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Abstracts du Colloque
Abstracts
/
Résumés
«
Linguistique
et
traductologie
:
les
enjeux
d’une
relation
complexe
»
Paola
Artero
:
Analyse
du
point
de
vue
et
de
l’idéologie
dans
les
traductions
françaises
de
The
Chronicles
of
Narnia
The
Chronicles
of
Narnia
(1950‐1956)
de
C.
S.
Lewis
est
un
célèbre
recueil
de
sept
romans
appartenant
au
genre
de
la
littérature
de
jeunesse
et
dont
le
substrat
symbolique
évoque
la
tradition
chrétienne.
Cette
œuvre
fait
actuellement
l’objet
d’un
projet
de
thèse
de
traductologie,
centré
sur
l’analyse
d’un
corpus
parallèle
numérisé
incluant
les
originaux
en
anglais
et
les
traductions
françaises,
dans
leur
version
plus
récente
et
complète,
publiée
par
Gallimard
en
2005
sous
le
titre
Le
Monde
de
Narnia.
S’appuyant
sur
les
principes
de
la
pragmatique
et
de
la
CDA
(Critical
Discourse
Analysis),
à
la
croisée
de
la
linguistique,
de
la
narratologie
et
de
la
stylistique,
notre
étude
vise
à
porter
à
la
surface
les
marqueurs
idéologiques,
à
travers
une
analyse
approfondie
du
point
de
vue
et
de
sa
transposition
en
traduction,
par
une
démarche
descriptive
et
contrastive.
Pour
cela,
la
linguistique
offre
des
outils
précieux,
permettant
d’identifier
dans
le
texte
les
éléments
qui
incarnent
cette
instance
narrative,
tels
que
la
modalité,
les
déictiques,
la
transitivité
(Simpson
1993,
Bosseaux
2007),
mais
aussi
les
phénomènes
pragmatiques
de
la
politesse
et
les
choix
lexicaux.
Nous
souhaitons
partager
nos
premières
découvertes
à
travers
une
série
d’exemples
tirés
des
sept
romans,
traduits
(ou
retraduits)
par
des
traducteurs
différents,
avec
une
attention
particulière
à
la
dimension
du
sacré.
Cette
étude
de
cas
veut
donner
un
aperçu
du
travail
de
recherche
en
cours,
où
une
analyse
quantitative
des
textes
alignés,
effectuée
à
l’aide
du
logiciel
WordSmith
Tools,
sera
accompagnée
par
une
analyse
qualitative
«
manuelle
»,
dans
le
sillage
des
études
traductologiques
sur
corpus
ou
Corpus‐Based
Translation
Studies
(Kenny
2001,
Munday
2002,
Zanettin
2002,
Bosseaux
2007).
Si,
comme
le
suggèrent,
parmi
d’autres,
Hatim
et
Mason
(1990)
Simpson
(1993)
et
Lecercle
(1999),
l’idéologie
est
la
langue,
dès
son
début
l’analyse
contrastive
des
textes
originaux
et
des
traductions
montre
clairement
les
interrelations
et
l’interdépendance
entre
un
texte
et
son
contexte,
ou
son
environnement
socioculturel,
et
la
position
de
son
auteur/traducteur
dans
ce
même
système
sociolinguistique.
Le
genre
de
la
littérature
de
jeunesse,
toujours
tendu
vers
un
but
éducatif,
s’avère
ainsi
un
véhicule
axiologique
puissant,
qui
reflète
et
contribue
à
faire
évoluer
les
valeurs
qu’une
société
défend
et
transmet
dans
un
moment
donné,
en
garantissant
une
continuité
intergénérationnelle.
Ce
travail
de
recherche
ne
pourrait
pas
avoir
lieu
sans
la
contribution
de
disciplines
différentes,
dont
la
linguistique
et
la
traductologie
représentent
la
clé
de
voûte
et
qui,
toutes,
permettent
d’aborder
l’univers
textuel
dans
le
but
d’une
meilleure
compréhension
des
enjeux
et
des
normes
qui
sous‐tendent
la
traduction,
et
en
particulier
la
traduction
de
livres
pour
enfants.
1
Yves
Bardière
:
Approche
linguistique
et
traductologique
des
formes
narratives
de
l’anglais
et
du
français
Cette
étude
se
penche
sur
la
traduction
en
anglais
des
formes
verbales
du
français
en
contexte
narrratif.
Trois
cas
seront
analysés,
essentiellement
dans
le
cadre
théorique
de
la
psychosystématique
guillaumienne,
à
partir
d’exemples
littéraires
:
l’imparfait
narratif,
l’imparfait
historique
et
le
plus‐que‐parfait
narratif.
Je
pars
du
principe
que
la
représentation
aspectuelle
de
l’imparfait
demeure
invariante,
quel
que
soit
son
emploi
discursif.
La
déformation
quantitative
qui,
chez
certains
tenants
de
l’approche
imperfectiviste,
vise
à
réduire
ω
(part
d’accompli)
à
la
quasi‐nullité
et
octroyer
à
α
(part
d’inaccompli)
la
quasi‐totalité
ne
relève
que
d’un
signifié
d’effet
entièrement
dû
au
dis‐
cours.
Ce
signifié
d’effet
constitue
néanmoins
un
critère
prépondérant
en
traduction.
Il
confère
à
l’imparfait
l’allure
d’un
passé
simple
avec,
pour
conséquences
fondamentales,
une
perfectivation
apparente
du
procès
et
sa
participation
à
la
chronologie
événementielle.
Nous
verrons
qu’il
ne
s’agit
en
fait
que
d’un
leurre.
Même
en
pareil
cas,
l’imparfait
conserve
sa
valeur
imperfective
de
langue
et
ce
sont
en
général
d’autres
facteurs
(co‐textuels
et
/
ou
contextuels)
qui
prennent
en
charge
la
dynamique
narrative.
La
valeur
stylistique
produit
par
l’imparfait
narratif
par
opposition
au
passé
simple,
avec
lequel
il
commute
dans
ce
type
d’emploi,
est
généré
par
la
superposition
apparemment
inconciliable
de
deux
effets
contradictoires
:
un
effet
de
dynamisme
lié
à
l’insertion
d’un
événement
dans
le
récit
et
un
effet
de
stase
lié
à
l’imperfectivité
de
la
forme
verbale.
L’impression
d’alenti
est
également
due
à
l’inversion
de
la
fluence
temporelle
Ces
valeurs
sont
la
plupart
du
temps
sacrifiées
sur
l’autel
de
la
traduction.
Sur
le
plan
narratologique,
la
notion
de
«
point
de
vue
représenté
»,
mis
en
évidence
par
A.
Rabatel,
est
elle
aussi
perdue.
Dans
les
exemples
observés,
l’imparfait
narratif
se
traduit
en
effet
massivement
par
le
prétérit
simple.
La
préférence
très
marquée
pour
la
forme
simple
du
prétérit
s’explique
pour
au
moins
deux
raisons
:
1)
l’impact
de
la
chronologie
d’expérience
2)
La
parenté
exceptionnelle
qu’entretient
l’imparfait
narratif
avec
à
la
fois
le
passé
simple
et
à
l’imparfait
classique.
Cette
double
face
le
rend
extrêmement
proche
du
prétérit
simple
anglais
susceptible
précisément
de
correspondre
à
ces
deux
temps
du
français.
Malgré
cette
forte
convergence
en
discours,
imparfait
narratif
et
prétérit
simple
conservent
leur
divergence
en
langue,
justifiant
ainsi,
chez
certains
traducteurs,
le
maintien
d’une
forme
imperfective.
À
la
valeur
narrative
de
l’imparfait
s’ajoute
parfois
la
coloration
historique
de
l’imparfait.
Je
qualifie
d’
«
historique
»
les
faits
réels
appartenant
à
l’Histoire,
par
opposition
à
«
narratif
»
caractérisant
les
faits
fictifs
appartenant
à
l’histoire.
Dans
le
premier
cas,
les
événements
rapportés
acquièrent
cette
globalisation,
distanciation
et
objectivisation
propres
à
l’Histoire.
Ici
plus
qu’ailleurs,
ils
semblent
«
se
raconter
d’eux‐mêmes
».
Chaque
procès
ou
presque
est
affecté
de
son
complément
temporel.
La
dynamique
narrative
semble
alors
courir
sur
son
erre.
Contrairement
aux
imparfaits
dits
narratifs,
l’imparfait
historique
permet
également
à
des
procès
lexicalement
imperfectifs
d’insérer
des
événements
dans
la
linéarité
temporelle,
au
même
titre
que
les
formes
lexicalement
perfectives,
sans
pour
autant
introduire
une
digression
de
type
commentaire.
Ces
différents
critères
ne
font
qu’exacerber
la
parenté
de
cet
imparfait
avec
le
passé
simple.
Sous
réserve
de
vérification
ultérieure,
cette
proximité
explique
le
recours
systématique
et
quasi
contraignant
à
l’aspect
grammatical
perfectif
en
anglais.
Le
plus‐que‐parfait
narratif
(du
type
Deux
heures
après
avoir
quitté
le
Nautilus,
nous
avions
franchi
la
ligne
des
arbres
(Jules
Verne))
donne
lieu
à
des
traductions
plus
variées.
Il
ne
2
marque
pas
dans
ce
cas
l’antériorité
par
rapport
à
l’événement
précédent
mais
l’inscrit
à
sa
suite,
l’adverbial
temporel
antéposé
jouant,
à
cet
égard,
un
rôle
essentiel.
Seule
est
donc
évoquée
la
transcendance
opérative.
Le
prétérit
immanent
s’intéresse
à
l’opération
verbale,
le
prétérit
transcendant
au
résultat.
Il
appartient
au
traducteur
d’estimer,
selon
l’emploi,
l’importance
susceptible
d’être
accordée
au
résultat
par
rapport
à
l’opération.
Toutefois,
force
est
de
constater
que
la
chronologie
événementielle
s’avère
là
encore
souvent
prépondérante
au
point
que,
dans
bien
des
cas,
l’imparfait
narratif,
le
passé
simple
et
même
le
présent
narratif
peuvent
se
substituer
au
plus‐que‐parfait
sans
nuire
à
la
cohérence
grammaticale
et
sémantique
des
énoncés.
Le
prétérit
simple
fait
puissanciellement
la
synapse
entre
ces
quatre
temps
du
français.
On
posera
donc
que
le
poids
de
la
chronologie
narrative
plaide
une
fois
de
plus
en
faveur
de
l’emploi
du
prétérit
simple
en
anglais
pour
traduire
le
plus‐que‐parfait
narratif.
