Biotoxines marines
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Biotoxines marines
Biotoxines marines Application des techniques LC et LC-MS dans le laboratoire des biotoxines marines Les toxines marines ont d’importantes conséquences pour l’économie et la santé publique. De vastes programmes de monitoring sont dès lors requis. Plusieurs groupes de toxines marines ont été décrites, les plus connues étant : • les amnesic shellfish poisoning toxines (ASP), dont le principal représentant est l’acide domoïque • les diarrhetic shellfish poisoning toxines (DSP) qui comptent plusieurs sous-groupes comme le groupe de l’acide okadaïque (OA et des dinophysitoxines : DTX1, DTX2 et DTX3), les pecténotoxines (PTXs: PTX1 et PTX2), les azaspiracides (AZAs : AZA1, AZA2, et AZA3) et les yessotoxines (YTXs : YTX, 45-OH-YTX, homo-YTX et 45OH homo-YTX). Les deux derniers sont considérés comme des groupes séparés étant donné que les AZAs sont très toxiques et que les YTX ne produisent pas de troubles gastro-intestinaux. • les paralytic shellfish poisoning toxines (PSP): le groupe des saxitoxines (STX). Bien qu’on soit en présence d’un fort besoin international de meilleures méthodes de détermination de ces toxines, de nouvelles méthodes validées officielles ne sont pas encore disponibles. Il y a une série de méthodes de référence qui ont été décrites dans les règlements de l’UE pour la détermination des biotoxines marines dans les coquillages (Règlement (CE) n° 2074.2005, Règlement (CE) n° 1664/2006, Règlement (CE) n° 1244/2007). Ces méthodes comprennent un essai biologique sur souris (MBA) pour les STX et les toxines lipophiles, un essai biologique sur rats (RBA) pour les toxines lipophiles, une méthode de chromatographie en phase liquide à haute pression (HPLC) pour les toxines STX et l’acide domoïque, et des méthodes basées sur les anticorps (ELISA) pour le screening de l’acide domoïque. Selon les rapports, seuls les essais biologiques pour l’analyse des toxines lipophiles n’ont encore jamais été soumis à une procédure de validation par un essai interlaboratoires. Les autres méthodes ont été validées et standardisées par l’AOAC-international (Association of Official Analytical Chemists). Ces méthodes AOAC offrent de nombreux avantages et sont utilisées pour déterminer le respect des prescriptions officielles, pour contrôler et traiter la qualité, pour poser des exigences et pour évaluer le respect des conditions fixées dans les missions et pour soutenir la recherche scientifique. Il y a aussi d’autres possibilités de standardiser une méthode, comme la procédure CEN en Europe. 16 L’impact d’une méthode AOAC a un caractère international. On peut citer comme exemple une méthode alternative pour les toxines PSP officielles (OMA 2005, 06). Dès que cette méthode eut été étudiée et approuvée par la Marine and Freshwater Toxines Task Force et le bureau des méthodes officielles (OMB) de l’AOAC, plusieurs formations, directives UE et revues du Codex Alimentarius ont suivi. Un affinement et une extension de la méthode fut immédiatement la priorité dans les différents centres d’expertise et laboratoires légaux aux USA. Depuis l’année dernière, le LNR du Royaume Uni a une version affinée et automatisée de cette méthode (avec une oxydation de colonne pré-LC) pour les toxines du groupe PSP. Ceci permet d’avoir une meilleure disponibilité de méthodes plus rapides et plus sensibles, et de réduire l’utilisation d’animaux expérimentaux. Actuellement, l’extension de la méthode HPLC-FLD (chromatographie en phase liquide à haute pression avec détection par fluorescence) pour les toxines PSP est, à côté du remplacement du MBA pour la détermination des toxines lipophiles, l’un des principaux sujets pour le Community Reference Laboratory (EURL). La présentation de la méthode dite de Lawrence, telle que publiée dans l’AOAC Official Method 2005.06 pour la détermination des toxines PSP par HPLC, est évaluée quant à des normes plus disponibles et pour lesquelles la méthode n’a pas d’abord été validée. Cette méthode est applicable pour la détermination de la saxitoxine (STX), de la néosaxitoxine (NEO), des gonyautoxines 2 et 3 (GTX 2, 3; ensemble), des gonyautoxines 1 et 4 (GTX 1, 4; ensemble), de la décarbamoyl Saxitoxine (dcSTX), B-1, C-1 et C-2 ensemble, et C-3 et C-4 (ensemble) dans les coquillages (moules, coques, huîtres et coquilles Saint-Jacques). Récemment, la performance analytique de methode a été évaluée pour les autres toxines telles que dcNEO, dcGTX 2,3 et GTX6 in either collaborative studies or single laboratory validations. Le LNR-BE a validé la méthode et il est impliqué en permanence dans les activités organisées par le EURL pour les biotoxines marines. Tant les laboratoires nationaux de référence que les laboratoires de contrôle officiels sont obligés d’utiliser les méthodes de référence pour leurs programmes de contrôle. La méthode la plus utilisée pour la détection de biotoxines marines lipophiles dans les coquillages est le MBA. On propose actuellement de la remplacer par une méthode chimique. Le MBA comprend l’injection d’un extrait de coquillage dans la cavité abdominale de souris. La mort de la souris indique la présence de toxines marines. Toutefois, l’Autorité européenne de Sécurité alimentaire (EFSA) a fait remarquer que le MBA s’avérait ne pas être suffisamment apte à protéger mieux et plus précocement les consommateurs. C’est pourquoi la Commission européenne a décidé en 2009 qu’une méthode plus spécifique était nécessaire. Actuellement, on s’intéresse en Europe à la recherche interlaboratoires et à la validation de la détection de toxines marines lipophiles dans les coquillages par chromatographie en phase liquide associée à la spectrométrie de masse (LCMS). Ce test doit finalement détecter simultanément plus de dix toxines lipophiles (acide okadaïque, DTXs, AZAs, PTXs et YTXs), avec des limites de détection inférieures à 40 mg/kg. C’est à dire quatre fois inférieures aux limites actuelles. En Belgique, le Laboratoire national de référence (LNR) pour le contrôle des biotoxines marines a également collaboré étroitement avec le laboratoire de référence européen (EURL-LNR) pour le développement d’une méthode chimique d’analyse des toxines lipophiles en alternative à l’essai biologique sur souris. Grâce aux efforts du LNR, la méthode a été validée en 2009. Cette méthode utilise une technologie de séparation UPLC, ce qui permet d’obtenir un temps d’analyse plus court et une meilleure identification des toxines. Dans l’intervalle, l’AFSSA (Agence Française de Sécurité sanitaire des Aliments) a réagi positivement en voulant utiliser cette méthode dans des programmes de monitoring et de contrôle. L’AFSSA voulait ainsi anticiper rapidement et vivement les conséquences possibles de la toxicité atypique depuis 2005. Le MBA aurait en effet donné de nombreux résultats faussement positifs. Or, les résultats positifs avec l’essai biologique sur souris n’ont pas été confirmés par la méthode chimique. Dans les développements ultérieurs de la détection des toxines connues et émergentes, la Commission européenne travaille aux aspects pratiques du remplacement du MBA par des méthodes chimiques. La méthode du MBA ne pourra plus être utilisée que pendant la “phase de transition”. Cette phase dépend des besoins des différents LNR à se pourvoir en matériel et en personnel. Mirjana Andjelkovic (ISP, 1050 Bruxelles) [email protected] 17