et des organisations internationales, et doit assurer une
répartition équitable des ressources, dans le respect du multilinguisme».
Malgré ces efforts, la fracture numérique persiste. Plusieurs défis doivent être
relevés, ils se situent essentiellement au niveau de la gouvernance.
La bonne gouvernance de l'Internet peut contribuer à promouvoir l'économie
des TIC et stimuler le développement économique, culturel et social des pays
africains.
Elle devrait contribuer à l'amélioration de la qualité de la vie des citoyens en
offrant de nouvelles possibilités en matière d'emploi, de productivité,
d'éducation, de recherche, d'innovation, de créativité, de santé, de services
commerciaux et de services publics.
Pour améliorer cette gouvernance, nous proposons les recommandations
suivantes :
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R1. Réactualisation des stratégies et des cadres réglementaires
Plusieurs réglementations africaines, en matière de TIC, doivent être
actualisées; elles ne tiennent pas toujours compte des innovations
technologiques croissantes, elles ne prennent pas encore en compte la
convergence et ne favorisent pas l'investissement. Les politiques, stratégies, les
lois et réglementations doivent être un équilibre approprié d'autorégulation,
d'incitation à l'investissement, à la concurrence et à l'innovation, de renforcement
des droits des consommateurs, de protection des informations à caractère
personnel, de respect du droit de propriété intellectuelle, et de protection des
mineurs et des groupes vulnérables. Ces réactualisations de stratégies et
révisions de cadres réglementaires doivent se faire en concertation avec le
secteur privé et les utilisateurs et contribuer au développement de l'économie
Internet. Elles doivent faciliter la convergence des réseaux, applications, services
numériques et matériels (appareils).
R2. Développement des contenus et préservation de la diversité
linguistique et culturelle
Internet doit mieux participer au développement culturel et linguistique des
pays du sud. Pour cela, les pays africains doivent avoir une politique de
développement de contenus qui donnent la priorité au respect de la diversité
culturelle et linguistique sur le Web et qui sera facilité, entre autres, par
l'introduction des IDN. Il est, donc, important i) d'inciter les africains à la
production culturelle, informationnelle et littéraire de contenus sur Internet dans
différentes langues dont les langues africaines ; ii) de sensibiliser et mobiliser le
public et les décideurs sur les enjeux stratégiques liés aux langues africaines et
leur présence sur l'Internet, iii) d'appuyer les ccTLD pour l'introduction d'IDN en
caractères de langues africaines en partenariat avec l'ACALAN (Académie
Africaine des Langues), l'AfTLD (African Top Level Domains Organization),
l'ASIWG, l'ADNPP, l'UNESCO et l'ICANN.
R3. Renforcement des infrastructures et services pour
améliorer le bien être social (connectivité, points d'échange,
protocole IPv6, modernisation)
3.1. Les pays africains doivent poursuivre les efforts réalisés en matière de
connectivité haut débit. Cela aussi bien, au niveau régional en faisant profiter les
pays enclavés aux câbles sous-marins, qu'au niveau national en assurant la plus
large couverture possible. Le spectre des radiofréquences doit être utilisé de
façon efficiente afin de faciliter l'accès à Internet.
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Pour cela, il faut stimuler et participer à l'investissement et à la concurrence
dans la mise en place d'infrastructure à haut débit et la prestation de services
fondés sur l'Internet à l'intérieur et au-delà des frontières.
3.2. Pour améliorer la qualité de service, réduire les temps d'attente et
certains coûts, les pays africains et leurs fournisseurs d'accès Internet doivent
faciliter la création de points d'échanges.
3.3. Compte tenu de l'épuisement très prochain des adresses IPv4 et de la très
forte demande d'adresses IP due à la convergence et la nécessité de connecter des
milliards de personnes et d'appareils, il est plus qu'urgent de procéder au
déploiement du nouveau protocole IPv6. Ce déploiement doit se faire en
concertation avec toutes les parties prenantes (opérateurs, ccTLD, secteur privé,
utilisateurs,…), tout en tenant compte de la continuité de service, de la sécurité
et de la stabilité, et en procédant à des stratégies de formation et de
sensibilisation.
3.4. Les pays africains doivent élaborer des stratégies TIC permettant
d'améliorer l'accessibilité des services publics et les soins de santé. Cela passe
nécessairement par des politiques de création de réseaux nationaux et régionaux
et des programmes de formation pour les utilisateurs.
Au niveau administratif, Internet peut «contribuer aux efforts déployés pour
faire reculer la corruption, favoriser une plus grande ouverture et la confiance
dans l'administration et réduire les dépenses publiques et augmenter les gains de
productivité».
Pour le secteur de la santé, «il faut développer les infrastructures
d'information de santé, améliorer l'utilisation des applications TIC avancées et
assurer leur articulation en ce qui concerne les systèmes électroniques de gestion
de dossiers des patients, le suivi et la prestation de soins de santé à distance ainsi
que l'amélioration des diagnostics et les technologies de l'imagerie».
R4. Appui aux secteurs de l'éducation et de la recherche
Pour les secteurs éducation et recherche, l'aspect qualitatif doit primer, pour
cela : il faut améliorer la connectivité au niveau des établissements d'enseignement
supérieur et de recherche, procéder à des programme de formation de formateurs
dans les domaines appropriées des TIC, inciter les enseignants aux
développements de contenus adéquats, privilégier l'efficacité de l'utilisation des
TIC et «veiller à ce les jeunes apprennent à faire un usage approprié, éducatif et
sûr de l'Internet, ce qui suppose la sensibilisation aux questions de plagiat et à
l'exercice de l'esprit critique dans l'utilisation des sources».
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Pour renforcer ces deux importants secteurs, les gouvernements africains
doivent i) conforter le caractère ouvert, décentralisé, dynamique de l'Internet
permettant la libre circulation de l'information, la formation, la recherche,
l'innovation et l'esprit d'entreprendre ; ii) faciliter le développement de contenus
académiques, de données scientifiques ouverts et inter opérables, sous formats
numériques et largement accessibles ; iii) encourager les universités, les centres
de recherche, les entreprises à travailler ensemble sur des réseaux d'innovation
collaboratifs ; iv) renforcer le développement de ressources humaines qui
amplifient l'acquisition des compétences dans le domaine des TIC de manière à
tirer pleinement partie de l'Internet.
R5. Instauration d'une plus grande éthique, d'un Internet de
confiance et d'un Web plus sécurisé
Malgré les multiples avantages de l'Internet, il existe de nombreux risques sur
le Web. Parmi lesquels : l'atteinte à la vie privée, le vol d'identité, le harcèlement,
les accès à des contenus non désirés. Pour instaurer la confiance, il est plus que
nécessaire de sécuriser le Web. Cette sécurisation demande la création des
identités numériques dignes de confiance, la protection des consommateurs, des
informations personnelles, des mineurs, des groupes vulnérables et des
communautés. Elle doit défendre la liberté d'expression dans le respect de la vie
privée, des groupes et communautés, s'opposer au filtrage obligatoire, à la
censure et à l'incrimination des contenus qui sont protégés par les normes
internationales de la liberté d'expression.
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