Les
quelques
cas
évoqués
sommairement
ici
auront
peut‐être
le
mérite
de
montrer
à
quel
point
toute
opération
de
traduction
gagne
à
être
sous‐tendue
d’une
réflexion
linguistique.
Cette
mise
en
correspondance
permet
de
réduire
les
écarts
entre
texte
source
et
texte
cible,
ou
de
favoriser,
tout
du
moins,
une
prise
de
conscience
des
risques
d’entropie
qu’encourt
la
traduction
lorsqu’elle
se
laisse
guider
uniquement
par
des
considérations
orthonymiques.
Kate
Beeching
:
How
sort
of
‘linguistic’
is
translation
equivalence?
Since
the
‘cultural
turn’
in
translation
studies
in
the
1990s,
the
role
of
linguistics
has
been
downplayed
in
translation
theory.
The
development
of
linguistic
pragmatics
and,
in
particular,
of
relevance
theory,
enhances
the
ability
of
linguistics
to
account
for
features
of
translation
but
also
foregrounds
translation
as
an
heuristic
tool
for
linguistics;
translation
makes
the
contextual
meanings
which
are
the
focus
of
pragmatics
explicit.
Drawing
on
Charles
Sanders
Peirce’s
(1931‐35,
1958)
triadic
approach
to
semiology
and
Gutt’s
(1991,
2005)
relevance‐theoretic
model
of
inferencing
and
interpretation,
the
paper
will
aim
to
illustrate
the
‘communicative
clues’
addressed
by
both
linguistic
pragmatics
and
translation,
and
evaluate
the
extent
to
which
the
disciplines
can
work
together
in
a
common
cause.
A
parallel
corpus
investigation
of
translations
of
sort
of
into
French
will
be
used
to
illustrate
the
argument.
Maryvonne
Boisseau
:
Lire
et
relire
Jacqueline
Guillemin‐Flescher
Parmi
les
travaux
de
linguistes
qui
ont
contribué,
et
contribuent
encore,
à
la
réflexion
sur
les
relations
entre
linguistique
et
traduction,
ceux
de
Jacqueline
Guillemin‐Flescher
occupent
depuis
les
années
1980
une
place
de
choix.
L’ampleur
de
ces
travaux,
leur
portée
théorique
et
surtout
l’originalité
d’une
démarche
visant
notamment
à
révéler
la
spécificité
des
langues
comparées,
l’anglais
et
le
français,
nous
semble
cependant
à
la
fois
largement
reconnue
et
pourtant,
à
bien
des
égards,
également
méconnue.
Leur
reconnaissance,
en
effet,
ne
vient
sans
doute
pas
tant
du
fait
qu’ils
illustrent
de
façon
magistrale
un
mode
de
relation
entre
la
linguistique
théorique
et
la
traduction
que
de
la
richesse
des
applications
méthodologiques
que
la
démarche
de
Guillemin‐Flescher
a
suscitées.
Il
nous
semble
cependant
que
le
champ
de
recherche
ouvert
par
Guillemin‐
3
Flescher
déborde,
comme
le
souligne
Antoine
Culioli
dans
la
préface
à
la
Syntaxe
comparée
du
français
et
de
l’anglais,
la
seule
linguistique
pour
ouvrir
à
la
recherche
en
traduction
des
perspectives
nouvelles
et
toujours
actuelles.
Ainsi,
dans
un
premier
temps,
plus
que
les
applications
méthodologiques,
cette
communication
se
propose
de
revenir
aux
sources
de
la
démarche
de
Guillemin‐Flescher
afin
précisément
d’examiner
de
façon
critique
ce
mode
de
relation
entre
linguistique
et
traduction
qu’elle
a
mis
en
œuvre
selon
certains
principes
sans
cesse
réitérés.
Elle
a
en
effet
délimité
un
champ
d’observation
et
d’étude
qui
s’attache
à
l’ordinaire
de
«
l’organisation
collective
du
discours
»
que
la
récurrence
des
phénomènes
rend
patente.
Ceci
exclut
alors
ce
qui
relève
du
style.
Or
les
rapprochements
récents,
voire
la
confusion
grandissante,
entre
stylistique
et
linguistique
peuvent
amener
à
s’interroger
sur
cette
limite
fixée
à
l’approche
des
problèmes
de
traduction
par
Guillemin‐Flescher.
Dans
le
même
temps,
sa
recherche
embrasse
une
grande
diversité
de
textes
et
de
situations,
brouillant
ainsi
la
frontière
entre
textes
«
littéraires
»
et
textes
pragmatiques.
Comment
alors
exclure
de
l’analyse
linguistique
le
fait
de
style
?
Comment
ne
pas
considérer
que
la
construction
du
sens
s’élabore
aussi
dans
l’agencement
particulier
d’une
figure
de
style
comme
la
métaphore,
ou
la
répétition,
par
exemple
?
Faudrait‐il
donc
exclure
de
l’analyse
linguistique
et
contrastive
celle
des
textes
poétiques
et
de
leurs
traductions
?
Si
l’on
se
risque
à
tenter
cette
analyse,
on
se
demandera
alors
quelles
récurrences
propres
au
langage
poétique
sont
mises
au
jour
et
quels
enseignements
on
peut
en
tirer
pour
la
linguistique
et
pour
la
traduction
du
poème.
Nous
tenterons
donc
dans
une
seconde
partie
l’analyse
de
plusieurs
textes
en
prose
et
en
vers
d’A.
Rimbaud,
traduits
par
Ciaran
Carson
et
Derek
Mahon,
deux
poètes
traducteurs
irlandais
contemporains,
en
privilégiant,
à
l’instar
de
Guillemin‐Flescher,
une
approche
par
«
problème
».
Nous
essaierons
de
montrer
que
la
langue
du
poème
et
la
langue
de
sa
traduction
relèvent
aussi
d’une
démarche
contrastive
ouverte
et
d’une
approche
de
la
traduction
fondée
sur
une
théorie
linguistique
cohérente.
Alex
Boulton
:
Applying
corpora
in
translation:
Uses,
outcomes
and
reactions
among
novice
users
The
advent
of
language
corpora
in
the
second
half
of
the
20th
century
has
left
virtually
no
domain
of
linguistics
untouched.
This
is
partly
because,
apart
from
constituting
an
object
of
research,
they
also
(if
controversially)
represent
a
methodology
for
linguistic
enquiry.
As
such,
they
can
be
applied
in
any
text‐based
field
from
cultural
studies
to
literature,
and
even
for
learning
purposes
as
long
as
the
learner
is
put
in
the
position
of
‘researcher’
in
what
Johns
(1990)
has
called
“data‐driven
learning”.
Though
DDL
is
most
closely
associated
with
language
learning,
the
main
interest
of
corpora
for
language
learners
may
be
as
a
reference
resource
in
producing
and
revising
written
texts,
including
for
translation
purposes
–
indeed,
considerable
work
has
been
conducted
on
the
use
of
corpora
in
dedicated
translation
degrees
especially
using
parallel
corpora
(e.g.
Beeby
et
al.
2009).
Less
has
been
made
of
corpora
in
the
ubiquitous
translation
courses
of
general
undergraduate
language
degrees
(cf.
Zanettin
2009),
though
the
advantages
frequently
attributed
to
corpus
consultation
are
likely
to
apply
here
too.
This
paper
explores
the
first
corpus
steps
of
3rd‐year
English
undergraduates
in
France.
The
students
have
no
previous
experience
of
corpus
use,
and
the
distance
context
limits
the
opportunities
for
training
as
4
well
as
access
to
corpora
and
tools.
In
their
French‐English
translation
course,
they
are
required
to
use
the
free,
stable,
simple
interface
to
monolingual
English
corpora
(up
to
450M
words)
provided
by
Mark
Davies
at
http://corpus.byu.edu.
The
site
is
suitable
for
novice
users
and
is
accompanied
by
tutorials
and
help
features;
this
is
highly
desirable
in
the
distance
teaching
context
where
face‐to‐face
input
is
not
an
option,
and
means
that
the
course
itself
can
keep
the
introduction
to
the
basic
concepts
and
techniques
to
a
minimum.
After
that,
the
constraints
of
the
distance
context
play
to
the
strengths
of
constructivism
as
the
students
explore
the
corpora
on
their
own;
though
email
support
is
always
available,
and
there
are
discussion
forums
to
facilitate
peer‐to‐peer
collaboration,
these
are
generally
underused.
Following
an
earlier
pilot
study
(Author
2012),
the
results
presented
here
derive
from
an
on‐
line
evaluation
where
the
methodology
component
requires
the
students
to
choose
sections
of
a
previously
unseen
text
and
demonstrate
and
explain
how
they
use
corpora
to
solve
the
problems
encountered
in
context.
This
type
of
‘languaging’
(e.g.
Swain
2006)
draws
on
linguistic
knowledge,
self‐awareness
and
translation
competence,
thereby
constituting
a
useful
learning
technique
for
students
as
well
as
providing
valuable
insights
into
their
underlying
thinking.
The
data
show
how
the
students
come
to
grips
with
corpora
for
translation,
allowing
both
a
quantitative
analysis
of
the
functions
used
and
a
qualitative
analysis
of
individual
processes
and
outcomes.
The
findings
are
backed
up
by
questionnaires
submitted
at
the
end
of
the
course
to
gain
feedback
from
both
successful
and
less
successful
students.
Particular
attention
is
accorded
to
corpus
use
beyond
the
usual
concordance
lines,
including
frequencies,
register
distributions,
collocates
lists,
word
comparisons,
and
so
on,
which
allow
the
learner
to
ask
not
just
‘Can
I
say
this?’,
but
‘Is
this
appropriate
in
this
translation
context?’
Françoise
Canon‐Roger
:
Interprétation,
linguistique
et
traductologie
La
question
du
rapport
entre
traductologie
et
linguistique
ne
peut
pas
être
posée
sans
tenir
compte
de
leur
objet
commun.
Il
importe
donc
de
replacer
les
enjeux
de
la
traductologie
dans
une
perspective
herméneutique
propre
aux
textes
et
de
tenter
de
définir,
en
inversant
la
manière
habituelle
de
poser
le
problème,
quelle
linguistique
convient
pour
quelle
traductologie.
Yvon
Keromnes
:
Where
Linguistics
meets
Translation
Theory
‐
A
mootable
point
Examining
the
vexing
relation
between
linguistics
and
translation
theory
and
reviewing
the
difficulties
with
which
it
is
fraught,
we
reject
both
the
notion
of
a
proof
of
their
irreconcilable
differences
(Pergnier:
2004)
and
that
of
one
of
the
disciplines
totally
subsuming
the
other,
in
particular
the
idea
of
an
all‐encompassing
linguistics,
even
if
it
is
text
linguistics
(Rastier:
2011):
both
disciplines
have
concerns
that
are
not
germane
to
the
other.
Our
point
is
therefore
to
provide
a
clearer
representation
of
the
domain
where
the
two
disciplines
intersect.
Several
aspects
that
may
obscure
our
understanding
of
the
relation
between
the
two
disciplines
are
often
left
unsaid
or
simply
taken
for
granted;
among
the
points
falling
into
5
that
category
are
the
disunity
of
linguistics,
linguistics
and
assessment,
and
the
object
of
translation
theory.
There
is
no
more
unity
in
linguistics
than
in
translation
theory.
This
begs
the
question:
Which
linguistics
is
relevant
for
translation?
We
argue
that
linguistic
theories
which
are
not
based
on
corpuses
and
ignore
the
idiomatic
dimension
of
natural
languages
(e.g.
Universal
Grammar)
have
very
little
to
say
about
translation,
but
that
some
cognitive
approaches,
and
among
them
enunciative
theories,
are
particularly
apt
at
highlighting
translating
options
and
modelling
the
translating
process;
we
also
think
that
the
contribution
of
linguistics
to
translation
theory
cannot
be
limited
to
a
single
approach
–
and
should
emphatically
not
be
about
vindicating
one
particular
theory
–
and
we
agree
with
J.
Albrecht
(2005)
that
linguistic
matters
regarding
translation
require
a
‘philological’
approach
drawing
as
need
be
from
all
subdisciplines
concerned
with
the
relation
between
meaning
and
form
(e.g.
lexicology,
stylistics,
rhetoric).
Another
aspect
mostly
left
unmentioned
is
the
prescriptive/descriptive
opposition.
If
linguistics
is
supposedly
‘value‐free’
and
intrinsically
descriptive,
the
notion
of
assessment
and
the
ability
to
distinguish
valid
choices
from
invalid
ones
are
central
to
translation
theory.
The
fact
is
that
linguists
do
pass
judgments
on
translation;
in
one
instance,
Albrecht
does
not
hesitate
to
call
a
translator
a
‘Stümper’
(bodger),
but
apart
from
helping
to
pinpoint
obvious
–
or
not
so
obvious
–
linguistic
blunders,
it
must
be
said
that
as
such,
linguistics
does
not
give
the
authority
to
globally
assess
a
translation.
First,
because
such
an
assessment
also
rests,
not
simply
on
aesthetics
(Ladmiral:
2011),
but
on
an
often
implicit
cultural
and
disciplinary
knowledge,
and
secondly,
because
this
assessment
ultimately
involves
a
certain
amount
of
subjectivity.
A
highly
comprehensive
method
of
translation
assessment
is
presented
by
Hewson
(2011)
who,
while
drawing
extensively
from
linguistic
theories,
and
in
particular
enunciative
linguistics,
also
makes
ample
use
of
other
philological
resources
to
assess
translations.
His
“Approach
to
Translation
Criticism”
aims
to
assess
translations
of
Flaubert’s
Madame
Bovary
in
English
and
Austen’s
Emma
into
French,
and
seems
to
place
his
endeavour
within
the
realm
of
literary
criticism.
Which
brings
us
to
the
last
point
we
wish
to
tackle:
there
is
no
reason
why
translation
theory
should
be
limited
to
literary
translation;
neither
the
assumption
of
a
hierarchy
of
genres
with
literature
at
its
summit
(and
poetry
at
its
summit’s
summit)
nor
the
notion
that
literature
subsumes
all
other
genres,
so
that
whatever
applies
to
literary
translation
would
perforce
apply
to
all
other
genres.
Although
there
might
be
a
hierarchy
of
genres
and
text
types
in
the
largest
sense
as
far
as
their
cultural
value
is
concerned,
and
although
a
literary
text
might
very
well
incorporate
most,
if
not
all
other
genres,
the
differences
between
difficulties
in
translating
different
genres
are
not
simply
a
matter
of
degree,
but
arguably
a
matter
of
nature
and
essentially
a
matter
of
function.
Terminology
is
hardly
an
issue
in
literary
texts
but
is
central
to
scientific
texts,
clarity
is
functionally
expected
of
a
scientific
text,
but
equivocation
and
vagueness
might
be
functionally
just
as
essential
in
most
legal
texts.
Translation
theory
needs
to
reflect
on
these
differences
and
on
the
often
conflicting
perspectives
they
entail,
and
if
it
cannot
hope
to
reconcile
them,
it
must
aim
at
integrating
them.
The
empirical
basis
of
our
discussion
is
a
digitized
corpus
of
two
of
Freud’s
essays,
Der
Dichter
und
das
Phantasieren
(1908)
and
Die
Inzestscheu
(1912)
with
several
translations
of
these
essays
in
English
and
in
French.
The
digital
corpus
enables
a
systematic
comparison
of
the
texts,
and
the
use
of
WordSmith,
the
software
for
lexical
analysis,
provides
indications
of
frequency,
concordances
and
key
words
in
context.
There
are
several
reasons
for
choosing
6
these
texts.
Among
them,
the
fact
that
translating
Freud
can
be
–
and
has
been
–
considered
both
a
literary
and
a
scientific
endeavour,
in
English
as
well
as
in
French,
on
the
one
hand
Strachey’s
scientific
neologisms
inspiring
the
work
of
Bourguignon
et
al.
(see
Altounian:
2003),
starting
with
the
publication
of
a
glossary
aimed
at
achieving
maximum
coherence
in
the
translation
of
the
Complete
Works
(PUF),
on
the
other
hand
more
literary
approaches,
e.g.
that
of
M.
Robert
in
French,
or
A.
Phillips
(2007)
in
English
who,
having
to
supervise
new
translations
of
Freud’s
works,
expresses
the
view
that
‘each
of
the
books
should
be
translated
by
a
different
person,
and
that
there
should
be
no
consensus
about
technical
terms.’
Translating
Freud
epitomizes
the
need
for
an
interdisciplinary
approach
to
translation
theory.
The
title
of
the
second
essay
alone
gives
an
idea
of
possible
philological
and
terminological
debates
behind
every
lexical
choice:
Inzestscheu,
La
Peur
(Jankelevitch),
L’Horreur
(Weber),
La
Crainte
(Altounian)
de
l’inceste,
The
Horror
(Strachey)
or
The
Savage’s
Dread
(Brill)
of
Incest.
Translating
Freud’s
style
has
brought
into
the
social
sciences
the
debate
between
sourcerers
and
targeteers
(Ladmiral:
1979);
it
has
been
claimed
that
Freud’s
language
is
unique,
but
also
that
it
is
notably
colloquial.
Within
such
an
interdisciplinary
approach,
and
tackling
for
instance
this
question
of
Freud’s
language,
we
want
to
show
how
it
is
possible
to
delineate
linguistics’
very
specific
contribution.
Natalie
Kübler
:
Langues
de
spécialité,
corpus
et
traductologie
:
un
manque
de
lisibilité
?
On
peut
en
effet
s’interroger
sur
les
relations
entre
l’étude
des
langues
de
spécialité
par
la
linguistique
de
corpus
et
la
traductologie.
Pourtant,
depuis
bientôt
une
vingtaine
d’années
(Aston
1999),
la
linguistique
de
corpus
s’intéresse
à
la
traduction,
et
de
plus
en
plus
à
la
traduction
spécialisée,
de
diverses
manières.
C’est
toute
une
école
qui
s’est
développée
pour
répondre
à
cette
question,
notamment
dans
les
conférences
CULT
et
TaLC.
Nous
nous
intéressons
ici
à
ce
que
l’on
appelle
la
traduction
spécialisée,
ou
plutôt,
la
traduction
pragmatique,
dont
l’objectif
est
d’être
le
plus
claire
possible
pour
le
destinataire
et
de
tenir
compte
de
ses
attentes.
L’apport
de
la
linguistique
de
corpus
en
traductologie
est
double.
D’une
part,
on
peut
chercher
à
décrire
la
langue
des
textes
traduits
comme
étant
un
troisième
code
que
l’on
peut
différencier
de
la
langue
originale
à
l’aide
de
la
méthodologie
de
la
linguistique
de
corpus
(Baker
1999).
L’analyse
de
corpus
permet
aussi
de
vérifier
les
préférences
de
choix
entre
deux
structures
quasiment
similaires
d’une
langue
à
l’autre
et
de
montrer
que
l’une
ne
traduit
pas
toujours
l’autre
(Loock
2013).
D’autre
part,
la
linguistique
de
corpus
représente
une
approche
permettant
d’éveiller
la
conscience
linguistique
des
traducteurs,
d’améliorer
leurs
stratégies
de
traduction
et
représente
un
outil
complémentaire
aux
dictionnaires
ou
aux
bases
de
données
en
ligne.
Un
traducteur
formé
à
cette
approche
devrait
être
capable
d’une
part
de
relever
immédiatement
les
difficultés
posées
par
un
texte
source,
mais
aussi
de
trouver
les
informations
indispensables
à
une
bonne
traduction
pragmatique.
Les
types
de
corpus
dont
le
traducteur
peut
faire
usage
sont
variés.
Il
peut
tout
d’abord
utiliser
les
corpus
dits
de
référence,
comme
le
BNC
et
le
Coca
pour
l’anglais,
le
Cosmas
pour
l’allemand
ou
Frantext
et
le
corpus
français
de
Leipzig
pour
le
français.
Cependant,
ces
gros
corpus
de
référence
ne
sont
pas
disponibles
dans
toutes
les
langues.
Il
faut
donc
compenser
leur
absence
par
l’utilisation
d’outils
d’interrogation
du
Web
comme
corpus
comme
SketchEngine
ou
WebCorp
par
exemple.
Par
ailleurs,
les
corpus
parallèles
peuvent
constituer
une
source
inépuisable
d’informations
bilingues
;
cependant,
outre
la
question
de
la
fiabilité
des
traductions,
se
pose
aussi
le
problème
du
manque
de
7
disponibilité
de
ces
corpus
dans
les
différentes
langues
et
du
temps
et
des
techniques
nécessaires
à
leur
compilation.
On
peut
les
remplacer
par
ce
que
l’on
appelle
des
corpus
comparables,
qui,
grâce
aux
outils
de
compilation
de
corpus,
se
construisent
relativement
facilement
de
nos
jours.
L’apport
de
l’analyse
sur
corpus
permet
à
un
traducteur
de
s’approprier
le
domaine
dans
lequel
il
traduit
en
recherchant
des
contextes
définitoires
grâce
à
des
marqueurs
linguistique
spécifiques.
Il
peut
ensuite
bien
sûr
travailler
sur
la
validation
de
termes
spécifiques
dans
la
langue
source
et
trouver
des
équivalents
dans
la
langue
cible.
Enfin,
l’analyse
sur
corpus
amène
à
éviter
les
erreurs
de
collocations,
permettant
ainsi
au
traducteur
de
rendre
sa
traduction
la
plus
idiomatique
possible
dans
la
langue
cible.
L’analyse
de
corpus
peut
aider
un
traducteur
à
repérer
des
phénomènes
comme
la
prosodie
sémantique,
difficile
à
traduire,
mais
indispensable
à
respecter.
Par
ailleurs,
la
linguistique
de
corpus
amène
à
constater
des
évolutions
linguistiques
ou
des
modifications
dans
le
comportement
de
certains
mots
(Hunston
2007),
que
l’intuition
seule
ne
peut
pas
forcément
percevoir.
On
peut
donc
dire
que
non
seulement
la
linguistique
s’interroge
et
tente
d’apporter
des
réponses
à
ce
qu’est
la
traduction,
mais
aussi,
et
surtout,
que
la
linguistique
de
corpus
représente
un
tournant
épistémologique
et
méthodologique
dans
la
description
et
la
compréhension
de
ce
qu’est
la
traduction.
Reste
une
place
à
l’invention
et
à
la
créativité
du
traducteur
que
l’on
a
du
mal
à
cerner.
Nous
chercherons
donc
à
rappeler
ce
que
la
linguistique
de
corpus
sait
faire
pour
la
traduction
spécialisée,
mais
aussi
dans
la
formation
des
traducteurs,
afin
de
souligner
ses
limites,
les
lieux
où
d’autres
approches,
outils,
explications
sont
nécessaires
pour
comprendre
la
traduction,
et
notamment,
cet
élément
un
peu
insaisissable
qu’est
l’inventivité
du
traducteur,
au
même
titre
que
l’intuition
du
linguiste,
les
deux
pouvant
d’ailleurs
mener
à
de
fausses
voies.
A
la
lecture
des
nombreuses
publications
du
domaine,
on
a
en
effet
un
peu
l’impression
que
l’on
trouve
tout
dans
les
corpus.
Nous
voulons
poser
la
question,
non
seulement
des
limites
externes
des
corpus,
qui
sont
bien
connues
et
inhérentes
à
la
disponibilité
des
textes,
mais
aussi
à
la
complexité
technique
que
constitue
la
compilation
de
certains
corpus,
mais
aussi
des
limites
internes.
En
effet,
si
la
traduction
peut
être
considérée
en
partie
comme
un
acte
linguistique,
elle
n’est
pas
que
cela.
L’acte
de
traduire
implique,
même
dans
des
textes
extrêmement
spécialisés,
une
connaissance
générale
et
culturelle
du
monde
qui
ne
se
trouve
peut‐être
pas
toujours
dans
les
corpus.
Il
implique
aussi
une
certaine
créativité
de
la
part
du
traducteur,
encore
une
fois,
même
dans
des
textes
très
spécialisés.
Nous
ne
prétendons
pas
pouvoir
répondre
à
toutes
ces
questions,
mais
chercherons
ainsi
à
mieux
cerner
les
limites
de
la
linguistique
de
corpus
en
traduction
et
la
place
du
traducteur,
c’est‐à‐dire,
du
facteur
humain,
qui
transgresserait
les
tendances
observées
par
la
linguistique
de
corpus,
dans
l’acte
de
traduire.
Pierre
Lejeune
:
Traduire
de
l’anglais
les
épithètes
adjectivales
et
participiales
renvoyant
à
l’évolution
d’une
variable
Les
études
contrastives
au
service
de
la
traduction
sont
aujourd’hui
volontiers
considérées
comme
ringardes.
Révélatrice
à
cet
égard
est
la
position
de
Ladmiral
à
propos
de
ce
qu’il
nomme
la
«traductologie
descriptive»
(qu’il
taxe
également
de
«traductologie
d’hier»)
:
«Tout
au
plus
cette
approche
restrictivement
linguistique
de
la
traduction
pourra‐t‐elle
être
mise
à
profit
dans
des
domaines
connexes,
comme
l’enseignement
des
langues,
voire
éventuellement
le
perfectionnement
linguistique
des
traducteurs.»
(2010
:
10)
Si
l’époque
du
8
«tout
linguistique»
de
la
traductologie
est
bel
et
bien
révolue,
n’est‐on
pas
passé
d’une
dictature
à
une
autre
avec
le
«tout
communicatif»
(approche
fonctionnaliste
de
Vermeer
et
de
Nord)
et
le
«tout
cognitif»
(théorie
de
l’interprétation
de
Lederer
et
Seleskovitch)
dénoncés
par
Rastier
?
Critiquant
ce
dernier
courant,
celui‐ci
rappelle
que
«le
sens
d’un
texte
peut
certes
avoir
des
corrélats
éidétiques
(images
mentales,
ou
conceptualisations
au
sens
fort
large
de
mise
en
sémantique
cognitive)
mais
ces
corrélats
variables
sont
des
effets
et
non
des
causes,
et
restent
déterminés
ou
du
moins
contraints
par
les
formes
sémantiques
et
expressives
du
texte,
qui
sont
des
formations
linguistiques
et
non
conceptuelles.»
(2011
:
33)
C’est
aux
formes
linguistiques
que
nous
nous
intéresserons
dans
cette
communication,
convaincu
avec
Ballard
que
l’«observation
de
traductions
réalisées
par
différents
types
de
traducteurs»
permet
aux
traducteurs
en
formation,
bien
au‐delà
d’un
simple
«perfectionnement
linguistique»,
de
«construire
une
compétence
réfléchie
en
matière
de
traduction»,
laquelle
passe
non
seulement
par
la
compréhension
du
texte
de
départ
mais
aussi
par
une
«réexpression
[qui]
peut
être
laborieuse»
(2003
:
8).
Nous
partirons
d’un
corpus
parallèle
de
deux
textes
originaux
anglais
et
de
leur
traduction
française
d’une
vingtaine
de
pages
chacun,
à
savoir
un
extrait
du
rapport
de
synthèse
du
GIEC
sur
le
réchauffement
climatique
de
2007
(Climate
Change
2007.
Synthesis
Report
:
Summary
for
Policy
Makers)
et
un
rapport
des
Nations
Unies
sur
la
conjoncture
économique
mondiale
(World
Economic
Situation
and
Prospects
2012:
Executive
Summary).
Ces
deux
textes
présentent
de
nombreuses
caractéristiques
communes
:
produits
par
des
experts
à
destination
d’un
public
assez
large,
ils
décrivent
l’évolution
passée
et
prévoient
l’évolution
future
d’un
certain
nombre
de
variables
(température,
précipitations,
niveau
de
la
mer,
production,
inflation,
chômage,
etc.).
Linguistiquement,
ces
évolutions
sont
rendues
non
seulement
à
travers
des
prédicats
verbaux
mais
aussi
à
l’intérieur
de
syntagmes
nominaux,
ou
les
deux
éléments,
la
variable
et
l’évolution
de
celle‐ci,
se
retrouvent
dans
des
configurations
variables.
Si
certaines
d’entre
elles
sont
aisément
transposables
de
l’anglais
au
français,
p.
ex
Ne1
of
Nv
(acidification
of
oceans
/
«
acidification
des
océans
»),
Ne
in
Nv
(changes
in
ice
cover
/
«
modifications
de
la
couche
de
glace
»
;
decline
in
average
per
capita
income
/
«
baisse
du
revenu
revenu
moyen
par
habitant»),
Nv
Ne
(emission
reductions
/
«
réduction
des
émissions
»
;
employment
recovery
/
«
reprise
de
l’emploi
»)
ou
Adjv
Ne
(thermal
expansion
/
«
expansion
thermique
»
;
economic
slowdown
/
«
ralentissement
économique
»),
il
n’en
va
pas
de
même
pour
les
configurations
du
SN
anglais
de
type
Participe
Présente
(1)
/
Participe
passée
(2)
/
Adjectif
(forme
comparative)e
(3)
+
Nomv),
très
contraintes
en
français,
qui
d’un
point
de
vue
aspectuel
présentent
le
processus
du
changement
en
mettant
en
évidence
respectivement
un
procès
non
borné
(1),
l’état
résultant
(2)
ou
l’état
final
repéré,
à
travers
la
comparaison,
par
rapport
à
l’état
initial
(3).
(1)
(a)
decreasing
water
availability
;
(b)
rising
incomes
;
(c)
mounting
external
liabilities
;
(d)
rapidly
cooling
economy.
(2)
(a)
improved
water
supply
;
(b)
reduced
snow
cover
;
(c)
changed
distribution
of
some
desease
vectors
;
(d)
improved
control
;
(e)
heightened
risk.
(3)
(a)
more
frequent
coral
bleaching
;
(b)
earlier
timing
of
spring
events
;
(c)
more
severe
fiscal
austerity.
Dans
la
traduction
française,
le
procès
sera
le
plus
souvent
envisagé
dans
sa
globalité,
notamment
–
mais
pas
seulement
‐
au
moyen
de
nominalisations
déverbales
(«
hausse
des
1
L’indice v correspond au terme renvoyant à la variable et l’indice e à celui qui décrit l’évolution de
celle-ci.
9
revenus
»
(1b)
;
«
réduction
de
la
couverture
neigeuse
»
(2b)).
Nous
passerons
en
revue
quelques
solutions
possibles
de
traduction
et
les
conditions
contextuelles
de
leur
apparition,
ainsi
que
les
maladresses
les
plus
typiques.
Clara
Mallier
:
Traductologie,
linguistique
contrastive
et
narratologie
:
le
récit
à
la
première
personne
de
l’anglais
vers
le
français
Cette
communication
se
propose
d’étudier
le
lien
entre
traductologie
et
linguistique
contrastive
au
sujet
de
la
traduction
de
récits
à
la
première
personne
de
l’anglais
vers
le
français.
En
effet,
les
deux
langues
présentent
des
systèmes
aspectuo‐temporels
fondamentalement
différents
sur
ce
point.
L’anglais
ne
dispose
que
d’un
temps
pour
exprimer
l’aspect
global
dans
le
récit,
à
savoir
le
prétérit
simple
;
le
present
perfect
se
situe
résolument
du
côté
du
discours,
avec
une
valeur
très
forte
de
repérage
par
rapport
à
la
situation
d’énonciation.
Or,
le
français
comporte
deux
temps
compatibles
avec
le
récit
:
le
passé
simple,
temps
aoristique,
et
le
passé
composé,
non
dans
sa
valeur
de
présent
accompli
(qui
rejoint
celle
du
present
perfect
anglais)
mais
dans
sa
valeur
de
temps
du
passé
;
en
effet,
contrairement
à
ce
qu’affirme
Emile
Benveniste
dans
son
célèbre
article
sur
«
Les
relations
de
temps
dans
le
verbe
français
»,
le
passé
composé
est
compatible
avec
le
récit
d’événements
passés
lorsqu’il
est
employé
à
la
première
personne2.
Il
peut
alors
exprimer
un
aspect
global
dont
la
particularité
(et
la
différence
d’avec
le
passé
simple)
est
qu’il
présente
un
rattachement
partiel
à
son
origine
énonciative
–
d’où
sa
qualification
de
temps
«
semi‐
aoristique
»
par
Henry
Wyld3.
Dans
le
récit
à
la
troisième
personne
au
passé,
cette
distinction
ne
se
pose
pas
car
la
traduction
du
prétérit
simple
en
aspect
global
se
fait
automatiquement
par
le
passé
simple
;
mais
dans
le
récit
à
la
première
personne,
le
traducteur
doit
interpréter
les
indices
contextuels
pour
choisir
entre
passé
simple
et
passé
composé.
Ce
choix
a
des
implications
narratologiques
non
négligeables
:
le
passé
simple
reflète
en
effet
le
point
de
vue
du
personnage
au
moment
de
l’histoire
(ce
que
Gérard
Genette
appelle
le
«
je‐narré
»),
alors
que
le
passé
composé
donne
à
entendre
la
superposition
des
points
de
vue
de
ce
je‐
narré
et
du
narrateur
rétrospectif,
le
«
je‐narrant
»4.
Le
traducteur
doit
donc
prêter
une
grande
attention
aux
indices
présents
dans
le
texte
pour
trancher
entre
ces
deux
perspectives,
car
le
choix
qu’il
doit
opérer
entre
les
deux
temps
français
crée
une
distinction
de
point
de
vue
qui
n’existe
pas
en
anglais,
le
prétérit
pouvant
exprimer
de
façon
homogène
et
sans
césure
les
points
de
vue
du
je‐narré
et
du
je‐narrant.
Ce
phénomène
est
à
l’image
du
dilemme
que
pose
parfois
au
traducteur
la
restitution
du
pronom
you
à
la
deuxième
personne
du
singulier,
le
choix
entre
le
tutoiement
et
le
vouvoiement
ayant
des
conséquences
très
importantes
sur
la
perception
par
le
lecteur
des
relations
entre
les
personnages,
du
contexte
historique
et
social
dans
lequel
ceux‐ci
évoluent,
etc.,
alors
que
la
langue
anglaise
n’exprime
rien
de
particulier
à
cet
égard
par
le
choix
du
pronom.
2
Voir sur ce point Laurent Danon-Boileau, Produire le fictif, Paris, Klincksieck, 1982 (chapitre V,
« Discours et histoire : un narrateur disparaît », 85-94).
3
Henry Wyld, « Passé simple, passé composé à valeur dite temporelle, prétérit simple : variations
interlinguistiques sur l’aoristique au passé », in Linguistique contrastive et traduction, tome 6, éd. par
J. Guillemin-Flescher, Paris, Ophrys, 2002, 5-76.
4
Les narratologues anglo-saxons, à la suite de Bertil Romberg, ont adopté la distinction entre
« narrating I » et « experiencing I ».
10
Cette
question
de
traductologie
se
situe
donc
au
carrefour
de
la
linguistique
contrastive
et
de
la
critique
littéraire
et
elle
mérite
d’être
approchée
avec
les
outils
adéquats
car
une
traduction
impressionniste
du
prétérit
anglais,
comme
il
n’est
pas
rare
d’en
rencontrer,
peut
brouiller
les
enjeux
énonciatifs
et
narratologiques
du
texte
d’origine.
Marlene
Mussner
:
Le
rôle
de
la
linguistique
et
de
la
traductologie
dans
la
comparaison
de
traductions
à
l’exemple
des
traductions
françaises
et
anglaises
du
Reigen
d’Arthur
Schnitzler
La
comparaison
de
traductions
peut
être
réalisée
d’un
point
de
vue
linguistique
ou
bien
sous
l’angle
de
la
traductologie
;
dans
le
meilleur
des
cas,
les
deux
perspectives
se
complètent.
Pour
confronter
les
deux
approches,
il
est
particulièrement
intéressant
d’étudier
les
traductions
d’une
œuvre
littéraire
réalisées
à
une
certaine
distance
temporelle
l’une
de
l’autre.
Du
point
de
vue
linguistique,
on
peut
alors
étudier
les
phénomènes
liés
au
changement
linguistique,
comme
par
exemple,
au
niveau
lexical,
l’émergence
de
mots
et
sens
nouveaux
et
qui
n’existaient
pas
encore
au
moment
de
la
traduction
précédente
;
d’autres
champs
d’analyse
sont
le
style,
la
syntaxe,
etc.
Du
point
de
vue
de
la
traductologie,
par
contre,
le
processus
de
traduction
et
la
personnalité
de
la
traductrice/du
traducteur
sont
au
centre
de
l’intérêt,
notamment
le
contexte
de
rédaction
de
la
traduction
et
les
choix
de
la
traductrice/du
traducteur
;
les
spécificités
culturelles
de
la
langue
de
départ,
le
décalage
entre
l’époque
de
la
création
de
l’œuvre
et
le
moment
de
sa
traduction
et,
en
particulier,
la
question
de
savoir
s’il
faut
rapprocher
le
texte
de
départ
aux
lecteurs
de
la
langue
cible
sur
l’axe
diachronique,
sont
d’autres
objets
de
recherche
de
la
traductologie.
Dans
la
présente
contribution,
nous
abordons
ces
aspects
et
questions
sur
la
base
des
traductions
françaises
et
anglaises
de
la
pièce
Reigen
(Ronde)
de
l’écrivain
autrichien
Arthur
Schnitzler
(1862
‐
1931).
Depuis
sa
parution
en
1900,
cette
pièce
a
été
traduite
plusieurs
fois
vers
les
deux
langues,
la
première
et
la
dernière
traduction
française
datant
respectivement
de
1912
et
de
2010,
la
première
et
la
dernière
traduction
anglaise
datant
respectivement
de
1917
et
de
2010.
Nous
nous
proposons
ici
d’analyser
trois
traductions
par
langue
depuis
ces
deux
angles
pour
étudier
les
atouts
et
les
limites
respectives
ainsi
que
les
convergences
et
divergences
en
matière
de
comparaison
de
traductions.
À
un
niveau
plus
général,
l’objectif
de
notre
travail
consiste
à
comprendre
comment
linguistique
d’une
part
et
traductologie
d’autre
part
peuvent
se
compléter
et
s’enrichir
réciproquement
pour
permettre
une
meilleure
compréhension
des
processus
de
traduction
et
les
aspects
de
linguistique
concernés.
Susanne
Pauer
:
Iconic
Language
in
poetry:
Arbitrariness,
motivation
and
iconicity
as
important
concepts
in
translation
This
presentation
aims
at
discussing
the
linguistic
concepts
of
arbitrariness,
motivation
and
iconicity
and
their
importance
in
the
translation
of
poetic
texts,
with
a
special
focus
on
sound
symbolism
and
onomatopoetic
words.
11
The
concept
of
the
arbitrariness
of
the
linguistic
sign
can
be
traced
back
to
ancient
Greece.
But
only
since
it
was
introduced
to
linguists
worldwide
through
Ferdinand
de
Saussure‘s
famous
Cours
de
linguistique
générale
(1916/1967),
the
idea
that
there
is
no
relationship
whatsoever
between
the
form
and
the
meaning
of
a
word
has
evolved
into
one
of
the
basic
principles
of
linguistics.
It
was
so
successful
that
it
almost
seems
as
if
elements
of
language
that
did
not
comply
with
the
rule
of
arbitrariness
were
automatically
labelled
as
marginal
occurrences
not
worth
examining.
But
not
everybody
agreed
with
this
strict
interpretation
of
arbitrariness.
Hans
Helmut
Christmann,
in
his
article
”Arbiträr
oder
nicht‐arbiträr“,
states
for
example
that
there
is
a
common
agreement
on
the
fact
that
non‐arbitrariness
is
an
important
(if
not
the
most
important)
feature
of
literary
texts
(Christmann
1984:
21).
He
then
outlines
various
positions
that
claim
that
also
in
non‐literary
language
motivation
is
much
more
common
than
we
might
have
believed.
In
his
opinion,
there
is
a
growing
acceptance
for
a
middle
ground,
namely
that
language
can
be
both
arbitrary
and
motivated.
Interest
in
iconism
and
motivated
language
has
for
a
long
time
been
overshadowed
by
the
widely
accepted
hegemony
of
arbitrariness.
In
this
context
it
is
not
surprising
that
also
the
topic
of
onomatopoeia
and
sound
symbolism
has
been
disregarded
by
academic
circles,
linguists
and
translation
scientists
alike.
This
presentation
aims
to
follow
the
thoughts
of
those
who
have
found
the
concept
of
complete
arbitrariness
too
narrow
and
who
have
argued
that,
especially
when
it
comes
to
the
production
of
literary
texts,
language
is
often
anything
but
arbitrary.
On
the
contrary,
it
uses
iconicity
to
convey
sound,
rhythm,
form
or
even
the
psychological
attributes
of
the
main
characters
to
the
reader.
One
of
the
most
recent
studies
on
this
topic
was
carried
out
by
Hilke
Elsen
(2008),
who
asked
how
far
arbitrariness
applies
to
the
creation
of
names
in
Science
Fiction
and
Fantasy
novels,
a
context
that
offers
a
high
level
of
creativity
and
freedom
of
choice.
Her
findings
suggest
that
sound
symbolism
plays
a
strong
part
and
that
there
seems
to
be
an
instinctive
knowledge
about
the
use
and
meaning
of
sounds
in
those
names.
Sound
symbolism
and
onomatopoeia
will
also
be
the
focus
of
this
presentation.
By
using
examples
from
well‐known
poets
from
the
German,
English
and
French‐speaking
worlds
(Bürger,
Mörike,
Hopkins,
Heaney,
Rimbaud
and
Baudelaire),
it
aims
to
show
how
those
poets
carefully
selected
words
for
their
sound
quality
to
create
acoustic
effects
that
underlined
the
story
they
wanted
to
tell.
In
a
second
step,
two
German‐language
poems,
Lenore
(Bürger:
1773)
and
Der
Feuerreiter
(Mörike:
1924),
will
be
compared
with
selected
translations
in
French
and
English,
with
a
focus
on
the
questions
of
whether
the
translators
were
aware
of
the
iconicity
of
the
text
and
to
what
extent
they
managed
to
transport
the
acoustic
qualities
of
the
texts
into
the
target
language.
In
the
case
of
Bürger’s
Lenore,
we
are
in
the
lucky
situation
of
it
being
extremely
popular
in
France
and
the
UK,
which
provides
us
with
a
huge
treasure
trove
of
translations
to
compare
and
enables
us
to
observe
a
certain
development
in
the
way
translators
dealt
with
its
onomatopoetic
elements.
The
presentation
will
hopefully
be
able
to
illustrate
that
the
use
of
iconic
language
is
not
a
marginal
occurrence,
but
that
it
has
been
productively
used
by
poets
over
the
centuries
to
give
their
words
a
depth
that
surpasses
that
of
their
meaning
as
a
semantic
sign.
This
makes
the
topic
relevant
for
translators,
because
they
need
to
recognise
iconicity
in
a
text
if
they
want
to
transfer
it
to
the
target
language.
An
attempt
will
be
made
to
categorize
the
different
ways
in
which
sound
symbolism
can
be
used
in
poetry
and
the
different
strategies
the
translators
have
used
to
create
the
same
effect
in
the
target
text.
This
might
help
to
alert
12
translators
to
the
use
of
iconic
language
and
maybe
even
give
them
some
tools
that
might
help
them
to
transfer
iconic
language
into
a
target
language.
Beatriz
Sanchez
Cardenas
:
La
querelle
entre
linguistique
et
traduction
a‐t‐elle
toujours
raison
d’être
?
Il
fut
un
temps
où
la
question
de
savoir
si
la
traductologie
était
une
branche
de
la
linguistique
enflammait
les
débats
académiques.
L’origine
de
la
controverse
se
situe
aux
années
50,
lorsque
«
la
traduction
a
pris
le
chemin
de
l’école
»
(Portelance
1991).
L’école
de
Vienne
(Wüster
1979)
tente
alors
de
séparer
la
terminologie
–longtemps
discipline
phare
de
la
traductologie–
de
la
linguistique
pour
la
doter
d’une
autonomie
nécessaire
pour
naître.
Cela
expliquerait
en
partie
la
quête
d’autonomie
des
études
de
traduction
par
rapport
à
la
linguistique.
D’où
une
conception
étanche
entre
terme
et
mot,
la
volonté
de
situer
chaque
concept
dans
un
seul
et
unique
domaine,
la
conception
du
concept
comme
antérieure
à
la
dénomination
et
l’univocité
des
termes.
Notre
but
n’est
pas
de
revenir
sur
les
faiblesses
de
ces
postulats,
bien
connues
(Cabré
2000).
En
revanche,
nous
nous
intéressons
à
cette
volonté
«
séparatiste
»
des
premiers
traductologues.
Il
nous
semble
que
cette
position
a
mené
à
certaines
impasses
en
traduction.
En
raison
de
cela,
la
séparation
étanche
entre
la
traduction
et
linguistique
est
à
reconsidérer.
Cette
recherche
a
un
double
volet.
Premièrement,
nous
essayons
de
savoir
d’où
vient
l’incompréhension
entre
linguistique
et
traduction,
deux
disciplines
qui
se
sont
souvent
tourné
le
dos.
Ensuite,
nous
exposons
les
raisons
qui
nous
mènent
à
soutenir
que
la
linguistique
est
une
discipline
à
même
d’apporter
des
solutions
efficaces
à
la
compréhension,
la
pédagogie
et
la
pratique
des
processus
de
traduction
(Faber
2012).
Certains
chercheurs
soutiennent
l’idée
d’une
traductologie
multidisciplinaire
avec
une
dimension
sémiotique,
linguistique
et
cognitive
(Cabré
2000).
Suite
à
ce
constat,
la
question
se
pose
de
savoir
comment
ces
trois
dimensions
peuvent
être
intégrées,
de
façon
convergente,
afin
de
créer
des
outils
performants
et
réellement
efficaces
pour
le
traducteur.
La
réponse
est
loin
d’être
évidente.
S’il
semble
y
avoir
un
consensus
quant
à
la
nécessité
d’intégrer
les
sciences
du
langage
et
les
processus
cognitifs5
de
la
production
pour
concevoir
des
outils
d’aide
à
la
traduction
efficaces,
force
est
de
constater
que
les
aboutissements
dans
ce
domaine
ont
jusqu’à
présent
été
moindres.
Les
théories
linguistiques
ne
font
pas
défaut6
mais
deux
questions
surgissent
:
La
linguistique,
est‐elle
réellement
armée
pour
répondre
aux
questionnements
de
la
recherche
en
traduction
?
Et,
si
la
réponse
est
affirmative,
quels
sont
les
modèles
linguistiques
les
plus
adaptés
pour
cela
?
Un
premier
constat
d’emblée
:
il
est
difficile
de
soutenir
que
la
traduction
ne
soit
pas
un
phénomène
d’ordre
linguistique.
Une
traduction
reste,
avant
tout,
un
message
communicatif.
En
d’autres
termes,
un
texte
composé
de
mots
qui
forment
des
énoncés.
Si
nous
acceptons
que
les
mots
ont
un
nucleus
stable
de
sens
(Kleiber
1990),
il
faudra
s’accorder
à
dire
que
le
message
communicatif
a
une
matérialité
linguistique
qui,
indépendamment
de
toute
autre
considération
interprétative,
subjective,
contextuelle
et
situationnelle,
influence
le
passage
entre
le
texte‐source
et
le
texte‐cible.
5
Les
recherches
neuroscientifiques
prouvent
que
notre
compréhension
du
monde
s’effectue
en
termes
de
«
cadres
sémantiques
»
(Gallese
et
Lakoff
2005).
6
Citons, à titre d'exemple, le « Two-Cycle Model of Grammar » (Thelen 2002).
13
Néanmoins,
certains
continuent
de
considérer
la
linguistique
comme
une
science
incapable
d’apporter
des
réponses
concrètes
aux
problèmes
de
la
traduction,
tels
que
la
définition
des
paramètres
extralinguistiques
qui
permettent
le
passage
d’un
texte
à
un
autre
ou
la
création
d’outils
qui
améliorent
la
qualité
et
rentabilité
des
processus
de
traduction.
La
théorie
interprétative
sur
la
traduction
(Seleskovitch
&
Lederer
1993)
en
constitue
un
bon
exemple.
Ces
chercheurs
s’inscrivent
dans
un
«
interprétativisme
radical
»
selon
lequel
la
composante
linguistique
ne
joue
aucun
rôle
dans
le
processus
de
traduction7.
Reste
à
savoir
comment
est‐
il
possible
de
séparer
le
contenu
d’un
message
communicatif
de
sa
matérialité
linguistique.
Les
auteurs
ne
l’expliquent
pas.
Et
pour
cause.
Nous
soutenons
que
les
messages
communicatifs
ont
une
composante
linguistique
dont
ils
ne
peuvent
pas
s’en
détacher8.
Par
ailleurs,
la
recherche
en
sciences
neurocognitives
montre
que
l’interaction
de
l’être
humain
avec
la
réalité
ne
peut
pas
être
séparée
de
la
façon
dont
il
conçoit
linguistiquement
le
monde
(Faber
2011).
Ces
résultats
ouvrent
d’innovantes
et
fructueuses
voies
de
recherche
en
terminologie,
ce
qui
prouve
que
Snell‐Hornby
(2002)
n’avait
pas
entièrement
raison
lorsqu’elle
comparait
le
phénomène
de
retour
à
la
linguistique
dans
les
études
de
traduction
à
une
«
réinvention
de
la
roue
».
C’est
ce
que
cette
étude
s’attèle
à
démontrer
à
l’aide
d’exemples
concrets
où
la
linguistique
est
la
clé
de
voûte
pour
démêler
des
problèmes
de
traduction.
María
Laura
Spoturno
:
The
Voice
and
Image
of
the
Translator.
An
Interdisciplinary
Study
In
the
past
thirty
years,
the
singularity
of
minority
literary
discourse
has
aroused
the
interest
of
scholars
and
researchers
in
the
fields
of
Sociolinguistics,
Cultural
Studies
and
Translation
Studies
(Lipski,
1982;
Bruce‐Novoa,
[1980]
1999;
Arteaga,
1997;
Tymoczko,
1999).
While
these
scholars
have
focused
on
key
aspects
of
minority
literary
discourse
such
as
language
contact
phenomena,
interlingualism,
hybridity,
heteroglossia,
the
parallelism
between
minority
writing
and
literary
translation,
their
studies
do
not
generally
explore
the
actual
linguistic
materialization
and
discursive
mechanisms
related
to
these
aspects.
With
this
respect,
a
central
question
concerning
the
nature
and
constitution
of
the
enunciative
subject
in
minority
literary
discourse,
both
in
the
source
and
target
texts,
still
remains
to
be
addressed.
Accordingly,
this
paper
aims
at
exploring
the
configuration
of
the
discursive
image
or
ethos
attached
to
the
discursive
subject
(Ducrot,
1984;
Amossy,
1999)
in
a
corpus
of
Chicano
literary
texts
and
their
correspondent
translations
into
Spanish.
Following
on
Ducrot’s
formulation,
the
notion
of
ethos
can
be
preliminarily
defined
as
the
discursive
image
which
is
associated
to
the
discursive
subject
or
Locuteur
who
assumes
the
responsibility
for
the
enunciation
of
the
utterance.
This
image
results
from
the
Locuteur’s
discursive
activity
and
involvement.
Our
concern
is
to
elucidate
the
configuration
of
the
ethos
which
is
linked
to
the
Model
Author
(Eco
([1979]
1999);
i.e.,
the
textual
and
discursive
entity
responsible
for
the
global
enunciation
of
the
literary
text,
in
order
to
see
how
this
configuration
operates
in
the
case
of
translated
literary
discourse.
In
other
words,
the
focus
of
attention
will
be
the
7 Il faut dire que la linguistique connaît un tel éclatement de modèles théoriques qu’il est facile de
comprendre pourquoi la traduction peut rencontrer des difficultés à trouver sa place au sein d’une telle
profusion de théories et de concepts (Faber 2012) Sans doute cela rend-il difficile, mais pas
impossible, la systématisation linguistique de la traduction
8
Cela acquiert une importance croissante dans la traduction de textes littéraires (Moya 2004 : 80)
14
study
of
the
modeling
of
ethos
affecting
the
Translator,
understood
here
not
as
an
empirical
subject
but
as
a
discursive
one.
This
question
becomes
of
particular
relevance
in
the
case
of
minority
literary
texts
as
these
often
read
as
a
translation.
Thus,
when
translating
a
Chicano
text
into
Spanish
the
translator
is
faced
with
the
need
to
elaborate
strategies
which
may
convey
the
hybrid
nature
of
the
source
text
into
the
target
text,
a
condition
which
may
imply
the
duplication
of
certain
translation
strategies
already
present
in
the
original.
This
paper
has
two
main
goals.
On
the
analytical
level,
we
wish
to
examine
the
nature
and
constitution
of
the
ethos
attached
to
the
Model
Author
in
a
set
of
literary
texts
by
the
Chicano
writer
Sandra
Cisneros,
and
to
assess
how
the
ethos
is
reconfigured
in
the
Spanish
translation
of
those
texts.
On
a
theoretical
and
methodological
level,
this
paper
intends
to
articulate
the
notion
of
Model
Author
and
the
concepts
of
discursive
ethos
and
previous
ethos
(Amossy,
1999)
in
an
attempt
to
further
explore
an
already
posed
question
in
the
field
of
Translation
Studies:
“Exactly
whose
voice
comes
to
us
when
we
read
translated
discourse?”
(Hermans,
2010:
197).
Martin
Stegu
:
Traductologie
et
linguistique
:
le
rôle
des
discours
(inter‐)
disciplinaires
Dans
une
conception
naïve
on
pourrait
croire
que
l’existence
de
disciplines
scientifiques
dépend
exclusivement
de
critères
"objectifs",
liés
à
l’existence
d’objets
d’étude
bien
délimités
:
la
botanique
étudie
les
plantes,
la
médecine
les
maladies,
la
linguistique
les
langues
etc.
En
réalité,
nos
disciplines
sont
le
résultat
d’une
série
de
facteurs
historiques
et
sociaux
très
complexes
et,
avant
tout,
de
constructions
discursives.
En
ce
sens,
les
communautés
disciplinaires
pourraient
être
qualifiées
de
imagined
communities,
terme
créé
par
Anderson
en
1983
pour
les
communautés
nationales
(voir
aussi
Wodak,
1999).
Cette
présentation
a
ainsi
pour
but
de
souligner
le
parallélisme
qui
existe
entre
les
identités
«
disciplinaires
»
et
les
identités
«
nationales
»
et
«
culturelles
».
On
a
souvent
tendance,
dans
les
études
interculturelles,
à
partir
d’images
de
cultures
figées
et
stables
–
comme
s’il
existait
des
entités
«
essentielles
»
telles
«
la
culture
/
la
nation
française
»,
«
la
culture
/
la
nation
allemande
»
etc.
Un
phénomène
semblable
se
produit
dans
les
discussions
interdisciplinaires
:
mais
peut‐on
vraiment
opposer
et
comparer
«
la
linguistique
»
et
«
la
traductologie
»
?
Ne
faut‐il
pas
plutôt
analyser
d’abord
les
images
que
les
deux
communautés
se
font
d’elle‐même
et
de
l’«
autre
»
discipline,
dans
leurs
discours
disciplinaires
autoréflexifs
?
L’émancipation
et
l’autonomisation
d’anciennes
sous‐disciplines
ne
devraient
pas
être
mises
en
cause
(comme
nous
ne
le
ferions
pas
non
plus
en
cas
de
genèse
de
nouvelles
nations
‐
voir
la
création
d’une
«
nation
autrichienne
»
autonome
après
la
Deuxième
Guerre
mondiale).
Il
faudrait
plutôt
reconnaître
l’aspect
volontariste
de
ces
processus
d’émancipation
et
éviter
des
arguments
pseudo‐objectifs
et
essentialistes.
À
partir
d’exemples
concrets
(passages
de
textes
tirés
de
manuels
de
traductologie
etc.),
nous
chercherons
à
montrer
que
ce
n’est
pas
toujours
le
cas.
En
guise
de
conclusion,
nous
plaiderons
pour
une
approche
«
transdisciplinaire
»
qui
–
contrairement
à
un
discours
interdisciplinaire
sensu
stricto
–
est
toujours
prêt
à
tenir
compte
des
fondements
discursifs,
constructifs
et
aussi
contingents
de
tout
discours
disciplinaire.
15
Jean
Szlamowicz
:
Langue,
texte,
culture
:
quelques
enjeux
disciplinaires
de
l’objet
traductif
Pour
aborder
les
relations
de
la
linguistique
et
de
la
traductologie,
il
faut
déjà
se
livrer
à
une
analyse
critique
des
champs
ainsi
posés,
ce
qui
relève
de
l’analyse
du
discours.
En
particulier,
les
revendications
de
scientificité
dans
le
champ
institutionnel
sont
à
prendre
en
compte
pour
aborder
ensuite
leurs
relations
sur
le
plan
strictement
gnoséologique.
On
verra
s’opposer
des
pôles
qui
ne
sont
pas
dénués
de
positionnements
idéologiques
et
concurrentiels
(littérature
VS
linguistique,
science
«
dure
»
VS
science
«
molle
»,
théorie
VS
pratique,
positivisme
VS
revendication
philosophique,
etc.).
Le
second
temps
de
ma
réflexion
est
proprement
épistémologique
et
examine
les
liens
qui
interrogent
la
spécificité
de
chaque
discipline
—
leurs
relations
seraient‐elles
purement
ancillaires
et
utilitaires,
la
linguistique
«
prêtant
»
ses
outils
descriptifs
à
la
traductologie
?
Cela
me
conduit
à
décrire
une
forme
d’asymétrie
disciplinaire,
la
linguistique
s’intéressant
«
au
langage
à
travers
la
diversité
des
langues
»
(Culioli)
tandis
que
la
traductologie
s’intéresse
à
un
acte
de
langage
particulier.
La
question
des
méthodes
(programmes,
hypothèses,
falsifiabilité
des
propositions,
etc.)
n’est
pas
moins
en
jeu
que
celle
de
l’objet
pour
définir
le
statut
éventuellement
scientifique
de
la
linguistique
et
de
la
traductologie.
Partant
des
projets
gnoséologiques
de
chaque
champ,
je
m’intéresse
dans
un
troisième
temps
à
la
textualité
traductive
comme
lieu
d’une
interprétation
/
écriture
qui
intéresse
l’énonciation
dont
chaque
texte
témoigne
(je
fournirai
des
exemples
littéraires
:
John
Updike,
Millard
Kaufman,
Howard
Jakobson,
Graham
Swift).
Les
questions
de
sémantique
ou
de
syntaxe
trouvent
leur
(ir)résolution
dans
des
textes
spécifiques
qui
posent
les
conditions
(historiques,
intellectuelles
et
pratiques)
de
leur
interprétation
et
de
leur
réécriture
dans
une
autre
langue.
L’analyse
du
sens
ne
peut
que
reposer
sur
la
prise
en
compte
de
toutes
ses
composantes,
qu’elles
soient
grammaticales
ou
culturelles.
La
double‐face
du
langage
(langue
/discours)
est
mise
en
jeu
par
la
traduction
qui
traite
les
faits
de
langue
et
les
faits
textuels
en
amont
par
l’herméneutique
et
en
aval
dans
l’écriture.
C’est
donc
dans
le
texte
même
—
de
départ
et
d’arrivée
—
que
se
joue
la
question
de
la
langue
mais
en
tant
qu’elle
ouvre
sur
autre
chose
que
la
stricte
grammaire.
L’objectif
serait
alors
de
comprendre
la
relation
entre
des
formes
linguistiques
et
d’autres
dimensions
du
texte
que
la
traduction
rend
sensibles
par
la
nécessité
d’y
trouver
des
solutions
pratiques
dans
l’écriture.
Le
modèle
culiolien
du
domaine
notionnel
fournit
un
certain
nombre
de
pistes
pour
une
prise
en
compte
de
ces
dimensions.
Entre
un
abord
philosophique
macro‐textuel
et
une
description
d’unités
micro‐textuelles,
on
peut
donc
évoquer
la
possibilité
d’une
approche
globale,
à
la
fois
attentive
à
la
finesse
grammaticale,
à
la
subtilité
stylistique
et
aux
contraintes
culturelles
qui
pèsent
sur
le
transfert
linguistique
que
constitue
la
traduction.
J’aboutis
ainsi
à
la
question
de
la
culture
et
des
normes
(stylistiques,
sociolinguistiques,
etc.)
comme
point
d’interrogation
spécifique
de
la
traductologie.
J’étudie
notamment
la
question
de
l’oralité,
du
genre
et
du
sociolecte
dans
le
domaine
afro‐américain
(Herbert
Simmons,
James
Baldwin).
La
traductologie
aurait
alors
pour
objet
le
point
de
jonction
entre
l’expression
linguistique
et
la
question
de
sa
reformulation
selon
les
normes
d’une
culture
autre,
ce
qui
en
ferait
une
discipline
comparatiste,
participant
à
la
fois
de
la
linguistique
et
des
cultural
studies,
de
la
littérature
et
de
la
stylistique.
Ce
que
l’on
peut
décrire
comme
«
l’écriture
transculturelle
»
serait
alors
le
véritable
domaine
de
la
traductologie.
16
Giovanna
Titus‐Brianti
:
La
linguistique
contrastive
à
l’épreuve
de
la
traduction:
réflexions
autour
de
l’évolution
de
la
périphrase
progressive
de
l’italien
au
contact
de
l’anglais
Dans
cette
communication
je
me
propose
d’explorer
le
potentiel
offert
par
le
dialogue
toujours
plus
riche
entre
linguistique
contrastive
et
traductologie
dans
le
domaine
du
contact
linguistique
en
général
et
de
l’interférence
syntaxique
en
particulier.
Dans
une
approche
traductologique
de
type
descriptif,
je
m’appuierai
sur
la
«
loi
de
l’interférence
»
(Toury
1995)
pour
mesurer
l’impact
de
l’anglais
traduit
sur
l’évolution
de
la
langue
italienne
contemporaine.
J’élaborerai
en
particulier
une
analyse
basée
sur
des
données
quantitatives
et
qualitatives
permettant
de
comparer
l’usage
de
la
périphrase
progressive
dans
des
textes
traduits
de
l’anglais
et
des
textes
originaux
en
langue
italienne.
Comme
le
démontrent
nombre
d’études
(Bertinetto
1992
;
Squartini
1998
;
Brianti
2000),
en
italien
la
périphrase
formée
avec
stare
+
gérondif
connaît
non
seulement
une
forte
progression
en
termes
de
fréquence
dès
le
début
du
XXe
siècle,
mais
également
une
spécialisation
sémantique
que
l’on
peut
expliquer
en
termes
de
grammaticalisation.
En
effet,
la
périphrase
progressive
actuelle
est
limitée
à
l’aire
de
l’imperfectivité
sur
le
plan
aspectuel,
mais
a
vu
s’élargir
la
classe
des
catégories
d’Aktionsart
qui
lui
sont
associées
(Alle
due,
Mario
stava/*stette
leggendo
un
libro
;
Che
cosa
sta
succedendo
?).
En
italien,
le
choix
de
la
périphrase
progressive
est
facultatif,
alors
qu’en
anglais
la
lecture
focalisée
du
procès
rend
la
forme
progressive
obligatoire
(At
two
o’clock,
John
was
reading
a
book/*read
a
book
;
Alle
due,
John
stava
leggendo/leggeva
un
libro).
Même
si
la
syntaxe
est
beaucoup
plus
imperméable
au
calque
que
le
lexique
(Benincà
1993),
il
est
possible
envisager
deux
hypothèses
permettant
de
justifier
l’évolution
de
la
périphrase
progressive
italienne
:
‐Une
première
hypothèse,
soutenue
par
des
chercheurs
comme
Durante
(1981)
et
Degano
(2005),
attribue
ce
phénomène
au
contact
de
l’anglais,
et
notamment
des
traductions
de
romans
qui
n’ont
cessé
d’affluer
dans
la
Péninsule
depuis
l’après‐guerre
;
‐Une
seconde
hypothèse,
étayée
par
l’exploration
d’un
vaste
corpus
diachronique
(Brianti
2000),
permet
de
justifier
l’évolution
de
la
périphrase
progressive
par
l’observation
de
changements
internes
au
système
aspectuel
de
l’italien,
qui
précèdent
l’intensification
du
contact
avec
l’anglais.
La
constitution
de
deux
corpus
–
un
corpus
parallèle
et
un
corpus
en
langue
italienne
–
me
permettra
de
vérifier
la
validité
de
ces
hypothèses
à
partir
d’un
texte
traduit
de
l’anglais
et
d’un
texte
original
italien.
Bien
que
la
périphrase
progressive
soit
plus
fréquente
dans
la
langue
‘néo‐standard’
(Berruto
2012
[1987])
de
type
journalistique
ou
informel,
j’ai
choisi
intentionnellement
des
textes
en
langue
écrite
standard,
appartenant
au
genre
de
l’essai
afin
de
vérifier
l’ancrage
de
cette
périphrase
dans
la
langue
écrite
formelle,
qui
est
moins
ouverte
au
changement
linguistique.
J’ai
choisi
deux
essais
portant
sur
des
sujets
de
linguistique
et
disponibles
sous
forme
de
livres
numériques
afin
de
faciliter
la
compilation
du
corpus
:
Steven
Pinker,
The
Language
Instinct
et
sa
traduction
en
italien,
ainsi
que
Pietro
Trifone,
Storia
linguistica
dell’Italia
disunita.
Du
point
de
vue
méthodologique,
il
est
important
de
comparer
les
données
tirées
d’un
corpus
parallèle
avec
un
corpus
composé
de
textes
en
langue
originale
afin
d’éviter
le
biais
du
calque
syntaxique,
qui
est
inévitable
en
traduction.
En
conclusion,
je
justifierai
la
fréquence
plus
élevée
de
la
périphrase
progressive
dans
les
textes
traduits
de
l’anglais
par
le
biais
du
contact
linguistique.
Ce
dernier
est
susceptible
de
contribuer
à
l’évolution
d’une
langue
sous
certaines
conditions.
Comme
l’illustre
Cardinaletti
(2005),
ces
phénomènes
d’interférence
syntaxique
opèrent
sur
des
structures
syntaxiques
restreintes
et
déjà
en
cours
de
transformation,
ils
sont
facultatifs
et
ne
produisent
pas
de
17
phrases
agrammaticales.
Au
vu
de
ces
considérations,
il
serait
peu
judicieux
d’attribuer
à
la
traduction
l’entière
responsabilité
du
changement
linguistique.
Dans
ce
domaine,
le
dialogue
entre
linguistique
contrastive
et
traductologie
se
révèle
essentiel
pour
mieux
appréhender
les
caractéristiques
du
texte
traduit.
Jean‐Louis
Vaxelaire
:
Linguistique
et
traductologie
:
une
union
au
cœur
des
langues
Le
principe
énoncé
dans
l’appel
à
communications
selon
lequel
«
linguistique
et
traductologie
sont
des
disciplines
séparées
et
autonomes
»
m’a
toujours
semblé
contestable,
sans
doute
parce
que,
personnellement,
c’est
la
pratique
de
la
traduction
qui
m’a
conduit
vers
la
linguistique.
Les
traducteurs
sont
certes
en
droit
d’adresser
de
nombreux
reproches
aux
linguistes
(j’aborderai
plusieurs
cas
où
l’analyse
linguistique
s’arrête
à
la
phrase,
voire
au
mot),
quelques
critiques
me
semblent
néanmoins
fallacieuses
car
réduire
une
discipline
au
livre
de
Catford
publié
il
y
a
presque
50
ans
n’est
pas
raisonnable.
De
même,
lorsque
Ton
explique
que
l’objet
d’étude
de
la
traductologie
«
n'est
pas
uniquement
et
véritablement
“la
langue
en
elle‐même
et
pour
elle‐même”,
selon
la
fameuse
définition
donnée
par
Saussure
»
(1988
:
99),
il
donne
pour
acquis,
à
partir
d’une
phrase
apocryphe,
qu’il
n’y
aurait
pas
de
linguistique
de
la
parole,
un
domaine
pourtant
exploré
quelques
décennies
auparavant
par
Bally
ou
Benveniste.
Le
cas
particulier
de
la
traduction
des
noms
propres
est
une
bonne
illustration
des
faiblesses
des
interactions
entre
traductologie
et
théories
linguistiques.
Au
moins
trois
livres
(Podeur
pour
le
couple
français‐italien,
Ballard
en
français‐anglais
et
Grass
en
français‐allemand)
et
des
numéros
spéciaux
de
revues
ont
été
consacrés
à
ce
sujet
lors
des
quinze
dernières
années.
Puisque
nous
sommes
dans
un
cadre
français‐anglais,
je
m’intéresserai
ici
au
livre
de
Ballard,
Le
nom
propre
en
traduction.
Cet
ouvrage
est
intéressant
car
il
va
au‐delà
de
la
prétendue
intraduisibilité
des
noms
propres,
cependant,
du
point
de
vue
théorique,
il
ne
va
guère
plus
loin
que
les
lieux
communs
des
linguistes,
comme
l’idée
que
le
nom
propre
serait
un
désignateur
rigide.
Je
n’aurai
pas
le
temps
de
développer
en
détail
ce
concept,
mais
il
repose
dans
sa
version
linguistique
sur
l’idée
de
fixité.
Le
nom
propre
y
est
surtout
vu
comme
un
élément
immuable,
sans
signification,
hors
langue
et
presque
toujours
considéré
isolément,
c’est‐à‐dire
le
contraire
de
ce
que
démontrent
divers
exemples
de
Ballard.
Puisque
dans
ces
théories
linguistiques
des
notions
telles
que
le
texte
et
le
genre
sont
ignorées,
on
remarque
que
le
terme
genre
n’apparaît
finalement
pas
dans
ce
livre.
Pour
ne
prendre
qu’un
exemple
simple,
la
traduction
officielle
de
Mancunian
est
Manchestérien.
D’après
Google,
il
existe
5280
occurrences
du
nom
et
de
l’adjectif
contre
174
000
pour
Mancunien.
Même
si
cette
seconde
version
est
due
à
une
erreur,
elle
est
aujourd’hui
devenue
la
norme
dans
les
domaines
du
rock
et
du
sport.
On
peut
donc
estimer
que
choisir
Manchestérien
dans
un
compte
rendu
sportif
serait
problématique
car
la
majorité
des
lecteurs/auditeurs
y
verraient
une
erreur.
A
l’inverse,
il
est
souhaitable
d’employer
ce
nom
dans
des
genres
tels
que
les
écrits
universitaires
ou
les
romans
du
XIXe
siècle.
J’ajouterai
aussi
que
les
rapports
ne
sont
pas
équilibrés
:
si
Ballard
reprend
sans
les
discuter
les
thèses
des
linguistes,
ces
derniers
tendent
à
oublier
les
travaux
des
traductologues
qui
ne
sont
quasiment
jamais
cités
dans
le
cadre
des
recherches
onomastiques.
Les
relations
avec
des
théories
à
visée
textuelle
sont
évidemment
plus
fructueuses.
Par
exemple,
la
sémantique
interprétative
de
Rastier
propose
un
modèle
théorique
qui,
par
sa
dimension
herméneutique
et
sa
volonté
de
travailler
sur
des
textes,
partage
des
intérêts
18
communs
avec
les
traducteurs.
Dans
cette
théorie,
le
texte
est
l’unité
(un
même
lexème
peut
changer
de
valeur
selon
sa
position
dans
le
document),
mais
ce
texte
relève
également
d’un
discours
et
d’un
genre
et
est
donc
soumis
à
des
normes
particulières,
différentes
dans
chaque
culture.
Sur
le
plan
lexical,
elle
offre
également
par
le
biais
de
l’analyse
sémique
une
méthode
précise
du
fonctionnement
lexicologique
que
j’illustrerai
avec
quelques
exemples
de
choix
de
traductions
qui
peuvent
a
priori
sembler
étranges
(lorsque
Guy
Fawkes
devient
Ravaillac
dans
la
version
française
de
la
Brève
histoire
de
la
linguistique
de
R.H.
Robins).
Enfin,
l’idée
a
déjà
été
avancée
par
Meschonnic,
mais
il
me
semble
important
de
montrer,
à
l’instar
des
exemples
de
Ballard
qui
remettent
en
cause
les
idées
reçues
sur
les
noms
propres,
que
c’est
surtout
la
linguistique
qui
a
tout
à
gagner
à
s’intéresser
à
la
traduction
car
cette
dernière
offre
des
corpus
essentiels
et,
surtout,
parce
qu’elle
travaille
au
cœur
des
langues
et
ne
peut
qu’ouvrir
les
yeux
face
aux
vraies
difficultés
qui
se
posent.
Åke
Viberg
:
Using
multilingual
parallel
(translation)
corpora
in
contrastive
studies
This
presentation
will
give
examples
of
contrastive
studies
based
on
two
corpora.
The
first
one
is
The
English
Swedish
Parallel
Corpus
(compiled
by
Aijmer
&
Altenberg)
consisting
of
original
texts
in
English
and
Swedish
together
with
their
translations
into
the
other
language,
and
the
second
one
is
The
Multilingual
Parallel
Corpus
being
compiled
by
the
author
consisting
of
Swedish
original
texts
and
their
translations
into
English,
German,
French
and
Finnish.
A
major
theme
in
these
studies
is
the
patterns
of
polysemy
of
the
most
frequent
verbs
and
their
translational
correspondents
but
other
phenomena
have
been
studied
as
well,
for
example
impersonal
constructions.
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